Sans faiblesse
Papyrus cloua les planches de bois aux fenêtres, aussi vite qu'il le pouvait. En quelques heures, sa maison s'était transformée en bastion de survivants.
Une fois Sans envoyé dans les Ruines, à l'abri, Papyrus avait déclenché le protocole d'urgence sur lequel lui et son frère avaient travaillé des années plus tôt en cas de problème similaire. Il avait installé ses pièges les plus mortels aux endroits stratégiques : portes, fenêtres, balcon à l'étage. Ils étaient bien visibles, avant tout pour dissuader les lâches qui ne manqueraient pas de faire demi-tour quand ils s'apercevraient qu'il n'était pas si accessible que ça.
Son agitation soudaine avait attiré l'attention des badauds. Dehors, une petite foule de monstres discutaient à voix basse et pointaient les différents pièges avec inquiétude. Ils devaient croire à un attentat à venir, ce qui n'était pas si rare ici bas. Peut-être au moins obéiraient-ils à l'injonction au couvre-feu un peu plus rapidement pour une fois.
Il fit un nouveau tour sur lui-même pour s'assurer que tout était sécurisé : pas une fenêtre ouverte, pas une porte sans explosif. Il se réfugia dans sa chambre à l'étage, où il avait déplacé la télévision et la plupart de ses objets de valeur. Personne n'atteindrait cette pièce, il s'en était fait la promesse.
Un miaulement plaintif s'échappa de son placard. Papyrus entrouvrit la porte et laissa un grand chat blanc s'en échapper. La créature se frotta contre ses jambes, puis sauta prestement sur le lit, le regard posé sur lui, l'invitant à la rejoindre. Le guerrier soupira, mais décida de baisser sa garde quelques secondes pour caresser sa princesse, la perle de ses yeux, Doomfanger, entre les deux oreilles. La féline ronronna, ravie de l'attention, et se colla à sa main pour que ses mains aillent là où elle le voulait.
— Je promets que ce n'est que temporaire. Ma princesse pourra bientôt retourner gambader dans la maison.
— Mréooow.
— Je sais bien, c'est fort inconvenant pour une dame telle que vous. Si je double votre ration du soir, me pardonnerez-vous ?
— Miaooo.
Il hocha la tête et s'apprêta à répliquer quand l'écran de la télévision se figea pour afficher la Deltarune royale, mettant fin abruptement au programme sans intérêt de Mettaton qu'elle diffusait jusqu'alors. Papyrus retint son souffle quand, après quelques grésillements, la figure imposante du roi apparut sur son écran, et sur ceux de tous les Souterrains.
— Peuple des Souterrains, bonsoir. Cette annonce sera brève. Suite à la disparition prématurée du général de la garde royale, j'ai été contraint d'en choisir un nouveau. Mon choix s'est porté sur une jeune recrue très prometteuse, qui sert le royaume avec dévouement et ambition depuis une dizaine d'années maintenant. Je salue Papyrus de Snowdin, nouveau général de la garde royale.
Papyrus déglutit quand son portrait militaire apparut sur l'écran. La photo avait été modifiée pour lui donner l'air plus féroce, le regard plus dur. À présent, tout le monde savait.
— Papyrus a su démontrer une ambition que nul autre capitaine n'a su montrer jusqu'à présent, et ses méthodes sont depuis longtemps appliquées à Snowdin et dans les Waterfall. Son titre lui permet une place attitrée chez les Éternels, à lui et sa famille. Toute tentative d'intimidation, de meurtre, ou simplement un regard de travers lui octroie la possibilité d'ôter la vie. Vous lui devrez respect et étiquette.
Le squelette soupira, la main sur le dos de son chat. La partie qu'il redoutait arrivait.
— Comme il est de tradition, nous avons réuni ici vingt criminels notoires. Vingt, un pour chaque général de la garde royale. Ils seront exécutés par le général Papyrus demain, sous le balcon du palais. La présence du peuple est obligatoire, enfants compris. Toute personne refusant de s'y rendre sera arrêtée et exécutée sans jugement. Que le règne de notre nouveau général soit long et victorieux.
Asgore frappa deux grands coups sur sa poitrine, mettant fin à l'allocution. L'image grésilla de nouveau, pour remettre Mettaton à l'honneur.
Papyrus éteignit la télévision et, gentiment, enferma de nouveau Doomfanger dans le placard, malgré ses plaintes. Il sortit vaillamment de sa chambre et referma derrière lui, à clé. Il descendit les marches vers le salon et enfila à la hâte son armure, casque compris. Il avait attendu la dernière minute pour l'enfiler, comme une manière de retarder l'inévitable.
Dans quelques secondes, la moitié des Souterrains frapperait à sa porte pour le tuer. Ça aussi, c'était une tradition.
L'air concentré, il ne vit pas une petite forme se glisser hors de la cuisine pour aller lui serrer la jambe, tout sourire. Papyrus baissa les yeux un instant. Une chevelure brune, un visage poupon, des yeux innocents, un grand sourire. Oh, ce n'était que l'humain.
— Pas maintenant, Frisk, je suis occupé.
Il y eut un long silence.
— Frisk ?! hurla Papyrus, sous le choc et soudainement complètement paniqué. Qu'est-ce que tu fais là ?!
— Maman tarte à l'escargot, grimaça l'enfant pour toute réponse. Frisk parti.
— Mais enfin, tu ne peux pas rester là ! Si quelqu'un voit que tu es ici...
C'était le pire moment possible ! Non seulement l'enfant risquait de subir le courroux de ses rivaux, mais il risquait d'être remarqué par Asgore, ce qui le condamnerait à mort, lui, et tous les autres. Sans compter Toriel, qui aurait assurément sa tête si elle apprenait qu'il avait laissé l'enfant venir chez lui en pleine attaque terroriste. Mais que pouvait-il y faire ? Il ne pouvait simplement pas retourner dans les Ruines maintenant sans désamorcer les pièges !
Papyrus tourna sur lui-même, à la recherche d'une idée lumineuse. Il saisit l'enfant sous les bras, avança à grand pas dans la cuisine, ouvrit l'immense placard sous son évier et le poussa dedans. L'enfant pencha la tête sur le côté, confus.
— Ne bouge pas d'ici avant que je revienne te chercher, d'accord ?
— Papy problème ?
— Oui.
Un grand coup résonna derrière la porte d'entrée. Papyrus se tendit. Il fit signe à Frisk de ne pas faire de bruit et ferma la porte, qu'il bloqua ensuite avec plusieurs chaises, pour s'assurer que l'enfant ne sorte pas... Ou que personne ne puisse y accéder facilement si jamais... Il préféra ne pas y penser. Ce n'était que des petits criminels, il allait s'en sortir.
Le squelette retourna se placer derrière la porte. Il invoqua un os rouge effilé, puis ferma la visière de son casque. Les coups derrière la porte se firent de plus en plus insistants, jusqu'à ce qu'une première fissure se manifeste dans le bois. Il entendit également d'autres personnes faire le tour de la maison, à la recherche d'une fenêtre où se glisser. Plusieurs tentèrent leur chance. Un des pièges s'activa, transperçant l'un des assaillant à travers la tête avec une pique de métal. Moins un.
La porte grinça dangereusement, puis tomba, de toute manière déjà fragilisée par l'entrée fracassante d'Undyne la veille. La bombe courte-portée qui se trouvait derrière explosa immédiatement, emportant une partie du mur et les premiers idiots qui se tenaient derrière. Papyrus entendit des cris de rage dans la fumée, puis un premier monstre se risqua à l'intérieur. Il ne réfléchit pas et courut se jeter sur lui, immédiatement électrocuté à mort par le piège invisible sur lequel il avait marché. Ses cendres retombèrent lamentablement sur le sol, couvrant son tapis de tâches grises disgracieuses.
D'autres monstres tentèrent leur chance et se heurtèrent au différents pièges du nouveau général, habilement camouflés dans la décoration. Lui resta simplement à distance, l'arme au clerc, s'amusant de leur incompétence flagrante. Malheureusement, leur nombre grossit rapidement et, bientôt, les pièges ne suffirent plus à les arrêter.
Il reconnut sans mal le chat qui, le premier, arriva à son contact. Burgerpants, un des esclaves de Mettaton, le jour tout du moins. La nuit, il était l'un des bandits les plus respectés de Snowdin et semait la terreur là où il passait. Papyrus ne le laissa pas l'intimider. Son épée intercepta son attaque, puis il s'avança pour attaquer aussi vite qu'il le put, essayant d'atteindre le félin à la poitrine ou la tête. Le chat ne se laissa pas faire, et contre-attaqua en direction de ses jambes. Papyrus savait ce qu'il cherchait à faire. S'il tombait, il serait enseveli sous la marée de monstres entrant et n'aurait aucune chance. Le chat était trop stupide pour se rendre compte qu'il avait compris son plan, et se laissa avoir comme un bleu lorsque le général l'atteignit derrière les genoux, les brisant net tous les deux. Burgerpants s'écroula au sol et poussa un cri strident lorsqu'il réalisa que son visage se trouvait juste devant son arme. Papyrus n'eut aucune pitié et lui enfonça dans la gorge, avant d'effectuer un grand mouvement sur la droite, décrochant la tête du corps. Le bondit tomba en poussière sur le sol. Une fin pitoyable, mais au moins avec un peu d'honneur. Il pouvait respecter ça.
D'autres monstres réussirent à l'atteindre, mais d'un calibre bien moins important que Burgerpants. La plupart des attaquants étaient jeunes et inexpérimentés, si bien qu'il ne lui fallut que quelques secondes pour les achever, ou les envoyer dans un piège. Un ours réussit plus tard à l'atteindre au visage, y créant une large entaille, mais Papyrus profita de sa surprise pour l'embrocher au niveau de l'âme. Un autre réussit à lui briser une côte en le chargeant, mais lui non plus ne tint pas plus de quelques secondes, incapable d'esquiver.
De longues heures durant, Papyrus para, esquiva, frappa, plongé dans un automatisme malsain. Il ne savait plus combien de monstres il avait tué, ou de combien son niveau de violence avait augmenté. En tout cas assez pour qu'il ne ressente plus rien, allant même jusqu'à achever ceux qui survivaient à ses pièges, mais ne pouvaient se relever. Il crut que le flux de monstres ne s'arrêterait jamais, mais bientôt, plusieurs renoncèrent. Quelques-uns tentèrent de profiter de sa fatigue croissante, en vain. Il tenait toujours debout. Il était toujours vivant.
Sur les coups des quatre heures du matin, il ne restait plus un monstre devant sa porte.
Papyrus, épuisé, s'écroula sur ses genoux, dans la poussière. Les cendres des monstres tombés au combat recouvraient tout, du sol au plafond. La porte d'entrée était explosée, ainsi que la plupart de ses fenêtres. Fort heureusement, aucun monstre n'avait tenté de s'introduire par l'étage, sans doute trop haut. Papyrus ramassa la porte au sol, toujours en un seul morceau par miracle, et la replaça à sa place. Les gonds n'existaient plus, ainsi qu'une partie du mur à droite, mais il la força à tenir en la clouant avec le reste des planches qui avaient servi pour maintenir les fenêtres fermées.
Il sortit son téléphone de son armure. Sans lui avait laissé une vingtaine de messages, lui demandant s'il allait bien, puis l'informant de la disparition de Frisk, puis lui demandant de nouveau s'il allait bien, avec de plus en plus d'empressement.
Papyrus lui envoya un simple : « Vivant. Frisk ici. », avant de tourner les talons vers la cuisine pour aller s'assurer que l'enfant allait bien. Plusieurs attaques avaient ricoché contre la porte de son placard, mais elle avait tenu le choc. Il déblaya les chaises qui bloquaient le passage et ouvrit la porte, sans doute un peu trop brusquement. Frisk poussa un cri de terreur et se jeta contre le fond du cabinet. L'enfant se recroquevilla sur lui-même, les mains sur la tête, et pleura à chaudes larmes. Il tremblait comme une feuille.
La vision frappa Papyrus de plein fouet. Il se revit à l'âge de cinq ans, dans la même position, pendant que Sans se battait et hurlait dans le salon pour sauver leurs vies. Ce n'était pas un monde pour grandir. Frisk n'aurait jamais dû se retrouver ici. Aucun enfant ne devrait être autorisé à grandir dans ce lieu maudit. Amer, il sentit son âme se serrer. Il aurait dû ramener l'enfant dans les Ruines. Frisk n'aurait jamais dû assister à ça.
Il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur. Papyrus n'avait jamais été très doué pour réconforter les gens, mais il prit sur lui.
— Frisk ? C'est terminé. Ils sont partis.
Il tendit une main vers l'enfant. Il se dégagea d'un grand coup d'épaules et s'éloigna le plus possible de lui. Papyrus tâcha de rester neutre, mais son visage trahit quelques secondes l'immense sentiment de douleur que ce geste venait de lui procurer. Il ne voulait pas que Frisk ait peur de lui. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé.
Le squelette observa un instant la porte du placard, et repéra un trou dans sa surface, petit, mais assez grand pour qu'un enfant puisse regarder ce qui se passait à l'extérieur. Frisk avait dû le voir se battre. Le voir tuer, et achever des monstres au sol sans aucune pitié. Papyrus ne put s'empêcher de se sentir coupable. Il retira sa main, et resta à genoux devant le placard, incapable de décider quoi faire.
— Papyrus ?
Le squelette agrippa fermement son épée et fit volte-face, avant de se figer en apercevant Sans. Son grand frère venait d'apparaître dans le salon, et regardait, un peu sous le choc, l'état de leur habitation.
— Je suis l...
Frisk le poussa brutalement et courut se réfugier dans les bras de Sans, loin de lui. Papyrus sentit sa gorge se serrer. Le squelette dans le salon serra l'enfant contre lui, surpris, avant de se tourner vers Papyrus.
— Tu vas bien ? demanda-t-il silencieusement.
Il hocha la tête, le visage fermé.
— Je vais le ramener à sa mère, et ensuite on pourra parler, d'accord ?
Papyrus ne répondit pas, et le laissa disparaître avec l'enfant. Il prit les quelques minutes que Sans prit à revenir pour tenter de calmer les tremblements de ses mains. Frisk ne voulait plus le voir. Il le détestait. Peut-être était-ce pour le mieux. Maintenant qu'il était général, ceux qu'il aimait seraient plus que jamais en danger autour de lui. Peut-être qu'il devrait envoyer Sans s'installer pour de bon chez Toriel. Il y serait plus heureux, autorisé à ne rien faire toute la journée et enfin libre de vivre sans craindre pour sa vie à chaque seconde.
Papyrus était trop dangereux pour eux.
Le squelette serra les poings et prit une grande inspiration, pour refouler les larmes qui menaçaient de s'échapper. Il n'avait plus le droit de pleurer. Plus maintenant. Il ne pouvait plus se le permettre.
Papyrus essaya de se redresser, mais maintenant l'adrénaline épuisée, il réalisa que chaque mouvement lui coûtait. Sa poitrine en particulier le faisait souffrir, et il savait que ça avait sans doute un lien avec la côte qui transperçait son armure alors qu'elle devrait se trouver dans l'autre sens. Têtu, il chercha quand même à se redresser, mais une main se posa sur son épaule et l'en empêcha.
— J'vais te réparer ça, dit la voix de Sans derrière lui. Bouge pas.
Il apprécia que Sans ne cherche pas son regard. Il n'en avait plus la force.
— Ils t'ont pas loupé. Ils étaient beaucoup ?
— J'ai perdu le compte. Une cinquantaine peut-être. Un quart s'est enfui. Le reste est dans le salon.
— J'ai vu ça, sacré tas de poussière. Ils ont eu ce qu'ils méritaient.
Il sentit les mains de son frère décrocher les lanières de son armure. Il la décrocha lentement et la laissa retomber au sol, dévoilant ses côtes, que Sans commença à palper une par une, pour s'assurer qu'il n'y avait qu'une seule fracture. Papyrus grimaça à certaines d'entre elles, mais ce n'était que des contusions. Quelques jours de repos suffiraient à les calmer.
— Qu'est-ce qui s'est passé avec le gamin ?
Papyrus se tendit légèrement. Il baissa la tête et poussa un soupir.
— Je crois qu'il a tout vu. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour le mettre à l'abri. Il a assisté au massacre depuis la cuisine. Quand je l'ai libéré, il ne voulait plus me regarder.
— Eh, ne te blâme pas trop. Il est sûrement juste sous le choc. Mais quelque part, c'était important qu'il assiste à ça. Tu l'as dit toi-même, un de ces jours, Frisk devra se rendre compte de comment ça se passe ici-bas. Le plus tôt, le mieux.
— J'espérais le préserver un peu plus longtemps.
— Je sais bien. J'espérais te préserver un peu plus longtemps aussi, à l'époque. Je me suis senti comme la pire merde lorsque tu as eu à assister à ton premier massacre. Mais, était-ce vraiment quelque chose de mal ? Regarde ce que tu es devenu. Tu étais un des plus précoces. Pas tout le monde sait se battre à la dague à huit ans. Ne regrette pas ce qui s'est passé aujourd'hui. Le gamin avait besoin d'apprendre.
— Oui, mais...
— Ce n'est que temporaire, Papyrus. Il est sous le choc, ça ne veut pas dire qu'il te déteste. Laisse-lui quelques jours. C'est un enfant, tu sais comment ça fonctionne. Ils pardonnent facilement.
— Je ne sais pas.
Il se tendit lorsque Sans commença à palper autour de la zone de la fracture.
— Tu t'es vraiment attaché au gamin, hein ?
— Peut-être que je n'aurais pas dû.
— Peut-être que c'est ce qui va lui sauver la vie, alors arrête de faire ta tête de bourrique. Frisk ne t'en voudra pas longtemps, fais-moi confiance.
Papyrus grogna pour toute réponse. Il poussa une plainte quand son frère attrapa fermement l'os brisé et le remit en place. Sans appliqua immédiatement de la magie de soin dessus, pour le ressouder. Cela prendrait plusieurs minutes, étant donné que ce n'était pas vraiment sa magie de prédilection.
Puisqu'ils partageaient un moment en tête à tête, Papyrus décida d'ouvrir son sac pour de bon.
— J'ai vu Undyne et Asgore s'embrasser hier.
— Quoi ? C'est débile, elle déteste le roi.
— On est d'accord. Je n'ai pas eu l'impression que c'était consentant non plus. Elle a refusé de me parler et tous mes messages sont restés sans réponse. Ça, en plus de ma nomination en tant que général... J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose de grave, Sans. Je ne sais pas quoi, mais je ne le sens pas.
— Pourquoi Undyne n'est pas devenu générale ? C'était à elle que devait revenir le rôle, non ? Sans... Sans vouloir te vexer.
— Non, tu as raison. Elle est bien plus formée que moi, elle a été entraînée toute sa carrière pour devenir générale. Si j'ai été nommé, c'est qu'elle a dû refuser. Mais je ne comprends pas pourquoi. Si elle l'avait fait de son plein gré, Asgore l'aurait exécutée dans la seconde. Elle a été forcée d'abandonner. Mais là encore, pourquoi ?
Sans garda le silence quelques secondes.
— Je ne sais pas, avoua-t-il. Peut-être que c'est louche, en effet. Mais qu'est-ce qu'on peut y faire de toute façon ? Si elle fricote avec le roi, de gré ou de force, on ne peut rien pour elle. Je sais à quoi tu penses, et je sais que tu veux en savoir plus, mais si Asgore voit que tu t'en mêles trop, tu sais ce qu'il risque d'arriver. Reste à l'écart et surveille ce qui se passe de loin, d'accord ?
Il hocha la tête. Son frère avait raison. Même s'il se passait effectivement quelque chose entre Undyne et Asgore, il valait mieux rester à l'écart.
Son téléphone vibra. Papyrus se contorsionna pour le récupérer, faisant attention à ne pas bouger pour éviter que Sans doive recommencer à le soigner. Il avait un message. Il cliqua dessus et parcourut les quelques lignes des yeux, avant de les écarquiller. Sans dut le sentir se tendre, puisqu'il lui adressa un regard alarmé.
— Un problème ?
— C'est un des chiens de la garde royale. Il vient de m'envoyer un message pour reprendre le poste de capitaine de la garde de Waterfall. Undyne a démissionné il y a une heure.