De l'autre côté (Deuxième Partie, en cours) Premier jet et phase correction
— Tu ne viens pas t’échauffer Elias ?
— Je n’ai pas la force Tiago. Tu peux lui dire à la prof s’il te plait ?
— Comme tu le sens.
Assis sur le bitume, j’observe mon ami informer notre prof. Ce matin, on a une mini compétition de basket avec une autre classe. Je me sens fatigué, j’ai mal dormi, hanter par l’image de ma mère hier soir.
Soudain, je me vois comme elle. Ce n’est pas mon genre d’être abattu, non, moi, je suis plein d’espoir, de joie…Et si, l’ambiance m’a contaminé, comment continuer à soutenir ma mère ?
— Je peux te parler Elias ?
Je fais face à ma prof inquiète et j’acquiesce. Elle m’invite à m’assoir sur une table de pique-nique donnant sur le terrain où mes camarades sont réunis avec l’autre prof pour préparer sans doute les équipes.
— Tiago m’a dit que tu ne te sens pas bien.
— Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que…
— Tu peux te confier, si je peux t’aider.
— Je suis allé au toilette cette nuit, j’ai vu ma mère dans le jardin qui fumait et buvait du vin. Puis mon père s’est levé aussi et je lui ai dit qu’elle était dehors. Il m’a dit de repartir se coucher mais je n’ai pas pu. J’ai entendu mon père se précipiter pendant qu’elle semblait se scarifier. Je me suis caché dans ma chambre à leur retour. J’ai eu confirmation qu’elle s’était automutiler.
— Ta mère à un choc post-traumatique, il est normal, malheureusement de connaître ce genre de phase.
— J’en ai bien conscience mais, je ne sais comment l’aider. Elle me l’a demander.
— Elias, je pense, qu’il faut qu’elle comprenne qu’elle ne peut te demander à un si jeune âge de porter le poids du monde.
— Elle a besoin de moi !
— Je n’ai pas dit le contraire. Je suis sûr qu’elle n’est pas seule mais toi, tu peux l’accompagner à penser à autre chose, en passant du temps avec elle, en partageant tes passions, tes devoirs aussi par exemple.
— Je me sens impuissant…Enfin, pour le moment.
— Je peux comprendre ce sentiment. Mais garde toujours ça en tête, tu ne dois pas porter tout le poids du monde et des autres. J’en suis persuadée, qu’elle pense pareil.
— Elias ?
Je me retourne surpris de voir ma mère au stade. D’un œil, je demande l’approbation de lui parler à ma prof :
— La famille est importante. Je te laisse la retrouver.
— Merci Madame. Mais, je ne veux pas de privilège.
— C’est un cas exceptionnel. Tout le monde le comprends.
— Merci encore Madame ! Je fais vite !
Je saute de joie pour me blottir dans les bras chauds de ma mère. La prof est repartie sur le terrain et je reviens vers ma mère pour savoir son état. Elle semble triste quand elle me prend mon visage pour embrasser mon front :
— Que fais-tu là maman ?
— Hier soir a été un autre déclencheur d’une prise de conscience. J’ai pris une grande décision ces dernières heures. Je m’en vais pour mieux revenir.
— Comment ça tu pars ? Tu vas rentrer encore dans un centre de soin ? Tu sais, j’ai vu que tu t’es rouvert le bras.
— Mon cher grand garçon, je me sens mal de te montrer ce triste spectacle.
— Maman…
— Chut, écoute moi. Tu vas rester avec papa pendant quelques semaines. Voir un mois.
— Mais tu vas où ? On pourra ce voir quand même ?
Elle sort de son portefeuille un papier et me le donne. Sans rien comprendre, je lis un numéro de téléphone et le nom d’un :
— Un hôtel ?!
— Je pars rejoindre Eva pour aller en Suisse. Prendre l’air à la montagne, me fera énormément de bien. À mon retour, on ira dans le bunker. Oui ! Oui ! Ok, je ne devrais pas mais c’est nécessaire et puis personne le récupère. De plus, l’oxygène sera meilleur que tout autres médocs ou thérapies. On pourra s’appeler évidemment.
— L’important, c’est que tu ailles bien.
— Merci mon petit trésor. Je dois partir, donne ce papier aussi à papa. J’ai oublié tout à l’heure de lui donner.
— Mais pourquoi tu prends pas ton téléphone ?
— Une coupure et puis, je prendrais des nouvelles aussi. Je t’aime, prends soin de toi, travail bien mon grand.
— Tu vas me manquer maman.
— Toi aussi mon grand, toi aussi.
Un dernier câlin et je l’observe s’en aller. Elle démarre en trombe et je me sens à nouveau à l’abandon. On a passé finalement passé assez de temps depuis son retour. J’attends avec impatience la fin du mois. Et puis, elle prend la sage décision d’être accompagné par Eva.
….
— On est pas bien là ma chère Marta ?
— Je me sens en vacances et ça me donne envie de revenir avec mes trésors.
— Tu m’étonneras toujours ! Huit ans de tortures, huit ans de prison et toi, tu m’invite à siroter un mojito dans un chalet en Suisse sur deux transats face à une si belle montagne ! Qu’est ce qui ne tourne pas rond chez toi hein ?
— Je me le demande bien ! J’ai encore beaucoup à faire pour m’en sortir. Mes cauchemars reviennent, des images de viols de mes seize ans ou alors venant de sa part, me reviennent. Faire le deuil de mon père. Et puis, j’ai une question que me taraude, je ne sais plus si je te l’ai déjà demandé mais, pourquoi tu es venu me parler dans un corps de treize ans alors que…
— Ta grand-mère me l’a conseiller. Pour éviter un autre choc.
— Bé dit comme ça, c’est plus clair ! On trinque ?
— À quoi ?
— À la liberté !
— Alors, vive la liberté !
Rire comme au collège, me fait chaud au cœur. Pourtant, je ne cesse de penser aux visages peinés de mes hommes. Deux jours que nous sommes arrivés dans ce chalet avec peu de touriste et hier, je les avait encore rassurées de tout mon amour, que je reviens vite et que je suis bien entourée.
— Eva ?
— Ouai ?
— Je ne sais comment expliqué mes huit ans de calvaire. Tu sais, je pense qu’il m’a vraiment violé dans mon sommeil. Enfin, tous. J’en suis persuadée. Et, à part ça, c’était l’enfer mental, tout en blanc, shooté et des images de Dieux, dans un monde de son imaginaire pour me faire mal, me tester.
— On le sait, oui, ton avocate l’avait évoquée tout ça.
— Hum, tu sais, je refais le puzzle de ma vie. Je l’avais déjà vu quelques fois, pour sans doute, m’hypnotiser, user des pouvoirs pour son projet. Depuis mon retour, je ne cesse d’avoir ma vie en lambeaux. Il me manque des morceaux ou bien, tout est déformés. Si j’ai voulu que tu viennes, c’est que j’ai d’abord besoin de toi. Savoir nos souvenirs et en créer d’autres. Puis, je finirais mon enfance avec ma mère et ma sœur. En fait, l’école de danse, j’en ai pas besoin, Roberto me le rabâche sans cesse. Je te l’ai dis que je veux revenir au bunker ?
— Je te remercie de ta confiance ma belle. Tu peux toujours compter sur moi pour que tu retrouve le sourire et une vie normale. Quelques soit tes envies, je te soutiendrais.
— Merci, alors, vas-y, raconte moi quelques souvenirs. Même les mauvais, ça sera moins pire que mon ancien Enfer.
Son clin d’œil la fait rire et je craque encore. Je prends mes lunettes de soleil et ferme un peu les yeux pendant qu’elle me conte dans l’ordre chronologique.