Le phénix des planches (Deuxième partie, Premier Jet)
— Mon cœur ?
— Hum ?
— Tu as vu ça ?
Je lève les yeux vers ma copine qui éteint la télévision et me pose une page d’un journal local dont l’article date d’il y a huit ans. Le titre « L’inquiétante chute d’une jeune adolescente apprécier de tous au lieu-dit ‘La forêt noire’. Je tente de montrer aucune panique et me ressaisis pour lui demander :
— C’est un vieil article, pourquoi tu t’intéresses à ça ?
Elle s’assoit à mes côtés et m’explique.
— Tu sais que j’ai commencé des études de journalisme ?
— Je sais, mais on te demande de chercher de vieux papiers ?
— Disons que l’exercice du moment, consiste à trouver un vieux fait-divers et le remettre d’actualité pour que les gens n’oublient pas.
— Et pourquoi ce fait-divers en particulier ?
— Car ça concerne ton village.
— Ha bé c’est gentil de penser à eux. Et, tu n’as pas trouvé l’article sur l’incendie ?
— Il n’y avait rien de vraiment croustillant si je puis dire. Juste une petite mention…Désolé pour eux.
— Ne t’en fais pas. Ils n’auraient, je pense, vraiment voulu qu’on parle d’eux, en long en large et en travers. Et donc, tu penses écrire sur la jeune fille ?
— Oui d’autant que c’est un mystère. J’aimerais t’interroger sur ça.
— Eu, ma chérie, je ne peux rien te dire.
— Elle était ta voisine.
— Oui…
— Tu me caches des choses, j’en suis sûr ! Tu vois, tu te tends, j’ai raison !
Je me tords les mains, prise au piège et je m’attends à la sentence.
— Oui, tu as raison…
— Que sais-tu ?
— Je sais pertinemment que tu vas me quitter mais aussi appeler la police, d’ailleurs, je suis prêt à me rendre.
— Quoi ?! Tu veux dire que tu es le meurtrier de cette pauvre jeune fille ?!
Elle se lève d’écœurement mais aussi de rage. Moi, je n’ose l’observer, préférant mes pieds en pleurant.
— Raconte-moi tout !
— Je….
— Tu regrettes au moins hein ?!
— Bien sûr ! Depuis ce terrible jour, j’ai honte et j’ai essayé même d’être pardonner devant son amie. Tu l’as d 'ailleurs aperçue à la galerie, Marta Ramos de son vrai nom. On s’est retrouvé pour qu’elle me tue.
— Avoue tout et après tu iras à la police. Dire que tu as fait aussi la une de cette mascarade de tueur à gage dans les journaux !
— Je te l’ai expliqué ! Elle devait me tuer mais je n’ai toujours pas compris pourquoi elle a changé d’avis …
— Peut-être parce que justement tu inspires le dégoût ! Et tu mérites de croupir en prison ! Bon, je ne vais pas me répéter plus de trois fois, parle !
— Ok. C’était il y a donc il y a huit ans. J’étais revenu chez moi depuis quelques mois pour continuer à construire la maison. Les voisins, les Rodrigues, avaient toujours eu de bonnes relations avec mes parents. Et ils ont étaient encore présent pour moi quitte à accepter que leur fille, Eva, passe après l’école pour repartir avec des jouets.
Je fais une pause pour fumer un peu et remettre mes idées en place.
— Ce jour-là est arrivé et elle était accompagnée de son amie Marta. J’avais dix-neuf ans, encore traumatisé par l’incendie involontaire, dû à un joint mal éteint. Je ne cherche aucune excuse mais j’étais fou. Fou aussi de les avoir droguées….
— Hein ?! Comment tu as pu vouloir faire une telle chose ?!
— Je ne sais pas…pendant que je l’ai invité à prendre ce qu’elle voulait en bas dans la cave aménager, j’ai craqué. J’ai pris une dose de somnifère que je gardais pour moi, servis dans le coca. Avec quelques gâteaux puis tu imagines bien la suite….
— Je refuse mais pour leur bien, continue !
— Bé, je l’ai observé jouer pendant que je fumer mon joint. Et je suis allé loin, je ne vais pas te faire de dessin…Marta s’était réveillée pendant…pendant que…enfin, je l’ai fait taire en me souvenant plus de ce que j’ai dit exactement. Elles sont parties et moi aussi.
— Personne n’a su ce qui s’était passé donc ?! Tu n’as même pas été interroger ?!
— Non…enfin, je ne sais pas si ces parents ont pensé que j’étais suspect ou pas. Personne ne me cherchait. Puis deux ans après, je suis revenu, en fin de journée, un mois de mai chez moi. J’avais l’idée d’avouer mon crime devant les Rodrigues, cependant la maison était encore à vendre...
— Et ? Aller voir la police ?
— J’y ai pensé toute la soirée pour y aller le lendemain cependant Marta est rentrée chez moi. Elle avait un flingue et un couteau. Je l’ai regardé comme je te regarde toi. Elle a posé la photo de son amie sur la table basse, en me demandant des explications. J’ai tout avoué et elle m’a dit qu’elle n’irait pas à la police, que seule sa vengeance comptait… Elle me faisait peur, son arme contre moi avant de toujours me menacer et me tendre la lame. Pour prouver ma punition, je devais me sectionner un doigt. Je l’ai fait comme tu t’en doutes puis elle m’a frappé avec son flingue pour partir telle une chauve-souris… Ce n’est que récemment, quand on s’est vu au bar-tapas, qu’elle m’a dit que son amie était morte, le reste tu connais !
Je me lève aussi pour lui faire face tout en fumant. Elle lorgne le journal puis à nouveau moi.
— Je me demande comment ton psychiatre ne t’a pas tiré le bras pour tu ailles en prison !
— Je lui mentais…de mauvais rêves c’est tout…Mais comme je te l’ai proposé tout à l’heure, je suis prêt à me rendre ! Je l’ai tué indirectement et il temps que j’en paye le prix.
— Comment moi aussi, je peux continuer à t’aimer ! Tu aurais pu faire machine arrière ! Tu es un monstre ! Et crois-moi, que tu en feras l’a une !
Elle me gifle en larme puis d’un regard m’invite à la suivre. Au poste, je me dévoile encore à nouveau et je passe ma première nuit en cellule.
Puis je verrais assez rapidement, le premier article sur l’affaire avec ma photo.
En espérant que je ne réveille pas de sombres souvenirs chez Marta même si j’en doute.
D’autant que le journal promet de l’interroger pour relancer l’affaire. Je serais condamné à douze ans de prison, la peine maximale pour ce crime.
J’apprendrais aussi la tentative de suicide de Marta et j’aurais aussi la visite de ses proches mais aussi des Rodrigues.