Le phénix des planches (Deuxième partie, Premier Jet)

—   Marta ?

—   Hum ?

—   Tu as passé une belle journée hier au zoo ?

—   Zoo ?

Je fixe Roberto en tentant de me souvenir de ce que j’ai fait hier et avec qui. Depuis mon réveil, il y a deux mois, ma mémoire peut parfois me faire défaut. Je ne me rappelle même plus l’école et encore moins de ma chute. Et également, un peu ma vie…

—   Marta ?

—   Hum ?

Il prend ma main pour éviter que je continue à m’accrocher au déambulateur. Mon coma a duré un mois mais apparemment d’une telle violence que je ne peux plus marcher sans avoir besoin de me stabiliser. En cas de fatigue, je me déplace en fauteuil.

—   Tu sais qu’il ne va pas s’envoler hein ma belle ?

—   Oui…

—   Alors, raconte moi cette petite sortie ?

—   Où ça ?

—   Au zoo avec ta mère et ta sœur.

Il me sourit avant d’embrasser le coin de mes lèvres. Avant de répondre, j’observe pour la deuxième fois, il me semble, le hall de l’école. On m’a expliqué moulte fois, les salles ainsi que mes exploits.

—   Je ne me rappelle plus trop. C’était quand ?

—   Hier après-midi.

—   Ah oui, bé c’était bien.

—   Tu as un animal que tu as aimé ?

—   L’aigle.

—   Je ne suis pas sûr qu’il en a.

—   ….

—   Et sinon, tu veux faire quoi aujourd’hui ? On n’a toute la journée ensemble.

—   Pipi…

—   Tu te souviens où elles sont les toilettes ? Tu veux que je t’accompagne ?

—   Je veux aller dans ta chambre.

—   Tu as raison, tu seras plus tranquille.

Il se lève pour m’aider mais je le repousse malgré mes difficultés. Il me montre le chemin et cette fois, j’accepte son soutien pour les escaliers. Une fois sur place, je repère les toilettes puis je ressors pour remarquer la présence d’une fille blonde et un autre garçon. Leurs visages ne me disent rien.

—   Tu t’es lavé les mains ?

—   Non…j’ai oublier

—   Par grave, mais c’est important

—   Oui Maxime…l’hygiène. J’y, j’y retourne…

—   C’est Roberto…

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Je laisse Marta en autonomie et continue à garder le sourire avec Tania et César. La voir encore en vie, nous fait chaud au cœur et on se demande aussi, comment elle a survécu à une telle chute accompagnée de sa maladie.

Même les médecins se posent des questions. Et concernant des questions, on n’a toujours pas eu vraiment de réponse sur le secret qu’elle partager avec Eva. Ses amis n’ont plus. Sauf peut-être Max, seulement, il nous a dit « Tant qu’elle est dans cette état, je ne peux rompre son secret. Et si elle se réveille, c’est la même chose. Désolé ».

J’ai appris aussi tant de choses sur son passé durant sa scolarité, sa première tentative de suicide à quinze ans, ses vagues de violences, de perditions, sa rédemption…Et sa force de toujours se battre.

Elle s’assoit avec soulagement sur mon lit et prend avec délicatesse, la photo de nous deux sur le yacht. Je sais pertinemment qu’elle ne se reconnait pas. Les deux autres s’assoient en face et moi à côté de ma copine.

—   Tu sais où tu es ?

—   Là dit-elle en se désignant. Mais ce n’est pas moi.

—   C’est toi ma belle enfin c’était.

—   Vous me dites des tas de choses sur moi mais je veux apprendre à redevenir moi !

—   L’avantage d’avoir était dans le coma…

—   Eu Tania, il n’y a pas vraiment d’avantages de…

—   César le coupe notre amie, je veux dire que le seul point positif c’est que si on ne se souviens plus de sa personnalité, on peut être ce qu’on veut !

—   Même un criminel ?

—   Ou Batman Roberto

—   Mouais César, mais ce n’est pas ce que veut vraiment Marta, hein ma belle ?

—   …..

—   En tout cas, ma beauté des îles, on va toujours continuer à se battre pour que tu retrouves celle que tu étais.

—   C’est ta copine ?

—   Non Marta, c’est Tania. Une très bonne amie. Tu la connaissais depuis peu de temps, normal que tu ne t’en rappelles pas. Et c’est toi, ma copine.

—   Et lui ?

—   Celui que tu montres du doigt c’est César, pareil tu le connais depuis peu.

—   Ave César ?

—   Haha, presque mais non ! C’est un autre, moins empereur mais plein de conseils.

Elle tente de reposer le cadre sans saisir l’humour. Je rattrape l’objet pour le replacer avant de demander l’objet de leurs visites.

—   Vous voulez me demandez quelque chose ?

—   Non, rien de particulier. Tu sais, en ce samedi c’est calme en termes de révisions me répond Tania.

—   Et surtout, on veut voir Marta, à moins que tu veuilles passer du temps seul avec elle ?

—   Non César, on peut passer la journée ensemble. Tu es d’accord Marta ?

—   …..

—   Marta ?

—   Hum ?

Je la force à se focaliser sur la conversation et je reformule les propositions. Comme souvent, son nouveau tic, consiste à se mordiller l’index.

—   Oui…

—   Oui quoi ? Tu veux qu’on soit tous les deux ?

—   Comme tu veux le chat.

Le « chat ». Un mot qu’elle insère assez rarement mais qui interroge.

—   Bien, alors vous avez une idée d’une sortie ?

—   La fête foraine ?

—   Tania, il ne faut pas que ce soit trop bruyant et fatiguant pour elle. Et puis, les attractions ne sont pas en majorité adaptées.

—   Je pense une ou deux heures seront suffisant et puis c’est dans un parc, il y aura de quoi se reposer.

—   Alors ça me va. César tu es d’accord ?

—   Avec plaisir ! Cela fait longtemps que je ne suis pas allé !

—   Moi aussi César.

—   Super ! On va prendre ma voiture, tiens les clés, je vous laisse avancer !

—   Merci mec, on t’attend au parking !

—   Et rapprocher la voiture !

—   C’est noté Roberto !

Une fois les deux autres en route, j’invite Marta à me suivre. Elle arrive un peu à communiquer son angoisse et je la rassure comme je peux. Et même tout le long du trajet.