Sous le feux des projecteurs (Première Partie, Premier jet)
Le temps a passé sans d’autres problèmes à l’horizon. Ma sœur est revenue assister Alicia et cherche un appartement. Elle n’a pas voulu rester chez nos parents pour plus d’indépendance. En attendant, je lui ai proposé de dormir dans ma chambre.
On n’a certes pas les mêmes horaires mais je suis heureuse quand on se retrouve surtout le soir. Parfois, avant de se coucher, elle m’invite à la cafétéria de l’école. De bons moments pour se souvenir de nos retrouvailles et de notre enfance.
Ce soir, la veille du concours, je la rejoins comme prévu à notre table. Mais, elle ne s’y trouve pas. Je réfléchis où elle pourrait être et c’est dans la salle de danse qu’elle s’entraîne. Elle dégage toujours une belle élégance. C’est en la regardant faire dès mes cinq ans, que j’ai su au fond de moi, que j’allais suivre ses pas.
Je rentre pour couper le son et elle s’arrête satisfaite. On se sourit puis je lui tends sa bouteille avant de la réprimander légèrement.
— Tu n’étais pas censé m’avoir attendu en bas ?
— Si mais j’ai eu une envie pressante. La danse avant tout, tu me comprends ?
— Parfaitement. Tu voulais te retrouver seule avec toi-même ?
— Oui, je ne l’ai pas fait depuis trois jours. Et après je n’aurais pas le temps dans les jours qui suivent.
— Pourquoi ?
— Carmen nous a donner un spectacle à réaliser.
— Avec qui ?
— Les professeurs. Et j’aurais le rôle le plus important. Celle de l’organisatrice.
— Et ça va parler de quoi ?
— Aucune idée. On doit tout créer. Un vrai challenge.
— Et vous l’avez su aujourd’hui pendant la réunion ?
— Oui et on a maximum quatre mois avant le jour j.
— Wouah ! Incroyable ! Et les castings ? Je pourrais participer ?
— On n’a rien préparer, calme toi. Et si les troisièmes années pourront s’inscrire, souviens toi, qu’il y aura aucun traitement de faveur, hein ? Les décisions seront communes.
— Oui, j’ai bien compris.
— Bien, revenons dans la chambre, une bonne douche me fera du bien.
— Tu ne veux te poser à la cafète ?
— Pas ce soir.
— Bien. Je te suis alors.
Une fois partit à la salle d’eau, j’appelle mon homme. Il ne répond pas et je ne m’inquiète pas. Il est vingt et une heure, à cette heure-ci, il doit sans doute encore réviser son cours de théâtre avec César. Il passe un examen demain matin. Je lui laisse donc un message :
« — Coucou mon chéri, comme souvent, je souhaite d’appeler. Comme ma sœur est à la douche, j’avais un peu de temps pour discuter. On ne s’est pas beaucoup vu aujourd’hui. J’espère que ta journée était idéale. Je sens que tu révises pour demain et rappelle toi, tu es le meilleur. Je te dis à demain matin si tu veux déjeuner avec moi ? Je t’aime »
En attente de réponse, je pars me brosser les dents et prendre mon traitement pendant que ma sœur tombe sur une feuille de note placé sur mon bureau.
— C’est quoi tout ce plan ? Je n’arrive pas à te lire.
Je lui arrache le papier, faussement agacée avant de m’asseoir sur mon lit. Elle fait de même et attend ma réponse très curieuse tout en se mettant sa crème.
— Alors ? Si c’était si secret, tu l’aurais caché dans ton journal.
— C’est mon projet. Celui que je compte présenter à mon groupe. Je leur parlerais demain après-midi, après que j’aurais gagné.
— Tu ne m’apprends rien de nouveau là.
— La bande compte se produire dans diverses salles de concerts et avant tout, tenter de trouver un producteur. Mais je ne suis pas de cet avis. Et l’idée de Carmen m’intéresse maintenant que j’y pense.
Elle me regarde surprise alors que je m’amuse. Je réponds à Roberto qui accepte de déjeuner avec moi et me souhaite une bonne nuit. Une fois le téléphone poser, je me lève pour m’installer au bureau. Je prépare une feuille et un stylo mais avant que je continue mon discours, ma sœur m’arrête en se levant elle aussi.
— Eu Marta, je ne sais pas où tu veux en venir et avant que tu me racontes, je te réexplique que le projet de Carmen reste pour l’école. Pas pour toi. Hein ?
— Je sais Adela ! Je vous laisse tout créer mais je peux disons ajouter quelque chose dans ce spectacle. Comme des chansons et des danses. Oui, je sais, tu vas me dire que vous ne savez pas encore sur quel pied danser ! Cependant, nos textes, vous permettront comme un premier acte, de donner une direction, un indice sur le deuxième acte, à savoir la partie théâtre. Tu me suis ?
— Tu fatigues petite sœur. Et moi aussi, demain tu dois être en forme pour ton concours même si tu vas le gagner.
— Attend ! Laisse moi encore t’expliquer ! J’ai presque terminé ! Même si rien n’est vraiment définit. En tout cas, mon idée tu le prends ou pas mais c’est à réfléchir.
— Bien, je t’écoute.
Elle se rassoit cette fois amusée et je me retourne pour lui faire face. Moi, je me sens d’un coup plus sérieuse et triste.
— Mon but, c’est de laisser une trace à l’école.
— Comment ça ?
Son sourire s’efface et j’apprécie sa main sur les miennes.
— On s’est tous que je ne survivrais pas forcément au-delà de dix ans au moins. Peut-être que j’ai encore un an ou six ! Rien n’est sûr avec ce nouveau cœur. Comme je ne peux non plus, devenir une grande danseuse comme toi, l’opportunité de remonter sur scène via mon premier groupe, est belle et donc je me là saisit. Je voudrais relier ce qui a fait de moi en tant que personne à travers mes mots pour mes maux et ce qui a fait de moi en tant que virtuose de la danse. En somme, tout filmer à l’école, tout garder, pour que vous ne m’oublierez pas.
Je finis en larme dans ses bras. Je sens qu’elle se retient aussi de pleurer.
— Ho ma petite sœur. Je, je comprends ton projet et je trouve cela génial.
— C’est vrai ?
— Oui
Elle sèche mes yeux et je pars me moucher pour reprendre mes esprits. Elle réfléchit quelque minute avant de me demander :
— Ton idée de premier acte, c’est aussi un moyen de laisser ta trace dans un projet porter entre sœurs ?
— Oui…
— Je, je ne sais pas si les professeurs seront d’accord, de se baser sur votre groupe pour imaginer une pièce. Mais, je pense qu’il serait judicieux, une fois, tes amis d’accord pour ton plan, d’en discuter avec moi et Carmen, de se produire ici. Et suggérer une suite. Je pense qu’il faut que les professeurs écoutent les textes.
— Je comprends.
— Tu acceptes de procéder comme ça ?
— Oui, je suis contente que tu adhères à tout ça ! On va créer quelque chose d’unique et qui sait, intemporel !
— Je n’en doute pas. Bien, au lit ma belle ! Si tu veux que ça marche, il faut reprendre des forces.
— Oui, tu as raison. Au fait, demain matin, je déjeune avec Roberto.
— Pas de problème. De toute façon, je vais prendre le café avec Carmen.
Après une dernière accolade, on éteint les lumières et je m’endors morte de fatigue. Je prie pour tout ce que j’imagine, se réalise enfin.