Une courbure de l'espace-temps (saison 3)

Chapitre 30 : Reset

Chapitre final

6319 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 2 mois

Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 3, épisode 10, autour de 21:40 (juste après que Reginald Hargreeves ait assommé Klaus et fait tinter la clochette déclenchant l'apparition des Gardiens).


Note : pour lire ce chapitre, je recommande d'avoir revue récemment la scène finale d'Oblivion, ou de le regarder en même temps que la lecture.


Soundtrack suggérée :


- Pour Oblivion : Woodkid - To Ashes and Blood ;

- Post reset : Michael Bublé - Feeling good ;

- End title : The Heavy - Short Change Hero.


---


* Dong ! *


Aurais-je cru que le son puissant du gong, cette fois, résonnerait comme s'il était destiné à me réveiller aussi moi, en même temps que les Gardiens ? La main d'Hargeeves a été nette, décidée. Il vient de faire tinter la clochette une unique fois, de faire changer les lumières du lobby.


Il vient d'actionner l'interrupteur d'Oblivion.


Oui, cette fois, je le ressens de l'intérieur, ce réveil qui vient faire vibrer et ronfler tout ce qui existe autour de nous. De façon intime, avec toute la pure énergie qu'est maintenant mon être, apparié avec la Console Omega. Tout l'Hôtel se met en marche, le poste de contrôle auquel j'appartiens frémit. La seule comparaison que j'ai, c'est l'absence de contrôle que j'ai toujours ressentie en avion : maintenant, peu importe ce que nous faisons, il faudra bien atterrir quelque part, au bout du chemin.


Klaus est au sol, assommé par son père, mais il est bien vivant. Je souhaiterais l'atteindre. Mentalement, au moins. Lui signifier que je suis là. Mais l'Hôtel tremble, la lumière jaune crépite. Et seulement une poignée de secondes s'étire avant que les Hargreeves se fassent attaquer, à l'endroit où je perçois leur position dans les étages s'aligner avec celle des Gardiens.


Les Nio sont une défense, un test, une validation.


Ils s'apprêtent à mettre à l'épreuve leurs pouvoirs comme ils l'ont fait pour le mien, à évaluer leurs Marigolds, au sein de leur matière. À les valider en tant que plug-ins d'Oblivion, même si mes camarades en ignorent tout. Je me doutais que cette étape serait indispensable, et pourtant je tremble. Il est terrible pour moi de sentir leur peur, leur résolution, leur déchainement, au travers des données qui coulent dorénavant à travers moi.


Viktor est le premier à user de ses aptitudes contre le Gardien à la hallebarde. Presque en même temps que Diego et Lila, dans un autre couloir, cherchant revanche sur celui à la faucille enchaînée. Au-dessus de moi, sur le comptoir de la console Omega, le téléphone rouge émet des déclics successifs : à chaque fois que l'un d'entre eux voit son pouvoir approuvé.


Mon âme pleure de les sentir dans la difficulté, dans la douleur, mais force est de constater qu'ils ont tous le dessus. Au fond de moi, j'imagine péniblement ce qu'il se serait passé s'ils n'avaient pas été entrainés, et je comprends - d'un coup - l'une des raisons ayant poussé Hargreeves à initialement ne pas m'adopter.


En me rendant intangible, je ne courais pas de risque réel face aux gardiens, et j'en cours encore moins, à présent enfermée ici. Hargreeves n'avait pas besoin de perdre du temps et d'efforts à m'inclure dans son Académie et à m'entrainer à survivre... jusqu'à ce qu'il décide de le faire pour tenter de finalement me contrôler, en la personne de Christopher.


Sloane... Sloane me brise le coeur, tant elle est portée par le chagrin et le deuil. Elle est enragée, tandis qu'elle valide son pouvoir auprès du Gardien au katana, suivie par Cinq et Ben, au niveau de la buanderie. Ils luttent de toutes leurs forces, tous : les voir coopérer ainsi est à la fois terrible et beau. Mais je suis convaincue d'une chose...


Ils ne savent toujours pas ce qui se trouve au bout de cette 'nécessaire implémentation’.


Tout entraînés qu'ils soient, aucun d'entre eux ne sait pourquoi il se bat, à part par rancoeur, ou pour sa vie. Les Hargreeves sont ainsi, ils ne savent pas pourquoi ils luttent. Mais ils ont été dressés pour ça, tout au long de leur vie.


Les minutes s'étirent, ils progressent, tous. Et au milieu de cette déferlante, il y a Klaus, toujours inconscient sur le sol du lobby, près de la conciergerie. Klaus, près duquel est la seule place où j'aurais voulu me trouver.


J'ai peur de ce qu'il ferait s'il lui arrivait de nouveau quelque chose. Il n'a sans doute pas eu le temps de me chercher dans le Vide, mais s'il y retourne, il le fera. Il me l'a dit, plus tôt, qu'il resterait probablement dans l'au-delà, si je n'étais plus là à l'attendre. J'ignore ce qui l'a poussé à revenir. Mais je crains que ce soit la dernière fois. Je dois entrer en contact avec lui. Profiter du mince temps que me donnent les autres, en combattant.


"Klaus ?"

Évidemment, cette grande andouille ne répond pas plus aux stimuli électriques cérébraux qu'au téléphone, à l'époque des 'Enfants du Destin' où il en possédait un.

"Klaus, putain, tu n'es pas mort, ne fais pas semblant de ne pas m'entendre".


Parler à quelqu'un d'inconscient n'est pas forcément adéquat, mais c'est tout ce que j'ai. Deux gardiens sont déjà tombés : je n'ai plus beaucoup de temps. Je sais que son esprit embrumé est capable de capter les signaux que j’envoie à au travers de l'interface. Maintenant, je me sens calme. Résolue. Je m'infiltre sans mal en lui, dans son système nerveux, tout comme Chris l'avait fait avec moi.


"KLAUS !"


Il est inutile de lui crier dessus, même directement dans ses neurones : ça n'a jamais servi à rien. Je dois trouver autre chose. Je réfléchis avec toute la vitesse de calcul que me permet Oblivion. Et alors, pour lui faire comprendre que je suis là, je choisis... de télécharger en lui en masse les foutues 'bribes de souvenirs' que nous avons tous les deux.



01110011 01110001 01110101 01100001 01110100 01110011


Sans ordre, déferlent soudain sous ses paupières le souvenir des cellules que nous avons partagées au commissariat, des squats et des piaules inconnues, des yourtes et des ashrams.


01110111 01100001 01100110 01100110 01101100 01100101 01110011


Le goût des gaufres, des tacos, du menudo et de tous les restes de festins vietnamiens de Granny.


01100010 01100001 01110100 01101000


L'odeur des sels de bain à la lavande, du chanvre, du crack, des opiacés. Des couloirs de la désintox, et de la cabane des jardiniers d'Argyle Park.


01010010 01101111 01100011 01101011 01111001


Les images des films de série B, des soucis d'Inde sur le Gange, des stroboscopes des raves déjantées. La douleur des coups et des deuils, l'angoisse des voix, les pressions du bout des doigts.


01001110 01100101 01111000 01110101 01110011


Le son des chants des 'Enfants', des rires au-dessus du zinc du Nexus Bar, des grondements d'apocalypses. L'entrechoquement des perles, le froissement des tissus iridescents, le grésillement des machines à tatouer.


01001011 01101100 01100001 01110101 01110011


Ce que je lui transmets est un geste d'affection mentale pour tout ce que nous sommes et avons vécu, certainement aussi puissant que la somme de ce que je lui ai historiquement donné. Comme si je le serrais dans les bras que je n'ai plus, au travers des extensions de la Console Omega.


01010010 01101001 01101110 01101110 01111001

'Rinny'.


Il vient de m'appeler ainsi en retour : ce nom, juste ce nom, au travers des sillons dorés d'énergie. Il a compris. Il revient à lui, tandis que les autres convergent vers le lobby. Oui. Maintenant, il sait que je suis là.


Et que son père lui avait menti, à lui aussi.


 01110111 01101001 01101100 01101100 00100000 01100010 01100101 00100000 01101111 01101011 01100001 01111001


"Tout ira bien", ai-je à peine le temps de lui transmettre, car je veux qu'il sache que j'ai encore cet espoir.


Même si les putains de paramètres espérés par Hargreeves devaient être implémentés dans la future réalité, nous nous retrouverons au-delà d'Oblivion.


Maintenant, c'est tout ce qui compte pour moi.


---


Ses frères et soeurs sont autour de lui, lorsque Klaus rouvre les yeux dans un râle, sous la lumière jaunâtre du lobby. Tous sont blessés, décontenancés. Et furieux. Car oui, Hargreeves a bel et bien tué Luther : Klaus est à présent là pour en témoigner.


Je comprends leur colère et leur désespoir, à tous, tandis qu'ils réalisent les ultimes malversations assassines de leur père. Leur rage saisit le système jusqu'à moi, tandis qu'ils le confrontent, même Ben. Je les ressens à l'identique, au point de faire grésiller la console qui m'enferme, non loin. Mais sans état d'âme, cet enfoiré les presse, agitant le reset comme solution pour tout arranger. Malheureusement à raison.


"Nous ~ devons ~ trouver le Sigil !"


Je pourrais presque rire de la façon dont son accent british est à présent traversé de pointes d'empressement et d'agacement, alors que ce qu'il cherche se trouve sous ses pieds. Malgré toutes ses capacités d'analyse, de projection, de manipulation, Hargreeves ne sait pas tout, et pour cause : il est le seul d'entre nous tous à ne pas avoir sa place ici.


Il est faillible et dépendant de nous. L'inverse n'a jamais été vrai.


"J'en ai rien à foutre, de votre Sigil, tout le monde s'en fout !", lui hurle Sloane, plus furieuse que jamais.


Mais elle a tort. À l'instant-même où elle prononce ces mots, je sens une impulsion dans les Marigolds de Cinq. Un frisson. Une réalisation. Le plus formidable 'Eureka' que je lui ai connu. D'un coup, il traverse l'échiquier qu'est le carrelage du lobby et grimpe l'escalier qui monte au demi-étage, pour se pencher par-dessus le balcon. Il contemple la pièce.


Son esprit brillant a compris. Et par satisfaction intellectuelle, il s'apprête à offrir à Hargreeves l'information que j'ai refusé plus tôt de lui donner.


Sept étoiles, sur les dalles. Sept slots, qui pulsent tranquillement à ma conscience, à moi aussi, attendant simplement que mes camarades s'y placent, pour me rejoindre dans ce qui a en réalité déjà commencé. Sept cloches, comme Hargreeves les nomme. Sept cavaliers de l'apocalypse, qui n'est pas une fin, mais bien un renouveau. Sept...


*Crash !*


Tout va extrêmement vite, au point que je ne puisse rien faire. Au travers de la verrière du lobby, tombe le dernier gardien, celui à la faucille enchaînée, qui n'avait pas encore été abattu. Mon esprit se fige tandis que je sens la douleur de Cinq, dont le bras est tranché net. Il hurle, il s'écroule le long de la rambarde, sur la moquette désuète.


Mais le gardien n'en a pas fini, loin de là. Il est en chasse, je le sens dans le système. En quête du dernier pouvoir en présence qui n'a pas encore été testé et approuvé par l'interface. Celui de...


"KLAUS !"


D'un coup, la faucille fuse à travers le lobby. Précise, tranchante, implacable, lui ouvrant l'abdomen en lui infligeant clairement une mort inédite, en comparaison de toutes celles qu'il a déjà connues.


Le gardien fait détonner un fumigène, faisant reculer les autres, mais aucun d'eux n'est décidé à abandonner le combat. Ni Ben, ni Diego, qui pourtant n'ont plus rien à prouver. Et Sloane - hors d'elle, dangereuse - soulève le Nio et le comprime, en utilisant la gravité. Elle donne toute sa hargne, mais elle est blessée au flanc, et....


01001100 01110101 01110100 01101000 01100101 01110010


Soudain, une nouvelle donnée apparaît dans la base de donnée d'Oblivion. Des Marigolds familiers, de nouveau.


Luther, matériel et tangible bien que spectral, empoigne le gardien et l'envoie s'écraser au sol du lobby, comme s'il avait été fait de paille, et de cafards grouillants.


Je ne sais pas si je peux sourire, mais l'image mentale que je garde de moi le fait tristement. Klaus, au sol, littéralement mourant, est en train de canaliser le spectre de son frère, avec les forces qui lui restent. Exactement comme il l'a fait pour Ben. Pour David Bowie. Et Maman.


Jamais Klaus n'aura invoqué le moindre spectre pour Hargreeves : il l'aura fait pour ceux qu'il aime, même au bout de l'une de ses vies. Et à présent, il le fait pour Luther, pour Sloane, qui s’enlacent, le temps un instant suspendu. Donnant à Sloane cet ultime au revoir, et à son frère l'occasion de confronter son père une dernière fois.


"Toutes ces années, j'ai été loyal envers vous. Vous m'avez envoyé pourrir sur la Lune, et pourquoi ?"


Luther - à mon sens - mérite au moins de savoir qu'il n'a jamais été évincé comme un paquet gênant. Car - non- Hargreeves ne fait jamais rien au hasard.


"Vous aviez un rôle primordial. Vous gardiez ce qu'il y a de plus précieux dans tout l'univers".

"Et c'était quoi ?"

"Vous comprendrez vite, comme vous tous".


Hargreeves est hors de contrôle, toujours convaincu que son 'amour' pour sa femme et l'empire de puissance qu'il veut bâtir autour d'elle sont une justification valable.


Mais ce n'est pas ce qui me préoccupe. Au sol, Klaus n'en peut plus. Soudain, Luther s'efface, il se dissipe vers le Vide, il glisse entre les doigts de Sloane dont les larmes coulent, mais dont l'âme est enfin calmée. Oui, Klaus a rendu son énième dernier souffle. Et malgré le drame qui se joue, à tous égards... je sens dans l'interface pulser une autre émotion terrible. : la jalousie. Celle d'Allison envers Sloane. D'une façon qu'elle ravale, et dont elle ne montrera rien.


"Regardez", crie Cinq, "le Sigil est sur le sol ! Les étoiles !"

Le gardien Nio revient à lui, il se fixe à présent sur Hargreeves, qu'il a repéré comme un intrus. Et ce dernier ordonne, jouant à présent sa vie :

"Les enfants, allez tous vous placer sur un point du Sigil !"


Je n'ai même pas le temps d'angoisser quant au fait que Klaus revienne ou non : il le fait, dans l'instant. En quelques secondes à peine, son abdomen étant déjà refermé. Grelotant, s'ébrouant, mais plus rapide que jamais.


Quelque part au fond de ma mémoire, résonnent les mots qu'Hargreeves avait eus, en me disant qu'une demi-heure était un temps bien trop long, et que la plupart des situations de combat se trouvaient déjà résolues, dans ce laps de temps. Oui, Klaus devait être rapide, pour faire démonstration de son pouvoir au Gardien, et revenir dans les temps. Car - moi non plus - je ne crois pas que nous ayons une demi-heure devant nous. Hargreeves a eu raison. Il a eu raison d'accélérer l'entrainement de Klaus.


*Clang !* 'Forces / Gravité'.

01000110 01101111 01110010 01100011 01100101 01110011

Déjà, Sloane trouve place sur une étoile, et je sens ces paramètres s'activer au creux de moi alors que le slot s'éclaire sous elle.


*Clang !* 'Module universel. Matière-Energie.'

∞ 01001101 01100001 01110100 01101001 11101000 01110010 01100101

00101101 11000011 10001001 01101110 01100101 01110010 01100111 01101001 01100101

Lila. Viktor.


Allison s'apprête à en faire autant, mais Hargreeves la retient, laissant place à Klaus.


*Clang !* 'Vies et âmes / Psyché.'

01010110 01101001 01100101 11000011 10100010 01101101 01100101 01110011

Chancelant, il parvient à clopiner jusqu'à l'étoile la plus proche, qui s'enclenche sous ses bottes à lacets.


*Clang !* 'Plans. Trajectoires'.

01010000 01101100 01100001 01101110 01110011 00100000 01010100 01110010 01100001 01101010 01100101 01100011 01110100 01101111 01101001 01110010 01100101 01110011

Ben. Diego.


Le Sigil réagit à chaque plug-in s'insérant sur son slot, son énergie grandissant de façon colossale. Résonnant avec leurs Marigolds à tous. Tandis qu'ils s'entremêlent avec les miens - bien au-delà de ce que je ressentais parfois par empathie - je comprends pourquoi j'ai toujours autant résonné avec eux tous, pourquoi j'ai toujours tenté de les comprendre et de faire le lien, pourquoi mon foutu pouvoir m'a toujours semblé si généraliste et polymorphe. Parce qu'ils sont tous en train de se connecter avec la console Omega, nous rassemblant dans Oblivion.


Il ne manque qu'un slot, en plein milieu. Attendant son plug-in, dans une pulsation continue qui m'entête, comme si j'avais absolument besoin de lui pour que nous soyons un et entier. J'ignore toujours de quoi nous sommes nés. Mais j'ai la conviction qu'un jour, nous n'étions qu'un même essaim de particules, quelque part dans cet univers que nous avons vocation à restaurer.


Cinq descend l'escalier tandis que le gardien se relève et remet en place son masque terrifiant. Il considère l'étoile, il envisage un instant de se téléporter, et toute son hésitation pulse autour de lui.


Nous sommes à une charnière de l'espace-temps.


Nous sommes au moment où il s'apprête - ou pas - à tenter un ultime et désespéré saut dans le temps : vers les années cinquante - plus loin en arrière que les années soixante où nous avons déjà marché - pour fonder la Commission. Pour tenter une dernière fois d'enrayer tout ça. Pour boucler la boucle qu'il a lui-même amorcée : tatoué, physiquement diminué d'un bras, mais résolu. Nous abandonnant à un sort que je n'ose imaginer.


Ses pensées se bousculent, et je sais pourquoi. Qu'est-ce qui a changé en lui cette fois ? Quelque part au fond de son esprit... son lui du futur murmure bel et bien encore le nom d'Oblivion. Et peut-être qu'il m'a aussi un peu entendue, lorsque je lui ai dit qu'il se trompait d'interprétation.


Le gardien rugit, fait tournoyer sa chaîne, et Hargreeves somme Cinq de rejoindre son slot. Il regarde Allison, fixement, lui ordonnant silencieusement de lancer à son frère une Rumeur. Elle tremble, elle fixe Cinq, ses yeux écarquillés. Et pourtant, elle ne le fait pas. Ce n'est même plus une question pour elle.


"Numéro Cinq ! Venez vite !", tonne une dernière fois Hargreeves, et Oblivion vrombit de toute l'énergie accumulée.


*Clang !* 'Espace-temps'.


01000101 01110011 01110000 01100001 01100011 01100101 00101101 01110100 01100101 01101101 01110000 01110011


Une téléportation, et Cinq a de nouveau splitté la timeline en deux.


Renonçant à la Commission.


Venant compléter l'insertion des plug-ins, au creux de la machine et de mon âme.


Déclenchant dans l'instant la phase opérationnelle d'Oblivion.


---


*ZZZZZZZMMMMMMMM*


Il ne faut même pas un battement de paupières, avant qu'une énergie colossale se déploie, mettant fin à la phase d'évaluation et de validation, désactivant le gardien qui se désagrège en une nuée de cafards. Derrière son monocle, Hargreeves s'émeut. Il s'émerveille, il en respire à peine. Et moi, je sens à nouveau mon essence s'agiter.


Je les ai déjà vues, ces sillons dorés d'énergie pure qui se mettent à envahir le lobby en un réseau complexe et scintillant, se déversant du plafond comme une nuée de lucioles électriques. Inondant tout, remplaçant le réel. Remontant le long des hauts piliers du lobby, qui relient l'Hôtel au cosmos. Oui, je les avais déjà entrevues : en perdant mon calme, parfois, comme en ce jour du passé où Lloyd en était venu aux mains avec Klaus.


Je me sens comme cette fois-là, à présent : ma personne mue par une force plus grande qui fait pivoter la console Omega. Hargreeves la rejoint sans attendre tandis que la sphère de contrôle se déploie dans l'énergie, littéralement en prolongement de mon pouvoir. Comme un écran disponible pour son opérateur. Semblable à la bulle bleue de protection faite d'énergie azur, que j'ai parfois déployée autour de moi.


Hargreeves en est maintenant l'opérateur. Un opérateur qui aurait plausiblement dû être moi, si ce salopard n'avait pas customisé la console pour m'y enfermer à la place.


Hargreeves est virtuose, et il a effectivement bien étudié cette partie du processus d'Oblivion, possiblement en monitorant mon sommeil durant mon enfance, à quelques blocs de distance. Ses gestes précis et rapides ne trompent pas. Il réorganise les plug-ins sur le schéma du Sigil qui était encore il y a peu à mon bras, les faisant coulisser les uns après les autres. Je ressens chacun de ses gestes comme une violence, comme s'il était en train de forcer ce que j'aurais dû faire moi. Il joue du violon avec mon âme, au travers de la console, tandis qu'il force le reparamétrage de la réalité.


Allison est plantée là - immobile au milieu des lignes et sillons d'or - le regard sidéré. Elle fixe Hargreeves, ses frères et soeurs, la console. Elle a conscience que quelque chose ne va pas. Et elle a raison. Je l'ai senti aussi.


La machine est partout, infinie. Oblivion grandit, nécessitant une quantité d'énergie immense pour fonctionner, comme aucune particule conventionnelle ne peut en fournir, même par la fission. Cette énergie unique de l'univers, destinée uniquement à cette tâche éphémère, vient de nous. De nos Marigolds à tous. Sauf ceux d'Allison, qu'Hargreeves a écartée.


Je le sens en moi comme en mes camarades, qui s'étiolent sur leurs slots en suffoquant, reliés par des arcs énergétiques. Nous sommes tous drainés à mesure que nous remplissons notre fonction : destinés à être consumés en accomplissant l'acte final pour lequel nous sommes nés.


 Oblivion est une machine autosuffisante et auto-alimentée.


Prévue pour ne fonctionner qu'une fois, dans une réalité donnée.


Insensible à tout ça, concentré sur sa destination, Hargreeves continue de parachever la configuration, menant inexorablement son délire mégalomaniaque vers la réalité. Il a déjà validé les paramètres des forces, trajectoires et gravité ; du couple matière-énergie et de l'espace-temps. Nous faisant souffrir un peu plus à chaque fois.


Sa main glisse sur la sphère qui est une partie de moi. Il enclenche la récupération des données des âmes et des vies à ré-implémenter, et sa moustache en frémit. Un plug-in ô combien important pour lui pour ramener son épouse. L'expression de Klaus est éteinte, alors qu'il est bien vivant, à fendre le coeur que je n'ai plus. Et je comprends autre chose tandis que les données affluent et que notre douleur croît.


Hargreeves a laissé Allison en dehors du Sigil car elle était surnuméraire, et parce qu'il la tient possiblement en respect pour ce deal qu'ils ont passé. Pour lui épargner de souffrir. Et pourtant, c'est bien elle qui est en train de déverser la définition de la nouvelle réalité dans la machine...


... par le biais d'un intermédiaire, une mimique. Au travers du pouvoir de la pauvre Lila, dont les yeux creux ne regardent même plus Diego.


"J'ai presque fini", dit Hargreeves en poursuivant sa validation des plug-ins, dans les cris de tous ceux dont il abuse une dernière fois. "Quand j'en aurai terminé, nous aurons tous les deux ce que nous voulons".

"Non, vous allez les tuer !" // No, you're killing them !"

"Dans la vie, toute chose a un prix".


Allison a compris que nous serions tous réimplémentés dans la nouvelle réalité qu'elle souhaite. Sans nos pouvoirs : Hargreeves ne lui a pas menti. Mais - comme moi - elle ignorait que nous devrions pour ça en passer tous par notre anihilation, dans une douleur qui n'a d'égal que l'indifférence de son père.


Une dernière et ultime maltraitance. Mais à ses yeux, rien d'autre que 'quelques mauvaises herbes dans un jardin autrement verdoyant'.


"STOP !"


Cette tentative désespérée d'Allison échoue, tandis que Lila canalise son pouvoir de redéfinition du réel à l'intérieur d'Oblivion.


01000011 01101100 01100001 01101001 01110010 01100101

'Claire'.

01010010 01100001 01111001

'Ray'

01001110 01101111 00100000 01010000 01101111 01110111 01100101 01110010 01110011

'No powers'.


Les données de ce 'Meilleur des Mondes' en devenir s'accumulent.


01000001 01100010 01101001 01100111 01100001 01101001 01101100

'Abigail'.

01010000 01110010 01101111 01101010 01100101 01110100 00100000 01001000 01000101

'Projet HE'.


Et soudainement je sens que l'une d'entre elle... a été rajoutée.


01000001 01101110 01101001 01110100 01100001 00100000 00100110 00100000 01010010 01101111 01101110 01101110 01101001 01100101 00100000 01000111 01101001 01101100 01101100

'Anita & Ronnie Gill'.


Peu importe son état, Lila reste une rebelle, comme moi. Une punk. La machine Oblivion est en train de l'éroder, son corps rendu comme celui des autres à un état cadavérique déchirant. Et pourtant... elle vient de glisser au milieu des data d'Allison une toute petite ligne binaire. Les âmes de ses parents, puisées dans l'au-delà. Ces gens auxquels La Directrice l'avait arrachée, alors qu'elle n'était qu'une enfant. J'en aurais souri, si j'avais été simple spectatrice. Mais moi aussi, je souffre, peinant à maintenir l'interface tactile d'Oblivion, à mesure que le processus progresse vers sa fin.


Il ne reste plus qu'un plug-in à insérer - un seul, le dernier - et je sais qu'il est important, pour toutes les turpitudes qu'Hargreeves a fait vivre à Ben au travers de toutes ses vies.


Allison n'en a pas conscience : elle est perdue, accablée par le mal qu'Hargreeves nous fait. Regardant autour d'elle, quoi que ce soit auquel se raccrocher. Mais dans le système, s'accumule encore la liste interminable des timelines : nombreuses, ramifiées, la plupart impliquant l'une ou l'autre version de Cinq, qui en a parcouru et fait bifurquer tant.


Comme tout ordinateur, Oblivion s'apprête à procéder au nettoyage final de son système, à l'écrasement de tout ce qui était. À l'Oubli Final mettant en marche les créatures d'Eldritch dévoreuses de réalités, venues d'un autre plan.


L'élagage des timelines. Une ultime étape cruciale, pour qu'une réalité unique et propre puisse enfin redémarrer.


Hargreeves saisit le plug-in de Ben, il s'apprête à le faire glisser sur le dernier carré du schéma du Sigil, qui clignote en attendant d'être complété. Il est si proche de son but qu'il en tremble, à présent, sa main bougeant une fois de plus à la surface de mon être pour-


* SHLACK !*


Hargreeves ne validera jamais l'élagage des timelines.


Il s'écroule, son crâne alien tranché en deux par la lame du Gardien, qu'Allison a ramassée. Portée par le plus formidable élan de protection qui soit, celui pour sa fratrie, elle vient de se réconcilier avec son coeur et sa conscience. Bien trop tard, certes, mais avec toutes les forces qu'elle a. Et tous s'écroulent au sol, conscients, mais épuisés.


J'aimerais pouvoir parler à Allison comme je l'ai fait avec Klaus, déverser en elle des données pour lui expliquer ce qu'elle vient d'entraver, mais je ne le peux plus, sans forces, comme tous. Nous restons juste toutes les deux l'une en face de l'autre : elle, haletante, moi, invisible à ses yeux qui ne voient que la Console Omega.


L'interface clignote toujours devant elle, dans les injonctions de ses frères et soeurs. Le dernier slot à remplir avec le pouvoir de Ben est là, évident, criant son vide sous ses yeux, mais elle ne comprend pas.


Oui. Dans son ignorance, elle vient d'interrompre le déroulement optimal du reset, et à présent nous n'avons plus de temps. Oblivion n'est plus alimentée en Marigolds. La machine ne pourra plus fonctionner très longtemps. Que nous reste-t-il, à présent ? Dans mon coeur numérique, il n'y a plus que de la tristesse, et de la peur. Celle de l'inconnu totale de ce vers quoi nous allons, si nous validons le reset malgré sa non-complétion.


Je sens le système tressaillir, je risque de m'éteindre. Alors je fais apparaître sur l'écran la seule chose qui me vient à l'esprit.


Un bouton rouge.

Le plus grand possible.


L'idée m'avait semblé grotesque - j'avais même plaisanté avec ça auprès de Diego quand nous nous sommes à sa chambre - mais c'est tout ce que j'ai pour attirer l'attention d'Allison, dans les secondes qui nous restent avant que le dernier Marigold soit consumé.


Oui, un gros bouton rouge.

Il apparaît sur la sphère de pure énergie bleue, pulsant avec un son pathétique, émis avec tout ce qui me reste d'emprise sur le réel.


"Appuie, je t'en supplie" sont les mots que je prononce, juste pour moi et pour l'univers. Et elle approche enfin, même si elle ne m'entend pas. Sa main se lève, et je tiens bon, comme si je levais la mienne en retour, pour l'effleurer des doigts.


"Allison... Allison ne touche pas ce bouton, on ne sait pas à quoi il sert !"


Putain. Jamais je n'ai eu autant envie de dire à Cinq de la fermer. Et Viktor essaye de l'en empêcher, lui aussi, rassemblant de quoi produire la toute dernière onde de choc sonore qu'il aurait été capable de mobiliser. Mais qu'espèrent-ils ? Que pensent-ils qu'il va arriver si nous n'allons pas au bout ? L'Univers s'apprête simplement à s'arrêter en même temps que le système, c'est aussi simple que ça.


"Allison, stop ! Ne m'oblige pas à faire ça !"


Allison se retourne, ses doigts s'éloignent un instant de moi. Elle regarde Viktor tandis que je m'accroche pour maintenir le bouton rouge plus longtemps. Elle le fixe calmement, avec de la tristesse autant que de l'assurance.


"Tu me fais confiance ?", lui demande-t-elle.


Viktor s'arrête, ses poings serrés, il la regarde, tout comme les autres. Même Klaus, qui fixe ce bouton rouge, lui aussi, devinant ce qu'il est. Devinant où je suis.


Cinq crie encore.

Ben crie sur Cinq.

Diego crie sur Ben.


La cacophonie ordinaire des Hargreeves sera la dernière chose que l'ancien monde aura entendue, car Allison prend sa décision.


Elle entre enfin en contact avec moi.

Et presse le bouton.


* SWEEEEEEP *


Maintenant, advienne que pourra.


---


. . .

. . .

. . .

. . .


---


07 avril 2019, 01:01


'Birds flying high, you know how I feel'.


J'ai toujours aimé la mécanique des ascenseurs : le glissement des câbles, la tension des rouages, la pulsation électrique des circuits. Elle me repose. D'ordinaire, j'aime infiltrer leur mouvement, le sentir dans l'énergie cinétique et potentielle, suspendu entre deux réalités au sein de l'espace-temps. Mais pas cette fois. Cet ascenseur portant le symbole d'Obsidian est silencieux.


'Sun in the sky, you know how I feel'.


Je m'exprime mal, ce n'est pas les sons qui lui manquent : les voix des Hargreeves continuent de se chamailler autour de moi, et ce foutu Michael Bublé chante dans les petits haut-parleurs. Non. Le silence dont je parle est plus profond, plus terrible. Un vide. C'est au creux de la machine que cet ascenseur est inaudible pour moi : je n'en ressens plus ni la matière, ni l'énergie.


Je ne les ressens ~ plus ~.


'Breeze driftin' on by, you know how I feel'.


Pourtant, je suis en vie. L’univers est toujours là. Je reconnais bel et bien les voix de Diego et de Luther, les soupirs de Ben et Viktor, et le rire sarcastique de Lila. Je tente de tracer leurs Marigolds, mais je n'en perçois aucun non plus. Alors j'ouvre les yeux, matérielle et tangible.


Sur mon avant-bras, au-delà de ma manche noire, plus aucune ligne - aucun carré - ne sillonne ma peau lisse et nue, par la plus pure évidence : le Sigil n'est plus. Il a rempli son usage, et nous aussi. Oblivion a trouvé une issue, malgré sa non-complétion. Avec quelles conséquences ? Je l'ignore, mais pour l'instant je m'en fous. Je ne veux pas savoir. Pas encore.


'It's a new dawn, it's a new day. It's a new life for me... and I'm feeling good.'


Je distingue mal l’espace autour de moi, coincée entre les autres. Mais la main de Klaus est proche, assez pour que, dans un élan rare, j’effleure ses doigts. Il est là. Je suis là. Et, en silence, un poids indicible se dissipe en moi.


Ses paumes ne portent plus ni 'Hello', ni 'Goodbye', et je sais pourquoi. Nous avons été réinitialisés, nous aussi. Reprogrammés, comme l'ensemble de la réalité. Plus de pouvoirs. Plus de Marigolds. Juste nos êtres et nos souvenirs. Allison a décidé pour nous tous. Je ne sais pas ce que j'aurais choisi si elle me l'avait demandé, mais je sais que Klaus l'aurait souhaité, lui. Mes sentiments s’emmêlent, et je n'ai de toute façon plus le choix.


'And this old world is a new world, and a bold world, for me'.


Je sais ce qu'Allison a injecté en hâte dans ce reset, dans le peu de temps qu'elle a eu pour le préparer dans son esprit troublé. Beaucoup de Claire, de Ray et de sa vie heureuse d'avant. Les délires conjugaux et mégalomaniaques d'Hargreeves, le peu que Lila a pu parasiter. Et pour le reste, simplement de revoir 'le monde d'avant', et que nous puissions vivre 'en paix'.


'Oh, freedom is mine, and I know how I feel'.


Quoi d'autre encore ? Je ne le sais pas, mais une chose est sûre : cette réalité a été majoritairement façonnée par ses désirs, ses pactes, ses jalousies et ses haines. D'un coup, j'ai peur pour Sloane, très peur. Je ne la vois, pas plus qu'Allison, mais nous sommes déjà très serrés, car l'espace de l'ascenseur est étroit. Est-ce qu'elles ont possiblement pris le suivant ?


Je lève le regard, et je croise enfin celui de Klaus tandis que l'engin nous emmène toujours plus haut. Ses yeux sont étonnamment clairs et lucides, comme je ne les ai jamais vus, je crois. Comme si un poids immense avait été levé de ses épaules, et que son corps-même était moins usé. Un instant passe où nous nous comprenons sans mots, avec juste un sourire ténu.


'It's a new dawn, it's a new day. It's a new life for me... and I'm feeling good.'


Puis, un détail attire mon attention, sur le tableau de boutons de l’ascenseur.


Le 'parc du Memorial Obsidian' est notre destination, illuminée en rouge. Mais il y a tant d’autres étages, le sous-sol de The City ayant toujours été creusé de nombreux sous-sols.


Mais tout en bas, se trouve un bouton différent. Pas gris. Doré.


Portant un simple symbole, à la place du numéro : ⊖


Je plisse les yeux.


* Ding ! *


Les portes s'ouvrent, et les sons de The City - d'un coup - sont partout. Les klaxons, la circulation, le vent d'Avril dans les érables. Une lune immense surplombe les tours de verre et d’acier du quartier des affaires, me semblant plus hauts que jamais. Un à un, les Hargreeves sortent dans le petit jardin du mémorial, mais moi, je ne bouge pas, et je reste dans le coin de l'ascenseur. Mes yeux toujours fixés sur le bouton doré.


"Je vous rejoins dans une minute", dis-je à Klaus en lâchant ses doigts, et il hoche la tête avant de sortir, suivi de peu par Luther. La porte se referme en coulissant, et j'hésite à la rouvrir. Je cligne des yeux, une fois, deux fois.


Et puis - sans plus réfléchir - je tends la main et mon doigt presse le bouton ⊖.


L’ascenseur frémit et amorce sa descente. Plus bas. Toujours plus bas. Six étages. Sept. Soudain, il soubresaute un peu, comme si son système électrique était malmené. Ses lumières clignotent transitoirement, mais il continue. Et puis je le sens ralentir, arrivant à destination.


* Ding ! *


Un pas hors de l'ascenseur. Deux. Trois.


Mon cœur cogne, mais je me promets de ne pas aller loin : je ne peux plus me rendre invisible pour espionner en toute discrétion. Juste un coup d'oeil, oui, quelques secondes, et puis je remonterai. En silence, la porte de l'ascenseur se referme derrière moi.


L’air est différent ici. Plus dense. Chargé d’un murmure imperceptible, une vibration sous-jacente qui fait frissonner ma peau, malgré l’absence de Marigolds en moi. Je m'habitue un peu à la demi-pénombre, réalisant que l'espace qui s'étend ici est assez vaste. Et j'ouvre plus grands les yeux.


Là, devant moi... une station de métro est en cours de construction. Un réseau de transport souterrain, alors que cette ville n'en a jamais possédé.


Je la contemple en silence, de ses carreaux blancs à ses néons blafards. Le tableau des lignes est déjà affiché, brillant en dorés. Les interconnexions des lignes sont nombreuses et complexes, de façon délirante, pour The City.


À cette heure du soir, les travaux semblent en pause. Je suis fatiguée, et au fond je m'en fous, je veux juste me reposer, maintenant. Alors, j'hausse, les épaules, je pivote, je presse le bouton.


* Ding ! *


L'ascenseur se rouvre derrière moi et je m'en retourne par où je suis descendue.


Vers le haut, et quoi que ce soit qui attende pour nous.


---


Notes :


Comme toujours et comme les Hargreeves, je me sens de nouveau arrachée à cette saison, alors que je commençais à m'y sentir chez moi. Ballotée encore et encore dans les plans d'Hargreeves et les timelines.


J'espère que comme moi, vous aurez pris du plaisir à tenter de mieux comprendre Oblivion, et de façon générale, cette saison. C'est pour moi l'aboutissement des trois précédentes saisons, avec des arcs construits très progressivement, notamment celui d'Omega.


Avec l'action de Lila envers ses parents, avec l'introduction du métro en construction, avec l'absence de Sloane par la jalousie d'Allison, vous voyez peut-être déjà ma volonté de combler certains plot-holes de la Saison 4. À présent... un monde complètement nouveau est devant nous.


Encore une fois, je vous remercie de lire cette histoire, et de m'accompagner chaque semaine en me donnant la motivation de continuer ! Si vous avez lu cette saison jusqu'à la fin, même si vous avez été jusqu'ici silencieux, laissez-moi un petit mot... même juste un petit smiley !


Et en attendant de monter dans le métro - si vous souhaitez en savoir plus sur les jeunes années de Rin et Klaus, vous pouvez aussi découvrir le préquel "Bribes de mémoire", également sur mon profil.


À très bientôt... pour une quatrième et dernière courbure de l'espace-temps ♡

Laisser un commentaire ?