Une courbure de l'espace-temps (saison 2)
Chapitre 21 : Le loup solitaire de la Team Zéro
3242 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 03/05/2024 08:54
Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 2, episode 6, autour de 38:20 (après le 'dîner léger' de l'Umbrella Academy, pendant que Cinq discute encore en privé avec Reginald).
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Mercredi 20 novembre 1963, 20h04
Je n'étais pas réellement en pleine possession de mes moyens, quand j'ai quitté le Southland Life Building. Je me souviens à peine de la descente de l'ascenseur, de la façon dont j'ai traversé le hall. Je crois que j'ai croisé Cinq, je crois aussi que je suis retournée attendre sur le banc où j'avais laissé Klaus, une demie-heure en arrière, qui semble se perdre dans l'éternité. Que je l'ai poussé à ne pas poser de question, et à se dépêcher de rejoindre les autres pour prendre l'ascenseur. Comme figée dans la paralysie de mes pensées, sans même réaliser vraiment que je les revoyais pour la plupart après si longtemps. Et je suis restée là, les yeux dans le vague, pendant les quelques vingt minutes où je les ai attendus.
J'ai chassé l'image obsédante du diagramme qu'Hargreeves m'a présenté. Mes pensées ont tourné et retourné ses mots, de ses encouragements assez peu subtiles à persévérer dans mon intérêt pour les machines jusqu'à sa certitude qu'un jour nous "collaborerons". La gorge nouée, j'ai repensé à la façon dont il a avancé ses pions à partir du moment où il a compris ce que j'étais. Dont il rajustait son monocle pour regarder à travers moi. Avec cet air satisfait, comme s'il s'autocongratulait de l'idée magnifique que son 'lui du futur' avait eu en m'envoyant ici et maintenant, dans son propre passé. Seule sur ce banc, j'ai tremblé à l'idée de cette 'boucle de rétrocontrôle' qu'il a à peine cachée, et dont ses propres enfants allaient faire l'objet après moi.
Un doute terrible est né en moi. A-t-il souhaité que nous échouions à prévenir l'Apocalypse de 2019 ? Que notre seule issue ait été de fuir à la faveur d'une courbure de l'espace-temps, avec le passé comme seul point de chute possible ? A-t-il même lui-même orchestré la première Apocalypse dans ce but : afin de pouvoir estimer si nous étions des produits adéquats ? Encore maintenant que les minutes ont passé, je pourrais aisément en faire une crise d'angoisse. Car je ressors de ce 'dîner léger' avec la très douloureuse impression que ce point de 'contrôle-qualité' était qu'une évaluation à mi-parcours. Alors qu'y a-t-il encore qu'il attende, au devant de nous ?
Dans cet état second, il me semble avoir entrevu une longue voiture se garer en bas du bâtiment illuminé, sans y prêter vraiment attention. Il me semble aussi avoir réalisé qu'une femme à l'allure de la campagne texane attendait elle aussi plus loin, les yeux rivés sur les mêmes portes que moi. Je pense que de voir Viktor la rejoindre et partir avec elle est ce qui m'a ramenée à moi, comme une forme d'électrochoc. Que j'ai réussi à saluer vaguement Allison qui rentrait rejoindre Ray. Et que les râles de Klaus tandis que Luther le trainait hors du bâtiment en le trainant au sol par la cheville ont achevé de me rendre mes capacités de mouvement. Je pense que j'ai demandé ce qu'il s'était passé avec lui, et qu'il a chouiné que Ben lui avait fait une 'Emily Rose'.
Nous ne sommes pas allés loin. Nous avons attendu que Diego finisse de parler à la fenêtre de la longue voiture garée dans l'obscurité sous les arbres, puis nous sommes allés nous écraser dans le parc attenant ouvert sur l'avenue, avec pour seul dîner - finalement - des hot-dogs à la moutarde achetés à un étalage ambulant. Celui de Klaus est toujours posé à même le béton du sol sur lequel il repose sans forme, n'ayant même pas essayé de se tracter sur le banc. Luther a déjà engouffré les siens en trois bouchées, debout pour des questions d'encombrement. Et Diego est présentement en train de lui crier tout ce qu'il a sur le coeur.
Je comprends entre les lignes que leur 'dîner léger' ne s'est pas passé mieux que le mien, qu'Hargreeves a eu passablement le loisir de les observer, de les évaluer, voire de les humilier. Je soupire. Et dans mon désarroi, assez bas par rapport au niveau sonore de Diego, tout ce que je trouve à dire est :
"Mange, Klaus, tu vois bien que t'es en hypoglycémie".
"C'est faux !", gémit-il en retour. "Je suis souillé de l'intérieur ! Et j'ai la gerbe, maintenant".
"C'est toi qui dit ça ? T'as bouffé des restes trouvés dans des conteneurs à ordures pendant des années".
"Tu ne comprends pas..."
Il secoue sa tête instablement - ses sueurs froides ayant transformé sa tignasse en un ingérable entrelacs de boucles - et il écarte encore plus le col de sa chemise pour chercher de l'air.
"Je me sens comme la bonde de la baignoire après le passage de Luther".
Ce dernier ne relève pas, pas plus que Diego, occupé à vociférer à quel point il comptait sur son soutien face à leur père sans l'avoir trouvé, et que la 'Team Zéro' n'existe pas. Mes sourcils se froncent car c'est une dynamique bien distincte de la compétition malsaine que je leur connaissais. En revanche, une chose ne change en revanche pas : ils n'écoutent pas Klaus, que je regarde en fronçant les sourcils.
"Quand tu dis 'de l'intérieur', tu veux dire..."
Et tandis que Luther éructe sur Diego : "ZERO FOIS 2, OU 6, 7 OU AUTANT QUE TU VEUX, ÇA FERA TOUJOURS ZERO - enfin je crois", Klaus désigne Ben et couine finalement pathétiquement avec toute la force qui lui reste :
"CE TROU DE BALLE EST RENTRÉ A L’INTÉRIEUR DE MOI".
Dans le silence venteux qui retombe immédiatement, une dame en joli manteau évasé passe à côté de nous avec son dalmatien, et s'écarte en raccourcissant la laisse pour qu'il ne court pas le risque de nous approcher. Je regarde aussi Ben dont l'énergie spectrale est installée plus loin, sous un arbre, les bras croisés à nous regarder fixement. Et je soupire tandis que Klaus continue d'en faire des tonnes :
"Je pense qu'on est tous... fatigués et décontenancés par ce qu'il vient de se passer. On ferait mieux... de calmer le jeu et de faire le point tranquillement..."
"Je veux un bain à la lavande", implore Klaus, et Luther s'écarte d'un pas.
"Et moi j'ai besoin d'aller courir un moment. J'étais contre l'idée de venir, ce soir : je l'avais dit, qu'il nous retournerait tous les uns contre les autres".
Mes sourcils se soulèvent en un pincement navré tandis que Luther retire sa veste bleue et baisse son pantalon en dessous duquel il porte un short de sport. Comme s'il avait anticipé que cette entrevue allait mal se passer et qu'il aurait besoin d'aller évacuer son stress par l'exercice.
Il me semble à des années lumière du Luther convaincu d'être la main armée d'Hargreeves, son premier couteau au grand désespoir de Diego. En 2019, il m'avait déjà fait part à demi-mots de son sentiment d'avoir été évincé sur la Lune, alors qu'il donnait littéralement tout pour son père. Visiblement, sa rancoeur a eu le temps de grandir encore plus. C'est certainement très sain, et ce n'est pas moi - ce soir - qui le lui reprocherai. Mais il me semble encore plus perdu que les autres à présent. Il se met en route sur l'allée du parc à petites foulées, dépassant la dame au chien qui s'écarte. Diego le regarde s'éloigner en silence tandis que Klaus gémit contre le pied du banc.
"Tu veux une aspirine ?", je lui demande.
"S'il te plaît... avec de la Vodka Spirytus..."
A 96 degrés. Je n'ai même pas d'eau, en vérité, mais il n'en a jamais besoin. Je ne pense pas que j'obtiendrai un récit cohérent de leur dîner léger de sa part dans cet état. Alors je me tourne plutôt vers Diego qui s’assoit à côté de moi, tandis que je tends à sa serpillère de frère un cachet qu'il attrape avec le plus grand mal.
"Cinq espérait obtenir de votre père des informations au sujet de la nouvelle Apocalypse qu'il a vue", lui dis-je assez bas.
Au loin sous les lampadaires, la silhouette hors-norme de Luther court pour essayer de tout oublier. Et Diego qui essaye de se calmer lui aussi secoue sa tignasse mi-longue. Klaus m'a dit qu'il n'était là que depuis trois ou quatre mois : je me demande comment ses cheveux ont pu autant pousser.
"Papa ne sait rien", me dit-il. "Ou alors il ne dit rien délibérément. Il a commencé à nous baratiner sur le fait que 'les mondes se terminent'. Et que putain, c'est normal".
Il souffle ironiquement dans sa petite moustache. Puis il hausse les épaules.
"Il a voulu parler à Cinq en privé, il doit y être encore. Qui sait ce qui en sortira. Peut-être pas plus qu'au sujet de JFK".
Je cligne des yeux. Je sais aussi qu'une preuve existe du fait que Reginald Hargreeves sera sur Grassy Knoll. Comme la moitié de Dallas, certes, mais en lien avec une histoire de société secrète que Klaus n'a pas bien su m'expliquer. Diego a l'air convaincu que la clé pour empêcher l'Apocalypse se trouve là, mais ses yeux viennent de briller de façon enflammée. Il a toujours eu ce complexe du héro, mais je crains qu'il ne s'attaque à quelque chose de trop grand et trop dangereux pour lui, cette fois.
"Qu'est-ce qui se passerait, si tu sauvais vraiment Kennedy, Diego ?", je lui demande.
Ciel, voilà que je me prends à analyser les chaînes de causalité, à présent, moi aussi. Mais ce qui s'est passé avec Dave, et possiblement avec nombre d''Enfants du Destin' me reste sur la conscience : je sais que nous avons changé bien plus que ce que nous aurions dû, et j'ignore toujours quelles pourraient en être les conséquences sur l'avenir. Alors pour un événement pivot dans l'histoire comme celui de l'assassinat de Kennedy... je n'ose imaginer. Diego secoue la tête.
"Tout avancerait plus vite, Rin", dit-il en trouvant - je crois - pour la première fois un espace où vraiment s'exprimer. "La lutte pour les droits civiques, la conquête spatiale, la désescalade de la Guerre Froide ou celle du Vietnam..."
Je vois la tête de Klaus bouger, et ses yeux tenter en vain de se relever vers son frère dont les narines s'écartent comme celles d'un taureau prêt à charger. Il semble réellement impossible à arrêter, lui aussi, tout comme Luther qui entame déjà son second tour du parc.
"Je déteste parler comme Cinq, tu sais", lui dis-je. "C'est un futur désirable que tu décris. Mais imagine seulement tous les paradoxes que ça risquerait de créer".
Et il éructe :
"C'est des conneries ! Je peux le sauver. Ce serait criminel de faire autrement. Et je n'ai pas de problème à agir en loup-solitaire, si personne n'est avec moi".
Je secoue la tête.
"Et moi je crois qu'une organisation comme la Commission dont Cinq faisait partie fera tout pour t'empêcher de faire ça, jusqu'à possiblement te tuer".
Il m'agace moi-même de comprendre - au fond - pourquoi une telle organisation existe. Mais Diego se penche vers moi.
"Qu'ils essayent. Et je ferai ravaler à ce s-s-salopard de P-P-Papa la façon dont il m'a humilié".
J'ai l'impression que - d'un coup - l'obsession de Diego pour JFK a viré à la thérapie vis à vis de son père, après toutes ces années à se disputer ses faveurs avec Luther, qui court maintenant en arrière en s'arrêtant pour faire des squats. De façon assez désespérée pour être tristement comique, Klaus tire sur la toile de mon pantalon.
"Il faut que je me nettoie de l'intérieur, j'ai tellement besoin de kombucha..."
"Keechie en aura refait".
Mon avis est que - quoi qu'il fasse - il doit surtout attendre que ça passe. Et j'essaye de ne pas prêter attention au fait que Ben a changé d'arbre pour s'appuyer et s'est progressivement rapproché. Nous rentrerons bientôt, mais il y a encore quelque chose que je souhaite discuter, et je passe une main sur mes yeux.
"Diego, est-ce pendant votre entrevue..."
Mon esprit s'était éloigné de mon propre 'dîner léger', et d'y revenir fait remonter mon angoisse d'un coup.
"... est-ce que votre père a - de la moindre façon - essayé de vous interroger sur vos pouvoirs... ou les évaluer ? Avec moi il l'a fait".
Je suis très honnête avec lui, et à mon tour, je le fixe avec les mêmes yeux brillants que lui a pu ouvrir en parlant de Kennedy. Je le vois rassembler mentalement tous les souvenirs confus de leur bref moment passé au Tiki Lounge, et il finit par dire :
"Il a demandé des 'preuves' quand Cinq lui a dit qu'il adopterait des 'enfants spéciaux' dans le futur, j'étais obligé de lancer au moins un couteau. Il ne croit que ce qu'il voit à travers son foutu monocle".
Je me doute à son intonation qu'il n'a pas dû se faire prier, et que - possiblement - Hargreeves a fini par obtenir ces 'preuves' de la part de tous. Je plisse les yeux.
"Allison a utilisé une rumeur ?"
"Putain, demande à l'arrête de mon nez".
Il montre une rougeur sur son visage, avec l'air de celui qui lui rendra la monnaie de sa pièce dès qu'il le pourra, comme s'ils avaient encore eu onze ans. Et il ajoute :
"Luther était topless. Viktor nous a fait une jolie salade de fruit en faisant tinter son verre. Cinq a... virevolté comme d'habitude".
Je baisse la tête vers la masse informe de Klaus qui me regarde avec des yeux de labrador, car je viens de comprendre que 'même lui' a réussi à prouver ce qu'il était en mesure de faire, d'une certaine façon. Et j'en reviens à Diego.
"Il a commenté ?"
"Non. Il a dit qu'il en avait assez vu".
Je plisse les yeux, parce que cette phrase peut vouloir dire tout et son contraire. Je me demande ce qu'il a pensé de ce 'contrôle qualité' : s'il les a jugés médiocres, ou si au contraire il avait été satisfait de la démonstration. Si - dans sa démarche d'ingénierie - il déciderait s'il fallait tout recommencer... ou si au contraire il était satisfait et allait améliorer voire doubler ses chances. J'en tremble, tandis que Klaus se tortille et finit finalement par réussir à se mettre assis.
"Aucun mantra ne fonctionne...", gémit-il. "ET TOI DÉGAGE".
Je lance à Ben un regard réprobateur que Diego ne capte pas, et sa silhouette spectrale s'éloigne à nouveau. Je me demande pourquoi il tourne ainsi autour de Klaus, comme s'il s'apprêtait à lui sauter dessus. J'espère qu'il n'est pas en train de convoiter l'éventualité de - à nouveau - procéder à ce que je suppose avoir ressemblé à une forme de possession. Mais je soupire, et je demande à Diego :
"Est-ce qu'il vous a donné le moindre 'conseil' ?"
Il l'a fait avec moi, d'une façon que je ne crois pas être dans mon propre intérêt mais dans le sien. Les 'conseils' d'Hargreeves m'intriguent, car j'ai bien compris qu'ils en disaient plus long sur ses plans futurs qu'il y paraissait.
"Un conseil..." répète Diego. "Je ne crois pas".
Il se recale au fond du banc en poussant la jambe de Klaus qui a continué de s'étaler au sol. Mais soudain, il tourne de nouveau la tête vers moi.
"Ah si".
Je le regarde également, avide qu'il poursuive. Et tandis que Luther se met à faire des tractions en menaçant de briser la branche d'un arbre n'ayant rien demandé, il ajoute :
"Il nous a de nouveau incités à 'faire équipe'".
Mon regard est sérieux, maintenant. Je suis assez convaincue de la valeur intrinsèque des pouvoirs de chacun, qui ne cessent de croître à chaque année que nous passons en avant ou en arrière. Mais si je sais aussi une chose, c'est qu'en revanche, l'échec le plus cuisant qu'Hargreeves ait historiquement essuyé, c'est de ne pas avoir réussi à unir son 'Académie'. Même en usant de la force. Même en tatouant illusoirement sur ses enfants le symbole du parapluie qui trempe actuellement au bras de Klaus dans le ketchup d'un hot-dog abandonné. Et une fois encore, Diego laisse échapper un souffle de sarcasme.
"Il veut une Académie soudée et efficace en équipe... il peut toujours rêver. J'ai encore eu la preuve ce soir que ça n'était même pas la peine d'espérer. T-t-team zéro, mon cul, vraiment".
A la façon dont il bégaye en prononçant cette parole, je comprends que le loup-solitaire a aussi ce désir - profond - d'appartenir à la "Team Zéro".
"Il est encore temps", lui dis-je tandis que Luther revient vers nous, semblant à présent tout à fait calmé, et je crois que Diego non plus, d'un coup, ne lui en veut plus.
Moi aussi, j'ai souvent espéré les voir tous unis, et plus que de la façon factice que Luther essayait d’insuffler dans son vide de leadership en 2019. Douloureusement, souvent, en voyant la façon dont personne ne se souciait de Klaus. Je me lève, j'essaye de tracter mon chevelu paquet sans me ruiner le dos, et Luther vient en renfort à la suite de Diego.
"On va vous raccompagner...", "... avant de rentrer chez Eliott" disent-ils presque en coeur.
Je les remercie, je souffle un bon coup, heureuse de les voir se réconcilier et enfin déployer un peu de solidarité envers leur frère. Et - une nouvelle fois - je suis troublée de penser que, peut-être, le conseil de Reginald Hargreeves a été bon.
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Notes :
J'ai souhaité donner de l'espace à Diego dans ce chapitre, parce que je pense que son point de vue mérite d'être écouté. Peu importe qu'il se réclame être un loup solitaire. Au fond, il ne souhaite rien de plus que la Team Zéro.
A chaque saison, l'un des membres de la fratrie déploie tous ses efforts pour fédérer l'Umbrella Academy (Luther en saison 1, Diego en saison 2, Klaus puis Allison en saison 3...) pas forcément de façon adroite, toujours en jouant le jeu de Reginald, mais d'une façon qui pourrait malgré tout leur être bénéfique, je le crois.
Rin continue à réfléchir aux manoeuvres de Reginald, et à ce qu'il aura pensé du 'contrôle qualité' de l'Umbrella Academy. Pensez-vous qu'il aura essayé de les remplacer, ou au contraire de les améliorer et de doubler ses chances ?