Malédiction.

Chapitre 11 : L'éveil.

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/01/2010 16:13

Le matin, ce fut la chaleur d'un rayon de soleil qui me réveilla. Et le bras masculin entourant ma taille.

Je clignais doucement les paupières, un sourire serein étirant mes lèvres.

Mon regard descendit vers ma taille et je reconnus la peau hâlée de Zac, son réseau veineux si sexy et la musculature fine et souple de son corps.

Je me blottit plus confortablement sur son torse nu en poussant un soupir de bien être. La moquette était douce sous moi, et je me sentais enfin... entière.

Que je sois nue ne me semblait pas anormal. Que le sol me serve de matelas non plus.

Je fixais le mur face à moi.

Puis les souvenirs affluèrent.

Ma transformation. La douleur, la peur de mes proches, la sauvagerie de mes pensées, la soif de chair et de violence... Mais j'avais survécu. Je tendis la main devant moi, surprise qu'elle n'est pas changée. Toujours cette même peau crémeuse, ces mêmes ongles courts, ses longs doigts fins... Je remontait le long de mon bras. Plus de trace de cette fourrure dorée soyeuse, de ses muscles puissant, de cette force animale.

Bizarrement, cela me semblait anormal. Le corps de ce fauve qui était le mien me manquait. Cette impression de toute puissance, d'être capable de tout écraser sur mon chemin, que mes ennemis ne pouvait pas m'atteindre...

Je frissonnais.

« ça va ? »

Je tournai le visage vers la voix.

Zac était penché vers moi, en appuie sur son coude. Je ne l'avais pas senti bouger. En revanche, son odeur, si particulière et sensuelle, me frappa. Je levais la main que j'avais tendu pour aplatir les épis rebelles de ses cheveux corbeau.

Ma vue exceptionnelle m'envoya enfin l'image parfaite de mon Zac.

Pour être beau, il l'était. Et même au delà. Chacun de ses traits étaient parfaits. Ses yeux émeraudes bordées de longs cils a demi plissés brillaient encore de sommeil. Il ferma les yeux sous ma caresse, tendant la joue pour que ma paume le frôle.

Je souris.

« Mieux que depuis dix sept ans. Et toi ?

  • Je n'ai jamais été aussi bien que maintenant. (Il resserra son étreinte autour de ma taille) Tu as repris ta forme humaine. Tu es vivante.

  • Oui... Je suis vivante. Et je ne l'ai jamais autant été.

  • Je sais... »

Ses lèvres frôlèrent mon front.

Un ronronnement monta dans ma gorge.

Un rire chaud et rauque monta dans la sienne.

« Mais tu ronronnes !

  • Ce n'est pas normal ?

  • Je n'avais jamais entendu de Dae ronronner sous forme humaine.

  • C'est anormal, alors.

  • Ne t'en fait pas, j'adore. »

Je pouffais et me tournai complètement vers lui, grisée par les fragrances de son odeur. Je sentis son souffle dans mon cou, puis il frôla mon oreille. Quand nos bouches ne furent qu'à quelques millimètres l'une de l'autre je fermais les yeux, impatiente.

Brusquement, la Elspeth que j'étais avant ma transformation revint.

Je poussais un cri et recula.

Zac écarquilla les yeux de surprise mais ne tenta pas de me retenir.

Je cachais ma nudité comme je le pus, les joues en feu.

« Et merde...

  • Tu peux le dire, grommela t il de mauvaise humeur. Encore tes blocages humains ?

  • je... ne peux pas. Désolée. »

Il passa une main dans ses cheveux, faisant onduler ses muscles sous sa peau. Ma bouche s'assécha, les yeux hypnotisés par ce simple mouvement. Je remontais doucement vers son visage. Il me souriait, amusé.

« Renies tu toujours ton attirance pour moi ? »

Je secouai vivement la tête. Son sourire s'élargit.

« C'est déjà ça.

  • Zac...

  • On ne peut pas te faire changer d'avis aussi vite. Sinon tu ne serais pas toi.

  • Désolée.

  • Tu te répètes. »

Il se pencha, un air prédateur rendant son visage encore plus envoutant.

« Mais tu seras à moi, un jour ou l'autre. »

Je frissonnais devant son assurance et me détournai. Sa main frôla mon bras.

Je sursautai et me levai. Mes vêtements étaient en loques autour de nous. Je me précipitai à ma penderie pour attraper mon peignoir. Il s'esclaffa devant ma gêne soudaine.

« J'ai vu tout ce qu'il y avait à voir, gamine. (Il se redressa, d'une grâce si féline que je ne doutais pas un seul instant que son instinct Dae s'était réveillé.) Et j'ai déjà vu d'autre femme avant toi, ne soit pas aussi gênée. »

Une brusque jalousie enfla dans mon estomac.

D'autre femme nues.

Je me retournais dignement vers lui.

« Je ne suis pas les autres. Et ce que tu as vu, tu ne l'as pas exploré.

  • Mais j'en connaitrai tout les mont et vallées un jour.

  • Rêve, grondais je.

  • Si tu savais ce que contiennent mes rêves... »

Je rougis de plus belle.

« Tu es... impossible ! M'écriai je en faisant un pas vers lui, menaçante.

  • Oh ! Tu t'énerves à cause d'un peu de provocation ?

  • Va te faire foutre, Zac.

  • Ts ts... soupira t il en secouant le menton. Que de vulgarité...

  • Mais tu vas te taire, à la fin ?! »

Il se releva d'un bond, se planta face à moi. Je reculai vivement, choquée. Je ne l'avais jamais vu se comporter ainsi, si peu... humain. Il se pencha vers moi, sexy en diable.

« La seule façon de me faire taire serrait de m'embrasser, ma belle. »

Ma main cueillit sa joue.

On se fixa, choqué. Je me redressais du mieux que je pus.

« Je préfère cette méthode. »

Il s'esclaffa. Incrédule, je le regardais s'écrouler sur le lit, quelques mètres derrière lui.

« Alors ça ! Si j'avais cru qu'une femme me giflerait pour quelques paroles ! (Il me sourit, avec cet air amusé qui commençait à m'agacer.) Maintenant que tu es une Dae à part entière, je peux me permettre de m'exprimer comme je l'entends, El. Ma promesse ne tenait que pour te permettre de rester en vie.

  • Mais arrête ! »

Il rit une nouvelle fois.

Je soupirais en secouant mes cheveux.

« Si j'avais su que tu étais aussi chiant...

  • Tu vas découvrir qu'un Dae cache rarement ce qu'il pense vraiment. Nos natures animales ne laissent aucune place à la réserve et à la dissimulation. L'impulsivité dans la plus pure dans toute sa splendeur. »

Je grognais et me tourna vers la porte.

« Je peux aussi t'exposer le fond de ma pensée.

  • Je ne dirais pas non. »

Sa voix était tout prêt. Je me retournai vivement, choquée de sa proximité. Il avait bougé si rapidement que l'air n'avait pas eu le temps de se déplacer. Nos corps se frôlaient presque et je sentis cet envie, ce besoin, de le toucher tout nouveau.

Son odeur me frappa encore une fois, tout comme la chaleur de son corps. Mon instinct me dictait la conduite à suivre. À savoir : m'abandonner à l'étreinte rassurante de ses bras. Mon esprit s'embrouillait tendis qu'il se penchait vers moi.

C'est mon oncle, pensais je à répétition. Je l'ai toujours connu.

Ou pas, au vue de son changement brusque de comportement. Son souffle souleva les mèches qui encadraient mon visage.

Vite, réagit. Sinon, il sera trop tard.

Mais déjà, ma tête basculait en arrière, répondant à un ordre de mon inconscient, mes lèvres s'entrouvraient et mes paupières papillonnaient, hésitant encore à céder. Mais ce n'était pas la première fois que je l'embrassais. La veille, j'avais même voulu aller plus loin. Tremblante, je laissais cette idée faire sa place.

Oui, je le voulais. Mais mes blocages humains refusaient de le comprendre.

Soudain, une douleur vive frappa à l'arrière de mon crâne.

Je baissais la tête, me la prenant entre mes paumes.

Me voyant vaciller, Zac m'attrapa les coudes.

« El ? »

La douleur s'accrut jusqu'à devenir insupportable.

Derrière le voile de brume, je vis l'expression affolée de Zac.

« Sophie ! »

Son cri augmenta la douleur, de même que les bruits de pas précipités.

Je sentis que ma grand mère était dans la pièce grâce à mes nouvelles perceptions.

Sa main fraiche toucha mon front et sa voix, mécontente, sermonna Zac.

« Qu'as tu fais encore ?

  • Mais... Rien ! Juste quelques avances !

  • Elle est à peine à sa premières nuits et tu la forces à renier ce qu'elle était avant ? Bravo Zacchari. Très intelligent de ta part !

  • Que veux tu dire ? Répliqua t il avec virulence. Elle est mienne, autant qu'elle le sache !

  • Oui. Mais tu as fait lutter son instinct et sa raison. Elle n'est pas encore assez équilibré pour supporter le choc.

  • Qu'est ce qu'elle a ?

  • Son corps réclame la transformation pour empêcher tout conflit intérieur. Elle réagit à ce qu'elle considère comme une agression.

  • C'est tout ?

  • Elle s'est transformée cette nuit pour la première fois, crétin ! S'esclama sèchement ma grand mère. C'est un miracle qu'elle ne s'effondre pas pour se changer !

  • Je ne voulais pas...

  • Ce n'est rien, articulais je difficilement. Ça fait horriblement mal, c'est tout. (Je relevais la tête, ma migraine diminuant légèrement.)

  • Pour un Dae expérimenté, cette migraine est mineure et annonce l'enclenchement, expliqua Sophie. C'est la seule douleur de la transformation. Comme ton corps n'est pas encore remit de la première, c'est plus violent pour toi.

  • Dans combien de temps pourrais je reprendre ma forme animale ?

  • Tu pourrais dès maintenant. Mais ce serait encore douloureux.

  • A quel point ?

  • Moins qu'hier, plus que demain.

  • Assez sibyllin comme réponse, plaisantai je.

  • C'est pourtant juste. Pour l'instant, chaque transformations involontaires te fera perdre toute humanité. Même si hier tu as réussi à prendre le contrôle assez rapidement, rien ne dit que tu pourras faire de même la prochaine fois. (Elle fusilla Zac du regard.) Tiens toi bien, mon garçon. Je n'aimerais pas refaire le mobilier de cette chambre à cause de ton manque de patience.

  • Ok, Sophie.

  • Quand à toi, Elspeth, évite les conflits intérieurs.

  • Mais... Comment ?

  • Avec une simple phrase : bah, ce n'est pas grave.

  • Et ça marche ? »

Elle retourna à la porte et haussa les épaules.

« Avec moi, oui. »

Et elle referma le panneau de bois d'un geste sec.

Zac n'avait pas bougé, me tenant toujours les coudes. Je me tournais vers lui. Son visage était sérieux.

« Désolé. Je ne pensais pas à ça.

  • C'est rien. Je comprends ce que tu as voulu dire. Cela ne veut pas dire que je l'accepte.

  • Tu... Comprends ?

  • Oui. Je sais à quel point tu me veux. Je le ressens, j'ai eu la même impression tout à l'heure. (Il sourit d'un air triomphant.) Mais, Zac, je t'ai toujours considéré comme mon oncle ou mon frère. J'ai toujours pensé que le même sang coulait dans nos veines. Je t'ai connu dès que mes yeux se sont ouvert.

  • Tu comprendras que cet obstacle n'est rien.

  • Peut être. Pour l'instant, il me semble insurmontable.

  • J'ai attendu trop longtemps ! Gronda t il en me lâchant. Je t'ai attendu trop longtemps. »

Ses yeux accrochèrent les miens. Je vis son impatience et le conflit qui l'agitait.

« Tu ne peux pas attendre encore ? Murmurais je.

  • Non. (Il recula d'un pas en secoua le menton.) Ne me demande pas de faire comme si rien n'était. Je t'en pris, ne me fait pas ça. Pas toi.

  • C'est pourtant ce que je te demande.

  • Pourquoi ?! »

Son cri semblait si désespéré que je faillit presque abandonner. Mais je serrais les poings et levai le menton.

« Parce que si tu m'aimes vraiment comme tu le dis, tu respecteras mes choix. »

J'entendis tout à coup un son incongru sortant de sa gorge. Un feulement animal. Je reculai, apeurée.

« Comment peux tu remettre en question l'amour que je te porte ? Gronda t il, la voix rauque. Comment peux tu me prendre par les sentiments ? Elspeth, je t'aime, je te veux, je veux que tu m'appartiennes. Et je refuse de perdre les occasions qui se présentent juste parce que tu te sens encore trop humaine pour accepter le fait que c'est réciproque. »

Je le fixai, muette. Que pouvais je répondre à ça. Il avait raison. Mais...

La migraine revint doucement, s'infiltrant en moi comme un serpent.

Je secouais la tête, écartant le brouillard de mes pensées. Ce n'était rien. Une chose à la fois.

« Je ne reviendrais pas sur ma décision, fis je, les dents serrées. Pour ton propre bien être, comprends le.

  • Je ne serais vraiment heureux que quand tu...

  • Bordel ! Hurlais je en me plantant face à lui, les poings sur les hanches. Tu vas comprendre que j'ai d'autre chose à foutre que de régler ce problème là ?! Au cas où tu n'aurais rien remarqué, j'ai ma personnalité qui oscille entre deux comportements, j'ai ma vie qui bascule, et je viens à peine de me transformer en fauve ! Je sais pas combien de temps il t'a fallut à toi pour t'adapter, mais je sais une chose : en moins de deux jours je suis passée d'humaine à métamorphe, et je n'arrive même pas encore à me faire cette l'idée !

  • Je...

  • Et je n'ai même pas 18 ans ! Je suis prématurée, tu te rappelles ? J'ai peut être survécu à la première transformation, mais qui te dit que je ne vais pas devenir folle ? Ça n'est pas fini, cette histoire. Alors désolée que ma vie et celle des gens que j'aime passe avant notre relation, Zac. Je règle toujours les problèmes un par un. »

Il me fixa, impassible. La première fois que j'avais vu son visage prendre cette expression, c'était la veille, lorsque je l'avais blessé. Je sentis une larme couler sur ma joue.

Tremblante, je m'approchais.

« J'ai besoin de toi, Zac. J'ai besoin que tu me consoles. Que tu m'aides. Je n'ai pas besoin que tu me force à prendre quoique ce soit en conscience. Je veux juste que tu me caresses les cheveux en murmurant : tout ira bien. Que tu me prennes dans tes bras quand je craque. Que tu me fasses rire pour tout oublier. J'ai besoin du Zac que j'ai toujours connu, mon confident, mon frère, mon meilleur ami. »

Mais son expression n'avait pas changé d'un iota. Je tombais à genou devant lui, tendant une main. Mais il se leva en me bousculant.

« Ne compte pas sur moi pour satisfaire tes petites besoin égoïste, Elspeth. Tu ne peux pas m'obliger à faire ça. »

Et il partit.

Je fixai la porte, incrédule.

Il m'avait abandonné.

Littéralement, physiquement, et psycologiquement.

Je m'effondrai, à moitié sur le sol, à moitié sur le lit.

Zac, mon Zac, m'avait abandonné. Je pleurais en silence, détruite. Puis mon regard se posa sur mon telephone.

Il fallait que je me change les idées. Mais nous étions mardi. J'avais séché les cours.

Devdan ne pouvait se permettre de sécher les cours.

Alex si.

Je composai son numéro avant même de m'en rendre compte. Il décrocha dès la première tonalité.

« Alexander. »

Simple et direct. Je souris en entendant sa voix d'archange.

« Alex, c'est El.

  • Tu vas bien ? »

Son ton inquiet me fit ricaner.

« Non pas vraiment.

  • Où es tu ?

  • Chez moi. Mais il faut que je m'évade. Et je n'ai pas vraiment la tête à aller en cours.

  • Ne bouge pas, je passe te prendre.

  • Tu es sur ?

  • Certain. Je m'ennuyais sans toi, de toute manière. »

Je laissais m'échapper un sanglot de soulagement.

« Mais... Tu pleures ? S'écria t il.

  • Ouais, non enfin... la crise est passée.

  • Je suis là dans cinq minutes. »

Et il raccrocha. Je m'esclaffai doucement. C'était bien lui, cette brusquerie et cette franchise. J'enfilai un jean et un tee shirt blanc, peigna difficilement mes cheveux avant de les attacher en une longue tresse.

À peine avais je enfilé ma veste que la sonnerie retentit.

Je descendis les marches quatre à quatre, mais Zac avait déjà la main sur la poignet. Effarée, je le regardais, impuissante, ouvrir la porte sur mon fascinant ami.

Les sourcils froncés, je le vis détailler Alex d'un air mécontent.

« C'est pour quoi ? Grogna t il.

  • Vous devez être Zacchari, l'oncle à Elspeth.

  • Ouais.

  • Je suis Alexander, un ami. Je viens la chercher. »

Le silence se fit, tendu. Je me précipitai sur mes chaussures, croisant les doigts pour que Zac ne le fasse pas fuir.

« En quel honneur ? Grommela Zac.

  • Je suppose que vous êtes le mieux placé pour savoir ce qui la chagrine. »

Je restais estomacquée et levai le menton pour les fixer.

Zac ouvrait la bouche, tel un poisson hors de l'eau. Alex me vit enfin et m'adressa un bref sourire.

« Je viens te sauver, ma chérie. »

Ce petit surnom venant de sa bouche balaya la tension qui m'habitait et j'éclatais de rire.

« Tu as amené le destrier blanc ?

  • En quelques sortes, plaisanta t il avec un petit sourire en coin.

  • Sans vouloir vous interrompre, gronda Zac, furieux. Je ne pense pas que El soit en état de sortir, et …

  • Elle m'a surtout l'air d'avoir besoin de quitter cette maison pour quelques heures. (Mon ami fit un pas vers Zac, menaçant.) Et je pense comme elle. (Zac ouvrit la bouche pour répliquer, mais Alex le devança.) Faire souffrir une fille aussi gentille et généreuse est cruel et lâche. J'espère que vous en êtes conscient.

  • Nos histoires ne regardent que nous, gamin, récria Zac, le poing serré.

  • J'en conviens. Mais Devdan et moi sommes d'accord sur une chose au moins : le bien être de Elspeth passe avant tout. Elle mérite mieux qu'une famille secrète et froide. Qu'un faux oncle entreprenant et peu compréhensif. Mieux que de se faire dicter ses moindres fait et gestes à longueur de temps. »

Je me relevai, choquée.

Décidément, cette matinée était riche en sentiments et découvertes.

Alex me tendit la main, avec un sourire éblouissant. Je jetai un coup d'oeil à Zac qui me dévisageait avec ferveur.

« Ne pars pas » disait ses yeux. « Reste avec moi. »

Mais je pris la main tendu.

La peau glaciale d'Alex entra en contact avec la mienne avec douceur. Et il me tira jusqu'à se voiture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pensive, je regardais le paysage défiler. Alex respectait mon silence. Je me tournais vers lui, admirant son profil pâle, ses yeux d'un dorée tirant sur l'ambre ne quittait pas la route face à lui. Je souris.

« Je mérite tout ça, donc ? »

Il me jeta un coup d'oeil amusé.

« Je ne savais pas que vous m'appréciez autant, continuais je.

  • Dès le premier regard, j'ai su que tu méritais ce qu'il y avait de mieux, Elspeth. Et pour Devdan, c'était la même chose.

  • Ma chute vous a fait penser ça ? Vous êtes étrange tous les deux.

  • Disons hors normes, ricana t il.

  • Ça sonne comme de la vantardise, plaisantais je. En tout cas, merci.

  • De quoi ?

  • De tout ce que tu lui as dit. J'ai eu peur à un moment qu'il t'effrait.

  • Comment ça ? Demanda t il, sincèrement surpris. Il est peut être plus grand que moi et plus large mais c'est tout.

  • Il est aussi très agressif. »

Alex sourit en me regardant.

« Avec mon physique, j'ai souvent affaire à des gens agressifs. Il me faut plus que du bluff pour m'éloigner de toi. »

Je ne répondis pas et m'enfonçai plus profondément dans le siège.

Moi, je savais que Zac ne bluffait jamais. Si Alex ne l'avait pas aussi sechement remis à sa plac, mon oncle l'aurait renvoyé à sa voiture à coup de poings. Je l'avais vu dans sa posture et dans son regard.

J'inspirais profondément. Le mélange de miel, de lavande et de soleil qu'était l'odeur de mon ami me détendit. Je fermais les yeux, me noyant dans cette fragrance si douce.

« El ? Je peux te demander ce qu'il a fait cette fois ? »

Je rouvris les paupières et le regarda en coin.

Son visage impassible et patient était tourné vers la route.

Je soupirais.

« En résumé, j'ai été malade hier soir. Il a dormi avec moi. Et ce matin, il a relancé ses avances. On s'est disputé.

  • ça s'est du résumé.

  • Désolée. Comme je l'ai dit à Dev, il y a des choses que je ne peux pas vous dire. »

il hocha doucement le menton.

« Je comprends. La conclusion de la dispute ?

  • Je lui ai demandé d'être celui qu'il a toujours été jusqu'à ce que la crise passe. Il a refusé. Il m'a tourné le dos, abandonné.

  • Le ... »

Ses mains serrèrent le volant et sa bouche se tordit en une grimace de rage.

« Comment a t il osé te faire ça ? Gronda t il à mi voix. Te tourner le dos alors qu'il se prétant t'aimer ?

  • Il dit que mes demandes sont égoïstes. Qu'il refuse de renier tout ce qu'il s'est passé.

  • Soit il est bête, soit cruel.

  • Ou probablement que je l'ai blessé... Il réagit de manière violente à presque tout. Ce que tu lui as dit va le faire réfléchir. Enfin, je l'espère... »

Je fermais les yeux, ma migraine revenant au galop.

Une main frôla la mienne, si légère que je sursautais.

« Ne t'en fais pas. Ce n'est rien. Ça va s'arranger. »

Je le regardais, les yeux voilés de larmes. Je les essuyais vivement.

« Bon sang, je ne suis pas une pleurnicheuse... marmonnais je, gênée. »

Il rit doucement et se gara enfin.

Je regardais le paysage autour de nous. Nous étions à l'orée de la forêt. Je souris.

« Tu as lu dans mes pensées, c'est pas possible.

  • Ah ça, crois moi, j'en suis bien incapable. On y va ? »

Je sautais hors de la voiture, les muscles frissonnant devant l'envie, le besoin, de courir et de hurler jusqu'à tomber de fatigue. Mais je me contentais d'attendre qu'Alex me rejoigne, avec sa lenteur toute humaine. Je soupirais, me rendant compte les efforts que j'allais devoir faire pour paraître normale, moi aussi.

Puis je secouais la tête, désireuse de tout oublier.

Alex me tendit sa main.

Je la pris, et on s'enfonça dans la forêt.

Il me désignait chaque plantes, me donnant son nom latin et ses propriétés ainsi que d'autres détails.

Émerveillée, je laissais sa voix magnifique me bercer, tendis que mon corps se mouvait avec une grâce toute nouvelle dans l'environnement sauvage qui nous entourait.

Au bout d'un moment, je l'interrompis.

« Tu connais tellement de chose, le complimentais je. On dirait que tu as tout vu, tout connu.

  • Tu trouves ?

  • J'aimerais être aussi cultiver que toi. Moi, je n'ai pas la patience. J'aimerais faire un métier physique, où la réflexion n'est pas de mise.

  • Tu n'es pas bête, me contra t il.

  • Je n'ai jamais dit ça. Juste que je n'ai pas le courage d'ouvrir un bouquin pour étudier. Je me maintiens au niveau, mais c'est tout. »

Il sourit et reprit ses explications. On arriva devant un arbre immense et majestueux. Je souris et frôla son écorce du bout des doigts.

Je sentais Alex me fixer avec attention.

« On se pose un peu ici ? »

Sans répondre, il se laissa tomber contre l'arbre, entre deux racines. Je vins me caler prêt de lui, le frôlant à peine.

L'étrange intimité qui s'installait entre nous me mis dans un état second.

Je ne pensais à rien sinon à sa présence rassurante, à son odeur, aux gazouillements des oiseaux au dessus de nous.

Sa main prit tendrement la mienne.

Je me tournais vers lui.

Son regard était pensif.

« El, je... »

Brusquement, un cri déchira le silence de la forêt.

Je me levai brusquement.

« C'était quoi ? »

Un autre hurlement d'agonie s'éleva, se répercutant jusqu'à nous. Il n'était pas si loin que ça, à quelques centaines de mètre.

Puis vint l'odeur de sang. Le sang frais et humain.

Je me tournais vers Alex, affolée. Lui, il était humain. Quoique soit la chose qui avait attaqué cet homme...

« Retourne à la voiture, ordonnais je sans m'en rendre compte.

  • Quoi ? »

Il se tourna vers moi, ses yeux noirs écarquillés, incrédule.

« Fais moi confiance, Alex, je t'en pris.

  • Reste ici, je vais voir ce qu'il se passe. »

Je ne pus même pas le retenir.

« Alex, non !! »

Mais il était déjà hors de ma vue.

L'odeur du sang m'embrouillait l'esprit, je ne pus que rester immobile, fascinée.

Puis, soudain, je sentis une autre odeur.

Une odeur reptilienne, horrible.

Une odeur mauvaise.

Même si je n'avais jamais sentis cette épouvantable odeur, le Dae en moi la reconnu.

C'était la marque des Dae-snake.

Je feulais, agressive.

Mon corps frissonnait, prêt à se métamorphoser pour affronter cet ennemi mortel.

Je retirais ma veste, et le reste de mes affaires rapidement.

La partie rationnelle de mon cerveau fonctionnait parfaitement, et je savais qu'il fallait qu'Alex ne sache rien de mon secret. Et voir mes vêtements déchirés...

Je me mis à quatre pattes, sachant déjà ce que je devais faire.

La douleur derrière mon crâne fusa, aveuglante.

Puis, l'instant d'après, j'étais un fauve.

Je me redressais, toute puissante.

Mon esprit était un étrange mélange de sauvagerie et d'humanité.

Ma première pensée fut que mon ami allait être face à un monstre en la personne des pire créature que la terre n'est jamais engendré.

Je m'élançais.

Les arbres défilaient autour de moi, je ne sentais plus que cette envie de percer les écailles du Dae meurtrier.

Quand j'arrivais enfin à l'endroit du drame, je ne vit que le corps de la jeune fille étendu sur le sol, Alex penché au dessus.

Il ne voyait pas le serpent vaguement humanoïde dont l'odeur était caché par le vent, lové dans les buisson.

Moi si. Nos regards se croisèrent.

Un sourire étira sa bouche sans lèvres, dévoilant deux crocs où goutait son venin mortel.

Je me glissais dans la forêt, l'entrainant, j'espérais, avec moi.

J'entendais son corps glisser sur le sol, à quelques mètres. Quand j'estimais que nous étions assez loin pour qu'Alex ne nous vit pas, je me tordis violemment et me jeta sur le Dae, avec un feulement de rage.

Je plantais mes crocs dans la chair tendre de son épaule.

Un hurlement monstrueux sortit de sa gorge.

Je secouais violemment la gueule et le jeta au loin. Il se redressa immédiatement, sifflant de colère.

Je grondais, tapis, prête à un nouvel assaut.

Mais il partit. Il me fuyait. Je feulais, criant victoire.

Il n'était pas mort, mais il avait eu peur de moi.

Je voulu me mettre à sa poursuite mais la voix d'Alex perça dans la pénombre de la forêt.

« El ! Appelle la police et une ambulance ! »

J'hésitais entre achever le monstre ou garder mon secret.

Avec un bref grognement, je retournais vers mes vêtements.

Je parvins à retrouver forme humaine et à m'habiller avant qu'Alex ne revienne.

Le portable à l'oreille, je me tournais vers lui.

« Qu'est ce c'était ?

  • Elle est morte. Un animal...

  • Merde. (Je refermais mon portable.) Il n'y a pas de réseaux.

  • Je te ramène chez toi. On appellera la police là bas. »

Je hochais le menton, le laissant passer devant moi.

Tournant la tête vers la direction où le serpent avait fuit, je pensais, j'espérais, assez fort pour qu'il m'entende.

« On se retrouvera, connard. Et je te ferais la peau. Je me suis éveillée pour ton arrivée. Fais moi confiance, tu ne t'en tireras pas avec juste une morsure. »

Puis je courus rejoindre Alex.

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