New beginning
Chapitre Premier
Isabella Swan, allias Bella, se demandait si elle n’avait pas commis une épouvantable erreur.
La neige qui tombait sur le pare-brise et les cantiques de Noël diffusés par la radio lui donnait une étrange et bouleversante sensation de déjà-vu, comme si elle avait été ramenée un peu plus d’un an en arrière, sur cette même route déserte de l’Illinois.
Ce soir-là, elle avait quitté Chicago afin de rendre visite à une amie qui vivait à Springfield.
Au lieu des jolis flocons qui voltigeaient paresseusement dans l’air, un violent blizzard avait fini par la contraindre à s’arrêter sur le bas-côté.
Un séduisant homme appelé Anthony lui avait galamment porté secours. Il l’avait conduite dans une maison inhabitée où ils avaient attendu, ensemble, que la tempête s’apaise.
Ç’avait été une folle nuit. Elle s’était conduite d’une manière qui ne lui ressemblait pas du tout. Et les conséquences de ses actes se trouvaient maintenant dans deux sièges pour bébés, sur la banquette arrière.
Nessie et Anthony avaient un peu plus de quatre mois.
Bien que sidérée de découvrir qu’elle était enceinte, Bella avait aussitôt désiré et aimé ces enfants de tout son cœur.
Elle jeta un coup d’œil dans le rétroviseur et sourit. Emmitouflés dans leurs petits manteaux et coiffés de leurs bonnets assortis, ses bébés dormaient depuis presque une heure. Avec un peu de chance, elle atteindrait sa destination avant qu’ils se réveillent.
Une demi-heure plus tôt, elle avait dépassé l’endroit où elle avait dû s’arrêter durant le blizzard.
Ses mains se crispèrent sur le volant tandis qu’une soudaine appréhension la submergeait, accompagnée d’une foule de doutes.
Peut-être avait-elle eu tort d’accepter l’invitation d’une amie rencontrée sur internet. Après tout, elle n’avait jamais vu cette femme, même si elle avait forgé des liens avec elle au cours de ces derniers mois sur un forum destiné aux mamans seules.
« MystérieuseAideMaman » avait été une source précieuse de soutien, d’information et d’amitié durant l’année écoulée. D’abord, elle avait aidé Bella à traverser une grossesse difficile. Ensuite, après la naissance des jumeaux, elle s’était révélée incollable sur tout ce qui concernait les nourrissons.
D’ailleurs, MystérieuseAideMaman et Angela, la meilleure amie de Bella, étaient les seules personnes au monde à connaître les circonstances de la conception des enfants.
Tout cela expliquait pourquoi Bella n’avait guère hésité lorsque son amie lui avait envoyé un message contenant en tout et pour tout une adresse détaillée.
L’invitation était implicite, et Bella s’était réjouie à la perspective de faire la connaissance de celle qui l’avait tant aidée.
D’autant qu’un changement d’air lui ferait du bien. Ces deux dernières semaines, elle s’était sentie déprimée. Dans quatre jours, ce serait Noël, le premier Noël des jumeaux, et elle n’avait même pas les moyens d’acheter un sapin ou des cadeaux.
Lorsqu’elle avait découvert qu’elle était enceinte, elle était en train de créer son entreprise de décoration d’intérieur. Sa grossesse l’ayant contrainte à garder le lit, elle avait dû interrompre ses activités et puiser dans ses économies, lesquelles s’amenuisaient rapidement.
Jusqu’à maintenant, les jumeaux avaient exigé tout son temps et toute son attention, mais, dès le début de janvier, elle devrait se débrouiller pour reprendre son travail et subvenir à leurs besoins.
Sa tristesse n’était pas uniquement causée par ses difficultés financières. Elle avait toujours rêvé d’offrir à ses enfants le genre de Noël qu’elle n’avait jamais eu, une famille affectueuse et une atmosphère de fête…
Elle se reprit et ralentit en atteignant les faubourgs de Springfield.
D’après les instructions que lui avait envoyées MystérieuseAideMaman, elle devait quitter la route principale au bout d’une quinzaine de kilomètres et s’engager sur une voie secondaire.
Envahie par une nouvelle bouffée de tension, elle se gara sur le parking d’un restaurant, tira son téléphone portable de son sac et composa le numéro d’Angela.
- Tu es arrivée ? demanda aussitôt celle-ci.
- Non, mais d’après le plan, je suis à un quart d’heure environ.
- Quel temps fait-il ? J’ai entendu dire qu’il neigeait.
- Il tombe quelques flocons, c’est vrai, mais rien d’inquiétant.
- Je ne comprends pas que tu ne sois pas venue chez moi pour Noël au lieu de t’embarquer dans cette aventure ! soupira son amie.
Bella sourit.
- Tu vas avoir une foule d’invitations pendant les fêtes. Les enfants et moi n’aurions fait que t’encombrer.
Séduisante célibataire, Angela menait de front une carrière en plein essor et une vie sociale bien remplie.
- D’ailleurs, reprit Bella,regarde ce qui s’est passé la dernière fois que je suis venue te rendre visite !
- Ce n’est pas ma faute si tu as été coincée dans une tempête de neige et que tu as décidé de prendre du bon temps avec un bel inconnu !
- Non, en effet. D’ailleurs, j’ai décidé que tout était de la faute de Mike, répondit Bella, s’efforçant d’ignorer le léger pincement au cœur qu’elle éprouvait en pensant à son ex-petit ami.
- Ah, ne me parle pas de lui !rétorqua Angela. J’ai toujours eu des doutes à son sujet et il a prouvé que j’avais raison.
- Enfin, c’est du passé, conclut Bella.Eh bien, je vais repartir à présent. Je voulais juste te faire signe et te dire de ne pas t’inquiéter pour nous.
- Tu m’appelleras une fois sur place, n’est-ce pas ? Cette MystérieuseAideMaman m’intrigue, tu sais.
- Bien sûr.
- Et j’espère que tu passeras un Noël fantastique. Tu le mérites.
Bella prit congé de son amie, rangea son appareil dans son sac et redémarra. Le soleil baissait et elle tenait à parvenir à destination avant qu’il fasse nuit noire.
Tout en roulant, elle laissa ses pensées s’attarder sur Mike Newton.
Comme elle s’était bercée d’illusions !
Elle avait cru qu’ils se marieraient et fonderaient une famille ensemble. Ils se fréquentaient depuis deux ans environ quand elle avait abordé la question du mariage. Il avait fini par lui dire qu’il n’en était pas question. Qu’il sortait avec une autre femme depuis six mois.
Une femme beaucoup plus sexy, beaucoup plus féminine qu’elle.
Les mains de Bella se crispèrent sur le volant alors qu’elle revivait la scène. Sous le choc, elle avait éprouvé le besoin de s’éloigner de son appartement, de tout ce qui lui rappelait Mike et décidé sur-le-champ d’aller rendre visite à son amie Angela.
Souffrant dans son cœur et dans son amour-propre, elle avait été une proie facile pour le séduisant inconnu qui avait volé à son secours.
Les joues en feu, elle se remémora cette nuit de passion. Anthony lui avait donné l’impression qu’elle était sexy, désirable. Jamais auparavant elle ne s’était livrée à un homme avec un tel abandon, et elle soupçonnait que cela ne lui arriverait jamais plus.
Elle s’aperçut qu’elle approchait de l’intersection indiquée sur son plan et ralentit, refoulant ses pensées vagabondes pour se concentrer sur la route.
Arrivée au carrefour, Bella s’engagea sur une voie secondaire.
Dans une quinzaine de kilomètres, elle arriverait chez MystérieuseAideMaman. Elle avait hâte de rencontrer cette femme qui non seulement avait été une amie, mais aussi une sorte de mère pour elle ces derniers mois.
Si l’endroit ne lui inspirait pas confiance, elle pourrait toujours faire demi-tour et rentrer chez elle. Après tout, le trajet ne durait guère plus de deux heures et demie. Au moindre signe suspect, elle s’en irait.
Il était hors de question qu’elle mette ses enfants en danger.
Bella eut un léger haut-le-corps à la vue du monument en pierre qui marquait l’entrée de la propriété. Cependant, elle n’était pas au bout de ses surprises. Ayant suivi l’allée bordée d’arbres, elle déboucha dans un espace découvert et eut le souffle coupé.
Le terme de maison n’aurait pas été exact pour décrire l’imposante résidence qui s’élevait devant elle.
Le vaste bâtiment à un étage était flanqué de plusieurs dépendances non moins élégantes. La lumière filtrait gaiement à travers les fenêtres du rez-de-chaussée, donnant à l’ensemble un aspect chaleureux et accueillant.
Stupéfaite, Bella remonta lentement l’allée circulaire, remarquant une écurie au passage. Elle ne s’était donc pas trompée d’adresse, raisonna-t-elle. MystérieuseAideMaman avait mentionné qu’elle aimait beaucoup les chevaux.
Elle se gara et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.
Nessie était réveillé. Des deux, c’était elle la plus tranquille. Elle pleurait rarement, prenant la vie comme elle venait.
Anthony, en revanche, était d’un naturel plus impatient. Il était prompt à s’énerver quand il avait besoin d’être changé ou qu’il laissait échappé son hochet adoré. Mais il avait aussi commencé à rire de bon cœur quand il était content, et cela ravissait Bella.
Elle regarda Nessie, qui la fixait de ses grands yeux bruns.
- Tu es prête à faire connaissance de la nouvelle amie de maman ?demanda-t-elle.
Elle agita les bras, comme pour marquer son excitation.
Comme elle descendait de voiture, Bella constata que la nuit était presque tombée. L’obscurité était venue brusquement.
Elle ouvrit la portière arrière et détacha la ceinture de Nessie. L’ayant calé sur sa hanche, elle fit le tour du véhicule et alla sortir Anthony à son tour. Au cours des quatre mois écoulés, elle avait appris à porter non seulement les deux enfants, mais aussi son sac à main et un paquet de couches en même temps.
Il faisait froid dehors et Bella se hâta vers la porte d’entrée. Elle parvint à frapper du bout du pied, le cœur battant plus vite, tout excitée à la perspective de rencontrer enfin MystérieuseAideMaman.
Le battant s’ouvrit, et son excitation se mua en stupeur.
Il emplissait le seuil de ses larges épaules. Ses yeux émeraude s’écarquillèrent, reflétant un choc au moins aussi grand que celui qu’elle éprouvait. Son regard se posa sur les deux bébés et il pâlit.
Anthony.
L’espace d’un moment, le cerveau de Bella refusa d’accepter ce qu’elle voyait.
- Edward ? Qui est là ?appela une voix de femme à l’intérieur.
Deux pensées surgirent aussitôt dans l’esprit de Bella. Apparemment, il ne s’appelait pas Anthony, et il devait être marié. Oh, Seigneur ! Elle avait commis une erreur.
Une terrible erreur.
Avant qu’elle ait pu faire un pas en arrière, avant même qu’elle ait pu bouger un muscle, un bruit sec se fit entendre à côté d’elle et un éclat apparut dans les bois de l’encadrement.
Tout sembla arriver au ralenti. Il y eut un nouveau bruit sec. Anthony ou Edward, quel que soit son nom, la saisit et l’entraîna à l’intérieur, claquant la porte derrière eux.
- Appelle le shérif ! cria-t-il. Quelqu’un tire sur la maison.
Il ouvrit le tiroir d’une élégante commode, et sortit un fusil, puis se précipita au-dehors sans un regard en arrière.
Bella resta figé sur place, le cœur tambourinant dans sa poitrine.
Une erreur. Toute cette expédition avait été une terrible erreur.
Quel genre d’homme était donc le père de ses enfants pour qu’on tire sur lui dès qu’il ouvrait la porte ?
Un trafiquant de drogue ? Un criminel ?
Nessie et Anthony se mirent à pleurer, et Bella refoula ses propres larmes.
Prenant soin de rester dans l’ombre de la façade, Edward Cullen s’efforça de déterminer d’où venaient les coups de fusil.
Il avait l’impression que le tireur était dissimulé dans le bouquet d’arbres situé directement face à la maison.
Il s’avança sans bruit, tâchant de chasser de son esprit la femme qui venait d’apparaître sur le seuil.
Bella.
Il avait souvent songé à elle au cours de l’année écoulée. Et il avait ressenti un choc en apercevant les deux bébés qu’elle tenait dans les bras. Mais il y penserait plus tard. Il ne pouvait se permettre d’être distrait alors qu’un individu armé rôdait sur sa propriété.
Chaque chose en son temps, se raisonna-t-il. D’abord le tireur. Ensuite, il devrait décider quoi faire concernant sa visiteuse inattendue.
Il serra étroitement le fusil contre lui en s’approchant du taillis, tendant l’oreille, guettant un mouvement susceptible de lui indiquer où se cachait l’agresseur.
Au souvenir des balles qui avaient failli atteindre Bella et les enfants, il sentit une rage intense monter en lui.
Ce n’était pas la première fois qu’on le prenait pour cible. Trois jours plus tôt, alors qu’il parcourait à cheval, quelqu’un avait tiré sur lui. Le temps qu’il dégaine, sa monture s’était cabrée et était repartit au galop en direction de l’écurie avant qu’il puisse riposter.
Il était toujours en train d’inspecter les environs quand la voiture du shérif apparut.
Jasper Hale descendit lourdement du véhicule. Il remonta son col tandis qu’Edward le rejoignait.
- J’ai regardé partout. Il n’y a plus personne. Les coups de feu venaient de ce bouquet d’arbres, là-bas, mais il fait trop sombre pour voir s’il y a des douilles ou d’autres indices.
Il désigna la maison.
- Rentrons.
Edward tourna les talons sans attendre la réponse du policier. Il n’avait pas prêté attention au froid quand il était sorti, mais à présent l’air humide de décembre lui glaçait les os.
- Tu as de la compagnie ? demanda Jasper en passant devant la voiture garée dans l’allée.
- Oui. Une vieille amie.
Une boule se forma dans l’estomac d’Edward alors qu’il revoyait Bella sur le seuil, portant deux bébés qui lui ressemblaient de manière frappante.
Bon sang, dans quel pétrin s’était-il mis ?
Il avait l’impression que sa vie était sur le point de devenir extrêmement compliquée.
En entrant dans le salon, il vit Bella et sa mère assises l’une près de l’autre sur le canapé, chacune un bébé dans les bras.
Les yeux chocolat de Bella étaient écarquillés par la peur. Ce n’était guère étonnant. Pareil comité d’accueil aurait terrifié n’importe qui.
À regret, Edward arracha son regard de la jeune femme et se tourna vers le shérif.
- Il faut faire quelque chose, Jasper. C’est la deuxième fois cette semaine qu’on me tire dessus.
Jasper enfonça ses mains dans ses poches et se balança sur ses talons.
- J’avoue ne pas trop savoir quoi faire, Edward. Il est évident que tu t’es attiré des ennemis en décidant de te porter candidat comme maire.
- Et ça leur donne le droit de me tuer ? Parce qu’ils ne sont pas d’accord avec mes idées ?
Edward avait une conscience aiguë du fait que Bella écoutait leur conversation avec attention, ses grands yeux fixés sur lui.
Jasper sortit les mains de ses poches.
- Je n’ai pas dit ça, protesta-t-il. Je vais faire le tour de ta propriété, et puis je retournerai en ville et je fouinerai un peu. Si j’apprends quoi que ce soit, je te tiendrai au courant. Sinon, je t’appellerai demain.
- Très bien, répondit Edward sèchement.
Il savait que rien de plus ne pouvait être entrepris ce soir. D’ailleurs, il avait du mal à détacher ses pensées de la femme assise à côté de sa mère.
Il raccompagna Jasper, puis referma la porte et prit une profonde inspiration. Comment Bella l’avait-elle retrouvé ? Lors de la folle nuit qu’ils avaient partagée, un peu plus d’un an auparavant, il ne lui avait même pas révélé son vrai prénom.
Et puis il y avait ces bébés.
Edward avait résolu de ne jamais se marier et il n’avait certes jamais envisagé d’être père, mais il n’y avait aucun doute dans son esprit quant à la paternité des jumeaux.
Que faire à présent ?
Il regagna le salon. Les deux femmes ne semblaient pas avoir bougé, bien que Bella et les enfants ne portent plus leurs manteaux.
Sa mère arborait l’expression qu’elle avait autrefois, quand il était enfant et qu’il s’était mal conduit. Il était évident qu’il avait quelques explications à fournir.
Elle se leva, s’approcha et lui tendit le bébé qu’elle tenait dans les bras.
- Je vais vous laisser seuls, déclara-t-elle calmement. Il me semble que Bella et toi avez beaucoup de choses à vous dire.
La petite fille sentait bon le talc et la lotion pour bébé. Elle posa sur lui des yeux chocolat et curieux, puis ses lèvres se retroussèrent en un adorable sourire.
- C’est Nessie, annonça Bella. Et voici Anthony.
Elle avait insisté sur le nom, sans doute pour lui rappeler qu’il avait affirmé s’appeler Anthony le soir où ils s’étaient rencontrés.
Ce soir-là, il n’avait pas voulu être le riche Edward Anthony Cullen, troisième du nom. Il n’avait voulu être qu’un homme ordinaire.
Il s’éclaircit la voix.
- Je m’appelle Edward. Edward Anthony Cullen.
Comme il la regardait, plusieurs pensées s’imposèrent à lui. Elle était aussi jolie que dans son souvenir, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux chocolat, mais elle semblait fatiguée et stressée.
Se sentant observée, elle rougit légèrement.
- Je ne sais pas quoi dire, murmura-t-elle. Je ne m’attendais pas à te voir.
Il fronça les sourcils et raffermit sa prise sur Nessie, qui se tortillait dans ses bras.
- Que veux-tu dire par là ? demanda-t-il incrédule. Tu es venue ici. Tu as frappé à ma porte. Qui d’autre t’attendais-tu à voir ?
Il s’assit dans un fauteuil en face d’elle et Nessie appuya la tête contre sa poitrine. À la surprise d’Edward, son cœur se mit à battre plus fort.
- Je croyais venir passer les fêtes chez une femme que j’ai connue sur internet cette année.
Elle rougit de nouveau.
- Nous nous sommes rencontrées sur un forum pour femmes enceintes, expliqua-t-elle avec gêne. Elle m’a été d’une aide précieuse durant toute ma grossesse et après la naissance de Nessie et d’Anthony. Elle se fait appeler MystérieuseAideMaman et elle m’a indiqué cette adresse. J’ai reçu un plan par courrier électronique.
Il la dévisagea, méfiant. Cette histoire semblait complètement invraisemblable.
- Et comment m’a-t-elle trouvé ?
D’une main hésitante, Bella replaça une mèche rebelle derrière son oreille.
- Je l’ignore, murmura-t-elle. Je lui avais raconté que tu m’avais secourue durant une tempête de neige. Je savais seulement que tu t’appelais Anthony et que tu avais un pick-up noir dont le numéro d’immatriculation commençait par TIN.
Il demeura silencieux.
- Quand j’ai compris que j’étais enceinte, je suis retournée à Springfield et j’ai essayé de me renseigner, mais personne ne semblait te connaître. Quelqu’un a essayé de te tuer.
Surpris par le changement abrupt de sujet, il cilla, puis haussa les épaules avec indifférence.
- Je crois qu’il s’agissait d’un avertissement, pas d’une réelle tentative de meurtre. Notre maire actuel souffre d’un cancer et a décidé de démissionner. Le conseil municipal organise des élections anticipées dans deux mois. J’ai décidé de me porter candidat et, apparemment, cela en dérange certains.
Anthony commença à s’agiter, levant les poings en l’air et donnant des coups de pied dans le vide.
- Ils ont faim, expliqua Bella. Si tu veux bien me montrer la cuisine, je leur préparerai un biberon et puis nous nous en irons.
- Tu plaisantes ? protesta-t-il. Tu ne peux pas t’en aller maintenant. Il fait nuit et j’ignore si celui qui a tiré tout à l’heure est vraiment parti.
Il se leva, Nessie toujours dans les bras.
- Reste ici ce soir et nous parlerons plus longuement demain matin.
Elle l’imita.
- Tu n’as même pas demandé s’ils étaient tes enfants.
Pour la première fois depuis qu’il avait ouvert la porte, il lui adressa un sourire.
- Eux et moi nous ressemblons comme trois gouttes d’eau. Ils ont la même fossette lorsqu’ils sourient et la même couleur de cheveux. Et je sais que nous n’avons pas utilisé de préservatif ce soir-là.
- Je ne suis pas venue te causer des ennuis, répondit-elle.
Edward acquiesça, ne sachant s’il devait la croire.
- Allons préparer ces biberons.
Avait-elle vraiment été conduite à sa porte par sa mystérieuse amie ? Ou l’avait-elle reconnu le soir du blizzard et avait-elle décidé de profiter de la fortune des Cullen ?
Seul le temps le lui dirait.