Dernière Lune

Chapitre 1 : DISPARITION SILENCIEUSE

1843 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 30 jours

Je n’avais jamais cru que la tranquillité de Forks pourrait être un piège. Mais aujourd’hui, la forêt semblait plus oppressante que d’habitude, comme si l’air lui-même se resserrait autour de moi.

 

Tout avait commencé par un matin calme, pourtant j’avais cette sensation étrange que quelque chose allait briser cette paix apparente. Ce sentiment m’avait traversée sans raison, jusqu’à ce que la réalité me rattrape.

 

Rosalie. Elle avait disparu.

 

Cela faisait deux jours maintenant, et chaque minute qui passait me semblait une éternité. Nous n’avions aucune explication sur les circonstances de cette disparition.

Emmett et Rosalie avaient passé quelques temps en Europe, s’offrant une énième lune de miel. Après avoir passé du temps à Paris et Londres, ils s’étaient installé un temps en Autriche, profitant de l’Opéra de Viennes. Ils avaient soigneusement évité l’Italie, pays où vivent les Volturi, l’équivalent de notre famille royale. Ayant eu un affrontement avec eux après la naissance de Renesmée, nous évitions au maximum de nous approcher d’eux, redoutant qu’un faux pas ne fasse basculer la fragile trêve que nous avons avec eux. Depuis leur retour, ils étaient revenus vivre à la Villa Blanche avec le reste de la famille. Mais, Rosalie, sorti chassé un soir, n’était jamais revenu. Il s’était écoulé quelques heures avant que l’inquiétude ne grimpe et que nous commencions à poser des questions. Carlisle tenta de nous rassurer, nous assurant qu’elle avait due s’éloigner et prenait du temps pour revenir, mais la vérité était autre. Elle n’était jamais revenue. Lorsque la théorie de la disparition s’était avérée être vrai, nous sommes tous parti à sa recherche. Nous avons suivi son odeur jusqu’à la nationale à la sortie de la forêt et la trace se dissipait à l’endroit où une voiture avait dû l’emporter. Nous avons écumé les alentours pendant les quarante-huit heures qui suivirent, sans parvenir à trouver le bon chemin. Les loups, venus en renfort pour nous aider, étaient arrivé à la même conclusion, Rosalie était partie sans laisser de trace.

 

Alice, ma belle-sœur au don de clairvoyance n’avais pas vu Rosalie disparaître et n’arrivait pas à voir son futur. Malgré toutes ses tentatives, les images se succédaient, rapides et sans logique, déformées, comme un tourbillon qu’elle n’arrivait pas à saisir. Cela l’affectait énormément, et elle s’en voulait au plus au point. Les images se succédaient devant ses yeux, sans but, sans ordre. Elle qui avait toujours pu prévoir nos moindres faits et gestes, était incapable d’avoir une idée franche de l’endroit où se trouvait sa sœur. Elle ne visualisa qu’une pièce sombre où Rosalie semblait être enfermée. A peine l’image apparut-elle et qu’Alice crut en saisir quelque chose, la vision se deforma et Rosalie disparu. La dernière fois que les visions d’Alice avaient été ainsi bloquées, les loup garous étaient le problème. Le don de ma belle-sœur était limité aux vampires et aux humains. Nos amis lupins ne pouvaient apparaître dans les visions de ma belle-sœur pour des raisons qui restaient floues. L’hypothèse était que quand ils étaient loup, la partie bestiale de leur génétique prenait le dessus, ils n’étaient donc plus humains. Alice s’était enfermée dans sa chambre ses dernières heures, occupée à se morfondre et clamer son inutilité. Si le terme léthargie avait été adapté à un vampire, c’est celui-ci que j’aurais utilisé. Très honnêtement, nous étions tous sous le choc.

 

De mon côté, je ne pouvais rester en place. Mon cerveau, me permettant de réfléchir plus rapidement qu’un humain lambda ne cessait de se tourmenter. Je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi ? Pourquoi Rosalie ? Qui l’avait arraché à son foyer ? était-elle en vie ?

 

J’avais fait un tour dans chaque coin du domaine Cullen, scrutant le moindre indice. Mais il n’y avait rien. Aucun signe, aucun bruit. Rien de plus qu’un vide glacial. J’étais démunie. Depuis ma transformation, je ne m’étais jamais sentie si impuissante, si inutile, si humaine. Je m’étais habituée à être forte, rapide, infaillible. Cette fois ci, j’étais confrontée à une situation que même ma nouvelle force physique ne pouvait résoudre. Je n’avais pas pu empêcher la disparition de Rosalie.

 

Edward était près de moi, et tentait de m’apaiser. Mais je pouvais sentir l’angoisse dans ses gestes, mêmes si ses yeux restaient calmes. Après autant de temps passés ensembles, je savais reconnaître les signes. Nous tentions de décortiquer les dernières heures de Rosalie près de nous dans l’espoir d’obtenir un indice, une piste, quelque chose qui nous permettrait de lancer les recherches. Il savait mieux que personne que la disparition de Rosalie ne pouvait être accidentelle. Elle n’aurait jamais quitté volontairement sa famille, pas sans raison. Il ne cessait de répéter que ce soir-là, ses pensées étaient calmes, qu’elle était heureuse d’être de retour. Son don incroyable qui consistait à lire dans les pensées lui permettait d’être certain de ce qu’il affirmait. Nous nous trouvions dans une impasse.

 

« Il faut qu’on la retrouve Edward. Je ne peux pas vivre en sachant qu’elle est seule, probablement effrayée. Qui que soit la personne qui nous l’a retiré, il faut la retrouver. »

 

« Je sais mon amour, » répondit-il calmement. « Je sais. Il faut que nous trouvions une piste, quelque chose à exploiter. Cela me rend malade également. »

 

« Il faut agir vite. Emmett va devenir fou sinon, » dis-je, en jetant un coup d’œil discret en direction de mon beau-frère.

 

« Il est déjà très proche de la crise de nerf. Si nous le laissons faire, il mettra la ville à feu et à sang pour obtenir un indice » dit-il en chuchotant, bien que cela ne soit pas nécessaire. Son frère avait dû entendre notre échange.

 

Emmett, qui avait toujours était le plus joyeux d’entre nous tous, paraissait abattu. Je tentais de me mettre à sa place, d’imaginer Edward loin de moi, parti sans laisser de traces. Je m’imaginais hurlant son nom, le cherchant dans chaque recoin de la terre. J’aurais pu fondre en larmes si mon corps me l’avait permis.

 

Edward se rapprocha de moi et me prit dans ses bras. En posant ma tête sur son torse, je fermai les yeux, et inspirai profondément, sentant l’odeur de mon bien-aimé qui avait toujours le don de m’apaiser. Je sentais la l’angoisse m’envahir, la peur me nouait le ventre. Toutes mes pensées étaient dirigées vers Rosalie.

 

« Je ne peux m’empêcher de penser que je suis la seule à pouvoir la retrouver, » répondis-je, ma voix tremblante malgré mes efforts pour la rendre plus ferme. 

 

Nous nous étions déjà battus ensemble contre des forces bien plus sombres, mais cette fois-ci, quelque chose me disait que ce ne serait pas comme avant. Quelque chose dans l’air, comme un présage d’inquiétude, m’envahissait à chaque instant. Chaque fois que nous avions dû affronter un ennemi, nous l’avions fait ensemble. C’était la première fois qu’un des nôtres nous était arraché.

 

« Je vais la retrouver Edward ».

 

C’était plus une promesse à moi-même qu’une déclaration. Lorsque ma vie avait été en danger, Rosalie était là. Lorsque j’avais voulu poursuivre ma grossesse, contre l’avis de tous, elle m’avait soutenu. Elle avait été une sœur pour moi, elle était comme une mère pour Renesmée. Je ne pouvais laisser faire les choses sans tenter tout ce qui était en mon pouvoir pour la ramener auprès des siens.

 

Un grondement sourd ébranla l’air, et l’instant d’après, Renesmée arriva en courant, accompagné par Jacob, encore loup. Lire l’inquiétude dans les yeux de ma fille fut une épreuve, et lorsqu’elle me prit dans ses bras, je cru que j’allais m’effondrer.

 

« Non Jacob, nous n’avons pas plus d’informations » répondit Edward à cet échange mental que nous ne pouvions comprendre 

 

Le loup reparti vers le bois, et Jacob réapparu rapidement, sur ses deux pieds, vêtu de son habituel short, malgré le froid glaçant de cette journée. Il glissa une main dans le dos de Renesmée et l’attira vers lui pour lui offrir le réconfort dont elle avait besoin.

 

« On ne peut pas attendre plus longtemps » dit Jacob. « Il faut se bouger, Rosalie a besoin de nous. »

 

« Je sais Jake, et j’aimerais. Je ne sais pas par où commencer. Nous ne pouvons pas partir à l’aveuglette » répondis-je. « Il y a quelque chose que je ne comprends pas, un détail sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt. Pourquoi Rosalie aurait-elle disparu sans laisser de trace ? »

 

« Tu penses à quoi Bella ? » demanda Edward

 

« Rosalie ne serait pas partie de son plein gré, à moins d’avoir été manipulée. »

 

« Manipulée par qui ? » répondit Renesmée. « Maman, Tante Rosalie n’est pas du genre à être manipulée. »

 

« Je sais ma chérie, c’est pourquoi, je me demande s’il existe des vampires qui sont capables de manipulation au point d’obliger Rosalie à nous tourner le dos. »

 

Nous étions sur le porche, plongés dans nos pensées. L’odeur de l’air humide et des feuilles mouillées m’enveloppait, mais ne parvenait pas à me rassurer. Je ne cessais de faire un recensement mental des nombreux vampires que nous connaissions. Je tentais de me rappeler les dons des uns et des autres, à la recherche du vampire capable de manipuler ma belle-sœur au point de la faire monter dans une voiture contre son gré. Aurait-elle été menacée par quelqu’un de plus fort ? Jane, l’adorable vampire italienne à la botte d’Aro, capable d’infliger une douleur atroce juste en vous regardant, était-elle à l’origine du départ de Rosalie ?

 

Carlisle arriva à ce moment-là. Il regarda son fils et Edward fronça les sourcils. Il fixa son père, tachant de comprendre où celui-ci voulait en venir. Tentant de comprendre cet échange entre eux, je me rapprochai de mon mari pour attirer son attention.


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