Trop besoin de lui

Chapitre 6 : Le temps de la reflexion

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:44

Un petit coucou à May be et Annah, merci pour vos commentaires!

Bonne lecture...

 

6. Le temps de la réflexion

 

Nous restons un moment lovés l’un contre l’autre, appréciant le contact de ce corps si longtemps absent dans le silence rassurant de ma chambre, quand une voiture se fait entendre dehors. J’abandonne immédiatement l’étreinte douce d’Edward.  Si Jacob était de retour ? Je jette un coup d’œil anxieux par la fenêtre, et pousse un soupir de soulagement :

-« C’est Charlie. »

-« Je ferai mieux de partir ».

 J’acquiesce en silence. Il s’approche à nouveau de moi, saisit doucement mon visage entre ses mains froides et amorce un baiser. Je pense soudainement  au visage de Jacob quand il se penche de la sorte pour m’embrasser,  je panique et plaque mes paumes contre son torse dur, arrêtant son avancé vers mes lèvres. Il contemple mes prunelles, cherchant à sonder mon esprit. Chose qu’il est incapable de faire.

Il s’écarte donc de moi, abattu, et se hisse par la fenêtre.

-« Je passerai plus tard, si tu veux bien ».

Je ne sais pas si je veux. De toute façon, il n’a pas attendu ma réponse et à déjà glissé du toit sans un bruit.

 Je suis désemparée.

Alors qu’enfin ma vie reprenait un cours normal, me voilà prise entre deux hommes que j’aime du fond du cœur.

Je m’effondre sur mon lit, la tête enfouie dans mon oreiller. Mon père frappe à ce moment à ma porte restée ouverte :

-« Salut Bella, je reviens du poste, ... Est-ce que ça va ? » Sans lever la tête, je marmonne :

-« Pas une très bonne journée

-« Est-ce qu’il c’est passé quelque chose à la réserve ? » continue-t-il, l’air inquiet.

-« Non, j’ai passé un super weekend avec Jacob. Mais tu vois, demain la reprise, et puis, on est dimanche, je n’aime pas particulièrement ce jour en général », lui dis-je en le regardant, l’air rassurante. J’ai visiblement été convaincante puisque Charlie tourne les talons en ajoutant juste :

-« Bon, je reste là cet après-midi, je serais en bas ou dans le garage. »

Je replonge mon nez dans le coton doux des coussins, complètement accablée.

 

Le destin a décidément dans l’idée de me mener la vie dure.

Je suis la Tua Cantante d’Edward, et l’imprégnée de Jacob. Deux beaux ‘hommes’ qui m’aiment démesurément, et que j’aime tout autant.

Edward mon premier amour, l’autre partie de moi même enfin trouvée, lui sans lequel ma vie n’avait pas de sens, pour qui j’aurai pu et voulu rendre mon dernier soupir ; sa prévenance, sa douceur,  son côté protecteur, sa dévotion ; mais qui m’a aussi abandonnée sans se retourner un jour d’automne, me dévastant émotionnellement, et que j’ai dû douloureusement apprendre à désaimer pendant de longs mois. 

Et Jacob mon meilleur ami, toujours là pour moi, prêt à tout pour mon bien être, même à taire son amour pendant des mois passés auprès de moi pour ne pas contrarier plus mon cœur déjà torturé, et duquel je suis petit à petit tombée amoureuse à mon tour, du fait de sa bienveillance, sa tendresse, son humour, sa ferveur ; jusqu’à notre imprégnation, révélant la grandeur de nos sentiments et notre complicité.

Ma gorge se resserre à l’idée de faire du mal à ce dernier.

Je ne peux pas. Je ne veux pas.

Mes pensées se portent soudainement sur nos ébats matinaux, et je sens le rouge monter à mes joues. Je revois derrière mes paupières son corps presque nu, ses muscles saillants, sa peau matte. Ses mains douces, chaudes et habiles. L’envie qu’il a su faire naître en moi.

Mon esprit bascule alors sur Edward : sa peau d’albâtre, ses muscles fins, et je me surprends à me demander comment serait ce type d’intimité avec lui. Mon expérience nouvelle acquise grâce à Jake me pousse à me poser des questions qui ne m’ont jusqu’à lors jamais vraiment effleurée, malgré le désir que le vampire avait souvent suscité en moi. Mais mon cœur me fait mal lorsque je me remémore les bons moments partagés avant son départ.

Je ne veux plus y penser, plus avoir mal.

Mon cœur me dicte aujourd’hui d’être auprès de Jake. Chose que je pensais impossible, surtout si en compétition avec Edward. Et pourtant. C’est Jake que j’ai envie de voir à cet instant, il me manque. J’aimerai sentir sa chaleur contre moi, sa respiration douce sur ma peau.

Je me lève d’un bond, sans réfléchir, et descend les escaliers à toute allure, traverse le salon en courant devant un Charlie éberlué, et attrape le téléphone. Je compose le numéro de mon bel Indien, que je connais sur le bout des doigts, et attends avec impatience que sa voix chaude vienne couper la sonnerie d’attente.

Mais c’est Billy qui décroche. Il m’apprend rapidement que son fils est parti avec la meute depuis peu et qu’il ne sera probablement de retour que dans la soirée. Dépitée, je raccroche et m’écrase dans le canapé, aux côtés de mon père qui regarde un match, comme toujours.

 

 

 

-« Réveille-toi Bella ». Une voix d’homme me sort de ma torpeur. C’est la voix de mon père.

J’ouvre les yeux doucement, et le regarde.

« Je dois retourner au poste pour la soirée. Je ne rentrerai pas tard.» Il dépose un baiser sur ma tempe avant que j’ai eu le temps de bouger, et sort de la pièce. Je me redresse et constate que je suis toujours sur le canapé, devant la télé allumée. J’ai du m’endormir. L’horloge affiche dix sept heures treize. Je m’étire, surprise d’avoir somnolé aussi longtemps et jette un œil par la fenêtre en baillant. Le jour décline déjà.

Je détourne mon regard sur la télé, sans vraiment voir le programme car mes pensées sont tout de suite dirigées vers Jacob. Qu’a-t-il fait cet après-midi avec la meute ? Est-ce qu’il va bien ? Est-il rentré ?

Puis je me souviens de mon propre après-midi : Edward est revenu. Avec lui ma peine, ma colère, mes doutes... mon amour ?

Je ne suis pas certaine à présent que mon amour à son égard soit ressorti indemne de ces mois passés sans lui. Cette constatation  me fait un peu mal au cœur, mais je dois être honnête avec moi même : ce que peut m’apporter Jake, bien que plus terre à terre que ce qu’est en mesure de me donner Edward, est  ce qu’il me faut vraiment.

Pas d’immortalité, pas d’éternité, mais juste de l’amour sincère et pur, de la dévotion et du respect, l’espace d’une seule vie pleine de bonheur.

Etre à l’abri des prédateurs sanguinaires que la vie auprès du vampire pourrait m’amener à rencontrer, et plus simplement à l’abri des hésitations et de l’inconstance destructrice de celui-ci.

Je me surprends à être aussi lucide et catégorique. A croire que les mois passés m’ont vraiment fait murir. Le téléphone sonne soudain, m’arrachant à mes pensées.

-« Jacob, je suis contente de t’entendre ! » J’ai prononcé ces mots sans contenir mon émotion. Il n’est plus question de ça entre nous. Je le questionne sans attendre :

« Alors qu’est-ce que tu as fait cet après-midi ? » j’opte pour un ton jovial pour qu’il ne descelle rien dans ma voix qui pourrait lui faire croire que je lui cache quelque chose.

-« On a fait des repérages, Paul a cru sentir un sang-froid dans les parages, enfin au moins un. On a rien pu trouver de plus. »

Ma gorge se ressert à ces paroles. Je ne veux pas lui mentir, mais le lui dire au téléphone... il serait hors de lui s’il apprenait qu’Edward est de retour et qu’il est d’emblée venu me voir. Je n’ai pas envie de lui infligé ça alors que l’on est pas censés se revoir ce soir.

« Et toi, qu’est-ce que tu as fait de beau ? »

-« Oh je suis resté à la maison avec Charlie » Je prends l’air le plus détaché possible. J’espère que ça suffira.

« Rien de spécial tu vois. Tu m’as manqué.» Je murmure ces mots dans un souffle et j’entends à l’intonation de sa voix qu’il est entrain de sourire :

C’est vrai ? Toi aussi Bella. J’aimerai être avec toi à cet instant. A chaque instant.»

J’aimerai être dans ses bras aussi, bercée par sa chaleur et sa respiration douce.

Et tout oublier.

Si seulement j’étais restée avec lui toute la journée, si j’étais restée à la Reserve, je n’aurai pas vu Edward, et je ne serais pas entrain de mentir à Jacob. Je me mordille les lèvres tout en déglutissant péniblement pour ravaler les larmes qui me montent aux yeux.

Le trop long silence que j’impose doit lui paraître bizarre car il me lance soudain :

« Est-ce que ça va ? » J’essaie un instant de garder le contrôle de mes réactions, puis lâche lamentablement avec une voix larmoyante :

-« Est-ce que tu peux venir chez moi maintenant ? » Mon sanglot l’inquiète si bien que j’ai à peine le temps de l’entendre me dire qu’il arrive tout de suite qu’il a déjà raccroché.

Je suis vraiment pitoyable. Me mettre dans un tel état et l’affoler ainsi, le faire venir jusque chez moi alors qu’il a dû passer un après midi éreintant, que la nuit tombe et que nous avons tous les deux cours demain.

Mais je n’ai pas envie de lui mentir, lui qui a toujours été si vrai et sincère avec moi.

Et surtout pas sur ce sujet. Je sais qu’il est encore persuadé que j’aime Edward plus que lui. Ce que je peux comprendre.

Je ne suis moi-même pas certaine de ce qui se passe dans mon cœur. J’aime peut être encore Edward, son étreinte était si réconfortante tout à l’heure.

 Mais je suis sûre d’une chose par contre, et je dois m’y tenir. Je suis amoureuse de Jacob, et il est définitivement le bon choix à faire. Celui qu’il me faut. Et je compte bien le lui faire comprendre. Et le faire entendre à Edward également. Mon cœur s’emballe en songeant à la peine que je vais surement faire à celui-ci.

Subitement je me rappelle qu’il a dit qu’il reviendrait. Je suis prise de panique.

Mon dieu, faites qu’ils ne se croisent pas.

Je me recroqueville sur le canapé, et attends l’échéance.

**

 

J'espère que ça vous a plu, à bientôt pour le chapitre suivant! A.

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