Twilight du point de vue de Jasper
Le matin n’allait pas tarder à se lever. Essuyant les quelques gouttes de sang qui perlaient encore de mes lèvres, je me redressais. La chasse avait été bonne, et les cernes violets qui logeaient sous mes yeux depuis quelques jours avaient disparu. Pourtant, quelque chose me rendait mal à l’aise…
La soirée avait été éprouvante. Conformément au souhait d’Edward, j’avais annoncé à la famille son départ pour le clan de Denali. Mais malgré tout, j’avais dû taire la principale raison qui l’avait forcé à s’en aller… Je savais que le désir que mon frère ressentait pour cette humaine était un secret qui devait rester entre nous et qu’il m’en voudrait si j’en parlais.
Carlisle avait réagi avec ce calme que j’admirais tant. Esmée s’était inquiétée, mais je l’avais calmée instantanément, ce dont elle me fut reconnaissante… Rose et Emmett furent exaspérés, ne comprenant pas ce qui se passait réellement. Alice ne prononça pas un mot, se contentant de me regarder parler, et d’observer chacune des réactions.
Le silence s’était ensuite installé, et chacun était repartis de son côté, évitant ainsi soigneusement le sujet.
J’avais décidé d’aller chasser tellement ma soif devenait intenable. Cette situation risquait d’être dure à gérer le lendemain si je n’étais pas rassasié. Alice n’était pas venue avec moi. Elle savait que j’avais besoin de solitude, elle me connaissait si bien.
Et je me retrouvais là, sur cette colline à plusieurs kilomètres de Forks, à regarder le soleil se lever une fois de plus sur les terres brumeuses de l’état de Washington.
Me secouant, je repartis vers la maison. Alice devait m’y attendre. Cinq minutes plus tard j’étais dans notre chambre. Mon aimée se tenait devant son dressing, un jean dans une main, une robe dans l’autre. Soupirant, je lui volai un baiser et m’assis sur le canapé.
J’adorais ma veste blanche, mais Alice en avait décidé autrement. Me lançant un manteau gris, elle enfila un top noir qui lui allait à ravir. Le contraste sur sa peau était splendide. M’approchant d’elle, je l’embrassais, la serrant fort contre moi. Se dégageant de mon étreinte, elle attrapa une polaire grise, et s’élança vers le rez-de-chaussée. La suivant, j’attrapais les clés de la voiture d’Emmett.
Celui-ci m’attendait au garage, c’était un grand gaillard, athlétique, mais qui passait plus de temps à plaisanter que de temps à se concentrer sur une quelconque activité. Faisant cliqueter les clés devant lui, il éclata de rire en me lançant :
-Cela me va si tu conduis le Hummer ! Rester assis ne m’intéresse pas !
Rosalie, la beauté fatale, arriva dans le garage suivie d’Alice
-Vous montez avec nous les filles ? demanda Emmett
-Non, on prend ma décapotable toutes les deux.
Haussant les épaules en parfaite synchronisation, nous grimpâmes dans le 4x4 et les filles dans la voiture rouge.
Emmett était debout à l’arrière, râlant parce que j’avais laissé passer Rose et Alice devant nous.
L’absence d’Edward se ressentait, même si personne n’en parlait…
Arrivé au lycée, je me garais à droite de Rosalie. Emmett sauta aisément du Hummer. Ouvrant la portière, j’attrapais Alice par la taille.
D’habitude je ne faisais jamais attention aux élèves qui étaient sur le parking, mais un visage retint mon attention tandis que je me dirigeais vers les marches qui conduisaient au bâtiment.
Bella. La personne qui avait fait fuir mon frère. Elle était appuyée contre un van, une Chevrolet qui devait être rouge autrefois mais qui était aujourd’hui rouillée. Son visage, tourné vers nous, exprimait de la frustration, de l’inquiétude, comme si elle voulait voir arriver Edward.
Alice, suivant mon regard, se tourna vers Bella, mais nous continuèrent vers l’intérieur.
La matinée passa lentement. Mon aimée et moi avions quatre heure d’histoire. Et je pouvais dire que je connaissais parfaitement le sujet : la guerre de Sécession.
Quand le professeur avait écrit le titre du nouveau chapitre au tableau, je n’avais pu m’empêcher de grincer des dents, je n’aimais pas aborder ce thème.
Il décrit avec beaucoup de détails les conditions de vie des soldats. Fermant les yeux, je revis tout ce que j’avais vécu là bas : le sang, la violence, la peur, la haine…
Alice savait à quel point je souffrais, si j’avais pu pleurer il n’y avait aucun doute que je serais dans un sale état. Les souvenirs remontaient à la surface, s’attaquant à moi, brûlant mon corps. Mais il y avait aussi une part d’ironie à entendre une partie de l’Histoire qu’on a vécu : c’est que l’on sait toujours combien tout était toujours exagéré en Histoire, les événements héroïques décrits avec trop de patriotisme et, hélas, la dureté des combats mal comprise.
La journée passa rapidement, je m’ennuyais ferme, mais la compagnie d’Alice me permettait de supporter les longs moments d’inactivité.
Trois jours s’écoulèrent avant que je ne revois Bella… Chez nous, l’ambiance était lourde, Esmée regardait souvent le piano, songeant à son fils.
Je pensais souvent à Edward aussi, mais contrairement à elle, je ne m’inquiétais pas pour lui.
Jeudi, alors que nous étions assis à table, je repérais Bella qui entrait dans le self. Tout en se dirigeant à sa table, elle cherchait quelqu’un des yeux. Je pouvais parier qu’il s’agissait d’Edward. Je caressais le dos d’Alice, la tapotant pour qu’elle regarde Bella.
-Ce matin j’ai entendu une élève parler de toi Jasper ! Elle aime beaucoup tes cheveux et rêve beaucoup de toi ! Lança Emmett, le sourire aux lèvres
Les filles de Forks me feraient toujours rire ! Esquissant un sourire, je me tournais vers la table où était assise Bella.
C’est définitif, je ne comprenais pas la réaction de mon frère.