Twilight du point de vue de Jasper
L’aurore…
Le soleil peinait à percer au travers des nuages qui stagnaient au dessus de Forks et des environs. C’était une des raisons pour lesquelles nous nous étions installés ici. Les rayons du soleil touchaient la région une dizaine de jours par an, et dans ces rares journées, nous partions en chasse sur les hauts plateaux, évitant ainsi que notre secret soit révélé au grand jour. Notre faim ainsi contrôlée, nous pouvions de nouveaux nous approcher des humains en toute sérénité. Sérénité… longtemps j’avais cherché la signification de ce mot et longtemps elle m’avait échappée. Mais je pensais l’approcher maintenant.
Levant les yeux au ciel je me dis oh! Combien il était plaisant de voir naître une nouvelle journée…
-Jasper ! La voix rieuse, mais teintée d’impatience d’Alice, mon aimée, éclata dans l’air pur du matin.
-Oui ?
Elle tremblait d’impatience. Alice adorait aller au lycée, elle aimait le contact avec les humains. Leurs odeurs, leur proximité ne la gênaient pas du tout. Je ne pouvais pas en dire autant, hélas. Je lui envoyais une salve apaisante pour qu’elle cesse de me tourner autour à toute vitesse, ce qui, même en étant en vampire, avait le don de me donner la migraine. Enfin j’y aurais tout pardonnée…Elle se tourna vers moi et me lança un regard incendiaire
-Jasper ! Tu sais que je ne veux pas que tu utilises ton don avec moi !
Tandis que je lui lançais un sourire contrit, elle se précipita vers moi, m’embrassa et se remit à danser tout autour de moi, tel un lutin…
Je pouvais contrôler les sentiments qu’éprouvaient les gens, calmer une pièce entière remplie de personnes qui tempêtaient ou mettre un peu d’ambiance dans un endroit calme. Cette capacité se révélait parfois très utile. Avant que je ne rencontre Alice et les Cullen, et que je ne devienne « végétarien », mon don servait à calmer les mortels transformés en vampires que nous entrainions pour la guerre. J’ai gardé beaucoup de cicatrices de cette période, qu’elles soient physiques ou mentales. Alice avait été une sorte de pansement, un lever de soleil après des mois de nuit.
Soudain elle vint se blottir contre moi, sa tête enfouie dans mon torse. Elle était très petite, mais débordante d’énergie. J’aimais ce dynamisme.
-Tu veux qu’on rentre ? Demandais-je, certain de la réponse.
Elle s’écarta et attrapa ma main. Nous partîmes à toute allure à travers les arbres. Courir était une seconde nature chez les Immortels.
Lorsque la villa blanche fut en vue, nous ralentîmes et sautâmes par la fenêtre ouverte qui donnait sur le vaste salon.
A l’intérieur tout le monde vaquait à ses occupations. Rosalie et Emmett étaient dans leur chambre au premier étage, je les entendais parler mécanique. Carlisle était sur le canapé, Edward jouait au piano et Esmée courait après des grains de poussières imaginaires, telle une tempête. Les humains auraient vu une forme floue passer et un courant d’air froid, et ils auraient encore dit que c’était Dieu ou un quelconque esprit qui les avaient frôlés… La vitesse faisait partie des avantages que nous gagnions en devenant vampire tout comme une force surhumaine et, pour certains d’entre nous des dons. Les dons étaient une version accentuée d’une qualité que nous possédions quand nous étions humains. Jadis, j’étais un beau parleur, pouvant charmer une foule entière par de belles paroles, et après ma transformation, cette qualité était devenue ce don de ressentir et de modifier les sentiments des gens présent autour de moi. Mais je n’étais pas le seul de mon espèce, bien que cela reste assez rare. Ainsi, mon aimée pouvait voir l’avenir, et bien qu’elle ne se rappelle pas son état d’humaine, nous supposions qu’elle devait être visionnaire, Edward était télépathe, aucun esprit ne lui résistait et cacher des secrets en sa présence était impossible. Mais une personne parvenait assez à se contrôler pour arriver à faire tourner en bourrique Edward, et c’était Alice.
Edward se leva, me lança mon sac de cours que j’attrapais habilement
Rose apparue suivie d’Emmett.
-Non Rose, on prend ma voiture aujourd’hui, dit Edward en réponse à une pensée de Rosalie.
Notre sœur adorait sa décapotable, mais nous la jugions tous trop voyante pour aller au lycée.
Elle grogna, mais ne dit rien, ce qui était assez inhabituel. Aujourd’hui, nous éviterions donc l’éternel débat qui avait pour question principale : « Quelle était la meilleure voiture entre la Volvo grise d’Edward et la décapotable rouge vif de Rose ? ». Mais parfois nous avions droit a une variante : « Qui est le meilleur conducteur entre Edward et Rosalie ? ». La dispute se prolongeait généralement jusqu'à ce que Carlisle tranche.
Carlisle était un être a part. Depuis sa transformation en 1650, il ne s’était jamais nourri de sang humain. Son père était un pasteur obsédé par les monstres et les démons. Alors qu’il était persuadé d’avoir trouvé des vampires, Carlisle, qui s’était lancés à leur poursuite, s’est fait mordre. La transformation en Immortel est très douloureuse, le venin que nous injectons quand nous mordons donne l’impression de brûler de l’intérieur. La souffrance est telle, que ne pas hurler tient du miracle. Et pourtant, Carlisle réussit à se trainer jusqu'à une ruelle, à se cacher pour ne pas se faire tuer. Quand il a ouvert les yeux, il a découvert que tout était infiniment plus précis, mais il a aussi deviné ce qu’il était devenu. Je connaissais bien les nouveaux vampires, ceux que l’on nomme « nouveaux nés », j’en avais côtoyé beaucoup par le passé, et il leur est quasiment impossible de résister au doux arôme du sang humain, même pour un vampire âgé comme moi la tâche se révèle ardue. Mais Carlisle avait résisté et avait compris que le sang des animaux pouvait suffire à combler un peu la soif. Il a décidé d’utiliser ses dons pour soigner les gens plutôt que pour les tuer. Je ne peux m’empêcher d’être en admiration devant cet homme. Quand il nous a accueillis, Alice et moi, dans sa famille il m’a expliqué qu’il se sentait en paix avec lui-même quand il pouvait sauver des gens a l’hôpital et que c’était la raison pour laquelle il était médecin.
Edward hocha la tête dans ma direction, de nous tous, il était le plus proche de Carlisle et certainement celui qui avait le plus d’admiration pour lui. Edward avait été le premier à avoir été transformé par Carlisle, c’était en 1918, et il était mourant de la grippe espagnole. Sa mère avait senti que Carlisle pouvait le sauver, et Carlisle, bien qu’il ne sache pas encore comment procéder avait transformé Edward en lui infligeant les même blessures qu’il avait lui-même reçu, ce qu’il regretta par la suite car la transformation avait été plus longue et douloureuse que prévue.
Sortant de mes pensées, je vis que nous étions tous dans le salon. Carlisle s’apprêtait à partir a l’hôpital, Rosalie et Emmett s’embrassaient, Alice me fixait de ses grands yeux, et Edward patientait, perdu dans ses pensées.
Emmett lança les clés de la voiture vers Edward, celui-ci réagit rapidement, sans même avoir regardé dans la direction de son frère.
Dans la Volvo, le silence régnait. Rosalie était assise devant, regardant par la fenêtre grande ouverte, ses cheveux virevoltants autour d’elle. Rose était quelqu’un de magnifique, mais avait un caractère bien trempé qui la rendait parfois…comment dire…insupportable. Oui c’était bien le mot exact. Un petit rire d’Edw ard appuya mon idée et le regard noir que Rosalie lui lança ne fit qu’accentuer son hilarité.
Le temps qu’Edward se calme et que Rose renonce à l’incendier du regard, nous étions arrivés devant le lycée. Il y avait du monde sur le parking et les élèves nous dévisagèrent, croyant être discrets, ce qu’ils n’étaient évidement pas le cas.
Edward soupira, et se gara à notre place habituelle. Lorsque nous sortions, les chuchotements s’intensifièrent sur notre passage. Malgré le fait que nous soyons ici depuis un moment, le comportement des gens n’avaient pas beaucoup changés. Officiellement, Carlisle nous avait adoptés et nous étions arrivés d’Alaska il y a quelques années. La réalité était tout autre, nous venions seulement de revenir à Forks.
Gravissant les marches qui menaient au bâtiment, j’attrapais Alice par la taille. Edward alla en cours d’anglais, Emmett et Rose en cours de Biologie tandis que nous allions en Physique. Les cours m’ennuyaient profondément, refaire chaque année les mêmes programmes était monotone.
La sonnerie retentie, nous serions légèrement en retard. Notre professeur de Physique, Madame Malkovitch, était une femme maigre, grande et a la mine sévère. Elle arborée une nouvelle coupe de cheveux, coupé court et ébouriffé. Echangeant un regard moqueur avec mon aimée, j’esquissais un sourire. Il était évident qu’elle s’était inspirée de la coiffure d’Alice !
Les minutes s’égrenaient lentement, la deuxième heure était sur le point de s’achever. Soudain madame Malkovitch m’interpella de sa voix haut perchée :
-Monsieur Hale ? Pouvez-vous répondre à la question ?
Ne décollant pas mon regard de la fenêtre, je lui répondis d’un ton calme, bien que monotone :
-Evidement Madame, il s’agit de l’atome d’Hélium.
Un grand silence se fit dans la classe, il était rare que j’intervienne en cours et généralement un grand silence s’en suivit. J’entendis très clairement le grincement des dents de Madame Malkovitch.
La sonnerie retentie à ce moment la, sortant les premiers nous rejoignirent Edward, Rose et Emmett non loin de la cafétéria. Je n’aimais pas ce moment de la journée, je devais me concentrer entièrement sur mon corps, sur mes pulsions. Rose et Emmett s’avancèrent, tandis que fermait les yeux quelques secondes.
Alice me tira par la main et nous nous dirigeâmes vers le buffet pour attraper un plateau et un peu de nourriture. Les regards nous suivaient, les élèves ébahis s’arrêtaient de manger, la fourchette a mis chemin entre la bouche et l’assiette. Soupirant, je lâchais un grognement, c’était tout les jours la même chose, les mêmes regards… Alice souriait, comme heureuse qu’on la regarde, ce qui n’était absolument pas mon cas. Nous étions l’attraction du déjeuner, et ce chaque jour.
La nourriture posée sur le plateau ne servirait pas à grand-chose, nous ne toucherions à rien, mais il fallait bien prendre quelque mets. La nourriture humaine avait un gout de cendres, ce qui n’était très désagréable.
Il y avait du bruit, du mouvement, des odeurs variées … Décidant de couper ma respiration, je constatais que ma gorge s’asséchait tout de même… La soif me prenait au coup, comme une bête ne voulait rien lâcher. Mon corps entier se contracta… Alice était rayonnante, un grand sourire aux lèvres, pas du tout gênée par la proximité des humains. Me dirigeant vers la table ou Rose et Emmett s’étaient assis, je le fis virevolter. Elle était d’une grâce incroyable, même pour une vampire. Concentrant mon esprit sur un point fixe, je traversais la cafétéria sans problèmes. Une fois assis, je m’autorisais à respirer. Alice appuya sa tête sur mon épaule. Edward nous avait suivit, il traversait le self, attirant le regard de toute les filles présentent, l’une d’elle du penser quelque chose d’amusant car je le voyais esquisser un sourire.
Soudain, son ressenti se modifia en lui, se senti que quelque chose le troublait.
Edward me regarda fixement. Puis soupira :
-Tu vois la fille assise à la table a côté, celle qui a la chemise verte ?
Tournant mon regard vers elle, je constatais que les 2 filles assises avec elle nous fixaient.
-Oui ?
-Je ne peux pas lire dans son esprit….
Personne n’avait jamais résisté au don d’Edward, c’était une première.
Quelque chose n’allait pas, Edward était inquiet, je ne comprenais pas ses sentiments tant ceux-ci était confus et divers. La fille, qui était plutôt jolie même pour une humaine, se tourna vers Edward, son visage exprimait une certaine curiosité, nous l’intriguions, mais mon frère exerçait sur elle quelque chose d’encore plus fort.