Petite Etincelle

Chapitre 5

11313 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 3 ans

Bonne lecture !

CHAPITRE 5

{==2 Deca cycles plus tard==}

POV Normal

Le temps et l'ennui se faisaient ressentir dans l’ensemble de la base souterraine. Il n’y avait rien de vraiment spécial qui se produisait, rien d’intéressant non plus, et un long quotidien monotone s’était finalement instauré au fil des cycles qui passaient loin de la lumière des soleils. Étonnamment, malgré la population de la base, la paix et l’ordre étaient respectés. Grâce aux nombreuses règles rigoureuses établies par Prowl. Cependant les robots ne rêvaient plus que d’une chose, c’était de pouvoir sortir pour retrouver leur belle ville de Trypican. Déjà deux deca cycles enfermés, sans connaître les véritables raisons de cette décision précipitée. Pourquoi fallait-il qu’un conflit se déclenche maintenant ? Pourquoi toutes ces choses négatives se manifestaient si soudainement ? Personne ne demandait jamais l’avis des civils, pourtant c’étaient eux qui se retrouvaient toujours en première ligne, les fameuses victimes collatérales.

Autobots comme Decepticons.

De son côté, Starwind allait aider Prowl tous les cycles depuis son altercation dans la salle de ravitaillement. Elle passait donc l’intégralité de son temps avec lui. Pour elle, c'était une façon de le remercier, car il le méritait plus que tout après ce qu’il avait fait pour l’aider face à cette brute sans CPU. Qui aurait pu penser que le froid et distant tacticien n’était en fait qu’un mecha très solitaire, à la recherche d’un peu de compagnie ? Constamment seul dans son bureau exigu à trier de vieilles archives sans jamais recevoir aucune visite des autres dirigeants de la base. Des cycles horriblement longs et moroses... Qui pouvaient nuire à sa santé mentale et grandement affecter son comportement en société. C’était peut-être difficile à croire pour certains, mais avec le temps, ils étaient devenus les meilleurs amis du monde. Une amitié qui avait pris vie à la faveur de ce petit accrochage et qui se renforçait cycle après cycle dans les locaux des archives.

Et plus Starwind passait du temps avec le robot noir et blanc, moins elle pensait à Ultra Magnus, le bot disparu depuis longtemps des radars.

«Hey, Prowl ! Tu viens à l’entraînement, tout à l‘heure ? J’aimerais renforcer mon endurance et ajuster mon esquive.» S'exclama joyeusement Starwind qui semblait particulièrement excitée à l’idée de rejoindre la salle d’entraînement avec son ami, ses petites ailettes se redressant dans son dos pour exprimer sa joie.

Pas loin du milieu du cycle, la fembot bleu ciel était actuellement dans le bureau de Prowl et triait une liasse de datapads qui dataient d’un bon moment déjà. Des archives sur les grands Primes Originels ainsi que sur la contribution des Anciens pour améliorer le quotidien des Cybertroniens, rien de vraiment important selon elle. Car le passé appartenait au passé, et il ne devait pas affecter le présent inutilement. Seulement le guider. Fronçant les crêtes optiques à ces vieilleries, elle passa sa main sur le dessus de l’un d’eux puis toussa lorsqu’une fine pellicule de poussière métallique s’envola devant ses optiques bleues écarquillées. De l’autre côté du bureau, Prowl la regarda avec une touche d’amusement avant de hausser les épaules avec nonchalance.

«Pourquoi devrais-je aller avec toi à un entraînement, si je suis un tacticien censé être derrière un bureau et les caméras de surveillance ?» Lui répondit-il alors qu’il levait confusément les bras avec un petit sourire absurde sur son visage gris. Il se baissa ensuite pour ramasser un datapad qui s’était malencontreusement retrouvé au sol.

Les ailettes de Starwind s’affaissèrent légèrement de déception à cette réplique assez prévisible avant qu'elle n’ait une tout autre idée derrière la tête. Une étincelle de malice illumina ses optiques, signe qu’elle préparait déjà son coup. Il ne voulait pas sortir de son trou à scraplets ? Très bien ! Elle utiliserait une autre méthode pour le convaincre. Un petit sourire espiègle jouant à ses lèvres, la fembot déterminée se leva doucement de son siège pour contourner son bureau et rejoindre celui du mecha qui lui tournait actuellement le dos, trop occupé à ranger ses précieux datapads pour prendre conscience du danger. L’Autobot noir et blanc marmonnait quelque chose d’incompréhensible tandis qu’il recourbait son index sous son menton dans la réflexion, ses optiques plissées sur le datapad dans sa main gauche qui ne voulait plus s’allumer. Était-il brisé ?

«Prowwwwwl ?» Appela Starwind d'une voix insupportable tout en clignant rapidement des optiques, les mains innocemment croisées contre son châssis.

«Mhmmm ?» Marmonna uniformément Prowl sans détourner le regard.

La fembot turbulente se dirigea vers le tacticien absorbé par son datapad tout en se déhanchant ridiculement à chacun de ses pas, d’une humeur décontractée pour une fois. Arrivée derrière le robot, préoccupé par la remise en marche de l’archive, elle releva taquinement une crête optique lorsqu’il se décida enfin à lui faire face pour afficher une expression similaire à la sienne. Mélangée à du dédain. Le bot un peu plus grand croisa les bras sur son châssis brillant avant de se redresser en attendant le prochain mouvement de son amie, son regard la trahissant avant même qu’elle ne passe à l’action. Malgré sa petite et frêle taille, il sentait le danger imminent. Starwind allait l’attaquer d’un nano-klik à l’autre, son instinct et ses portes ailes lui disaient de se méfier avec le regard insolent qu’elle lui lançait dans l’unique but de l‘intimider. Ou du moins, la petite fembot tentait de l’intimider... Malgré le fait que sa tête n’atteignait même pas le haut de son châssis. Haute comme trois cubes !

Soudainement, d’un cri perçant et aigu, Starwind lui bondit dessus puis enroula aussitôt ses jambes et ses mains autour de son armure noire et blanche impeccablement lustrée pour l’étreinte. Mais malheureusement pour elle, Prowl avait senti le coup venir. Alors pile au moment où elle s'enroula autour de lui pour tenter de l’immobiliser et le conduire à une chute, ses propres mains agrippèrent ses bras pour faire levier. Elle eut à peine le temps de dire ouf qu’elle se retrouva dans son étau avant d’être jetée sans ménagement sur son épaule comme un vulgaire sac de cubes, la tête pendante vers le sol deux mètres plus bas. Un peu déboussolée par la rapidité de ses gestes, elle finit par se débattre de la poigne de l’Autobot très fier de sa prise.

«PROWL ! Tu me mets à terre, tout de suite !» Hurla Starwind de frustration. Prowl, quant à lui, rigolait de sa situation embarrassante, s’amusant même à la faire rebondir sur son épaule pour l’énerver davantage.

Un succès.

Énervée par son échec cuisant, elle claqua violemment ses plaques du dos avec ses mains mais cela n’eut aucun effet sur le mecha qui ne la relâcha pas, bien au contraire. Ses vaines tentatives le firent même rire, car sa force était loin d’égaler la sienne. Jusqu’au moment où elle attrapa l’une de ses porte-ailes. Il n’y avait rien de plus sensible que les ailettes chez un robot ! Bingo, la tendance allait s’inverser. Prowl se raidit immédiatement puis cessa tout mouvement quand il sentit les mains de Starwind empoigner son aile droite, les optiques écarquillées de surprise et il réprima un grognement d’irritation. À priori, elle n’était pas prête de lâcher prise, maintenant qu’il était à sa merci ! Petite futée... Alors pour se débarrasser de cette gêne, il attrapa les épaules de la fembot pour ensuite la faire basculer directement sur le sol devant ses pedes.

Starwind glapit de douleur lorsque son arrière-train toucha durement le métal, les dentas serrées tandis qu’elle foudroyait Prowl du regard, qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se moquer d’elle en la pointant grossièrement du doigt. C’était injuste ! Il était plus grand et plus fort qu’elle ! Elle n’avait aucune chance contre un robot de sa carrure. Exaspérée mais aussi déçue de ne pas avoir réussi à déstabiliser le tacticien constamment aux aguets, elle se redressa lentement en position assise pendant que son ami continuait de ricaner bêtement. Manifestement, il trouvait que sa faiblesse était divertissante... Au moins quelque chose qui le faisait rire, c’était déjà ça de gagné. Toutefois, au regard désapprobateur de la fembot, Prowl cessa de glousser.

«Starwind... Tu devrais pourtant savoir que je suis plus intelligent que toi ! Cependant je dois dire que ton enthousiasme et ta détermination sont à souligner.» Soupira-t-il pour la taquiner, les mains sur les hanches alors qu’il lui fit un petit clignement d’optique amusé. Assise à même le sol, Starwind continua de le toiser sévèrement avant qu’elle aussi éclata de rire à son tour, incapable de garder son sérieux. Franchement... Elle était vraiment ridicule ! Ils continuèrent de rire ainsi jusqu’à l’irruption inattendue de l’Autobot rouge, Blaster.

«Prowl ! Euh... Je dérange ?» Demanda-t-il à la hâte, incrédule de voir les deux robots rire ensemble. Depuis quand le tacticien savait rire ?

«Non, Blaster. Tu ne nous déranges pas. Dis-moi ce que je peux faire pour toi ?» Répliqua le mecha noir et blanc après avoir aidé Starwind à se relever sur ses pedes. Se frottant les mains, il retrouva rapidement son professionnalisme tandis qu’il se tournait vers son interlocuteur désemparé par cette scène inhabituelle, en attente de connaître le motif de sa visite inopinée.

Blaster joua nerveusement avec ses doigts puis prit plusieurs pas dans la pièce sans rompre le contact visuel avec Prowl, visiblement peu amusé par la scène gênante à laquelle il venait d’assister. Son expression du visage était grave et ne présageait rien de bon.

«La garde d’Élite est sur le point de rentrer de mission.»

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Starwind était aux premières loges.

Au milieu d’une foule dense de robots impatients, elle attendait avec nervosité l'apparition d’Ultra Magnus et de son équipe derrière les lourdes portes de la base, celles qui menaient directement à l’extérieur. Un monde qui était désormais étranger pour eux. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vue... Si longtemps que le temps semblait s’être dilaté, une éternité de silence et d’absence. Et pour être tout à fait honnête, elle n’était même plus sûre du nombre de deca cycles qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’elle avait posé les optiques sur lui. Son Spark se serra. À la fois agitée et impatiente de revoir ce visage familier, Starwind leva timidement son regard en direction du bureau de Prowl, qui se situait à un point un peu plus haut du hall d’entrée principale.

Le mecha noir et blanc en question se trouvait devant l’immense baie vitrée qui donnait un aperçu des portes et de l’entrée, sa visière jaune tournée vers l’attroupement de robots ici-bas. Ses bras croisés derrière son dos, elle pouvait voir qu’il restait parfaitement immobile devant la glace pendant qu’il contemplait tout ce monde agglutiné au même endroit. Durant un bref instant, leurs regards se croisèrent. Habituellement, ils arrivaient à communiquer par le regard, mais cette fois celui de Prowl était illisible. Il était si sérieux tout à coup… Quelque chose chatouilla le Spark de Starwind, mais cette sensation étrangère disparut instantanément lorsque du mouvement sur sa gauche attira toute son attention. Quatre grands robots se précipitaient vers les portes pour enclencher le mécanisme manuel et ainsi les ouvrir suite au signal sonore qui retentit derrière le métal blindé.

«Écartez-vous !» Aboya un bot vert tout en tirant de toutes ses forces sur le verrou avec l’aide des trois autres soldats.

Serrant les dentas d’anxiété, Starwind s'avança de quelques pas pour avoir une meilleure visibilité, étant donné que sa taille ne jouait pas en sa faveur dans cette foule. Elle s’excusa poliment lorsqu’elle bouscula un mecha avant de diriger ses optiques inquiètes sur les membres de la garde d’Élite qui pénétraient chacun à leur tour dans la base souterraine, leur mine tombante et le regard fuyant. Il y avait un peu de tout dans cette équipe, allant du triple-changeur au plus petit robot fait pour la vitesse et l’esquive. Il y avait même des fembots ! Deux précisément, et elles portaient quelques cicatrices sur leur cadre plus ou moins profondes. Cependant, alors que les guerriers se dispersaient dans le hall, Starwind remarqua avec horreur qu’Ultra Magnus manquait à l’appel. Le grand Autobot bleu et rouge n’était nulle part en vue.

La petite fembot bleue sentit son Spark se serrer douloureusement à l'idée d'avoir perdu Ultra Magnus durant une mission de reconnaissance. Cela ne pouvait pas être possible... Elle refusait d’y croire un seul instant. C’étaient hélas des choses inévitables en temps de guerre. Toutefois, elle ne pouvait se résoudre à penser qu’elle avait perdu ce valeureux guerrier, fort et aimable dans cette nouvelle guerre de pouvoir opposant deux factions qui n’en formaient encore qu’une seule quelques temps auparavant. Accablée par sa perte, les larmes d’energon lui montèrent rapidement aux optiques tandis que son vocaliser devint étroit. Ses espoirs étaient anéantis jusqu’à ce qu’elle entende un gémissement résonner dans la noirceur du tunnel menant à la surface, puis que six paires d’optiques bleues s’avancèrent vers la lumière. La tristesse fut rapidement balayée par le soulagement au moment où elle vit un flash de bleu et de rouge. Serait-ce possible ?

Oui, c’était Ultra Magnus.

L’imposant mecha était épaulé par deux autres robots au gabarit similaire au sien, pour pouvoir soutenir son poids pendant qu’ils l’aidaient à se traîner jusque dans le hall où le silence s’était automatiquement instauré. Tout le monde était sous le choc. L’un des deux soutiens était un médecin, d’après la croix rouge sur son épaule droite. La belle armure d’Ultra Magnus était complètement cabossée et carbonisée, avec des impacts de balles visibles à certains endroits, notamment sur ses épaules et son châssis. Le visage tuméfié, il lui manquait également l’un de ses audios. De multiples blessures le recouvraient de la tête aux pedes, de longs sillons d’energon descendant jusque sur le sol en petites gouttes. Ils avaient été sauvagement attaqués, ce qui expliquait les expressions sinistres sur les visages des autres membres de la garde d’Élite.

Horrifiée, Starwind se précipita pour venir en aide à Ultra Magnus et l’emmener de toute urgence à l'infirmerie. Ses optiques préoccupées croisèrent aussitôt les siennes, presqu’éteintes par l’épuisement. Apparemment, il avait utilisé ses dernières forces pour venir jusqu’ici. Sur le point de tomber dans une stase d’urgence à cause de la perte d’energon et de la douleur, il attrapa l’épaule de la fembot pour ensuite l’entraîner dans une étreinte désespérée accompagné d’un soupir de soulagement. Les optiques fermées, il la serra contre lui, remerciant silencieusement Primus d’avoir eu la chance de la revoir même si ce devait être la dernière fois. Alors qu’il s’écroulait à genoux d’un gémissement, il entendit vaguement des voix lui dire qu’il était désormais entre de bonnes mains. Néanmoins, une seule retenait son attention.

Celle de Starwind lui disant qu’il était à la maison.

{==2 Orns plus tard==}

POV Starwind

Sparkmate.

J’étais officiellement Sparkmate avec Ultra Magnus.

Je peinais encore à y croire ! Une union inconcevable en temps de guerre, devenue pourtant notre réalité. Cela faisait pratiquement deux Orns qu'il était revenu de mission et qu’il avait subi de grosses réparations sur son protoforme. Il avait été salement amoché par le traquenard tendu par les Decepticons dans la ville déserte en surface, allant jusqu’à refuser de parler à qui que ce soit de cet incident qui lui pesait lourdement sur la conscience depuis. Il avait fallu du temps avant qu’il n’ouvre enfin son Spark et sa parole pour apaiser mes interrogations muettes. Durant ce cycle-là, à la surface de Cybertron, l’unité d’Ultra Magnus chargée de sécuriser le périmètre avait subi de lourdes pertes, tous en proie à la violence instinctive des Decepticons une fois tombés dans leur piège. C’était atroce, inimaginable. Je pouvais sentir, dans ses mots, toute sa douleur et sa culpabilité. Mais pour lui, il s’agissait surtout d’une défaite personnelle, quelque chose qui n’aurait jamais dû se produire sous son commandement.

Un robot rigide et autoritaire, sans cesse à la recherche d’efficacité et de discipline… Cet échec le rongeait jusqu’au plus profond de son Spark. Il avait eu besoin d’un soutien psychologique. Durant ces nombreux groons passés à ses côtés à l’infirmerie sans jamais voir l’extérieur, la traction dans mon Spark vers le sien s’était de plus en plus faite ressentir, attirant certaines questions sur le sujet de la part de First Aid. Étions-nous des Sparkmates potentiels ? Pour ce dernier, c’était devenu une évidence quand pour nous ce n’était qu’une coïncidence. Une coïncidence... Primus faisait bien les choses. Cette traction toujours plus forte au point où elle en devenait douloureusement réelle, Ultra Magnus et moi en sommes venus à la conclusion que oui, nous étions des Sparkmates potentiels. Comme l’avait suggéré le médecin de la base lors d’une discussion. Nos âmes étaient faites pour s’unir, pour ne former plus qu’une.

Souriante à moi-même à l’association de ce tendre souvenir à notre magnifique liaison, je me dirigeai d’un pas léger vers le bureau de Prowl pour lui donner un coup de main avec les datapads, mes pensées s’égarant vers un certain robot bleu et rouge. Ultra Magnus était actuellement à l’entraînement avec les nouvelles recrues pour les préparer à une prochaine mission de reconnaissance. Je pouvais le sentir s’énerver dans notre récent lien que j’essayais de combler d’ondes positives. Oui, un lien duquel s’écoulaient absolument toutes nos émotions ! Des Sparkmates partageaient tout, même les sentiments négatifs lorsque l’un d’eux était exaspéré, par exemple... À vrai dire, Ultra Magnus n’était pas quelqu’un de patient par nature et si les règles n’étaient pas respectées à la lettre, il lui arrivait de frôler l’agressivité pour montrer sa fermeté. Mais malgré son inflexibilité, je l’aimais tel qu’il était.

C’était une sensation si particulière, si agréablement douce... Que d’être lié à quelqu’un et de tout partager avec le robot élu de votre Spark. L’amour, la peur, la tristesse, la colère, l’inquiétude, la joie… Même la douleur. C’était d’ailleurs quelque chose à laquelle je devais encore m’habituer car durant certains de ses entraînements, il arrivait qu’Ultra Magnus se blesse contre un autre Autobot, et cette douleur se répercutait dans notre lien. En dépit de ses efforts pour l’amoindrir en refermant la liaison au maximum lorsque cela se produisait, la douleur restait perceptible malgré tout. Juste une question d’habitude, je supposais, néanmoins ces instants restaient des moments qui pouvaient se montrer éprouvants et engendrer de la confusion. Quelque part, j’appréhendais de voir mon Sparkmate revenir à la surface et subir une nouvelle attaque qui se solderait par de nouvelles blessures, avec la peur de ressentir sa détresse sans pouvoir lui venir en aide.

Ce sentiment d’impuissance était le pire de tous.

Levant les optiques au plafond de la base d’un soupir audible, je gémis doucement lorsqu’une sensation de malaise envahit subitement mon châssis. Perplexe, je posai mes doigts au-dessus des plaques de métal bleu constituant mon torse en fronçant mes crêtes optiques, la sensation désagréable persistant sur le côté gauche. Cela ne venait pas d’Ultra Magnus, car le Spark des robots se trouve au milieu, pas sur le côté. Avais-je un problème de circulation ? Pour le moins confuse et d’une certaine manière inquiète à l’idée que ce soit un problème mécanique, je massai mon châssis au-dessus du point douloureux avant de remarquer que je me trouvais en fait devant le bureau de Prowl lorsque celui-ci apparut à la porte, le regard inquiet.

«Starwind ? Que t’arrive-t-il ? Tu as une douleur ?» Me demanda-t-il tandis qu’il se penchait vers moi, le souci gravé sur son visage argenté.

«Ce n’est rien... J-je vais bien...» Balbutiai-je machinalement mais la douleur devint subitement aiguë, m’obligeant à ouvrir la bouche de surprise et à me cambrer. Évidemment, cela ne passa pas inaperçu à Ultra Magnus étant donné que nous étions intimement liés et son inquiétude à mon égard ne tarda pas à se faire ressentir.

«À l’évidence, ça ne va pas ! Il faut que tu ailles voir First Aid. Tu as peut-être quelque chose de grave... Ce n’est pas à prendre à la légère.» Réprimanda aussitôt Prowl qui posa sa main sur mon dos alors que je me redressai d’un rictus, la main au-dessus de mon Spark pulsant la chamade.

.:Starwind, que se passe-t-il ?:. Retentit ensuite la voix alarmée d'Ultra Magnus dans notre communication privée.

.:Rien. Sûrement un problème d'energon. Je me dirige vers First Aid pour un bilan:. Lui répondis-je d'un ton calme même si intérieurement j’étais très tendue, peut-être trop même.

Prenant un souffle laborieux pour ralentir mes évents fonctionnant à plein régime, je me tournai vers Prowl pour poliment lui demander s’il voulait bien m’excuser le temps que j’aille voir le médecin de la base, sachant pertinemment qu’il allait pardonner mon absence. Ce n’était qu’un vieux réflexe, quelque chose que j’avais développé au fil du temps à cause de ma timidité. Cette peur constante de décevoir ou d’embêter avec mes problèmes... Évidemment, Prowl me jeta un regard ahuri avant d’entrelacer son bras au mien pour me conduire dans le couloir menant à l’infirmerie. Sans un mot. Je ne l’avais jamais vu aussi grave, aussi soucieux pour ma santé... Je me sentais estimée et aimée par mon meilleur ami toujours présent dans les bons comme les pires moments.

Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il faisait pour moi.

Une fois arrivés à l’infirmerie de la base qui se trouvait dans les sous-sols, à mon grand regret, First Aid m’installa sur une immense couchette médicale reliée à un ordinateur mobile se trouvant sur ma gauche. Cette pièce était relativement spacieuse et très propre, toutefois la couleur blanche et cette odeur stérile ne me mettaient pas du tout à l’aise. Malgré les gros efforts du médecin spécialiste. Je détestais ce genre d’endroit. Cela me rappelait à la maternusine lorsqu’un étincelant était amené aux urgences… D’un rapide coup d’optique, je sondais la pièce autour de moi. Manifestement, il n’attendait personne pour ce cycle. Désormais allongée sur cette couchette glaciale d’une petite touche de nervosité se traduisant par mon silence, j’observai calmement Prowl se positionner à ma droite à côté de l’ordinateur avant qu’il ne croise ses bras derrière son dos comme à son habitude. Son regard absent se perdant sur les couchettes vides voisines. Sacré Prowl... Il se laissait facilement distraire face à une situation qui échappait à son contrôle.

«Donc, si j'ai bien compris, vous avez une douleur au niveau du Spark ?» Questionna soudainement First Aid en fouillant dans l’un de ses placards latéraux. Il murmura une petite malédiction lorsque l’un de ses ustensiles lui tomba sur la tête.

Je fronçai doucement les crêtes optiques d'agacement à la lenteur d’esprit du seul médecin de la base souterraine, avant de me réprimander pour cette pensée incommode. Ce n’était pas correct ! Je devrais m’estimer heureuse que nous ayons un médecin à notre disposition en permanence et qu’il ait accepté de me recevoir dans son infirmerie sans rendez-vous ! J’étais ingrate. Cependant, la peur mélangée à l’inquiétude avait pris le dessus sur mon raisonnement, ce qui engendrait de la culpabilité pour l’avoir rabaissé alors qu’il faisait de son mieux pour me venir en aide. Même si tantôt, je lui avais expliqué en détail que mon étrange douleur ressemblant plus à de la gêne qui se trouvait du côté gauche et non pas dans mon Spark lui-même... J’en déduisais que c’était mon anxiété qui avait pris le dessus sur moi.

«Eh bien non, c'est plutôt comme une gêne et ça se trouve à côté de mon Spark, plus exactement...» Répétai-je en pointant mon index à l’endroit exact sur mon châssis, mes optiques méfiantes braquées sur le bot dos à moi qui récupérait des outils. À côté de moi, Prowl posa sa main sur mon épaule pour me rassurer, ayant sans doute perçu ma détresse d’être incomprise. Puis je sentis également des émotions positives de la part d’Ultra Magnus dans notre lien pour apaiser mes craintes, le pauvre avait l’air plus effrayé que je ne l’étais.

«Ah oui... Très juste.» First Aid se gratta le haut du casque de confusion pendant qu’il récupérait un laser avec son autre main. Désormais équipé, le mecha blanc et rouge se dirigea vers la couchette pour disperser ses outils sur la petite table adjacente avant d’attraper une seringue remplie d’un liquide rosâtre que j’épiais avec une pointe d’appréhension. Voyant mon regard suspect, il s’expliqua ; «je vais seulement vous injecter une substance qui dilatera vos câbles et qui vous permettra de vous détendre pendant l’auscultation. Ça ne fait pas mal, mais comme c’est plutôt une intervention délicate, je préfère que vous soyez à l’aise.»

«D’accord.» Soupirai-je d’un raclement de vocaliser nerveux alors qu’il enfonçait l’aiguille dans le câble de mon avant-bras. Il avait raison. Toute intervention concernant le châssis étaient des plus délicates, car nos Sparks étaient la partie la plus précieuse et fragile que nous ayons et d’ouvrir nos plaques à quelqu’un d’autre que notre Sparkmate représentait souvent beaucoup de stress.

Même s’il s’agissait d’un médecin expert en mécanique.

«Bon, Starwind, détendez-vous sur la couchette afin que je puisse voir ce qui se passe dans votre châssis. Mhm ?» Me demanda gentiment First Aid tout en louchant sur son laser.

Cependant hésitante, je finis par me détendre comme il me le demandait en posant mes optiques bleues sur le néon au-dessus de moi. Attrapant nerveusement les bords de la couchette, j’attendis, non sans une touche d’anxiété, le début de l’auscultation qui démarra par l’ouverture de mon châssis. Instinctivement, je fermai mes optiques tandis que le laser séparait l’attache verrouillant l’accès à mon Spark pulsant à tout rompre. Il procédait méthodiquement. La tête penchée sur le côté, je vis l’expression sceptique qui ornait le visage du médecin attelé à sa tâche, en train d’ouvrir mon châssis en deux pour chercher la cause de mon soudain mal-être. Je grimaçai parce que je sentais ses doigts s’infiltrer derrière mes plaques de métal.

Je croisai ensuite le regard nerveux de Prowl, raide sur ses appuis. Le robot noir et blanc tapait rythmiquement du pede sur le sol brillant de l’infirmerie, ses optiques soucieuses suivant chacun des faits et gestes de First Aid à la recherche de la moindre erreur médicale. Tout comme moi, il arborait une expression méfiante, sans doute inquiet. C’était étonnant de voir l’importance qu’accordait le médecin à ses outils, leur donnant à chaque fois une étreinte affectueuse dès qu’il changeait d’accessoire sur la table. D’un petit ricanement amusé à cette image attendrissante, je me figeai subitement sur la couchette lorsque le robot atteignit la fameuse zone sensible dans mon châssis. Il remarqua mon soudain malaise, alors il abandonna ses fouilles pour récupérer son scanner qu’il passa sur l’intégralité de mon corps pour obtenir un plan holographique de mon mécanisme. À l’approche de la lumière rouge du scanner sur mon châssis, ce dernier se mit à clignoter frénétiquement avant de virer au vert lumineux sous les optiques abasourdies de First Aid.

«Ce n’est quand même pas ce que je crois...» Marmonna-t-il tout bas alors qu’il se retournait pour regarder les informations récoltées sur l’écran de son ordinateur.

Que voulait-il dire par-là ? Soumise à beaucoup de nervosité à cause du manque d’explications sur la situation, Prowl se rapprocha donc de ma couchette pour me rassurer par sa présence bienveillante tout en gardant sa main posée sur mon épaule. Il resserra doucement ses doigts autour de mes plaques avec un petit sourire compatissant. Il n’avait prononcé aucun mot depuis notre venue dans l’infirmerie, mais je pouvais toutefois détecter son impatience. Le mecha plissait soupçonneusement ses optiques à First Aid lorsque ce dernier continua de marmonner des mots incompréhensibles pendant qu’il déchiffrait les résultats de l’analyse sans même faire attention à nous. Je m’apprêtais à ouvrir la bouche pour exiger qu’il nous dise ce qui n’allait pas, mais le médecin laissa soudainement échapper un petit soupir de surprise de son vocaliser. Prowl se raidit à mes côtés.

«Par Primus ! C'est impossible !» S’écria le médecin, ahuri.

«Mais dites-nous ce qui ne va pas à la fin !» Je me retins de jurer au dernier moment à cause de ce suspense inutile, des larmes menaçant de se former dans mes optiques terrifiées. Je fus encore plus bouleversée quand First Aid se retourna finalement vers nous avec un large sourire aux lèvres et les bras croisés derrière son dos, l’air très fier de sa découverte. Il se balançait d’avant en arrière comme un jeune étincelant surexcité ayant reçu un cadeau ! Sauf que cet air ravi n’avait pas du tout l’effet escompté sur moi.

Jusqu’à ses prochaines paroles qui resteraient à jamais gravées dans ma mémoire.

«Starwind ! Vous portez un étincelant !» S’exclama-t-il joyeusement tout en frappant dans ses mains. Il avait beaucoup de mal à retenir son excitation de pouvoir s’occuper d’une fembot qui portait, une première depuis... Eh bien depuis le début de la guerre.

Un hoquet de surprise s’échappa de ma bouche malgré moi. Je voulais dire quelque chose, n’importe quoi, mais j’en étais tout simplement incapable. Choquée par cette annonce. Je... Portais ? J’allais devenir créatrice, moi ? C’était très difficile à croire et pourtant, la preuve se trouvait juste sous mes optiques, à cet écran d’ordinateur. Car en effet, un petit point lumineux pulsait à gauche de mon Spark, signalant le rythme régulier d’une nouvelle étincelle de vie dans ma chambre à étincelant. Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt... J’avais la réponse, évidemment. Avec les rebellions et les nombreuses attaques Decepticons sur la ville, l’idée de porter une Bénédiction de Primus ne m’avait même pas effleuré l’esprit, car il fallait être en parfaite harmonie avec son Sparkmate pour pouvoir espérer créer la vie de cette manière. Avec une période aussi sombre que celle-ci, c’était par conséquent quasiment impossible d’y parvenir. Les optiques écarquillées de surprise à cette nouvelle des plus inattendues, un grand fracas me tira subitement de mes pensées brumeuses.

Prowl venait de s’effondrer dans un tas sur le sol à côté de ma couchette les optiques fermées.

«Prowl !» Hurlai-je de peur pour mon ami dorénavant inconscient. Je descendis rapidement de la couchette pour tenter de le sortir de sa stase forcée en lui secouant les épaules, l’appelant encore et encore dans l’espoir qu’il revienne à lui.

First Aid se dirigea vers moi, puis me poussa délicatement hors de son chemin pour avoir une meilleure visibilité de Prowl étendu sur le sol de son infirmerie impeccable. D’une crête optique levée, il libéra un petit gloussement avant de s’agenouiller à côté du robot noir et blanc pour examiner son trouble. Trouble lié à une surchauffe de ses systèmes après une ascension émotionnelle incontrôlable. En d’autres termes, lorsque son CPU n'arrivait pas à traiter une information, il tombait momentanément en panne pour soulager la pression dans ses circuits... Un peu comme une stase forcée de dernier recours. Il m’avait déjà parlé de ce trouble, mais jamais je n’avais eu droit d’y faire face, et honnêtement j’étais désemparée.

Toujours sous le choc par cette nouvelle, je me redressai d’une main sur mon casque, les optiques larges de stupeur rivées au sol. Le rythme de mon Spark ne cessait d’augmenter tandis que mes mains tremblaient. Je n’arrivais tout simplement pas à y croire. Comment était-ce arrivé ? Non, comment était-ce possible... La plupart des étincelants venaient du Allspark ou de la maternusine où je travaillais avant, mais seulement certains rares cas naissaient de deux créateurs. De deux Sparkmates. C’était presque devenu un mythe, cette histoire de Bénédiction de Primus, car plus personne n’avait vu de mecha ou de fembot porter un étincelant depuis le début des hostilités. Depuis le début des bombardements sur Trypican et la fermeture des maternusines. Les quelques fembots qui résidaient dans la base étaient toutes liées à une exception près, mais aucune n’avait un étincelant à charge. Et c’était la même histoire du côté des mechas, trop occupés à devenir des soldats pour penser à la sauvegarde de notre espèce.

Peut-être que dans les centres spécialisés, il restait des étincelants... Un maigre espoir.

Tout à coup, je fus submergée d’un horrible sentiment de peur traversant mes câbles. Et maintenant ? Qu’étais-je censée dire à Ultra Magnus ? Sera-t-il furieux ? Ou au contraire, sera-t-il heureux ? Que dira-t-il avec la guerre qui faisait rage dehors ? Et ses responsabilités ? Évidemment que ce n’était pas le bon moment, que nous n’étions pas prêts à subvenir à ses besoins pendant cette triste période, mais les Bénédictions de Primus ne se décidaient jamais. Elles arrivaient, c’est tout. Me conformant à l’idée qu’il prendrait la nouvelle avec joie, je croisai mes bras protecteurs autour de mon châssis avant de ressentir le regard insistant de First Aid. Ce dernier semblait déceler mon combat intérieur alors, avec la plus grande délicatesse, il se dirigea vers moi pour prendre mes mains dans les siennes. Il me donna un doux sourire tout en tapotant amicalement le dessus de ma main, ses optiques bleues brillantes de sympathie.

«Starwind, écoutez-moi attentivement. C’est très important. Personne sauf nous et votre Sparkmate ne devra être au courant par mesure de sécurité. D'accord ? C’est une question de vie ou de mort. Vous portez l’une des rares Bénédictions en temps de guerre, alors choisissez bien vos alliés et vos amis. Cela faisait des cycles stellaires que je n’avais plus revu d’étincelants... Mais la vie doit être préservée à tout prix. Vous me comprenez ? Quoi qu’il en coûte, il faut que ça reste notre petit secret.» Me confia-t-il à voix basse, son expression devenant très sérieuse alors qu’il attendait de moi une confirmation. Lorsque j’acquiesçai silencieusement, il me relâcha puis se retourna vers Prowl qui était encore sur le sol dans un enchevêtrement de membres pour s’occuper de lui.

Le sentiment de peur persistait dans mon Spark, sauf que maintenant un autre sentiment beaucoup plus tendre venait de faire son apparition pour chasser mes idées noires.

Amour.

Je souris lentement avant de sortir de l’infirmerie, laissant mon ami aux soins du médecin spécialiste.

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Une fois à l’abri dans mes quartiers personnels, je commençais à tourner en rond, à faire les cent pedes au milieu de ma chambre pendant pas moins de deux groons. C’était comme si le temps tournait au ralenti. Une multitude de questions me trottaient dans la tête, dont une revenait sans cesse : comment lui annoncer la nouvelle ? Nous étions en conflit avec les Decepticons, il était hors de question de lui infliger cette responsabilité en plus ! Il avait déjà suffisamment de travail avec son unité pour s’occuper d’une nouvelle vie qui demanderait sans doute beaucoup d’attention. La désillusion était violente. Et quelque part, cette situation était injuste, pour tout le monde. Aussi bien pour Ultra Magnus que pour moi ou encore pour mon petit étincelant innocent, qui prenait lentement forme dans la sécurité de mon châssis.

Complètement mortifiée à l’ouverture fracassante de la porte de nos quartiers, j’implorai mon Sparkmate du regard lorsque son imposante carrure se dessina à l’embrasure. D’un léger sursaut, je positionnai ma main au-dessus de mon Spark tandis qu’Ultra Magnus pénétrait dans la pièce, en jetant quelques regards à droite et à gauche pour s’assurer que nous étions bien seuls. Il semblait être au bord de l’hystérie, probablement épuisé après avoir couru toute la distance pour me rejoindre dès l’instant où j’avais pris contact avec lui pour lui dire que nous avions besoin d’avoir une discussion. Un florilège d’émotions contradictoires s’écoulait dans notre lien de Sparkmates alors que je levai timidement mes optiques pour croiser les siennes troublées, avant qu’il ne prenne plusieurs grandes enjambées pour fermer l’écart entre nous.

Posant une grande main à l’arrière de ma tête, il s’agenouilla puis me plaqua désespérément contre son grand châssis dans une douce étreinte, ressentant toutes ses craintes et ses nombreuses interrogations par le lien. Je me sentais coupable de lui faire éprouver toutes ces choses... J’étais à l’origine de son incompréhension. Mais encore une fois, comment étais-je censée lui annoncer cela ? J’étais terrorisée à l’idée d’un potentiel rejet, terrorisée de voir de la colère ou de la déception se former dans son regard habituellement doux. Quoique sévère. Cette chaleureuse accolade dura quelques klik de plus avant qu’il ne me tînt à bout de bras pour me regarder dans les optiques, l’appréhension suintant dans son ton grave.

«Starwind ! J’ai reçu ton message, mais tu ne répondais plus à mes sollicitations. Alors dis-moi, que se passe-t-il ?! Je ressentais ta peur ! Qu’est-ce qu’il ne va pas ?» Interrogea-t-il, presque avec empressement tout en secouant doucement mes épaules.

Ses magnifiques optiques bleues affichaient de l’incrédulité, ce qui engendra encore plus de culpabilité dans mon Spark douloureux de remords. Je n’avais pas le droit de lui imposer ça... Ce n’était pas juste. Incapable de l’affronter, je regardai donc anxieusement le sol pendant quelques nano-kliks avant de finalement reprendre mon courage à deux mains pour diriger mes optiques tristes vers son visage perplexe. Je jouais inconsciemment avec mes doigts, comme à mon habitude lors de périodes stressantes, puis j’ouvris lentement la bouche après plusieurs encouragements de mon Sparkmate via le lien qui nous unissait si étroitement. Il n’y avait qu’une seule façon de lui dire la vérité.

«Je porte un étincelant.»

Ultra Magnus se raidit aussitôt, comme pétrifié par mes aveux. Demeurant complètement immobile face à moi, le grand mecha bleu et rouge infaillible était soudainement devenu très vulnérable, bien loin de l’image du soldat inébranlable qu’il renvoyait habituellement. Une réaction qui me glaça sur place. Son expression trahissait un profond choc, ses crêtes optiques étaient levées et sa bouche s’ouvrait avant de se refermer, incapable de formuler le moindre mot. D’innombrables émotions noyèrent notre lien telles que la peur, les doutes, l’échec, l’angoisse... Rien de positif à cette annonce qui pourtant devait être une nouvelle source de bonheur. Ce qui aurait certainement été le cas dans une autre vie, où la guerre ne divisait pas notre peuple, où la mort ne nous côtoyait pas de si près à chaque instant. Comment aurais-je pu lui en vouloir, après tout... Cependant, je ne pouvais me résoudre à accepter ce rejet. Mon instinct, aussi égoïste soit-il, voulait protéger ce fragile espoir que tout n’était peut-être pas perdu.

Que nous avions encore une chance.

«S’il te plaît... S’il te plaît ! Ne me demande pas de m’en débarrasser... C’est peut-être un signe du destin ! Il y a peut-être encore de l’espoir et des cycles meilleurs en perspective. Une Bénédiction comme celle-là ne se reproduira pas deux fois dans une vie. Je t’en prie, essaie d’y croire...» Lui plaidai-je en joignant les mains devant moi à son silence à rallonge, les ailettes tombantes. Les larmes de désespoir obstruaient bientôt ma vision. Ma voix s’éteignait, tout comme mes espérances face à ce regard intransigeant.

Mais contre toute attente, Ultra Magnus me ramena contre lui dans une étreinte remplie d’amour, après que toute sévérité eut disparu de son visage. Il m’enlaça d’un bras autour du dos, puis posa son menton sur mon épaule d’un sourire que je n’aperçus que du coin de mes optiques. Voir un sourire sur son visage d’ordinaire si sérieux était un spectacle rare… Un simple geste suffisant à réchauffer mon Spark et à dissiper mes plus grandes inquiétudes quant à l’avenir. Notre avenir… À tous les trois. Le grand robot silencieux caressa mes petites ailettes du bout des doigts, me baignant de sentiments profonds comme l’amour véritable, la sincérité, le bonheur et l’épanouissement. La peur et l’incertitude n’étaient plus que de lointains échos, de mauvais souvenirs. Je me sentis immédiatement soulagée lorsque la pression se relâcha enfin, déclenchant un déluge de larmes alors que je resserrais mes bras autour de mon Sparkmate compréhensif.

Car il était connu qu’Ultra Magnus n'aimait pas les responsabilités trop lourdes à porter. Mais avec ce petit étincelant en programmation, il était temps d'apprendre à y faire face.

Nos deux Sparks pulsaient en harmonie, je profitai de ce contact précieux pendant qu’Ultra Magnus m’apaisait en continuant de partager des émotions positives dans le lien, jusqu’à ce que mes larmes cessent complètement. Tout comme moi, il était effrayé. Nous étions tous deux terrifiés à l’idée de devenir créateurs en ces temps si sombres... Enfermés dans une base souterraine sous la ville de Trypican, sans la moindre idée du moment où nous pourrions revoir les soleils de notre glorieuse planète. Dans l’incertitude absolue. Un monde hostile et peu accueillant où les nouvelles vies n’étaient plus notre priorité.

«Nous allons y arriver, ensemble.» Me murmura-t-il à l’audio, les sentiments agréables continuant de se déverser dans mon Spark.

Oui, ensemble.

{==1 cycle Stellaire et 6 Deca cycles plus tard==}

Douleur !

Par Primus, c’était comme si mon châssis allait fondre d'un klik à l'autre ! Ce n'était pas normal. Pas du tout, même.

Mes hurlements d’agonie pouvaient être perçus à des kilomètres à la ronde, et je ne serais pas étonnée que ceux qui se trouvaient à la surface les entendent également. J’étais dans les quartiers de Prowl lorsque la douleur devint subitement insupportable, lancinante au niveau de mon châssis. Cela avait débuté par un petit point douloureux non loin de mon Spark, mais jusque-là, rien de vraiment alarmant, étant donné qu’il s’agissait de symptômes récurrents lorsqu’un robot portait un étincelant. Selon les dires de l’unique médecin de la base. Puis soudainement, alors que j’avais une pile de datapads en main, cet endolorissement généralisé se concentra sur le côté gauche où se trouvait la chambre à étincelant. Et cela fut si brutal, si inattendu que mes jambes se dérobèrent sous mon poids, me faisant tomber au sol dans un cri d’étonnement.

À présent balayée par des vagues incessantes de douleurs atroces que je ne saurais décrire avec des mots, j’étais conduite en urgence vers l’infirmerie de First Aid, aux côtés de Prowl. Sa réactivité avait été impressionnante... Dès qu’il me vit étendue sur le sol de son bureau, me tenant le châssis, il ne perdit pas une astroseconde pour réagir, gardant toute maîtrise sur son processeur afin de m’apporter le soutien dont j’avais besoin. C’était admirable. Prowl avait vraiment fait tout ce qui était en son pouvoir pour me rassurer et me promettre que tout se passerait bien une fois entre les mains expertes de notre médecin, masquant sa détresse derrière des sourires et son habileté à dissimuler ses émotions. Cependant, ma stupidité n’avait d’égale que mon inconscience. J’aurais dû aller chez First Aid dès les premiers symptômes, au lieu de me résoudre à penser que toute cette gêne était tout à fait normale à la fin de la croissance de l’étincelant.

Oui, ô combien j’aurais dû...

Ne pouvant même plus me tenir sur mes pedes tant cette douleur était vive, je me laissai donc entraîner par le tacticien pressé de rejoindre l’infirmerie. Je serrai ses pauvres doigts alors que sa voix réconfortante pénétrait dans mon audio gauche, me concentrant uniquement sur cette dernière pour ne pas me laisser emporter par ma terreur. Cette peur de l’inconnu était la pire sensation au monde. Qu’allait-il se passer maintenant ? Était-ce un bon ou un mauvais signe ? La poche dans laquelle grandissait l’étincelant n’avait pas encore été perforée, car mon armure ne présentait aucun signe de liquide étranger. Ce qui, par conséquent, voulait dire qu’il n’était pas encore arrivé à terme. Alors pourquoi cette douleur ? Que représentait-elle ? Ma terreur ne cessait de grandir à chacun de nos pas précipités.

Un nombre incalculable de questions se bousculaient dans mon esprit tourmenté au fur et à mesure que nous avancions difficilement dans les couloirs, fort heureusement vides. Rapidement rejoint par mon Sparkmate paniqué de me voir dans cet état après avoir ressenti ma souffrance dans le lien, il me souleva dans ses bras pour aller plus vite et ainsi libérer le mecha noir et blanc de son fardeau. Je n’avais jamais vu ce regard sur le visage d’Ultra Magnus... Il semblait perdu, complètement déboussolé tandis qu’il s’élançait dans le grand couloir avec Prowl sur ses traces, hurlant des choses que je comprenais à peine. Je vacillai, je n’entendais plus aucune de leurs paroles néanmoins je pouvais dire qu’elles n’étaient pas de bon augure, d’après l’expression inquiète de mon Sparkmate affolé à l’idée de me perdre ou de perdre notre étincelant. Le voir ainsi, être dépourvu de tous ses moyens et de son assurance, ne me rassurait aucunement.

Ce n'est pas normal ! Me répétai-je inlassablement, même si cela ne changeait strictement rien à la situation alors que je fermais hermétiquement les optiques d’une grimace éprouvante, mes doigts se resserrant autour du bras d’Ultra Magnus.

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POV Normal

First Aid était comme dans un état second. Il ne comprenait tout simplement pas ce que son scanner affichait.

Excédé, le robot blanc et rouge frappa furieusement sur son clavier d’ordinateur, refusant catégoriquement d’affronter la vérité en face. Mais c’était malheureusement inéluctable. Crachant une rapide malédiction à l’écran devant lui, le médecin finit par se retourner vers le couple inquiet qui attendait anxieusement les résultats des nombreux tests effectués dans la précipitation. Comment était-il censé leur annoncer quelque chose comme ça… Et briser tous leurs espoirs ? Seulement, ce genre de moment embarrassant faisait partie de son travail, et il devait se montrer professionnel en toutes circonstances. Le tacticien noir et blanc était également présent dans la salle, se tenant sagement contre le mur du fond, non loin de la couchette occupée par la petite fembot bleu clair épaulée par son Sparkmate au gabarit colossal.

Starwind se tordait de douleur sur la couchette tandis qu’Ultra Magnus lui tenait la main dans les siennes tout en la rassurant du mieux qu’il le pouvait, se battant intérieurement pour ne pas céder à sa propre panique. La douleur qui s’écoulait dans le lien, il n’avait jamais rien ressenti de tel depuis leur liaison... Ne rien laisser transparaître, c’était son objectif premier. Mais comment rester de marbre lorsque votre Sparkmate éprouvait un véritable supplice, juste sous vos optiques ? C’était si difficile de rester digne, de se contenter d’assister impuissamment à la souffrance... De ne pouvoir lui venir en aide d’une quelconque manière afin de soulager son Spark de toute cette détresse accumulée. Grimaçant au lien inondé d’émotions négatives, Ultra Magnus resserra ses mains autour de celle tremblante de Starwind lorsque le médecin contourna la couchette avec de grandes pinces pour commencer l’extraction du petit étincelant. La cause de son mal-être.

«Ce ne sera pas agréable... Mais il faut faire vite.» Prévint First Aid tout en gardant ses optiques rivées sur les outils disposés sur la table. À son approche silencieuse, le grand mecha bleu et rouge toisa sévèrement le médecin se faisant plutôt discret depuis qu’il avait déchiffré les résultats de l’analyse. À ce moment précis, quelque chose en lui se brisa. Peut-être étaient-ce les remords qui le rongeaient, sa santé mentale affectée, ou bien les cris de sa compagne qui en furent l'élément déclencheur… Quoi qu’il en soit, il ne pouvait plus le supporter.

Il fallait que cela cesse.

«Que se passe-t-il, ici ?! J’exige des réponses !» Tonna Ultra Magnus après avoir épinglé le pauvre First Aid contre le mur le plus proche, ses optiques blanches de fureur plongées dans celles apeurées du médecin tremblant sous sa poigne.

«E-elle perd v-votre étincelant. I-il faut l’extraire au plus vite avant que tous les deux ne s-succombent !» Bégaya ce dernier, les mains crispées autour du poignet qui le maintenait fermement contre le mur derrière lui. Mais face au regard confus que lui lança son agresseur, il ajouta précipitamment.

«Le s-stress de votre compagne a fait réagir son protoforme contre le corps étranger, e-et donc, d’une certaine manière, il le rejette ! Alors maintenant, laissez-moi faire mon travail si vous ne voulez pas les perdre tous les deux !» Grogna First Aid qui, d’une clé de bras, se dégagea de l’emprise du grand mecha pour retourner à la couchette où un travail pénible l’attendait.

Ultra Magnus, quant à lui, se contenta de regarder fixement le mur devant lui avec une sorte d’hébétude. Qu’avait-il fait ? Le stress de sa Sparkmate était de sa faute... Tout était de sa faute. Il avait été beaucoup trop absent ces derniers deca cycles alors que Starwind avait le plus besoin de lui à ses côtés, pour le bon développement de son étincelant qui était peut-être déjà compromis. Toutes ses patrouilles dans la ville de Trypican, ses entraînements répétitifs avec ses soldats, et cette mauvaise habitude qu’il avait de faire passer son travail avant sa famille... Au lieu de constamment la laisser toute seule avec Prowl, il aurait mieux fait de rester auprès d’elle durant tout le processus de développement de l’étincelant. Son étincelant, qui était désormais entre la vie et la mort. Un flot de remords se bouscula dans son Spark, car désormais à ses propres optiques, il était un Sparkmate pitoyable et lâche. Le pire créateur de cette planète...

Derrière lui, First Aid prépara une seringue remplie d'un liquide rose pâle, puis l’injecta aussitôt dans le câble du cou de Starwind afin de la calmer et d’atténuer ses douleurs spasmodiques. Il avait besoin qu’elle reste parfaitement immobile pour les prochaines étapes de l’extraction. La fembot gémissante grinça des dentas avant que son corps tout entier ne se détende enfin le long de la couchette, relâchant sa prise sur les bords de cette dernière dans un petit soupir d’épuisement. Durant son agonie, elle avait croisé le regard inquiet du tacticien dans le coin de la pièce, qui se contentait de la regarder sans rien dire, un visage assombri par la pénombre et qui ne lui inspirait pas confiance du tout. Néanmoins, incapable de dire quoi que ce soit tant elle était lessivée par cette épreuve physique, elle se tourna donc vers le médecin lorsqu’il prit la parole.

«Starwind, écoutez-moi attentivement s’il vous plaît. Vous devez absolument ouvrir vos plaques de torse pour que je puisse accéder à la chambre à étincelant se trouvant à quelques centimètres de votre Spark. Je vais être honnête avec vous, ce ne sera pas une partie de plaisir. Alors faite-le maintenant.» Lui expliqua-t-il avec un soupçon de nervosité dans sa voix, une main se posant sur son épaule pour qu’elle reste attentive.

Starwind hocha naturellement la tête, car elle avait senti l’urgence dans le ton du médecin qui faisait de son mieux pour rester calme, allant même jusqu’à arborer un petit sourire encourageant quand elle ouvrit enfin son châssis en deux. First Aid s’attela immédiatement à la tâche. Posant un écarteur pour empêcher la refermeture automatique des plaques, il saisit ses grandes pinces pour commencer l’extraction de l’étincelant, encore protégé dans sa poche à energon intacte. Ce travail minutieux et extrêmement complexe devait être réalisé rapidement afin de limiter au maximum la perte d’énergie chez la fembot, qui transférerait une partie de ses réserves vers le petit étincelant, incapable de vivre par lui-même à cet âge. Leurs deux Sparks étaient connectés par cette poche protectrice et si l’un d’eux venait à mourir, l’autre pourrait tout aussi bien succomber.

Or, d’après ses calculs, cet étincelant serait beaucoup trop prématuré pour espérer avoir une chance de survie...

Atteignant enfin la poche dissimulée derrière de gros câbles d’alimentation dans la cale, First Aid enfonça délicatement ses pinces dans le châssis de Starwind pour saisir l’amas de métal et le sortir à la lumière froide des néons. Il libéra alors le liquide bleuâtre sur le sol, prenant soin de récupérer avec précaution le minuscule protoforme argenté dans ses mains, coupant ainsi la distribution d’énergie entre la créatrice et l’étincelant. Rapidité et méthode guidaient chacun de ses gestes. Sur la couchette, Starwind haletait de soulagement tandis que First Aid déposait le petit robot inerte sur sa table de travail, entamant une réanimation à base de pulsations électromagnétiques à faible fréquence. Les cris de la fembot n’étaient plus qu’un lointain souvenir. Désespéré, il massait le petit châssis de l’étincelant pour tenter de redémarrer son Spark à l’arrêt, mais aucune réaction ne se manifestait. Ses paramètres vitaux restaient critiques.

Ultra Magnus se redirigea vers Starwind une fois le travail du médecin terminé pour caresser amoureusement son casque d’un regard adouci. S’assurant que sa Sparkmate allait bien, il jeta ensuite un coup d’optique vers First Aid, dos tourné en diagonale par rapport à eux, et comprit rapidement que ses efforts pour réanimer son étincelant avaient été vains. Les épaules affaissées par la défaite et des larmes d’injustice naissantes aux optiques, le robot blanc et rouge se retourna vers le couple avec un regard chargé d’excuses, le petit protoforme immobile reposant entre ses mains. S’il y avait bien une chose que First Aid détestait plus que tout dans son métier, c’était ce sentiment d’avoir échoué... D’avoir perdu une vie. Il secoua vigoureusement la tête, ses optiques tristes posées sur le petit corps inerte de l’étincelant qu’il déposa doucement dans les bras massifs de son créateur, lui-même en état de choc.

«Je suis désolé... J’ai fait tout ce que j’ai pu.» Regretta First Aid d’un petit haussement d’épaules impuissant, la mine tombante au regard vide d’Ultra Magnus.

Les larges épaules du grand mecha se contractèrent d’un coup. Ses optiques fixaient intensément le petit visage de son étincelant complètement apathique alors qu’il était censé voir la jolie couleur bleue typique de ses optiques et entendre ses petits gazouillis. Pas ce silence sourd et angoissant... Il avait vu assez de morts comme ça au cours de sa vie. L’étincelant inactif niché contre son châssis, Ultra Magnus poussa un rugissement de rage, puis fracassa son poing dans le mur, y laissant une brèche dans le métal sous la violence désespérée de son coup. C’était injuste et immoral ! Aucun créateur ne devrait avoir à affronter cette horrible réalité, surtout pas en temps de guerre où la vie était sacrée et si précieuse. Non, c’était trop affligeant pour le supporter.

À l’écoute de la douleur de son Sparkmate, Starwind restait parfaitement immobile sur la couchette, ses optiques ternes et vidées de toute émotion absorbées par le néant. Les ailettes raides et le châssis toujours grand ouvert, elle n’y prêtait aucune attention tandis qu’elle se redressait en position assise sans jamais quitter le vide du regard. La phrase du médecin désolé tournait en boucle dans son processeur, comme une moquerie incessante de ce qu’elle venait de perdre après tant de temps à attendre sa venue. Tant de soins... Et d’espoir, pour accueillir l’une des rares Bénédictions de Primus sur leur planète meurtrie. Autant de concessions et d’interrogations pour lui offrir un monde meilleur, loin de la peur et de la désolation. Les audios saturés et la vision trouble, la fembot vit l’expression dévastée de Prowl du coin de l’optique, mais seules les pulsations lentes de son Spark comptaient à ce moment-là pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Ultra Magnus offrit la possibilité à Starwind de voir leur petit étincelant défectueux en le déposant délicatement dans le creux de ses bras, ce qui déclencha une série de lamentations qu’elle ne voulait pas retenir en elle. S’accrochant désespérément au petit protoforme argenté, elle l’enlaça puis posa sa tête contre la sienne tout en se balançant d’avant en arrière sur la couchette, donnant un spectacle des plus accablants aux autres robots présents. Rien ni personne ne pourrait jamais les soulager de leur perte. Ultra Magnus posa sa main dans le dos de Starwind pendant qu’il retenait ses propres larmes, n’étant absolument pas habitué à extérioriser ses émotions et encore moins en public. Pourtant, c’était trop difficile... Trop douloureux pour ne pas céder à la tentation. Et finalement, son chagrin se transforma en une rage noire lorsque le médecin s’avança pour reprendre l’étincelant dans les bras de sa créatrice inconsolable.

Mauvaise idée.

Dès l’instant où le bot bicolore enroula ses doigts autour du petit corps mou, il fut soudainement confronté à une paire d’optiques blanchies par la colère, semblables à celles croisées juste avant l’intervention. Ultra Magnus répondait à son instinct primal. Quelque peu pris de court par cette réaction, First Aid s’éloigna de la couchette puis leva nerveusement les mains en voyant le mecha enragé pointer son pistolet vers lui, son regard massacreur glaçant l’energon dans ses câbles. Ses optiques s’élargirent de terreur, son Spark se mit à pulser frénétiquement derrière les plaques de son châssis. Mais que faisait-il ?! Effrayé par le brusque changement de comportement d’Ultra Magnus, le médecin recula précipitamment jusqu’à heurter l’une de ses tables mobiles, qui bascula en déversant ses outils dans un vacarme assourdissant.

«Je vais te tuer !» Vociféra le robot bleu et rouge entre ses dentas serrées de haine.

«Q-quoi ?! N-non ! Attendez ! J’ai fait ce qu’il fallait, je vous le jure ! Mais il était trop en avance ! Il n’y avait rien à faire !» Se justifia First Aid qui secoua rapidement la tête, la panique déformant sa voix alors que le chef d’unité contournait la table pour le menacer avec son arme. Ce n’était pas de sa faute ! Il ne voulait pas mourir ! Par chance, le tacticien de la base décida d’intervenir à ce moment-là.

«Ultra Magnus, stop ! Ne faites pas ça ! Vous êtes en colère, et c’est tout à fait légitime car en ce moment même, vous en voulez au monde entier. Ce qui vous arrive est injuste et ignoble, nous le comprenons. Mais tuer un innocent n’apaisera pas votre douleur... Croyez-moi.» S’interposa-t-il en se positionnant entre les deux bots en conflit, une main dressée vers Ultra Magnus et l’autre vers le médecin pétrifié.

Sur la couchette, Starwind serra instinctivement l'étincelant contre son châssis quand elle ressentit les vives émotions de son Sparkmate dans leur lien, cherchant à réconforter sa création même si elle n’était plus animée. Les optiques fermées, la fembot tenta d’ignorer les cris dans l’infirmerie, tendue comme jamais, en se focalisant sur les faibles pulsations de son Spark anéanti par la douleur. Sa douce lumière bleutée se reflétait sur le protoforme gris dans ses bras. Le pouce frottant l’arrière de sa petite tête, elle finit par ouvrir la bouche pour sommer aux mechas de se taire et de la laisser tranquille, quand elle crut avoir senti du mouvement. Ce mouvement, si faible soit-il, ne pouvait être une illusion, elle en était certaine. Et en baissant son regard débordant d’espoir vers l’étincelant dans ses bras, elle fut accueillie par de minuscules optiques bleues épuisées.

«Primus ! Il est vivant !» S’exclama-t-elle de stupéfaction, ses optiques rondes de choc fixant le jeune protoforme encore fragile dans ses bras. Il remuait à peine, mais son Spark pulsait bel et bien, elle ressentait désormais sa présence dans le lien créateur.

C’était un miracle.

Ultra Magnus se retourna aussitôt vers sa Sparkmate pour assister à une scène des plus invraisemblables. Il fallait le voir pour le croire ! En effet, le petit étincelant bougeait faiblement dans les bras de sa créatrice, poussant même de petites plaintes mécaniques qui résonnèrent comme une sublime mélodie aux audios des robots abasourdis. Bien que très petit et fragile, le jeune protoforme s’accrochait résolument au châssis de sa créatrice, qui était littéralement sans voix, incapable de réaliser qu’il était actif. Ultra Magnus se souviendrait toute sa vie du regard de sa Sparkmate à cet instant précis, ainsi que du sentiment de libération qu’ils partagèrent tous deux. Extrêmement soulagé et reconnaissant pour cette incroyable chance, le mecha bleu et rouge abandonna toute trace d’hostilité pour rejoindre sa petite famille désormais réunie, arborant un sourire qu’il n’avait encore jamais esquissé auparavant.

Pour First Aid, c’était une scène surréaliste d’un point de vue médical.

C’était quelque chose qu’il était tout bonnement incapable d’expliquer dans son jargon technique. Serait-ce le destin ? Un coup de pouce de Primus ? L’amour inconditionnel de deux créateurs en harmonie ? Une erreur médicale ? Dans tous les cas, il était soulagé au plus haut point car il s’en était fallu de peu pour qu’il se retrouve avec un énorme vide à la place du Spark ! Incroyablement rassuré, mais encore sous l’emprise de l’adrénaline, le médecin se laissa lentement glisser jusqu’au sol pour étendre ses longues jambes devant lui, le regard perdu sur les Sparkmates qui accueillaient chaleureusement leur nouveau petit étincelant miraculé. Et dire que ce dénouement lui avait paru hautement improbable quelques instants plus tôt ! Comme quoi, il venait d’avoir la preuve vivante que tant qu’il y a de l’espoir, la vie trouve toujours son chemin.

Prowl sourit doucement à la petite famille recomposée après cette épreuve traumatisante, puis décida de s’éclipser de l’infirmerie pour rejoindre la tranquillité de ses quartiers, laissant seuls les deux Sparkmates désormais en besoin d’intimité pour leur synchronisation.

Il était moins une !

À suivre...

VP


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