Petite Etincelle
Juste pour vous aider -> le CPU c'est le cerveau chez les Transformers.
CHAPITRE 4
POV Starwind
L'alarme s'était déclenchée il y a quelques breems.
ALERTE INTRUS, ALERTE INTRUS, DIRIGEZ-VOUS VERS LES ZONES DE CONFINEMENT
Tous les bots du camp des réfugiés couraient et hurlaient de terreur, cherchant désespérément un moyen de s’enfuir avant que tout n’explose autour de nous dans un immense brasier mortel. Les soldats se rassemblaient actuellement au centre de la base souterraine, et des mots tels que «attaque» et «urgence» pouvaient être entendus dans leurs voix alarmées. Mon Spark me faisait mal, intensément mal. J’étais envahie par une peur profonde et par la confusion de cette situation inquiétante. Se mettre en sécurité, c’était le seul impératif. Il fallait à tout prix que je quitte cet endroit le plus vite possible, avant qu’il ne soit trop tard... La vie devait absolument être préservée du mal qui rongeait ce monde, notre monde. Comme nous l’avait si bien dit Optimus le cycle solaire où il était devenu Prime. Ce n’était cependant pas le moment de réfléchir à ses paroles pleines de sagesse, car une menace bien plus pressante pesait sur nous.
Je sortis hâtivement de mes quartiers en regardant de gauche à droite avant de me précipiter dans les couloirs, tout en ignorant du mieux que je le pouvais le petit tiraillement persistant dans mon lien. Ce n’était pas du tout le moment ! On devait impérativement sortir d’ici, c’était là mon unique objectif en ce groon précis. Prenant mon courage à deux mains, je marchais d’un pas rapide mais silencieux dans le couloir désormais complètement vide, les lumières vacillantes au-dessus de ma tête, et mes optiques fouillant frénétiquement les moindres recoins pour repérer chaque mouvement suspect. À la moindre menace, je devrais fuir aussi vite que mes jambes me le permettraient, donc il fallait que je reste vigilante en permanence.
Beaucoup trop calme, me dis-je d’un déglutissement nerveux. Il n’y avait que des sons d’explosions qui retentissaient à la surface, faisant trembler le sol à mes pedes dans de violents spasmes. Je sentais chaque secousse résonner jusqu’à mon châssis.
Puis en bifurquant dans un autre couloir, un peu plus sombre que le précédent, j'entendis à travers une grille d'aération des voix que je reconnus comme étant celles de Prowl et de Blaster. Que faisaient-ils encore ici ? Ils auraient dû rejoindre les autres au centre de la base, là où la sécurité était supposée être la plus élevée ! Le Code Rouge ne cessait de se répéter en boucle dans les haut-parleurs, et cette voix criarde me perçait les audios. Accentuant la peur que je ressentais jusque dans mes plus petits boulons. Le plafond au-dessus de nos têtes menaçait de céder à tout instant sous le poids des explosions incessantes à la surface de la planète, affaiblissant toujours plus les fondations, à mon plus grand désarroi. Que se passait-il là-haut à la fin ? Terriblement anxieuse, je me collai furtivement au mur pour écouter la conversation des deux mechas à l’intérieur de la salle de contrôle, esquissant une grimace lorsque Blaster hurla.
«Qu’est-ce que tu attends ?! Il faut évacuer le plus vite possible ! Les Decepticons ne vont plus tarder à pénétrer dans la base ! Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’ils ne réussissent à faire une brèche !» S’écria ce dernier, furieux. Prowl répondit ensuite d'une voix calme.
«Non, nous ne pouvons pas sortir sans nous faire massacrer. Les deux voies d'évacuation sont sûrement surveillées par nos ennemis, ils veulent nous cueillir les uns après les autres. Il faut récupérer le plus de soldats et bots volontaires pour défendre le périmètre. Nous devons tenir bon jusqu’à l’arrivée des renforts.» Répondit-il d’une courte pause avant de reprendre avec la même sérénité anormale dans ces circonstances ; «rassemble tout le monde dans la salle principale pour minimiser les pertes et trouve des volontaires. Cette base a été étudiée pour résister à ce genre de menace, nous y sommes en sécurité pour le moment.»
Blaster répondit oui d’un ton sec et rapide, avant d'ouvrir la porte puis de s’élancer dans les couloirs en direction de la salle principale, comme le lui avait suggéré Prowl à l’instant. Leur ton alarmé m’avait vraiment fait froid dans le dos… Cela montrait bien que ce n’était pas juste une simple attaque de représailles de la part des Decepticons, mais bien une offensive de grande ampleur. Les bruits terrifiants et répétitifs, semblables à des bombardements, ne faisaient que confirmer cette impression. Chaque vibration résonnait dans mes mains comme un avertissement, un compte à rebours silencieux avant le pire. Toujours affalée contre le mur du couloir, je regardais avec des optiques écarquillés la fuite du bot rouge, avant de m'avancer dans la salle qui demeurait ouverte après son passage, dévoilant le mecha que je cherchais depuis tout à l'heure.
«Prowl ?» Ma voix tremblait et des larmes d'energon se remplissaient dans mes optiques bleues.
L’Autobot noir et blanc en question se tenait actuellement dos à moi, devant une immense vitre qui donnait sur l’entièreté de la salle principale de cette base souterraine. Soi-disant le lieu le plus sûr… mais pour combien de temps encore ? Il semblait complètement perdu dans ses pensées alors qu’il contemplait les bots en contrebas se rassemblant dans la panique, jusqu’au moment où il entendit ma voix. Petite et frêle. Ses ailes accrochées à ses larges épaules se contractèrent, et doucement, il se tourna pour me faire face et afficha une expression de surprise. Ses optiques étaient grandes, teintées d’une hésitation muette, avant qu’il ne pousse un profond soupir et ouvre grand ses bras pour m’inviter à le rejoindre. J’hésitai une fraction de nano-klik, submergée par l’angoisse et le soulagement mêlés puis mes jambes me portèrent d’elles-mêmes vers lui, comme attirées par une force plus forte que la peur.
Pas besoin de me le dire deux fois. Je traversai la pièce en deux grandes enjambées puis me plongeai aussitôt dans ses bras accueillants pour une douce accolade. Mon audio gauche posé contre son châssis strié d’usure, je fermai les optiques tandis que je resserrais instinctivement mes bras autour de lui. J’avais tant besoin de contact… D’être rassurée que tout cela n’était qu’un horrible cauchemar éveillé. Qu’il me dise que j’avais des hallucinations liées à la fatigue et que j’avais juste besoin de faire un check-up chez First Aid pour que tout redevienne normal. Mais malheureusement, je n’entendis rien de tout cela. Juste les vibrations rassurantes de son Spark derrière mon audio. Sa main droite vint se poser à l’arrière de mon casque pendant qu’il me berçait contre la chaleur de son étincelle pulsant à un rythme régulier, cherchant à me réconforter.
«Starwind...» Souffla-t-il après un long moment dans cette position, conscient que ce répit pourrait être le dernier. Mes larmes d'energon coulaient maintenant à flots le long de mes plaques de joues et venaient éclabousser l'armure noire et blanche ci-dessous. Prowl caressa mon audio avant de reprendre la parole une seconde fois.
«Je suppose que tu as tout entendu ?» Me demanda-t-il doucement, même s’il connaissait d’ores et déjà la réponse à cette question. Toutefois mon petit hochement de tête était nécessaire pour qu’il puisse continuer.
«Écoute-moi bien. Rien ne vous arrivera, je t’en fais la promesse. Mais il faut que tu restes cachée dans ta chambre et que tu attendes que je vienne te chercher. Tu m’as compris ? C’est très important.» Sa voix était sévère mais calme alors qu’il me libérait de son étreinte pour me regarder droit dans les optiques, cherchant de la compréhension dans mon regard humide.
«Je t’en prie, viens avec moi ! Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur… Et si… » Me lamentai-je sans finir ma phrase, attrapant son bras pour le tirer avec moi vers la sortie mais il ne fit aucun mouvement pour me suivre.
«Je ne peux pas… Les autres comptent sur mon aide. Nous avons besoin de tous les soldats sur le pont pour repousser la menace qui sévit au-dessus de nous. Ne t’inquiète pas, ça va aller. Je te retrouverai plus tard, comme promis.» Rassura-t-il en retirant son bras de mon emprise d’un sourire triste que je connaissais trop bien. Un froid m’envahit aussitôt.
Lui-même n’en savait rien de l’issue de cette attaque.
Malgré tout, il avait ce talent de me rassurer en toute circonstance, et cette fois-ci ne faisait pas exception. En dépit de la situation apparemment désespérée, il parvenait toujours à calmer mes circuits en ébullition chaque fois que le stress m’envahissait. J’étais pleine de gratitude envers lui. Mais j’avais surtout une confiance aveugle en ses analyses. Alors, je relevai mes optiques vers son visage soucieux avant d’hocher lentement la tête, les larmes disparaissant peu à peu de mes joues. Prowl me sourit encore une fois avant de prendre du recul puis de se retourner vers le large bureau pour vérifier les caméras de surveillance. Je fis de même, cependant avant de sortir de la pièce pour aller me cacher dans ma chambre comme il me l’avait demandé, malgré mes a priori, je me retournai à nouveau vers le mecha noir et blanc. Surpris de voir que je n’étais toujours pas partie, ses crêtes optiques se levèrent d’incrédulité.
«Oui, Starwind ?» Il croisa poliment les mains devant lui en attendant ma requête. Je jouais nerveusement avec mes doigts avant de lui répondre précipitamment, sous la pression.
«Je... Rien.» Chuchotai-je finalement après avoir perdu tout courage de lui dire ce qui me pesait sur le Spark.
Plus embarrassée qu’autre chose, je secouai rapidement la tête en m’éclipsant avec hâte de la salle de contrôle pour rejoindre mes quartiers personnels situés à quelques couloirs de là. Je me sentais tellement ridicule… Et lâche aussi. Si cette maudite timidité ne sévissait pas toujours autant, peut-être que les choses auraient été différentes, et à bien des égards ! Mon embarras se transformant vite en agacement face à tous ces défauts pénibles du quotidien, j’ouvris de nouveau la porte de mes quartiers et m’installai au bord de ma couchette en poussant un faible soupir. Les bruits et les tremblements avaient cessé depuis quelques breems, alors je décidai de m’allonger un peu pour faire une courte stase le temps que Prowl vienne me chercher.
Tandis que je fixais pensivement le plafond gris au-dessus de moi, mes doigts glissèrent inconsciemment sur mon châssis, juste au-dessus de la chambre à étincelant. Je chérissais les rares moments que je partageais avec Prowl. Un mecha toujours très occupé, obsédé par l’ordre et la sécurité dans ce camp caché sous la ville de Trypican, à l’abri des regards. Mais avant tout, il était mon meilleur ami. Celui en qui j’avais une confiance absolue, celui qui me faisait rire malgré lui. Je respectais chacun de ses choix de vie, chacune de ses convictions, même si certaines me semblaient parfois difficiles à comprendre… Surtout lorsqu’il s’agissait de questions de sécurité. Pourtant, je savais qu’il portait un poids invisible, un fardeau qu’il cachait derrière son calme apparent. C’était ce même poids qui expliquait sa détermination sans faille à nous protéger, quel qu’en soit le prix. Dans ces instants de silence, je regrettais que nos échanges soient souvent limités à des ordres et des consignes au lieu de véritables confidences.
Anxieuse et les batteries à plat, mes optiques devinrent lourdes. Ce fut avec une dernière pensée pour Primus que je tombai enfin en stase, la main droite posée sur le haut de mon châssis bleu.
Primus, faites qu'il rentre en toute sécurité.
{==10 cycles Stellaires avant==}
«Cybertroniens, Cybertroniennes, une rébellion vient de débuter ce cycle. Nous avons construit cette base souterraine afin de mettre en sécurité les citoyens de Trypican, autrement dit, vous. Vous serez sous notre entière responsabilité le temps de résoudre ce petit problème d'entente. Soyez rassurés, avec moi vous serez en toute sécurité durant la totalité de votre séjour.»
Je regardais avec grand intérêt le robot qui s’adressait directement à nous, habitants de Trypican, rassemblés au centre même de cette nouvelle base souterraine. Une base tenue secrète qui avait été construite dans cette éventualité où les Decepticons se rebelleraient. Tout portait à croire que c’était prévisible… Que notre gouvernement savait à l’avance ce qui allait arriver. L’Autobot, plutôt bavard, arborait une armure blanche agrémentée de larges parties peintes en rouge profond, notamment ses épaules et ses tibias. Sa taille était impressionnante, surtout comparée à la mienne bien inférieure à celle de la majorité des fembots. En conséquence de mon mode alternatif à deux roues, petit mais furtif. Dans son dos, il portait deux grandes lames tranchantes comme des rasoirs qu’il cachait précieusement entre deux longues ailes touchant presque le sol à ses pedes tout aussi larges pour soutenir son poids conséquent.
Mhm, un bot aérien, remarquai-je.
Il avait également une voix profonde qui rebondissait sur les murs de métal tout autour de nous dans un écho sinistre, nous rappelant cruellement que dorénavant, nous vivrons dans les fondations de Cybertron. À plusieurs centaines de mètres sous la surface. Au moins pour un temps, c’était certain… Ce mecha portant la désignation de Blades, si j’avais bien suivi son discours ennuyeux depuis le début, nous observait tous avec dédain, son châssis blanc gonflé d’une fierté à peine dissimulée. Je n’aimais pas ce regard, j’avais l’impression qu’il nous prenait de haut et qu’il nous considérait comme des fardeaux, des imbéciles sans aucune importance. Peut-être aspirait-il à de rejoindre le champ de bataille au lieu de surveiller des civils ici-bas ? Une chose que je pourrais éventuellement comprendre, s’il arrêtait une bonne fois pour toutes de nous regarder de la sorte !
Je n'aime pas ça… Je grimaçai nerveusement puis passai mon poids d’une jambe à l’autre tout en jouant avec mes doigts, mal à l’aise.
Prenant la décision de ne plus prêter attention au discours de ce bot prétentieux pour apaiser l’angoisse stagnante dans mon Spark, je passai mes optiques sur le reste de l’équipe chargée de nous protéger. Du moins jusqu’à nouvel ordre. Il y avait quatre autres robots devant nous, ou devrais-je dire nos «protecteurs», qui semblaient tous écouter leur sergent-chef avec une certaine admiration dans leurs optiques bleues. Tous, sauf un. Je ne connaissais pas encore sa désignation, car Blades, trop occupé à se lancer des éloges sur ses qualités de leader, ne l’avait pas encore présenté. Le silence qui régnait dans la salle était presque palpable, et je sentais chaque regard peser sur moi, renforçant la pression d’être à la hauteur. Pourtant au fond de moi, une lueur d’espoir persistait. Fragile mais tenace, que cette situation pourrait finalement évoluer en quelque chose de meilleur. Quoi qu’il en soit, je me devais d’être exemplaire et de rester attentive à mon nouveau chef qui décida enfin de présenter ses camarades, ceux qui le seconderaient durant notre séjour indéterminé.
«Permettez-moi de vous présenter mes coéquipiers. First Aid, notre médecin, Kup notre plus ancien guerrier, Blaster, qui s'occupe des communications et Prowl, notre tacticien.» Pour chaque bot annoncé, Blades les pointait du doigt.
First Aid était un grand robot rouge et blanc tout comme Blades, sauf pour les parties grises de son cadre plutôt agréable à regarder, je devais bien l’admettre. J’avais vraiment un faible pour les robots costauds... Mais lui, au lieu d’avoir une lourde armure et une allure menaçante comme son homologue, était plutôt sinueux et portait une croix rouge significative sur son épaule gauche. Kup, lui, était tout simplement immense. C’était un mecha assez âgé, intégralement vert, qui portait deux gros canons à plasma sur ses avant-bras, un casque rond, des cuisses énormes et un châssis imposant aux lignes carrées. Il n’y avait aucun doute sur son mode alternatif : une incroyable machine de guerre ! Il semblait d’ailleurs un peu rouillé au niveau des articulations et du dos, mais son sourire sympathique et sa dégaine de vieux soldat me rassuraient beaucoup.
Blaster, quant à lui, avait une taille moyenne et ses vives couleurs déclinées en plusieurs nuances d’orange lui donnait un aspect dynamique. Sur ses genoux se trouvaient des roues tandis que sur ses pedes, uniquement des demi-roues qui formaient deux grands appuis pour soutenir son poids. Tout comme les trois précédents mechas que j’avais discrètement observés depuis la foule, il gardait ses bras croisés sur son châssis puis nous regardait sans véritable émotion dans ses optiques un peu plus claires que la normale. Néanmoins, il m’inspirait toujours plus confiance que Blades malgré cet air autoritaire qui se dégageait de lui. Il y avait dans son silence une promesse tacite. Celle d’un allié prêt à agir quand le moment le demanderait, même si ses intentions restaient pour le moment voilées.
Le dernier des soldats, c'était Prowl. Le robot qui avait attiré mon attention le breem passé lors du discours du chef prétentieux. Il arborait un mélange de noir et de blanc en guise de peinture de carrosserie, avec une visière jaune couvrant ses optiques. Dans son dos, deux grandes portes ailes traversées chacune par une bande blanche, lui conféraient une allure solennelle. Sur son front se dessinaient deux crêtes rouges pointues, tandis que des missiles reposaient sagement sur ses épaules, prêts pour un prochain conflit. Une étoile argentée ornait le centre de son châssis bombé, ajoutant une touche d’élégance qui me plaisait plutôt bien. Contrairement à ses congénères, il était le plus maigre de la bande, mais j’étais persuadée que ses compétences résidaient surtout dans sa grande intelligence lui valant la réputation de tacticien renommé. Pendant un court instant lors de mon examen minutieux, nos optiques se croisèrent et étrangement, je ne pus détourner le regard de ce bot dont la posture m’intriguait profondément.
Jusqu'à ce que Blades tousse dans son poing avant de s’avancer vers nous.
«Bon, maintenant que les présentations sont faites, je laisse Prowl vous exposer le règlement de la base. Bonne chance !» Déclara-t-il avec une pointe de compassion tout en se frottant l’arrière de la tête. Il nous salua brièvement puis se retourna aussitôt pour disparaître derrière une lourde porte, rapidement suivi par les trois autres soldats tout aussi désireux de quitter les lieux.
Mais pourquoi ?
Je n’allais pas tarder à le savoir, et à mes dépens ! Prowl acquiesça poliment à son supérieur avant de se tourner pleinement vers nous. Il croisa les bras derrière son dos tandis qu’une expression intransigeante se dessinait peu à peu sur son visage gris clair. À présent, c’était à son tour d’imposer son autorité ! Je ne m’y attendais pas. Ce changement brusque captura toute mon attention ainsi que celle de la salle entière. Jetant quelques coups d’optiques à droite et à gauche, il gonfla subitement son châssis avant de commencer à énoncer les fameuses règles de la base souterraine. Dès l’instant où il ouvrit la bouche, je sus que cette liste allait être longue… Très, très longue.
«Les règles ici sont très simples. Je les ai mises en place moi-même.
Règle numéro 1 : aucun bot ne doit sortir sans autorisation.
Règle numéro 2 : aucun bot ne doit sortir après le couvre-feu.
Règle numéro 3 : aucun bot ne doit entrer dans la salle de contrôle sans permission.
Règle numéro 4 : aucun retardataire ne sera autorisé à l'entraînement.
Règle numéro-» Et il poursuivit dans cette direction, inlassablement, durant les deux prochains groons.
Deux groons… Je ne sais pas si vous vous imaginez, mais c’était horriblement long avec ce ton monotone des plus ennuyeux… Croyez-moi. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait toujours pas terminé ! Il énonçait absolument toutes les règles, sans exception, presque machinalement sans jamais faire la moindre pause pour vérifier si nous étions encore vivants. Certains robots autour de moi s’étaient carrément couchés au sol, vacillant au bord de la stase, alors que d’autres s’étaient adossés contre les murs du fond pour ne pas tomber de fatigue… Ou de découragement, au choix. D’ailleurs, il ne restait pratiquement plus personne à l’écoute de Prowl dans la salle après la règle numéro cent dix-huit. Un miracle selon moi, car la plupart de ses règles n’avaient ni queue ni tête… Qui se souciait réellement de savoir qui avait été le dernier bot à utiliser la brosse de douche ?
Tous avaient abandonné, sauf moi. La seule encore debout au milieu du hall d’entrée, essayant de toutes mes forces de ne pas succomber à la stase d’urgence. N’y avait-il donc aucune fin à ce discours assommant ? Se rendait-il au moins compte de l’effet soporifique qu’il avait sur les autres ? Un véritable remède sur pattes contre les insomnies ! C’était donc pour ça que les autres soldats de la base s’étaient lâchement enfuis. Je comprenais mieux désormais. Ils savaient parfaitement ce qui allait arriver avec ce tacticien maussade et ce qu’il allait nous infliger pendant tout ce temps… Vilains. Toutefois, une part de moi éprouvait de la compassion pour ce pauvre mecha qui s’était donné tant de mal à rédiger toutes ces règles qui avaient tout de même leur importance. Ou qui du moins, auraient leur importance dans le futur, j’en étais convaincue. Mais à cet instant précis tout ce que je souhaitais, c’était que ce calvaire prenne enfin fin.
«Règle numéro 426 : on ne lubrifie personne publiquement.» Récita Prowl d’un sourire satisfait. Cependant au silence qui régnait dans la salle, il s’arrêta pour toiser sévèrement les robots en stase éparpillés un peu partout sur le sol et adossés aux murs voisins.
Le mecha noir et blanc secoua la tête avec frustration suivi d’un soupir découragé avant qu'il ne pose enfin les optiques sur moi, la seule encore debout après ce déluge de règles. Il me contemplait quelques instants de haut en bas jusqu’à ce qu’il lève une crête optique de perplexité, puis croisa ses bras sur son châssis impeccable. Sans doute impressionné par ma ténacité. Pour ma part, je me tenais raide sur mes jambes tremblantes et luttais désespérément contre la stase d'urgence en ignorant tous les messages d'alerte qui flashaient dans mon CPU épuisé, me battant de toutes mes dernières forces pour ne pas céder à la tentation. Une véritable bataille s’engageait avec mes écrous ! Chaque astroseconde semblait s’étirer, comme si le temps lui-même se moquait de ma résistance. Malgré tout, je refusais de céder, fermant les circuits à toute faiblesse. Il était hors de question que je m’écroule, pas après tout ce travail pour rester digne ! Prowl se tenant à quelques mètres plus loin, me fit un petit sourire triste avant d'annoncer la chose suivante haut et fort afin que tout le monde puisse l’entendre.
«Ahem. À présent, je vous invite à rejoindre vos quartiers. Merci pour votre écoute !» S'exclama-t-il avec une pointe de sarcasme alors que sa voix autoritaire pénétrait dans tous les audios en grève.
Et il n’eut pas besoin de le répéter deux fois ! Enfin libérée, je pouvais détendre mes membres engourdis... Je gloussai presque en voyant les autres se lever précipitamment sur leurs pedes, courant à une vitesse improbable dans le couloir menant tout droit aux quartiers personnels. Loin de Prowl, de peur qu’il n’ajoute une couche d’instructions pour les achever définitivement. J’étais convaincue que la plupart craignaient qu’il ne s’agisse que d’une ruse pour ravoir leur attention ! Ce qui expliquait toute cette frénésie plutôt comique à observer. Amusée mais complètement éreintée, j’étirai lentement mes engrenages un à un, puis décidai de rejoindre mes quartiers pour une bonne recharge amplement méritée avant d’aller me réapprovisionner.
Ce séjour allait être bien long…
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Après un long cycle de repos dans mes quartiers flambants neufs, il était temps pour moi de refaire le plein d’énergie. Le petit sigle de réservoir vide clignotait frénétiquement dans ma vision périphérique tandis que les pourcentages d’energon chutaient dangereusement, avoisinant les vingt pour cent. Je jouais avec le feu… Encore quelques pourcentages en moins, et il était garanti que je ne pourrais même plus me déplacer ! Grimaçant face à ce scénario plus embarrassant que catastrophique, je me levai de ma couchette et étirai mes bras au-dessus de ma tête pour décoincer les engrenages de mon dos. Même ce simple mouvement devenait un véritable défi avec si peu de réserve.
Oui, un peu d’energon frais ne serait décidément pas de refus. Je déambulai donc lentement vers la salle de réapprovisionnement d’un pas léger, savourant les derniers instants de solitude avant de rejoindre la bruyante civilisation rassemblée pour la même raison qui m’avait poussée à quitter mes quartiers dans l’urgence. En y réfléchissant bien, il était vrai que je n’avais encore fait la connaissance de personne puisque je passais la majeure partie de mon temps enfermée dans ma chambre. Mais lorsque j'ouvris les grandes portes, je ne m’attendais pas non plus à être accueillie par autant de bots dispersés à différentes tables ! Ils discutaient tous vivement, riant aux éclats, sans sembler le moins du monde gênés par le chahut produit par leurs voix. Je baissai automatiquement les optiques vers le sol, car comme d’habitude, je ne voulais surtout pas devenir le centre de l’attention. Puis je me dirigeai tranquillement vers le distributeur du fond en ignorant du mieux que je le pouvais les mechas qui me dévisageaient en murmurant à voix basse.
Mes pedes paraissaient soudainement plus lourds alors qu’ils résonnaient un peu trop bruyamment sur le sol en métal à mon goût. Être l’une des seules debout dans une immense salle remplie d’inconnus me terrifiait… Chaque mouvement était une terrible épreuve pour moi. Et comme si cela ne suffisait pas, j’avais l’impression que le brouhaha s’était atténué. Quand j’atteignis enfin ce fichu distributeur de cubes qui m’avait semblé inatteignable quelques instants plus tôt, je laissai un petit soupir de soulagement sortir de ma bouche tandis que je serrais mes poings à mes côtés pour contenir mes tremblements de nervosité. Je pouvais presque sentir tous les regards peser lourdement sur moi, comme autant de lasers invisibles prêts à me transpercer à tout instant. Après quelques nano-kliks à compter dans ma tête pour me calmer, je me servis un cube d’energon pour ensuite rejoindre une table vide à l’abri des regards.
Je pris place à la chaise dans un coin après quoi, je commençai à siroter mon délicieux cube qui allait remplir mon réservoir et supprimer l’alerte gênante dans ma vision. Ce n’était pas trop tôt ! J’avais presque oublié à quel point cela faisait du bien d’avoir un réservoir qui se remplissait. Incroyablement soulagée, mes pensées diverses commencèrent à envahir mon processeur pendant que mes optiques balayaient tranquillement la salle du regard d’un sourire absent. Évidemment, ces pensées se dirigèrent automatiquement vers un certain mecha bleu et rouge que je n’avais pas croisé depuis un moment, bien trop longtemps pour ne pas m’en inquiéter.
Ultra Magnus avait longuement insisté pour que je vienne me réfugier ici par peur de me voir blessée aux mains des Decepticons si je restais à la surface. Il avait semblé si terrifié pour ma sécurité… C’était la toute première fois que je le voyais ainsi, aussi désemparé. Une proposition que j’avais acceptée, à condition qu’il revienne sain et sauf. Bien entendu, c’était une promesse impossible à tenir quand l’avenir se montrait aussi incertain, mais je voulais qu’il sache que je l’attendrais ici-bas le temps qu’il faudra. Il était parti avec les autres membres de la garde d'élite de Trypican pour patrouiller dans la ville et repousser les rebellions qui explosaient un peu partout dans les quartiers. J’ignorais s’il allait bien, car cela faisait au moins un deca cycle que je ne l'avais pas revu depuis notre dernière conversation sous le ciel étoilé de Cybertron, durant laquelle il avait tenté de me convaincre de me mettre à l’abri. Et il n’y avait rien de pire que cette ignorance, cette sensation d’impuissance.
Il me manquait terriblement.
Les rires forts qui remplissaient subitement mes audios me sortirent de mon train de pensées. Clignant des optiques de perplexité, je tournai la tête en direction des sons pour être témoin d’une scène plutôt comique à une table de quatre robots. Un mecha et trois fembots. Ces dernières tournaient autour du pauvre robot de couleur noire dans le but d’avoir toute son attention, ce qui semblait grandement agacer le mecha qui tentait de les chasser d’un revers de main. Visiblement pas intéressé par elles, il restait impassible alors qu’elles gloussaient comme des abruties en essayant de s’asseoir sur la table ou encore sur ses genoux… Le contraste entre leur insistance joyeuse et son exaspération silencieuse créait un spectacle presque ridicule. Je ne pus m’empêcher de sourire légèrement en observant cette danse maladroite qui captivait l’attention de toute la salle.
Des petits parasites ! Riais-je à moi-même.
Le mecha noir leva ses optiques au plafond puis tenta de retirer les mains qui traînaient sur son armure sans son consentement. Je ressentais de la peine pour lui. Le pauvre n’avait pas l’air d’apprécier leur compagnie. Peut-être avait-il déjà un Sparkmate ? Ou bien un potentiel Sparkmate ? En tout cas, il semblait se trouver dans une situation délicate, pris au piège malgré lui. Je ris doucement à la scène avant de replonger dans mon cube à présent vide que je tenais entre mes mains. Zut, je ressentais toujours une certaine fatigue dans mon protoforme, alors je décidai de rechercher un autre cube d’energon pour remplir mon réservoir jusqu’à sa capacité maximale. Au moins, je ne serais plus obligée de venir ici avant un temps ! C’était un énorme point positif. Autour de moi, les conversations reprenaient leur flot bruyant mais je restais là un instant suspendu, observant ce petit théâtre social qui contrastait tellement avec le silence de mes pensées.
Après réflexion pour trouver un peu de courage, je me levai tranquillement pour me diriger vers le distributeur au centre de la salle de ravitaillement. Le plus proche de ma position, évidemment. Je m’apprêtai à me resservir un cube quand je ressentis brusquement une présence envahissante à mes côtés, me donnant un violent frisson qui traversa l’intégralité de mon châssis en état d’alerte. L’energon se figea dans mes câbles. Les optiques grandes ouvertes de surprise et de nervosité, j’étais tout simplement dans l’incapacité de m’éloigner du robot qui me collait volontairement. Soudain, une main se posa sur le distributeur en face de moi, juste à côté de ma tête. N’ayant désormais plus le choix car coincée entre un châssis et la machine, je me retournai pour plonger mon regard craintif dans une paire d’optiques jaunes, luisantes de malice.
Le mecha de la table avec les trois fembots parasites.
«Bonjour, petite. Je t'ai vu me regarder avant, et je voulais savoir si tu voulais te joindre à nous ?» S'expliqua-t-il en faisant signe à la table en question où les fembots siégeaient. Elles me fixaient toutes et ricanaient bêtement.
Hors de question ! Je n’allais pas me donner en spectacle pour leur bon plaisir. J’avais très bien compris ce qu’ils cherchaient à faire, et je ne leur laisserais certainement pas l’opportunité de me rabaisser ou de se moquer de moi comme si de rien n’était. J’étais peut-être timide, mais pas stupide. Finalement, je réalisai que j’avais mal jugé la situation. Je n’éprouvais plus aucune pitié pour lui ! Plissant d’abord mes optiques vers les fembots méprisables pour qu’elles se taisent, je reportai ensuite mon regard sur le visage souriant du mecha, lui lançant un regard meurtrier. À la fois exaspéré et intimidé par cet individu dont l’imposant cadre sombre semblait presque absorber toute la lumière. Cette fois, je ne me laisserais pas faire par un imbécile un peu trop arrogant. M’appuyant sur la pointe de mes pedes pour me hisser à peu près à sa hauteur, je fronçai les crêtes optiques avant de m’exprimer entre mes dentas.
«Non, merci !» Lui dis-je d’un ton sec, repoussant son bras pour me libérer et rejoindre ma table au fond de la salle.
Cependant, à peine avais-je fait quelques pas qu’on m’agrippa fermement l’épaule pour me forcer à faire volte-face. Encore… Décidément, j’avais une tête de victime pour être constamment la cible de harcèlement partout où j’allais. Je commençais sérieusement à regretter d’être sortie de la sécurité de mon trou. Le mecha avait l’air furieux de mon rejet… Ses optiques jaunes s’illuminaient de rage tandis qu’il me confrontait, levant soudainement son poing droit en l’air, prêt à me faire regretter des paroles qu’il jugeait sans doute trop odieuses. Mon Spark s’emballa violemment à ce geste. Par peur d’être frappée, je levai instinctivement les bras au-dessus de ma tête pour protéger mon visage et mes optiques fragiles, ne voulant surtout pas me retrouver à l’infirmerie pour de grosses réparations. Néanmoins le coup ne vint jamais, à ma plus grande surprise.
À la place, un faible gémissement s’échappa du mecha devant moi. Je rouvris lentement mes optiques pour découvrir quelque chose de complètement inattendu. Le poing, qui était destiné à heurter mon visage, s’arrêtait à quelques centimètres de mes optiques écarquillées. Immobile mais légèrement tremblant, retenu par une main solide. Une main attachée à un bras fait de plaques de métal noire et blanche, si familières… J’avais l’impression de revivre deux fois la même scène, à deux époques différentes.
«Règle numéro 349 ?» Demanda joyeusement Prowl qui tenait sans trop de difficultés le bras du robot furax d’avoir été interpellé.
Le bot en question grogna profondément avant de serrer les dentas puis de me fusiller du regard, ignorant le tacticien pour le moment. Alors Prowl se pencha à sa hauteur, lui haussa une crête optique et retourna brutalement son bras jusqu’à entendre un petit craquement suivi d’un cri aigu de douleur. Le silence qui suivit fut rapidement rempli par la tension palpable entre eux, comme un duel silencieux où chacun testait la détermination de l’autre. Mais Prowl attendait toujours sa réponse. Toisant nonchalamment le mecha qui avait voulu me brutaliser pour un simple refus, il continua de tenir son bras dans un angle douloureux sans jamais montrer de signe de faiblesse. C’était à peine s’il mettait de la force dans sa poigne ! Il positionna tranquillement son autre main en poing contre sa hanche tout en écoutant attentivement les gémissements du robot irrespectueux, voulant absolument entendre cette fameuse règle trois cent quarante-neuf.
«Ne jamais s’attaquer à plus faible que soi !» M’exclamai-je haut et fort sans réfléchir avant de plaquer mes mains sur ma bouche, horrifiée. Oups… Prowl, quant à lui, tourna la tête dans ma direction puis relâcha sèchement sa prise sur l’individu aux mauvaises intentions pour qu’il puisse reculer et tenir son pauvre bras contre son châssis. Lançant des regards noirs aux autres qui se moquaient de lui après avoir été aussi facilement malmené. Bien fait pour lui, cela lui servira de bonne leçon, je l’espère. Toutefois, je ne pouvais pas afficher ma joie, car le regard autoritaire de l’Autobot noir et blanc m’intimidait… Il avait d’abord paru surpris par ma réponse, mais ce regard étonné s’était rapidement mué en son rictus habituel, implacable.
«Vous, quelle est votre désignation ?» Me demanda-t-il en croisant ses bras.
«S-Starwind.» Balbutiai-je nerveusement, faisant de mon mieux pour le regarder dans les optiques.
«Eh bien, Starwind, vous avez parfaitement raison !» Félicita-t-il d’un léger rebond, les coins de sa bouche se prolongeant en un sourire conquis.
Wow, c’était étrange de le voir sourire. Je dirais même effrayant ! Mais il était bienveillant.
Médusée, ma bouche s’ouvrait et se refermait béatement, cherchant en vain quelque chose à répondre. Mais rien ne vint. L’attention de toute la salle braquée sur moi me rendait terriblement nerveuse… Et par conséquent incapable d’agir. Partagée entre fierté et réserve, c’est malheureusement la timidité qui l’emporta, comme toujours. Je me contentai donc de hausser légèrement les épaules et de baisser les optiques vers le sol, esquissant un petit sourire lorsque Prowl me cligna de l’optique. Ce mecha m’inspirait plus de confiance que quiconque dans cette base ! Surtout après son acte héroïque quand personne d’autre dans la salle n’avait voulu me venir en aide alors que j’avais failli me faire frapper. Un comble. Malgré tout un poids semblait s’être allégé dans mon châssis, sa simple présence dissipant un peu de cette peur qui m’enserrait.
Devant moi, Prowl se racla subitement le vocaliser en se retournant vers le mecha qui essayait de s’éclipser discrètement derrière une machine pour éviter un nouveau conflit avec son persécuteur. Au contact visuel avec ce dernier qui grimaçait, il perdit immédiatement son sourire aimable pour le troquer contre un air intransigeant capable de désemparer n’importe qui. Il pointa d’abord son index vers lui, puis vers le cube que j’avais malencontreusement renversé au sol durant l’altercation, et ainsi de suite jusqu’à ce que le mecha comprenne son message silencieux lui demandant de ramasser le cube. Autour de nous, certains bots chuchotaient tandis que d’autres riaient de la situation cocasse. L’une des trois fembots souffla d’exaspération en secouant la tête, manifestement dégoûtée par la faiblesse du robot sur qui elle avait jeté son dévolu un breem plus tôt. Ne voulant plus intervenir dans cette histoire, je m’éloignai des deux robots pour rejoindre la sécurité de mes quartiers et reprendre mes esprits, seule.
«Starwind ! Attendez !»
Au son de mon nom, je me retournai automatiquement pour voir que c’était Prowl qui courait en trombe dans ma direction. Une boule d’appréhension se forma dans mon châssis, et je me raidis immédiatement à son approche. Inquiète de recevoir des remontrances. L’Autobot chargé de faire régner l’ordre au sein de cette colonie, se pencha alors sur ses appuis une fois arrivé à ma hauteur, récupérant son énergie dépensée à courir aussi vite sur une courte distance. Son visage était marqué par l’effort, j’avais l’impression qu’il allait s’écrouler à mes pedes. Manquait-il d’endurance ? Me questionnai-je, dubitative, tandis qu’il se redressait avec un large sourire qui réchauffa mes plaques de joue. Ce simple sourire me désarma totalement. Je n’avais jamais eu l’habitude de recevoir de tel sourire, surtout pas d’un inconnu, et encore moins après avoir été à l’origine d’une bagarre. Je clignais rapidement des optiques alors que Prowl se redressait d’une main posée au bas de son dos.
«Starwind, je viens de constater que vous avez une excellente mémoire ! Personne jusqu'ici n'avait réussi à retenir mes règles, c’est un miracle !» S’essouffla-t-il d’un doigt levé vers le plafond, vraisemblablement émerveillé par ma compétence de mémorisation. Il reprit ; «alors je voulais savoir si vous voudriez bien m'aider à trier tous mes datapads ?»
«Vous aider ?» Répétai-je bêtement, abasourdie par une telle proposition. Moi ? Jamais personne n’avait eu besoin de moi ! Même lorsque je travaillais à la maternusine, j’étais toujours dans mon coin à vaquer à mes occupations.
Mon expression consternée fit disparaître le grand sourire de Prowl, et je vis, derrière la visière jaune qu’il avait glissée sur ses optiques, qu’il évitait mon regard. Bon, je devais admettre que son regard suppliant et son visage de bot abattu ne me laissaient pas du tout indifférente. Loin de là. Peut-être était-ce de la timidité, ou bien le fait que je n’avais aucun ami ici qui rendait sa proposition d’autant plus touchante... Mais une petite voix au fond de moi me soufflait qu’il s’agissait là d’une opportunité rare. Que ma réponse allait changer le cours des choses, d’une manière ou d’une autre. Et puis j’avais envie d’essayer quelque chose de nouveau. Pourquoi pas avec lui ? Jusque-là, c’était le seul qui s’intéressait à moi. Remarquant que ses ailes s’affaissaient de déception dans son dos parce que je mettais trop de temps à répondre, et qu’il prenait sûrement mon silence pour un refus, je m’avançai doucement pour qu’il lève ses optiques remplies d’espoir vers moi.
«Très bien, j'accepte !» Affirmai-je d'une voix assurée, un sourire timide se dessinant sur mon visage lorsqu’il soupira théâtralement de soulagement.
«Merveilleux ! Maintenant suivez-moi, je vais vous montrer comment faire. Vous verrez c'est très simple, il suffit de-» Et c'était reparti pour un tour… Prowl se lança dans un nouveau monologue pendant qu’il me conduisait jusqu’à son bureau, heureux d’avoir trouvé quelqu’un pour l’aider. Je me contentai de le suivre en l’écoutant radoter sans vraiment comprendre ce qu'il racontait, simplement contente de pouvoir passer du temps avec quelqu'un qui ne me jugeait pas.
Mais jamais je n'aurais pu croire que ce mecha-là deviendrait mon meilleur ami.
À suivre...
VP