La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 72 : Chapitre 72 L'espace-temps

2649 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 21 jours

Chapitre 72

L'espace-temps

 

       Elle descendit du véhicule militaire qui l'avait raccompagnée jusque chez elle. Le sergent qui conduisait l'engin futuriste la remercia de l'aide qu'elle avait pu apporter durant les événements dramatiques qui s'étaient passés. Légèrement gênée, elle répondit par un sourire et un léger mouvement de la main. Le véhicule se mit ensuite à rouler avant de disparaître au carrefour suivant. Elle soupira légèrement puis regarda ses mains, recouverte de sang, ainsi que sa tenue et sa cape noire contenant d'étranges runes. Elle marcha d'un pas lent vers la porte de son domicile, suffisamment éloigné des zones où s'étaient produites les attaques pour être resté intact. Elle rentra et ferma la porte derrière elle avant de soupirer. Elle posa son chapeau sur son portemanteau puis décida de prendre une douche bien chaude afin de se nettoyer et de se changer les idées. En montant l'escalier, elle eut l’impression que toutes les lignes droites qui se trouvaient dans son champ de vision se déformaient. Elle s'arrêta au milieu des marches et se frotta les yeux avant de regarder de nouveau devant elle, les lignes étaient normales. Elle se dit qu'il devait s'agir de la fatigue.

Une fois dans la salle de bain, elle retira ses vêtements, mettant ceux tachés de sang dans un coin afin de les nettoyer. Elle entra ensuite dans sa douche et commença sa toilette qui dura de nombreuses minutes. Cependant, elle fut prise de vertige et dut se tenir aux parois de la douche avant de s’asseoir tant les vertiges étaient devenus violents. Mais ils disparurent aussi vite qu'ils étaient apparus. Ce phénomène fit questionner la télékinésite. Alors qu'elle sortit de sa douche relaxante, un bruit se fit entendre, c'était la sonnerie du téléphone de la maison. Elle regarda le miroir de la salle d'eau et vit sur le côté bas droite de celui-ci, l’icône du téléphone sonner. Elle répondit vocalement au miroir et celui-ci cessa de sonner. Sur le miroir, un message s'écrivit, lui demandant si elle voulait passer un appel vocal ou vidéo. Elle répondit qu'elle voulait un appel vocal. À ce moment-là, elle entendit la voix de l'une de ses amies.

Celle-ci était morte d'inquiétude car elle savait ce qu'il s'était passé à Tokyo. Tous les médias en parlaient en boucle à travers le monde. Elle lui avoua qu'elle avait eu peur avant de lui annoncer que plusieurs de ses collègues de travail avaient trouvé la mort dans les événements. La femme qui devait avoir le même âge que Sumireko paniqua en lui demanda si elle connaissait le nombre de victimes. Usami ne répondit pas. La femme à l'autre bout de la ligne lui annonça qu'il y avait entre 20 000 et 100 000 morts et disparus.

Suite à l'annonce, elle se sentit mal, les vertiges lui revenaient. Elle demanda à son amie si elle pouvait la rappeler plus tard car elle était fatiguée ce soir. Suite à cela, elle coupa la conversation. Elle fit alors couler un peu d'eau depuis le robinet pour s'asperger le visage avec de l'eau fraîche afin de lui remettre les idées en place. Elle se regarda ensuite dans son miroir avant de se dire qu'elle était complètement crevée.

Cependant, en fixant de plus en plus le miroir, elle le vit se troubler de plus en plus. Cela l'inquiéta et elle recula d'un pas mais plus le miroir semblait tourner, plus il ralentissait et plus elle pouvait de nouveau voir. Ce qu'elle vu la stoppa sur le coup.

Dans le miroir, à la place de son reflet, il y avait celui-ci d'une jeune adolescente ayant de courts cheveux bruns, une paire de lunettes rouge très particulière et ayant des yeux de la même teinte de ses cheveux. Sumireko ne comprit pas ce qu'il se passait mais elle voyait très bien ce qu'il y avait en face d'elle. Elle s'approcha alors lentement du miroir et vit l'autre personne être à son tour surpris, ce qui surpris de nouveau la femme. Elle se rendit alors compte que de l'autre côté du miroir, il y avait une personne autre quelle, et pas n'importe qui. Elle voyait bien qu'il s'agissait d'elle-même quand elle avait l’âge où elle allait régulièrement dans la Terre des Illusions.

Elle posa ses deux mains sur le rebord du lavabo et parla à son double plus jeune, ne sachant pas quoi faire d'autres. La Sumireko adolescente fut étonnée que cette femme qui lui rassemblait vaguement puisse lui parler.

 

– Vous êtes qui ?! demanda Sumireko.

– Je suis... une personne que tu connais très bien.

– Vous ressemblez un peu à ma mère répondit-elle sèchement.

– Je me disais bien, lui répondit sur un ton légèrement agacé la Sumireko du futur.

– Vous êtes qui ?

– Avant que ton miroir ne fasse ça, tu n'as pas eu des mals de tête ? Est-ce que ton miroir a commencé à être bizarre ?

– Mais... c'est totalement le cas ! Comment vous le savez ?!

– Sumireko Usami.

– Comment vous connaissez mon nom ?

– Ce n'est pas la première fois que tu es à deux endroits à la fois.

– Mais... de quoi vous parlez ?!

– À la fois dans notre monde et à la fois dans la Terre des Illusion.

– Comment vous... Qui êtes-v...

– C'est la première fois que tu… nous sommes à deux époques différentes.

– Vous... vous venez du futur ? Vous êtes...

– Il s'agit d'une distorsion de l'espace-temps. Deux époques et deux lieux se sont connectés par l’intermédiaire d'un miroir.

– Vous êtes... moi, n'est-ce pas ? Mais cela ne créé pas un paradoxe ou un truc dans le genre ?!

– Non car c'est Gensokyo qui provoque ces interférences.

– Comment tu le sais ?!

– Des gens sont venus de Gensokyo et du passé pour résoudre un événement qui s'est produit là-bas et qui menace de rompre l'équilibre entre nos deux mondes.

– Mais en sachant cela...

– Ils restaureront l'équilibre et tout rentrera dans l'ordre. Le temps s'écoulera ensuite normalement.

– Cela effacera notre conversation ?

– Possiblement.

 

À cet instant, le miroir commença à redevenir normal. Sumireko adulte fit alors ses adieux à elle-même du passé avant que le miroir ne reflète plus que son propre reflet. Mais elle eut presque l'impression d'y voir sa fille, Renko.

 

Dans la ville, sur le plus haut gratte-ciel, plusieurs personnes s'y trouvaient. Parmi ce groupe composé de Tengus, il y avait un humain, Olivier Marc. Il faisait face à Omokumo no Hyuga, le général de la sécurité des Tengus du Mont Takao, et son mentor pour lui apprendre à voler. Il tenait un long bâton en métal sombre dans sa main droite et qui mesurait deux mètres de haut. Au bout de celui-ci, il y avait des anneaux dorés et des grelots. Il se tenait au bord du vide dont le sol devait se trouver à quelques milliers de mètres plus bas et invita son élève à se rapprocher du bord. Celui-ci, sans hésiter s'exécuta. Une fois au bord, il sentait très bien le vent glacial qui balayait le sommet de la tour. Il ne détourna pas le regard de celui du Tengu, visiblement impressionné par la résistance du jeune humain à son regard pesant, l'un de ses moyens de se faire obéir par les autres Tengus. Il frappa du sol avec son lourd bâton avant de s'adresser à lui.

 

– Jeune humain, tu as décidé en âme et en conscience de suivre cet entraînement. Malgré mon refus, ton obstination et ta force d'âme, m'avaient fait prendre conscience que, malgré tout ce que je pourrais faire, tu n'abandonnerais jamais cette demande. Comme beaucoup d'Humains, tu es obstiné. Mais toi, tu l'es plus que les autres.

– Je suis surtout beaucoup plus habitué à être vu comme un moins que rien, pour ne pas dire plus, par les Yokais, ce qu'ils regrettent amèrement peu de temps après.

– Et comme beaucoup d'humain, tu es insolent.

– Je ne suis pas venu pour être le dindon de la farce. Je suis là pour apprendre ce qu'il me manque : voler.

– Sache que voler est loin d'être acquis pour un Humain. Pourquoi crois-tu que les Hommes, depuis leur origine, veulent pouvoir nous imiter ?

– Ça, je m’en fous. Je vais apprendre à voler, ici et maintenant !

– Crains la colère de la gravité si tu oses aller si vite de l'avant.

– La gravité est une divinité ?

– Non, juste un phénomène naturel et une loi de la physique. Nous les Tengus, nous excellons dans de nombreux domaines dont les sciences et la compréhension de la nature.

– Pour des créatures magiques, vous êtes très savants.

– Sache que vos sciences et la magie ne sont que les deux faces d'une même pièce.

– Et comment je suis censé vaincre la gravité ? Par quelle magie je dois procéder ?

– Pour un Humain, c'est à partir du moment où son corps est suffisamment chargé d'énergie magique qu'il le pourra.

– Et je peux savoir ça quand ?

– En général, c'est déterminé par ta puissance. Plus tu utilises et consommes de la magie mais aussi que tu en absorbes pour augmenter ta puissance, plus ton corps emmagasine de la magie.

– En gros, on pourrait dire que la magie fait comme l'hélium. Comme il est plus léger que l'air, il permet au dirigeable de s'élever.

– Dans un sens, oui. Est-ce que tu t'es déjà rendu compte que des mouvements étaient facilités, voire accélérés quand tu utilisais de la magie ?

– Oui.

– C'est un signe que ton corps se fait progressivement remplir par la magie. Cependant, à la différence d'un gaz, il n'emplit pas que tes poumons. La magie agit plus comme des particules subatomiques et s'installe partout dans ton corps, ta chair, de tes cheveux à des intestins. Et quand ton corps a suffisamment absorbé de magie, tu peux voler.

– Oui mais je le sais quand ?!

– Quand ton âme et ton corps seront en osmose.

– Quoi ?! Comment ça ?!

– La magie est plus compliquée à appréhender pour vous que les sciences. Tu dois être sûr de toi et te sentir capable de le faire, sans quoi, cela échouera.

– Ouais...

– Maintenant, marche vers le vide et vole. Souviens-toi : tu peux voler car tu sais voler.

 

Sans dire un mot de plus, Olivier se tourna sur le côté, faisant face au vide dont il ne voyait pas le bas, caché par des nuages qui circulait à quelques milliers de mètres d'altitudes. Il ferma les yeux, inspira profondément et se vida l'esprit. Il se répétait qu'il savait voler, sans cesse, pendant une bonne minute. Finalement, il leva le pied gauche et le posa dans le vide avant de chuter.

Il sentait très bien l'air lui parcourir tout son corps alors qu'il tombait de plus en plus vite. Les étages défilaient et les nuages se rapprochaient. Mais il eut l'impression que plus il accélérait, moins il allait vite. Olivier s'étonnait de la faible accélération qu'il subissait durant sa chute. Le jeune homme avait l’impression qu'elle était ralentie. Il se disait que c'était grâce à la magie mais malgré cela, il continuait de chuter.

Cependant, en traversant une couche de nuage, il fut stoppé violemment et remonta rapidement. Il sentait très bien qu'on l'enserrait et se doutait bien qu'il s'agissait de Tengus cachés. Après quelques instants, les trois, Olivier et deux Tengus, se posèrent là où ce premier avait sauté. Il s'assit et avait légèrement la nausée. Le chef Tengu le regarda et l'humain détourna le regard, voulant éviter une réprimande de son mentor. Cependant, celui-ci afficha un sourire satisfait.

 

– Pour une chute inaugurale, c'est un bon début.

– Comment ça ?!

– Tu ne pensais pas réussir à t'envoler du premier coup, non ? Je savais que tu chuterais.

– J'aurais pu crever !!

– Et eux, ils servaient à quoi, primate ? demanda-t-il en regardant les deux Tengus qui avaient sauvé Olivier.

– Et pourquoi joli saut ?

– Tu as remarqué que ta chute semblait ralentie ?

– Ouais et ?

– C'est un bon bout de chemin fait. La magie dans ton corps t'allège déjà. Il va falloir t’entraîner et à la fin, tu voleras comme un Tengu.

 

Alors que l'assistance des Tengus applaudissait le jeune humain, des mouvements étranges se produisirent partout à travers le Japon, notamment à Kyoto, dans la chambre étudiante occupée par Renko mais surtout par Maribel qui ne parvenait pas à dormir de la nuit, d'étranges impressions se bousculaient dans sa tête. Elle ne sentait pas très bien depuis quelque temps, depuis le début des attaques. Elle pouvait sentir des choses étranges et effrayantes.

Ce soir-là, elle ne se sentait pas seule. Il y avait son amie Renko avec elle mais elle sentait autre chose. Après une soirée assez calme, son amie s'était endormie dans le canapé, à moitié avachie sur Maribel. Celle-ci s'était parvenue à se dégager du poids mort et à la mettre correctement sur le canapé. Depuis le début de la soirée, elle ne se sentait pas bien, une chose les observait. C'est dans cet état d'esprit qu'elle regagna sa chambre. Après être rentrée, elle vit une chose étrange, effrayante. Elle n'osa pas allumer la lumière, d'autant que la chose en question émettait une légère lueur violacée. Elle s'approcha doucement de la chose qui semblait flotter dans les airs, à côté de son lit. Elle vit alors qu'à chaque extrémité, il y avait un ruban. En se rapprochant davantage, elle vit des sortes de yeux. Effrayée, elle recula d'un pas, trébucha et tomba en arrière.

Cependant, elle fut retenue. Elle soupira, pensant que c'était son amie. Elle put se remettre sur ses pieds et se retourna, mais là, en lieu et place de la personne qu'elle espérait, il y avait une femme qu'elle ne connaissait pas et qui l’impressionna. Sur le coup, elle ne put émettre le moindre son. D'un geste du regard, elle scruta cette étrange personne, portant une longue robe couleur aubergine et ayant une très longue chevelure blonde. Après quelques instants, Maribel Hearn put de nouveau s'exprimer.

 

– Vous... qui... vous êtes...

– Maribel, je te connais très bien, lui répondit la mystérieuse femme.

– Vous êtes qui ?

– Une personne très proche de toi, dans un sens.

– Qu'est-ce que cela veut dire ? Qui vous êtes ?

– Tu ne le vois pas ?

– Voir quoi ? Qui vous êtes à la fin...

– N'aie pas peur. Je ne te veux aucun mal.

– Pourquoi... pourquoi vous êtes là ?

– Il existe des raisons qu’une Humaine ne pourrait comprendre. Mais sache que nous sommes toutes les deux liées.

– Qui êtes-vous ? Mais... qu'est-ce que vous faites ?! s'emporta la jeune femme alors qu'elle eut l'impression de se faire envelopper par-derrière par quelque chose qu'elle ne pouvait expliquer.

– Ma chère Maribel, il faut que je te parle de certaines choses...

– Où... où sommes... nous...

 

La jeune femme regarda devant elle vit un gigantesque cerisier ceinturé par un énorme shimenawa dans un environnement qui semblait froid, austère et dont le ciel était noir, sans lueur. Elle sentait qu'elle était déjà venue ici.

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