La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)
Chapitre 7
L’équipe
Le réveil fut rude pour tout le monde. Alors que Reimu était sortie dehors pour s’étendre, elle vit Tom, sous le torii, déjà prêt et observant Gensokyo, éclairé par un soleil naissant. Il se retourna et la vit. Il acquiesça de la tête puis s’envola vers un lieu qu’elle ne connaissait pas.
Elle regarda autour d’elle, voyant les tables de la fête ainsi que les plats par centaines mais pour une fois, elle s’en moquait. La Terre des Illusions et ses habitants courraient une menace qui risquait de les mettre en péril.
Elle rentra dans son sanctuaire et réveilla, brutalement, l’autre personne restée dormir, Marisa Kirisame. Elle n’apprécia pas la manière dont son amie la traitait. Celle-ci ne pouvait pas comprendre comment elle faisait pour rester calme malgré la fin annoncée de Gensokyo. Elle la tira de son futon et finit de la réveiller. Celle-ci menaça la miko avant de se relever et de lui demander où était passé Tom. Elle ne sut pas quoi répondre. La magicienne humaine prit alors son balai et sortit avant de l’enfourcher, elle avait une idée quant au lieu où il aurait pu aller. Elle s’envola et laissa Reimu seule, ou presque. Suika marchait dans la cour, encore bien saoul, saluant Reimu avant de s’allonger dans l’allée et de profiter d’un bain de soleil et d’une sieste.
Byakuren marchait près de son temple quand elle sentit la présence d’une personne à l’intérieur de celui-ci. Elle s’y dirigea et vit Tom, prier devant la statue de Bishamonten sous laquelle avaient été exposés les débris de Seigiken, l’ancien katana de Tom, offert par son grand-mentor, Youki Konpaku et brisée lors de leur combat qui a provoqué la mort de ce dernier.
La moniale s’approcha doucement du jeune homme. Celui-ci lui parla.
– Cela fait combien de temps que vous m’observez ?
– Suffisamment longtemps pour savoir que tu es en plein regret.
– J’ai fait tant de mal… et cela se passe encore aujourd’hui… Suis-je punis des dieux ? demanda le jeune homme. Ils m’auraient sauvé… pourquoi ? Veulent-ils que j’expie mes pêchés dans une vie de souffrances, de regrets et de tristesses ?
– Peut-être qu’ils veulent que t’expies tes pêchés, tout simplement.
– Ma vie n’a été donc que pêchés… comme toutes les précédentes…
– Je connais ton histoire. Tu peux faire le bien. Depuis ton réveil, tu n’as voulu et fait que le bien et tu vas continuer.
– J’ai provoqué la destruction programmée de ce monde… ai-je réellement fait le bien ?
La moniale s’avança vers lui puis le dépassa avant de poser sa main sur le manche de l’arme brisée.
– Tom… les dieux ont préparé quelque chose te concernant, je peux le sentir. Bishamonten, celui qui punit le Mal, semble vouloir t’aider à te réaliser. Non Tom, tu n’es pas le Mal, tu peux être l’instrument du Bien, dit-elle en lui tendant le manche de son arme.
– Je… je ne comprends pas… je n’ai fait que le mal ! J’en avais conscience !
– Tu as fait le mal en voulant et en croyant faire le bien. Tu n’es pas une mauvaise personne. Tu es juste perdu dans ton esprit.
– J’ai tant médité… mais rien ne m’a permis de me comprendre… j’ai toujours le sentiment de n’être que la continuité du mal des vies antérieures. Comment peux-tu me pardonner pour ce que j’ai fait ? Ce que je T’AI fait ?!
– J’ai subi tellement… J’aurais pu en vouloir à toute l’humanité pour ce qu’elle m’a fait. Mais j’ai été moi-même dans l’erreur. La peur de la mort m’a fait faire des choses… pas avouables. Tu as aussi peur de la mort car tu sais ce qu’il risque de t’arriver.
– Mon âme doit être purifiée sinon…
– Tu risques l’Enfer.
– Oui…
– Les dieux ont des projets pour toi. Ta destinée ne semble pas être faite pour aller en Enfer.
– Tu n’es pas vraiment la bonne personne pour parler de Destin.
– Je sais. Je veux juste te dire de prendre cela, dit-elle en lui donnant l’arme brisée.
– Mais… pourquoi ?
– Tu vas partir chercher le Dieu-Dragon. Crois-tu qu’un simple humain puisse aller vers lui ? Tu es propriétaire de cette arme et cela jusqu’à ta mort.
– Que cela veut-il dire ?
– Tu le découvriras.
– Mais… elle est inutilisable pour commencer…
– Une arme comme un esprit, cela se forge.
– Mais…
– Va voir les créatures qui manipulent les arts métalliques.
– Les arts métalliques ? Mais qu’est-ce ?
– Tu le sais toi-même. Mais tu te refuses de les utilises pour créer une arme. Tu refuses intérieurement de refaire ce que t’avais fait à une plus grande échelle.
– Mais que… les… vous-voulez dire…
– Oui. Ces créatures qui connaissent si bien la technologie et qui maîtrisent tant de choses dont l’art de la forge et de la magie.
– Mais… comment les convaincre ? Je leur ai fait tellement de mal…
– Une amitié sincère ne s’oublie pas.
Byakuren repartie, laissant Tom qui tentait de l’appeler mais elle ne répondit pas. Il regarda le manche de son arme et vit son reflet dans le morceau de lame accroché au manche. Il serra très fort son arme contre lui et une larme se mit à couler.
Au Sanctuaire Hakurei, Reimu discutait avec les grandes figures de Gensokyo afin de trouver qui envoyer avec Tom.
– En tout cas, j’irai, répondit Olivier, déterminé.
– On s’en serait douté… répondit la miko.
– J’irai avec lui, ajouta Marisa.
– Quoi ?! Tu vas aller dans le Monde Extérieur ?
– On y est déjà allées, tu t’en souviens ?
– Mais… mais ce n’était pas pour de bonnes raisons…
Un léger rire se fit alors entendre.
– Dans ce cas, je dois y aller aussi, après tout, je serais mieux en mesure de le guider que vous deux réunis.
– Espèce de sale tanuki… commença la magicienne humaine avant de se faire arrêter par Olivier.
– Hmmm… je propose que Sakuya les surveille, ajouta Remilia.
– Quoi ?!
– Mademoiselle ?
– Tu crois que je vais faire confiance à cette tanuki ? ajouta la jeune vampire.
– Dans ce cas, pourquoi ne pas faire une équipe composée de personnes qui pourront empêcher Tom de mal tourner ? ajouta Yuyuko.
– Que veux-tu dire ? demanda Reimu.
– D’après Yukari, Tom pourrait devenir de nouveau fou quand il entrera en contact avec le Dieu-Dragon. Il faut qu’il soit accompagné de personnes capables de le maîtriser.
– Je vois… murmura la miko.
– Dans ce cas, je propose que Youmu accompagne également Tom.
– Qu… mademoiselle ?
– Tu es son amie, son maître, tu pourras toujours le battre.
– Bien…
– Moi aussi ! Ajouta Sanae.
– Et pour ?
– Reimu, tu dois rester ici pour empêcher un incident et tenter de maintenir la barrière. Mais s’il devient fou, il faudra une prêtresse pour le maîtriser. Et puis, je connais bien mieux les villes du Monde Extérieur que Mamizou.
– Heu… et pourquoi pas Reisen ? ajouta Eirin.
– Pfff… et pour quelle raison ? demanda Reimu en se grattant la tête.
– Qui sait ce que l’on peut rencontrer dans ce monde. Je l’ai bien formée, elle saura quoi faire pour vous soigner, et puis, elle n’est pas la dernière pour se battre, elle saura empêcher Tom de devenir maléfique.
– Grrr… dans ce cas, il y aurait : Tom, Olivier, Marisa, Mamizou, Sakuya, Sanae, Youmu et Reisen. Personne d’autre ? Sinon, on peut tous y aller, cela réglera le problème.
– Pour moi c’est bon, affirma la vampire.
– Pareil, annonça Kanako.
– En fait, c’est pour avoir votre implication dans le sauvetage de Gensokyo ?
– Où veux-tu en venir ? demanda la vampire sur un ton hautain.
– Grr… bien, le groupe sera celui-là et point !
Loin de là, Tom marchait le long d’un ruisseau, portant un tissu de lin qui renfermait quelque chose. Il appela à qui voulait l’entendre. Il appelait Nitori. Le jeune homme savait que la kappa se trouvait dans le coin. Cependant, il ignorait ce qu’elle pensait de lui maintenant. Il l’avait exploité elle et son peuple afin de fournir des armes pour son armée et l’idée de lui demander de l’aider à reforger une arme ne l’enthousiasmait pas vraiment.
Il marcha de longues minutes près d’un cours d’eau, se souvenant de leur première rencontre, cela l’amusait. Ils étaient aussi curieux l’un que l’autre et souhaitaient vraiment en apprendre plus l’un comme l’autre. Il regarda alors vers le haut, il vit le sommet de la ravine surplombé d’arbres, ce qui donnait à ce lieu une zone d’ombre, qui en été était rafraichissante mais qui vers l’hiver rendait le lieu froid.
Il tenait le manche de son arme dans son fourreau. Il décida de la dégainer. Il ne vit qu’une lame en miette. Il la rangea et posa le fourreau sur une pierre avant de retirer ses chaussures, de remonter le bas de son pantalon et de marcher dans l’eau. Elle était froide mais il avait désormais l’habitude, entre Kasen et Byakuren, il connaissait les « arts de l’ascèse ». La température ne lui était plus un problème, même il devait rester méfiant afin d’éviter l’hypothermie.
Il sentit quelque chose derrière lui. Il se retourna et la vit. Cette kappa était venue examiner le fourreau. La rapidité avec laquelle il l’avait surprise l’étonna. Aucun d’eux ne bougea, Tom ne voulant pas la faire fuir.
Après quelques instants de silence, il décida de le rompre.
– Nitori… je… je… je tenais à m’excuser…
– Hm ?
– Pour tout le mal que je t’ai fait, à toi et aux kappas…
– …
– Je tenais à te dire que je suis désolé mais que je sais que rien ne pourra changer cela…
– Tu comptais réparer comment ton épée ? demanda Nitori à côté de lui alors qu’elle était devant lui il y avait moins d’une seconde.
– Co…Comment ?
– Tu es venue pour ton épée ?
– Heu… oui…
– Après nous avoir forcés à créer des armes pour toi ?
– Byakuren… elle m’a dit que…
Il se reçut un léger coup sur la tête.
– Aïe !
– Si elle te dit de te jeter d’une falaise, tu le feris ?
– Peut-être bien…
– Tom, je vois bien que tu es vraiment désolé mais cela ne change rien.
– Je sais…
– Cependant, sauver Gensokyo pourrait changer la donne.
– C’est ce que je compte faire !
– Et tu as besoin de cette arme ?
– Oui… ?
– Et tu as besoin de la réparer ?
– Oui.
– On y va.
– Attends !
– Quoi ?
– Pourquoi… pourquoi tu m’aides ? Après ce que j’ai fait ?
– Je compte t’aider à nous sauver. Et puis, tu es mon « ami ».
– Ami ?
– Ben oui. Tu es un humain et je suis l’amie des humains. De plus, on est assez proche.
– Hein ?
– Je discute avec Marisa de temps en temps et on parle de toi.
– Je ne préfère pas savoir…
– On va reforger ton arme.
– Tu as une forge ?
– Évidemment !
– Évidemment…
Tom suivit la kappa le long de la paroi jusqu’à une petite grotte semi-sous-marine. Il passa avec elle et se retrouva dans une grotte totalement noire. Nitori alluma des lanternes, révélant une véritable forge, couplée à un atelier.
– C’est l’une de mes cachettes.
– Pourquoi me la montrer ?
– J’ai besoin d’un assistant pour m’occuper de ton arme.
– M’ouais…
– Passe-moi les morceaux.
Il s’exécuta et rapidement les bouts d’acier se retrouvèrent dans un seau en terre. Elle le mit dans une forge et alluma un brasier à partir de la chaleur du volcan situé en dessous. Rapidement, la chaleur commença à devenir insupportable. La kappa s’équipa d’une combinaison et demanda à son « assistant » de lui donner le dernier morceau, resté accroché à la poignée. Il le dévissa, retira le fragment et le lui donna. Elle le jeta aussitôt dans le fourneau. Elle fit alors marcher le soufflet et la température augmenta d’un coup, surprenant le jeune humain. Elle se retourna vers lui, releva son masque et lui parla.
– Tu vas pouvoir assister à la fabrication d’une arme enchantée par un kappa.
– Pour quelle raison j’ai la possibilité de voir ça ? lui demanda-t-il.
– J’ai besoin d’un assistant et tu es la seule personne dans le coin. Et puis, tu n’as pas beaucoup de temps avant d’y aller, pas le temps d’aller chercher quelqu’un d’autre.
– Heu… Fort bien…
Elle se retourna, remit son masque et inspecta le métal en fusion.
– C’est à quelle température ?
– Suffisamment pour te terrifier.
– Comment ça ?
– Tu sais comment c’est chauffé au moins ?
– Heu…
– Par la centrale nucléaire de l’Ancienne Enfer.
– Tu veux dire que ma lame est chauffée par la fusion nucléaire ?! Il n’y a pas de danger ?
La kappa se retourna, enleva son masque, affichant un air outré.
– Ce n’est pas parce que les humains ne savent pas utiliser la fusion qu’on ne le sait pas nous !
– Heu… mais les kappas… sont liés à l’eau, non au feu.
– Les kappas ont une technologie très développée. Qui dit technologie, dit forcément forge.
– M’ouais…
La créature se remit au travail alors que Tom regardait autour de lui.
– Dans combien de temps j’aurais ma lame ?
– Normalement, pour une bonne lame humaine plus d’un mois.
– Un mois ? Mais le départ est ce soir !
– Même pour une bonne lame kappa, il me faudra quinze jours.
– Comment je vais faire ?! Et puis pourquoi il te faut moins de temps pour une lame kappa ?
– Regarde !
L’ignorant, elle montra avec sa main une fiole située sur le côté de la forge, celle-ci se remplissait d’un liquide bleu.
– Qu’est-ce ?
– La magie de ton sabre.
– Quoi ?!
– Grâce à ma forge, un peu spécial, je peux récupérer la magie.
– Tu vas en faire quoi ?
– Je vais l’appliquer sur une nouvelle lame, le temps que je termine la tienne. Elle sera moins bien que Seigiken mais sera toujours utile. D’ailleurs, passe-moi celle que t’as.
Tom lui passa son vulgaire katana de mauvaise qualité.
– Elle est vraiment… enfin bon… avec cette magie… tu connais l’effet.
– Oui.
– Bien.
Elle se dirigea vers la forge, récupéra la fiole et se dirigea ensuite vers un établi. Elle réalisa une opération surprenant le jeune humain apprenti magicien, elle était en train d’enchanter son arme avec le contenu de magie liquide. Une explosion bleue eut lieu, effarant Tom. De celle-ci, en sortie la kappa, l’arme à la main. Malgré son apparence, toujours aussi pauvre, elle était désormais enchantée.
– Plus ma volonté sera forte, plus la lame sera résistante….
– Va.
– Quoi ?
– J’ai du boulot et tu vas être en retard.
– Nitori… je voulais te remercier…
– Ne le fais pas.
– Quoi ?
– J’ai toujours une rancœur à ton encontre.
– Mais alors pourquoi ?
– Je sais, nous savons toutes… nous savons que t’es le seul à pouvoir sauver notre monde. Tu avais le pouvoir de détruire Gensokyo mais il semblerait que tu aies aussi le pouvoir de le sauver.
– Je regrette mes actes….
– Tes regrets ne changeront rien !
– C’est pour cela que je vais faire ce qui doit être fait !
– Fait-le !
Tom s’apprêta à repartir quand elle le retint encore une seconde.
– Tom… saches que… nous comptons… sur toi.
– Hein ?
– Tu es notre seul espoir et… même si je pense que Gensokyo irait bien mieux sans toi… tu dois nous sauver…
Le jeune humain ne répondit pas et pénétra dans l’eau avant de quitter la grotte, laissant la kappa seule dans sa forge.