Un jour à Gensokyo

Chapitre 120 : La fuite, la traque, les larmes

1371 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/01/2021 22:03

Les premiers jours de décembre venaient à peine de commencer. Une épaisse couche de neige recouvrait d’un blanc manteau tout Gensokyo. Le froid mordait plus fort que la plus puissante morsure des yokai. Le ciel était souvent si gris que des jours passaient sans voir le Soleil. Les jours, toujours plus courts, étaient dénués de la vie estivale. Cependant, malgré cela, quelques rayons percèrent les épais nuages. Les fées liées à l’hiver étaient sorties de leurs torpeurs annuelles et reprenaient leurs droits. On apercevait Letty ici et là dans tout Gensokyo, au moment des pics de froid. La fée des glace Cirno était la plus heureuse du monde, le froid la ravissait, on avait même l’impression qu’elle était plus aimable voir plus intelligente. Nombre de yokai n’aimaient pas ce froid, ils se terraient, parfois même hibernaient, attendant le retour de températures plus clémentes. La vie était plus reposée en Gensokyo en cette morte saison.


Tom se préparait, il comptait aller au village faire quelques courses et rendre visites à ces amis. Il s’équipa, se prépara puis sortit dehors, volant jusqu’au village grâce à son bâton de vol.

Quand il arriva aux abords des villages, il sentit que la vieille forge était en forte activité et décida de se poser devant la porte ouest. La sentinelle était sur ses gardes et plus tendu que d’habitude. Il parcouru le marché, entendant des paroles empoissonnés sur les yokai. Le marchand de papier se montra même dédaigneux à son égard. Le jeune homme sentit une ambiance lourde en cette journée, un évènement avait remonté la population, il comptait aller demander à Keine si elle en connaissait la raison.

La colère semblait gronder, calmer uniquement par le froid de l’hiver. Cependant, les esprits s’échauffèrent quand il arriva près de la statue du dragon, au centre du village où deux hommes s’approchèrent de lui.


-Asaki, Gorō, comment vous allez ? Demanda Tom aux deux jeunes adultes s’approchant de lui.

-Tu n’es plus le bienvenu. Dit l’un d’eux, d’un ton menaçant.

-Comment ça ? Je ne comprends pas pourquoi. Dit-il alors qu’il s’avança avant de se faire repousser par le second, faisant tomber Tom sur la place du marché.

-Mais pourquoi ?! Qu’est-ce qui vous arrives ?

-Tu n’avais pas le droit de la laisser tomber ! Hurla Asaki.

-Qui ça ?

-Tu as déjà oublié ?

-La jeune fille… au temple de Myouren…

-Oui, c’était ma petite sœur. Tu l’as blessée… Elle est toujours inconsciente. Tu aurais pu juste exterminer ce yokai et ma petite sœur ne serait pas dans cet état.

-Je n’y peux rien. J’ai tout fait pour éviter le conflit.

-Tu as sauvé ce yokai ! Hurla l’une des habitantes alors que ceux-ci commencèrent à l’entourer.

-Je n’ai fait que ce qu’il fallait.

-Tu mérites bien la lame, de ceux qui vendent leur âme ! Dit un habitant, exaspérer par la colère.

-On dit que le fils de l’Extérieur a trahis les humains et vendus leurs enfants aux yokai ! Cria une autre habitante.

-Je me fous de ce qu’on raconte, la seule chose qui compte, c’est la justice que je veux faire respecter... A peine avait-il finit son sermon qu’un coup lui fut asséné alors que la population se saisit de lui. 


Alors qu’il était à demi-inconscient, la foule l’entraina vers la porte sud tout en hurlant. Parmi les cris des habitants, il perçut cependant certains mots, «vengeance», «payer», «traitre» puis des «yokai», «expédition» et enfin «extermination».

Soudain, la foula le jeta au sol devant eux. Il tenta de se relever mais deux gardes le saisir. Il releva la tête et vit une corde attachée au sommet d’un poste de garde qui encadrait la porte sud. Alors qu’il fut monté sur le gibet et attaché à la corde, le chef du village s’approcha et lui reprocha d’avoir choisi les yokai à la place de sa propre race et que pour sauver son honneur il devait soit les exterminer soit en finir maintenant. Tom refusa de perpétrer un massacre inutile. Le chef redescendit de l’estrade, laissant le condamné à son funeste destin. Celui-ci réussit à se détacher par un petit tour de magie et balança le bourreau sur la foule sous la conspuation de celle-ci. La foule hurla qu’il ne s’en tira pas si facilement.


-Pourquoi vous me jugez ainsi ? Demanda Tom.

-Est-ce que c’est la vie ou le destin qui choisit ? Demanda le chef du village avec colère.

-La vie, le destin, je n’en sais rien.

-Mais pourquoi elle ? Cria une humaine.

-Je n’y peux rien, c’est ainsi.

-T’avais pas le droit ! Hurla Asaki.

-Non, je n’ai trahi personne ! Je ne veux pas qu’on me pardonne ! Je n’ai trahie personne ! Je n’ai fait que ce qui était juste ! Hurla Tom qui tomba à genoux sous les cris de la foule puis commença à sangloter alors qu’il posa son front sur le plancher.


A ce moment, une personne se posa sur la plate-forme située en face de Tom. Il releva la tête et vit Byakuren en train de parler à la foule en colère.


-Dieux qui voient tout, regardez-nous, regardez-vous. Dans leurs maisons coulent un poison qui a un nom, la Haine, la Haine. Comme un serpent dans vos âmes, la Haine, la Haine qui vous fait juge mais vous condamne, la Haine, la Haine. Je la vois brûler dans vos yeux, la Haine, la Haine qui fait de vous des malheureux.

-Je vous l'avoue, je n'ai que du dégoût. Pourquoi faut-il qu’ici on vit pour la Haine, la Haine qui fait de vous des complices. Prononça Tom alors que des yokai et des fées s’accumulèrent à une certaines distances de la porte où se trouvait Tom et Byakuren.

-La haine, c'est le courage qui manque aux lâches, la sœur de l'amour mais qu'on cache. Ajouta-elle sur un ton qu’on pourrait entendre pour un sutra d’une grande intensité et purificateur cependant mêler avec une grande colère.

-Je vous maudis pour toutes ces nuits à vous entendre sans vous comprendre, vous en oublier même les plaisirs, le seul qui compte, c'est de haïr. Ajouta Tom alors relevé et faisant de grands gestes, le regard illuminé par la colère.

-Regardez-vous elle vous enchaîne, cette Haine qui vous prend tout, regardez-vous, vous n'êtes rien que des pantins entre ses mains. Continua-elle sous la clameur des humains à l’intérieur et des yokai à l’extérieur.

-Comment peut-on faire en son nom, autant de crimes et de victime ? Elle vient pondre dans vos âmes. Alors écoutez la voix des sages ! Crièrent Byakuren et Tom.


Un projectile fut lancé contre Tom qui se le prit dans le flanc gauche et qui s’y ficha. Il tituba, le sang s’écoula sur le plancher puis posant un genou un terre, il retira l’objet de sa plaie dans la douleur puis le jeta avant d’arracher un bout de tissu et de couvrir la blessure avec. Une fois debout, il tendit le bras et fit volet son bâton jusqu’à sa main. Une fois réceptionnée, il jeta un dernier regard sur les foules amassées de chaque côté, il vit Keine dans le côté des humains, semblant être impuissante. Il s’envola vers chez lui en passant par-dessus la forêt des Yokai. Ce fut une nuit sans Lune, sombre comme la douleur que lui avaient infligée les humains qu’il voulait protéger. Il se sentit de plus en plus faible et commença une lente descente vers la forêt des dangers, celle des yokai. Il se posa, se sentant trop faible pour voler, il continua sa route à travers la forêt en direction de sa demeure.


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