Torchwood 2.0

Chapitre 2

2344 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 04:26

Dans la direction du fameux bar, toutes les places du 4x4 de Torchwood étaient occupées, Ianto au volant, Jack passager avant et les autres installés sur la banquette arrière, Owen regardait pensivement par la vitre, l'estomac criant silencieusement. Tous écoutaient le discours concentré de Tosh à propos de l'alien qui les attendait.

- Il est resté exactement à la même place depuis la première fois où je l'ai vu, ce matin. C'est comme s'il attendait patiemment que quelque chose se passe, où quelqu'un. En tout cas ça ne peut pas être quelque chose comme un Weevil, ou autre chose d'inhabituel, car quelqu'un aurait fini par le remarqué ...

- À moins qu'il soit bien caché, soupira Owen

- ... donc ça doit forcément être quelque chose de commun, avec un aura extraterrestre. En vérité au début j'ai cru que l'ordinateur se trompait, du moins quelque chose dans mes logiciels, mais il ne s'est jamais trompé, c'est bizarre !

- Au pire, si ça dérange personne on aurait pu finir notre pizza tranquillement ...

- D'après ce que j'ai compris, l'existence et la subsistance insolente de ce signal extraterrestre surprend et inquiète Tosh, alors tout le monde y va, c'est le job.

Owen ne susurra rien dans sa barbe mais n'en pensait pas moins. Il se demandait pourquoi est-ce que il fallait se déplacer jusque au bout du monde juste pour une histoire de signal inquiétant. Il n'était pas agent médical de terrain pour "vérifier si tout se passe bien", il était là pour faire en sorte que les choses se passent bien, et encore, il allait devoir laisser son repas pour une commission à la Tosh : "Tout se passe bien, mais autant vérifier" ...

- On verra bien là bas, termina Jack.

- Oui mais si il ne se passe rien, Owen va te faire payer de le faire louper sa pizza, fit Ianto sur le ton de la plaisanterie.

Gwen souria.

***

Au moment où la porte du restaurant s'ouvrit, elle ne les regardait pas. Elle se concentrait encore et toujours sur ce verre de limonade, dont la surface scintillait et tremblait calmement. À chaque coup d'un poing sur le bar, d'un verre qui atterrissait, de quelqu'un qui se reposait contre celui-ci, la surface répondait docilement d'un tremblement rapide. Des ondes se formaient. Elle n'atteignait jamais la paix, la perfection. Elle était sans cesse traversée de tourments et n'en voyait pas le bout. Et même en espérant, même en essayant de chercher les choses, il y avait toujours quelque chose ou quelqu'un pour la faire revenir dans cette vie de tourments, d'ondes sur la douceur de la surface de l'eau.

Mais soudain, ce fut comme un choc. Elle savait qu'ils étaient là, qu'elle ne pouvait pas rester ici indéfiniment, qu’ils devaient arriver et ils étaient là. Le fardeau de ces quelques jours allait commencer. Pourquoi avait-elle décidé de le faire, finalement, après ces cinq indéfiniment longs jours de réflexion ? Parce qu’elle le devait. Parce qu’il le fallait. Parce que c'était son devoir si elle ne voulait pas recréer des problèmes à plus grande échelle.

Elle sentit un souffle d'air frais. Un courant d'air qui traversait le bar et rafraichissait l'air chaud ambiant. L'air chaud de ce bar sans histoire, le genre d'air qui n'est brassé que quelques fois par jour et qui finit par se faire ressentir sur les épaules des clients. Le courant d'air vint alors lui chatouiller la nuque. Le col de son chemisier blanc trembla avec le courant d'air et elle voulut tordre son cou pour apercevoir les personnes qui venaient d'arriver. Mais elle préféra faire profil bas.

Le débit sonore du bar baissa soudainement. C'était la confirmation : sans les avoir vus, elle savait déjà que oui, c'était bien eux. Un petit groupe de personnes en blouson noir ne sont pas en général du genre à faire taire tout le monde d’un instant à l’autre, mais eux, oui.

Elle sourit. Cela ne s'annonçait pas si mal que ça... Même si elle était d'humeur fortement morose, la bonne humeur contagieuse de ces cinq allait, elle le savait, la faire revivre pendant quelques jours. Ne plus penser au passé, se concentrer sur ce qu'il y avait à faire : finir le boulot en temps et en heure. Elle regarda vers la porte et ils apparurent. Comme une vision céleste. Enfin quelques visages familiers. Il faisait bon de les revoir, et elle avait envie de tous les prendre dans ses bras un par un, mais ce n'était pas non plus le moment de déraper. Elle se fit petite, se dissimula derrière le dos d'un homme près d'elle accoudé au bar, qui ne semblait pas la voir et avait un dos très rond, et les espionna.

D'abord, en tête de file, Jack, majestueux dans son manteau bleu adoré dont le bas volait dès qu'il faisait un seul pas. Ensuite, Gwen et Owen, dans presque le même blouson en cuir noir et avec presque la même expression de suspicion sur le visage. Et enfin, en fin de liste mais non les moindre, cette chère et tendre Tosh au visage doux et aux intentions toujours honorables et ce grand homme primé bien en dessous de ses capacités, Ianto. Quelles adorables petites choses. Ils leur avait tellement manqué. Mais maintenant qu'elle les revoyait, elle se sentait tellement seule ... Il lui manquait quelqu'un ...

Jack arriva à l'autre bout du bar en ayant scruté le plus de visages possibles et scuta tout autant celui du barman qui lui racontait, tout en essuyant un verre de wisky avec un torchon sale, qu'ils ne pouvaient pas rester ainsi dans le bar sans commander et en effrayant tous les clients. Owen s'imminsça dans la discussion en apparaissant à la droite de Jack tout en déclarant "Moi, je vais vous prendre une pression !". Alors que le barman commençait la commande, Tosh remarqua :

- On est pas plutôt sensés trouver un alien potentiellement dangereux, plutôt que profiter des joies de la vie ?

- C'est pour mieux me fondre dans la masse !, lui rétorqua Owen avant de porter le liquide à ses lèvres.

Elle souleva les sourcils dans une expression d'agacement mêlée à de l'amusement. Cela aussi lui avait manqué. De leur côté, Ianto et Gwen scrutaient les horizons sans la voir. En même temps, elle n'était qu'une jeune fille tapie dans l'ombre, et ils étaient loin de se douter que c'était pour une jeune fille qu'ils s'étaient déplacés. Ils devaient s'attendre à ce que une chose difforme sorte d'une cachette avec le visage recouvert de sang, qu'ils allaient le boucler et tout allait être terminé pour eux. Mais cela était bien loin d'arriver.

Elle regardait alors Jack. Sa prestance était si grande, il avait une telle allure imposante mais distincte dans son élégance, que tous les clients du bar étaient tous se taisaient devant tant de hauteur. Alors qu'elle le fixait ainsi, admirant encore la brillance de ses boutons dorés, c'est lui qui se mit à la fixer. La lueur d'interrogation de ses yeux se fixait sur le visage de la jeune fille. Un visage rond, des pupilles foncées, un corps de jeune fille comme une autre mais un sourire satirique encore inconnu, qui lui était propre, comme précieux. Elle était assise au fond du bar qui était tout en longueur, assise sur un tabouret de bois, le dos droit, le port du menton altier. Dans sa main gauche était un verre de limonade transparente qui faisait refléter son visage en plus petit. Comme une vie parallèle.

Il s'avança vers elle, laissant les autre derrière lui à leurs recherches. Il ne savait pas exactement pourquoi son corps se déplaçait dans sa direction, mais il savait que quelque chose en elle l'intéressait. Il savait qu'elle n'avait rien d'une jeune fille ordinaire. En s'approchant d'elle, il pouvait la décrire un peu plus. Elle avait un tein assez pâle, des yeux d'un noir profond, les cheveux brun foncés, lisses et un peu en bataille. Jack atteingnit la jeune fille d'une vingtaine d'années et s'assit à ses côtés. Il attendit encore un instant et commença à lui parler :

- On vous a trouvé.

- Et vous m'avez fait attendre ...

- Qui êtes vous ?

- Tu le sais que je vous attend depuis ce matin?, répondit-elle avec un air un peu agacé. Tu le sais ça ?

- Il paraît que vous n'avez pas bougé depuis tôt ce matin, effectivement, comme si vous attendiez quelque chose ... Mais je vous repose encore une fois la question : Qui êtes vous ? Ou plutôt qu'êtes vous, nos logiciels ne vous reconnaissent pas.

- Il est vrai qu'ils peuvent reconnaître des dizaines de races non-humaines différentes, mais pas toutes celles qui peuplent cet univers. Ça a pas eu être facile de me repérer du coup.

Jack tourna le regard et eut son sourire cinique, qui lui creusait les petites fossettes du bout de ses lèvres. Il la regarda ensuite avec un air de fierté montrant toute l'honneur qu'il avait de disposer des services de Tosh. Tosh la technitienne, Tosh adorée.

- On a une bonne dépisteuse d'alien, finit-il par lui confier.

- Tosh...

Jack eut un moment de recul. Venait-elle vraiment de prononcer ce prénom sans jamais l'avoir rencontré ? À moins qu'elles ne s'eurent connues il y a longtemps, sans que Jack ne le sache ... Mais il savait tout de chaque membre de son équipe, avait tout su de leurs vies respectives, toutes les personnes qu'elles avaient côtoyées, il avait eu tout son temps pour les connaître, plus que lui-même parfois se disait-il ...

Il essaya de reprendre son sang-froid. Comment un simple prénom pouvait-il le perturber ainsi ? Il prit un air grave et se concentra sur des sourcils froncés avant de lui demander :

- Comment vous la connaissez ?

Elle pouffa sans le vouloir.

- Toi aussi, je te connais, tu sais.

Jack se reprenait tant bien que mal de la surprise d'il y a quelques instants mais cette nouvelle déclaration ne lui apporta qu'une nouvelle claque dans la figure. D'un seul coup, essayant une dernière fois à avoir une réponse à une de ses questions au lieu d'en avoir une nouvelle, il lui répondit :

- Oui mais moi je ne vous connais pas, donc je vous repose une dernière fois ma question : qui êtes vous ?

- Gaïa.

- Gaïa comment ?

- Juste Gaïa.

- Pas de nom de famille ?

- Non. C'est un peu bizarre comme prénom, je dois l'avouer ... mais ce n'est pas moi qui ait choisi !

- Pourquoi vous ne voulez pas me donner votre nom de famille ?

- Parce que c'est comme ça.

Elle se retourna et reposa son verre contre ses lèvres. Jack en eut assez. Cette jeune fille ne lui faisait que des complications et il ne voulait pas s'en créer par lui même, juste en continuant à lui prêter attention. Il se décida alors à en finir avec cette discussion. Il dirait alors à l'équipe que, l'alien n'étant pas dangereux pour autrui, l'affaire était close et les choses reprendraient comme avant. Mais, Gaïa, puisque elle s'appelait comme ça, fit :

- Tu te demandes sûrement pourquoi tu me parles. Pourquoi tu m'attaches autant d'importance.

- Non.

- Je vais te répondre.

Elle le regardait alors le visage droit, le menton haut, le corps totalement droit et tourné vers son interlocuteur, qui la regardait maintenant d'un petit air intéressé. Elle inspira une bouffée d'air avant de lui avouer, d'un souffle qui fit dresser l'intégralité de son cuir chevelu :

- Moi aussi je suis à la recherche du Docteur.

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