Torchwood 2.0

Ianto sortait du couloir des cabines de détention avec un air insouciant, venant d'enfermer le Weevil qu'Owen venait d'attrapper. Ce dernier était parti le capturer car sa grande amie Tosh avait aperçu une trace de combat dans une ruelle assez loin du centre ville, lequel dégageait un aura non-humain au quart de sa totalité. En effet, en arrivant sur place, l'agent de terrain avait aperçu qu'un tapage s'était enclanché au milieu d'un groupe de trois jeunes hommes, où un Weevil, la pupille dilattée et le regard de braise, les attaquait sauvagement et sans préambule. Un coup de neutralisateur électrique léger, et le Weevil se retrouvait en prison, les vidéos de surveillance effacées, de même pour les mémoires, et l'affaire, dans le sac. Puis le captureur de Weevil du moment était parti accompagner Gwen à la chasse à la pizza, activité qu'ils exécutaient avec ardeur.

Ianto traversa la grande salle, et aperçu Tosh presque litéralement absorbée par l'écran de son ordinateur. Elle était  penchée en avant, le nez à un centimètre de l'écran, les sourcils froncés et faisait la grimace. Elle se levait presque de son siège, son tabouret tournant plus précisément, et Ianto souria à cette vision, familière mais toujours aussi amusante. Il se raprocha d'elle et lui demanda de sa voix la plus amicale possible :

- Qu'est-ce qui se passe ?

Elle se retourna vivement et l'observa de la tête au pied, avec une expression de surprise apparente derrière ses lunettes. Elle se rassit alors timidement tout en lui répondant :

- Rien, rien du tout ...

Puis elle se remit dignement à ses occupations dans une position normale, le dos droit et le visage à une distance certaine de l'écran.

Un cri suraigu traversa la pièce, venant doucement percer les tympan de Tosh et Ianto, seuls occupants de la grande salle à cet instant. C'était ce ptérodactyle, une sorte de mascotte privée qu'ils gardaient jalousement dans l'institut. Il passait le plus clair de son temps à manger des grandes parts de viande bouchère et à s'exercer en tournant autour de la salle, sauf les jours où c'était chocolat. Ianto se demandait parfois si il ne se lassait pas à un moment, de cette vie monotone. Ce n'était pas la grande éclate, tout de même, de faire le tour de la même salle cent fois par jour, pour faire la même chose le lendemain. Il n'y avait pas beaucoup de place pour s'éxercer pour ses grandes ailes d'acier dans les sous sols de Cardiff ... Mais il ne se plaignait pas, c'était le pricipal.

Atteignant enfin le bureau de Jack, table de bois chargée derrière ses vitres de verre, ce qui correspondait bien à celui qui y était, à ce moment là, en train de classer les ultimes dossiers de la journée, Ianto annonça haut et fort :

- Il est bouclé !

- Cool ! répondit Jack en se dirigeant vers son ami qui était resté sur le pas de la porte. On mérite bien un peu de repos.

Il regarda Ianto de son regard inspecteur, fronçant un sourcil et soulevant l'autre. On aurait dit que quelque chose le tracassait en voyant l'expression de son visage.

- Ça va ? Tu as l'air pensif.

Ianto se pinça les lèvres quelques secondes.

- Je me demandais si ..., puis, après un instant de réflection pour bien former sa phrase : J'ai l'impression que quelque chose les gène, que quelque chose se passe dans les égouts ...

Jack eut un air amusé de ce qu'il venait d'entendre. C'était la première fois qu'il voyait quelqu'un s'inquiéter pour les Weevils, et non à leur sujet. Il était vrai que ces crétures vivant dans le bas fonds de la ville avaient depuis quelques mois une petite fâcheuse tendance à devenir fous et à sortir de leurs égouts, mais les tests et expériences que faisait en ce moment Owen sur les Weevils remontés à la surface qu'ils avaient capturé étaient réconfortants : rien n'allait passer au dessus de ce bon Owen. De même, le nombre de cellules de l'institut n'était pas extensible, et Jack aussi se demandait qu'est-ce qu'ils allaient tous faire lorsque tout allait être habité. D'un air amusé, il finit par lui répondre :

- D'accord, si tu veux  y faire un tour ...

- Non, c'est ...

- Amicalement ...

- Pas ce que j'ai voulu dire !

On entendit le doux vrombissement familier de la porte d'entrée coulissante et Jack, Ianto et Tosh tournèrent la tête. Owen et Gwen en sortirent, trois pizzas chaudes et odorantes dans les bras. Et cette dernière annonça, à haute voix, comme discourant devant une grande assemblée :

- Nous revoilà, qui a un petit creux ?

*****

Les cinq membres de l'équipe de Torchwood étaient maintenant assis chacun à sa place habituelle autour de la table ovale, devant leur homecinéma éteint, symbole de leur moment de répit de fin de journée si précieux. Jack était en tête de table, Ianto à sa gauche, Tosh à sa droite et Owen et Gwen en suivant. Toute l'équipe faisait donc le tour de la table, disposition permettant des échanges faciles et une proximité chaleureuse en ces temps de fatigue permanente. Sur la table étaient disposées, en face de chaque personne intéressée, une pizza d'une saveur chacune différente, fraîchement arrivée des grands fours de la pizzeria habituelle et encore chaudes et fumantes. La disposition ou les plats n'étaient pas dignes d'un restaurant étoilé mais ces cinq estomacs devaient êtres remplis de toute urgence et les premières choses qui leur venaient à la main étaient bonnes pour diminuer la famine générale.

La conversation tourna autour du sujet des divers tests que Owen avait l'intention de faire sur les quelques Weevils désignés et l'égo de celui-ci s'empourpra alors qu'il contait, ses mots bien choisis savants et compliqués le guidant, les petites choses qu'il voulait faire.

- Je vais y passer la semaine, mais ce n'est rien de bien compliqué, finit-il.

- En parlant de semaine, je comptais en prendre une de congé, commença Gwen d'un air détaché.

À la vue de la stupeur générale et les yeux exorbités la regardant avec ce regard abasourdi des personnes qui savent très bien de quoi parle leur interlocuteur mais qui en sont quand même béats, elle se reprit :

- Ne me dites pas que vous ne prenez jamais de vacances ...

- Et ça nous servira à quoi ?, demanda Owen sincèrement

Gwen déglutit.

- À voir d'autres pays, d'autres villes que Cardiff ! À changer d'air, rencontrer d'autres personnes, se faire des amis, se faire des moins bons amis, ... Faire du camping ! C'est super, le camping !

- Non. Trop de boulot, fit Jack

- Et les aliens, ils ne nous attendent pas.

- Moi, annonça Ianto, j'aime ma monotonie.

- C'est vrai, tu fais des cafés, c'est cool. (puis, se tournant vers Gwen :) Et le camping, si c'est pour faire de Hervé en short moulant, débardeur et canne à pêche, domir dans une toile de tente minuscule presque à même le sol, se faire piquer par des mousitiques, et avoir froid, excuse moi mais ça me branche moyen ...

- Tu exagères, il y a pas que des Hervés dans les campings ...

- Non, bien sûr, il y a aussi des Jacky et des Gervaines, excuse moi.

- En un mot plus sérieux, interrompit Tosh sous les regards insistants de toute l'équipe tournée subitement vers elle. Ça fait quelque temps que j'ai pu apercevoir une activité extraterrestre dans un bar de la ville ...

Mais elle fut très vite coupée par Jack, déjà levé et qui commençait déjà à mettre son grand manteau militaire habituel, alors que tout le monde était encore assis à sa place, une part de pizza dans la bouche prêt à mâcher, et qui, se dirigeant vers la sortie, fit :

- On y va !