Torchwood 4x01 : Cardiff, 2093.

Chapitre 1 : Des questions sans réponses

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:31

Voix : à toutes les unités, suspicion de meurtre au croisement de East Bute Str et Pierhead Str. Suspect se dirigeant vers Mermaid Quay, probablement armé et très dangereux … appel à toutes les unités… 

La première voiture à répondre à l’appel était celle de la jeune inspectrice fraîchement nommée, Eirwen Lloyd, accompagnée de son partenaire Gareth Morris. 

Eirwen : Poste de police ici voiture 17, nous nous dirigeons vers la baie. A vous ! 
Voix : Bien reçu voiture 17. Vous serez rejoints par les équipes 4, 19 et 12. 
Eirwen : Bien reçu. 

Ils n’étaient qu’à 5 min du lieu du crime, mais elle enclencha la sirène et appuya sur l’accélérateur, faisant crisser les pneus sur le bitume, lorsqu’elle tourna à droite sur St Mary Str. Ils venaient de dépasser le magasin Henrik’s sur leur gauche. Eirwen aimait y faire ses courses, c’était de bonne qualité et les prix étaient raisonnables pour son maigre salaire d’officier. Maintenant qu’elle était passée Inspecteur principal, son salaire allait faire un bond en avant de quelques dizaines de livres … mais elle s’était promis d’être raisonnable et d’essayer de résister à sa dépensite aiguë… 

Ils arrivaient près de Roald Dahl Place, ils avaient en vue le Millenium Center. On dit que la tour « fontaine » qui y avait été construite dans les années 2000 était magnifique et que lorsque l’eau en coulait, on croyait voir une cascade. Eirwen n’avait jamais vu cette fontaine, il y avait plus de 80 ans qu’elle avait été détruite suite à une explosion qui avait formé un immense cratère englobant la quasi-totalité de la place… épargnant miraculeusement le Millenium Center. Il avait été question de la rebâtir en 2059, pour les 50 ans … mais cette idée fut abandonnée suite à la crise financière des années 2060. Dommage. 

Gareth : Eiry, c’est vert ! 
Eirwen : Désolée, j’étais ailleurs… 
Gareth : J’avais remarqué... 

Elle s’engouffra dans East Bute Str. La voiture des services d’urgences ainsi que celle du coroner étaient déjà arrivées. Les deux policiers descendirent du véhicule et s’approchèrent du corps gisant sur le trottoir. Le pauvre bougre avait été violemment déchiqueté, ses membres pendaient de ci de là, rattachés au reste du corps par les tendons restants. Elle n’était pas le genre de fille à s’évanouir à la vue du sang, sinon, elle aurait choisi un autre métier… mais cela ne lui avait jamais traversé la tête… dans la famille, on était policier de mère en fille et cela depuis 4 générations. Une tradition qu’aucune des filles aînées n’avait remis en question, même si elles rêvaient d’une autre carrière, ou jalousaient la liberté de choix de leurs frères et sœurs. Elles étaient comme programmées pour ce job, dès leur plus jeune âge, elles étaient baignées dans le sordide et l’impensable… le sang et les mutilations… les cellules et les salles d’interrogatoires. Leurs mères les emmenaient au commissariat et les laissaient au contact des criminels les plus dangereux. 

Eirwen avait suivit cette « formation » dès l’age de 6 ans. Selon sa mère, elle s’était montrée très douée et curieuse de tout. Elle était même devenue la mascotte du commissariat n°14. Puis, la veille de son 10e anniversaire, Le commissaire principal était venu chez elle. Il s’était assis sur le fauteuil du salon et lui avait annoncé la mort de sa mère. Elle avait été tuée par un jeune junkie en manque. Étant fille unique d’une mère célibataire (son père était parti avant sa naissance et n’avait plus jamais donné de ses nouvelles), mais surtout fille d’un officier de police, elle fut placée dans un orphelinat dépendant du ministère. Mais tête brûlée dès son plus jeune âge, elle fuguait sans cesse pour retourner au commissariat, au contact des policier et des malfrats de la ville. C’était là qu’elle se sentait chez elle. 

Devant cette situation quelque peu problématique - Eirwen séchait les cours, devenait insolente et violente envers ceux qui se mettaient sur son chemin - et parce qu’il avait un profond respect pour la famille d’Eirwen depuis plus de 50 années, le commissaire et sa femme prirent la décision de l’adopter. Ils n’avaient jamais eu d’enfants et le commissaire la considérait de toutes façons comme faisant déjà partie de sa famille. 

Lorsqu’il en fit la proposition à Eirwen, celle-ci lui sauta au cou, trop heureuse de quitter l’enfer coercitif de l’orphelinat et de retourner vers le lieu qu’elle appréciait le plus : le poste. Le commissaire Welling lui proposa cependant une sorte d’accord : Elle arrêtait ses bêtises d’adolescente, reprenait le chemin des cours et en contre partie, il lui apprendrait tout ce qu’il savait sur le métier de policier ainsi que les ficelles du métier. Face à cette proposition qu’elle ne pouvait refuser, elle tendit la main à son futur « père » qu’il prit dans la sienne. L’accord était conclu. 

Voilà une des raisons qui expliquent l’avancement rapide d’Eirwen au sein de la brigade. A 24 ans elle était la plus jeune femme inspectrice du district et peut-être même de tout le Royaume-Uni. Mais cet avancement ne lui avait pas été donné par amitié ou favoritisme, elle avait gagné ses galons d’inspecteur après avoir résolu l’affaire du tueur de Glossop Rd. Une sordide affaire qui l’avait conduite dans les quartiers les plus crasseux de Cardiff. Même sa mère et sa grand-mère n’avait pas eu ce grade avant leur 35 ans ... Elle le devait principalement à son pouvoir de déduction et à son 6e sens légendaire, mais aussi à tous les conseils donnés par celui qu’elle considérait comme son père, qui lui distillait le soir sous forme d’histoires lorsqu’elle était plus jeune, puis sous forme de « cas pratiques » lorsqu’elle revenait de l’école de police pour le Week End. Elle avait tenu sa promesse, il avait tenu la sienne. 

La seule chose sur laquelle il ne voulait pas discuter était la mort de sa mère. Vers l’âge de 18 ans, elle lui avait posé la question sur les réelles circonstances qui avaient amené sa mère sur les docks de Cardiff, un dimanche soir, alors qu’elle était censée être de repos. Il lui avait récité le rapport officiel, à la virgule près et avant qu’elle ait pu objecter, il s’était levé et était parti se coucher… Il n’était que 20h45. Tout au fond d’elle-même, Eirwen savait qu’on lui cachait la vérité, mais elle su être patiente. Le jour de la remise de son diplôme, elle fit un seul choix d’affectation. Elle pouvait se le permettre, elle était major de sa promotion. De l’estrade, elle pouvait voir le sourire éclatant du commissaire et de sa femme. Elle s’adressa à l’assistance, en tant que major, elle devait faire le discours de clôture. Elle remercia les professeurs, elle remercia sa famille, et félicita ses camarades, et n’oublia pas de remercier sa mère ainsi que toutes les femmes de sa famille qui avaient, comme elle, choisi la voie de la protection et de l’assistance. Puis, comme de coutume, elle annonça le choix de l’affectation qui lui avait été accordé : Le commissariat du 14e district. 

A l’annonce de ce choix, des murmures s’élevèrent de l’assistance ainsi que du banc professoral. Tous pensaient qu’elle aurait choisi le 1er ou le 10e district, les commissariats les plus recherchés et espéré par les bleus. Celui du 14e District avait une des réputations les plus négatives de Cardiff… C’était un des endroits qui était généralement choisi par les étudiants de fin de liste qui n’avaient plus trop de choix… Mais c’était le commissariat qui avait accueilli toutes les femmes de sa famille… et c’était celui qui assurait la sécurité entre Cardiff Bay et l’hôpital Albion et englobait Slpott. C’était les quartiers où les taux d’homicides et d’agressions étaient en nette augmentation depuis les 50 dernières années et ne cessaient de croître… C’était également le commissariat de son « père » et celui qui refermait le dossier sur la mort de sa mère. Ce dernier point était un des plus important pour Eirwen. Elle savait qu’en faisant partie de cette brigade, elle aurait accès aux archives et donc, elle pourrait enfin savoir la vérité. 

Les premiers jours à la brigade furent éprouvants, une série de meurtres venait d’être commis et 5 corps avaient été retrouvés entassées derrière Roath dock. Aucun indice, aucune empreinte exploitable, aucune piste sérieuse… que des suppositions… rien de tangible. Les corps semblaient intacts, le légiste avait conclu à des morts naturelles suite à une rupture d’anévrisme. Mais comment expliquer le fait qu’ils aient été déposés dans ce lieu ? Durant un mois entier, 5 équipes avaient été mises sur l’affaire, dont celle de Gwen et Gareth. 

Gareth était un des policiers les plus expérimentés de la brigade, 10 ans de métier. Son partenaire avait prit sa retraite et Eirwen avait été sa remplaçante. Elle connaissait Gareth depuis qu’il était arrivé au poste, en 2083. Elle n’avait que 14 ans, mais comme à son habitude, elle traînait dans le commissariat à chaque fois qu’elle avait un moment de libre. Elle ne lui parlait que rarement, il était assez refermé et rude, mais lorsqu’elle devint son partenaire, elle se rendit compte que sous son air de vieil ours mal léché, se cachait un homme au cœur d’or. 

L’affaire fut classée sans suite, pas d’autres corps, pas de découvertes d’indices permettant une quelconque piste. Ce ne fut donc que le mois suivant qu’elle trouva un moment pour descendre aux archives. Elle prétexta une pause cigarette et prit la direction de la sortie de service. Mais arrivée au milieu du couloir, elle bifurqua rapidement sur la gauche et prit l’escalier menant au sous sol. La salle d’archives était en réalité un boxe occupant 6 places de parking dans le garage. La porte était bien évidemment fermée à clé, mais Eirwen avait appris à crocheter une serrure depuis son séjour à l’orphelinat. Trois clics et 30 secondes plus tard, elle faisait glisser la porte et s’engouffrait dans le local. Un amas de cartons, de scellés et autres objets s’entassaient sur des étagères et à même le sol. Seuls des numéros écrits au marqueur permettaient de distinguer les boîtes. 

Mais ce n’était pas cela qu’elle cherchait. Elle posa son regard sur les différents endroits de ce local… elle avait un peu de peine à discerner les différentes formes qui se dressaient devant elle. L’obscurité due au fait qu’elle n’avait pas allumé la lumière pour ne pas se faire prendre, compliquait légèrement ses recherches. Au bout de quelques minutes, ses yeux s’habituèrent au noir et elle aperçut, posé contre le mur du fond l’objet de son exploration. Des casiers à dossiers suspendus. Elle s’approcha et entreprit de déchiffrer les étiquettes collées sur les tiroirs. E-F, G-H, I-K, et enfin, celui qu’elle cherchait L-M… Elle fit glisser le tiroir, de la poussière s’en échappa et Eirwen ne put s’empêcher d’éternuer. Elle resta silencieuse un moment, de peur que le bruit n’ait alerté quelqu’un qui se serait trouvé à proximité… 

Rien, le garage était vide et silencieux. Elle reprit sa quête… fouillant dans les dossiers, jusqu’au moment où elle lut : Meredith Lloyd. Elle hésita … Voir le nom de sa mère écrit sur un dossier lui donnait le vertige. Elle avança lentement la main vers le dossier et le sortit. Il n’était pas très épais, du moins pas autant qu’elle se l’imaginait. Elle le glissa dans son blouson, referma le tiroir et recula vers la porte. Son cœur battait la chamade… elle venait de subtiliser un dossier. Elle se dirigeait toujours vers la sortie lorsqu’elle buta contre quelque chose. Son regard se posa sur un objet qui dépassait d’une étagère. Une sorte de sac de toile fermé par une corde. C’était dans une des boucles de cette corde qu’elle s’était accrochée. Pestant contre sa maladresse, elle continua vers la porte. Arrivée à la sortie, elle scruta l’ensemble du garage pour vérifier que la voie était libre. Personne. Elle referma la porte et se dirigea vers l’escalier pour remonter dans les locaux. Le dossier bien coincé entre son T-shirt et son blouson, elle commença à gravir les escaliers, les yeux sur les marches, repensant à ce qu’elle venait de faire. 

Arrivée à son bureau, elle glissa subrepticement le dossier dans son sac et se remit au travail. Les heures s’écoulaient si lentement qu’elle crut que la journée ne se finirait jamais. 18h30, enfin, elle attrapa son sac et se rua vers la sortie. Elle croisa son père dans les couloirs. 

Welling : Eiry ! On te voit ce soir pour dîner ? 
Eirwen : Désolée papa, je ne suis pas libre ce soir ! 
Welling : Un rendez-vous galant ?

Eirwen qui voulait à tout prix se débarrasser de son père afin de rentrer étudier son précieux dossier, ne discuta même pas et répondit : 

Eirwen : Oui, c’est ça, rendez-vous galant… 
Welling : Dis moi que ce n’est pas un des nôtres … 
Eirwen : Non, t’inquiète… 

Elle franchit les doubles portes battantes et descendit les marches du perron. Son appartement se situait dans le centre de Cardiff, près du New Theater, un des rares vestiges des siècles précédents qui avait résisté à l’urbanisation croissante du centre ville. Elle attendit impatiemment le baycar à l’arrêt situé devant le Millenium Center qui la déposa à 20 mètres de chez elle. Elle sortit ses clés, ouvrit la porte et s’y engouffra. Elle jeta son blouson sur le fauteuil, ouvrit son sac et en sortit son précieux dossier. Elle remarqua à peine le drôle de symbole tamponné sur la couverture, car elle était trop pressée de découvrir le fin mot de l’histoire. Elle tourna la couverture et commença à lire la fiche personnelle de sa mère. En haut à droite, une photo, la représentant en uniforme, ce devait être au début de sa carrière, car elle était très jeune. Suivait ses nom, prénom, date de naissance ainsi que d’autres informations qu’Eirwen connaissait déjà. Elle tourna cette première feuille et découvrit en dessous, un rapport sur des états de services irréprochables et très impressionnants. Mais cela aussi elle le savait. 

La troisième page était une page de garde d’un rapport, celui du décès de sa mère. En rouge, avait été tamponné les mots : TOP SECRET – FOR YOUR EYES ONLY. Sa main trembla lorsqu’elle souleva cette page afin de commencer à lire. Mais ce qu’elle découvrit lui glaça le sang tout en faisant naître en elle une terrible colère. Le rapport avait été censuré des ¾ des informations. De longues lignes noires traversaient la page, réduisant les espoirs d’Eirwen à néant. Suivaient 15 pages ayant subies le même traitement. Eirwen referma le dossier. Des larmes de déception mêlées de colère coulaient sur ses joues. Elle ne saurait jamais la vérité… Seul son père pourrait la lui dire, mais jamais il ne l’avait fait et il ne semblait pas vouloir le faire malgré les multiples tentatives d’Eirwen. Elle posa le dossier sur la table basse et s’allongea sur le canapé. Elle ferma les yeux et resta là de longues minutes.  

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