Initiales JH : Young Blood
CHAPITRE II : La grande évasion
JON HARTSHORNE
Il se sentait flotter. Plus précisément balloter. Il ne comprit pas tout de suite la situation, il lui fallut attendre de cligner des yeux. Il était porté. Non pas comme une jeune mariée ou un enfant malade : quelqu'un le portait sur son dos et marchait vite, courait presque. En voulant bouger ses mains pour assurer une meilleure prise, il comprit que ses poignets avaient été liés pour qu'ils puissent tenir en enserrant les épaules de sa monture improvisée. Deux bras étaient passés sous ses genoux.
Inhabituel. Petit, il avait souvent vu des enfants jouer à se transporter ainsi. Bien sûr, lui ne partageait pas leurs jeux… Il laissa cette pensée dériver car elle était inutile et vaine. Ils étaient en train de remonter des couloirs, tellement identiques dans leur neutralité gris beige qu'il se croyait dans un vrai labyrinthe… Le jeune bleu de l'agence – Jack – ce nom roulait par vagues dans sa tête mais il ne savait pas d'où il le tenait car les bleus n'avaient pas de nom, les bleus n'étaient que des numéros… – il le portait sur son dos et remontait des tas de couloirs, s'arrêtant à certains moments, tournant à d'autres, sans que Jon puisse individuer comment il faisait pour s'orienter. Avait-il réussi à obtenir les plans des lieux et à les mémoriser ?
Une part de lui se sentait légèrement coupable de se laisser transporter de la sorte. Sans doute aurait-il été plus correct de marcher et de le suivre… Mais après avoir été maltraité comme il l'avait été tous ces derniers jours, il voulait bien rendre les armes et accepter ceci. Et puis c'était agréable d'être ainsi contre lui. Avec son parfum épicé entêtant qui lui tournait la tête… Il se mit à glousser tout bas. « Tourner la tête ». Il n'avait certainement jamais employé cette vieille expression qui datait d'il ne savait combien de siècles…
— Si t'es réveillé, tu pourrais marcher, entendit-il soudain.
— Où sommes-nous ? grogna-t-il pour gagner un peu de temps de transport.
— Quelque part en pleine Phase A. Soit gagner une zone spécifique des étages les plus inférieurs…
— Quel est ton plan ?
— D'abord, arrêter de te porter à la première occasion… Ensuite, quitter la prison. Après, c'est là que ça va devenir un peu compliqué…
Il pila brusquement à un angle et en profita pour relâcher les genoux de Jon qui reposa les pieds par terre.
— Si tu essaies de m'étrangler, je te jure que tu vas le regretter… l'avertit-il en passant ses bras par-dessus sa tête pour se sortir de son étreinte involontaire.
Jon lui renvoya un regard maussade et tendit les poings devant lui dans l'intention manifeste qu'il le détache et le bleu le toisa d'un air sarcastique en secouant la tête.
— T'as prouvé que je ne pouvais pas te faire confiance, tu vas rester comme ça un moment… Viens suis-moi. On peut y aller, on est presque arrivés.
Jon le suivit comme il pouvait en maudissant chacun de ses pas qui commençaient à produire en lui une douleur sourde. L'effet de l'anesthésiant n'était pas très durable… Droite, gauche, droite, gauche, gauche, encore gauche, droite, droite, droite… Et il avait perdu le fil. Cela avait continué encore et encore. Il remontait les couloirs anonymes. S'arrêtait miraculeusement avant chaque croisement de patrouille. Repartait aussitôt…
— Comment tu fais ça ? s'enquit Jon avec curiosité. T'es devin ou quoi ? On a déjà croisé je ne sais combien de patrouilles depuis que je suis réveillé…
Le bleu sourit en coin en regardant vers lui un instant. Quel putain de sourire ultrabright il avait, le salopiaud ! Une véritable arme de destruction massive…
— Les mecs de l'équipement ne m'ont pas filé de gadgets mais ça ne veut pas dire que je suis venu les mains vides pour autant…
— T'as acheté un truc de ta poche ?
— Non, fit-il en dodelinant de la tête, je ne l'ai pas vraiment acheté…
— Tu as piqué du matos à l’Équipement ?! Si oui, j'avoue que tu m'impressionnerais…
— Non plus, je pense que je me serais fait sacquer direct… Disons que j'ai emprunté quelque chose que je ne pourrai malheureusement pas rendre… Attends un peu.
Ils venaient d'arriver devant une petite porte nue et lisse sécurisée par un code. L'air de rien, un peu énervant et un peu suffisant, il se cala devant le cadran et tapa une série de chiffres. La porte émit obligeamment un bruit caractéristique de déverrouillage, suivi d'un léger chuintement. Il tapa deux fois en haut et en bas du côté de l'ouverture et elle coulissa vers la droite.
— Mais comment tu peux savoir où coince cette foutue porte ! fit Jon en fronçant les sourcils.
Le bleu ne répondit rien mais il avait cet air content de lui qui l'énervait. Il le poussa par l'ouverture avant de s'engager après lui et de regarder la porte se reverrouiller sur eux. Dans le sas, il faisait noir. Une seconde porte avec un simple volant de verrou manuel se dressait devant eux.
— Si tu veux faire une très brève pause, c'est maintenant, le prévint-il.
— Pourquoi ? C'est quoi la suite ?
— Phase B. Quatre kilomètres de petits boyaux étouffants et puants, avant de rejoindre l'air libre.
— T'es en train de me dire qu'on passe par les égouts ? grimaça-t-il.
— T'es en train de me dire que tu préférais qu'on te caresse encore les côtes à l'électricité ?
— Nan. Et tu pourrais pas me détacher maintenant ?
— Tout à l'heure.
— Ça shlingue ici ! pesta-t-il comme l'autre ouvrait la seconde porte en mimant une politesse exagérée pour qu'il passe devant.
Le bleu soupira et répondit :
— En tant que bouseux, je suppose que j'ai l'habitude !… Mais je ne pensais pas que tu pourrais faire la différence avec ce que tu sens toi-même… Si ça peut te remonter le moral, dis-toi que tout à l'heure on sera à égalité... Maintenant, roule. Et reste devant moi, que je voie ce que tu mijotes !
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Une longue marche commença, seulement éclairée par de minuscules patchs lumineux d'une très faible portée. C'étaient des petites poches translucides qui une fois pressées émettaient à la fois de la lumière et de la chaleur. Au bout de vingt minutes toutefois, elles s'éteignaient toutes seules et il fallait les réactiver par quelques pressions. Elles leur permettaient pourtant de voir juste ce qu'il y avait devant eux.
Il n'avait pas trop envie d'y penser, mais il espérait qu'ils ne feraient pas de mauvaises rencontres, désarmés comme ils l'étaient. Se battre à mains nues contre des bestioles à moitié mutantes aux dents acérées, et le tout dans des boyaux marécageux n'avait rien pour le séduire outre mesure. D'habitude, il avait sur lui tout un attirail d'armes blanches et contondantes, mais là… Par contre, Jon était assez époustouflé par le nombre de petits trucs insignifiants que le nouveau avait dans les poches de son gilet mais qui s'avéraient tous utiles et bien pensés.
A un moment, il leur autorisa une petite pause, alors que les parois s'approchaient vraiment près d'eux et qu'ils allaient devoir continuer à avancer franchement courbés et le dos cassé en deux. Le bleu avait défait un scratch et attrapé deux barres sucrées et un stick d'eau pour chacun d'eux.
— Oh, c'est si gentil d'avoir pensé à mon petit goûter ! grinça Jon, pourtant éperdu de reconnaissance.
— La meilleure, c'est que je n'ai même pas besoin de te délier pour que tu puisses le manger…
Jon serra les mâchoires et le regarda mastiquer lentement sa barre protéinée et ignominieusement sucrée d'un œil torve. Il ne comprenait pas ce que ce mec fichait là. Il ne comprenait pas son attitude. Il aurait été tellement plus simple de le tuer dans sa cellule alors qu'il était faible et inconscient, au lieu de s'embarrasser de lui…
— Pourquoi tu fais tout ça pour moi, Boeshane ? s'énerva-t-il tout seul au bout d'un moment.
Le beau garçon en rit tellement qu'il s'étrangla presque avec son eau.
— Pour toi ? Mais je vais te rassurer tout de suite ! Je ne fais pas du tout ça pour toi !
— Mais pour qui alors ? Pour toi ? Pour obtenir la titularisation ?
Il eut un drôle de petit sourire et essuya sa bouche d'un revers de main avant de réactiver sa petite pochette chauffante lumineuse et de se remettre debout, un peu voûté.
— C'est bien ce que j'ai dit... Ce serait bien qu'on reparte maintenant. Comme tu t'en doutes, il y a un certain timing dans toute cette opération.
— J'ai besoin de comprendre, insista Jon.
— Il faut qu'on arrive bien avant qu'il ne fasse nuit, répondit laconiquement l'autre. Toi compris ou pecnot devoir faire petit dessin ?
— Tu peux arrêter avec tes petits airs supérieurs ? Je veux comprendre tes motivations. Pourquoi as-tu accepté de tenter ça ?
— C'était le plan de Kranakar. Tout a été orchestré par ses soins dans les moindres détails. C'était un plan super. J'ai cru et je crois toujours qu'il est très bon. Ça aurait dû réussir.
Jon se redressa en tremblant un peu sur ses jambes qu'il tenta de déraidir en les massant.
— Qu'est-ce que tu essayes de me dire ? Que tu le connaissais personnellement, peut-être ? Un petit rien du tout comme toi ? On ne pouvait pas l'approcher comme ça. Il évoluait dans des cercles bien trop proches de la Direction…
— J'ai été repéré et proposé sur son conseil.
— Mytho ! Krana était misanthrope au dernier degré. Les rares fois où je l'ai croisé, je me suis fait envoyer chier sans préambule. Tu vas dire que c'était parce que je suis un sale con, mais il n'y avait pas que moi… Qu'est-ce que tu aurais bien pu pouvoir faire, dans un monde imaginaire, pour qu'un truc pareil t'arrive vraiment ?
— J'ai découvert sans le vouloir un truc hallucinant sur son compte, il y a longtemps…
— Ça y est, t'as réussi à m'intéresser… Quel genre de truc ?
— Intime, disons.
L'œil de Jon se remplit soudain de rage quand il fit volte-face. Le bleu recula d'étonnement.
— Est-ce que ce salaud t'a… euh... s'est servi de toi quand t'étais petit ?
— Pas du tout, répondit le beau brun avec un regard attentif et peut-être légèrement plus… doux.
— Alors qu'est-ce que tu veux dire ?
Son ton était inexplicablement rageur et cassant. Le bleu hésita avant de répondre doucement.
— Je ne sais pas trop à quelle espèce il appartient. Une minute, c'était une femme avec une méchante blessure, et celle d'après et bien… il morphait en homme et il était guéri. Il était assez furax que j'aie pu voir ça… Il n'aurait pas été dans mes intentions de révéler son petit secret à qui que ce soit mais je suppose que vouloir garder un œil sur moi était sa meilleure option. Pour en revenir à ce que tu voulais savoir sur la pureté de mes intentions envers toi, je me suis dit que si je ne tentais pas moi-même ton sauvetage, la mort de Krana, aurait été totalement et désespérément vaine. Et je ne voulais vraiment pas que sa mort soit vaine. La mienne je m'en fiche, la tienne encore plus. Mais si on survit, alors ça aura un sens. Ça te va, comme motivation ?
— Non, mais je m'en contenterai, disons jusqu'à la prochaine pause, bougonna-t-il. Il y en aura bien une, non ?
— Je l'espère, répondit-il en lui défaisant les liens de ses poignets.
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Après un temps qui lui sembla mortellement long où ils s'étaient traînés de plus en plus courbés, jusqu'à ne plus pouvoir avancer qu'à quatre pattes, puis ramper sur les coudes, ils débouchèrent miraculeusement dans un espace de tunnel un peu plus large et toujours aussi noir qu'un four. Un peu mal à l'aise de son pétage de plomb qui l'avait ridiculisé, Jon se manifesta pourtant enfin, renonçant à son orgueil naturel, conscient qu'il s'était montré largement présomptueux en affirmant qu'il pourrait suivre le rythme.
— Boeshane, c'est bon, t'as prouvé que t'étais un dur. Est-ce qu'on peut faire une autre pause maintenant ? se résigna-t-il à dire en se laissant rouler sur le dos.
— Je crois que non, on est en retard sur le timing.
Ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Le gamin voulait-il lui faire payer sa petite tentative d'agression dans la cellule tout à l'heure ? Le fatiguer à dessein pour lui faire passer l'envie de se rebeller contre son plan qui avait l'air millimétré au quart de poil de…
— Et quoi, grinça-t-il, t'as une garden party ensuite ?
— Ferme-la ! C'est pas vrai ! Tous les titulaires sont-ils tous d'aussi gros connards ou c'est juste toi ?
— Bien sûr, on s'entraîne dur pour ça et on fait des concours… Pourquoi est-ce que tu t'énerves, mon tout beau ?... Est-ce qu'on ne…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un bruit de grincement immonde et strident, assorti d'un gros « clong » lui glaça irrationnellement le sang. C'était étrange parce que sur le moment quand il avait vécu ça, il se souvenait que ce bruit n'avait rien représenté du tout pour lui. Juste un son sans importance, ni signification particulière. A la lueur des torches de gel, il avait vu les traits tendus de son sauveteur… Il ne comprit pas tout de suite pourquoi il voyait de la peur dans ses yeux. Ses magnifiques yeux bleus.
— On n'a pas fait assez vite ! Là, on est dans la merde !
Un ronflement sourd enfla dans son dos en l'empêchant de répondre. Le tunnel juste derrière eux rugit soudain et une masse monumentale d'eau se déversa sur eux en les emportant comme des fétus dans la tourmente. Jon se souvenait qu'il avait été tourneboulé dans ce courant, mais à l'instant même, il ressentit toutes les coupures et les coups sur ses membres qui rebondissaient sur les parois. Spontanément, il avait eu le temps de prendre une inspiration et voyait venir avec inquiétude le moment où il allait fatalement manquer d'air. Le courant était puissant et les emportait très vite. Il avait toutefois conscience que le nouveau n'était pas très loin derrière lui.
Au moment où il se dit que c'était probablement fichu et qu'il lui fallait impérativement reprendre une respiration, il sentit un bras le retenir à la taille et une main plaquer un tout petit dispositif sur son nez lui permettant d'avoir de l'air. Pas le temps de se réjouir de ce bref contact si chaud dans l'eau glacée. Le bras le lâcha pendant une minute et le flot les vomit dans une pièce plus grande où il se répandit de façon plus étale.
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Jon roula et toussa pendant un instant en prenant conscience qu'ils étaient dans un espace plus dégagé avec devant une sorte de petite plateforme surélevée au bout de laquelle il voyait une sortie circulaire grillagée par d'épais barreaux. S'il avait pigé quelque chose à la balade, ça devait être le passage vers la phase C…
— Boeshane ? toussa-t-il. Comment tu comptes nous faire passer entre ça ? T'as chouravé un rayon rétrécisseur ?
Personne ne lui répondant, il tourna la tête de tous côtés avec étonnement. Il ne le voyait pas.
— Boeshane ?
Sa voix tendue résonna lugubrement sur les parois et le présage lui sembla sinistre. Flottant à la surface clapotante de la piscine de désengorgement, il repéra enfin l'une des pochettes de gel-torche et pressa dessus, avant de la tendre au-dessus de sa tête à bout de bras. A deux mètres de là, il pouvait distinguer un corps à plat ventre dans l'eau.
— Merde, merde, merde et merde !
Le choc l'atteignit en plein plexus et libéra toute l'adrénaline nécessaire pour galvaniser les forces qui lui restaient. Il nagea jusqu'à lui et le retourna. Les yeux fermés, celui-ci ne respirait plus.
— Boeshane, tu m'entends ?
Il avisa la plateforme où il pourrait tenter de le réanimer sur un sol dur et nagea d'un bras en tirant le bleu derrière lui par le col. Ses muscles hurlaient grâce et il avait mal à en crier mais l'idée que la seule personne qui pouvait le sortir de là ne meure aussi connement que ça, avant la fin du sauvetage, était proprement révoltante… Sans connaître la suite des opérations, il était voué à se laisser mourir à ses côtés…
Il se hissa sur la plateforme et le tira de son mieux hors de l'eau, en s'y reprenant à plusieurs fois. Il n'arrêtait pas de se dire qu'il devait être mort, que ça faisait sûrement trop longtemps qu'il ne respirait plus ! Agenouillé près de lui, les gestes inhabituellement fébriles, il entama un massage cardiaque en comptant. Comme ça ne donnait pas de résultat, il maudit son esprit mal tourné et se mit à sourire en murmurant entre ses dents, comme si l'autre pouvait l'entendre :
— Il va falloir que je me dévoue pour le bouche-à-bouche, hein ? C'est pas ta journée !
Pourtant, il arrêta assez vite de sourire quand il vit que son bel ange brun restait sans réaction. Soudain envahi d'une rage irrépressible qui consuma ses dernières forces, il comprit qu'il allait crever là, comme un con, à côté du cadavre le plus sexy qu'il lui ait jamais été donné de voir... Il abattit ses deux poings serrés sur la poitrine du bleu d'un coup violent et à sa surprise, le corps se tendit et s'arqua une seconde. Et celle d'après, le nouveau se mit à recracher de l'eau et à tousser.
Tremblant de soulagement, Jon le tourna un peu de côté en position de sécurité pour l'aider à faire sortir l'eau qui restait. Les beaux yeux se tournèrent vers lui et sa bouche se tordit en un rictus quand il dit en reprenant son souffle vaille que vaille:
— Et t'étais obligé de me péter le sternum dans l'opération ? Je te préviens, si j'ai une seule côte de cassée, je te colle un procès au cul à la sortie ! grinça-t-il d'une voix éraillée.
Jon en resta bouche bée une minute, ne sachant trop comment réagir. Ce petit salopard qui était mort une minute avant, était en train de se foutre de sa gueule ! Il hésitait entre l'envie de lui défoncer les dents à coup de poing et celle de l'embrasser jusqu'à ce que les yeux lui sortent de la tête… Il ne fit rien de tout ça pourtant et se contenta de le voir relever son corps de Lazare d'autant mieux révélé par ses vêtements trempés.
Ignorant les œillades pourtant fort peu discrètes dont il était couvé, les yeux rivés sur sa montre, il cligna les yeux deux fois en les écarquillant, avant de dire entre ses dents :
— Merde, j'ai perdu une lentille ! [1]
— Quoi ?
— T'occupe… Il m'en reste une, ça devrait aller. Je crains qu'on n'ait pas le temps de la chercher, la vraie mauvaise nouvelle, c'est qu'une deuxième vague arrive dans treize minutes…
— Et ?
— Je te promets que dans moins de cinq, on est dehors. Au fait, tu aimes la varappe ?
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[1] Les fans de Torchwood auront reconnu le système « alien » que l'équipe utilise dans la saison 3 et 4. Il fallait bien que la paire de lentilles connectée vienne de quelque part…