Tomb Raider, une survivante est née

Chapitre 23

Chapitre final

2154 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/07/2020 10:30

Après une montée difficile, tant pour le vieux camion dont l'un des essieux arrière, la roue de secours et le réservoir de secours menaçait de se décrocher, que pour Lara, cette dernière arrive enfin à proximité du temple. Elle coupe le contact du poids lourd, ce qui provoque la fin du ronflement du moteur et de ses incessants tremblements.

Exténuée, Lara pousse un soupir de soulagement. Cependant, elle ne peut pas se permettre de perdre du temps et abandonne là son véhicule, pour pénétrer dans le temple.

Le temple, sombre, froid et vétuste est des plus surprenants au vu de l'importance du lieu, si tant est qu'il s'agît bien de la demeure d'Himiko. Des couleurs ternes, nul ornementation ni symbole d'aucune sorte, pas plus de soucis du détail. Aucune odeur, aucune bruit, aucune voix... Mais au fur et à mesure de son avancement, une curieuse et inexplicable sensation d'angoisse gagne Lara.

Comme si cet endroit renfermait un pouvoir intangible, mystérieux. Peut-être est-ce le pouvoir d'Himiko qui se manifeste ici ? Une reine ancestrale qui commandait aux tempêtes et dont l'armée veille toujours sur son âme, prisonnière de sa dépouille charnelle, dans l'attente d'un nouveau réceptacle.


Cette histoire me paraît toujours plus impossible, s'avoue Lara, mais je ne peux pas prendre le risque de réduire Mathias et ses théories à de simples divagations, dans sa folie, il semble avoir atteint une certaine forme de clairvoyance, je dois lui reconnaître ça.


Concentrée sur ses pensées, Lara est tirée vers la réalité par une détonation furieuse. Aux aguets, silencieuse, elle n'arrive cependant pas à déterminer l'origine du vacarme, quand soudain, un torrent de flamme vient illuminer la pièce.

Lara, à distance, arme son pistolet des munitions trouvées dans le camion et s'apprête à se défendre. Rien ne se présente à elle dans un premier temps, seulement, une deuxième vague de feu fait sortir de son abri un Garde-tempête acculé par les Solarii, ceux-ci n'hésitent pas un instant et déchaînent leurs armes sur le guerrier, qui s'éteint dans un sinistre cri de douleur, calciné.

Les hommes postés devant elle entravent sa progression, mais Lara ne peut que se résoudre à espérer leur départ, bien que déterminée et fatiguée, elle reconnaissait son infériorité.

Il ne fallut que quelques instants pour que la situation s'inverse brutalement, surpris par de nouveaux adversaires acharnés, les Solarii sont mis à mal par les sabres ennemis, précis, affûtés, sans pitié. Croft en profite pour se volatiliser, se soustraire à la vue de ses adversaires.

Il est néanmoins trop illusoire d'espérer se faufiler à l'insu des Solarii et des Gardes-tempête pour rejoindre la pièce suivante. Malgré toute sa prudence, elle est, en effet, repérée par un guerrier, qui, sabre à la main, se précipite sur elle. Prise de panique, Lara ne réagit pas aussitôt, et n'a que le temps de protéger sa tête de l'arme avec son bras gauche.

La blessure n'est pas profonde, mais entaille son corps de son omoplate à son coude. La douleur est vive, mais alors qu'elle sent son esprit tombée dans l'inconscience, de nouvelles détonations surgissent. D'où proviennent-elles ? Sont-elles dans son intérêt ? Aucune réponse ne vient. Lara s'écroule au sol.




*




Aujourd'hui, vingt-quatre avril deux mille treize, quinze ans après mon naufrage sur le Yamataï, je suis près de la délivrance, plus près qu'à n'importe quel autre instant. Je vais libérer la Reine solaire de son enveloppe maudite, je vais libérer cette île de son fardeau.

La tâche fut ardue, je ne peux le nier, mais pour assurer ma pérennité, je me devais de l'accomplir.

Aujourd'hui, avant l’achèvement de ma mission, je me repens, j'absous mes pêchés. J'ai tué des hommes, j'ai tué des femmes, j'ai dû les faire souffrir, parfois atrocement, je le vois maintenant. Des formes de vies incroyablement anéanties.

Il n'est pas dans ma nature de tirer une quelconque jubilation démente de mes actes. J'ai dû me résoudre à les commettre pour me libérer du carcan de Himiko. Mon dernier acte, indigne d'un être humain, va être de briser un amour, une passion, aussi ardente que le soleil et non moins pérenne. La loyauté et la passion qui lient ces deux jeunes femmes sont remarquables, admirables.

Lara est pourvue de ces deux qualités, elle me ressemble en tout point... Elle a subi des traumatismes, des pertes, des séquelles physiques, sa passion l'a sauvée. Pour elle, cependant, le tunnel est encore long, mais grâce à son sacrifice, ma sortie est proche.

Maintenant Alicia, nous allons pouvoir nous retrouver, comme avant.

Nul doute ne m'assaille, je suis prêt.


Crayon posé sur la table, Le Prophète se lève, range sa chaise sous la table, enroule son papier dans un étui, qu'il fixe à son pantalon, puis d'un pas lent, mais assuré, soutenu de son sceptre, il quitte la pièce. Au dehors, il croise deux Solarii, torches à la main, sans leur prêter la moindre attention, il continue à marcher, suivit par les deux hommes, gravit quelques marches et ouvre enfin une porte, donnant sur l'extérieur.

Ancienne tour de garde, le lieu, couvert de ruines vertes de mousses et d'arbres pourries par l'humidité, semble avoir été aménagé en son milieu pour recevoir une cérémonie.

Entre les dalles de pierres du sol, une grande poutre de bois est posée, Sam, le regard perdu, le corps faible, vêtue de la robe des prêtresses de Himiko s'y trouve attachée. À proximité immédiate, se dresse un tombeau, celui de la reine Himiko.


— Ouvrez le tombeau, ordonne Le Prophète.




*




Abattue, les muscles endoloris, la main douloureuse et le bras ensanglanté, Lara reprend petit à petit conscience.


Merde, quel enfer. Je ne crois pas que j'aurais la force de te raccompagner à Londres Sam, pense-t-elle en s'adossant avec effort sur l'un des murs du temple. Je n'en aurais pas la force. Je suis désolée.


Alors qu'elle reprend ses esprits, Lara est surprise par l'arrivée d'un groupe d'hommes bruyants et revêches. La voix de l'un d'entre eux l'interpelle, une voix d'habitude si sûre d'elle, celle du Dr Whitman.


— At... Attendez, pas de précipitation, leur affirme-t-il d'une voix angoissée, trahissant sa volonté de bien paraître. Je ne suis pas une menace pour vous, laissez-moi simplement partir. Je vous ai livré la fille comme prévu, continue Whitman en reculant de quelques pas. Mathias m'avait dit que je pourrais quitter l'île en vie.


Sans tenir compte de ses paroles, l'un des hommes ordonne à ses alliés de s'emparer du docteur :

— À genoux, tête sur le rocher ! Lance-t-il.


— S'il vous plaît, supplie Whitman, en pleurs, comprenant ce qui se préparait pour lui. Je vous en conjure laissez-moi partir ! Vous ne le regretterez pas ! Je... Je peux vous faire sortir d'ici, vous allez être riche, ne soyez pas stupide, vous allez devenir puissant !


D'un violent coup dans l'abdomen, les Solarii agenouillent Whitman, celui-ci se débat, pris de panique, mais il est fermement maintenu contre la roche.


— Dégagez-lui le coup, demande le chef, dégainant une machette rouillée de sa ceinture.


— Non non ! implore le docteur. Je me repens, j'ai commis des fautes c'est vrai, pardonnez-moi, tant pis pour ma prétendu célébrité, tant pis pour ma richesse, je veux revoir l'Angleterre, mon épouse, mes élèves, mon université !


Les conjurations n'y font rien, et la machette s'abat avec brutalité sur le cou de James Whitman.




*




Après avoir demandé à ses hommes de le laisser seul, Le Prophète s'approche du tombeau, y plonge la main et en ressort un sabre japonais, brisé au quart de la lame, dont le manche, soigneusement travaillé, égale l'acier en longueur. L'arme, usée et poussiéreuse ne semble être que le lointain témoin de siècles dorés.

L'homme s'approche de Sam, sa combativité et ses espoirs abandonnés. Il tranche ses liens et lui tend le sabre.


— Tu n'as rien à craindre de moi, tu le vois bien. La jeune femme récupère le présent, mais ne fait montre d'aucune autre réaction, en pleine léthargie, les yeux baissés, malades, éteints.

Tout en l'accompagnant vers le tombeau, Le Prophète soutient Sam, au bord de l'effondrement.


— Voici Himiko, la première et dernière reine du Yamataï, dit-il. Néanmoins, à la vue du corps momifié de la reine, il se fige. L'esprit embrouillé, désormais incapable du moindre mouvement, le seul son des battements de son cœur rythmant sa concentration.

Tout d'un coup, cependant, comme traversé d'un éclair de lucidité, il s'empare avec vivacité du bras de Sam et frappe la poitrine de Himiko de son sabre.


Aux premiers instants, rien ne se passe, mais après quelques secondes de latence, un faisceau lumineux jaillit de la reine et vient transpercer Sam, qui s'écroule au sol, secoué de spasme incontrôlable.

La lumière éblouissante et continue, fait reculer le Prophète de quelques pas. Accompagnée de lugubres et terrifiants cris, la reine, toujours reliée à Sam par le rayon de lumière se redresse, et prenant appui sur les parois de son tombeau, se lève, sous les yeux incrédules de l'homme.

L'instant semble durer une éternité, quand soudain, la lumière disparaît, entraînant Himiko dans sa chute.


— C'est impossible, affirme le Prophète, en s'approchant de la momie brisée, aussi inerte qu'avant d'être frappée par le sabre. Sam est toujours en vie, mais Himiko n'est pas revenu, comment ? Comment cela est-il possible ? C'est inconcevable. Je n'ai pas pu me tromper.


— Reculez pourriture abjecte ! somme Lara en débaroulant face à son adversaire, pistolet en joue.


— J'y étais enfin, qu'ai-je pu louper ? Quel signe ai-je mal interprété ?


— Vous allez devoir payer Mathias, je vais vous tuer !


— Est-ce toi Alicia ? Un message de ta part ? Tu ne m'as pas pardonné mon départ, tu refuses alors mon retour ? Je comprends. J'ai commis les pires choses, j'ai emprunté la mauvaise voie, la fin ne justifie pas les moyens. J'étais pourtant animé de la plus belle des qualités, mais la passion est dangereuse, elle est à double tranchant, elle n'est un véritable moteur que pour les personnes nobles et saines.


Sous le regard menaçant et attentif de Lara, Mathias ramasse le sabre et s'éloigne de quelques mètres.


— Vous n'êtes qu'une ordure Mathias, un psychopathe. Vous pourrissiez seul depuis votre arrivée, à petit feu et maintenant vous allez disparaître, seul. Peu m'importe comment. J'en ai déjà trop vu, je préfère vous abandonner, vous et vos hommes. Ceux qui ne sont pas morts, vont se faire massacrer par les Gardes-tempête, il n'y a pas d'échappatoire pour vous.


Sur ses derniers mots, Lara tourne les talons et se précipite vers Sam, toujours inconsciente, couchée près du tombeau.


— Sam ! Sam parle moi s'il te plaît. C'est moi, Lara, dit-elle en posant ses mains sur son visage.


Soudain, les yeux de Sam s'ouvrent.


— Lara ? Tu m'as retrouvé. Merci, mon amour, déclare Sam, avant de capter les lèvres de sa bien-aimée d'un baiser tendre et bienfaiteur. Un plaisir pur.


— Je ne t'ai jamais abandonné Sam, répond Lara, les yeux en pleurs. Rien n'aurait été assez fort pour m'empêcher de te revoir.


Bien que reprenant des couleurs et de la vie, le visage de Sam témoigne encore de traumatismes profonds et Lara ne peut que s'en désoler :

— Je suis désolée de t'avoir emmenée dans cet enfer, pardonne-moi, s'il te plaît, déclare Lara, alors que plusieurs de ses larmes perlent sur le visage de Sam.


— Je suis heureuse que l'on soit de nouveaux unie ma chérie. C'est tout ce qui compte. Tu m'as tellement manquée.... Mais malheureusement nous arrivons à la fin de notre voyage. C'est terminé.


— Il n'en est pas question Sam ! Lève-toi, lui enjoint Lara en l'aidant. Je vais te ramener sur la plage, nous allons nous en sortir, Himiko est brisée, nous pouvons quitter l'île maintenant.


Les deux femmes, se soutenant l'une l'autre, marchent vers la liberté.


— Je t'aime Lara.


— Je t'aime Sam.


À cet instant, c'est Lara qui décide de joindre ses lèvres à celle de Sam. Le moment est savoureux. Il permet d'en oublier toutes les souffrances, physiques et psychologiques. Les retrouvailles de deux amoureuses, la réunion d'un amour véritable. Il n'y a rien de plus beau.



Merci d'avoir lu mon livre.


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