Tomb Raider, une survivante est née

Chapitre 16

2054 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/05/2020 10:09

— Enfin ! Je suis enfin délivrée de ce lieu macabre, exulta Lara, en s'écroulant au sol pour reprendre son souffle. Je suis libre ! Elle se trouvait sur une petite corniche, inondée de la lumière du soleil, surplombant une gargantuesque forêt.


Néanmoins, une pensée lui assaillit rapidement l'esprit :

Grim... Je suis désolée, je ne voulais pas que tu agisses ainsi, pensa la jeune femme, les derniers instants de son compagnon, présent dans son esprit.


Avec la peur d'être retrouvée par les Solarii, Lara se leva, puis chassa ses mauvaises pensées pour se concentrer. Elle ne savait pas où elle se trouvait et ne reconnaissait pas la colline gravit jusqu'à la tour radio. Sans nul doute, la jeune femme était sortit de l'autre côté du relief. Toujours sans nouvelle du reste du groupe, la tâche était maintenant de retrouver Roth.


Sa présence me redonnera espoir et nous poussera à aller de l'avant, songea Lara avec joie.


Après avoir rassemblé son courage, Lara descendit la colline en pente raide, jusqu'à la forêt touffue et sombre. En y pénétrant, elle abandonna une nouvelle fois la clarté bienfaitrice et rassurante du soleil. Seulement, cet abandon fut vite oublié par la perspective de retrouver Roth.

L'éventualité de coucher encore seule ce soir, ne lui parcourant même pas l'esprit, Lara s'échina à scruter chaque pouce de la forêt, des arbres au sol, pour retrouver ne serait-ce qu'un indice pouvant la mener à Roth.

Tout d'un coup, son regard fut attiré par une petite boîte métallique, enfoui dans le sol, à moitié recouverte de feuilles mortes et de brindilles, les rares rayons de soleil perçant la couche d'arbre, faisant scintiller le coffret.


— Aucun rapport avec Roth, dit-elle, déçue.


Démangée par sa curiosité, Lara sortit tout de même le coffret des feuilles. Abîmé par des décennies de rouilles, il avait perdu depuis longtemps toutes traces de sa provenance. En l'ouvrant, Lara découvrit plusieurs liasses de lettres, empilées dans un immense fouillis, chacune enveloppées dans une petite sacoche de cuir. Elles étaient écrites en plusieurs langues, du français, du danois, de l'allemand... À quelques jours près, elles étaient toutes datées de la même année et du même mois, juillet mille neuf cent quatre vingt. Une lettre était également écrite en grec, le mot « Avertissement » en gros titre. Lara entreprit sa lecture.


Je n'ai pas beaucoup de temps, je vais donc essayer d'être bref et concis. J'espère, Ô mon Dieu, j'espère qu'aucun malheureux ne viendra se perdre sur cette île. Mais si jamais, il devait en être ainsi, cette lettre sauvera peut-être des vies. Notre navire de croisière a fait naufrage suite à une effroyable tempête, à environ trois nautiques du Yamatai. Ceux qui ont pu, ont rejoint l'île. Là-bas, nous nous sommes dirigés vers le cœur de cette terre. Nous pensions y être à l'abri. La a été notre erreur. Il y a des guerriers, dans un souterrain labyrinthique et gargantuesque, ils protègent une chambre mortuaire de ce que j'ai compris. Ils ont dû penser à une violation de ce site sacré et nous nous sommes fait massacrer. Ils continuent à nous poursuivre, nous n'avons plus beaucoup de temps. Moi et mes derniers compagnons nous sommes rejoints, pour écrire ces lettres. Par chance, peu d'entre nous possédaient la même langue maternelle.

Si quelqu'un lit un jour cette lettre, quittez le cœur de l'île et rejoignez la côte !


— Je suivrais votre conseil dès que j'aurais trouvé Roth !




*




— Roth ! Je t'ai retrouvée, c'est magnifique ! lança Lara en se blottissant dans les bras de son ami.


— Je savais que tu me retrouverais, Lara, je suis fier de toi, répondit Roth, les stigmates de sa blessure, presque effacée.


— Mon signal de détresse a été reçu Roth ! Ils arrivent, quelqu'un va venir nous sauver !


— Nous devons rapidement retrouver les autres maintenant Lara. Grâce à toi, nous allons pouvoir quitter cette île.


L'ivresse des retrouvailles déjà estompée, Lara ne put s'empêcher de penser à Grim et avoua :

— Non Roth. Je suis désolée, nous n'allons pas pouvoir retrouver tout le monde...


— De quoi parles-tu Lara ? Que s'est-il passé ?


Les larmes lui montant aux yeux, Lara eut toutes les peines du monde à parler :

— Je suis désolée... Ce n'est pas de ma faute, je... Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Il s'est sacrifié... Grim.


À l'énonciation du nom, Roth recula de quelques pas et avec un visage figé, prononça :

— Grim... Grim. Pas toi, vieux frère. Je te pensais immortel. Roth sentit à cet instant le désespoir gagner en lui, mais face au visage de sa protégée, il fit un immense effort intérieur et dissimula sa tristesse.


— Il ne faut pas traîner Lara. Nous penserons nos plaies plus tard. Rejoignons les autres.


— Tu sais où ils se trouvent ?


— Non, répondit franchement Roth. Je n'ai pas de nouvelles d'eux depuis plusieurs jours.

En arrivant sur l'île, j'ai repéré une plage, facilement reconnaissable, jonché d'épaves et de cicatrices des guerres passées. Je leur avais parlé de ce lieu pour nous retrouver. J'espère qu'ils auront la présence d'esprit de nous y attendre.


— Peut être que Sam sera avec eux, affirma Lara, peinée.


Roth s'arrêta à l'instant même où Lara eut fini de prononcer sa phrase et se tourna vers la jeune femme pour lui faire face :

— Nous allons la retrouver Lara, tu peux t'en assurer. D'accord ? Tu me fais confiance ? Lara confirma d'un sourire. Mais tu dois être forte pour l'instant. J'ai besoin de toi, tu comprends ? Je ne peux pas assumer la tâche seule.


— J'aimerais être aussi fort que toi Roth. Mais je ne peux pas. La responsabilité que j'ai envers nos compagnons est un fardeau trop lourd pour moi.


— Rien ne t'empêche d'être comme moi Lara. Tu as un grand potentiel. J'en suis certain. Tu disposes des meilleures qualités, tu es loyale, tu es passionnée. C'est ce qui fait la force de tout un chacun.


— La passion peut être dangereuse aussi, déclara Lara. Elle fragilise l'esprit et la conscience. Je sais de quoi je parle malheureusement.


— Non, tu te fourvoies Lara. Crois-en mon expérience. La passion est le plus puissant moteur d'une personne. Qu'elle soit pour quelque chose d'abstrait ou pour une personne.

Tes pensées sont tournées vers ton père, vers Sam. Tu as l'impression qu'elles noient ton esprit et t'empêche d'y voir clair, mais ce n'est pas le cas. Pense à l’œuvre de ton père que tu veux achever, pense à Sam, qui n'attend que toi pour retrouver la liberté. Tout cela ne te procure pas une force nouvelle ?


— Si, bien sûr. Merci Roth, répondit Lara, avant que les deux compagnons ne poursuivent leurs périples.


Quelque temps plus tard, une marche harassante dans les jambes, les deux compagnons, sans nouvelle des autres survivants, décident de faire une halte à l'orée d'un bosquet. Seulement, alors qu'ils se restaurent avec les maigres biens en leurs possessions, Lara frémit. Quelque chose retient son attention, les feuilles des arbres s'animent grâce à une légère brise. Le ciel, bien qu'obstrué par les arbres semble se noircir.

Bientôt, ce ne sont pas que les feuilles qui semblent se mouvoir, mais bien les arbres eux-mêmes, avivés par un supplément de vent, de plus en plus violent.


— Que se passe-t-il ?


— On dirait qu'une tempête gagne sur nous Lara. Essayons de gagner l'abri d'un rocher ! Vite, lève-toi !


Face à la puissance soudaine et brutale des éléments, Lara obtempéra, mais un bruit singulier attira son attention.

Elle se concentra alors pour isoler le bruit dans son esprit et cria :

— C'est le bruit d'un avion Roth, il y a un avion, écoute !


— Ça ne peut être que l'avion de secours Roth !


— C'est trop dangereux Lara, allons nous mettre à l'abri, ils connaissent leurs métiers, ils vont se débrouiller !


Se précipitant à l'extérieur de la forêt, les deux survivants gagnèrent par chance un promontoire rocheux, qui leur permettrait de se mettre à l'abri. À ce même instant, un orage furieux apparut et comble du malheur, frappa de plein fouet l'avion et fendit net son fuselage. Le bruit assourdissant de la catastrophe couvrit un temps le vacarme de la pluie, mais un spectacle d'un funeste destin se présentait à Lara. L'avion en perdition, plongeait sur l'île à grande vitesse.

Suivant la chute de l'appareil des yeux, Lara constata que les deux pilotes s'éjectèrent de l'avion en parachute, avant que celui-ci n'aille se perdre dans les montagnes.


— Roth, tu as vu ? Les pilotes sont en vie ! Ils vont se blesser en atterrissant, la tempête est trop forte. Nous devons aller les secourir !


— On ne peut pas Lara. Il faut que l'on rejoigne les nôtres.


Face au regard stupéfait de sa jeune protégée, Roth ajouta :

— On ne peut pas sauver tout le monde Lara. Il faut savoir faire des sacrifices parfois.


— Je sais, je connais les sacrifices !


— Non, tu connais la mort, un sacrifice, c'est un choix que tu fais, la mort, c'est elle qui te choisit.


— Je ne choisirais pas de les laisser mourir Roth.


— Ce territoire est hostile, Lara. Tu ne dois pas t'écarter de ton objectif. Il faut que tu prennes conscience de notre situation, nous ne sommes pas en position de force. Penses à-t-on père, il est resté fidèle à ses priorités.


Sous le coup de l'émotion, Lara piqua un coup de sang et répliqua à la phrase de Roth :

— Ne me parle pas de mon père !


— Pour accomplir sa tâche, il ne se serait pas écarté de son chemin lui !


— Et il n'y a pas survécu !


Sa dernière phrase, sonnant comme un choc intérieur pour Lara, la jeune femme se figea un instant, sans un mot. Puis, elle lança :

— Tout ça est de ta faute Roth. Tu aurais dû veiller sur mon père. Tu l'as laissé mourir, ensuite, c'est moi que tu as abandonné.


— Tu es injuste Lara, j'ai tout sacrifié pour toi et ta famille !


D'un ton plus posé, il supplia Lara :

— Ne t'engage pas sur cette voie. Je t'en conjure.


L'émotion, évanouie, Lara constata la dureté de ses paroles :

— Je suis désolé Roth. Pardonne-moi.


Alors que Roth tenta de se rapprocher de Lara, celle-ci, en pleurs, le repoussa et affirma :

— Je vais les chercher, attends-moi là, je ne serais pas longue.


— Attends Lara, prends ça, déclara Roth en tendant un revolver.


Lara récupéra l'arme sans une parole, puis quitta Roth, ce dernier, l'accompagnant du regard.




*




Quelques heures plus tard, la tempête s'étant estompée aussi vite qu'elle n'était apparue, Lara remarqua d'épais panaches de fumée, s'élevant d'une petite colline, montant dans le ciel.


Il devait sans nul doute s'agir des appels de détresse des pilotes, pensa-t-elle. Vite ! Ils doivent être encore en vie.


En effet, après une rapide escalade de la colline, Lara découvrit les deux pilotes, l'un debout portant assistance au second, plus mal en point. Alors qu'elle s'apprêtait à se manifester, elle se ravisa et eut juste le temps de se mettre à l'abri, face à l'arrivée d'hostiles individus, semblable à ceux qui l'avait retenue prisonnière, quelques temps plus tôt.

L'un des individus s'approcha des pilotes, sous le couvert de ses alliés et dégaina une épée rudimentaire. Ébahis, les pilotes n'eurent pas le temps de répliquer face à l'agression et furent sauvagement assassiné.

Lara, oubliant son effroi, sortit de sa cachette et sans même réfléchir, tira plusieurs coups de revolver sur les Solarii. Deux membres de la confrérie tombèrent, les autres, surpris de l'attaque, se dispersèrent.

Ivre de colère, Lara poursuivit ses ennemis, revolver au poing. Néanmoins, sans prendre attention à son environnement, elle se prit les pieds dans un trou, grossièrement creusé dans le sol, et plongea sous la terre.


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