Tomb Raider, une survivante est née

Chapitre 14

1988 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/05/2020 09:33

Face à l'impressionnante colline qui se dressait devant elle, Lara eut toutes les peines du monde à réprimer sa peur.


— Je suis désolé de t'infliger ça Lara, je serais bien parti à ta place, mais j'ai encore des douleurs à la jambe, affirma Roth, une grimace au visage. Je risquerais une chute.


Puis, il montra du doigt une installation radiophonique, au sommet de la colline et expliqua :

— Si on veut que quelqu'un nous retrouve, on doit faire passer un message et il n'y a que cette tour radio sur l'île, pour que notre appel à l'aide ait une portée suffisante.


— Oui je comprends... Je vais faire mon possible, répondit Lara sans en train.


Roth l'avait emmenée là où la roche semblait la plus propice à une escalade, où les prises pourraient être les plus évidentes, là où les pentes étaient les moins raides.

Roth était un baroudeur, fort d'une grande expérience et Lara n'en était pas à son coup d'essai en matière d'escalade, activité qu'elle avait toujours apprécié pratiquer, notamment lors des fouilles archéologiques de son père.

Cela ne l'empêcha pas d'éprouver une crainte certaine à l'heure d'entamer sa périlleuse ascension.


— À ton retour, on retrouvera les autres et on partira à la recherche de Sam, on la retrouvera, je te l'assure Lara ! Que dieu te vienne en aide Lara, pensa Roth, la suivant des yeux, la forme de son corps de plus en plus flou, jusqu'à ce qu'elle se perdre complètement dans les rochers.


La roche sur laquelle s'agrippa Lara, lui déchira la peau. Chaque prise était alors une souffrance pour la jeune femme.

Néanmoins, elle ne s'accorda aucune pause dans sa montée, les pierres où elle posait ses pieds pourraient se dérober et la précipiter vers une chute mortelle.

Ses pensées négatives mises de côté, sachant son rôle primordial pour ses infortunés compagnons, Lara martela son objectif dans sa tête comme pour s'encourager.


Je dois grimper au sommet et lancer un s.o.s., je dois grimper au sommet et lancer un s.o.s.


Ses paroles la galvanisèrent un temps et Lara grimpa plus haut encore. Sans réfléchir, prenant d'instinct les prises les plus solides, elle parvint enfin à se hisser sur une petite corniche, surplombant le vide.

Sans oser voir le chemin déjà parcouru, ni le chemin encore à parcourir, Lara prit un temps pour se reposer. Avec ses muscles endoloris et sa cheville douloureuse, la jeune femme désespérait de ne pouvoir arriver au bout.




*




Tu lui dis Lara ! affirme Sam en lui agrippant le bras.


Dire que d'habitude c'est toi qui est la plus entreprenante de nous deux Sam. Tu es complètement paralysée ma pauvre, dit-elle d'un ton jovial.


Elle m'intimide ! Allez... Va la voir et demande lui un autographe pour moi. S'il te plaît !



C'est très inconvenant, Sam, elle est à table. Et puis c'est toi qui l'admire. Je ne peux rien pour toi.


Bon d'accord, répondit-elle. Mais tu m'accompagnes ?


Sam et Lara s'approchèrent alors d'un petit groupe, assis à la terrasse d'un café. Sam porta son attention sur une femme :

Excusez-moi madame, dit-elle avec un signe de la main. Vous êtes bien Hannah New ?


Oui, c'est moi.


C'est génial ! affirma Sam, frétillante de joie.


Là, il y a Lara, mon amie, elle voudrait vous demander quelque chose, ajouta-t-elle en poussant Lara vers son idole.


Très habile Sam, lui glissa Lara. Je ne veux pas vous déranger, mais... Est-ce c'est possible ? demanda Lara, un papier et un crayon dans la main.


Bien sûr, répondit l’idole avec un sourire. Ça me fait plaisir. Au nom de Lara ?


Au nom de Sam, répliqua Lara.




*




Tu me manques Sam. J'aimerais tellement t'avoir à mes côtés, tu me réconforterais, tu me soutiendrais. Je m'en veux de t'avoir amenée ici, je m'en veux terriblement... La vie est si cruelle.


Lara voulut s'adosser contre les rocailles derrière elle, quand elle remarqua une faille béante dans la roche, ainsi qu'un faible halo de lumière qui semblait en sortir.


C'est étrange, on dirait que la lumière sort de la terre elle-même.


Épuisée à l'idée de devoir gravir le reste de la colline, Lara décida de s'engouffrer dans la faille.

À son grand étonnement, elle constata qu'elle se trouvait dans un large couloir :

Une crypte ? Ou un temple peut être ?


Les murs, faits d'un béton brut, disgracieux et sans ornement ni mobilier quel qu'il soit, la fit changer d'avis :

On dirait une sorte de bunker plutôt, sûrement construit par l'Armée Impériale Japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est fascinant.


Il semble que cet endroit a été immortalisé il y a soixante-dix ans, tout est resté figé dans le temps. Je ne pensais vraiment pas trouver ce genre de chose sur l'île.


Errant dans la lugubre casemate, Lara finit par pénétrer dans une vaste pièce, sombre et triste, éclairée de-ci de-là par des ampoules qui semblaient avoir survécu aux ravages du temps. Constatant la présence de nombreuses machines, de radios, de radars et d'autres éléments de commandements, Lara en déduisit qu'elle se trouvait dans le quartier général des Japonais sur l'île.

Après avoir scruté les différents appareils, avec le maigre espoir que l'un d'entre eux puisse lui servir, Lara dut se résoudre à rebrousser chemin pour trouver une sortie. Seulement plusieurs affaires, un revolver de type vingt-six*¹, allégé de son barillet, quelques yens militaires japonais*² et un petit cahier, posés sur un centre d'appel, la rendirent curieuse et elle décida d'ouvrir ce dernier.


Écrit en japonais, Lara s'échina, non sans une certaine difficulté, du fait de l'obscurité notamment, à traduire les premiers mots :

Journal d'Akira... C'est peut être le témoignage de guerre d'un soldat, ou bien un repenti.


13 décembre 1944

Il y a sept ans, jour pour jour, j'entrais dans la ville de Nankin avec ma compagnie, nous avions l'honneur de pénétrer les premiers dans la ville, la patrie nous observait, quelle fierté. Notre campagne pour étendre le Hakko ichiu*³ avait démarré depuis plusieurs mois déjà et Xinkou, Taiyuan ainsi que Shanghai étaient tombées, les pertes ennemies, considérables, se chiffraient en centaines de milliers, l'imposante masse des civils chinois exclue.

Je ne pouvais penser qu'en seulement sept ans, les rôles pouvaient s'inverser de la sorte. Nous sommes à présent reclus sur une petite île, le Yamatai. Les américains nous encerclent.


18 mars 1945, à l'heure où j'écris ces quelques lignes, une grande honte me submerge, je suis en effet, le seul survivant de ma compagnie. La plupart de mes compagnons sont morts, certains ont été capturés, assez peu. Moi, j'ai refusé d'accomplir mon destin et j'ai laissé mes coéquipiers pratiquer seul le rituel sacré du Seppuku. Je ne pouvais pas... Je suis persuadé qu'il existe une vie dans la défaite.

À partir de maintenant, je ne peux plus que me mêler à la vie civile et espérer une vie paisible.


24 mars 1945, les derniers américains sont partis ce matin, peut être que le spectre de la guerre est enfin derrière moi ? J'ai réussi en tout cas à me mêler à la population autochtone mieux que je ne le pensais, ce sont des gens bien pour la plupart.

J'ai cru comprendre qu'ils venaient tous de Saipan, il s'agit donc des civils qui ont refusé de mourir pour l'empereur lors de la débâcle*4, je n'ai plus le droit de les en juger, le peu d'honneur qu'il me reste m'en empêche. Il y a beaucoup d'enfants et de vieillards parmi eux, alors je me permets de les aider du mieux que je le peux.

Il ne semble pas suspicieux que je sois encore en vie, alors que le reste de mon unité a disparu... Peut-être sont-ils las de la guerre et acceptent-ils ma traîtrise ?


Alors que Lara était plongée dans les confidences du soldat, elle se trouva brusquement interrompue par un bruit. Habituée à un silence rassurant, bien que pesant, depuis qu'elle était entrée dans le bunker, Lara, terrorisée à l'idée de retrouver un nouvel agresseur, sortit son revolver de sa ceinture et de manière peu sûre, le pointa dans la direction de la seule porte menant à l'extérieur.

Seul le battement de son cœur rompait le silence lourd de l'angoisse.

L'absence de nouveau bruit, cependant, la rassura quelque peu et elle ramassa le journal, le revolver et les yens, puis quitta la pièce.

Après quelques minutes de recherches, Lara trouva une sortie et quitta l'angoissant bâtiment. La vue qui s'offrait alors à elle, lui fit ressentir une grande satisfaction.


— La tour radio ! exulta Lara. Je l'ai trouvée, magnifique !


En se précipitant vers le bâtiment, Lara découvrit la vétusté des lieux et commença à douter de trouver un appareil en état de fonctionner à l'intérieur.

Après avoir poussé la porte grinçante, la jeune femme se dirigea vers ce qui lui sembla être un panneau de contrôle.


Bon, si je branche le téléphone satellite sur l'émetteur de la tour, le message devrait partir, pensa-t-elle.


Joignant les gestes à la parole, Lara connecta le téléphone au panneau de contrôle, non sans une once d'appréhension.


Ça ne marchera jamais.


— Mayday mayday, ici Lara Croft de l'Endurance ! Nous avons fait naufrage sur une île dans le Triangle du Dragon. Nous avons besoin d'aide en urgence, répondez !


— Répondez aller, par pitié... Mayday mayday, ici Lara Croft de l'Endurance.


Tendue par l'absence de réponse, Lara commença à perdre espoir, quand soudain, l'appareil de communication grésilla et une voix répondit :

— Ici l'avion no-vember-un-sept-sept-alpha, nous vous cherchons depuis le signal de détresse lancé de votre navire, on commençait à douter de vous retrouver un jour.


Cette réponse et la perspective de retrouver la civilisation, sonnèrent comme une délivrance pour Lara, qui put enfin évacuer toute la tension accumulée ces derniers jours.


— Nous avons localisé votre position, on se dirige vers vous.


— D'accord, merci, merci infiniment !


Les yeux en pleurs, Lara extériorisa sa joie, mais elle fut soudain tirée de son extase par un bruit de pas venant de l'extérieur du bâtiment. Paralysée par la peur, elle attendit fébrilement que les bruits s'éloignent, mais ceux-ci au contraire, s'approchèrent.

La poignée s'abaissa et, Lara, la peur lui coulant sur le front, n'osa bouger. Trois hommes pénétrèrent dans le bâtiment et se dressèrent face à la jeune femme.

Un homme de petite taille, le visage tiré et l’œil torve, s'approcha de Lara.


— N'aie pas peur mon enfant, je ne te veux aucun mal. Je m'appelle Vladimir. Je suis un naufragé, comme toi. Peut-être peut-on s'entraider ? affirma l'homme d'une voix claire et posée.


S'adressant à présent à l'un de ses comparses, dans une langue que Lara ne maîtrisait pas, du russe lui sembla-t-il néanmoins, Vladimir posa une question au sujet de Lara, l'homme lui répondit et Vladimir, apparemment satisfait, demanda à Lara :

— Vous êtes plusieurs, non ? À avoir fait naufrage ?


Épouvantée, Lara acquiesça de la tête.


— Tu n'aurais pas dû t'éloigner d'eux mon enfant. À ces mots, un des deux acolytes de Vladimir, un colosse, se dirigea vers Lara.


Un caractère hostile émanait du personnage, Lara s'apprêta à sortir son revolver, mais l'homme, plus prompt à agir, s'abattit sur Lara avec virulence. Écrasant la jeune femme de son poids, sans lui laisser une quelconque possibilité de se débattre, l'homme lui saisit le cou et l'écrasa de ses puissantes mains.

Le souffle coupé, Lara perdit connaissance.


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