«Explique-moi la Vie.»

Chapitre 7 : Chunta

1353 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/11/2015 10:55

Emergeant de sombres brumes, je mis un certain temps à comprendre où j’étais. Le sol bougeait, et j’étais balloté dans tous les sens sans pouvoir résister. Il faisait sombre, et une lointaine discussion venait à mes oreilles. Ce fut l’odeur du pétrole qui me ramena à la réalité : je me trouvais à l’arrière d’une voiture. Une camionnette du CCG plus précisément, vu tous ces liens grossiers en guise d’entrave.

 

J’eus un rire amer, reprenant peu à peu le fil des choses. Décidément, ils m’avaient eu en beauté cette fois-là. Sans but précis, j’ai tenté de bouger mais rien à faire : j’étais emballé comme dans les boucheries où ils exposent leurs saucisson ou… Bref, je m’égare. Le plus urgent était pour le moment de me sortir de là. Commençant à stresser, je me mis à bouger plus vivement –par chance le bruit de la circulation couvrait le cliquetis des chaînes mais rien à faire, le sédatif annihilait toutes mes forces.

                                                 

Que faire ? Je ne tenais absolument pas à un aller touristique vers le CCG quoi. Ce n’est pas très joli ce qu’ils font aux goules croyez-moi. Les Hommes… Dès qu’ils considèrent autrui comme non humain… Sont capables de choses effroyables. Ce ne sont que des rumeurs, mais on raconte que…

 

Eclair blanc, bruit tonitruant, et je suis parti dans les airs. Atterrissant lourdement sur le goudron, je serais sans doute mort humainement. Que se passait-il ? J’entendais de lointains bruits, mais mes oreilles sifflaient à cause de l’explosion. Des lumières semblaient danser dans mes yeux, et des formes floues semblaient s’approcher.

 

Toussant, crachant, je me suis mit à vomir un étrange mélange. Du café, mélangé à mon propre sang. Ma blessure, causée par l’étrange balle, me lançait des ondes de choc terribles dans le dos et m’empêchait de me relever. J’avais l’impression que la moindre surface de mon organisme criait de souffrance… J’étais juste impuissant.

 

Soudain, je sentis quelque chose me prendre par le col et me soulever de terre. Une étrange tête de corbeau encadra mon champ de vision, et je sentis son haleine abjecte sur mon visage :

« C’est qui celui-là ? Ce n’est pas une demi-portion qui me sera utile. Débarrassez-vous de lui. »

 

*****

 

Un plic-ploc régulier m’extirpa de ma torpeur. Une des gouttes concernées venait de m’atterrir sur le nez. De l’eau ? Non… Du sang. Je me suis relevé, pas sans grimace, pour constater un spectacle des plus macabres. Du sang coulait à flot de ce qui devait être un pont. Probablement à cause de l’accident.

 

Je ne saurais dire combien de temps j’étais resté inconscient, je sentais l’agitation vibrante en haut. Mieux vallait ne pas rester dans le coin, éludais-je.

 

Je me suis donc mis en route après avoir trouvé un bâton pour me soutenir, en comptant sur l’obscurité pour me dissimuler. Des tâches de sang me précèdent, bravo la discrétion mais je dois avancer.

 

Mes blessures me faisaient atrocement mal, la tête me tournait, mais j’ai réussi à me traîner jusqu’à un coin de rue bien sombre. Bien heureusement, je ne fis pas de mauvaise rencontre sur la route, ce qui me permit de m’asseoir calmement. Enfin un peu de silence, songeais-je… En attendant quelques heures, mes blessures se seront suffisamment refermées pour trouver une meilleure cachette.

 

Soudainement, j’entendis des bruits de pas. Une jeune fille, à l’allure furibonde et portant un sweat « Osaka » trois fois trop grand pour elle s'approchait. Sentant mon estomac gargouiller et encore sous le choc de tout ces évènements, j’ai soufflé, tiraillé par la faim :

« Hé… Osaka. Viens par ici, j’ai trop faim… »

 

Dans le seuil de médiocrité, on avait touché le fond. Oui. Mais là, je mets tous mes principes de côté.

 

Cependant, cette dernière me lança un regard noir -ou plutôt rouge, et dégaina directement son… Kagune. Et merde, mauvaise pioche. Décidément je n’ai pas de chances. Même avec les filles. L'adolescente mystérieuse se rapprocha de moi à pas de loup, je sentais sa rage émaner. Elle me dit sèchement :

« Otes-toi de mon passage. »

 

Bien. Apparemment, elle n’avait rien contre moi. Intrigué –oui je n’en rate pas une, je ne pus m’empêcher de l’interroger :

« Qu’est-ce qu’une fille de ton âge fabrique donc seule, dans la rue ? »

 

En guise de réponse, elle me regarda de haut, semblant me jauger. Génial : encore tombé sur une pimbêche, mais mon état actuel ne me permettait pas de relier mes pensées. Finalement, elle lâcha :

« J’ai à me venger. C’est tout. Maintenant, fous-moi la paix. »

 

Allons bon… Elle voulait donc se venger. Le sentiment de la vengeance, de la haine, je l’ai connu comme de nombreuses goules. Cependant j’ai pu apprendre à mes dépends que de telles revanches ne mène à rien, sauf à surenchérir la douleur. Je lui ai donc dit, de plus en plus faiblement :

« La vengeance ? Quelle bonne blague… Et que vont t’apporter tes intentions ? »

 

Elle s’assit, l’air boudeur. Non mais quelle gamine, je vous jure. Mais cela me permit de constater que j’avais effleuré un point sensible :

« Et après… Une fois que tu auras tué… Seras-tu encore capable de te présenter à ceux que tu aimes ? »

 

L’expression de mon interlocutrice se décomposa, quelques secondes, puis elle se mit à rougir fortement sans que je puisse en exprimer l’origine. Elle croisa les bras, l’air encore plus renfrogné qu’il y avait deux minutes… Avant de se lever et de repartir. Super space cette fille, mais j’eu le sentiment d’avoir épargné la vie de quelqu’un cette nuit.

 

C’est cool ça, je deviens peut-être bon… Qui sait ?

 

Enfin bref, faut vraiment que j’aille au dodo là.

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