«Explique-moi la Vie.»

Chapitre 1 : Chunta

995 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:18

Aujourd’hui, les courses furent efficaces. De quoi tenir pour tout un mois… Et pourtant ce précieux trésor se contient dans un seul et unique sac de sport, génial ma vie. Trésor jalousement gardé, caché au fin fond de cette maison. Normal, c’est à moi, personne n’y touche. Cette maison aussi d’ailleurs, son ancien propriétaire s’y trouve encore mais croyez moi : il n’est plus en l’état de parler. Pas de révolte je reste poli, j’irais lui dire bonsoir au dîner. De plus c’est un chouette héritage, les papiers ça me connaît.

 

Le voisinage est plutôt calme par ici, premier voisin à 500 mètres, derrière une haie de cyprès. J’aime pas les cyprès, ça me fait éternuer. Le facteur passe une fois par semaine, pour déposer quelques pubs inutiles et les perturbations s’y tiennent à cela. Je ne regrette donc pas mon choix. Depuis deux semaines j’avais élu domicile dans ce coin reculé à quelques kilomètres d’Hokkaïdo. J’observais cet homme depuis sa vieille cabane, au fin fond de son jardin. Vieux, ne sortant jamais de chez lui, personne ne se souciera de sa perte. En effet le vieux n’avait plus de famille, vu le manque de courrier, il ne manquera pas. Pauvre gars, je sais ce que ça fait, mais je suis sûr que lui au moins a pu couler quelques jours heureux.

 

Bref, trêve de mondanité. J’ai pu donc m’installer dans la maison. Le frigo dégageant une odeur épouvantable, je n’ai pas encore eu le courage de m’en occuper mais je ne pourrais pas y réchapper éternellement. Pour l’instant, j’ai juste jeté un coup d’œil aux biens que possédait le vieux. Rien d’exceptionnel, une vieille télévision en noir et blanc, 100 000 yens cachés sous son oreiller –ces dernières économies je suppose, et tout ce qui pouvait servir à faire la cuisine. Pas d’effets personnels, ni de photos. Tant mieux, c’est crispant tout ces gens accrochés au mur qu’on ne connait pas.

 

Je ne vais rien changer à sa maison, je n’y reste que pour la fin des jours chauds. Les 100 000 yens me permettront d’acheter assez de café pour tenir jusqu’à mon départ. C’est parfait, le vieux possédait une cafetière, un amateur de cette douce boisson ? Je pense que je vais de suite aller en acheter avant le diner, tout est bien meilleur avec le café. La supérette est à cinq minutes à pieds, ça ira vite. Je vais juste me changer avant, mes vêtements sont sales et sentir mauvais attire l’attention.

 

*****

 

Me revoilà. Le vendeur était plutôt sympa, il m’a donné une boîte en plus de café, avec un gentil sourire. Peuh… Je n’aime pas ce genre d’attention, mais c’est bien utile, je vous le concède. Les gens me font naturellement confiance, je ne suis pas très musclé il faut dire et j’ai encore une tête de gamin.

 

Avec soin j’ai disposé mes boîtes sur le buffet-bar de la cuisine, après avoir épousseté le vieux meuble. Je n’aime pas tellement la saleté, la poussière. Elle est présente sur n’importe quel rouage immobile, elle symbolise l’impuissance, l’inchangé, la stagnation, selon moi. Mais n’allez pas non plus me prendre pour un maniaque ! … Même si j’assume complètement.

 

J’ai allumé la cafetière et j’ai pris une boîte de café blond, un des cafés que je préfère. J’ai posé mon sac de sport sur le buffet à côté de la machine pour sortir ma tasse et mon petit poste radio. Mes deux uniques biens. Je me suis servi la boisson, après l’avoir faite infuser, tout en me dessinant une tête de koala avec soin. J’aime bien cet animal, il y a longtemps on m’avait appris à dessiner quelques animaux dans mon café, c’est bien inutile et ringard mais tant pis.

 

L’odeur du café finit par envahir la cuisine, et me signala par la même occasion qu’il était temps de me mettre à table. J’ai ouvert la poche principale de mon sac, protégé par un plastique et l’odeur de la chair fraiche envahit les lieux. Avec un léger sourire, carnassier comme on les aime, j’ai dit :

« Bonsoir le vieux. Ou plutôt… Bon appétit. »

 

La vieille viande n’était pas ma préférée, mais bientôt je pourrais me permettre d’avoir bien mieux, bientôt…

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