Mon Sorceleur : au-delà du jeu

Chapitre 18 : La Rage Froide et la Nouvelle Quête

2092 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 27 jours

À Kaer Morhen, l'après-bataille était un silence lourd, brisé seulement par le vent hurlant et le bruit des Sorceleurs pansant leurs plaies et celles de la forteresse.

Geralt, lui, était une tempête silencieuse. La fureur noire de l'attaque s'était muée en une rage froide, calculée.

Luna était partie, arrachée à lui sous ses yeux.

La phrase d'Eredin résonnait dans sa tête : "Elle reviendra. Quand nous en aurons besoin." Ce n'était pas une menace pour elle, c'était une menace pour lui. Une manipulation.


Il a passé des heures à inspecter le lieu de la disparition de Luna. Aucun signe de magie résiduelle, rien que ses sens de Sorceleur ne puissent déchiffrer.

C'était un sort ancien, puissant, au-delà de sa compréhension et de celle de Vesemir.


Vesemir l'a trouvé dans la salle principale, où les restes de la bataille étaient encore visibles.


"Geralt, il faut reconstruire. Préparer les défenses."


"Je la ramènerai," a grogné Geralt, sa voix rauque. Ses yeux dorés, habituellement si calmes, brûlaient d'une intensité inédite.


"Eredin la veut. Pour quoi faire ? Comment la faire revenir ?"


"Nous ne savons pas ce qu'ils cherchent, ni comment ils opèrent avec ces voyages entre mondes," a dit Vesemir, soucieux. "C'est la magie de la Chasse. Elle est insondable."


"Je trouverai un moyen," a rétorqué Geralt. "Si elle peut être enlevée, elle peut être ramenée."


Les jours suivants ont été une torture pour Geralt. Il participait aux réparations, à la chasse, à l'entraînement, mais son esprit était ailleurs.

Ses mouvements étaient plus précis, plus brutaux. Il dormait peu, tourmenté par des rêves dans lesquels Luna était à portée de main, avant de disparaître à nouveau.

L'odeur de son parfum, le souvenir de son rire, le goût de ses baisers étaient gravés en lui, des marques invisibles, mais profondes.


Il a commencé à interroger les vieux grimoires et les parchemins poussiéreux de Kaer Morhen, des textes anciens sur les dimensions, les portails et les sorts de translocation.

Des sujets que les Sorceleurs ignoraient généralement, car leur rôle était de tuer les monstres, pas de voyager entre les réalités. Mais maintenant, c'était sa seule voie.

Il a envoyé des corbeaux à Yennefer, à Triss, à tous les mages et sorcières qu'il connaissait, décrivant la situation, sans pour autant mentionner l'intégralité de sa relation avec Luna. Il savait qu'ils le prendraient pour un fou. Mais il devait tenter le coup.


Le manque de Luna était une blessure ouverte, plus profonde que n'importe quelle griffe de monstre. Elle avait apporté une lumière inattendue dans sa vie solitaire, un contact humain qu'il n'avait jamais cherché, mais qu'il chérissait plus que tout.

Il ne la laisserait pas entre les mains d'Eredin. Sa quête pour Ciri avait toujours été la priorité, mais désormais, une autre quête, tout aussi impérieuse, s'était ajoutée : retrouver la femme qui avait brisé sa carapace de Loup Blanc.


De mon côté, la journée a laissé place à une nuit d'insomnie. Chaque tic-tac de l'horloge murale résonnait comme un rappel de la distance qui me séparait de Geralt.

Mon cerveau, dopé à l'adrénaline et au désespoir, tournait à plein régime. J'ai épuisé toutes les pistes classiques.

Les forums d'ésotérisme m'ont prise pour une folle, les scientifiques pour une idéaliste rêveuse.

J'ai même envisagé de me transformer en youtubeuse "paranormal", juste pour voir si un Sorceleur me trouverait plus facilement en étant virale.

Puis je me suis dit que Geralt préférerait sûrement une bonne vieille épée en argent à des millions de vues.


L'unique point d'ancrage restait le mode de transport de la Chasse Sauvage. Si Eredin pouvait me renvoyer, il devait y avoir une logique derrière.

J'ai revu la scène encore et encore : la lumière violette, la sensation d'être étirée. C'était un phénomène énergétique. Un portail. Mais un portail d'un genre inconnu.


J'ai eu une idée folle, une que seule une fan de science-fiction obsédée pourrait avoir. J'ai cherché des articles sur les anomalies spatiales, les fluctuations quantiques et les ondes gravitationnelles – mais pas dans les revues scientifiques classiques.

Non, j'ai plongé dans les recoins les plus obscurs du web, là où la frontière entre la physique théorique et la spéculation la plus pure s'effaçait.

J'ai commencé à croiser des termes avec le peu que je savais des Sorts du monde de The Witcher. Le Aard de Geralt, c'était une poussée kinétique. Le Quen, une barrière d'énergie.

La magie était une forme d'énergie. Et si les portails d'Eredin étaient, à leur manière, des manifestations d'une énergie similaire, mais sur une échelle bien plus grande ?

J'ai fouillé mes vieilles notes sur les jeux, sur l'histoire de la Chasse Sauvage. Ils voyageaient entre les sphères, entre les mondes. Ils utilisaient des chevaux fantomatiques qui pouvaient traverser les dimensions.

C'était leur mode de transport. Et si ces "chevaux" étaient en fait des conduits, des points de focalisation pour créer ces passages ?


Mon esprit a fait le lien. Le mage de la Chasse avait manipulé quelque chose. Pas juste une incantation, mais un point précis dans l'espace.

Le point de départ. Et si le point d'arrivée était... le mien ? Un endroit où l'énergie était faible, où une ouverture était plus facile à créer ? Mon appartement, en plein centre-ville, ne semblait pas être un haut lieu énergétique.

Mais qui sait ? Peut-être que mon absence de wifi médiéval créait une sorte de vide attractif.


Une lueur d'espoir, aussi ténue soit-elle, a percé ma détresse. Je devais trouver un moyen de reproduire ce sort. Ou du moins, d'attirer l'attention de celui qui l'avait lancé.

Si Eredin me voulait, il me trouverait. Mais je ne voulais pas attendre. Je voulais être celle qui ferait le premier pas.

J'ai commencé à esquisser des équations sur des feuilles de papier, mélangeant physique et intuition, tentant de dessiner des diagrammes de ce que je percevais être des flux énergétiques interdimensionnels.

C'était de la folie pure, mais c'était ma folie, et elle me donnait un but.



Côté Geralt, sa rage froide s'était transformée en une obsession quasi-maniaque. La perte de Luna était un aiguillon constant. Il s'était plongé dans les archives les plus sombres de la forteresse, des textes que même Vesemir évitait, parlant d'anciennes magies et de dimensions parallèles.

Des contes de fées pour la plupart, mais il s'accrochait à chaque mot.


Il avait envoyé un message à Yennefer, le plus succinct possible, mais assez pour la mettre en alerte.

"La Chasse Sauvage. Nouveau mage. Enlèvement interdimensionnel. Contact. Urgence." Il savait qu'elle ne le laisserait pas tomber, malgré leurs relations tumultueuses.

Yennefer était la seule à posséder la puissance magique et la connaissance de l'Ars Magica capable de comprendre ce qu'il cherchait. Il ne se souciait pas de sa réaction, il avait juste besoin d'une réponse.

Et il était prêt à endurer toutes ses piques sur sa nouvelle "petite amie" pour obtenir son aide. Il se disait que c'était le prix à payer pour l'amour éternel... ou du moins, le voyage éternel entre les mondes.


Les jours se sont étirés. Geralt s'entraînait sans relâche, sa fureur se transformant en une précision mortelle. Il frappait les mannequins avec une violence inouïe, comme s'il affrontait Eredin lui-même. Chaque coup était pour Luna.


Un soir, alors qu'il consultait une carte ancienne, la plume de Vesemir s'est subitement brisée. Une légère ondulation a traversé l'air, une sensation presque imperceptible que seuls leurs sens de Sorceleur pouvaient capter. Ce n'était pas un portail, mais une sorte d'écho.


"Qu'est-ce que c'est ?", a demandé Eskel, le front plissé.


Geralt, lui, avait déjà son épée en main. "Une empreinte. Une tentative. Elle est là."


Il ne le savait pas, mais c'était le moment précis où Luna, à des milliers de kilomètres et des semaines d'écart, avait commencé ses recherches frénétiques sur les anomalies spatiales.

L'énergie qu'elle dégageait dans sa quête désespérée, la concentration de son esprit sur la rupture dimensionnelle, avait créé une micro-fluctuation, une résonance subtile qui avait traversé les mondes.


"La Chasse ne s'intéresse qu'à la Grande Conjonction, aux Lignes d'Énergie qui parcourent les sphères pour leurs incursions," a expliqué Vesemir. "Si elle a été renvoyée, c'est par une faille. Peut-être une qui se referme. Ou une qu'elle peut rouvrir."


Geralt a tracé du doigt une ligne sur la carte, un point d'énergie magique connu pour ses anomalies. "Si elle cherche à revenir... ou si Eredin cherche à la manipuler... il y a des points de convergence.

Des lieux où la frontière entre les mondes est plus fine." Il se souvenait des murmures d'Eredin : "Elle reviendra quand nous en aurons besoin." Cela signifiait que la connexion était bilatérale.


Un nouveau plan s'est formé dans son esprit. Il ne pouvait pas attendre que la Chasse Sauvage la ramène.

Il devait trouver un moyen de la ramener lui-même. Ou du moins, d'établir un contact. Il ne savait pas ce que Luna faisait de son côté, mais il sentait sa présence, une sorte de lien invisible qui les unissait toujours. Et il était prêt à traverser l'enfer pour la retrouver.



Les jours suivants furent une course contre la montre, ou plutôt contre la folie. J'ai vécu en mode survie, nourrissant mon corps de café et mon esprit de théories de plus en plus complexes.

Mon appartement était devenu une caverne de recherche, des cartes griffonnées et des schémas d'énergie recouvrant chaque surface. Les fenêtres étaient occultées, la lumière du jour m'indifférait. La nuit et le silence de la forteresse de Kaer Morhen me manquaient plus que tout.


J'ai relu le lore du jeu des dizaines de fois, visionné des heures de gameplay, cherchant le moindre indice sur la manière dont la Chasse Sauvage manipulait les portails.

J'ai prêté une attention particulière à la Grande Conjonction, cet événement cataclysmique qui avait mêlé les mondes. Si des univers pouvaient fusionner, même imparfaitement, cela prouvait que les barrières n'étaient pas absolues.


Ma théorie se renforçait : Eredin n'avait pas simplement ouvert un portail aléatoire. Il m'avait renvoyée à un point précis dans mon espace-temps.

Et si ce point n'était pas un hasard ? Et si mon appartement, ou plus précisément, la niche spatio-temporelle où je me trouvais, était un point de faible résonance entre les mondes ? Un peu comme une fréquence radio à laquelle mon "signal" était particulièrement sensible.

Je me sentais un peu comme une antenne géante, espérant capter la bonne station, mais sans mode d'emploi.


J'ai commencé à me concentrer sur les signatures énergétiques. La magie dans The Witcher est décrite comme puisant à des sources d'énergie. Et si ces sources avaient des résonances avec des phénomènes physiques dans mon monde ?

J'ai potassé les bases de l'électromagnétisme, des champs d'énergie et des particules élémentaires. C'était un sacré saut conceptuel, mais je me sentais plus proche de la vérité que jamais.

Si la magie était une forme d'énergie, alors peut-être qu'il existait une corrélation, un moyen de la capter ou de la reproduire, même à une échelle infinitésimale.


J'ai mis en place une série d'expériences rudimentaires. J'ai utilisé des générateurs d'ondes sonores (mon vieux home-cinéma), des ondes électromagnétiques (des appareils électriques branchés n'importe comment, un peu comme un montage de Frankenstein, mais pour la physique), et j'ai même tenté de recréer l'ambiance des lieux du jeu – la lueur des bougies, le crépitement d'un feu de cheminée sur YouTube, l'odeur d'encens pour masquer le désespoir. Je cherchais une distorsion, un signe que quelque chose se déplaçait, même un infime mouvement d'air, une fluctuation dans l'électricité.

Les aiguilles de mon multimètre restaient désespérément stables. Mon cœur, lui, battait à tout rompre.


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