Riders on the Storm (T.1)
Chapitre 1
STRANGERS
- Continues de courir, dit-elle à bout de souffle.
La forêt devenait de plus en plus sombre et les deux filles ne se souvenaient plus depuis combien de temps déjà elles courraient. Anna, la plus jeune, courrait plus vite et plus longtemps que sa sœur, aussi, Angie fût la première à s’arrêter. Elle se pencha, les mains sur les genoux, essayant de reprendre son souffle. Anna stoppa sa course.
- Je crois qu'on les a semés, dit-elle en regardant en arrière.
Elle tendit l'oreille mais les bois de Géorgie étaient silencieux ce soir.
- Oui, mais on ne devrait pas s’arrêter la, il nous faut un toit pour la nuit et à manger. Je crève de faim... Combien de balles il te reste ?
Anna sortit son arme, un beretta 92 trouvé quelques semaines plus tôt sur un rôdeur.
- Cinq, plus ma machette. Et toi ?
Le Colt Anaconda d'Angie était vide mais elle avait toujours sa petite hache légère à double tranchant qu'elle avait appris à manier plutôt bien.
- Tu devras me couvrir.
- Ok, allons-y.
Elles marchèrent en silence a travers la forêt et quand finalement elles atteignirent un petit quartier résidentiel, la nuit était tombée.
Elles s'arrêtèrent à la première maison.
- Celle-ci fera l'affaire, dit Anna.
- J'y vais d'abord, reste derrière moi et essaye de pas utiliser le flingue.
Angie mit sa lampe torche dans sa bouche, ouvrit la porte, les mains serrées autour de sa hache.
Elles s'arrêtèrent une fois la porte refermée et restèrent à l’affût. L'endroit avait l'air désert. C'était une maison de plein pied, le salon était vide et devant elles la cuisine américaine était sans dessus dessous. Elles n'étaient pas les premières a fouiller ici et le ventre d'Angie ronchonna à l'idée d'une nouvelle nuit sans manger.
- Ton estomac va rameuter tous les geeks, chuchota Anna en donnant un coup d'épaule à sa sœur.
- Si je te mangeais le problème serait réglé, répondit-elle en lui rendant son coup.
Elles avancèrent dans le couloir, sur leurs gardes. Il y avait quatre portes, trois le long du coté gauche et une au fond, face à elles. A droite, plusieurs fenêtre donnaient sur un petit jardin mitoyen à la forêt dans lequel se balançait de façon sinistre une vieille balançoire rouillée.
La première porte donnait sur une salle de bain mais elles ne s'arrêtèrent pas pour la fouillée, une fois certaines que la pièce était vide, elles passèrent à la suivante.Un écriteau en bois rose, orné de papillons, indiquait « my room ».
Angie posa sa main sur la poignée et tira doucement mais quelque chose dans la chambre se jeta sur la porte et l'ouvrit à la volée, la repoussant violemment contre le mur. Sous le choc, elle lâcha la torche qui tomba et roula au sol, les plongeant dans le noir, alors que la créature jaïssait hors de la chambre les bras tendus vers elle.
Elle lâcha sa hache et leva les bras en attrapant le rôdeur aux épaules. Il avait perdu la moitié de son visage et des morceaux de chair tombaient à chaque fois qu'il claquait des dents pour tenter de mordre Angie qui mettait toutes se forces à la tenir à distance quand il s'immobilisa, bouche ouverte et s'effondra au sol, la machette d'Anna profondément encrée dans son crâne.
Angie regarda sa sœur, hagarde et essoufflée.
- Merci..
Anna hocha la tête, les yeux toujours sur le rôdeur et se pencha, tira violemment sur le manche de sa machette qui se décoinça du crâne pulvérisé dans un bruit immonde.
Angie ramassa la torche et jeta un coup d’œil dans la chambre d'enfant. Vide. La suivante, qui avait dû être celle des parents était vide aussi et la dernière donnait sur un garage, lequel offrait une porte sur l’extérieur.
Anna alla dans la cuisine fouiller les placards tandis qu'Angie inspectait les pièces de la maison à la cherche d'objets utiles mais le butin fût maigre ; une corde dans le garage, de vieux bandages et de l’éther dans la salle de bain. Elles déplacèrent le cadavre dans le garage, fermèrent tous les volets et bloquèrent la porte avec un vieux fauteuil en cuir avant de s'installer côte à côte dans le canapé.
- Tu as trouvé quelque chose dans la cuisine ?
Anna sortit de son sac trois compotes périmées depuis au moins un an et une boîte de lentilles fumées.
- J'aime pas les lentilles, dit-elle en tendant la boîte à sa sœur.
Angie la regarda, perplexe.
- Attends je dois avoir du foie gras quelque part.
Pour la première fois depuis longtemps, elles rirent.
- Ouais, enchaîna Anna d'un air nostalgique, avec une bonne baguette toute chaude...
Angie n'avait jamais crû que ça serait possible mais la France lui manquait parfois. Lorsqu'elles étaient arrivées à New York pour un road trip entre sœurs, c'est là que tout avait commencé. A la télé, les gens revenaient à la vie et dévoraient les vivants. Dans la panique elles n’avaient pas réussi à prendre un avion pour retourner en France. En quelques semaines le monde avait été réduit à néant et les deux filles s'étaient retrouvées seules au monde, dans un pays inconnu en pleine apocalypse.
Angie avait 25 ans, Anna 22. Les deux sœurs ne se ressemblaient pas vraiment, la cadette était brune aux yeux verts et l'aînée rousse avec des yeux gris. Malgré tout elles étaient proches et à présent elles étaient l'une pour l'autre tout ce qu'il leur restait.
Durant presque deux ans de fuite, elles avaient parcourues la côte est vers le sud et avaient rencontré d'autres survivants mais même les gents avaient changés d'une certaine façon et au bout du compte, elles finissaient toujours par se retrouver seules, à se méfier des vivants bien plus que des morts. Protéger sa sœur était pour Angie, l'unique but de sa survie.
- On reprend la route demain, dit-elle une fois le repas froid terminé, dors dans la grande chambre si tu veux je vais rester près de la porte.
- Sûre ?
- T'inquiète.
Anna se leva, disparu dans le couloir et Angie entendis la porte de la chambre se fermer. Elle s'allongea dans le canapé, sa hache en travers des jambes et malgré son intention de monter la garde, s'endormit presque aussitôt.
La lumière filtrait à travers les volets quand Angie fut réveillée par un bruit de moteur et plusieurs portes de voiture qui claquent. Elle se redressa d'un bon, Anna aussi avait entendu et déboula dans le salon, armes aux poings. Elles se précipitèrent pour s'accroupir sous une fenêtre et Angie fit signe à sa sœur de garder le silence. Dehors, elles entendaient plusieurs voix se rapprocher. Elle se redressa et jeta un coup d’œil par la fente du volet.
- Combien ? Demande Anna.
- Cinq, trois hommes, deux femmes. Super bien armés, on a pas une chance, je vois plusieurs fusils, une arbalète, et un katana...
- Classe !
- Ils arrivent par ici, on se casse, porte de derrière vite !
Des pas résonnèrent sur le perron et elles se faufilèrent dans le couloir. Derrière, les intrus commençaient déjà a tenter de forcer la porte, le fauteuil ne les retiendrait pas longtemps.
Elles pressèrent le pas, traversèrent le garage et dans l'empressement, Anna ouvrit la porte à la volée, se retrouvant face à une douzaine de rôdeurs, qui alertées par les bruits des voitures, étaient sortis des bois et s'étaient regroupés dans le jardin. Elle poussa un cri et tenta de refermé la porte mais ils s'engouffraient déjà dans la pièce.
- En arrière ! Cria Angie avant de défoncer le crâne du rôdeur le plus proche.
Anna fit feu et en toucha un deuxième entre les deux yeux mais ils étaient trop nombreux et elles durent battre en retraite en se retranchant derrière une étagère en métal, se retrouvant prises au piège, coincées entre le mur et le meuble qui les écrasait sous la pression des rôdeurs qui s’agglutinaient de l'autre coté pour les atteindre.
Anna dégagea son arme et fit feu à nouveau mais Angie était bloquée.
- Par ici ! Lui cria-t-elle alors qu'une femme décomposée commençait à se faufiler de son coté.
- Je peux pas, hurla Anna, ta tête est devant !
- Elle va me bouffer !
- Dégage-la !
- Mais je peux pas j'ai les bras coincés !
Anna tira un nouveau coup de feu de son coté.
- Il me reste que deux balles !
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Ho non...
La morte vivante se contorsionna et tout son buste passa derrière l'étagère, à quelques centimètres d'Angie. Se préparant à la morsure, elle ferma les yeux mais rien ne vint. Son visage fut soudain couvert de sang et quand elle ré-ouvrit les yeux, la créature s'écroula, une flèche lui transperçant la tête de part en part.
Derrière se tenait l'homme à l'arbalète. Il avait les cheveux sombres et sales, et une vieille veste en cuir sans manches. Il la garda en joue pendant une fraction de seconde puis reporta son attention sur les rôdeurs. Ses compagnons l'avaient rejoins et en un instant il n'y eu plus un seul mort debout, et la pression de l'étagère se relâcha, permettant aux deux sœurs de se dégager.Un homme s'avança vers elles. C'était leur chef, pas de doute possible. Il était plutôt grand et ressemblait à un cow boy moderne, avec ses santiags boueuses et sa chemise marron. Il avait plusieurs blessures récentes au visage, des cheveux bruns légèrement ondulés, une épaisse barbe grisonnante et des yeux bleus acier qui les scrutaient d'un air circonspect.
- Pas de quoi, dit-il d'une voix rauque en rangeant son colt python dans l'étui qu'il portait contre sa jambe.
Les autres gardèrent leur arme braquée sur les deux filles.Il y avait un troisième homme, asiatique, et deux femmes, une afro-américaine avec de longues dreads armée d'un katana, et une petite brune aux cheveux courts et noirs avec de grands yeux verts.
- Z'êtes fait mordre ? Demanda l'homme avec l'arbalète.Les filles secouèrent la tête ensemble.
- Vous êtes plusieurs ? Demanda le cow-boy .
- Juste nous deux, lui répondit Anna.
- Vous avez un camps ?
Elle allait répondre à nouveau mais Angie la coupa.
- Non, on est sur la route. On va s'en aller, merci pour le coup de main.
Il sourit, visiblement amusé.
- Très bien.
Il fit signe à ses compagnons et quittèrent la pièce en les gardant à l’œil. Une fois tous hors de portée de voix, Anna se tourna vers sa sœur.
- On pourrait peut-être...
- Non.
- Mais on est mal en point, on a plus que deux balles et ils ont l'air moins pires que certains.
- Ça t'en sais rien.
- J'en sais qu'ils nous ont sauvés la vie sans rien demander en retour.
- Justement, c'est qu'ils n'ont pas besoin de nous.
- Mais nous on a besoin d'eux, on tiendra pas une semaine comme ça.
Angie soupira. Peut importe la décision, la mort pouvait toujours se trouver au bout.
- Depuis quand c'est toi la voix de la raison ? Bon ok, mais on reste pas longtemps, juste le temps de se requinquer un peu.
Elles se lancèrent sur leurs pas et les retrouvèrent sur le perron.
- Attendez ! Cria Anna, vous avez un camp ? Vous pourriez... Peut-être... Si vous avez de la place.
Le cow boy jeta un coup d’œil vers ses amis et s'avança vers elles.
Angie recula d'un pas, préférant garder ses distances. Le regard de cet homme disait qu'il en avait trop vu pour être innocent.
- Combien de rôdeurs vous avez tués ?
Anna haussa les épaules.
- J'en sais rien, cinquante, cent... Beaucoup.
- Combien de gens vous avez tués ?
Il y eu un silence pesant et Anna se tourna vers sa sœur.
- Quelques-uns, répondit Angie sans le quitter des yeux.
- Combien ? Répéta-t-il.
- Trois.
- Pourquoi ?
- Les hommes que l'on a pu croiser n'étaient pas toujours pleins de bonnes intentions.
Il les scruta un moment, et s'avança encore.
- Bras levés...
Il fouilla Anna, puis Angie et leur confisqua leurs armes.
- Contrairement aux gens que vous avez rencontrés, nos intentions sont bonnes, mais si vous tentez quoi que ce soit, vous aurez pas le temps de le découvrir par vous mêmes.
Il leur rendit leur armes, les autres baissèrent les leurs et il tendit sa main vers elles.
- Rick Grimes.