Le journal d'un assassin
Le garçon d'écurie
Avant de devenir un assassin je n'étais qu'un simple garçon d'écurie au château. Je m'occupais de soigner et nourrir les chevaux, réparer les harnachements et d'autres besognes de routine.
Je me souviens, quand j'avais quatre ans, d'une délégation d'un royaume voisin appelé Lorymarh...
Les trompettes sonnaient l'arrivée de nos invités, je me suis mis à mon poste dans l'écurie prêt à m'occuper de leurs chevaux. Alors que l'homme qui me semblait important était parti en discussion formelle avec le roi, son escorte se dirigea vers moi.
« Bienvenue au royaume d'Hyrule braves soldats de Lorymarh. Buscaron le maître d'écurie et moi même nous occuperons avec soin de vos montures. » Dis-je le plus poliment du monde.
Un des soldats, en armure légère, descendit de son cheval et me prit par les cheveux violemment.
« C'est toi le gamin Sheikah ? » Il me releva le visage afin de vérifier.
« Je m'occuperai de vos chevaux comme s'ils étaient les meilleurs de tout le royaume. »
Le soldat me regarda droit dans les yeux et un sourire satisfait apparut sur ses lèvres. Il me décocha alors un puissant coup de poing dans l'abdomen, j'avais beau être assez solide pour mon âge, c'était un adulte...
Je tombai alors à genoux en crachant de la salive mais je gardai mon calme.
« Si j'ai commis une bévue, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses.
- Excuse toi alors d'être de cette race ! »
Cet homme me donna alors un coup de botte lesté en plein dans le visage. J'entendis les os de mon nez craquer en retenant mes larmes de couler, mais je ne pouvais pas endiguer le flot de sang provenant de mes narines.
« Je donnerai de l'avoine de première qualité à vos destriers sans oublier de les brosser avec grand soin... » Dis-je d'un ton plat et sans conviction.
« Tu commences à m'énerver ! Sale Sheikah ! » De ses gantelets de cuir, il me souleva par le col.
« Je vous prierai de me poser au sol, je me dois d'être à la bonne hauteur afin d'effectuer correctement mon travail... »
Les autres soldats ne bronchaient pas, soit ils avaient peur de cet homme soit ils se fichaient éperdument de la situation.
« Pourquoi le roi te garde en vie ? Les Sheikah sont pourtant une race de traîtres et de lâches !
- Son altesse dans son infini bonté m'a recueilli étant un nourrisson, je ne puis hélas pas répondre précisément à votre interrogation. »
J'avais beau répondre calmement, j'étais en train de bouillir à l'intérieur, je mourrais d'envie de les latter.
Il me redonna un nouveau coup de poing, qui m'envoya planer à trois ou quatre mètres dans une allée de l'écurie. Alors que je toussais à en cracher mes poumons, il s'avança à se mit à me frapper au sol avec ses bottes.
« Vous n'êtes qu'une bande de meurtriers sans honneur ! Vous auriez du tous être exterminés jusqu'au dernier ! »
Le soldat sortit alors son poignard de son fourreau et me le mit sous la gorge.
« Je crois que je vais terminer le boulot moi même. »
Au moment où je sentis le métal froid toucher ma peau, je sortis discrètement une grosse aiguille de ma besace et la lui planta dans le poignet. Son gant avait absorbé une grosse partie de l'attaque mais un petit filin de sang coula du trou dans le cuir. Il lâcha un juron en laissant tomber son arme, je m'en saisi instantanément et je chargeais mon ennemi de toutes mes forces. Je parvins à le faire chuter sur le dos. Alors que j'allais, sans hésitation, planter son propre couteau dans sa gorge, ses camarades se saisirent de moi. Je ne les avais pas vu arriver, et je ne su jamais s'ils s'étaient déplacés pour me sauver ou pour le sauver... Je m'agitai dans tous les sens entre leurs bras en essayant de les poignarder. Ils parvinrent à me désarmer sans difficulté, mais alors que cet enfoiré allait dégainer son épée, un autre soldat l'arrêta.
« Ca suffit ! T'as peut être des raisons d'en vouloir aux Sheikahs, mais là tu vas trop loin avec ce gosse. Tu ne ferais que le molester, je n'aurais pas réagi normalement mais là on risque l'accident diplomatique ! Et je pense que la sentence qui te tombera dessus ne te plaira pas ! »
Il rengaina en grommelant et en me dévisageant, il se dirigea vers moi et me dépassa afin de s'en aller.
« Si j'ai le moindre reproche à te faire sur ton travail... Crois moi, je le remarquerais et j'aurais une bonne excuse... »
Les soldats me regardèrent, et je pu lire une sorte de peur sur leur visage. Je ne sais pas quel tête je pouvais avoir mais pour effrayer des soldats entraînés... Ça ne devait pas être une expression normale pour un enfant...
***
Heureusement, je connaissais bien mon travail et il n'eut rien à redire une fois que la troupe quitta l'endroit. Alors que je les regardais s'éloigner, je reçu une violente béquille dans la cuisse. Je tombai alors à genoux, complément paralysé à la jambe gauche, c'était Buscaron, le maitre d'écurie.
« Crétin ! Qu'est ce qui t'as pris d'attaquer ces types !
- Ils m'ont mis un couteau sous la gorge ! J'allais pas rester sans rien faire !
- C'est sûrement de ta faute pour qu'ils en arrivent à ce point là !
- Je vous emmerde ! Vous m'avez dit de rester courtois même si on me tabasse, c'est que j'ai fait et le résultat était des plus désagréable !
Il me répondit en me donnant un coup de poing dans la mâchoire.
« T'es le pire môme que j'ai jamais vu de ma vie ! T'arrêtes pas de provoquer des bagarres et personne ne t'apprécie dans ce château ! Regarde Impa ! C'est une Sheikah aussi mais elle s'est parfaitement intégrée !
- Sauf que moi, je ne suis pas un lèche botte comme elle ! »
Il me frappa une fois de plus.
« Tu aimes te faire cogner ou quoi ? Tu vas apprendre le respect un jour ?
- Respecter des gens à qui j'inspire le dégoût juste à cause mes yeux ? Vous pensez vraiment que j'ai envie de me soumettre comme un moins que rien ?
- T'es bien orgueilleux pour un gosse de quatre ans ! J'vais te passer l'envie de parler ainsi à tes aînés ! »
Il me prit par le col et me projeta contre une poutre de bois de l'écurie. Alors que j'étais relativement sonné, Buscaron me ressaisit par les vêtements et enfonça son poing dans mon plexus solaire. J'eus la respiration complément coupée, comme s'il n'y avait plus d'air autour de moi. Il me traîna au sol par le bras en direction de l'abreuvoir alors que je ne pouvais plus bouger. Je me suis alors retrouvé le visage maintenu de force dans l'eau avant d'avoir compris ce qu'il m'arrivait. Pendant quelques minutes qui semblèrent durer une éternité, j'ai failli me noyer plus d'une dizaine de fois. Mais comme je n'implorai pas ni ne protestai, il se lassa et m'abandonna.
« Un jour, quelqu'un te tuera parce que tu l'auras beaucoup trop provoqué et tu le regretteras amèrement ! » Dit-il alors qu'il disparaissait en sortant sur le coté de l'écurie.
Alors que je toussais à m'en déchirer le thorax pendant cette accalmie, j'entendis un petit rire mesquin derrière moi.
« Hihihi ! Tu t'es encore pris une dérouillée ! Ce que tu peux être détesté ! C'est incroyable ! C'en est presque un talent !
- Dégage ! J'ai pas envie de voir ta sale tête de petite soumise ! » Dis-je d'un ton des plus venimeux.
« Tu vas me parler sur autre ton Sheik ! N'oublie pas que je suis dans les petits papiers de son Altesse contrairement à toi ! Tout le monde me félicite mais toi tu ne ramasses que des coups. Comme je te plains ! »
Je ne pris même pas la peine de me retourner pour répondre à son ton hautain.
« C'est pas parce qu'on a les mêmes yeux que je vais avoir la moindre once d'admiration pour une lèche botte ! Juste le fait d'entendre ta voix me fout la gerbe ! Dégage de mon écurie !
- J'ai entendu dire que tu avais menacé de mort un des soldats de Lorymarh et que tu y aurais pris un malin plaisir ! C'est resté relativement secret mais ce serait dommage que quelqu'un propage des rumeurs sur toi. Déjà que tu n'as pas la côte, ça risquerait de t'attirer encore plus de problèmes...
- Le chantage ne marche pas sur moi ! Tu peux raconter ce que tu veux, j'en ai rien à foutre ! Maintenant tu sors de mon écurie ou tu subiras le même sort que ce fameux soldat ! »
Je descendis ma main vers ma petite besace accrochée à ma hanche et j'en sortis une grosse aiguille. Je la lançai sans laisser le temps à cette pimbêche de réagir, le fin métal traversa l'air en silence et se planta dans la poutre sur laquelle elle était accoudée, à quelques centimètres de son visage.
« Je te le répète une dernière fois... Sors de mon écurie ! » Dis-je en la regardant droit dans les yeux, empli de colère.
Elle s'enfuit alors en courant, me laissant seul avec mes compagnons équins.