Coeur au Ventre

Chapitre 5 : IV - Les murmures de la Cave

3622 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/09/2017 22:30

Chapitre 4 : Les murmures de la Cave

 

 

La Cave n'était pas un lieu bien difficile à trouver en raison des rires graveleux, des effluves de bière et des crachats de musique étouffée qu'elle diffusait généreusement autour d'elle. Link et Albacide arrivèrent au-devant de la gargote biscornue aux pierres usées, pourvue d'un porche en bois en dessous duquel plusieurs hommes saouls palabraient bruyamment. Une pluie fine s'abattit sur le village alors que les deux hommes gagnaient l'entrée de l'établissement bondé. Albacide ouvrit la porte de la taverne par laquelle s'échappa un flot de musique festive accompagnée de chants malsonnants. Mais alors qu'il se tournait vers Link, il aperçut ce dernier se figer tout à coup, le visage tourné vers une ruelle sombre, plus au loin. Le capitaine s'immobilisa à son tour dans l'encadrure et porta la main sur la poignée de son épée, alerté par le regard soudainement inquiet de son ami. Un frisson secoua légèrement le jeune hylien tandis qu'il scrutait attentivement l'obscurité. Albacide s'approcha prudemment sans détourner les yeux et murmura :

« Qu'y a-t-il ? »

Link resta silencieux, toujours à l'affût. Le capitaine osa un regard dans la même direction que lui, mais il ne vit que la pénombre d'une rue sale et boueuse. Il reporta son attention vers l'hylien, perplexe.

« Rien... Il n'y a rien » finit par répondre Link avant de s'engouffrer rapidement dans la taverne.

Albacide fronça les sourcils sans comprendre ce qui avait soudainement troublé le Héros et entra à sa suite. Il tapota l'épaule du jeune homme avec bienveillance tandis qu'une atmosphère chaude et humide les enveloppait, chargée d'une odeur de cervoise, de lentilles et de sueur :

« Tu es bien trop prudent, mon ami. »

 

L'hylien esquissa un léger sourire, les yeux perdus dans le vague, mais ne dit mot. Albacide observa Link un instant. Malgré le calme dont il faisait montre, le jeune homme semblait tendu. Au vu des circonstances, ce n'était guère étonnant. Contrairement aux rumeurs que le capitaine surprenait parfois parmi ses hommes, Link témoignait souvent d'une inquiétude qui contrastait quelque peu avec l'image du guerrier féroce et bravache qu'on se faisait de lui. S'il lui arrivait de faire preuve d'audace, il ne s'élançait que rarement sans réflexion. Ses aventures périlleuses dans l'ombre du Crépuscule et sa nouvelle condition de fugitif lui apprirent la prudence bien mieux que n'importe quel maître. Une prudence qui le rendait parfois fébrile mais qui lui sauva maintes fois la vie. Toutefois, l'inquiétude légitime de Link préoccupait le capitaine à mesure qu'elle se faisait plus envahissante. Depuis quelques temps, il voyait souvent le jeune homme tressaillir au moindre bruit et surprenait par moments une lueur de crainte voiler ses yeux à la tombée de la nuit, sans qu'il pût en déceler la cause. Albacide décida néanmoins d'ignorer le trouble de son ami pour cette fois. De toute évidence, ce n'était ni le moment ni le lieu de s'en inquiéter.

 

      Les deux hommes promenèrent leur regard sur la salle commune de l'auberge qui s'étirait en profondeur, éclairée par des lanternes sur toute sa longueur et un âtre flamboyant qui pétillait dans le fond, diffusant une chaleur apaisante. Dans un renforcement de la pièce, quatre musiciens jouaient du violon et de la guiterne sur des airs de piraterie qui faisaient s'élever les chants allègres et les chopines bien remplies. Sur leur gauche s'étendait un comptoir massif derrière lequel Aldo, un homme grand et gras pourvu d'une fière moustache noire sous un crâne lisse, les salua furtivement entre deux services. En vérité, Link et Albacide connaissaient bien les lieux pour s'y être retrouvés à musse-pot de nombreuses fois ces derniers mois. Les étrangers, bien que chaleureusement accueillis, étaient surveillés de près, et les fouineurs se voyaient très vite dégagés de la taverne. L'endroit accueillait d'ailleurs de nombreux rebelles et hors-la-loi de tous bords, si bien que beaucoup ne prenaient plus la peine de cacher leur visage. Aldo, l'aubergiste, était parfaitement au courant de l'identité de Link et du double jeu d'Albacide. Bien qu'il ne prenait aucune part active dans leurs affaires sinon celle de leur offrir occasionnellement le gîte, il s'avérait parfois être un très bon informateur pour la Résistance du fait des bavardages avinés que ses oreilles averties capturaient au vol. 

 

      Alors qu'ils se dirigeaient vers le fond de la salle pour y converser en toute tranquillité, les deux hommes furent saisis par des bras puissants qui s'abattirent lourdement sur leurs épaules, tandis qu'une figure débonnaire apparut entre eux.

« Eh bien, mes amis ! Quel plaisir de vous voir ici ce soir ! Il ne manquait plus que vous pour que la fête soit à son comble ! »      

Cette voix forte et enjouée appartenait à Fénir, un des enfants de Toal, le village d'enfance de Link, que ce dernier avait secouru dans la forêt de Firone il y a sept ans de cela. Seulement, l'enfant de Toal avait bien grandi depuis cette époque, cédant la place à un fier et vaillant jeune homme au visage barbu, dont la taille et la carrure dépassaient de loin celles de son ainé. Après la Guerre du Crépuscule, le petit Fénir avait poussé d'un coup et s'était engagé dans la garde afin de suivre les traces de Link qui, à cette époque, était régulièrement missionné au château. Lorsque le Héros quitta la Citadelle près d'un an auparavant et que le pouvoir bascula dans l'austérité, le jeune toalien déserta son poste et rejoignit la Résistance. Il comptait désormais parmi les membres les plus activement recherchés, du fait notamment de ses accointances avec le chef rebelle.

« De la musique, de la chaleur et de la bière… Je ne suis finalement pas surpris de te trouver ici, dit Link dans un sourire en se retournant vers son ami d’enfance.

- Et des filles aussi… ajouta Albacide en lorgnant deux charmantes libellules qui faisaient tournoyer leurs jupons bariolés près de l’estrade des musiciens.

- Haha ! Que voulez-vous, j’aime les ambiances chaleureuses ! s’exclama Fénir en écartant joyeusement les bras. Cela dit, je n’ai pas chômé, messieurs. Voyez-vous, je suis sur le point de convaincre le Père Meridon de délester ses forges d’un joli lot de vieilles épées qui pourraient nous être bien utiles. J’ai rendez-vous avec le vieux demain, à la première heure ! Mais allez donc vous installer ! Je vous rejoindrai dès que ma chope sera pleine. »

 

Link et Albacide prirent place autour d’une table agencée contre un mur au fond de la salle, près du feu de cheminée pour se réchauffer. Une jeune femme aux cheveux roux, envoyée par les soins d’Aldo, leur servit maladroitement deux pintes fraîches, manquant d’en renverser une sur les genoux du Héros. Remarquant le trouble de la demoiselle, Albacide lui prêta une œillade enjôleuse avant d’esquisser un petit sourire lutin. La serveuse rougit et disparut fébrilement dans un bredouillis d’excuse. Le coquin se perdit dans un rire clair tandis qu’il levait sa chope en direction de son ami et inondait sa gorge d’une goulée généreuse.

« Reste-t-il en Hyrule un jupon que tu n’aies pas encore troussé ? interrogea Link, amusé, avant de plonger le nez dans la mousse épaisse de sa bière.

- Tu es jaloux ? demanda le capitaine en élargissant son sourire.

- Non. »

Albacide se pencha vers son acolyte et prit le ton de la confidence.

« Moi je le suis. Vois-tu, ce n’est pas moi qui faisais trembler les menottes de cette jolie gazelle. »

Link posa sur l’officier un regard interrogateur et ce dernier soupira.

« Bon sang, c’est affligeant… Tu as des yeux énormes et tu ne vois jamais rien ! Tu n’as même pas remarqué que la belle n’avait d’yeux que pour toi. Tu es à cran mon vieux, alors profite un peu des plaisirs de la vie. Cela te ferait le plus grand bien, crois-moi.

- Je te remercie pour ta prévenance, Cide, mais tout va très bien pour moi, affirma l’hylien sur un ton faussement détaché.

- Alors, si tout va très bien, je la rappelle ? taquina le capitaine dans un clin d’œil grivois.

- Non ! » répondit Link en lançant un regard inquisiteur.

Albacide ignora les protestations de son ami et poursuivit sur sa lancée :

« Je pourrais commencer par l’asticoter un peu et la convaincre de m’ouvrir une chambre à l’étage. Puis j’échaude la demoiselle pendant que tu finis ta pinte. Tu nous rejoins ensuite et si la belle est d’humeur, nous pourrons tous les deux…

- Ne termine pas cette phrase ! » trancha Link en se renfrognant sur sa chope.

Le capitaine laissa retomber lourdement sa main sur la table avec dépit.

« Tu es désespérant. Il y a très peu d’amis pour lesquels j’accepte de donner ainsi de ma personne. Tu devrais en profiter.

- Je suis très flatté, Cide » répondit Link avec un petit sourire embarrassé.

 

       Ce fut le moment que choisit le joyeux Fénir pour s’attabler en leur compagnie, frappant le cul de sa chope pleine contre la table avec vigueur et éclaboussements pour signifier son enthousiasme de retrouver ses deux amis. Link libéra un discret soupir de soulagement tandis qu’Albacide finissait de ruminer les derniers restes de son agacement.

« Eh bien ! Quelle joie de voir vos trognes renfrognées ! s’exclama Fénir dans un rire. Aurais-je interrompu une querelle prometteuse ? »

Albacide ouvrit la bouche pour répondre mais il fut stoppé dans son élan par le ton implacable de Link qui voulut recentrer la conversation sur ce qu’il jugeait prioritaire :

« Rien qui mérite qu’on s’y attarde. En revanche, un incident grave s’est produit dans la Grande Plaine, cet après-midi, alors que Robin, Aren et moi-même devions retrouver des contacts civils. Trois hommes d’un village voisin venus nous fournir quelques denrées. Ils ont été massacrés par la garde sans autre forme de procès, juste avant notre arrivée. »

Fénir écarquilla ses grands yeux verts, choqué par ce qu’il venait d’entendre :

« Des exécutions ? 

- Il semblerait, répondit Link en dévisageant Albacide.

- Effectivement, les ordres ont changé, enchaîna le capitaine qui avait retrouvé son sérieux. Le gouvernement souhaite passer à la vitesse supérieure. Moins de prisonniers, plus d’exécutions. Le but recherché étant d’étouffer les élans rebelles au travers d’une répression sévère. En d’autres termes, le Royaume d’Hyrule va doucement basculer dans la terreur.

- Eh bien, c’est joyeux… observa Fénir avant d’avaler plusieurs lampées de cervoise avec avidité.

- Mais ces trois hommes n’étaient pas des rebelles, Cide, reprit l’hylien. De plus, il ne s’agissait pour nous que d’une expédition de routine. Aucune attaque n’était planifiée contre la garde !

- Je le sais, mais cela ne change rien. Ces hommes étaient en contact avec les insurgés, voilà tout ce que la Couronne retiendra. Rebelles assumés ou simples complices, cela n’a plus d’importance. »

Link ferma les yeux en soupirant et passa les mains sur son visage, pris d’une grande fatigue.

« D’où leur vient cette brusque montée de sève ? demanda Fénir. Nous savons tous que le pouvoir a officieusement changé de main. Link a été évincé de la Citadelle et la Reine n’a plus de pouvoir de décision. Que veulent-ils de plus ?

- Ce qu’ils veulent, c’est trancher la tête de la Résistance, tout simplement. Ils veulent anéantir les espoirs du peuple ainsi que toute tentative de rébellion. Autrement dit, ils veulent la tête du Héros, conclut Albacide en fixant Link qui rouvrit sur lui des yeux inquiets. Par ailleurs, les rapports macabres concernant les exactions de « l’homme en vert » pullulent depuis quelques mois. 

- Hum … Je suis tout de même vexé qu’on puisse me croire assez stupide pour battre la campagne en tunique verte alors que je suis fugitif, surtout si c’est pour y semer des cadavres.

- Rassure-toi, tout le monde ne s’y laisse pas prendre » assura le capitaine en repensant au petit Evan qu’il avait croisé au village du Moulin.

 

La jeune serveuse reparut avec les bras chargés de nouvelles pintes et de trois auges garnies d’une obscure bouillie de lentilles et d’agneau qu’elle servit avec autant de gêne que la fois précédente. Albacide osa un furtif haussement de sourcils en direction de Link qui afficha un regard placide avant d’écraser les orteils de l’importun avec sa botte. L’officier étouffa un râle douloureux et sourit derrière ses dents, amusé du trouble qu’il percevait chez son ami malgré ses efforts de contenance. La mixture n’était pas ragoutante mais les trois hommes y plongèrent les cuillères avec appétit, heureux de consoler leur ventre avec un plat chaud. Malgré les tourments qui parasitaient les esprits, le repas se déroula sous des hospices plus légers, ponctué çà et là par le fatras des couverts en bois et les bavardages bon enfant de Fénir.

 

« Il ch’rait p’t-être temps d’pacher nous auchi à la viteche chupérieure, qu’en dîtes-vous ? proposa finalement le toalien tout en mâchant avec gourmandise les derniers restes de pitance.

- Oui, il serait temps, approuva Albacide en décrochant avec les ongles un morceau d’agneau coincé entre ses dents. La Résistance cause peut-être des soucis mais elle n’est pas encore assez crainte. Ses actions restent trop éparses et ses membres sont dispersés, d’où la réticence du peuple à venir s’y enrôler. Si on ajoute à cela les rumeurs sordides et le durcissement de la répression, vous n’aurez bientôt plus suffisamment d’alliés pour contrebalancer le pouvoir. Il faut agir, à présent. Il faut agir vite et avec prudence. »

Le capitaine observa Link qui jouait avec sa cuillère d’un air distrait, le menton posé sur la paume sa main.

« Très bien, répondit l’hylien en se redressant. Je vais demander une réunion des membres les plus actifs pour décider des actions à mener. Je laisserai un message à Aldo avant de partir et lancerai des missives dès demain. Rendez-vous au quartier général dans quatre jours, sur les coups de midi. Il nous faut rassembler nos forces avant d’agir et ne pas oublier que nous avons toujours une alliée de poids au sein même du gouvernement. 

- Tu penses à la Reine ? demanda Fénir, sceptique. Tu sais bien qu’elle est pieds et poings liés…

- Justement, il est peut-être temps de l’en défaire.

- Tu suggères que nous lancions une expédition pour délivrer la Reine des méchants ? fit Albacide dans un sourire amusé en faisant tournoyer le fond de sa bière.

- Peut-être, répondit Link avec un regard entendu.

- Aha ! s’exclama Fénir avec vigueur en frappant son poing contre la table, faisant sursauter ses compagnons. Enfin un peu d’action ! C’est que je commençais à m’ennuyer.

- Tu devrais le crier encore plus fort, ironisa le Héros en jetant un coup d’œil furtif dans la salle.

- Tu parles, tous ces corniauds sont fins saouls, et je vous annonce que moi aussi, claironna le jeune homme en se levant maladroitement de son siège. Sur ces paroles revigorantes, je vous quitte, mes amis. Il me faut partir si je ne veux pas manquer ma petite affaire de demain. Il va me falloir faire preuve de verve auprès du vieux, vu la maigreur de ma bourse.

- Tiens, voilà qui pourrait t’aider à le convaincre » lança Albacide en tendant discrètement à Fénir une bourse remplie.

Le Toalien attrapa le butin en écarquillant des yeux admiratifs.

« Eh béh dis-moi, ça paie bien la chasse aux rebelles ! 

- Mets-la en veilleuse, finis ta bière et fous-le-camp d’ici ! » ordonna l’officier sur un ton faussement autoritaire.

 

En vérité, les poches d’Albacide étaient gorgées d’une jolie fortune héritée de ses parents, tous deux artisans renommés en leur temps, dans le domaine du textile. Une réputation bien assise qu’ils devaient en majeure partie au talent de tisserande de la mère d’Albacide, Aonobu, une femme au teint cuivré et au tempérament de feu, issue des tribus nomades qui parcouraient inlassablement les terres d’Hyrule. En ce temps, la jeune femme avait abandonné le voyage pour partager sa vie et son savoir-faire avec un modeste commerçant de la région d’Ordinn. Cependant, le tissage n’était pas le seul talent d’Aonobu. Elle fut également la première à enseigner le maniement du sabre à son jeune et unique fils qui se révéla très agile de ses mains. Lorsqu’elle mourut tragiquement sur les routes d’Ordinn, assassinée par une bande de détrousseurs à la petite semaine, M partit s’établir à la Citadelle où le jeune Albacide, alors âgé de douze ans, put améliorer son apprentissage de l’épée auprès d’un maître. Quand il fut en âge, le garçon s’engagea dans la milice et se distingua rapidement par sa maîtrise des armes, au point de gravir les échelons jusqu’à servir dans la garde royale. Au cœur de sa course ambitieuse, il eut même le temps d’épouser la ravissante Moïra, mais cela est une tout autre histoire. A la mort de son père, Albacide hérita de sa fortune qu’il mettait régulièrement au service de la Résistance, depuis sa rétrogradation dans la milice urbaine, il y a près d’un an. 

 

« Je suppose que tu restes dormir ici, taquina Link en prêtant une œillade discrète en direction de la jeune serveuse.

- Non camarade, affirma fièrement le capitaine en se levant de sa chaise pour prendre congé. Je dois filer en vitesse. N’oublie pas que j’ai complètement délaissé mes hommes pour te filer le train. Je ferais donc bien de regagner mes pénates au plus vite si je ne veux pas être officiellement déclaré comme déserteur.

- Il te faudrait disparaître au moins trois jours pour que la menace soit sérieuse.

- Plus je resterais absent, plus j’aurais de compte à rendre à mes supérieurs. Par les temps qui courent, je préfère ne pas trop jouer avec le feu. 

- Lorsque tu te rendras au château, pourras-tu délivrer ceci à la Reine ? demanda l’hylien en se levant à son tour avant de tendre à son acolyte une petite lettre froissée qu’il sortit de sa tunique. Discrètement, cela va sans dire.

- Oh, que de cachotteries ! gouailla Albacide en se saisissant du document avec un grand sourire. Je comprends mieux pourquoi tu rechignes tant devant les charmes de notre jolie rouquine. Monsieur fait dans le luxe et la dentelle.

- C’est cela. Au moins je serai sûr de ne pas boulotter tes restes » railla Link avec un sourire provocateur.

 

Les deux hommes se dirigèrent vers le comptoir où Link put donner ses instructions à Aldo et tandis que la pluie battait toujours sur les toits du village, ils s’apprêtèrent à quitter la chaleur de la taverne pour revêtir chacun leurs charges. Au moment de franchir le seuil de la porte, Link hésita un instant et hasarda son regard en arrière, dans le tumulte festif de la gargote, à la recherche d’un dernier éclat de chaleur. Il rencontra alors les yeux noisette de la serveuse qui brillèrent à son contact. Les yeux noisette lui sourirent et les lèvres douces remontèrent timidement sous les tâches de sons. L’hylien répondit à ce sourire ingénu, soulagé d’avoir pu capturer ce battement de vie avant de retourner à l’obscurité de la nuit. Une fois sorti, il rabattit son capuchon avec légèreté, satisfait d’avoir senti un court instant son cœur bondir d’un plaisir qui se faisait trop rare.


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