Coeur au Ventre

Chapitre 4 : III - Retrouvailles

1570 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/08/2017 21:28

Chapitre court, cette fois-ci.

A partir de ce chapitre, je n'ai plus eu de bêta-lecteur. J'espère donc ne pas avoir laissé trop de fautes.


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Chapitre 3 : Retrouvailles

 

 

           

           Le capitaine de la garde galopait à vive allure entre les façades escarpées, tandis que le soir tombait doucement sur le Royaume d'Hyrule. Au-devant de lui, il apercevait toujours le Héros à croupetons sur l'aérouage qui bondissait de façade en façade. L'altitude lui donnait un avantage certain dans sa fuite mais par moments, il semblait ralentir l'allure comme pour attendre son poursuivant. Albacide avait alors la désagréable impression que Link jouait avec lui. Pendant un instant, le jeune hylien s'était même laissé rattraper en appuyant sur l'arrière de l'engin afin de le ralentir, puis redémarra à la hâte en poussant un cri d'exaltation.

« C'est ça, fais le malin ! » cracha Albacide avant de commander à son cheval de forcer l'allure.

 

           Après de longues minutes de course-poursuite au travers des parois rocheuses, le capitaine se fit distancer au point de ne plus entrevoir le fuyard. Il finit par faire une halte sur un point culminant, afin d'avoir une vue d'ensemble sur le paysage qui s'assombrissait et de percevoir au loin le crissement métallique de l'aérouage. Cependant, tout était calme. Il n'entendait que le bruit du vent dans les feuilles et les gémissements lugubres de la faune nocturne qui s'éveillait. Exaspéré, il ôta son heaume qu'il harnacha à sa monture en soupirant et laissa la brise glaciale du soir jouer avec sa longue chevelure noire. Il était sur le point d'abandonner la partie quand un bruit de sabots lointain parvint à ses oreilles. Plus bas dans la plaine, il aperçut la silhouette d'un cavalier qui s'éloignait. C'était lui. Link avait dû ranger l'aérouage pour continuer à cheval, sa monture l'attendant sûrement dans un recoin caché, à distance des rixes avec la garde. Sentant un regain d'excitation le saisir, Albacide s'élança à bride abattue en direction du cavalier. Il parvint à le suivre un certain temps, mais le chef rebelle avait pris beaucoup d'avance sur lui et le cheval du capitaine fatiguait. Il le perdit à nouveau. Décidé à ne pas lâcher prise, il poursuivit sa traque au hasard des chemins.

 

           Au bout d'une heure d'exploration hasardeuse, Albacide reconnut les environs de la bourgade d’Hulule et décida d'y faire une halte. Hulule était un petit village modeste comme il en existait des centaines dans Hyrule. Il n'abritait rien de particulièrement notable, à l'exception de sa taverne racornie, sinistrement baptisée « La Cave », où nombre de business crapuleux fleurissaient en plus de ses soirées arrosées. Toutefois, cette petite bourgade pouvait constituer un excellent repère de hors-la-loi. Soucieux de ne pas se faire trop remarquer, Albacide harnacha son cheval à l'entrée du village, près d'un abreuvoir, et se débarrassa de son tabard orné de l’emblème royal. Alors qu'il déambulait dans les rues sinistres, tout juste éclairées par quelques torches et majoritairement fréquentées par des gaillards avinés, le capitaine aperçut une silhouette familière s'engouffrer dans l'une d'elles. En un instant, il reconnut le jeune homme que les soldats avaient capturé dans la plaine. Son sang ne fit qu'un tour et il entreprit de suivre le garçon qui venait de disparaître au détour d'une venelle. Albacide pénétra prudemment dans la ruelle étroite qui semblait étrangement déserte et avança lentement, sentant le traquenard se profiler dangereusement. Il avait vu juste : au bout de quelques pas, il sentit la pointe d'une lame appuyer sur son dos.

« On ne bouge plus ! » intima une voix derrière lui.

Occupé à chercher le jeune homme qu'il avait reconnu, Albacide n'avait pas vu l'autre garçon embusqué dans un coin qui avait surgit dans son dos. Il voulut saisir son épée et tenter une attaque, mais il se  figea au contact glacé d'une autre lame qui glissa sur sa gorge.

« Comme on se retrouve... capitaine » murmura la voix juvénile du rebelle qu'il avait menacé dans la plaine.

 

           Cerné de toutes parts, Albacide esquissa un sourire goguenard en direction du jeune homme qu'il reconnaissait :

« Aren... Ce n'est pas très poli de menacer un ami désarmé, surtout après l'avoir fait cavaler des heures dans la cambrousse. Mais enfin... J'admets que c'est de bonne guerre » concéda-t-il.

Sur ces mots, le jeune Aren lui retourna le sourire et pressa un peu plus la lame sur la gorge du capitaine.

« Eh là ! Doucement ! » protesta ce dernier.

Au même moment, une quatrième silhouette se profila dans l'ombre et s'avança doucement vers eux :

« Eh bien, Cide ! Tu te fais maîtriser par des gamins, à présent ? Tu te ramollis, mon ami. »

Albacide élargit son sourire en reconnaissant Link qui s'approchait de lui, à visage découvert. La faible lumière des torches extérieures éclairait timidement la figure du Héros d'Hyrule et ses yeux clairs semblaient devenus presque inoffensifs. Aren et l’autre garçon, qui répondait au nom de Robin, abaissèrent leur épée en ricanant et flattèrent l'officier d'une tape dans le dos.

« C'est qu'elles sont hargneuses ces crapules, et fourbes comme des hyènes ! dit le capitaine en ébouriffant la crinière des deux jeunes rebelles.

- Oh, ne sois pas vexé Cide, ce n'est que justice après ce que tu m'as fait subir tout à l'heure ! enchérit Aren avec un petit sourire.

- J'aurai ma revanche, sois en sûr. »

Les deux garçons ricanèrent de plus belle. Albacide se tourna alors vers Link d'un air enjoué.

« Tu sais te faire attendre, dit le Héros en lui rendant son sourire.

- Ce n'est que pour mieux savourer le plaisir des retrouvailles » répondit l'officier en écartant les bras.

Sur ces paroles, Albacide empoigna vigoureusement la main du jeune hylien avant de le gratifier d'une étreinte chaleureuse. Ses longues pérégrinations de service l'avait tenu éloigné des activités de la Résistance pendant plusieurs semaines. Aussi était-il heureux de retrouver son acolyte sain et sauf, surtout en ces temps si durs qui réduisaient le jeune homme à l'état de fugitif.

« Tu es gelé, mon ami. Que dirais-tu d'aller se réchauffer le gosier dans le bouge du coin ? proposa le capitaine.

- Ce n'est pas de refus » répondit Link, la mine fatiguée.

Satisfait, Albacide se tourna vers Aren et le saisit par la nuque, avec douceur cette fois-ci.

« Je suis désolé pour ce qui s'est passé dans la plaine, fiston. Mais sache que tu as fait preuve de courage. Je suis fier de toi, assura-t-il avec bienveillance. Un dernier conseil cependant : si tu dois encore te retrouver en difficulté face à la garde, déguerpis sans demander ton reste ! Pas de bravade, pas d'héroïsme mal placé. Tu cours et tu ne te retournes pas. Nous sommes bien d'accord ?

- Oui capitaine, répondit Aren, les yeux brillants.

- Bon ! Prenez ça et allez trouver de quoi vous restaurer tous les deux. Vous l'avez mérité. »

Albacide sortit de sa poche une petite bourse qu'il fourra dans la paume de Daren. Les garçons le remercièrent et détalèrent joyeusement, laissant les deux hommes seuls.

 

« Il a eu de la chance, dit Link en regardant Aren disparaître au coin de la rue.

- Hum … Grâce à toi » renchérit son ami, emboîtant le pas en direction de la taverne.

L'hylien lui jeta alors un regard lourd de reproches en repensant aux événements récents.

« Tu ne m'as pas vraiment facilité la tâche, Cide.

- Je l'admets. J'ai toujours du mal à résister à la tentation d'un petit duel à la loyale quand il se présente, se réjouit le capitaine en grattant les traces de sang séché qui avait perlé de sa plaie à la joue. 

- A la loyale ? s'offusqua le Héros, déconcerté. J'étais seul contre dix...

- Certes. En attendant, tu n'as aucune égratignure. Mais de ton côté, tu n'y es pas allé de main morte, rouspéta Albacide, le flan encore douloureux. Et je te serai reconnaissant à l'avenir de ne plus m'humilier de la sorte devant mes hommes. C'est assez vexant de se retrouver le cul en l'air au milieu d'une garnison. »

L'hylien souriait à pleines dents en se remémorant la scène, les yeux rivés au sol comme s'il s'excusait d'avoir osé un tel affront :

« Tu fanfaronnes beaucoup trop, Cide. C'est pénible, tu sais. »

Albacide gratifia Link d'une tape amicale sur l'épaule, bien conscient des difficultés supplémentaires qu'il lui avait causées.

 


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