The Legend of Zelda : Le dernier Cataclysme
Chapitre 16 : D'embuscade mortelle à péril ardent
3392 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 16/11/2024 16:22
Link et Zelda avaient repris leur pérégrination à travers le village Goron. Mais loin d’être idiot, ils le firent sur la pointe des pieds, et guettaient le moindre signe de mouvement à chaque intersection. Les monstres veillaient. Ils demeuraient parfois cachés, mais il en subsistait.
Cette marche, lente et prudente, leur permirent d’accéder à la zone nord qu’une demi-heure plus tard. Là, les maisons-cavernes disparaissaient à nouveau, et le chemin se fit plus pentu. Maintenant habituées aux dénivelés, aucun des deux ne se plaignit. Ils avançaient sans bruit, soucieux d’être efficace. Le destin des Gorons dépendait d’eux.
La pente passée, ils arrivèrent sur le rebord d’un étrange plateau. À une centaine de mètres de là, légèrement en hauteur, se localisait la fameuse mine nord où ils auraient l’occasion de mettre la main sur une tant désirée tenue de résistance à la chaleur. Zelda brisa la monotonie du voyage d’une voix enjouée.
« Enfin on touche à notre but ! Après ça, nous n’aurons plus le stress de gérer les stocks de remèdes ignifus !
- Je ne peux pas vous donner tort pour une fois.
- Ouah ! Tu deviens positif tout à coup ! Enfin !
- Cependant…
- Oui, quelque chose me paraissait bizarre aussi.
- La mine nord n’est que la première étape. Donc je partage votre joie, mais restons concentrés comme nous l’étions. »
Link tourna le dos à la princesse et descendit alors en contrebas, en direction du plateau. Il trottina, glissa avec les cailloux, et en profita pour laisser ses bras tomber ballant le long de son corps afin d’en détendre les muscles. Zelda lui emboîta le pas. Des rochers s’élevaient de manière éparse, seuls éléments qui brisaient la continuité de cette aire plane. La plupart faisaient à peine la hauteur de Link. Ce dernier repéra donc sans mal par où passer pour quitter l’endroit.
« - C’est vaste.
- Tout ce volcan est démesurément vaste. À côté de ça, les autres régions seront bien plus praticables pour des voyageurs à pied.
- Alors comme ça messire Link, on anticipe déjà la suite du voyage ? Ne faut-il pas se concentrer sur notre présente mission ?
- Plus le temps passe, et plus vous devenez goguenarde, lui répondit-il amusé.
- C’est que je dois être en train de perdre mon côté princesse. »
Ils durent conclure une trêve de plaisanterie, quand trop absorbé dans la conversation Link manqua de percuter un rocher. Un énorme rocher. Ils avaient atteint un peu plus de la moitié de la zone, et ce géant de granit devait être trois fois plus gros que les autres.
« Sacré morceau ! » s’écria Link en donnant un bon coup de main sur la pierre.
Il se stoppa net. Il la regarda, curieux de la résonnance creuse qu’elle avait eue. Elle s’embrasa d’un coup. Des striures de laves s’y formèrent, montèrent du sol. Ces veines ardentes s’entrelaçaient, et Link comme Zelda reculèrent. Le sol trembla.
« Heu… Une idée de ce qu’il se passe Link ?
- De nous deux, c’est plutôt toi la calée en science. Reculons, ne prenons pas de ris… »
Un Boum sonore se fit entendre lorsque le rocher ardent décolla du sol. Il souleva un nuage de poussière, et propulsa Link au loin. Le héros culbuta, et sans qu’il ne s’en souvint se retrouva sur le flanc, à même le sol. Bonne nouvelle, il ne ressentit pas de douleur particulière. Puis, il toussota, et s’assura de comment se portait sa protégée. Celle-ci c’en était mieux sorti que lui, et avait eu le temps d’esquiver. Elle avait couru à une distance respectable du lieu de l’incident. Sa bouche articulait des mots que Link ne parvint pas à comprendre de suite.
« Cette chose se dirige vers toi Link !! »
Le nuage de poussière se dissipait. Et il laissa sa place à une ombre imposante. L’ombre s’avança encore pour révéler un gros tas de pierres animé, qui déambulait proche du jeune homme. Son corps ne se constituait que d’un gigantesque bloc de roche ardente. Pareil pour ses bras, et deux frêles jambes constitués de grotesques cailloux. Grotesque soit, mais même si sa démarche était maladroite, il se tenait à quelques mètres de Link toujours à terre.
Il n’attendit pas. Fidèle à ses réflexes, il se propulsa à l’aide de ses mains vers l’arrière, se remit sur pied, et enchaîna plusieurs bonds dynamiques. Juste à temps. Le golem enflammé se servit de son corps pour faire bascule, et s’écrouler de tout son poids là où Link gisait quelques secondes auparavant. Il empoigna l’épée dans son dos et la dégaina.
« Zelda, réfugiez-vous derrière un rocher ! »
Elle hésita, regarda vers Link, puis vers le golem. Elle finit par obéir et courut. Le monstre se redressa laborieusement. Il reprit sa marche, et dut apercevoir du mouvement du côté de Zelda. Il pivota alors dans sa direction, et traîna son bras vers l’arrière. Le jeune homme comprit, et céda à la panique. Il se rua vers le monstre et lui asséna un coup d’épée qui vint rebondir contre la dure pierre dont son ennemi était constitué. Son arme rebondit, l’onde de choc se répercuta dans son corps et le fit frémir.
« Zelda, attention ! »
Le golem catapulta son bras hors du reste de son corps. Le projectile enflammé de plusieurs tonnes allait s’abattre sur la princesse qui n’avait pas eu le temps de trouver refuge. Link demeurait impuissant. Le bras s’abattit tel un météore, et explosa en une gerbe brûlante qui aveugla le héros. Quand il rouvrit les yeux, il ne vit rien au point d’impact. Mais en se tournant, une joie indicible prit le relais sur son désespoir. Gomo était intervenu. L’indécis goron se tenait droit, une étrange épée grise dans son dos, avec Zelda qui reposait entre ses gros bras.
Pas le temps de réfléchir trop longtemps. Le golem se laissa tomber une seconde fois au sol, du côté de son bras manquant. Link, placé juste à côté, monopolisa le maximum de ses capacités cérébrales et visuelles pour analyser efficacement la situation. Le monstre possédait une roche très étrange, au sommet de son corps. Une roche non-ardente, et qui semblait moins solide que les autres. Il devait trouver un moyen de grimper sur son dos pour frapper son point faible. Comme le golem s’était abaissé, Link saisit sa chance. Il posa une main sur la pierre, déterminé à escalader… et se stoppa net quand une douleur intense irradia dans sa paume.
Quel idiot, la roche ardente ! Tant qu’il est dans cet état impossible de l’attaquer.
Le golem se redressa, et dans le même temps sortit un nouveau bras, là où il lui en manquait un auparavant.
Et en plus il se régénère à l’aide de la terre sous lui.
Link battit en retraite avant que son adversaire brûlant de représailles ne se tourne vers lui. Il sprinta. À plusieurs mètres de là, Gomo et Zelda lui firent signe. Ils avaient trouvé un refuge temporaire derrière une roche. Le vif jeune homme progressa à toute vitesse. Sa vie en dépendait. Et il en eut le cœur net quand il entendit un nouveau son de grattement de roche. Pas le temps de jeter un regard de plus. Trois secondes plus tard, il y eut une seconde déflagration, juste à côté de lui. Le golem l’avait manqué, mais le souffle de l’explosion l’avait propulsé derrière le rocher. Enfin à l’abri, au côté de ses comparses.
« C’en était moins une Link, j’ai cru que son bras allait te faucher !
- Et moi donc, lui répondit-il haletant.
- O-o-On f-fait quoi maintenant ?
- Du calme Gomo ! Beau sauvetage sinon, heureux que t’es changé d’avis ! »
Bom, Bom, Bom
« Il s’approche non ? gémit le goron.
- On dirait bien que oui. Il veut nous débusquer.
- Alors profitons du temps qu’il nous reste à l’abri et préparons notre contre-attaque. »
Link jeta un bref regard à Zelda. Cette dernière avait toujours son glaive, mais surtout un arc à portée de main. Quant à Gomo, une arme était également accrochée dans son dos.
« - Puis-je y toucher ?
- Hein ? Heu oui, si tu veux, c’est juste un casse-pierre que j’ai trouvé en passant devant la maison abandonnée du forgeron. J’me suis dit que ça pourrait aider pour me battre. Enfin, même si à la base c’est conçu pour l’excavation minière et pas le fracassage de crâne. »
Bom, Bom, Bom
Link brandit l’arme non sans mal. Son gros manche ne s’empoignait qu’à deux mains pour un homme de sa stature. Ce casse-pierre, malgré son apparence effilé, tenait plus de la matraque que de l’épée. Le jeune homme feinta de porter un coup avec.
« Ça pourrait nous être utile contre ce gros caillou.
- Je l’entend ! I-i-il s’approche encore !
- Nous avons un problème. Son unique point faible à l’air d’être la petite roche au-dessus de la grosse qui lui sert de corps. J’ai tenté de l’escalader, mais… »
Link montra sa main, encore rougis, et heureusement sans cloque. Zelda compléta.
« La roche en fusion t’en a empêché.
- Et c’est sans compter sur un autre problème. Mon épée pourrait ne pas réussir à trancher son point faible. Mais c’est là Gomo que tu rentres en scène ! »
Bom, Bom, Bom
Le goron gémit une fois de plus.
« Je veux pas attaquer ce truc ! Je sais même pas me battre !
- Alors pourquoi tu te promènes avec une arme ?
- T’en as d’autres des questions comme ça ? Pour me défendre si on m’attaque !
- ÇA TOMBE BIEN, NOUS SOMMES ATTAQUÉS !
Bom, Bom, Bom
Link respira un grand coup. Le golem allait les débusquer d’un moment à l’autre. Gomo, paralysé par la peur, n’allait pas pouvoir attaquer le monstre de front. Mais Zelda possédait de quoi se battre à distance, et Link tenait entre ses mains une arme susceptible d’être très efficace contre cet ennemi.
Bom, Bom, Bom
Un éclair le traversa. De cette lumière, un bourgeon naquit dans son esprit. Une idée, primaire d’abord, qui fleurit pour aboutir à un plan d’action, qui avait peut-être ses chances.
En-tout-cas, il faut qu’il marche.
Le chevalier se concerta avec ses comparses. Les deux approuvèrent d’un signe de tête, faute d’avoir un meilleur plan.
Bom, Bom, Bom
Zelda sortit à la droite du rocher, vive comme l’éclair. À découvert, le monstre la remarqua. Mais avant qu’il puisse esquisser le moindre mouvement, une flèche s’abattit sur sa roche crânienne. Du premier coup ! Le projectile s’y était fiché avec force. Le golem, pour la première fois de son existence fut assailli par une horrible douleur. Elle paralysa le moindre de ses membres. Tétanisé, il perdit équilibre et s’affaissa.
Cependant, ce n’était qu’une stupide flèche. Il mobilisait tranquillement ses forces, feignit la fatigue. Mais il reprenait source dans la terre sous ses pieds. Dans quelques secondes, il sera fin prêt à piétiner ces pénibles cafards.
Puis, Gomo sauta au-dessus du rocher, debout au-dessus de ce qui lui servait quelques secondes auparavant de refuge. Il tenait dans ses bras musclés Link, qui avait entre ses frêles mains une grosse épée grise pierreuse. Le goron le jeta de toutes ses forces. Le jeune homme vola, et en peu de temps se retrouva au niveau du point faible de son adversaire. Projeté à pleine vitesse dans la direction du talon d’Achille du monstre, il le brisa en mille morceaux d’un vigoureux coup de casse-pierre. Puis, il retomba et se réceptionna accroupi, et intact.
Ce qui n’était pas le cas de son adversaire qui se décomposa, avant d’exploser dans une gerbe de fumée ardente. Abasourdi, Gomo jeta un regard admiratif à Link, qui, retombé à genou, se soutenait à l’aide du casse-pierre. Zelda le rejoignit.
« On l’a échappé belle cette fois-ci, dit-elle haletante. J’ai failli mourir et quelqu’un m’a secouru au dernier moment. Mais ce n’est pas une première.
- Je te ferai dire que tu m’as aussi sauvé une paire de fois. »
Zelda tendit son bras. Le jeune homme s’y accrocha et se releva sans trop de difficultés.
« C’est qu’on forme un bon duo !
- Et même un bon trio à présent, constata Link qui tendit la poignée du casse-pierre à Gomo. Mais si je puis me permettre une question. Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? »
Le goron saisit l’arme et la raccrocha à un étui dans son dos.
- Je-je sais pas. Honnêtement j’en sais rien. Je n’ai pas la moindre idée de pourquoi je me suis précipité vers la mine nord, alors que je me tenais tranquille avec les autres gorons. Je l’ai juste fait. Et maintenant que je suis là, c’est trop tard pour faire demi-tour.
- Partons en direction de la mine nord alors. »
Ils reprirent la route, sans plus se soucier d’avoir abattu un géant de pierre en fusion. Ils atteignirent enfin l’entrée de la mine. En extérieur, elle n’en imposait pas. Mais en y jetant un œil, Link comprit vite qu’elle recelait une quantité absurde de galerie. Le sol, traversé par endroit de dalles métalliques cloutées, se dirigeait en pente douce vers le centre de la Terre. Quelques rails, et une demi-douzaine de wagons trainaient par-ci par-là, comme dans l’attente d’être à nouveau utilisés par les gorons de la mine.
Pas pour aujourd’hui. Gomo guida les hyliens dans un renfoncement à droite de l’entrée. Ils arrivèrent à un dépôt, croulant sous les rubis, les topazes, les opales, les cristaux de sel. Et surtout une caisse métallique entière remplie de pièces d’une étrange armure.
D’une couleur marron terne, elle se constituait d’épaisses plaques accrochées les unes aux autres, recouverte dans les interstices des articulations d’un tissu rouge épais et rêche. Le casque enfin, recouvrait toute la tête, et était grillagé pour permettre la respiration. Le goron en sortit deux en vrac. Link comme Zelda regardèrent la tenue avec méfiance.
« On est censé se mouvoir là-dedans ?
- On ne dirait pas comme ça, cette armure est plus souple qu’elle n’y parait. Vous vous sentirez juste lourd au début. Au moins, un monstre ne sera pas près de vous embrocher avec une lance ou une épée.
- Allez Link. Gomo sait ce qu’il fait. Nous arriverons à la source, peu importe les contraintes.
- Il faudra surtout qu’on trouve un moyen de mettre cette armure à profit en situation de combat, rétorqua-t-il.
Hésitation ou non, il l’enfila sans plus rechigner. Comme l’avait prédit Gomo, il se sentit plus lourd. Rien qui ne l’empêcherait de courir au besoin. Rassuré, et protégé des températures extrêmes de manière permanente, le petit groupe ne se fit pas de vieux os dans la mine et retrouvèrent bientôt le chemin du village.
Ils prirent un détour pour éviter le centre, jamais sûr en ces temps troublés. Le chemin, irrégulier au possible, mit au défi les jeunes hyliens handicapés par leur nouvelle acquisition. Entre deux respirations saccadées, Link se décida à poser une question qui le taraudait depuis un moment.
« Je ne m’en étais pas rendu compte sur le coup, pourtant des détails me posent problème. Les gorons du village se sont rendus au centre du volcan. C’est que logiquement, il doit bien y avoir quelque chose. On est donc d’accord qu’avant d’atteindre la source du courage, il sera nécessaire de traverser un autre édifice ?
- Je ne l’avais pas mentionné oui. Le cœur du volcan se constitue de la passerelle. Ensuite, nous arriverons aux Mines Antiques. C’est un lieu de culte. Il a été construit il y a des siècles par nos ancêtres qui maitrisaient des techniques de construction avancées que nous avons perdues. La source du courage est, elle, un lieu créer par votre civilisation. Personne ne s’y rend jamais d’habitude, et elle se trouve au fin fond de l’édifice. Je n’en connais pas le chemin exact, il faudra improviser sur place.
- Et tenter de trouver tes proches au passage ! compléta la princesse.
- J’espère que rien ne leur est arrivé. »
Gomo restait plein d’espoir. Link ne l’était pas tant, mais garda le silence. Il se contenta de remercier le goron pour le renseignement. La fin de journée approchait, et tandis que le soleil achevait sa course céleste, les deux hyliens ainsi que leur guide arrivèrent proche de la passerelle. Jamais Link ne s’était tenu aussi proche du cratère. Les lacs de lave les entouraient, et éclairaient le chemin comme en plein jour. Il leva la tête, et se tordit presque le cou pour apercevoir le bout du cratère. Devant eux, s’étendait le grand édifice en pierre que Gomo leur avait montré quelques heures auparavant. Lui aussi impressionnant, il formait un genre de gigantesque porte de pierre grise, noirci par la cendre, serti de complexes arabesques à ses piliers.
« Je ne suis jamais allé au-delà. Les autres non plus d’ailleurs. L’intérieur est interdit depuis longtemps, et on raconte que des groupes de monstres s’y sont installés. Du coup, le lieu a été doublement interdit. Je me demande vraiment ce qu’était l’objectif de papa en se rendant dans ce trou obscure.
- On va le découvrir ensemble Gomo. » tenta de le rassurer Link. Ou peut-être cherchait-il à se rassurer lui-même. Toujours est-il que le groupe, plus soudé qu’avant et fin prêt pour l’aventure, s’engouffra dans la plaie béante droit vers le cœur de la Montagne de la Mort.