Expendables

Chapitre 2 : Inquiétudes

5487 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2022 14:40

 Portland, Oregon, aujourd'hui


Un mois que Barney cherchait sa fille. Un mois sans nouvelle, se rongeant les sangs. A son retour de mission, il était passé voir Trish. Pour lui c'était impossible que sa fille n'ait pas informé son amie de toujours de sa fuite. Elle n'était au courant de rien. Trish ne mentait pas. Alex était partie en jetant son téléphone. Envolée. En ne prenant que le strict minimum avec elle. Caesar avait retrouvé la voiture de la jeune femme à l'aéroport mais personne ne se souvenait de l'avoir croisé. Tout le monde avait mis la main à la pâte pour retrouver au moins une trace d'Alex et tout le monde était revenu bredouille. Alex s'était volatisée dans la nature. Pas étonnant, elle avait été à bonne école. Elle savait comment effacer toutes traces de son passage. Tous les membres, passés et actuels, lui avaient tout enseigné. Il fit un signe à Tool de lui servir une autre pinte. Ce dernier lui fit glisser le long du comptoir. Il considérait Alex comme sa propre fille. Et comme son frère, il s'en voulait. D'autant plus que c'est lui qui l'avait laissé partir. Il était persuadé qu'elle reviendrait. Qu'elle était partie sur un coup de tête après la découverte de la vérité. Mais, il s'était lourdement trompé. Il ne reconnaissait plus son frère ces derniers temps. Il restait accoudé au bar toute la journée, à boire pinte sur pinte. Il ne rentrait qu'à la nuit tombée, complètement soûl. Il refusait toutes les missions proposées. Il attendait le retour de sa fille. Ses hommes étaient assez contents de ne pas repartir de suite en mission.




De retour de mission, Christmas était passé voir Lacy. Il voulait avoir une discussion avec elle sur cet avenir qu'elle s'imaginait. Il s'était garé le long du trottoir devant la maison. De la lumière filtrait à travers les stores. Il s'avança jusqu'à la porte et tambourina. Elle apparut en petite tenue. Il la regarda et eut envie d'elle. Une envie bestiale. Elle ouvrit la porte et il l'attrapa par la taille pour l'embrasser.

- Lee. Tu es revenu ?


Il l'embrassait à perdre haleine. Il n'avait pas prévu de se laisser emporter par ses pulsions ce soir. Et Lacy était une très belle femme. Il sortit de sa poche un écrin qu'il lui tendit. Il ne s'aperçut pas qu'elle regardait à l'intérieur de chez elle. Une bague avec un rubis.

- Il brillait beaucoup plus dans la boutique. 


Une voix d'homme se fit entendre de l'intérieur de la maison.

- Lacy ? C'est qui ?


Christmas se pencha et découvrit un homme blond qui avançait vers eux.

- Tu es qui toi ? dit l'inconnu.

- C'est un ami, répondit Lacy.


A ce terme, Christmas remballa sa bague et la remit dans la poche de sa veste. Il repartit en direction de sa moto qu'il enfourcha. Lacy se mit devant l'engin pour l'empêcher de partir. Elle le regardait, les larmes aux yeux.

- Je suis désolée, Lee. Je t'aime et tout. Mais ce n'est pas suffisant. Tu disparais pendant des semaines, ne donnant aucune nouvelle. Et, tu débarques comme une fleur avec une bague. Ca fait deux ans que nous sommes ensemble et je ne sais rien de toi. Même pas le boulot que tu fais.

- Mon boulot n'a aucune importante.


Il baissa la visière de son casque et démarra précipitamment. Sa moto partit en roue arrière sur plusieurs mètres.




Trisha passait ses soirées au bar aussi. Elle servait de chauffeur à Barney. Elle le ramenait et le couchait. Elle s'en serait voulu à mort si il était arrivé quoique se soit au père de son amie. Même si, elle en voulait à Alex d'être partie sans rien dire à personne. Elle ne comprenait pas tout à cette histoire. Elle avait réussi au fil des années à glaner des informations sur la famille Ross. Elle avait eu dû mal y croire mais n'avait porté aucun jugement. Tout le monde avait le droit de gagner sa vie comme il l'entendait. Elle se doutait bien que le père de son amie ne vendait pas des assurances à travers le monde. Il n'avait pas du tout le profil type. Elle s'était rapprochée des membres de l'équipe. Elle avait appris à les apprécier. Mais celui qui lui plaisait le plus, c'était Caesar. Ce grand black était tout simplement sexy. Il avait des muscles saillants et elle s'imaginait, le soir venu, allongée dans son lit, vivre une histoire plus que torride avec lui. Christmas était celui qui parlait le moins. Elle lui trouvait un air triste qu'elle ne s'expliquait pas. Cela ne pouvait pas être sa rupture avec Lacy qui l'ait rendu de cette manière. Il y avait forcément autre chose mais quoi. Elle finirait bien par découvrir ce que le beau Christmas cachait. Elle finissait toujours par savoir.




Caesar et Toll étaient amis depuis leur première mission en Afghanistan. Ils s'étaient engagés le même jour dans le corps des Marines et avaient décidé de quitter l'armée ensemble. Ils avaient veillé l'un sur l'autre pendant tout ce temps. Caesar était le parrain du fils de Toll. Un petit bout de chou eut tardivement. Caesar regardait Trisha du coin de l'oeil depuis un petit moment et Toll s'en était aperçu.

- Elle te plaît bien, la petite Trish ?

- Absolument pas. 

- Absolument que si. Essaye, on ne sait jamais. Peut-être que tu l'intéresses aussi.


Caesar appréciait beaucoup la jeune fille surtout depuis ces dernières semaines où elle passait le plus clair de son temps avec eux. Mais, elle était surtout la meilleure amie de la fille de son chef et le lien qui l'unissait à la famille Ross était très solide. Il ne voulait pas perdre sa place dans l'équipe. Il aurait aimé avoir l'aisance de Christmas pour aborder les femmes. Il changeait de femmes tous les soirs depuis sa rupture avec Lacy. Mais ce soir, il trouvait son ami morose. Il le vit vider son verre cul sec et quitter le bar sans un mot. Sans une femme à son bras. 

- Tu sais ce qu'il se passe dans la tête de Christmas ? Toi qui sait toujours tout mieux que tout le monde, demanda-t-il à Toll.

- Oh oui. 

- N'importe quoi. Comme si tu le savais.


Toll se pencha à travers la table et se mit à parler tout bas. Yang se rapprocha également pour écouter.

- Et si je vous disais que notre Don Juan est amoureux de celle qu'il ne faut pas approcher. Vous me diriez ?

- Comment tu sais ça ? s'exclamèrent ses deux autres comparses.

- Vous ne vous souvenez pas, leur première rencontre ? Le malaise qui avait régné dans la pièce. Moi, je vous dis ça mais peut être que je me trompe. Mais, j'ai connu ce moment de flottement quand j'ai rencontré ma femme. Et ces deux là, ils font en sorte de ne jamais se croiser. 


Les autres n'en revenaient pas. Christmas s'intéresserait à Alex. alors pourquoi lui Caesar ne pourrait pas tenter sa chance avec Trish. Décidé, il se leva et rejoignit la jeune femme au bar sous les regards rieurs de Yang et Toll.

- Sérieux, c'est vrai pour Christmas ?

- J'en sais fichtre rien moi. Je voulais juste qu'il bouge son cul.




- On a dû se séparer de Gunnar temporairement. Plus ça allait, plus il devenait instable. Je l'ai mis en cure de désintoxication.

- C'était prévisible qu'il allait péter un plomb à un moment. 


Les deux frères discutaient assis à une table à l'écart. Ils virent Christmas passé sans un mot.

- Depuis que Lacy l'a largué, il ne va pas bien, s'exclama Barney. Après, il devrait se faire une raison. Ce n'était pas vraiment une fille pour lui.

- Ah bon ? Tu fais dans l'agence matrimoniale maintenant ? Tu te recycles ? Et tu crois qu'il lui faut quoi comme nana ? Parce que tu es un expert dans ce domaine. Depuis ton divorce, tu n'as jamais ramené une seule femme à la maison.

- Je n'allais pas ramener des femmes alors que Alex était là. 

- Du coup, pour Christmas, il lui faudrait quoi comme femme ? Une femme comme Trisha ?


Il regarda la jeune femme qui discutait avec Caesar et il comprit immédiatement ce qu'il se passait sous ses yeux. 

- Barney, ce n'est pas ta fille ! Et je te rappelle qu'Alex aussi à le droit d'être avec qui elle veut. Le principal c'est qu'elle soit heureuse.

- Du moment que ce n'est pas un membre de l'équipe, tout ira bien.


Tool se râcla la gorge. Heureusement que son frère n'était pas aussi observateur que lui. Il aurait vu les signes qui ne trompaient pas. Il avait entendu ce que Toll racontait à ses comparses. Il n'avait pas tort du tout. Il s'était passé un truc entre Christmas et Alex ce fameux jour, il y a deux ans. Depuis, ils s'évitaient. Ils faisaient en sorte de ne jamais être au même endroit en même temps. Heureusement, l'équipe ne restait pas longtemps à Portland, ce qui rassurait la jeune femme. Elle avait tellement peur que son père découvre la vérité. Elle avait tout balancé à son oncle un soir. Les sentiments qu'elle éprouvaient pour Christmas. La bêtise qu'elle avait commise au bord du lac. Perdre sa virginité de cette façon, elle s'en voulait énormément. Mais, elle avait été tellement triste de le voir avec une autre. Elle avait confessé aussi que sous l'emprise d'extasie, elle n'avait aucun souvenir de sa première fois. Elle en avait pris juste pour se sentir libre dans sa tête. Il l'avait écouté sans dire un mot. Comme à chaque fois qu'elle se confiait à lui. Son frère et ses règles de merde. Comment aurait-il pu empêcher deux êtres de tomber amoureux ? Et voilà, les conséquences de ces règles. Il voulait tellement protéger sa fille. La mettre sous bulle. Qu'il s'était aperçu trop tard de la décision qu'elle avait prise. Elle avait mis son père au pied du mur avant qu'il parte en mission.

- Papa, la prochaine mission, je pars avec vous, lui avait-elle balancé de but en blanc.


Barney était resté un moment bouche bée, à regarder sa fille comme ci il la voyait pour la première fois.

- Hors de question, avait-il rugi. C'est hors de question que ma fille parte dans les pires coins du monde pour tuer des gens. C'est mon boulot pas le tien.

- Et ton boulot, tu me l'as appris. Je maîtrise chaque technique. Je sais tirer...

- Tu ne sais pas tuer quelqu'un ? Et, je ne veux pas que tu apprennes ce que cela fait de retirer la vie à une personne vivante.

- J'apprendrais ça aussi. Je ne risquerai rien, je serais avec toi. Et de toute manière, tu n'as pas vraiment le choix. J'ai 21 ans et tu ne peux plus me tenir à l'écart de cette vie qui est la tienne. Donc, la prochaine fois, je partirais avec vous que tu le veuilles ou non.


Elle était partie en claquant la porte derrière elle. Tool s'était tourné vers son frère.

- Elle a tes gènes et ceux de sa mère. Tu croyais que ça allait donner quoi, un ancien des Forces Spéciales reconvertit en mercenaire et un ex agent de terrain de la CIA. Et bah, ça donne Alexa. Une tempête de flammes qui s'abat sur toi sans prévenir. 


Le téléphone du bar sonna, sortant Tool de ses souvenirs. Il se dirigea vers le comptoir et décrocha. Depuis qu'il avait arrêté les missions de terrain, il servait d'agent de liaison à son frère et son équipe. Après avoir balbutié quelques bribes de mots, il retourna s'asseoir.

- J'ai deux propositions. Une ballade de santé ou une virée en enfer.




Ile de Vilena, Golfe du Mexique


Elle avait débarqué sur l'île depuis un mois déjà. Elle avait glané toutes sortes d'informations au sujet du Général Garza. Il avait une telle soif de pouvoir et de puissance qu'il ne se rendait même plus compte que son peuple mourrait à petit feu de famine. Un américain était arrivé trois mois plus tôt avec des projets pleins la tête pour cette île. Il avait réussi à tourner la tête du Général en lui donnant de l'argent. Beaucoup d'argent. Garza envoyait ses troupes dans les maisons où des rumeurs de traitrise arrivaient à ses oreilles. Il faisait tuer tout le monde sauf l'homme. Les femmes. Les enfants. Il obligeait le père de famille a regardé la mort des siens et il l'envoyait par la suite travailler dans les champs de coca. En arrivant sur l'île, elle s'était liée d'amitié avec Sandra, la fille du Général, qui était loin de cautionner les agissements de son père. Alexa était assise sur les marches du perron et regardait les étoiles. Elle n'avait pas entendu son amie approcher dans son dos.

- A quoi pense mon amie ce soir ?

- Je faisais exactement la même chose le soir chez moi. Je me mettais sur la balancelle et je regardais les étoiles. Souvent mon oncle venait me rejoindre et on discutait de tout et de rien. Enfin, le plus souvent c'est moi qui parlait et lui qui écoutait, rit-elle.

- Avec mon père aussi nous faisions ça. Avant que tout cet argent maudit lui tourne la tête. Il m'avait appris le nom des étoiles. Tu sais c'était un bon père. A la mort de ma mère, il s'est complètement fermé sur lui-même. Plus personne ne comptait. Je ne comptais plus. Je devais me marier avec un homme merveilleux. Tout s'est écroulé quand mon père a tué mon fiancé et sa famille.


Alexa entoura de son bras les épaules de son amie.

- Tu as quelqu'un qui t'attend dans ton pays ?

- Mon père et mon oncle. Seulement eux.

- Tu n'as pas d'amoureux ? 


Elle repensa un court instant à Christmas. Son amie s'aperçut de son changement de comportement.

- Tu as bien un amoureux. Je le vois dans tes yeux.

- Ce n'est pas mon amoureux, Sandra. Il n'y a rien entre lui et moi. Il est avec une autre.


Alex se mit à rire. Sandra lui rappelait son oncle. Cette même écoute sans jugement. Elle se sentait à l'aise avec elle et lui parla de Christmas. Elle parla un long moment sans omettre de détail. Ce qu'elle ressentait quand elle le voyait. Que son cœur manquait un battement à chacune de ses apparitions. Elle lui parla de son père et de son oncle, les deux hommes de sa vie. Leur métier surtout.

- Si mon père apprenait que j'étais ici sur cette île, je peux t'assurer qu'il débarquerait pour m'en faire sortir illico presto.


Alex s'arrêta net de parler. Elle avait entendu du bruit dans les fourrés en bas du chemin. Elle fit signe à Sandra de rentrer dans la maison et de verrouiller la porte. Elle sauta par-dessus la rambarde du perron et se cacha dans un buisson. Elle vit les les hommes du Général passer sur le chemin. Ils s'arrêtèrent devant une maison dont ils défoncèrent la porte d'un coup de pied. Des hurlements se firent entendre à l'intérieur. Les quatre soldats sortirent un homme et son petit garçon et les poussèrent vers le chemin en direction de la ville. Alex sortit de sa cachette et se dirigea droit vers eux. 

- Dégagez, lui cria un des hommes.


Elle continua d'avancer droit sur eux. Elle vit un des soldats armé son arme et la mettre en joug. Elle envoya un coup de pied dans l'arme et l'attrapa au vol, sous les yeux médusés du soldat. Elle lui tira une balle en pleine tête. Elle sortit un de ses couteaux et l'envoya dans l'œil du deuxième. Elle glissa jusqu'au troisième et le fit tomber au sol où elle planta un deuxième couteau dans la poitrine. Elle ne vit pas l'homme arriver derrière elle. Il l'attrapa par les cheveux pour la redresser. Elle essaya de le poignarder mais il était bien plus rapide que les autres soldats. Il lui décocha une droite qui la sonna et la jeta en travers de son épaule. Sandra n'avait pas loupé une miette de ce qu'il s'était déroulé devant sa maison. Elle courut jusqu'au domicile de ses voisins. La porte était grande ouverte. Elle y entra et découvrit le corps de sa voisine et de sa petite fille. Égorgées. Elle ne put retenir ces larmes et s'écroula sur le sol. 

- Papa ! J'espère que tu vas mourir pour tout ce que tu fais endurer à ton peuple, hurla-t-elle. 


Le camion militaire s'arrêta devant l'escalier menant au palais du Général. Les portes s'ouvrirent et les soldats firent sortir les prisonniers qui s'affalèrent au sol. Alex, toujours inconsciente, fut sortie de la voiture par Paine qui la portait comme un sac à patates par-dessus son épaule. Il la conduisit auprès de son chef. Il la posa sur le canapé où Munroe pouvait la voir.

- Pourquoi tu me rapportes une nana ? 

- Elle a tué trois hommes.

- Trois hommes ? Une jeune femme aussi fragile. Regarde-la dormir on dirait un ange. Emmène-la en bas et fais la parler. Elle n'est pas venue pour une visite touristique et je ne pense pas qu'elle soit seule.




Barney s'était rendu seul pour rencontrer l'homme. Le lieu de rendez-vous était assez atypique lorsque l'on savait que la mission retenue était une virée en enfer. Assis sur son banc devant l'autel, il attendait. Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé dans cette chapelle. La dernière fois c'était pour son mariage avec Claire. Quand il repensait à elle, il avait tellement de regret. Il souhaitait tellement son bonheur qu'il acceptait mission sur mission pour ramener le maximum d'argent. A la naissance de leur fille, elle avait quitté ses fonctions à la CIA et l'avait quitté deux ans après en emmenant la petite loin de lui. Elle lui avait laissé une lettre, lui expliquant les raisons de son départ. Mais était-ce vraiment les vraies raisons ? Il y avait toujours eu un doute. Il se retourna lorsqu'il entendit des pas arrivés dans sa direction. Il se leva et fit face à une homme d'une cinquantaine d'années, de taille moyenne en costume cravate. 

- Mettons nous d'accord sur le montant de cette mission. L'endroit pour nous n'a aucune importance, déclara Barney. 

- Vous pouvez m’appeler Chapelle. Et tout ce qui importe c'est que le fric est réel et le boulot aussi. 

- Ok, Chapelle. Mon équipe et moi, que pouvons-nous faire pour vous ? 

- Vilena. Vous connaissez ?


Barney secoua la tête. Il n'en avait jamais entendu parler avant aujourd'hui. 

- Une île avec d'énormes ressources qui intéressent mes employeurs. Depuis quelques temps, le Général Garza qui la contrôle fait naître un climat de terreur. Mes employeurs ont un problème avec ce fanatique. 

- Vous voulez qu'on le sorte de l'équation, déclara Barney. 

- Je le veux mort. 

- Étant donné la nature de cette mission, nous vous demanderons uniquement cinq millions. La moitié tout de suite. Le reste sur un compte offshore. Dans un premier temps, je dois me rendre sur l'île pour un repérage. Ça vous pose un problème ? 

- Aucun. Du moment que tu ramènes Alexa en un seul morceau.


Barney tiqua à la référence sur sa fille. Il plissa les yeux. 

- Et oui, Barney. Ta charmante fille est là-bas depuis un mois. Par contre, nous n'avions pas pensé qu'elle essayerait d'aider les villageois et qu'elle tuerait trois soldats. Comme quoi les chiens ne font pas des chats. Enfin, aux dernières nouvelles que nous avons de notre contact sur l'île, elle serait retenue prisonnière et toujours en vie.

- Si il arrive quoi que ce soit à ma fille, je vous tue de mes mains, dit Barney. 


  


Les mercenaires étaient assis autour de la table du bar, ils attendaient avec impatience le retour de leur chef avec les détails de la mission. Ils avaient tous besoin de se changer les idées quoi de mieux que de partir en guerre pour cela. Christmas écoutait ses partenaires charrier Caesar. La veille au soir, ils l'avaient tous vu quitter le bar avec Trish à son bras. Ils espéraient glaner des bribes d'informations sur la soirée de leur ami. Ce dernier ne leur répondit pas. Il préférait garder pour lui cette nuit et le souvenir de la jeune femme étendue au milieu des draps froissés. Il sourit béatement et ses amis comprirent. Christmas se souvenait également de sa dernière rencontre avec Alex. Pendant deux semaines, ils s'étaient évités mais comme on dit le destin est plus fort que tout. La veille de leur départ pour la Somalie, il était passé au bar. Elle était là, assise avec les membres, à côté de son père. Elle riait aux éclats en écoutant Toll parler de son fils et de toutes les bêtises qu'il pouvait faire depuis qu'il gambadait à travers la maison. Un bébé était pire que de partir combattre à l'autre bout du monde. Christmas s'installa à l'opposé, entre Gunnar et Yang, en les saluant. Barney lui servit une pinte de la grosse carafe qui était posée au milieu de leur table et fit glisser le verre jusqu'à son partenaire. Il regarda la jeune femme. Elle était encore plus belle que dans son souvenir. Il la vit se rapprocher de Toll pour regarder les photos du chérubin. Il essayait de suivre la discussion entre Gunnar et Yang mais son esprit était concentré sur les moindres faits et gestes d'Alex. 

- Il est temps pour moi de lever le camp comme dirait mon père, rit-elle. Toll, il est vraiment trop mignon ton petit bonhomme. 


Barney essaya de la retenir mais elle avait rendez-vous avec Trish. Elle sortit du bar et revint peu de temps après, la mine dépitée.

- Papa, ma voiture est en panne. Elle ne démarre plus. Tu peux y jeter un œil.

- Laisse-moi tes clés, je regarderais ça demain avant de décoller.


Il observa chacun de ses équipiers en se demandant lequel pourrait ramener sa fille. Son choix se porta sur Christmas, il venait d'arriver et n'avait bu qu'une bière.

- Christmas, tu peux ramener ma fille à la maison.

- Papa, non, il vient d'arriver. Je vais appeler Trish. Elle va venir me récupérer.


Alex était estomaqué, son propre père la jetait dans la gueule du loup. Elle vit Christmas se lever et se rappela qu'il avait une moto. Le pire cauchemar. Elle allait monter sur une moto. Elle détestait les deux roues, en avait une peur bleue. Le comble pour une fille de motard. Elle protesta, une nouvelle fois, mais son père fit la sourde oreille. Elle capitula et suivit Christmas à l'extérieur du bar. Toal la regarda passer en lui faisant un clin d'oeil. Sur le moment, elle se demanda si ce n'était pas un coup de son oncle ; sa voiture en panne. Elle marchait très bien jusqu'à maintenant. Il lui tendit son casque et enfourcha la moto. Elle attacha son casque et grimpa derrière lui. 

- Tu devrais te tenir.


Se tenir mais à quoi. Il en avait de bonne lui. Elle ne pouvait pas se cramponner à lui. Elle essayait de garder une certaine distance pour ne pas que son corps touche le sien. La moto démarra. Christmas accéléra doucement et il sentit Alex se rapprocher et s'accrocher à lui. Elle posa sa tête contre son dos tout en fermant les yeux. Il sentait le cœur de la jeune femme battre la chamade. 

- Comment une fille de motard peut-elle avoir peur sur une moto ? lui demanda-t-il.

- Je n'ai pas peur. Je suis seulement pas très rassurée par ta conduite.


A ces mots, il accéléra. Elle se cramponna d'autant plus à lui. Elle le maudissait intérieurement. Elle tenta d'ouvrir un œil et se rendit compte qu'il ne prenait pas la direction de chez elle. 

- Tu prends le chemin des écoliers ? Tu sais, je connais Portland, j'y vis.

- Tu as ouvert les yeux c'est très bien. Profite. En moto, c'est beaucoup plus agréable qu'en voiture.

- C'est uniquement ton point de vue que je ne partage aucunement soit dit en passant.


Il se mit à rire. Elle avait un sacré caractère et depuis le début, elle lui faisait sentir qu'elle n'était pas très contente que ça soit lui qui la dépose. Il décida que la petite balade était terminée et prit la direction de chez elle. Alex était entre la frustration et le soulagement de pouvoir bientôt descendre de cet engin de malheur. La visière de son casque était légèrement ouverte et elle pouvait sentir le parfum musqué de l'homme. Il ralentit dans la rue et se gara devant la maison. Elle descendit rapidement de la moto en enlevant son casque qu'elle lui tendit. Elle flageolait légèrement sur ses jambes et tomba sur le trottoir.

- Ok, j'avoue, j'ai peur en moto.


Elle se mit à rire tout en essayant de se relever. Il descendit à son tour de l'engin et tendit la main pour aider la jeune femme à se relever. En la tirant, elle atterrit dans ses bras. Ils restèrent un moment en se regardant dans les yeux. Christmas déposa un baiser sur ses lèvres auquel elle répondit en enroulant ses bras autour de son cou. Elle reprit ses esprits et le repoussa légèrement.

- Non, nous ne pouvons pas. Mon père a confiance en toi. Tu es son bras droit celui qui doit veiller sur sa vie et me le ramener. Désolée, mais nous ne pouvons pas faire ça.


Elle se dégagea et s'enfuit vers la maison. Elle claqua la porte derrière elle en s'y adossant. Elle avait été à deux doigts de commettre l'irréparable. Elle avait eu tellement envie l'espace d'un instant. Elle sentait encore ses lèvres sur les siennes. Mon dieu que c'était bon. Chaque partie de son être lui disait qu'elle faisait une bêtise monumentale. Qu'elle aurait dû le faire entrer. Qu'elle aurait pu passer un bon moment avec le seul homme qui faisait battre son coeur. Elle glissa le long de la porte jusqu'au sol et se mit à pleurer, en entendant la moto démarrer. C'était la dernière fois qu'il l'avait vu ce jour-là. Il ne regrettait pas ce moment. Il aurait préféré plus cela va s'en dire mais leur baiser serait irrémédiablement le meilleur souvenir. Il en avait eu des femmes dans sa vie, des coups d'un soir ou parfois de plusieurs soirs. Mais Alex avait complètement chamboulé sa vie.  



Barney roulait comme un dératé sur la route. Il ne décolérait pas. Il ne savait pas quelle attitude adoptée sans risquer la vie de sa fille. Mais à quoi elle pensait en se rendant là-bas. Il se gara devant le bar où toute son équipe attendait son retour. Il tapa de rage sur son volant. Il prit l'enveloppe sur le siège à côté de lui et l'ouvrit. Un plan de l'île. Gunnar s'approcha de sa portière sans un bruit. Il se pencha.

- Vilena ? 

- Ouais, Vilena. 

- C'est notre prochaine destination ? 


Barney sortit de sa voiture et le regarda droit dans les yeux. Il avait l'air complètement défoncé. Il ne tenait pratiquement plus sur ces jambes. 

- Gunnar, tu ne devrais pas être là mais en désintoxication.

- Ne me remplace pas. Je suis doué dans ce que je fais. 

- Tu l'étais dans le temps. Aujourd'hui tu consommes trop. Je ne peux plus te faire confiance et les autres non plus. 

- Tu ne peux plus ? Tu es sur que tu ne peux plus me faire confiance ? Fais gaffe à tes arrières, lui lança-t-il. 

- Tu me menaces Gunnar ? 


Il se détourna sans répondre et tourna au coin de la rue. Barney se retrouva, seul, avec son enveloppe dans les mains. Il repensa à sa fille. C'était la première fois qu'elle se retrouvait en danger. Il n'aurait pas dû l'élever de cette façon. Il avait voulu lui inculquer ses valeurs mais ce n'était peut-être pas les bonnes. Il aurait dû arrêter ce travail quand elle était venue vivre avec lui. Il aurait dû prendre un boulot normal dans une usine peut-être. Il se mit à rire, lui travailler dans une usine. C'était sa fille, elle avait grandi parmi les meilleurs militaires des Forces Spéciales du Monde et avait acquis plusieurs de leur technique. Elle avait tué trois soldats et était encore en vie. C'était plutôt bon signe. Tous les membres étaient là. Il les regarda les uns après les autres.

 - Les gars merci d'être venu. J'ai rencontré un type du nom de Chapelle ce matin pour une mission que j'ai accepté. Je sais que normalement on en parle avant mais laissez-moi vous expliquer mes raisons. Ce Chapelle souhaiterait que nous allions sur l'île de Vilena. 

- Combien de soldats ? demanda Yang. 

- Je ne peux pas vous dire exactement. Environ deux cent. 

- En face, ils ont une armée et nous on arrive avec quatre hommes et demi, renchérit Caesar, en regardant Yang. 


Christmas se mit à rire sous la plaisanterie. Yang le fusilla du regard. 

- Ce n'est pas très drôle, lui dit-il. Il me faut une augmentation pour cette mission. 

- Pourquoi ? 

- Pour mon fils. J'aimerais qu'il aille dans une meilleure école. 

- Depuis quand Yang a une famille ? demanda Christmas, en se levant. 

- Je ne sais pas, répondit Barney. 

- On ne me demande rien alors je ne dis rien, répondit Yang. 

- Les parts restent comme elles sont. Famille ou pas famille. Je continue, l'île est gouvernée par un certain Général Garza. 

- Et c'est quoi son problème ? demanda Caesar, en mangeant son plat chinois. 

- On s'en fout de son problème. On en a déjà assez des nôtres, déclara Toll. Alors si on ne lui règle pas son compte ça va nous rajouter encore des problèmes. Et moi, les problèmes, j'en ai marre. 

- Toi, tu as vu ton psy, déclara Caesar. 

- Ouais et alors. On a parlé des troubles du comportement engendrant de la violence. 


Christmas se prit une bière dans la glacière. 

- Je voudrais savoir pourquoi tu as accepté une mission suicide ? demanda-t-il, en décapsulant sa canette. 

- Alex est là-bas. Elle y est depuis un mois et aux dernières nouvelles, elle serait retenue prisonnière pour avoir tué trois soldats. vous comprenez bien que je ne pouvais pas refuser cette mission. Christmas et moi allons y faire un tour en éclaireur pour repérer les lieux. Nous ne pourrons pas la ramener tout de suite. Je suis inquiet aussi alors gardons notre calme c'est la seule façon de la ramener vivante. 

- En terme d'argent, je veux plus, déclara une nouvelle fois Yang. Pour ma famille. 

- Quelle famille ? 

- Bien la mienne. Pour les mettre en sécurité. 


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