L'ombre du Mal
Chapitre 12 : Révélations inquiétantes
2735 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/01/2017 15:51
Le soleil me réveille. J’ai du mal à ouvrir les yeux à cause de la lumière violente. Puis une ombre passe au dessus de moi et j’entends Arnael me dire en me secouant doucement:
-Debout, Lena!
Je me redresse. Arnael est assis à côté de moi, un léger sourire aux lèvres. Il pose sa main sur la mienne et me demande:
-Tu as bien dormi?
Je pose ma tête sur son épaule avant de répondre.
-Oui, dis-je. Mais j’aurais bien aimé dormir encore un peu…
Il rit.
-Mais nous devons avancer, me glisse-t-il à l’oreille en passant un bras autour de ma taille.
Son visage est tout près du mien. Ses yeux incroyables sont plongés dans les miens. Ses iris dorés reflètent la lumière du soleil.
-Dites, fait Ernaelle en se plantant devant nous, les poings sur les hanches. Vous ne croyez pas qu’on a encore pas mal de chemin à parcourir?
Arnael la regarde, puis se relève en m'entraînant avec lui.
-C’est dur de l’admettre, mais Ernaelle a raison. Nous devons nous remettre en route rapidement.
Environ une demi-heure plus tard, nous remontons sur nos chevaux. Clara soupire quand elle doit se mettre en selle, car elle a des courbatures. Arnael est obligé d'apaiser sa douleur, se souvenant lui-même d'une marche forcée à cheval qui l'avait laissé complètement ankylosé plusieurs jours. D'ailleurs, aucun des thalmors ne semble avoir de courbatures. Moi-même, je grimace en sentant mes jambes protester quand je monte sur le dos de mon cheval.
-Ça ira? me demande Arnael en voyant ma grimace.
- Oui, répondis-je du bout des lèvres en serrant un peu les dents.
Nous repartons au galop. Quelques heures plus tard, nous arrivons près d’une rivière rapide. Nous la longeons, toujours au galop. La plaine qui s'étend devant nous est immense et s'étend à perte de vue dans toutes les directions autour de nous.
Il nous faut plusieurs jours, une semaine peut-être, pour la franchir. Durant tout ce temps, Clara et moi sentons lentement un changement s'opérer en nous: nous tenons mieux en selle, nos muscles se fortifient, si bien que lorsque la plaine laisse place aux contreforts d'une montagne, nous sommes capables de tenir en selle sans avoir à nous retenir. À chaque arrêt, nous nous entraînons à l'épée avec les quatre elfes. Cette partie-ci de notre entraînement est plus délicate: les elfes réussissent à nous désarmer rapidement, mais plus le temps passe, plus nous réussissons à leur tenir tête. Arnael m'enseigne les bases de la magie pour m'apprendre à contrôler mes pouvoirs, et reste stupéfait devant mes progrès très rapides. Je ne peux cacher ma fierté chaque fois que je réussis à invoquer des flammes ou à congeler un rongeur pendant quelques secondes. Je réussis même à invoquer des armes liées, même si j'ai encore beaucoup de mal à les garder tout en les utilisant. Clara, quand à elle, maîtrise de mieux en mieux son état de vampire: elle chasse dans l'obscurité sans souci et, sur ordre de nos deux mages, se nourrit de sang animal, bien qu'elle manifeste de temps en temps un vif intérêt pour notre sang à nous...
Du côté de la licorne et du dragonneau, eux aussi évoluent: Volcan Infernal grandit à vue d'oeil et Black Night, bien qu'encore bébé, semble lui aussi avoir pris quelques centimètres. Et aussi vrai que la licorne ne semble pas développer d'aptitudes magiques, Volcan Infernal, lui, voit ses capacités évoluer à toute vitesse : en l'espace d'une semaine, la connexion mentale entre nous s'est renforcée et le jeune dragon réussit à me parler par phrases, il commence à émettre des grognements semblables à des mots, et surtout il commence à utiliser la magie. Ses pouvoirs sont encore faibles, mais je capte parfaitement la magie lorsqu'il veut quelque chose. Et je sens que j'ai intérêt à lui apprendre à contrôler à la fois ses mots et son souffle...
Quand nous arrivons aux pied de la montagne dont les contreforts m'ont servi de repère plus tôt, Arnael me demande:
- Tu es sûre que c’est le bon chemin?
- Oui, je réponds, sûre de moi.
- Nous allons devoir laisser les chevaux, fait Daelion. Ce ne sont pas des chèvres des montagnes. Ils ne pourront jamais grimper.
- Très bien, répond Ernaelle. Lâchez les et préparez vous à grimper.
- Depuis quand c’est toi qui donne les ordres? fait Arnael en haussant un sourcil.
- Depuis que j’ai le grade de capitaine, répond Ernaelle. Je te rappelle que je suis ton aînée, et que tu dois m’écouter.
- Mais je reste le chef de cette expédition et c’est moi qui décide de ce que nous faisons.
Ernaelle lève les yeux au ciel, nous faisant rire au passage, Clara et moi. Même les soldats sourient. Arnael me regarde, puis me demande d'un air faussement étonné :
- Quoi?
- On dirait un enfant de la noblesse impériale, répond Ernaelle. Toujours en train de vouloir commander…
Elle ne finit pas sa phrase. Arnael la coupe d’un geste sec de la main.
- Ne m’insulte plus jamais comme tu viens de le faire. Tu sais parfaitement à quel point je hais l’Empire.
- Alors arrête de te comporter comme l’un d’eux, lui répond Ernaelle.
- J'aimerais bien garder les chevaux, j'interviens avant qu’Arnael ne sorte son épée et ne tente de tuer cette dernière. On ne peut pas les garder? Ils risquent de se faire tuer, ici...
Arnael me lance un regard en coin, puis me répond, visiblement encore vexé par la remarque d'Ernaelle:
- Si tu vois un chemin un peu moins à pic, je veux bien te suivre.
Nous commençons à longer la montagne, au pas, à la recherche d'un passage moins abrupt. Nous finissons par monter, lentement mais sûrement, en passant par des chemins un peu moins pentus et pas trop glissants. Nous finissons tout de même à pied en menant nos montures par la bride, le sol étant trop instable pour qu'ils continuent avec des cavaliers sur le dos. Visiblement, les deux mages se décident à me laisser choisir la route, mais se lancent des regards tendus de temps en temps. Arnael a vraiment du mal à digérer les mots d'Ernaelle... Je soupire intérieurement en me promettant de les calmer...
Au bout d’un moment, nous arrivons devant un gouffre infranchissable pour des chevaux. Ernaelle dit:
- Là, on va être obligés de laisser les chevaux. Sauf si on arrive à les faire voler.
- Dommage, répond Erlisel, ils étaient si gentils…
- Allez, lance Arnael, à terre. Prenez tout ce dont on aura besoin et lâchez les. À moins que Lena réussisse à les faire traverser?
Je secoue la tête en descendant du dos de ma monture.
- Tu sais très bien que je ne maîtrise pas assez mes pouvoirs...
- Raison de plus pour essayer! m'encourage Clara.
Je secoue la tête de nouveau.
- Je risque de les tuer plus qu'autre chose, je réplique.
Mon cheval me donne un léger coup de museau. Je regarde ma petite licorne, qui broute un peu d’herbe.
- Toi aussi, tu vas devoir rester… je lui murmure en lui caressant l’encolure
Elle lève la tête et dresse les oreilles. Je regarde derrière moi, dans la même direction qu'elle. Un groupe de cavaliers s’approche de nous. Quand je préviens les autres, ils se mettent en position de combat, mais sans attaquer car les cavaliers ne semblent pas agressifs. Celui en tête du groupe s’approche d’Arnael.
- Qui êtes vous? lui demande-t-il.
- Des voyageurs, je réponds, consciente qu’Arnael est à deux doigts de lui envoyer un sort.
- D’où venez vous? reprend le cavalier.
- Du sud, répond Ernaelle. Nous cherchons quelqu'un.
- Qui ?
- Le seigneur Elrond, je réponds à mon tour.
Le cavalier tourne sa monture vers moi.
- Et que lui voulez-vous?
Un cri de l'un des inconnus coupe soudainement la conversation. Un groupe de loups géants s’approche de nous en courant, crocs sortis et oreilles plaquées sur leur crâne, la fourrure herissee. Le cavalier lance un ordre dans une langue que je ne comprends pas, puis dégaine une épée tout en faisant faire une volte à sa monture et fonce sur les loups. Les thalmors dégainent leurs armes et se lancent dans le combat, les deux mages jetant des sorts puissants sur les créatures, les soldats achevant ces dernières à coups de flèches ou d'épée. Mais les loups (est-ce bien des loups, d'ailleurs?) sont bien trop nombreux pour notre groupe, si bien qu'au bout d’un moment, les cavaliers reviennent vers nous et nous font monter derrière eux en moins d'une seconde. Depuis le dos du cheval sur lequel j'ai été installée, j'aperçois les autres, derrière d’autres cavaliers. Arnael me lance un regard inquiet en tirant une boule de feu qui projette l'un des loups au sol. Nos chevaux suivent le groupe au galop, tout comme ma petite licorne, Volcan Infernal volant derrière elle. Je ne peux m'empêcher de ressentir une bouffée de joie en voyant mon dragonneau passer près de moi, ailes déployées. Il fend l'air à toute vitesse, encore un peu maladroit, mais visiblement capable de s'en sortir. Les cavaliers galopent dans la montagne avec aisance, signe qu'ils connaissent les lieux malgré l'inégalité du terrain. Je me retourne vers les loups. Ces derniers nous suivent, et je remarque alors que quelques uns sont montés par des orques… dont trois archers qui nous visent. Je dégaine mon arc. Le cavalier devant moi me dit quelque chose, mais je ne l’écoute pas. C’est soit nous, soit les loups, qui nous rattrapent rapidement. Ils semblent suivre l’un d’entre eux, plus gros et visiblement plus féroce. Je bande mon arc. Le loup me fixe. La pointe de ma flèche prend feu. Quand le loup ouvre la gueule, je décoche la flèche, qui se fiche dans le palais du la bête en lui traversant le crâne. Les autres créatures s’arrêtent près de leur chef mort, nous permettant de prendre de l'avance. Je me doute qu'ils ne vont pas nous laisser très longtemps... Mais je souris en songeant qu'au moins, je les ai ralentis. Deux des archers ennemis tombent, l'un transpercé par une stalactite, l'autre brûlant comme une torche vivante. Quand je jette un oeil aux deux mages thalmors, je sens le soulagement m'envahir: ils semblent avoir laissé de côté leur dispute. Enfin! Puis je reporte mon regard sur les loups, qui disparaissent rapidement derrière nous...
Les cavaliers nous emmènent dans une vallée cachée. Je reste muette devant la beauté de ce lieu incroyable. Clara murmure:
- On est arrivés, je crois…
Je hoche la tête. Fondcombe se dresse devant nous. C’est une magnifique cité elfique. Les cavaliers ralentissent et franchissent un pont au trot, avant d’arriver sur une petite place. Là, ils finissent par s’arrêter et nous font descendre. Je rejoins Arnael, qui me demande aussitôt:
- Tout va bien?
- Oui, je réponds en souriant.
- Joli tir, me souffle Ernaelle. J’ai bien aimé la façon dont le loup a pris feu après.
- Merci, je murmure en rougissant sous le compliment.
L’un des cavaliers s’approche de nous. Il nous regarde avant de nous dire:
- Bienvenue à Fondcombe. Je suis le seigneur Elrond.
- Je m’en doutais, fait Clara si bas que je suis la seule à l’entendre.
- Vous avez dit que vous me cherchiez, reprend l’elfe. Pour quelle raison ?
Je croise le regard d’Arnael, qui m'encourage à parler.
- Nous avons besoin de votre aide, j'explique aussitôt.
L’elfe nous regarde les uns après les autres, puis dit:
- Suivez moi. Vous me raconterez tout, à commencer par votre venue ici...
Nous le suivons à travers la cité. D’autres elfes viennent nous voir. À un moment, nous voyons même des enfants qui nous regardent passer avec un regard curieux. Arnael me prend la main. La petite licorne nous suit, le dragon posé sur son dos. “Magie”, murmure ce dernier dans mon esprit. Je tourne la tête vers lui. Il ressent aussi la magie du lieu… et je pouffe de rire quand la licorne se cabre pour le faire descendre. C'est vrai que le dragonneau a bien grandi, en une semaine...
Nous arrivons dans une salle visiblement prévue pour accueillir de grands rassemblements. L’elfe ferme la porte derrière nous et nous invite à nous asseoir. La licorne reste debout près de moi et Volcan Infernal vient s’installer sur mes genoux. Il a enfin compris comment replier ses ailes et se déplace plus facilement. L’elfe le regarde d’un air choqué.
- Ce n’est tout de même pas un dragon? fait il d’un ton légèrement déconcerté.
- Si, je réponds avec assurance. Il s’appelle Volcan Infernal et il est adorable. Il est né il y a quelques jours.
L’elfe me regarde avec admiration et... Crainte? Je baisse les yeux sur le dragonneau, qui fait désormais la taille d’un petit labrador.
- Bien, dit Elrond en reportant son regard sur notre groupe. Dites moi ce qui vous amène à Fondcombe.
Je regarde les autres. Ils m’encouragent à parler. Je me lance donc, en essayant d’expliquer au mieux la situation. Le visage de l’elfe est complètement fermé, et je n’arrive à percevoir que son étonnement. Lorsque j’en arrive à la raison de notre présence, il me coupe et demande:
- Montrez moi ce parchemin.
Arnael le sort et le déroule sur une table. L’elfe s’approche et semble surpris devant le parchemin.
- Vous comprenez ce qui est marqué? demande Clara, un peu inquiète.
Elrond hoche la tête. Son visage a pris un air inquiet qui me fait peur.
- Je peux vous traduire les caractères, mais pas la langue employée. Ce n’est pas une langue parlée en Terre du Milieu.
Il prend une feuille et transcrit les runes en lettres normales. Arnael semble surpris devant les mots obtenus.
- C’est quelle langue? je lui demande.
- Du daedrique, je pense, répond- il. Mais je n’en suis pas sûr.
- Ça ressemble à la langue des nordiques… songe Ernaelle.
- Non, répond Daelion. Je connais cette langue, et même si elle lui ressemble, ce n’est pas ça. Il y a trop de mots qui n’ont aucun sens.
- Alors c’est quelle langue? s’énerve Erlisel.
- Du draconique, répond Clara.
Je regarde ma meilleure amie. Elle prend le crayon des mains d’Elrond et note des runes sur le papier, en dessous du texte.
- C’est ce que je lis, dit elle en me montrant les runes. Les mots ses sont transformés devant mes yeux.
Je regarde le papier. Volcan Infernal grimpe sur la table et regarde aussi les runes. J’entends sa voix dans mon esprit, et je dis en même temps que lui:
- Le jour où le soleil s’éteindra dans la journée, à l’aube du jour le plus long de l’année, les Ennemis s’allieront et gagneront. Les Enfants des Ténèbres les libèreront de leur noires demeures, Les Libres par millions tomberont, le chaos sur les mondes s’abattra, quand tous uniront leurs forces et que les ténèbres grandiront.