L'ombre du Mal
Chapitre 11 : Direction la Terre du Milieu
4508 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 21/11/2016 09:59
Quelques heures plus tard, au beau milieu de la nuit, nous nous glissons silencieusement dans les ruines avec le dragonneau et la licorne. Ernaelle nous attend devant le portail. Arnael avait cru bon de la prévenir. La licorne n'avait rien dit. Nous en avions donc déduit que c'était une alliée. Clara est avec elle. Deux soldats nous attendent également. Ce sont les deux de l'autre jour. Une fois arrivés devant le portail, Arnael demande:
-Prêts?
Ernaelle se place au panneau de commande et dit:
-Si j'en crois ce texte, nous devrions atterrir dans une plaine, tout près d'une cité blanche.
-Minas Tirith, dis-je. Au Gondor, je me trompe?
-Je ne sais pas, répond Ernaelle.
Elle se tourne ensuite vers Clara et lui demande:
-Tu as le parchemin?
Ma meilleure amie sort ce dernier de sa cape noire. Où a-t-elle déniché la cape et le parchemin, je l'ignore. Mais elle les a, et c'est l'essentiel. Ernaelle entre quelque chose dans la machine et dit:
-Il faut que j'efface les coordonnées avant de passer. Si le portail s'éteint, ne m'attendez pas. Je vous retrouverai de l'autre côté.
-Nous resterons ensemble ou nous n'y allons pas, rétorque Arnael d'un ton de commandant d'armée.
- Dans ce cas, si le portail s'éteint, rouvrez le, répond Ernaelle.
Et elle appuie sur un bouton. Le portail apparaît, toujours aussi lumineux et brillant. Arnael me prend la main et me demande:
-Prête?
Je hoche la tête et nous entrons dans le portail, suivis par Clara et les deux soldats. En sortant du portail, je sens une brise fraîche me caresser le visage. L'air est différent, ici. Quand mes yeux se sont habitués à l'obscurité nocturne du lieu, je regarde autour de moi pour repérer l'endroit. Clara a du mal à s'habituer au portail et Arnael plisse les yeux, encore ébloui. L'un des soldats se frotte les yeux pendant que l'autre tourne lentement sur lui-même. Puis je vois un flash de lumière derrière moi et Ernaelle émerge de la surface lisse du portail. Elle cligne des paupières plusieurs fois pendant que le portail se referme doucement dans la nuit.
Nous sommes seuls dans une plaine immense. Au loin, j'aperçois de faibles lumières sur plusieurs niveaux, sur ce qui semble être une étrange montagne. Arnael me regarde et me demande:
- Tu crois que c'est ta cité? Minas quelque chose...
-Je pense que oui, dis-je. En tout cas, ça y ressemble.
-On va voir? demande Ernaelle.
Je réfléchis. Minas Tirith est une cité humaine.
- Pour visiter, peut être, répondis-je. Mais si le parchemin est rédigé en quenya ou sindarin, nous trouverons un traducteur ailleurs. Enfin je pense...
- Mais nous pouvons déjà leur demander un guide, propose l'un des soldats.
-Et des chevaux, poursuit Clara. Si je me souviens bien, le territoire elfique le plus proche est à...
Elle réfléchit une seconde.
- Plusieurs jours de marche, non?
-D'accord, admis-je, allons-y... Mais à l'aube. J'ai cru comprendre que les habitants de la cité sont très méfiants...
-Très bien, répond Arnael. Et nous en profiterons pour trouver une carte de ce pays.
-Bonne idée, fait Ernaelle.
Nous établissons donc un rapide camp pour la nuit, la licorne montant la garde et le dragonneau venant se blottir dans mes bras. Arnael prend le premier tour de garde. Je m'allonge sur l'herbe en tentant de m'endormir, mais je n'y arrive pas. Je finis par me redresser et le rejoindre. Il me demande:
-Tu ne dors pas?
-Je n'y arrive pas.
Le dragonneau vient se frotter dans mes jambes. Je le prend sur mes genoux et le regarde. Arnael me fixe aussi.
-Il a un nom? me demande-t-il.
Je réfléchis. Comment pourrais-je l'appeler?
-Volcan Infernal, murmurai-je.
Je sens aussitôt le dragon approuver dans ma tête. Je souris. Arnael aussi.
- Très joli, pour un dragon, dit-il.
-Merci, répondis-je. J'attendais qu'il accepte son nom.
Il me regarde d'un air étonné.
-Qu'il accepte son nom? me demande-t-il.
-Oui. Il est très intelligent et nous avons une façon de nous comprendre assez...spéciale. Je sentais que je devais le laisser accepter son nom au lieu de le lui imposer.
-Qu'est-ce que tu entends par assez spécial?
-En fait, il me parle par l'esprit, je crois. Il est dans ma tête en permanence et j'ai l'impression que quand il est né un lien unique s'est créé entre nous.
Le dragonneau me regarde de son oeil rouge. J'entends sa voix en moi.
"Spécial", me dit-il. Je souris. " Oui", pensai-je.
"Tu aurais pu me le dire avant, que tu savais parler par télépathie!"
Je sursaute. Arnael me fixe avec un léger sourire.
"Il n'y a que lui qui ait le droit de te parler comme ça, peut-être?" fait-il dans ma tête.
- Je sais pas vraiment comment ça marche... avouai-je. En fait, il se sert de mes émotions pour comprendre. On ne parle pas vraiment avec des mots, en fait...
"Projette tes pensées vers la personne à qui tu veux parler", me dit-il." Tu y arriveras mieux comme ça."
Je me concentre sur mes pensées et tente de les diriger vers Arnael.
"Comme ça?" lui demandai-je.
"Excellent", me répond-il, toujours par l'esprit.
Il ferme les yeux deux secondes et un sourire espiègle traverse son visage.
" je vois que j'occupe une bonne partie de ton esprit..."
Je rougis violemment en tentant de lui bloquer mes pensées. Je sens sa présence dans mon cerveau, et sa voix résonne encore:
"Aurais-tu des choses à me cacher?"
Il me sourit et me prend dans ses bras. Je le laisse faire. Le dragonneau râle un peu avant de descendre de mes genoux et de se blottir contre la licorne allongée au pied d'un arbre. Je souris.
"Tu es belle", fait la voix d'Arnael dans mon esprit.
Le dragonneau entrouvre une paupière. Je pose ma tête contre l'épaule du sorcier, qui continue à me parler mentalement. Le dragonneau finit par venir le voir et mordille sa robe, le faisant rire au passage.
"Dodo", chantonne Volcan Infernal en boucle dans ma tête.
"Toi aussi, tu dois dormir", me chuchote la voix du thalmor.
Je ferme les yeux. Il commence à chantonner quelque chose. Je l'écoute, le dragon de nouveau blotti à mes pieds. Au bout d'un moment, je sens le sommeil me gagner, et je m'endors dans les bras d'Arnael, heureuse d'être près de lui, tout près de la cité de Minas Tirith.
Quand je me réveille, il fait toujours nuit. Sauf qu'au lieu d'être dans les bras d'Arnael, je suis ballottée dans tous les sens sur le dos d'un cheval. J'essaye de parler. Un bâillon fermement serré me ferme la bouche et m'empêche d'émettre le moindre son. Je commence à paniquer. L'esprit du dragonneau a disparu, ce qui me fait encore plus peur. Mais une bouffée d'espoir me gagne quand j'entends:
" Et bien, ce n'est pas trop tôt!"
Je me concentre sur la voix d'Arnael.
"Que se passe-t-il?" demandai-je.
"Ces je ne sais pas quoi nous ont enlevés en plein milieu de la nuit! L'un d'eux à réussi à m'assommer et les autres se sont réveillés un peu trop tard..."
"À quoi ressemblent-ils?"
" À des trucs étranges... Des petites créatures pas très belles et assez..."
"Odorantes?" fis-je en sentant une odeur pas très agréable me passer sous le nez.
"Si tu veux... on peut dire ça"
"Et les autres?"
"Incapables de bouger".
Je soupire. Comment allons nous nous en sortir?
"Mais je n'ai pas vu ton amie vampire", dit le thalmor.
" Clara s'est échappée?" demandai-je un peu surprise.
"Je crois que oui".
Mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Clara s'est échappée... Avec un peu de chance, elle réussira à nous libérer... Soudain, je sens plusieurs petites mains me tirer au sol. Je veux hurler, mais je ne peux pas. Une créature pas très belle se tient devant moi et me pointe une petite pique dans le dos en criant d'une voix aiguë:
-avance!
J'obéis. Je vois Arnael devant moi. Nous sommes dans une espèce de grotte, visiblement loin sous terre.
"Il faut qu'on sorte d'ici", fais-je à Arnael.
" je n'aurai jamais deviné tout seul", répond-il d'un air ironique.
"Sérieusement", ajoutai-je, "ou sont les autres?"
"Ernaelle est derrière toi, Daelion et Erlisel devant moi."
"Et le dragon et la licorne?"
"La licorne a suivi Clara et le dragon a voulu nous suivre, mais je ne sais pas où il est exactement."
Je ne répond pas. Devant nous, la grotte se révèle être une caverne gigantesque. Des flambeaux brûlent le long du chemin et je vois enfin les créatures. Ce sont des gobelins, et ils sont vraiment horribles. L'un d'eux surtout...assis sur un trône, plus grand qu'Arnael, et très gras, il nous regarde approcher avec un air mauvais. Quand nous sommes devant lui, il nous dit:
-Agenouillez-vous, esclaves, devant le roi des gobelins!
Mon regard croise celui d'Ernaelle. Elle semble inquiète, et en même temps dégoûtée par le gobelin.
-Je ne m'incline que devant les Divins, réplique l'un des soldats.
Il se fait aussitôt frapper par l'un des gobelins.
-Tu tiens à mourir, toi, fait la créature à son intention.
Je cherche le regard d'Arnael, qui semble lui aussi un peu inquiet. Il faut à tout prix que nous nous en allions, mais comment?
-Enfermez-les dans un cachot! ordonne l'horrible gobelin. Nous verrons ce que nous en ferons plus tard...
Quelques minutes plus tard, nous sommes à cinq dans une petite cage. Daelion hurle en elfique quelque chose qui ne doit pas être bien sympathique, si j'en crois le regard choqué d'Ernaelle. Erlisel tourne en rond en tentant de détacher ses mains, mais elle n'y arrive pas. Arnael semble songeur. Quand à moi, je repense à Clara. Où peut-elle bien être?
"Lena"...
Je sursaute. Le dragonneau est là, devant la cage, et me fixe de ses yeux rouges. Je vois Arnael esquisser un sourire et je me penche vers Volcan Infernal en lui demandant:
"Tu nous a suivis?"
Il répond à l'affirmative avant de dire:
"Aider".
Il tend le museau vers mes poignets et je comprends ce qu'il veut. Je me tourne dos à lui et approche mes poignets le plus possible de la grille. Je sens les dents du dragon égratigner mes poignets, mais aussi mordre la corde, qui se détend. Elle finit par lâcher complètement. Volcan Infernal me dit d'un air triomphant:
" Réussi!"
Je caresse le bout de son museau en me massant les poignets.
"Tu es le meilleur," lui dis-je.
Je sens sa fierté en moi. Ernaelle me regarde d'un air interrogateur et passe à la surprise quand je lui montre mes poignets libres. Je me concentre pour faire surgir une petite flamme dans ma paume et souris quand elle apparaît. Je brûle les cordes qui entravent Arnael, qui se mord la lèvre quand je lui brûle légèrement la peau, et le laisse libérer les autres. Puis il me demande:
-Tu saurais ouvrir le verrou?
-On va voir ça tout de suite, répondis-je.
Je sors un trombone tordu de ma poche et l'insère dans la serrure. Quelques secondes plus tard, un petit déclic se fait entendre et la porte s'ouvre en grinçant légèrement. Les thalmors me regardent d'un air admiratif.
-Allons-y, murmurai-je en prenant Volcan Infernal dans mes bras.
Nous sortons de la cage et partons dans les galeries en essayant d'éviter les gobelins. Malheureusement, l'un d'eux nous aperçoit et se met à crier pour alerter les autres. Un éclair de la part d'Ernaelle le fait taire, mais c'est trop tard. Les gobelins commencent à nous encercler. Instinctivement, les soldats dégainent leurs épées et commencent à attaquer. Les deux mages se sont placés devant moi et me protègent en lançant des sorts de tous les côtés sur toutes les créatures qui ont le malheur de se trouver dans leur champ de tir. Mais les gobelins sont si nombreux que nous sommes bientôt encerclés et ils menacent de nous tuer. Je sens alors monter en moi une énergie que je ne connais pas. J'étends les bras et ferme les yeux en tentant d'expulser cette énergie autour de moi. J'entends comme un grondement, puis plus rien. Quand j'ouvre les yeux, les thalmors me regardent avec stupéfaction et je vois des cadavres de gobelins un peu partout autour de nous.
-Comment as-tu fait ça? me demande Ernaelle.
-Je n'en sais rien, répondis-je. J'ai senti une énergie étrange en moi et quand j'ai écarté les bras, j'ai entendu un grondement...
-Tu as projeté un cercle de feu autour de toi! Il s'est déplacé comme les ondes sur l'eau en carbonisant les gobelins sur son passage...
-On parlera de ça plus tard, ordonne Arnael. Pour le moment, nous devons filer d'ici.
Il fait apparaître la lumière bleue et nous partons en courant dans la direction où elle mène, en fuyant un groupe de gobelins qui nous suit de près.
Quelques minutes plus tard, nous émergeons en plein soleil, dans une montagne immense. Au loin, nous apercevons la cité blanche briller. Nous entendons les cris des gobelins derrière nous mais ils ne sortent pas de l'ombre de la montagne. Arnael fait apparaître une légère lumière dans sa main et avance. Les gobelins reculent en la voyant. Satisfait, mon ami revient vers nous et éteint la lumière.
-Ils ne viendront pas, dit il. Nous sommes tranquilles pour le moment.
-Alors filons, répondis-je. Il faut qu'on s'en aille le plus vite possible et qu'on retrouve Clara.
-Je suis là!
Je me tourne vers une roche. Mon amie est dans l'ombre, cachée entre deux rochers, avec la licorne derrière elle. Elles viennent vers nous en courant, la licorne en tête. Je lui demande:
-Comment avez-vous fait?
-Ils ne m'ont pas vue, je crois, répond Alya. La licorne et le dragonneau ne semblaient pas les intéresser.
Elle retourne vers le buisson et en sort...six chevaux magnifiques. Elle tend un rouleau de parchemin à Ernaelle et dit:
-Je les ai trouvés dans la grotte. Je pense que ça va vous intéresser.
-Et comment! sourit la mage. Il n'y a rien de plus intéressant qu'une carte d'une région inconnue!
Elle pose la carte à plat au sol et tente de se repérer. Je regarde à mon tour. Minas Tirith est en face de nous. Nous sommes sur une montagne. Je montre un point de la carte.
-Je pense que nous sommes ici, dis-je.
-C'est ce que je pense aussi, fait Arnael. Et où allons nous ?
Je regarde la carte en réfléchissant. Où trouver des elfes? Je montre une vallée, loin au nord d'ici.
-Il faudrait aller là-bas. Il y a un seigneur elfe qui pourrait nous aider à déchiffrer le parchemin.
-Quel est son nom? demande Daelion.
-Elrond. Dans le seigneur des Anneaux, il déchiffre les runes elfiques très anciennes.
-Alors allons-y, ordonne Arnael. Direction...
-Fondcombe, complétai-je.
Nous prenons chacun un cheval. La licorne nous suit en trottinant. Nous avançons dans un trot assez rapide, mais pas trop. Par moments, nous ralentissons car la pente est escarpée et que les chevaux risquent de tomber. Dans les lieux les plus dangereux, nous descendons de cheval pour les aider à ne pas trop glisser. Une fois en bas de la montagne, nous nous lançons au galop vers le nord. Nos chevaux sont rapides et visiblement très endurants. La petite licorne suit à la même allure. Au début, Clara a du mal à tenir en selle, mais elle comprend vite comment faire et tient désormais plutôt bien en équilibre. Les elfes semblent être des cavaliers de longue date. Ernaelle regarde la carte tout en dirigeant son cheval, Daelion et Erlisel discutent entre eux et de temps en temps Arnael leur répond. Ce dernier galope à côté de moi, en me fixant de temps en temps. Quand à moi, je tente de diriger mon cheval en gardant mon dragonneau sur les épaules. Celui-ci ci ne semble pas enchanté par la promenade, mais il ne râle pas trop.
Autour de nous, la plaine est déserte et vide. Le sol est un tapis herbeux très dense. Nous suivons une rivière qui vient du nord. Elle est large est très belle. De nombreuses plantes magnifiques poussent au bord de l’eau. Des cerfs et des biches nous regardent passer avec inquiétude, mais ne fuient pas. Au bout d’un moment, nous nous arrêtons pour manger et boire. Les chevaux se reposent et nous aussi.
-J’ai mal aux jambes, grogne Clara.
-C’est le métier qui rentre, lui répond Ernaelle.
-Ça fait combien de temps qu’on galope? demandai-je.
-Environ six heures, d’après le soleil, fait Arnael.
-Six heures?! m'étonnai-je.
- Peut être sept.
-Pfff...souffle Clara. On est encore loin? Parce que monter aussi longtemps…
Ernaelle sort la carte. Au loin, derrière nous, les montagnes sont toujours là. Elle montre un point de la carte.
-Je pense que nous sommes dans ce coin-là, dit-elle. Si nous continuons à la même vitesse, nous en avons encore pour plusieurs jours de voyage. Peut être même pour plusieurs semaines.
Le visage de ma meilleure amie se décompose.
-Je ne tiendrai pas, dit elle. C’est beaucoup trop long…
-On y arrivera, répond Daelion. Tu peux le faire, j’en suis sûr.
Je vois ma meilleure amie rougir légèrement et baisser les yeux. Je souris.
-On t’aidera à tenir, lui dis-je.
-Merci…
-En attendant, dit Arnael, il va bientôt faire nuit. Je propose que nous installions des tours de garde. Deux à la fois, cette fois ci. Et on se relayera toutes les trois heures.
Il nous regarde tous et finit par dire:
-Je prends le premier tour de garde avec Lena. Ensuite, Ernaelle et Erlisel, vous prendrez le deuxième tour de garde. Puis ça sera à Clara et Daelion.
-Ça me va, fait Daelion.
-Bien chef, répond Ernaelle.
-Si c’est bon, alors maintenant il faut préparer le camp pour la nuit, reprend le mage. Lena et Clara, vous vous occuperez des chevaux. Ernaelle, trouve de quoi faire du feu. Vous deux, vous allez créer des barrières pour le camp. J’ensorcellerai les lieux pour éviter les ennuis cette nuit. Et maintenant, tout le monde au travail!
Les elfes commencent à creuser un fossé et à planter quelques pieux de bois pour nous protéger. Clara et moi construisons un petit abri pour les chevaux, puis nous les dessellons avant de les caresser. Les bêtes semblent épuisées. La licorne est déjà allongée, prête à dormir pendant un bon bout de temps. Je lui caresse le bout du nez. Il ouvre un oeil et donne un coup dans ma main, comme pour dire: “laisse moi dormir!”
-Il est trop chou, murmure Clara.
-Qui ça? souris-je. Le bébé licorne ou Daelion?
- Va pas t’imaginer des trucs! s’exclame-t-elle en rougissant.
- Tu peux rien me cacher, Clara…
- C'est juste qu’il est beau...et tellement sympa…
-Et tu l’aime, rajoutai je.
- Au fait, tu as un nom pour ta licorne? demande-t-elle subitement.
-Je prends ça pour un oui, dis-je.
Je reçois alors un seau d'eau en pleine figure. Je hurle en regardant ma meilleure amie qui me fixe avec le seau à la main.
-Arrête tes idioties et répond moi, ordonne-t-elle.
Ses yeux sont rouges vif. Je décide donc de laisser tomber.
-Non. Il n’a pas encore de nom. Mais je vais trouver.
Clara regarde vaguement en direction des deux soldats elfes avant de me sourire. Un sourire que je n’aime pas.
-Quoi? lui demandai-je.
Je sens alors une main glacée se poser sur mon bras et je me retrouve face à Arnael, qui me regarde en souriant.
-Tu m’a fait peur! criai-je.
-Je sais, répond-il.
Ses doigts glissent doucement sur ma joue. Je le regarde dans les yeux, captivée par son regard. Il est vraiment si beau…
-Tu as les mains froides, dis-je.
- C’est ça d’invoquer un atronach de glace, répond-il. La magie de glace laisse des traces…
-Je préfère le feu, répondis-je en me blottissant dans ses bras.
Il caresse mes cheveux quelques secondes avant de dire:
-Tu n’avais pas quelque chose à faire, au fait?
J’agite légèrement les doigts. Les chevaux se retrouvent couverts de couvertures chaudes et une botte de foin apparaît près d’eux.
-C'est fait, dis-je.
Il regarde les chevaux d’un air admiratif.
-Pas mal...fait-il. Tu es vraiment une magicienne très douée.
-Merci, fais-je.
Il me relâche et me dit:
-N'oublie pas de leur donner un petit coup de brosse…
Et il s’en va. Clara me dit:
-Il y a de l’amour dans l’air…
-Dis pas n’importe quoi, répliquai-je. C’est juste...un ami très proche.
-Juste un ami?
-Oui. Comme toi et Daelion, rajoutai -je avec un clin d’oeil.
Elle lève les yeux au ciel.
-D'accord, je te crois…
Nous finissons de nous occuper des chevaux en bavardant de tout et de rien. Puis Daelion nous rejoint. Il nous donne chacune une assiette fumante au parfum étrange et s’assoit à côté de nous.
-Qu’est-ce que c’est? demande Clara.
-Du horqueur, répond le soldat. C’est meilleur que du cerf, si tu veux mon avis. Mais beaucoup moins bon qu’un beau saumon grillé à la broche!
Je goûte le horqueur. Ce n’est pas mauvais. Le goût me rappelle celui du bœuf bourguignon de ma mère, mélangé à… du mouton?
- C’est bon, fait Clara.
-Je te l’avais dit! lui répond l’elfe avec un sourire. Et c’est encore meilleur avec un peu d’hydromel, mais nous n’en avons pas ici…
- Je suis assez d'accord.
Je me retourne vers Arnael quand il s’assoit à côté de moi.
- Une bonne pinte d'hydromel Roncenoir...
- Je pensais que tu préférais l'hydronning? réplique Ernaelle en s'asseyant en face de nous.
- Non, c'est Thalerior qui le préfère, répond le sorcier. J'ai toujours trouvé l'hydromel Roncenoir meilleur que l'hydronning.
Tout en parlant, il a glissé un bras autour de ma taille. Je me serre contre lui. Daelion sourit.
-Tant que tu ne te mets pas au skooma... répond ce dernier.
-J'y ai déjà goûté, dit Erlisel, et je ne trouve pas ça super… sans parler des hallucinations après…
“Et moi?” fait la voix de Volcan Infernal dans ma tête.
“Viens”.
Il grimpe sur mes genoux. Il a déjà grandi, par rapport à la veille. Je lui tend un morceau de viande. Il l’avale goulûment. La licorne vient à côté de moi et se couche à mes pieds. Arnael m’attire contre lui. Les autres débattent des effets du skooma sur le cerveau. Seule Clara ne semble pas trop écouter et nous regarde d’un air songeur, un léger sourire aux lèvres.
- Tu as déjà gouté à l'hydromel? me demande Arnael.
- Je n'en ai jamais eue l'occasion, je lui réponds.
- Je t'y ferai goûter quand on reviendra à Tamriel.
- tu crois qu’on va y retourner?
- j’en suis persuadé.
Daelion demande quelque chose à Clara. Elle repousse sa main, mais son sourire en dit long sur ce qu’elle pense. L’elfe rit avec elle. À côté de moi, Arnael passe un bras autour de ma taille. Je me laisse aller contre lui. Ernaelle et Erlisel parlent visiblement de Daelion et de Clara… ou d’Arnael et moi? Je regarde le visage du sorcier. Ce dernier me contemple avec un sourire. Je lui souris aussi. Je ne m’étais jamais sentie aussi heureuse. Pourvu que ça dure…
Une heure plus tard, Arnael et moi sommes assis sur un rocher. Les autres dorment, près des chevaux. La petite licorne est à côté de moi. Je la caresse doucement. Le calme m’étonne. Seuls quelques oiseaux nocturnes hululent dans les arbres. Le thalmor prend ma main dans la sienne.
-Tu lui a enfin donné un nom? demande-t-il en désignant le bébé licorne.
Je lève les bras au ciel.
-C’est au moins la troisième fois qu’on me le demande! m’exclamai-je.
Il rit. Il est encore plus beau quand il sourit.
-D’accord, ma princesse! Je ne te le demanderai plus, si ça t’énerve!
-C'est juste que je n’ai pas encore trouvé… fais-je du bout des lèvres.
Ses yeux brillent doucement à la lueur des étoiles. Je me rassois. Le ciel est dégagé et les constellations sont proches de celles de la Terre. Arnael glisse un bras autour de mes épaules.
-Tu es si belle… me murmure-t-il à l’oreille.
Je me blottis dans ses bras. Il me serre doucement contre lui. Au bout d’un moment, il me murmure:
-Lena… je crois...que je t’aime.
Je relève la tête. Ses yeux jaunes semblent inquiets, mais sincères. Je souris.
-Je crois que c’est réciproque…
À ces mots, il se penche doucement sur moi et pose ses lèvres sur les miennes. Mon coeur manque un battement et mon cerveau a du mal à y croire. Je ferme les yeux. J’ai l’impression de rêver...en mille fois mieux. Quand il décolle ses lèvres des miennes, je souris. Lui aussi.
-Je t’aime, fait-il au creux de mon oreille.
Quand nous cédons notre tour de garde à Ernaelle et Erlisel, elles nous regardent avec un léger sourire. Je m’endors dans les bras d’Arnael, sans oser croire à mon bonheur.