L'ombre du Mal
Cinq heures plus tard, nous étions de retour sur la digue. Nous avions été voir Thalerior et Ernaelle pour leur parler de ma meilleure amie. Ils avaient accepté qu'on y aille. Puis j'avais dormi quelques heures, le temps de me reposer un peu, et sur ordre d'Arnael, et nous avions rejoint de nouveau la plage afin de retraverser. Et juste à temps: nous avions parcouru le dernier quart du trajet à la nage, dans l'eau glacée. Heureusement qu'Arnael sait faire du feu! En cinq minutes, nous étions secs.
-C'est par où ? me demande Arnael.
-Je lui ai dit devant l'école de musique devant le lycée. Et vers 17h. On a encore une heure et demi pour y arriver.
-Donc?
-Il faut prendre le bus.
-Heu...
-Vous allez voir.
-D'accord.
Nous partons donc vers la ville. Au passage, Arnael "emprunte" un billet de 20€ à quelqu'un, qui ne le remarque même pas. Je lui lance un regard d'avertissement. Il hausse les épaules. Quand nous arrivons à l'arrêt, il n'y a presque personne dans le bus. Je sais que c'est risqué pour nous de prendre le bus, c'est notre seule chance. Arnael essaye de contenir sa curiosité. Sans grand succès. Je lui donne un léger coup de coude et il baisse les yeux sur ses chaussures. Quand le bus arrive, nous montons. Je demande deux tickets. Arnael et moi allons nous asseoir au fond du bus. Nous avons pensé à mettre un sweat à capuche, histoire de cacher nos oreilles. Le temps du trajet, il me pose quelques questions. De temps en temps, je lis et j'envoie des messages. En dehors de Clara, seuls deux de mes amis sont au courant de mon retour. Ce sont deux amis rencontrés en vacances, avec qui je ne parle plus que par message puisqu'ils habitent à l'autre bout de la France. Je n'ai pas encore essayé de leur expliquer que je ne vais peut être plus jamais pouvoir leur parler, pressentant un appel immédiat et le risque de les voir péter un câble. Pendant tout ce temps, Arnael écoute quelques musiques sur mon mp3. Je souris en le voyant regarder le paysage urbain en fredonnant l'air de the nexus. C'est tellement incroyable qu'il soit ici...
Quand nous arrivons à l'arrêt où nous descendons, il est 16h50. Clara me dit qu'elle m'attend. Je lui dis que j'arrive, sans lui parler d'Arnael. Le temps que nous arrivons à l'école de musique, il est 17h. J'ai mis des lunettes noires et obligé Arnael à en mettre aussi. Si quelqu'un tombe sur ses yeux...
Clara m'attend, assise sur une marche de l'escalier menant à la porte condamnée du bâtiment. Elle me regarde, sans me reconnaître. Je lui envoie un message: "je suis là." elle regarde son écran, puis relève la tête. Elle regarde autour d'elle. En dehors de quelques personnes qui quittent encore le lycée, il n'y a que nous. Je reçois un message: "où ?" je soupire et lui répond: "devant ton nez". Quelques secondes plus tard, elle lève la tête vers moi et Arnael. J'attends que les quelques personnes restées devant le lycée s'en aille avant de m'approcher d'elle.
-Clara? lui demandai-je.
-Qui êtes-vous? me demande-t-elle avec méfiance.
-À ton avis? lui répondis-je.
-Je sais pas.
-I am your best friend, Lena.
-Je ne vous crois pas.
Je retire ma capuche et mes lunettes. Son visage passe de méfiant à surpris, limite effrayé.
-Lena? me demande-t-elle.
-En personne, dovahkiin, ajoutai-je avec un clin d'oeil.
-Et lui? demande-t-elle en pointant Arnael.
Ce dernier s'avance vers elle.
-Je suis un ma...
Je lui envoie un coup de coude avant qu'il finisse. Il me foudroie du regard. Je poursuis à sa place.
-Je t'expliquerai après. Il s'appelle Arnael, c'est tout ce que tu dois savoir. Pour le moment, il faut un endroit où personne ne nous entendra.
Je jette un oeil à Arnael, qui ouvre la porte de l'école de musique désaffectée.
-Après vous, nous dit-il en faisant mine de s'incliner, me faisant pouffer au passage.
Il me sourit, sous le regard interrogateur de Clara.
-Promets-moi de ne pas tomber dans les pommes, lui demandai-je une fois que nous sommes entrés et qu'Arnael a refermé la porte.
-C'est si extraordinaire que ça?
-Promets-le.
-Heu...je vais essayer...
Je fais signe à Arnael. Il enlève sa capuche et ses lunettes, pendant que je repousse mes cheveux derrière mes oreilles. Elle pousse un cri de surprise, aussitôt bâillonnée par le thalmor. Je jette un regard de reproche à ce dernier. Il la relâche.Clara semble incapable de bouger.
-Ça va? lui demandai-je.
-Tes oreilles... Tu n'es pas Lena...
-Si, rassure-toi. Je sais que c'est difficile à croire, même pour moi qui l'ai vécu, mais Tamriel existe vraiment.
-T'as trop joué, Lena. Enfin, si tu es bien Lena...
Je lui montre mon portable, avec toutes nos conversations depuis le début de l'année.
-C'est mon portable. Tu me crois maintenant?
-Dis-moi un truc sur toi que je suis la seule à savoir.
-Je n'ai jamais fait partie de ce monde.
Elle hoche légèrement la tête.
-Tu me l'as déjà dit. Et un truc que je t'ai dit à toi seulement?
-Tu veux un tatouage et te teindre les cheveux en bleu. Un tatouage en forme de dragon, qui suit ta colonne vertébrale et étend ses ailes dans ton dos, pour te donner l'impression de pouvoir voler.
Là, elle semble surprise.
-D'accord, d'accord...tu es bien Lena...
Elle regarde Arnael.
-Et lui?
Je fais un signe de tête au thalmor, qui lui dit:
-Je suis un mage thalmor.
Clara reste bouche bée.
-Un...un thalmor? begaye-t-elle. Ici?
Arnael explique alors leur découverte du parchemin. J'enchaîne avec leur arrivée chez moi et ce qu'il s'est passé sur Tamriel. Enfin, Arnael termine avec notre escapade en ville avant de venir ici. Au fur et à mesure du récit, je vois le visage de ma meilleure amie changer. Elle passe de la surprise à l'intérêt, puis à la peur, l'émerveillement, et pour finir un peu d'inquiétude.
-Si je ne voyais pas tes oreilles et ce thalmor, dit-elle à la fin, je penserais que tu as encore inventé une histoire.
-Pour une fois, je n'ai rien inventé.
-Il faut croire...
Arnael fronce les sourcils en regardant l'heure sur mon portable.
-On devrait peut-être se dépêcher un peu, me dit-il.
Je hoche la tête, puis regarde Clara.
-Tu pourrais nous aider? lui demandai-je.
Elle hésite un peu.
-Heu...on irait à Tamriel?
-Oui, affirme Arnael avant que j'aie pu parler. Et toi, dès qu'on sera de retour là-bas, tu verras qui est le chef, me dit-il.
-Ça, on verra, ris-je.
Puis je continue pour Clara:
- On retourne à Tamriel. Je ne pense pas qu'on ait le parchemin avec. Thalerior pense que c'est un Elder Scroll.
-C'est qui Thalerior?
-Le chef de l'expédition dans les ruines dwemers, répond Arnael. Il est venu avec nous.
-Et...mes parents vont me chercher...ils penseront que j'ai fugué...
-Comme les miens, répondis-je. Mais tu verras:une fois à Tamriel, tu ne les reverras plus. Tu ne risqueras plus rien de ce côté là, une fois là-bas.
Elle réfléchit quelques minutes avant de dire:
-Ok.
Je ne peux retenir un cri de joie. Arnael me bâillonne aussitôt, et me dit:
-Tu cries encore une seule fois comme ça et tu es morte, compris?
Je hoche la tête avant de faire mine de lui mordre les doigts. Il retire sa main et me donne une petite claque. Clara nous regarde avec un léger sourire. Je la foudroie du regard. Arnael me dit:
-Puisque c'est réglé, on y va.
-Maintenant? demande Clara.
-Oui, dit-il. On a de la route jusqu'à la maison.
-Heu... Vous m'emmenez où, là ?
-À la maison du pendu, lui dis-je. On va en bus jusqu'à Mardyck, et après on va à pieds jusqu'à la maison. En espérant que la mer aura baissé un peu.
-Heu...tu n'as pas peur d'être reconnue?
Je mets mes lunettes et ma capuche, après avoir replacé mes cheveux sur mes oreilles.
-En me voyant comme ça, tu me reconnais?
-Non, avoue-t-elle. Mais et lui?
Arnael fait de même. Clara reste dubitative, mais finit par hocher la tête.
-Ok, dit-elle. Allons voir à quoi ressemblent les ruines dwemers.
Nous sortons dans la rue. Arnael verrouille la porte en passant la main dessus. Puis nous prenons la direction de l'arrêt. Le bus est nettement plus rempli qu'à l'aller. Arnael me jette un regard inquiet. Je suis nerveuse, moi aussi. Quand nous montons, quelques personnes nous regardent bizarrement. Nous allons directement au fond du bus. Les conversations reprennent quand le bus redémarre. Arnael regarde distraitement dehors. Clara me fixe, l'air encore sonnée par ma révélation. Quand à moi, je regarde Arnael. Et dire que quelques jours auparavant, je serais sortie du bus en le voyant...
Soudain, à quelques arrêts de notre destination, un groupe de jeunes adultes monte dans le bus. Ils ont entre 18 et 25 ans, je pense, et tout en eux indique qu'ils font partie de ceux qui vous pourrissent la vie sans raison, juste pour s'amuser. Dès qu'ils arrivent près de nous, ils commencent à nous insulter. Clara tourne la tête vers la vitre. Arnael affiche un air calme, mais je vois ses doigts se lever lentement. Je pose une main sur son bras et lui jette un regard qui signifie clairement: "ne bougez pas". Il me fixe d'un air de défi, mais finit par baisser lentement la main. Clara nous regarde, un peu méfiante. L'un d'entre eux approche de moi et essaye de me toucher. D'un geste vif, Arnael lui tord le poignet et lui dit:
-Ne vous approchez pas d'elle.
Son ton menaçant arrête les conversations dans le bus. Les gens nous regardent. Le chauffeur semble méfiant. Le mec le fixe, incapable de franchir ses lunettes noires. J'imagine très bien les yeux d'Arnael en ce moment. La pupille légèrement dilatée, un regarde inquiétant et rempli d'avertissement de sa puissance. Le bus s'arrête. Je l'attrape par le bras en lui disant:
-On descend ici.
Il relâche le poignet de l'autre. Nous descendons du bus, le groupe sur les talons. À peine le bus s'est-il éloigné qu'ils nous entourent.
Instinctivement, je me rapproche d'Arnael. Nous avons tous les deux des manteaux longs et noirs pour dissimuler nos épées. Il glisse la main vers sa dague. Je pose la main sur son bras pour l'en empêcher. L'un des mecs s'approche de lui. Il lui dit:
- Tu crois que tu nous fais peur, avec ton costume ridicule?
Arnael ne répond pas. L'autre poursuit:
-Je vois...tu ne parles que pour protéger cette...gamine, hein? Pourtant je pense qu'elle s'amuserait bien, avec nous...
-Ne vous approchez pas d'elle,gronde-t-il.
-Tu ne sais dire que ça? demande un autre d'une voix moqueuse.
-Éloignez-vous, dis-je. Si vous tenez à la vie.
Ils se mettent à rire.
-La gamine nous menace, maintenant ? dit l'un d'eux.
-Ne te mêle pas de ça, me chuchote Arnael.
-Enlève tes lunettes, mec, lui dit un des membres du groupe. Y'a que les lâches qui nous regardent pas en face.
Un rictus mauvais tord les lèvres d'Arnael.
-Qui es-tu pour oser parler de lâcheté? Vous êtes neuf, nous sommes trois. C'est vous les lâches, à vous attaquer à plus faible et moins nombreux que vous.
-Écoute, mec. C'est moi le boss ici, et si t'es pas content, je te refais le portrait. Et là, t'auras vraiment besoin de tes lunettes. Alors ne fais pas le malin, ok?
-Je ne fais pas le malin. Je cherche juste à passer sans avoir à vous massacrer.
L'autre rit.
-Pour passer, tu nous laissera tes deux amies...tu n'en a pas besoin d'autant. Elles sont plutôt jolies...dit-il en me regardant.
Arnael m'attrape par les épaules et attrape Clara par le bras, nous rapprochant de lui. Je sens l'air vibrer autour de nous trois. Quand Clara tente de se dégager, je lui fais un discret signe de tête. Elle comprend car elle arrête de se débattre.
-Vous n'avez pas honte de vous en prendre à des filles plus jeunes que vous?leur demande Arnael.
- Et c'est toi qui dit ça! T'as quel âge? Vingt ans?
Arnael rit.
- Non... Beaucoup plus.
-Sérieux, mec. Combien?
Arnael rit une nouvelle fois avant d'annoncer:
-J'en ai 115.
-Impossible, dit un autre.
-On le démonte, les gars? leur demande leur chef.
Les autres resserrent le cercle. Arnael sent le danger. Il enlève sa capuche, libérant ses cheveux blonds magnifiques.
-Sauvez-vous, nous dit-il à Clara et moi.
Clara m'entraîne en-dehors du cercle. Elle se cache derrière une poubelle. Je monte sur un mur et m'assois au sommet sans lâcher la scène des yeux. Arnael lance au groupe:
- Si j'étais vous, je ne ferais pas ça. Chez moi, je suis un assassin. La dernière chose que voient mes victimes, ce sont mes yeux.
L'un de ses ennemis rit. Un autre dit:
-Les mots ne te servent à rien. Tu es mort.
-Je ne crois pas.
Il retire ses lunettes. Les deux mecs devant lui s'arrêtent net. Il tourne lentement sur lui-même, stoppant le groupe entier. Le chef dit :
-Qu'est-ce que c'est que ça?
Arnael sourit:
-Votre bourreau.
Sur ce, il dégaine son épée d'une main et fait apparaître des éclairs dans l'autre. En moins d'une minute, il ne reste plus qu'un petit tas de cadavres décapités ou électrocutés. Arnael rengaine tranquillement son épée avant de venir vers nous. Ses yeux jaunes brillent doucement dans la lumière du soir. Un petit sourire triomphant éclaire son visage doré. Une fois au pied du mur, il me tend les bras et me dit:
-C'est bon. Tu n'as plus rien à craindre.
Je saute du haut du mur. Il me rattrape avant que je ne touche terre. Il me laisse glisser au sol après m'avoir fait tourner dans ses bras. Une fois les pieds de nouveau au sol, il me murmure:
-Tant que je serai là, personne ne te fera de mal.
Je ferme les yeux et souris. Il me protège... Je pose la tête contre lui. Je sens ses bras se refermer autour de moi. J'entends sa respiration calme et les battements légers de son coeur.
-115 ans? lui demandai-je.
-115 ans, trois mois et neuf jours, dit-il.
-C'est...vieux, dis-je.
Il éclate de rire.
-Au contraire! me dit-il. C'est plutôt jeune, pour les elfes. Certains disent que je suis encore un enfant...
Je souris.
-Il faudra que vous m'expliquiez comment c'est possible...
-Les elfes grandissent moins vite que les humains. Si on me donnait un âge humain, j'aurais environ...
Il réfléchit quelques secondes.
-Environ 20ans.
-Et moi? demandai-je. En âge elfique, j'aurais quel âge?
Il réfléchit.
-À peu près 90ans.
-Ouah, dis-je. C'est...
Je sens son sourire et ses bras autour de moi. Puis j'entends un léger son tout près. Arnael me relâche doucement.
-On y va? me demande-t-il.
-Va falloir...lui répondis-je.
Clara est devant la poubelle, un léger sourire aux lèvres. Elle a son portable dans les mains. J'entends le mien tinter. Arnael regarde Clara, lui demande si elle va bien, puis me demande quel chemin nous devons prendre. Je lui montre la route avant de le laisser me guider. Heureusement que j'ai dormi un peu... je suis encore fatiguée.
Quand nous arrivons à la plage, la mer a baissé. Nous traversons la plage à pieds. Mais à un moment, j'entends un aboiement derrière nous, ainsi qu'un cri et le crissement des pneus d'une moto. Je me retourne et sursaute. La police nous poursuit!
-Courez! criai-je.
Tout en courant, Arnael envoie des boules de feu et des éclairs derrière lui, sur les motos. L'une d'elle explose et fait chuter une autre. Un chien se jette dans l'eau, les poils en feu. Quand aux autres, ils continuent de nous suivre. Arnael me lance une fiole, que je bois sans hésiter. Clara en reçoit une et Arnael a déjà fini la sienne. Au bout de quelques secondes, je sens un étrange picotement dans mes veines. Quand je regarde mes doigts, je me rend compte que je suis invisible. Arnael et Clara aussi. Mais nous laissons tout de même des empreintes de pas dans le sable, ce qui permet à la police de nous suivre rapidement. J'attrape Clara et Arnael par la main, puis leur explique mon plan pour cacher les empreintes. Arnael attrape la main de Clara, qui me lâche. Je lève la main et imagine une tempête de sable. Le vent se lève, emportant des tonnes de sable dans les airs. Les vagues commencent à nous atteindre, mais Arnael a créé une bulle qui nous protège des éléments. Nous ne voyons pas grand-chose devant nous. Je demande à Arnael d'invoquer la lumière bleue au sol. Il me répond que ce n'est pas possible tant que nous devons lutter contre les éléments. Nous longeons donc la plage à l'aveuglette.
Au bout d'environ une heure, je m'arrête, épuisée. La tempête de sable diminue un peu, et je vois un peu plus clair à travers le sable, au loin. Nous sommes redevenus visibles. Arnael me demande:
-Et maintenant?
-Il faut qu'on trouve la maison, dis-je.
Nous sommes au-dessus d'un blocos. Je me laisse glisser derrière. Arnael et Clara me suivent. Je demande à Arnael d'invoquer la lumière bleue pour nous diriger. Il lâche le sortilège lentement avant de créer la lumière. Elle part tout droit, dans une direction précise. Je demande à Arnael de la maintenir le plus longtemps possible. Il hoche la tête et nous repartons.
Quelques minutes après, nous arrivons dans les dunes. Quand nous sommes bien avancés à l'intérieur, j'imagine un temps calme. La tempête tombe aussitôt, remplacée par un épais brouillard. Arnael me regarde avec admiration. Nous suivons la lumière jusqu'à une cabane en bois. J'entends une voix dire:
-Qui êtes vous?
Je sursaute. Arnael éclate de rire et Clara crie. C'est Ernaelle!
-Et bien, vous en avez mis du temps! dit-elle.
-Nous avons eu un léger contretemps, dit Arnael.
-Nous devons passer le portail rapidement, dis-je. Nous ne sommes plus en sécurité, ici.
-Ah?
Je sursaute. Thalerior vient d'arriver, juste derrière Ernaelle.
-Oui. Je ne sais pas comment, mais ils m'ont retrouvée. Il faut qu'on y aille.
D''accord. Allons-y, alors. Mais il faudrait que le brouillard s'en aille.
Je lève les mains en pensant à un temps ensoleillé. Le brouillard se lève, laissant place à un ciel rempli d'étoiles. Thalerior me regarde, surpris.
-C'est toi qui fait ça? me demande-t-il.
-Plus tard, répondis-je. Ils peuvent arriver d'une seconde à l'autre.
-D'accord.
Il lance un ordre aux deux autres sorciers. Arnael me prend la main et m'entraîne à l'intérieur des ruines. Clara nous suit, terrifiée. Les thalmors forment rapidement un cercle. Soudain, un vrombissement se fait entendre. Je lève la tête. Un hélicoptère se rapproche...je demande aux thalmors de commencer l'incantation pendant que je cherche un moyen de faire dériver l'hélicoptère. Je me vois courir dans les dunes, certainement visible de là-haut. Je projette une image tremblante de moi, courant dans les dunes. L'hélicoptère voit l'illusion, mais après quelques secondes, il revient vers la maison. Je vois une échelle descendre vers le sol. Quelqu'un commence à la descendre. Je sens le courant de la magie autour de moi. J'invoque un grand vent, de la force d'une tornade, capable de repousser l'hélicoptère. L'homme tombe dans le vide quand l'appareil commence à faire des vrilles en l'air.
Je sens une main m'agripper le bras. Je me retourne. C'est Arnael. Il m'entraîne vers le portail, à une vingtaine de mètres. J'entends des cris, puis un coup de feu. Je serre les doigts d'Arnael entre les miens. Nous n'arriveront jamais au portail à temps, à moins que...
-WULD, NAH, KEST! hurlai-je.
Je me sens portée en avant, Arnael avec moi. Nous franchissons le portail dans un courant de vent magique. Je sais que nous sommes sauvés quand je vois le flash aveuglant. Puis c'est le noir complet.