La vengeance de Clarke.

    Cela faisait déjà trois jours que Clarke observait la capitale depuis la falaise. Elle s'était aménagée un abri un contrebas de la colline et ne faisait du feu que la nuit pour ne pas attirer l'attention. Elle passait le plus clair de son temps cachée à plat ventre, dans les broussailles, à observer Polis du haut de la falaise. Le reste du temps, elle partait chasser. Le gibier était peu abondant dans cette région et ses réserves d'eau commençait sérieusement à s'épuiser car il n'y avait aucun point d'eau à proximité pour se ravitailler et faire sa toilette.

La gigantesque cité semblait en effervescence à toutes heures du jour et de la nuit. Quand le soleil était couché, des feux brûlaient par centaines, leurs lumières tremblotantes éclairant la tour en lui donnant un air fantomatique. Clarke regrettait de ne pas avoir emporté une paire de jumelle pour pouvoir observer plus précisément les fortifications de la capitale. La cité, entourée de falaises ne disposait que d'un seul accès fortifié par des palissades en bois et gardé par des soldats.

      Après quelques jours, l'excitation de Clarke d'avoir découvert la capitale des Grounders retomba et elle commença à douter de ses chances pour entrer dans la cité sans être reconnue. Elle avait donc décidée, lasse, de longer la falaise pour découvrir si il n'y avait pas un moyen de descendre par celle-ci. Elle avait prévu de partir au petit matin et de se déplacer avec précaution. Bien qu'à grande distance de la cité, sa silhouette en haut de la falaise se découpant sur l'horizon serait visible depuis la ville.Le soleil était déjà haut dans le ciel quand, dissimulé par des buissons, elle découvrit un long escalier de pierre taillé à même la falaise. Caché en contrebas, elle ne pouvait pas le voir dans son intégralité. Clarke, après des jours d'observations passés inactive était pressée par un sentiment d'impatience mais sa conscience lui dictait d'attendre la nuit pour s'engager dans l'escalier où elle serait une cible de choix. Vaincue, elle regarda autour d'elle espérant trouver une cachette où passer la journée d'où elle pourrait surveiller l'escalier. Tapis à l'orée du bois, elle passa l'après-midi à surveiller tout en préparant ses armes. Elle cacha son arc, qui ne ferait que l'encombrer dans sa descente, au sommet d'un arbre Elle garda sur elle ses couteaux de lancer, son couteau de chasse et son long couteau de combat. Impatiente de pénétrer dans la vallée pour accéder à la cité, son anxiété allait croissante à mesure que le soleil se couchait. L'escalier paraissait abandonné et en mauvais état, elle espérait surtout qu'il n'était pas gardé mais c'était son seul accès et elle était pressée par le temps.

Une fois la nuit venue, Clarke s'engagea dans l'escalier à la lueur de la lune. Prudemment, elle le descendit marche par marche, les mains moites et les jambes tremblantes, elle s'arrêtait au moindre son. Chaque pierre qu'elle faisait tomber dans sa descente lui paraissait produire un vacarme assourdissant qui se répercutait dans la vallée. Elle manqua à plusieurs reprises de tomber, toute chute lui aurait été fatale. Aux aguets, elle parvint au bas de l'escalier, soupirant de soulagement, elle aperçut un mouvement du coin de l’œil, elle se jeta immédiatement au sol, le son d'une lame déchirant l'air immobile siffla juste au dessus de sa tête, elle se releva et s'empara de son couteau de combat. Cinq hommes l'encerclaient, son cœur manqua un battement mais elle resserra sa prise sur l'arme. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance face à cinq guerriers entraînés. Elle pouvait toujours se rendre, mais les hommes ne semblaient pas du genre à épargner la vie d'un prisonnier, la meilleure solution était la fuite, mais les hommes lui bloquaient toutes issues. Pour conserver l'effet de surprise, elle se jeta sur l'homme le plus près d'elle, celui-ci l'esquiva et assena un coup d'épée que Clarke évita. Aperçevant une faille, elle lança l'un des ses couteaux dans la gorge de l'homme qui s'effondra dans un bouillonnement de sang. Pendant ce temps là, un autre soldat l'avait contournée, le temps que Clarke réagisse, l'homme lui avait entaillé le bras. Ivre de douleur, elle se mit hors de porté. La vue brouillée par la douleur, elle menaçait de s'évanouir. Titubante, elle réussi à éviter un nouvel assaut. De son seul bras encore valide, elle para l'attaque d'un des soldats. Son esprit embrumé par la douleur menaçait de lâcher prise, elle allait mourir là, inconnue, seule. L'image de sa mère se forma dans son esprit, elle ne pouvait pas abandonner la lutte. Dans un instant de lucidité au travers d'un océan de douleur, elle remarqua une brèche dans l'encerclement des soldats et s'y faufila. Elle s'enfuit en courant, plus agile que les hommes dans leurs tenues de combat. Désorientée, elle courait droit devant elle sans se soucier de la direction qu'elle prenait. Elle entendait les hommes haleter derrière elle, pendant qu'elle gagnait du terrain. Elle se pensait enfin tiré d'affaire quand elle aperçut une silhouette devant elle ce qui l'obligea à s'arrêter. Une femme se tenait là, un arc à la main, une flèche encochée, d'un signe, elle lui intima l'ordre de se mettre à genoux. Abattue, Clarke obtempéra, pendant ce temps là, les hommes l'avaient rattrapée. L'épée au clair, le premier avait déjà entamé son geste pour la décapiter quand il s'effondra gémissant à quelques mètre de Clarke le bras transpercé.

- Ceci est ma prisonnière, déclara la femme d'une voix assurée.

- Elle a tué un de nos hommes ! rugit l'un des soldats, son visage déformé par la rage.- Elle doit payer par le sang son crime, renchérit un deuxième homme l'épée brandit vers le ciel.

- Elle le payera, mais ici, à Polis, tout criminel doit être conduit devant le conseil qui fera justice, continua la femme.

Clarke, ivre de douleur luttait pour rester conscience, le soulagement ressentit quand elle avait vue l'homme s'écrouler laissait maintenant place à la certitude que cela ne faisait que repousser l'heure de sa mort. Elle le savait, la justice Grounder était sans pitié, le sang par le sang. Elle s'effondra au sol, inconsciente.