Planet Hell (Tome I) The Year 2149
Chapitre 3 : « Autrefois une fille qui n'avait pas de nom. »
2785 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/11/2020 16:09
Autrefois une fille qui n'avait pas de nom (1). Avant d'être Sally, elle n'était qu'une jeune âme sans nom qui errait dans les rues de Londres. Le souvenir frais des flammes qui avaient embrasées Gallifrey tournait en boucle dans son esprit. Dans ses mains tremblantes elle sentait encore les vibrations de son arme. Bien que seule dans les Ténèbres de la nuit, elle voyait encore des corps tomber autour d'elle. Il n'y avait pas pire douleur que celle qui déchirait son être en cet instant. Elle en avait même oublié les nombreuses mutilations qui couvraient son corps. Désemparée et affaiblie, elle avait fini par s'asseoir sur le sol crasseux d'une ruelle.
Le TARDIS l'avait déposé à Londres pour qu'elle soit en sécurité, le temps que le Docteur active le Moment pour mettre fin à la Grande Guerre du Temps. Il ne devait se passer qu'une petite heure avant que la machine à voyager dans le temps ne réapparaisse avec son ami à son bord. Mais cela faisait maintenant des heures qu'elle l'attendait. Une nouvelle sensation effrayante s'était alors soudainement propagée en elle. Elle se sentait seule. Abandonnée sur une planète qui lui était totalement inconnue. L'adolescente avait décidé de ne pas laisser cette peur prendre le dessus. Sally savait que, s'il était arrivé quelque chose au Docteur, le TARDIS serait directement revenu vers elle. Il s'en était donc sortit. Elle gardait alors espoir, chassant ce sentiment. De nouvelles heures se sont écoulées. Puis des jours. Puis des semaines. Puis des mois. Elle se rendit à l'évidence : Le Docteur l'avait abandonné.
Sally se réveille en sursaut et se redresse dans son lit. Il lui faut quelques minutes avant de pleinement reprendre ses esprits. Elle passe une main dans sa chevelure blonde en poussant un long soupire d'exaspération. « Tout va bien ? lui demande Octavia qui semble ne pas avoir encore dormi. Ton sommeil était bien agité. ». La jeune femme lui affirme que ce n'était qu'un simple cauchemar puis sort de la tente.
Une fois à l'extérieur, elle prend une grande inspiration. L'air frais de la nuit remplissant ses poumons lui procure un certain apaisement. Soudain, un son semblable à celui d'une déflagration, se fait entendre dans le ciel. Sally lève les yeux et voit une étrange forme tomber du ciel. Au fur et à mesure que cela se rapproche, elle parvient à distinguer une sorte de capsule dont le parachute est déployé. « Bellamy, appelle Octavia dans le dos de Sally, vite ! Viens voir ! ». Le jeune homme sort de sa tente et rejoins sa petite sœur qui lui montre le vaisseau du doigt. D'autres adolescents se joignent à eux, ayant été réveillé par le bruit. Une jeune fille se réjouit que l'Arche leur ait enfin envoyé de l'aide. « La capsule est passé au-dessus de la crête, dit un jeune homme près de Bellamy. Elle a dû tomber pas loin de la rivière.
— Il faut qu'on y aille, intervient Octavia.
— Personne ne va nulle part, ordonne son frère. Pas tant qu'il fait nuit. C'est trop risqué.
— Il y a peut-être quelqu'un à bord, fait remarquer Sally en se retournant vers eux. Et, vue la vitesse à laquelle la capsule est descendu, cette personne pourrait être blessé.
— On ira demain à l'aube. » insiste-t-il avant de retourner dans sa tente. Le petit groupe qui s'était formé se disperse pour retourner se coucher.
Sachant qu'elle ne retrouvera pas le sommeil, Sally se balade dans le camp qui s'est formé autour de la navette qui a conduit les Cents sur Terre. Le campement est limité par une palissade construite avec des débris de métal et des branchages robustes. À certains endroits se trouvent les entrées de tunnels, probablement des passages secrets pour se cacher d'éventuels ennemis.
Soudain, la jeune femme remarque Bellamy qui se faufile par l'un de ces tunnels un peu plus loin. Se doutant qu'il se rend sur le lieu d'atterrissage de la capsule, elle décide de le suivre en veillant à ne pas se faire remarquer.
Ce n'est qu'au petit matin que le jeune homme arrive sur les lieux. Il ouvre l'une des portes du vaisseau puis arrache la radio en veillant à ne pas réveiller la pilote encore sonnée par le choc de l'atterrissage. Lorsqu'il se retourne, après avoir refermé la porte du vaisseau, il se retrouve face à Sally qui le toise, les bras croisés sous sa poitrine. « Je croyais qu'on ne devait partir qu'à l'aube.
— Dégage de mon chemin ! lui ordonne-t-il d'un ton menaçant.
— Donne-moi cette radio avant de faire une bêtise !
— Tu crois vraiment que le Chancelier pardonnera réellement tes crimes ?
— Et toi, tu crois sérieusement qu'on a la moindre chance de s'en sortir si l'on doit faire face aux natifs ? Nous n'avons rien pour nous défendre. On a besoin d'aide si on veut survivre. ». Pour seule réponse, elle obtient de se faire brusquement pousser, tombant en arrière. Bellamy en profite ensuite pour partir en courant. La blonde se relève puis part à sa poursuite.
Remarquant qu'il se dirige vers une rivière, elle accélère la cadence et décide de contourner par la gauche pour, une fois à son niveau, le couper dans sa course en lui sautant dessus. Dans la chute, il lâche la radio. Sally rampe pour l'attraper mais, à peine l'effleure-t-elle, que Bellamy lui attrape la jambe, tentant de l'attirer à lui. Avec son pied libre, elle lui assène un coup en plein visage. Cela ne suffit malheureusement pas à le faire lâcher. Le jeune homme se redresse, genoux plantés dans le sol, et tire sur la jambe de la jeune femme, qui se débat, pour la rapprocher de lui. Il prend une pierre au sol et, avec, frappe l'arrière de la tête de la blonde. Sonnée, elle le voit passer devant elle et ramasser la radio. Il se remet à courir en direction du courant d'eau. La jeune femme passe une main sur la plaie puis observe ses doigts ensanglantés. Pour une raison qu'elle ignore, cette vision lui rappelle son cauchemar de la veille.
Elle se revoit agoniser dans cette ruelle crasseuse de Londres, pleurant toutes les larmes qu'elle avait été obligée de retenir pendant les deux années passées au front. Intérieurement, elle hurlait, suppliait pour que quelqu'un la remarque. Ce n'est qu'après plusieurs longues heures que, finalement, une dame, plutôt âgée, s'était approchée d'elle. La vieille femme s'était péniblement penchée vers elle et avait posé une main sur son épaule en la rassurant. Grâce à elle, l'adolescente avait été transporté à l'hôpital le plus proche pour enfin être soignée. Alors qu'elle pensait son calvaire enfin terminé, qu'un nouveau départ s'offrait à elle, un autre commençait. On lui attribua un nom dont elle ne voulait pas, on l'obligea à vivre avec des gens en qui elle n'avait aucune confiance et on la força à se plier aux normes d'une société dont elle ne comprenait pas les règles. Elle prit la fuite au bout de seulement trois jours.
Difficilement, la Seigneur du Temps revient à elle. Elle se relève laborieusement en manquant de tomber à cause d'un vertige. Elle secoue légèrement la tête comme si cela allait arrêter la douleur et la sensation de balancement. Même si elle peine à reprendre totalement ses moyens, elle se remet à courir pour atteindre la rivière avant qu'il ne soit trop tard.
Arrivée sur le rivage, sans réfléchir, elle plaque Bellamy à terre. Elle se positionne au-dessus de lui et l'attrape par le col de sa veste. Elle lève son poing, prête à lui porter un coup au visage. « C'est trop tard. » crache-t-il. La blonde se redresse d'un bond et retire son manteau verdâtre, ainsi que le sweat-shirt noir qu'elle porte en-dessous, révélant un débardeur de la même couleur. Sur ses bras on distingue de nombreuses cicatrices laissées par, semble-t-il, une lame. Elle retire son petit appareil doré de la poche arrière de son jean puis jette le tout négligemment sur le sol. Elle s'avance ensuite dans l'eau pour chercher, à tâtons, la radio. « Tu te fatigues pour rien, la nouvelle. » insiste Bellamy en se relevant.
Depuis l'orée de la forêt se fait entendre la voix de Clarke qui interpelle le jeune homme en lui demandant ce qu'il a fait de la radio. Elle s'avance jusqu'à lui, Finn et la pilote de la capsule sur les talons. « Aujourd'hui ils s'apprêtent à tuer trois cents personnes sur l'Arche pour préserver l'oxygène, dit-elle dans l'espoir de lui faire réaliser la gravité de la situation. Et je te garantis que, là, il n'y aura pas de membres du Conseil. Ils feront mourir des gens qui bossent. Des gens comme ta famille.
— Bellamy, intervient Finn en le bousculant, elle est où cette radio ?
— Bellamy Blake ? s'étonne la jeune fille à la peau mate. Tu sais que tu es recherché par...
— Ça va, ferme-là !
— Raven, on le recherche pour quoi ? cherche à savoir Clarke.
— Il a tiré sur le Chancelier Jaha.
— C'est pour ça que tu as cassé les bracelets, comprend-elle alors. Tu voulais que tout le monde nous croie morts.
— Tout ce baratin : Ici on fera ce que l'on voudra, ajoute Finn, c'était juste pour sauver ta peau.
— Le Chancelier avait mérité de mourir. On le sait tous, non ? se défend-t-il.
— C'est sûr. Moi non plus je ne suis pas très fan. Mais il n'est pas mort.
— Tu es à chier comme tireur, intercède Sally en sortant de l'eau, la radio entre ses mains. Et dire, qu'en cas d'attaque des natifs, c'est sur toi que tout le monde compte pour gérer la défense du camp. ».
Elle s'avance jusqu'au petit groupe en secouant l'appareil pour en faire sortir l'eau qui s'y est engouffrée. Puis elle explique qu'il faudra plusieurs heures pour sécher les composants et que ce sera difficile de trouver des pièces pour remplacer celles hors-service. La jeune pilote propose alors de fabriquer des rétrofusées à partir de l'épave de sa capsule. Ils retournent alors sur le lieu d'atterrissage, excepté Bellamy qui, lui, rentre au camp.
Sous les indications de Raven, Sally défait les câbles d'alimentation en veillant à ne pas les abîmer. « Ça va être difficile de tout transporter à quatre, soupire Raven en voyant les matériaux s'accumuler.
— Il nous faudra du courant, intervient Sally en se redressant. Pour gagner du temps, je retourne au camp et je prépare tout ça. Quand j'y serais je demanderai à une équipe de vous rejoindre. ». Sur ses mots, elle tourne les talons et retourne, en courant, au camp.
A son arrivée, elle se positionne au-devant la navette et demande à tout le monde de s'arrêter dans ce qu'il fait. Mais une grande majorité l'ignore. D'autres, même, se moquent. « Alors, la nouvelle ? raille Bellamy en se positionnant à côté d'elle. Des difficultés à se faire entendre ?
— Ils vont m'écouter.
— J'ai hâte de voir ça. ». Sans qu'il ne s'y attende, elle lui saisit un bras et le force à le plier dans son dos. D'un coup de pied dans la jambe, elle l'oblige à se mettre à genou. Tous les regards se dirigent vers eux. « Tu vois ? fait-elle en se penchant vers le jeune homme qu'elle maintient fermement d'une seule main. J'ai toute leur attention. ». Puis elle le lâche en le poussant au sol. Tandis qu'il se relève en époussetant ses vêtements, elle s'adresse à la foule. Parlant suffisamment fort pour que tous l'entendent, elle explique la situation à bord de l'Arche et donc l'urgence d'envoyer les rétrofusées. « Alors, si vous avez envie de sauver vos proches, il est temps de vous bouger ! » conclue-t-elle. A peine cette phrase prononcée, le camp s'active. Un groupe se forme pour rejoindre les autres à la capsule.
Un autre petit groupe, mené par un jeune homme aux traits asiatiques, s'avance jusqu'à elle. Elle leur donne les directives pour préparer le camp en les pressant de travailler aussi rapidement que soigneusement. Le temps leur est compté mais ils n'ont aussi qu'une seule chance. « Attends ! fait-elle au leader du petit groupe pour l'empêcher de partir avec les autres. C'est quoi ton nom ?
— Monty.
— Ok, Monty. Je vais avoir besoin d'aide pour regrouper les batteries de la navette. ». Les deux jeunes entrent dans le vaisseau pour se mettre au travail.
À la nuit tombée, les rétrofusées sont assemblées et en position, prêtes à être lancées. Tout le camp est rassemblé autour de la zone de décollage. Raven se place derrière le panneau de contrôle puis programme le lancement des fusées. Dans un bourdonnement assourdissant, elles s'envolent dans le ciel en laissant une nuée d'étincelles violettes sur leur passage. Des cris de joies s'emparent du camp.
Les yeux rivés sur le ciel, comme tous les autres, Sally se laisse aller à l'admiration des éclats de lumière dans le ciel. Un triste sourire s'étire sur les lèvres de la jeune femme lorsqu'elle sent cette petite poussière d'innocence enfantine s'éveiller en elle. La dernière fois qu'elle avait ressenti ça, c'était lors de ses premiers jours de solitude sur Terre, alors qu'elle pensait pouvoir commencer une nouvelle vie.
Dans les rayons du magasin où elle errait, essayant de voler de la nourriture le plus discrètement possible, résonnait The Ballad of Sally Rose (2). C'était la première fois de sa vie qu'elle entendait une chanson dont les paroles faisaient écho à ce qu'elle pouvait ressentir. « Sally Rose. » s'était-elle chuchotée. Voilà un nom qu'elle voulait bien porter. Elle faisait ainsi une croix douloureuse sur celle qu'elle fut et une autre, plus facile, sur ce que l'humanité voulait qu'elle soit, et décidait de mener sa vie comme bon lui semblait. Si seulement elle avait su qu'elle ne tiendrait cette volonté que quelques semaines avant de regretter son ancienne vie. Celle d'avant La Guerre.
Cette fois-ci c'est un petit rire ironique qui fuit de ses lèvres, ce qui n'échappe pas à Bellamy qui se trouve juste à côté d'elle. « Sans rancune ? demande-t-elle sans pour autant quitter le ciel des yeux.
— Tu te défends plutôt bien, répond-il en la rejoignant dans sa contemplation.
— Et je suis aussi une excellente tireuse. ». Cette remarque parvient à arracher un léger rire au jeune homme. Sentant la fatigue peser sur ses paupières, elle décide de retourner se coucher.
Mais, à peine fait-elle un pas, qu'il lui attrape le bras. N'ayant vu sa sœur depuis qu'il est revenu au camp, il lui demande alors si elle ne l'a pas croisé. Voyant l'inquiétude dans son regard, elle lui propose de l'aider à fouiller le camp. Elle s'occupe des tentes tandis que lui va voir dans la navette et les alentours du camp. Après un bon moment à crapahuter dans tout le camp et à interroger les autres, ils en viennent à la conclusion qu'elle a disparu dans la nature.