Prends garde

Chapitre 18

6547 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a plus de 8 ans

L’hôtel dans le comté était plus petit que ce qu’avait imaginé Stiles. Il restait quelques chambres ; Derek avait opté pour la plus grande avec balcon, une télévision qui ne crépitait pas et un grand lit où Stiles voulait se jeter pour dormir comme une masse. Il ne supportait pas les grandes distances et surtout, conduire la voiture de l’Alpha tandis que ce dernier n’arrêtait pas de le regarder en biais ou de lui effleurer le bras était quelque chose d’inédit. L’adolescent n’avait pas classé cela dans les sujets ou comportements propres à la « niaiserie », mais plutôt « comportement absolument pas loyal pour déconcentrer le conducteur d’une voiture qui n’était même pas la sienne ». Ils n’avaient pas beaucoup parlé durant le trajet depuis l’aire d’autoroute. Stiles s’était abstenu de poser des questions sur le sujet « louveteau » ou « mère étrange de Derek ». Derek était resté tout aussi silencieux, observant la route défiler devant ses yeux, le coude sur la portière tandis que son autre main avait cherché constamment le contact de l’adolescent.

Stiles avait de plus en plus l’impression qu’ils formaient ce genre de couple où l’un était affectueux et l’autre froid comme de la glace. L’adolescent ne se crispait plus au contact du loup-garou, mais n’en était pas devenu démonstratif pour autant. Il acceptait les caresses, les baisers et les étreintes de l’Alpha tout en étant un peu hésitant quand il s’agissait de faire le premier pas. Le loup ne semblait pas s’en plaindre. Pourtant, l’hyperactif ne pouvait pas s’empêcher de se demander si cela n’était pas qu’une façade et que Derek allait tôt ou tard lui reprocher d’être aussi distant malgré le fait qu’ils essayassent de faire des concessions.

Et lui, jaloux ? Vraiment ? Jaloux d’une pauvre employée coincée dans un miteux restaurant dans une route désertique aux cheveux absolument pas naturels tout comme son sourire ? Non, Stiles n’avait pas été jaloux. Du moins, il n’avait pas apprécié que Derek regarde cette jeune fille de cette façon ou bien le fait qu’il l’eût souri de cette manière. C’était tout. Bien sûr, cela aurait pu simplement être de la politesse ou du « flirt » tout gentillet et Stiles se garderait bien d’imaginer des tas de choses quand le loup n’était pas avec lui. Derek était amoureux de lui, alors, pourquoi s’imaginer une seule seconde qu’à la moindre ouverture, il allait montrer ses crocs à quelqu’un d’autre ? C’était absurde, complètement absurde.

Il était jaloux. Complètement meurtri de jalousie. Il n’avait pas voulu relancer le sujet dans la voiture ; néanmoins, il avait bien l’intention de mettre les choses au point avant qu’ils aillent dormir ou avant de faire autre chose qui demandait une absence de distance entre leur corps respectif.

Derek était possessif certes, mais à sa manière. Rien à voir avec la jalousie. Et Stiles n’avait pas trop envie de tester la différence entre « possession excessive » et « jalousie maladive » de l’Alpha. Cela lui rappelait cette fois dans la douche où il n’avait pas supporté que l’adolescent eût l’odeur d’Isaac sur le corps. Peut-être que les loups-garou avaient une autre manière d’exprimer ou de ressentir de la jalousie ? Scott s’était jeté sur Jackson quand ce dernier s’était trop approché d’Allison dans les vestiaires et avait même voulu le tuer.

De qui Derek pouvait-il être jaloux en fin de compte ? Stiles n’avait pas vraiment de succès auprès des filles ni auprès des autres garçons. Et s’il y avait des ouvertures, l’adolescent était persuadé qu’il ne s’en rendait même pas compte. Il n’avait de toute façon besoin de personne d’autre. Derek était parfois maladroit dans sa façon de réagir ou d’exprimer ce qu’il ressentait ; Stiles le lui concédait volontiers. Il n’était pas doué non plus. Pourtant, Stiles voulait y croire. Il voulait croire que cela pouvait marcher avec eux. Derek était amoureux de lui et Stiles ? Oui, il était tout aussi amoureux, mais peut-être moins démonstratif. Pourquoi était-ce toujours aussi compliqué entre eux ? Parce que Derek était un loup-garou et que l’affaire de la morsure venait constamment hanter l’adolescent quand ce dernier se regardait dans un miroir ? Parce que le fils du Shérif était par moment insupportable et que le loup perdait son calme ? Ne pouvaient-ils pas juste… passer du temps ensemble comme un couple « normal » dans une chambre d’hôtel d’un patelin perdu pendant une nuit de pleine lune ?

Stiles se laissa tomber la tête la première dans les draps propres et frais du grand lit de la chambre. Son visage enfoui dans le coussin, les jambes pendantes dans le vide sur le côté, il entendit les pas du loup-garou s’éloigner vers la salle de bain. Sans bouger le reste de son corps, l’adolescent sortit son téléphone de son pantalon et le lança sur la table de nuit à côté de lui. Le téléphone atterrit sur le bord du meuble avant de glisser et de tomber lourdement sur le sol. L’appareil rebondit deux ou trois fois dans un bruit métallique avant de disparaître sous le lit dans la grande indifférence de son propriétaire qui ne souhaitait qu’une chose : dormir et ne plus penser à rien.

La chambre était spacieuse, comportant une table ronde dans un coin avec trois chaises en bois, des commodes où Derek avait posé une sacoche contenant les papiers de la vente, une grande baie vitrée donnant sur un balcon avec vue sur la chaussée, une télévision fonctionnelle — Stiles avait envie de faire le tour des chaînes, mais son étude sur les « morsures de coussins dans un tout autre état que la Californie » était bien plus intéressante — une grande salle de bain comportant une douche et un minibar. Dans les escaliers, tandis qu’ils se dirigeaient vers leur chambre, Derek avait déjà prévenu l’adolescent sur les boissons alcoolisées. Ce n’était pas parce qu’ils étaient ensemble, loin de Beacon Hills et qu’il était tout à fait certain que personne ne remarquerait que Stiles avait consommé de l’alcool, que le loup-garou approuvait ce genre de comportement. Surtout pour quelqu’un de moins de vingt et un ans. Captieux, Stiles avait répliqué qu’il avait déjà consommé de l’alcool et que c’était d’ailleurs à ce moment-là, qu’il eût appris que Scott — du moins les loups-garou — était immunisé contre ses effets et ne pouvait pas être ivre. Derek avait levé les yeux au ciel et avait fait la grimace. Avant de clôturer le sujet, Stiles avait reparti que durant la fête d’anniversaire de Lydia, cette dernière avait ajouté de l’aconit-tue-loup dans le punch légèrement alcoolisé. Scott s’était senti mal comme s’il avait bu beaucoup trop d’alcool. L’Alpha n’avait pas répondu, se contentant d’un sourire crispé. Il n’avait pas envie de donner de mauvaises idées à l’hyperactif en ce qui concernait de possibles jeux à boire avec le loup-garou.

Pour l’heure, Derek avait besoin d’une douche rafraîchissante et d’une bonne nuit de sommeil. Il ouvrit le robinet d’eau chaude pour vérifier son bon fonctionnement avant de retirer son polo et de le déposer sur le rebord de l’évier. De là où il se trouvait, il pouvait apercevoir le bout de chaussure gauche de son petit-ami et un bras ballant. Il aurait pu lui faire une remarque sur le fait qu’il portât toujours sur chaussures alors qu’il était déjà allongé de tout son long dans le lit, mais s’abstint de tout commentaire, se contentant de soupirer en levant les yeux au ciel. Stiles était épuisé et il n’avait sans doute aucune envie que le loup le réprimande pour si peu.

L’adolescent extirpa la tête du coussin, se mit en appui sur les coudes jetant un oeil en direction du loup-garou comme si ce dernier avait pensé tout haut. Derek lui sourit avant de s’engouffrer dans la cabine de douche. Stiles bailla à s’en décrocher la mâchoire avant de retirer ses chaussures d’un mouvement de jambe plutôt grossier. Il ne nouait jamais parfaitement ses lacets ce qui pouvait l’aider à retirer ses chaussures de cette manière, les envoyant valser dans la pièce, une sous la table ronde et une près du minibar. Néanmoins, cette très mauvaise habitude lui avait valu plus d’une chute lors des entraînements de lacrosse. Sans compter le nombre de fois où Scott avait posé son pied sur les lacets, l’empêchant d’avancer avant de se retirer en émettant un « pardon » de plus en plus irrité. Dans les vestiaires, Scott vérifiait les lacets de son meilleur ami, les lui serrant s’il le fallait. À la fin des entraînements, Stiles se battait systématiquement avec ses chaussures pour les enlever; les noeuds d’un jeune Beta étaient terriblement tenaces. L’hyperactif ne pouvait pas lui en vouloir de l’aider; cependant, Scott y mettait parfois un peu trop de bon coeur.

Scott.

L’eau de la douche se mit à couler; Stiles s’assit au bord du lit avant de passer une main tremblante dans ses cheveux. Son meilleur ami ne l’avait toujours pas appelé malgré quatre messages envoyés depuis leur départ de l’aire d’autoroute. Il devait être en train de travail d’arrache-pied pour se contrôler et surtout, pour surveiller Isaac. Et si cela avait vraiment tourné mal ? Et si ces deux camarades de classe étaient en train de semer la terreur dans la petite ville ? Stiles n’aimait pas du tout cette perspective. Derek était un Alpha, toutefois, il était loin de Beacon Hills. Était-il capable de ressentir les émotions d’Isaac d’aussi loin ? Peter pouvait-il intervenir ou laisserait-il les deux louveteaux s’entretuer ? Bon sang, Stiles n’aurait jamais dû laisser son meilleur ami tout seul durant une pleine lune. Non. Il n’aurait tout simplement pas dû laisser son père seul, affaibli, dans un hôpital pendant que des créatures surnaturelles à crocs étaient actuellement en plein « très mauvais trip ». Pourquoi était-il parti déjà ? Pour passer du temps avec Derek ? Pour tenter d’améliorer leur relation un peu bancale ? Il éprouvait des sentiments pour le loup-garou; il ne pouvait plus se le cacher. Pourtant, il avait l’impression que quelque chose n’irait jamais entre eux. Un loup-garou — un Alpha — pouvait-il vraiment vivre « sereinement » avec un humain sans le mordre ? Quoique, Stiles avait déjà été mordu, mais cela n’avait pas fonctionné. Tout ce qu’il avait gagné était d’horribles marques sur le cou et rien d’autre. Il aurait peut-être dû tout expliquer à Scott. Il aurait peut-être dû le mettre dans la confidence avant que cela ne parte dans tous les sens. Scott avait beau avoir pas mal de mauvaises idées ou de plans foireux — quel plan avait fonctionné parfaitement ? Stiles n’était même pas certain qu’un des siens avait eu l’effet escompté — question sentiment, il s’y connaissait en situations désastreuses et désespérées.

Stiles devait le mettre au courant, coûte que coûte. Peut-être qu’un avis même pas avisé pouvait l’aider à mieux comprendre ce qu’il se passait. Et lui avouer par la même occasion sa tentation absurde et ratée de pourrir l’existence d’Isaac juste parce que ce dernier aimait bien se moquer de lui.

C’était cela. Définitivement et absolument ce qu’il devait faire maintenant, pendant que Derek prenait sa douche. Il pourrait aller le rejoindre et profiter d’un moment ave lui à le prendre dans ses bras et à l’embrasser même si cela ravivait des souvenirs à la fois passionnés et effrayants. Encore une fois, cette douche qu’il avait été forcé à prendre parce qu’il avait l’odeur d’Isaac sur lui était que trop bien ancrée dans sa mémoire. Cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille pour la jalousie du loup-garou. Stiles n’avait pas l’habitude que quelqu’un soit aussi possessif envers lui, de toute façon. Ou bien aussi affectueux. Et il n’était pas certain de l’être un jour, du moins, de manière aussi démonstrative que l’Alpha. C’était peut-être mieux comme cela. Peut-être était-ce comme cela, en fin de compte, que cela fonctionnera entre eux.

Stiles ramassa son téléphone, composa le numéro de son meilleur ami avant de marcher doucement vers le balcon. Il porta l’appareil à son oreille gauche avant de refermer la baie vitrée derrière lui, conscient que cette épaisseur de verre n’arrêterait pas les oreilles d’un loup-garou. Et certainement pas celle d’un Alpha. Même si cela ne le dérangera pas vraiment qu’il écoutât la conversation avec Scott McCall, Stiles avait besoin d’un semblant de tranquillité. Juste un tout petit peu.

Cela sonna. Une fois. Deux fois. Stiles ferma les yeux, attendant avec une pointe d’agacement que le message vocal automatiquement de Scott retentisse dans l’oreille. À la quatrième sonnerie, Scott décrocha. Le coeur de l’hyperactif fit un bond dans sa poitrine, oubliant presque qu’il était à deux doigts de jurer de mécontentement contre son meilleur ami.

Scott avait la voix endormie comme si le coup de téléphone de Stiles venait de le tirer du sommeil du juste.

« Stiles ? murmura le loup-garou de l’autre côté du fil. Qu’est ce qu’il se passe ? »

Le principal intéressé ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit. Où était passée sa bonne résolution de tout dire à son meilleur ami devant un hamburger ? Où était passée sa décision irrévocable de tout lui avouer au téléphone pendant que Derek prenait tranquillement sa douche ?

« Je voulais juste savoir comment cela se passait. Si tout allait bien avec Isaac. Tu sais, la pleine lune bredouilla Stiles. »

Il entendit Scott bâiller très bruyamment avant de répliquer de sa voix partiellement endormie :

« Isaac ronfle à côté. Je l’entends d’ici. Il s’était plaint de ma mère, mais lui…c’est pire. Et je vais bien. Ne t’inquiète pas, Stiles. Je crois que les pleines lunes ne sont pas toujours très efficaces ou comment on dit déjà ? Le truc qui fait qu’on fait n’importe quoi ?

— Elle n’a pas autant d’influence sur toi, c’est cela ? répondit doucement Stiles en levant mécaniquement la tête au ciel.

— Oui, un truc comme ça. Ou alors c’est parce qu’Isaac est avec moi. Ou je ne sais pas [il bâilla derechef de bon coeur] et je m’en fous. »

Stiles ne put s’empêcher de glousser et de sourire au propos de son meilleur ami. Soulagé, mais pas autant qu’il l’aurait voulu, l’adolescent enchaîna :

« Désolé de t’avoir réveillé, boule de poil.

— Et Derek ? Comment ça se présente ? voulut savoir Scott en se mettant assis sur le bord de son lit avant de se frotter les yeux du bout des doigts. »

Stiles se pinça les lèvres, cherchant un point au loin à fixer tandis que la douche s’arrêta de fonctionner derrière son dos.

« Il me supporte. Je le supporte. Donc ça va, murmura l’hyperactif. Je ne sais pas à quoi il pense. Ses yeux rouges me fichent les jetons. Il a des crocs et des griffes encore plus acérés que les tiens — je crois que je me suis fait aux tiens, mais ceux de Derek font vraiment froid dans le dos. Et il est très souvent de mauvaise humeur.

— Il n’est pas de mauvaise humeur, coupa Scott, catégorique. »

Sceptique, Stiles plissa le front, jetant un regard en direction de son téléphone portable comme s’il s’attendait à ce que son meilleur ami en sorte pour continuer cette discussion étrange.

« Si, il est de mauvaise humeur, insista Stiles même s’il n’y croyait absolument pas. On dirait que tout le contrarie. »

Scott poussa un long soupir d’agacement au bout d’un fil avant de préciser très calmement :

« Je sens souvent son odeur sur toi. Et cette odeur ne reflète pas une mauvaise humeur. Et Isaac est d’accord avec moi.

— D’accord, messieurs les lycanthropes conspirateurs à longues oreilles poilues, lança Stiles dont le coeur battait à cent à l’heure, les mains moites et tremblantes. Si cette « odeur » ne reflète pas une mauvaise humeur, qu’est ce que c’est ? Et ne me sors pas le truc de la colère et de je-ne-sais-plus-quoi.

— Ah colère et soumission ? Non, j’étais à côté de la plaque. Et Isaac s’est fichu de moi. Il en a même eu un fou rire. S’il avait été asthmatique, il en aurait eu certainement une crise.

— Pourquoi tu me parles d’Isaac ?

— Parce qu’il a compris que Derek était simplement jaloux et possessif. C’est comme s’il était en colère contre toi, mais qu’en même temps, il n’arrivait pas à t’en vouloir. Comme s’il n’avait pas la permission de t’en vouloir. Ou qu’il se sentait fautif. C’est assez bizarre. »

Derek ouvrit la baie vitrée, observa le dos de Stiles et sa main droite qui allait de son front à ses cheveux dans un mouvement nerveux avant d’enlacer la taille de l’adolescent. Ce dernier réprima un cri de stupeur avant de taper dans un geste faussement énervé les mains de Derek jointes au niveau de son ventre.

« C’est peut-être idiot, Stiles. Je sais que cela paraît totalement débile comme théorie, enchaîna Scott. Mais il est possible — et j’insiste bien sur le terme « possible » — qu’en fait, Derek Hale…comment te dire cela sans que tu veuilles m’étrangler avec des écharpes…

— Pourquoi voudrais-tu que je t’étrangle avec des écharpes ?!

— Derek est amoureux de toi. Je sais, c’est totalement con et même Isaac trouve ça totalement absurde. »

Stiles ne sut pas exactement pourquoi la façon de dire de Scott sur les sentiments de Derek lui parut terriblement insultante. C’était comme si Scott et Isaac n’y croyaient pas ou ne croyaient tout simplement pas cela possible. Stiles avait certes eu du mal à accepter que Derek Hale fût amoureux de lui — pourquoi spécialement lui, un adolescent insupportable et pas quelqu’un de son âge ? — Tout comme il avait eu du mal à accepter et à avouer ses propres sentiments envers le loup-garou, mais Scott venait sans le vouloir ébranler le peu de confiance que Stiles avait pour ses propres sentiments et surtout, pour les sentiments de l’Alpha.

Et si Scott et Isaac avaient raison sur le fait que c’était absurde qu’ils fussent ensemble aussi longtemps ? Non. Ils soupçonnaient juste que Derek fût amoureux de Stiles, pas qu’ils fussent un couple. Et alors ? Était-ce vraiment si incroyable, impensable, impossible, que Derek fût amoureux du fils du Shérif ?

De son côté, Derek sentait monter l’énervement et l’agacement chez Stiles. Il l’embrassa doucement sur le sommet du crâne avant de lui caresser l’avant-bras. Il avait bien évidemment entendu la majeure partie de la conversation téléphonique. Il était surpris que cela eût mis autant de temps aux jeunes loups-garou pour se douter de quelque chose. Bon sang, qu’est ce qu’il allait bien pouvoir faire de ces deux-là ? Les empailler pour Stiles ? Peut-être dans un des rêves les plus fous et absurdes de ce dernier.

« Pourquoi cela t’étonne autant ? Pourquoi tu as l’air de trouver ça irréaliste ? Lança Stiles en se forçant de garder son calme. Tu peux me dire pourquoi toi et monsieur-j-emmerde-mon-monde-et-surtout-Stiles, vous pensez que c’est impossible que Derek soit amoureux de moi ?

— Stiles, tenta doucement Scott. Je n’ai pas dit que c’était impossible. Je dis seulement que c’est une théorie. Une théorie stupide peut-être, mais une théorie.

— Tout comme c’est possible en théorie que tu te tapes Isaac pendant que je fais une petite promenade de santé dans le Nevada avec un loup-garou acariâtre ? »

Derek fit faire volte-face à Stiles, lui prit doucement le visage entre ses mains, mais l’adolescent s’écarta un peu plus brusquement qu’il l’aurait voulu, le téléphone toujours collé à l’oreille :

« Me taper Isaac ? répéta Scott interloqué. De quoi tu parles, Stiles ?

— En théorie, c’est possible, non ?

— Je suis avec Allison, Stiles.

— Et qu’est ce que ça change ? Tu peux très bien avoir deux relations en même temps.

— Mais ça va pas bien, Stiles ! »

Derek grogna, s’empara du téléphone de l’adolescent dans un geste vif tandis que ce denier le regarda avec des yeux écarquillés :

« Scott, je m’occupe de Stiles. »

Il raccrocha avant même que Scott eut le temps de répondre quoique ce soit, balança le portable derrière lui qui atterrit sur le lit à quelques centimètres d’un des coussins. Stiles dévisagea le loup-garou, bouche-bée.

« Je peux savoir ce qui te prend et de quoi tu te mêles par la même occasion ? voulut savoir le fils du Shérif en écartant les bras dans un geste théâtral.

— À toi de me le dire, répliqua froidement Derek.

— Je discutais tranquillement avec Scott. Ça ne se voyait pas ? répondit l’adolescent en essayant d’entrer dans la chambre en contournant l’Alpha, mais ce dernier lui barra le chemin.

— Tu croyais vraiment qu’il ne serait pas étonné de comprendre que je suis amoureux de toi ? »

Stiles lança un regard noir au loup-garou avant de répliquer tout aussi sèchement :

« Scott est un abruti. Comme ton Beta d’ailleurs.

— Écoute, ce n’est pas parce qu’ils ne pensent pas que cela soit possible entre nous ou que mes sentiments semblent si peu probables que je ne t’aime pas, Stiles. Tu comprends ? Quand Scott sera devant le fait accompli, il devra s’y faire. Et même s’il ne s’y fait pas, cela ne change rien à ce que je ressens pour toi.

— Navré, mais on n’est pas dans un conte de fées ou dans un film intitulé : « mon petit ami est un loup-garou sanguinaire ». Scott ne s’est pas dit : « Derek est amoureux de Stiles. Très bien, c’est cool. » Mais plutôt un truc du genre « Derek ? Amoureux de Stiles ? N’importe quoi ! » Et c’est ça qui m’emmerde. »

Contre toute attente, Derek éclata de rire tandis que Stiles adopta un air renfrogné, plus boudeur que jamais.

« Je cache peut-être bien mon jeu, fit l’Alpha avec un sourire. »

Stiles laissa échapper un long soupir de fatigue mêlé à de l’agacement. Étrangler Scott, avec des écharpes ? C’était peut-être une idée. Il ne savait même plus pourquoi il se sentait si en colère contre son meilleur ami. Après tout, si jamais Scott lui avouait qu’il sortait en fait avec Peter Hale, Stiles crierait sur tous les toits que son meilleur ami avait été envouté ou qu’il avait perdu la raison. Peut-être que Scott n’était pas encore prêt à digérer l’information ? Ou alors, considérait il que Derek était trop bien pour l’adolescent ?

« Je ne comprends pas pourquoi il avait l’air si peu certain que tu sois amoureux de moi, murmura Stiles, les yeux légèrement humides, les lèvres tremblantes.

— Stiles, te souviens-tu de la manière dont Scott avait tenté de déceler l’autre loup-garou — enfin, Isaac — en plein match de lacrosse ?

— C’était mon idée. À la base.

— Et elle était mauvaise et inefficace. Donc, pourquoi te soucies-tu de ce qu’il a pu comprendre rien qu’en sentant mon odeur sur toi ? Autant Isaac que Scott, ils ne sont pas sûrs de ce qu’ils ont compris parce qu’ils leur manquent des éléments c’est tout. Et qu’ils ne veulent pas te faire croire des choses avant d’être certain, peut-être. Imagine, juste une seconde, que nous ne sommes pas ensemble. Que nous avons jamais été ensemble. Que Scott repère mes sentiments de cette manière. Il t’en parle, mais il est pas certain. Toi, tu attends que cela et tu viens me voir. Mais Scott a mal compris et en fait, je ne t’aime pas. Scott t’aurait brisé le coeur indirectement, tu comprends ?

—….Tu es aussi tordu que moi par moment, soupira Stiles en levant les yeux au ciel. »

Derek lui décrocha un sourire franc avant de l’attirer contre lui et de l’embrasser tout près du nez.

« Qui se ressemble, s’assemble comme on dit.

— Ah non, pitié, lança Stiles faussement outré. Hors de question que je devienne aussi acariâtre que toi. »

L’adolescent prit le loup contre lui, posa le menton sur son épaule avant de lâcher d’une petite voix :

« Je ne sais plus si c’est une bonne idée de tout raconter à Scott, maintenant. Je suis persuadé qu’il me croirait nettement plus si je lui disais que je sortais avec Deaton ou ton oncle.

— Si tu en as vraiment envie, raconte-lui, fit doucement le loup en lui caressant le dos de haut en bas. »

Stiles fit la grimace avant de serrer un peu plus le loup contre lui.

« Ou alors on se roule une pelle juste devant lui, lança l’adolescent. [Derek grogna légèrement irrité] Quoi ? Une image vaut mieux qu’un long discours non ? »

Comme toute réponse, Derek colla le front contre celui de l’adolescent, leur souffle chaud se mélangeant.

« Je sais que j’ai dit que tant que mon père est hospitalisé, on essayait, murmura Stiles. Mais ça me travaille. Ça m’obsède. J’ai besoin d’en parler à Scott. Même s’il va écarquiller les yeux, être bouche bée, bégayer pendant cinq minutes ou peut-être simplement soupirer en me demandant pourquoi je lui ai rien dit. Je sais que…je sais qu’avant j’avais peur que les autres l’apprennent. Mais là, j’ai vraiment besoin de le dire à mon abruti de meilleur ami. »

Derek frotta doucement son nez contre celui de Stiles avant de chuchoter :

« Scott maitrise au moins une chose dans l’art de la lycanthpopie : déceler les mensonges.

— Bon, mon « un quart » abruti de meilleur ami. » »

Derek gloussa doucement avant d’embrasser l’adolescent. Ce dernier leva l’index avant de s’écarter doucement :

« C’est moi ou tu viens de complimenter Scott, en fait ? »

Le loup-garou secoua légèrement la tête de gauche à droite avant de lever les yeux au ciel. Il donna un coup de langue sur le nez de l’hyperactif qui ferma les yeux au contact avant de se frotter le visage du revers de la main.

« Scott est maladroit, un peu naïf, mais pas idiot, déclara l’Alpha. Il faut juste retirer Allison de son champs de vision.

— Ah….je me disais aussi, fit Stiles en croisant les bras. »

Sans daigner le prévenir, Derek souleva Stiles du sol et le renversa sur le lit. L’adolescent avait à peine le temps de comprendre ce qui venait de se passer que le loup-garou, au-dessus de lui, vint l’embrasser fougueusement, lui lâcha les lèvres puis le cou. Stiles passa la main dans les cheveux de l’Alpha tandis que ce dernier se mit à mordiller la peau pâle du cou de l’hyperactif. Ce dernier donna par inadvertance un coup de genou dans le ventre du lycanthrope avant de s’excuser plusieurs fois d’une voix haletante. Le loup brisa leur étreinte pour retirer les vêtements de l’adolescent comme s’ils étaient en feu, en fit de même avec les siens. Les jambes de l’hyperactif lui entourèrent la taille tandis que les bras lui enlacèrent le cou avant de glisser le long du dos.

L’Alpha lécha à nouveau le cou puis le menton de son petit ami avant de le mordre lui arrachant un gémissement. Stiles bascula la tête en arrière, s’offrant un peu plus au loup-garou si troublant.

Stiles était conscient qu’il rompit totalement avec la promesse qu’il s’était faite à lui-même au sujet de ce genre de câlin et de l’état de santé de son père. Il n’arrivait plus à penser ou à simplement réfléchir tandis que Derek le caressait si tendrement et férocement à la fois sur toute la surface de son corps. L’adolescent tenta de le repousser doucement, mais le loup brisa le dernier rempart entre eux. Derek l’embrassa avec fougue tandis que Stiles perdit le peu de contrôle qu’il lui restait, laissant échapper des gémissements sous les lèvres du loup-garou. Ce n’était pas la même chose qu’au motel. Il y avait quelque chose en plus. Peut-être juste le désir de l’adolescent pour l’Alpha dont les mouvements étaient devenus de plus en plus erratiques. Stiles mordit la lèvre inférieure du loup-garou avant de s’écarter de son visage. Il lui étreignit le cou le plus fort qu’il le pouvait, laissant ses halètements résonner dans la pièce.

 

« Bordel, Derek…,s’écria Stiles avant de plaquer la main sur sa bouche. »

Le loup-garou lui mordilla l’oreille, retira cette main qui l’empêchait d’embrasser Stiles. Au point du non-retour, Derek abandonna les lèvres de son vis à vis pour lui mordre l’épaule. Le coeur battant à tout rompre, l’adolescent réfréna un cri de douleur quand les crocs du loup-garou s’enfoncèrent dans sa chair.

Le loup tomba lourdement sur la poitrine de l’adolescent tandis que ce denier lui enlaça le cou, la respiration haletante. Il fixa le plafond au-dessus d’eux avant de lancer d’une voix exténuée :

« J’avais pourtant dit….je ne sais plus ce que j’ai dit.. »

Haletant, le loup l’embrassa doucement sur les lèvres avant de murmurer :

« Bordel, Derek ? » 

Stiles ne répondit pas, se contentant de sourire et de lui tapoter gentiment le dos. Il lui accordait ce câlin. Cette fois-ci. Juste cette fois-ci.

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