Prends garde

Chapitre 2

3283 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a plus de 10 ans

À bien des égards, Stiles était quelqu’un de difficile à cerner. Ses angoisses le maintenaient à un niveau de vigilance assez élevé ce qui permettait à son cerveau d’analyser chaque possibilité, chaque solution, chaque issue possible d’un problème ou d’une situation. De par une solution donnée, comprendre et deviner les enjeux qui permettront d’atteindre cette même solution. Il n’avait pas eu besoin de peser le pour et le contre dans cette histoire de « vengeance » vis-à-vis d’Isaac. Il savait au plus profond de ses entrailles que c’était une nécessité. Cela faisait bien trop longtemps que l’orphelin de la meute était persuadé qu’il pouvait faire ce qu’il voulait du fils du Shérif vu qu’il n’était rien d’autre qu’un humain. S’approcher de Scott, c’était risqué de recevoir un coup de griffe bien placé. Lydia était protégée par l’arc d’Allison que cette dernière pouvait sortir au moindre problème.

Stiles était une proie facile. Les récents événements l’avaient fragilisé, le faisant sursauter au moindre bruit, ou trembler à la moindre créature non identifiée qui paraissait un tant soit peu agressive.

Mais Derek était là. L’adolescent ne le voyait pas comme un chevalier sur un destrier blanc ; mais plutôt comme un soutien, un point d’appui quand ses émotions l’emportaient ou quand son esprit perdait totalement pied. Le fait qu’ils eussent une relation était le dernier échafaudage de la forteresse intérieure que se construisait l’hyperactif. Peut-être que Derek ne comprenait pas l’importance de tout cela. Néanmoins, Stiles pouvait être sûr des sentiments qu’avait le loup à son égard.

C’était lui qui était venu vers Stiles, pas trop sûr de lui. Stiles avait trouvé cette expression d’embarras qu’avait affichée Derek Hale totalement adorable. Ils s’étaient embrassés tout aussi maladroitement. Étrangement, le baiser n’avait pas transcendé l’hyperactif comme il l’aurait imaginé. Le simple fait d’être entouré des bras de Derek le contentait comme marque d’affection. Si l’on pouvait déjà parler « de marques d’affection ». Stiles avait demandé à avoir un message au matin et un autre au soir. Quelque chose pour le mettre de bonne humeur avant de partir à l’école et une autre avant se coucher. Derek avait suivi cette instruction à la lettre, n’attendant pas forcément une réponse de l’adolescent à ses messages. Pour le moment, ils ne se voyaient qu’en coup de vent : un peu chez Stiles, un peu dans le loft de Derek. L’adolescent n’avait rien dit à son meilleur ami. Il ne savait pas comment gérer sa « possible » crise de loup-garou outré. Sortir avec ce lycanthrope déprimant et sans conviction, quelle idée ! Pour le moment, l’adolescent essayait de trouver un semblant d’équilibre dans leur relation. L’officialisation viendra plus tard.

Ou bien avec la vengeance de Stiles.

Derek était assis à la table de la cuisine, tapotant du doigt de manière désintéressée. Il écoutait son petit-ami lui expliquer dans les grandes lignes ce qui le mettait hors de lui et ce pour quoi ils devaient absolument parler. Stiles avait l’air de trouver que le comportement d’Isaac méritait carrément la pendaison alors que l’Alpha n’y trouvait qu’une simple plaisanterie sans grand intérêt. Bien évidemment, c’était son avis en tant que chef de meute. En tant que petit-ami, il aurait sans doute déjà envoyé Isaac valser contre les casiers du vestiaire de l’équipe de Crosse. Il ne savait pas comment expliquer à Stiles qu’il ne pouvait rien faire pour lui. Du moins, dans le sens où il le voudrait. Isaac était un idiot, pourtant, sa position en tant que Beta rendait toute condamnation absurde impossible. Il aurait dû mordre ou griffer ou blesser un tant soit peu Stiles pour que l’Alpha intervienne. Pour l’heure, c’était loin d’être le cas. Et heureusement d’ailleurs.

Le problème étant que Stiles ne semblait pas en démordre, déballant toute sa rancœur en secouant presque les bras d’énervement comme une véritable poule. Il voulait se venger d’Isaac. Lui faire comprendre que s’attaquer au pauvre Stiles n’était absolument pas drôle. Il restait la possibilité de lui mettre un bon poing dans la figure, comme le ferait n’importe quel adolescent de son âge. Le souci était que non seulement son cher et tendre hyperactif risquait de se briser deux ou trois phalanges, mais qu’en plus, l’orphelin loup-garou n’aurait absolument rien et, au contraire, le ferait éclater d’un rire froid.

Demander à Scott ? Non. Stiles ne le voulait pas. C’était son problème et pas le sien. Et pas celui de Derek non plus dans un certain sens.

Une chose était cependant sûre et sans aucune équivoque : l’odeur d’Isaac sur le corps de Stiles irritait au plus haut point l’Alpha. Plus les minutes passaient, et tandis que l’adolescent était presque dans l’idée de pendre Isaac par les griffes, les doigts du loup-garou s’activaient plus rapidement à mesure que ses narines lui amenaient ce parfum « délictueux ».

Demander à l’adolescent de prendre une douche tandis que ce dernier élaborait une sorte de plan était mission impossible. Premièrement, il ne comprendrait pas. Deuxièmement, il ne comprendrait certainement pas. Troisièmement, oh que non, il ne comprendrait sûrement pas.

Et donner de l’eau au moulin sur le fait qu’Isaac exagérait en pointant du doigt cette odeur désagréable n’était pas une bonne idée en soi.

Derek pourrait amener son cher et tendre à se laver en proposant un jeu amoureux sauf que Stiles ne semblait pas encore prêt à tout ce qui était « trop physique » pour lui. Du moins, se retrouver nu avec le loup-garou n’était pas encore dans ses cordes. Cela ne faisait que cinq jours qu’ils étaient ensemble — même si Derek le reconnaissait, ils auraient pu déjà avoir fait quelque chose de plus « physique ».

Il avait essayé quand ils étaient dans son loft. Il l’avait pris dans ses bras, l’avait embrassé dans le cou à plusieurs reprises avant de laisser ses mains s’aventurer nettement plus bas. Stiles avait émis un hoquet de surprise avant d’écraser le pied du loup-garou et de se dégager. Le loup-garou avait cligné des yeux, perplexe avant de lever une main en signe de mea culpa. L’adolescent l’avait désigné d’un doigt accusateur en déclarant que pour le moment, Derek devait s’en tenir aux câlins, les baisers ainsi que ceux dans le cou et c’était amplement suffisant. Toutefois, jusqu’à ce que Stiles en décide autrement ou fasse le premier pas.

Peut-être avait-il peur que, dans un élan de passion, le loup-garou ne sache plus se contrôler et le morde subitement, faisant de lui un de ses Betas ? Derek ne pouvait pas lui reprocher d’avoir peur que cela arrive. Après tout, un accident était vite arrivé. Cependant, ne pas lui faire confiance au sujet d’y faire attention était un tout autre problème.

Pour l’heure, il avait autre chose à gérer. Stiles partait vraiment dans tous les sens. Bientôt, il déclarera qu’Isaac essayait de l’assassiner pour prendre sa place auprès de Scott. Pourquoi cela, Derek n’en savait strictement rien.

Le loup-garou se frotta les yeux des bouts des doigts avant de couper net son vis-à-vis :

« Stiles, tu ne crois pas en faire toute une montagne pour pas grand-chose ? »

L’adolescent posa la paume de ses mains sur la table, prenant ainsi appui avant de jauger son compagnon et de répliquer :

« Une montagne ? Tu m’as écouté ? Juste un peu avec tes oreilles de grand méchant loup ? Ce n’est pas la première fois qu’il me fait ce genre de plan foireux à m’humilier devant toute l’école.

— Et je suppose que ton superbe plan de vengeance se résumera en empoisonner sa nourriture avec de l’aconit tue-loup ? Enfin, Stiles, si Isaac t’avait au moins mordu ou griffé, j’aurais pu le remettre à sa place d’un coup de pied au cul. Mais là, je suis désolé, il ne fait rien de mal. Du moins, pas comme je l’entends. »

Stiles tapa la table du poing d’exaspération avant de faire quelques pas dans la cuisine et de se retourner vers Derek, le visage irascible :

« Tu es mon petit-ami, n’est-ce pas ? Alors, interviens comme tel.

— Je suis ton petit-ami et en tant que petit-ami, non, je n’interviens pas. Parce que premièrement, personne n’est au courant pour nous. Et deuxièmement, parce que je considère, outre le fait que les actions de mon Beta me semblent absolument sans aucune conséquence sur ta santé, que mon petit-ami s’emporte légèrement pour vraiment pas grand-chose. »

Stiles leva les yeux au ciel avant de soupirer longuement, tournant le dos au loup-garou. S’emporter pour pas grand-chose ? Ce n’était pas le cas, du moins, pas dans l’esprit de l’adolescent. Tout ce qu’il voulait était une simple petite leçon. Une toute petite vengeance de rien du tout. Ce n’était pas grave. Il se débrouillera sans Derek, le méchant loup-garou Alpha. Quand Isaac ira trop loin, peut-être qu’il réagira en conséquence.

Aller trop loin ? Qu’est ce qu’aller trop loin pour son cher et tendre ? Une morsure ? Des entailles ? Stiles à l’hôpital ?

Il ne comprenait vraiment pas pourquoi Derek ne le soutenait pas. Ne serait-ce qu’un peu. C’était vrai que Stiles avait l’art de s’emporter dès que la situation lui échappait. Pourtant, rien n’était aussi clair dans son esprit qu’un Isaac qui était allé trop loin et qu’il méritait de ce fait une vengeance. Une punition en somme.

Cela allait peut-être prendre du temps pour que Stiles trouve la vengeance parfaite. Mais il la trouvera. Il en était sûr. Aussi sûr que Lydia Martin était la plus brillante fille de la ville.

Derek se leva, fit le tour de la table avant de toucher le bras de Stiles d’un geste qui se voulait rassurant. Ce dernier le regarda droit dans les yeux avant de lui afficher un sourire timide. Il lui attrapa la main, leurs doigts s’entrelaçant avant que le lycanthrope ne le prenne contre le lui, le dos de l’adolescent contre son torse. L’Alpha lui embrassa la base du cou doucement. Ce fut alors que le problème « odeur d’Isaac sur le corps de son Stiles » lui revint subitement en mémoire.

« Va prendre une douche, ordonna-t-il sur un ton sans réplique.

— Quoi ? s’exclama l’adolescent en tournant le visage vers celui de Derek.

— J’ai dit : va prendre une douche. Ou je t’en donne une. Je ne supporte plus cette odeur d’Isaac sur toi. »

Perplexe, Stiles cligna des yeux avant de lui décrocher un sourire carnassier :

« Si tu m’aides, je veux bien prendre une douche, fit-il sur un ton de défi.

— Tu n’es pas en position de négocier, Stilinski. »

Avant que le fils du Shérif n’ait pu faire quoi que ce soit, Derek Hale le souleva du sol avant de le basculer sur son épaule et de se diriger vers les escaliers.

Quand l’Alpha se mit à grimper les marches quatre à quatre en direction de la salle de bain, Stiles hurla quelque chose comme « Merde ! C’est quoi votre problème, à vous, les loups-garou ?! ».

 

Leur problème ? C’était plutôt évident : ils étaient possessifs.

Avant même que Stiles eût compris ce qu’il lui arrivait, il se retrouva assis dans la cabine de douche, encore habillé, Derek au-dessus de lui qui, n’écoutant absolument pas tous les possibles signes de protestation de son petit-ami, tourna le robinet.

Le contact de l’eau chaude sur le crâne, puis sur le reste de son corps, fit sursauter l’adolescent. Il tenta de se glisser hors de la douche, mais Derek lui maintenait les chevilles avec les pieds.

Les vêtements lui collaient à la peau, les chaussures complètement trempées. Stiles mit sa main droite en visière pour ne plus être aveuglé par cette eau chaude qui se déversait impitoyablement sur son visage. Tout ce qu’il arriva à apercevoir était les yeux rougeoyants de Derek Hale. Les yeux d’un Alpha légèrement en colère.

Les yeux que Stiles n’aimait absolument pas.

« Stiles, quand je te dis qu’une odeur sur toi m’est insupportable, c’est que ça l’est. Quand je te dis de prendre une douche pour t’en défaire, fais-le et ne discute pas, déclara le loup-garou d’une voix rauque, presque menaçante. »

À ce moment précis, l’adolescent trouva que la plaisanterie prenait une proportion surréaliste. Voire déplaisante.

« Mais, j’aurais pris une douche de toute façon  ! cria Stiles pour couvrir le bruit de l’eau. Et c’est moi qui fais toute une montagne pour pas grand-chose ? »

Comme toute réponse, Derek le saisit par le col, l’amenant contre lui avant de s’emparer de ses lèvres. L’adolescent laissa échapper un hoquet de surprise avant de se retrouver plaqué contre le mur de la douche. L’eau chaude continua à couler sur le dos du lycanthrope tandis qu’il approfondit le baiser, entourant de son bras les hanches de l’hyperactif et lui saisissant la nuque de sa main libre.

Si la passion était en train de les dévorer, ils n’avaient aucune intention de la refréner. Stiles se laissait totalement emporter par les baisers fougueux et possessifs de l’Alpha. Ce dernier le saisit par la taille avant de le soulever, permettant aux jambes de l’adolescent de s’enrouler autour des hanches du loup-garou.

Stiles aurait pu simplement oublier son histoire de vengeance. Là, maintenant. Isaac ne comptait plus. Scott non plus. Tout semblait totalement futile quand Derek Hale vous embrassait à vous en faire perdre la raison.

Il aurait pu. Oui. Si l’eau chaude de la douche avait continué dix secondes de plus et qu’elle ne s’était pas changée en eau glaciale, faisant revenir l’adolescent et le loup-garou sur terre d’une manière un peu brusque.

Derek cessa le baiser, secoua la tête avant de fermer le robinet non sans avoir reposé gentiment Stiles.

« Mon père t’enverra la facture d’eau, fit l’adolescent, haletant légèrement. »

Derek lui jeta un regard noir avant de lécher le nez de son vis-à-vis et de coller son front au sien.

« Je lui dirai que je paierai en nature à son fils, murmura-t-il. »

Stiles éclata de rire bien malgré lui avant d’ajouter :

« Ou alors, tu m’aides à me venger d’Isaac et… on va dire qu’on va oublier l’épisode où j’ai été balancé sous la douche comme un pauvre chien sans défense par mon petit-ami légèrement enragé à cause d’un truc aussi stupide qu’une odeur de loup-garou qui n’était pas la sienne. »

Derek se dégagea doucement de l’adolescent, suffisamment pour voir son visage avant de soupirer, résigné :

« Tu n’abandonnes jamais, n’est-ce pas ? »

Stiles ne put s’empêcher d’afficher un sourire satisfait. Ce n’était pas si difficile que cela de convaincre ce cher loup-garou.

Isaac ne perdait rien pour attendre.

 

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