Pour que tu m'appartienne
Chapitre II : Un mensonge entre nous.
Je m'éveille le lendemain dans la même position que celle dans laquelle je me suis assoupie la veille. Je me retourne pour observer le jeune capitaine en train de se reposer. De toute la nuit, il n’a pas bougé, et n’a pas défait son étreinte, ce qui est plutôt plaisant. Je reste là, pendant quelques minutes, à le regarder dormir à point fermé, tout en réfléchissant au rendez-vous qu'il aura ce soir avec un peu d'appréhension. M'en parlera-t-il au moins ? Ou préférera-t-il me le cacher ? Mais avant que je n’aie eu le temps de continuer de ressasser ces idées noires, le jeune homme se réveilla, et me dépose un petit baiser sur le front en me demandant d'une voix encore ensommeillée :
- Bien dormi ?
- Très bien, très bien. Tu sais que tu ressembles à un petit bébé quand tu dors ?
- Et bien je le saurais maintenant. Dit-il avec un petit sourire. Ça fait combien de temps que tu es réveillé, et que tu m'observe amoureusement ?
- Pas longtemps... Quelques secondes, mentis-je en détournant les yeux.
- Quelques secondes, hein ? Dit-il en resserrant son étreinte.
Finalement, ce fut au bout d'une demi-heure que nous nous décidions à nous lever pour de bon. Mais le blond n’a toujours pas dénié me parler de son rendez-vous le soir même, ce qui commence à m'agacer sérieusement. Cependant, pour ne pas trahir mes agissements de la vieille, je reste muet à ce sujet, et je patiente. Une fois que nous sommes prêts, nous décidons de nous rendre sur le terrain d’entraînement pour un petit combat amical.
Enfin arrivé sur le terrain, nous sortons nos épées pour commencer à nous battre. C’est le premier affrontement que l'on faisait depuis que nous n'avions plus nos blastia, et de plus, c'était le premier affrontement que l'on faisait depuis que je l'avais battu une première fois. Flynn a toujours été un fin épéiste, ainsi qu'un fin stratège, et le battre n’est pas aisé. C'est pourquoi, quand je l’eus enfin battu, j’avais été extrêmement fière de moi. C’était un peu comme une consécration, mais sans nos blastias, les chances étaient de nouveau égales. Après plusieurs minutes de combat, Flynn prenait légèrement le dessus, et malgré mes provocations, ma défaite se trace inéluctablement. Flynn me donne un dernier coup décisif, et mon épée voltige, au loin dans les airs. Je pousse un petit soupir, car même si le combat n’a pas duré en longueur, il a été réellement éprouvant. Le jeune capitaine me menace de son épée avec un large sourire et déclare :
- Et bien, tu te ramollis Yuri. Je me souviens pourtant que la dernière fois tu avais remporté notre duel, de justesse certes, mais tu l'avais remporté quand même.
- De justesse ? Je menais largement ! Contredis-je en éloignant son épée. De toute manière, je connais toujours ton plus gros point faible, Déclare-je d'un air sûr de moi.
- Ah oui ? J'aimerais bien savoir lequel. Répondit-il sur le même air de provocation que je venais d'utiliser à l'instant.
- Celui-ci, Déclare-je en venant lui déposer un petit baiser.
Juste après mon baiser, Flynn acquiesça d'un « pas mal » avant de me faire tomber à la renverse dans l'herbe.
- Mais du coup, je connais également le tiens.
- Pas faux, mais tu ne seras pas assez fourbe pour l'utiliser toi.
- Tu crois ça ?
Il m'embrasse avec passion, puis s’étend dans l'herbe à mes côtés. Je m'installe sur le côté, et pose mon visage dans ma main afin de me retrouver légèrement au-dessus de lui. Flynn semble un peu perdu dans ses pensées, mais il finit quand même par déclarer :
- Hier soir, j'ai vraiment été surpris que tu viennes à moi de cette façon. Sincèrement, je pensais que je devrais être celui qui devrais faire le premier pas, si jamais je voulais qu'il y ait quelques choses entre nous.
- Alors, si tu n'as rien fais, c'est que tu ne voulais rien ? Dis-je d'un air aussi neutre que possible en me laissant retomber dans l'herbe face au ciel.
- Non non, pas du tout. Ce n'est pas ce que je voulais dire. En fait, j'essayais déjà de « tâter le terrain » si je puis dire, en flirtant un peu avec toi, mais tu as toujours été dans la provocation, alors je ne savais pas quoi en penser. Mais je me demandais, pourquoi venir maintenant ?
- Hum, et bien, j'ai eu pas mal l'occasion d'y réfléchir dernièrement, et j'en ai eu marre de cette relation qui tourne en rond...
Je ne peux quand même pas lui dire que j’ai agi par pure jalousie, mais en attendant, cela me fit penser qu'il ne me parle toujours pas de ce fichu rendez-vous. Je commence à croire qu'il tient à me le cacher.
- Bon je vais devoir y aller, j'ai du travail moi, après tout.
- Hey ! Ça veut dire quoi ça ? Je travaille aussi, je te rappel que je suis cofondateur d'une Guilde moi. Et d’une Guilde réputée qui plus est.
- Je sais, je te taquine. On se rejoins chez toi, ou chez moi ce soir ?
- Hum, chez toi, dis-je un peu étonné qu'il veuille qu'on se retrouve sachant qu'il a un rendez-vous ce soir, peut-être compte-t-il simplement l'annuler.
- Par contre, je rentrerais assez tard, vue que je dois déjeuner avec des collègues. Ajoute-t-i.
- Hum...je vois...On se retrouve chez moi alors.
Je me redresse, et m’époussette. Alors il déjeune avec des collègues, hein ? Je veux bien qu'il travaille avec Sodia, mais on est beaucoup en plus présence d’un dîner en tête à tête, qu’un déjeuner entre collègue, et ça même Flynn est capable de le voir. Le jeune capitaine se leve, et après un dernier petit baiser, il s'éclipse pour aller travailler. Je ne sais pas quoi penser de ce mensonge, pourquoi vouloir me cacher la vérité s'il n'a rien à se reprocher ?
Après ce petit entraînement, je regagne mon appartement un peu abattu. Quand j'entre, je trouve Repede installé dans son panier tandis que je vais m'affaler sur le lit. Il aboit pour me demander comment s’est passée ma soirée avec Flynn. Je lui raconte les grandes lignes, et je lui fis par de mes inquiétudes vis-à-vis de son mensonge. Repede soupire devant notre bêtise, et me conseille (d'après moi) de lui dire ce que je ressens vraiment. Abandonner sa fierté en amour, c'est une question de survie pour le couple d'après lui. Je me retourne vers ma fenêtre, et alors que je réfléchis à tout ce que venait de me dire Repede, enfin tout ce que je pensais qu'il m’avait fait remarquer, Sodia entre en trombe dans mon appartement.
- Yuri Lowell, je ne te laisserais pas Flynn ! Déclare-t-elle furieuse.
- Pardon ? Demande-je surpris de cette intrusion.
- Je ne le répéterais pas. Flynn et toi, n'êtes pas fait pour être ensemble et tu ne feras que le rendre malheureux. Je ne laisserais pas une telle chose arriver !!!
- Alors quoi ? Tu vas réessayer de me tuer ? Une fois n'était pas suffisant apparemment.
- Bien sûr que non, mais je pense toujours que tu as une mauvaise influence sur lui. Et tu ne pourras jamais le rendre heureux, alors je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous séparer tous les deux !
- Ah oui ? En commençant par le dîner de ce soir j’imagine ?
- Comment le sais-tu ? Demande-t-elle surprise.
- Il m'en a parlé j'imagine. Il n'y a pas trente-six milles moyens de le savoir. Mais tu peux toujours courir, Flynn n'est pas du genre infidèle.
- Pour l'instant, mais quand tu ne seras plus là, et que tu partiras aux quatre coins du monde pour tes missions, il y réfléchira à deux fois. De plus, je serais à ses côtés pour le soutenir, et prendre soin de lui au jour le jour contrairement à toi ! Votre relation n'est pas faite pour durer !
Sur ce, elle fit demi-tour et repart aussi vite qu'elle est venue. Dans un sens, je sais qu'elle n’a pas tort, après tout Flynn ne m’a pas parlé de ce rendez-vous, et il est vrai que la distance posera un problème...Elle sera à ses côtés tous les jours, supporterais-je de partir si longtemps en le laissant avec elle ? Et lui, ne préférera-t-il pas une relation calme et paisible avec Sodia, plutôt qu'à distance et mouvementée avec moi ?
Point de Vue : Flynn.
Je me rends dans mon appartement afin d’enfiler mon armure, et de commencer ma ronde après avoir quitté mon nouvel amant quelques minutes auparavant. Tandis que je suis en train de me vêtir, je réfléchis au dîner qui m'attends ce soir. Sincèrement je n’ai aucune envie d'y aller, et si je n’ai pas décliné, c’est pour la simple et bonne raison que je veux en profiter pour mettre les choses au clair avec Sodia. En effet, cela fait un petit moment que j'ai l'impression qu'elle a développé des sentiments plus qu'amicaux à mon égard, mais quant à moi, je n'éprouve pas la même chose pour la simple et bonne raison que je suis déjà attaché à quelqu'un d'autre. Par ailleurs, si je n’ai pas prévenu ce quelqu'un d'autre pour ce soir, c’est en bonne partie pour éviter qu'il débarque en plein milieu du dîner afin d'humilier Sodia, ou de lui dire qu'on sort ensemble de façon peu délicate. Et la dernière chose que je souhaite, c’est de la blesser. Car, Sodia a été une vraie amie pour moi et elle a toujours agit avec droiture. C'était quelqu'un de bien et je ne veux pas lui faire de mal inutilement.
Le crépuscule s’abat sur Zaphias, alors que je regagne mes appartements. Ayant eu la chance de finir bien plus tôt qu'hier soir, je me rends sous la douche, afin de me rafraîchir un peu après cette longue journée. Une fois sorti, je me rhabille de façon ordinaire ne voulant pas donner de message contradictoire à la jeune fille. Pendant que je marche jusque chez Sodia, je ne peux contenir ce sentiment de culpabilité que j’ai de la voir « en douce ». Avec le recul, je me dis que j'aurais mieux fait de décliner ce rendez-vous, mais au moment où elle m’avait invitée, je n'aurais jamais pensé que je serais en couple avec Yuri le soir même. J'ai manqué de finesse ce soir-là, et bien que j’aie été pris de court, j'aurais dû lui avouer que je ne ressentais rien pour elle à ce moment-là. Enfin, il est inutile de ressasser tout cela maintenant, de toute façon pour le moment je suis un peu contraint d’honorer ma parole. Je ne vais tout de même pas lui poser un lapin.
Lorsque j'arrive devant les appartements de la jeune femme, je toque à la porte, et celle-ci ne tarde pas à apparaître. Elle est vêtue d'une très jolie robe noire qui est assez moulante et lorsque je franchis le seuil de la porte, les sentiments qu'elle éprouve pour moi ne sont plus un mystère. En effet, elle a tamisé la pièce avec des bougies qui dégagent une douce odeur sucrée, tandis qu'une table est dressée au centre de la pièce sur laquelle sont disposées deux assiettes qui se font face. Une rose trône sur la table ce qui renforce un peu plus l'impression de romantisme de cette mise en scène déjà lourde de sens. Je n’ai pas imaginé une seule seconde que notre repas ressemble à ça, en réalité j’imaginais plutôt un plateau télé qu'un dîner romantique. Je me rends à l'évidence, il m’est impossible de dîner avec la jeune femme sans lui donner de faux espoirs, et je préfère alors stopper notre rencontre ici.
- Sodia, écoutez, il y a quelque chose que je dois vous dire.
- Tu peux passer à table, je vais aller chercher le plat.
Sodia disparu si rapidement que je n'avais pas eu l'occasion de dire quoi que ce soit de plus. Je me rends alors à ses côtés dans la cuisine afin de reprendre notre discutions.
- Sodia, écoutez, je ne peux pas dîner avec vous ce soir. Je suis navré, j'aurais dû refuser votre invitation hier soir, mais je pensais que ce ne serait qu'un repas entre collègue...En tous les cas, je dois vous dire que vous êtes une femme extraordinaire...
- Flynn, me coupe-t-elle, pourquoi tu le préfère lui à moi ?
- Yuri ? Comment sais-tu pour lui et moi ? Demande-je étonné.
- Je vous ai vue tous les deux ce matin sur le terrain d’entraînement...Pourquoi lui ? Ce n'est pas quelqu'un de bien, il ne t’attira que des ennuis, et en plus, tu ne le verras presque jamais....
- Je le sais bien, mais tout ça n'a pas d'importance. Écoutez, Sodia, Vous n'êtes pas avec quelqu'un pour le confort que cette relation vous apporte, mais parce que tu ne peux pas faire autrement. Un jour, vous trouverez quelqu'un qui vous aimeras comme un fou, et qui vous fera passer avant toute chose.
- Mais Flynn, je ressens déjà tout ça pour toi...Je...j'ai même....
- Vous avez quoi ? Demande-je surpris par le ton larmoyant que prend la jeune femme.
- Rien...Flynn, je ne veux pas de quelqu'un d'autre.
- Sodia, Vous dites cela pour le moment, mais un jour vous tomberez amoureuse de quelqu'un qui vous aimera également. À ce moment-là, vous vous rendrez compte que ce que vous éprouviez pour moi, ce n'était rien. Je suis vraiment désolé, vous êtes une jeune femme formidable, et je suis persuadé que l'amour ne saurait tarder pour vous.
- Mais...avec lui ?
- Tu sais, on dit que l'amour à ses raisons que la raison ignore, et bien je dois dire que c'est le cas avec lui. Ce que je ressens va à l'encontre de la raison, mais je ne peux lutter contre... De toute manière, quel que soit ma relation avec lui, vous méritez bien mieux que quelqu'un qui ne vous aimeras pas autant ce que vous l’aimez, ou qui pensera sans arrêt à quelqu'un d'autre.
La jeune femme acquiesce, et me demande de la laisser seule. Je m’excuse une dernière fois avant de sortir pour la laisser retrouver ses esprits. Alors que je referme sa porte, je soupir de soulagement. Je déteste devoir briser le cœur de quelqu'un, mais maintenant que les choses sont mises au claire, notre relation en sera meilleure. En tous les cas, elle sera au moins plus honnête D'autant plus que nous sommes des collègues et si cette situation avait traîné en longueur je pense que cela, ce serait dégradé et cela aurait pu entacher notre travail.
A suivre