New Orleans Haunted Tour
SAVOIR DÉLÉGUER
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— Et là, je me prends une pleine fiasque de flotte au visage !
Fox Mulder dissimula un sourire dans la gorgée de mauvais café que son ancien patron venait de lui payer.
— Ça, je vous avais prévenus qu'ils étaient barges, ces Winchester ! Estimez-vous quand même heureux que ça n'ait pas été de l'acide. Et, vous ne lui avez pas couru après, à cet insolent arroseur ? s'enquit-il en clignant des yeux, faussement innocent.
— Bien sûr que si ! Mais il a filé plus vite que s'il avait le diable à ses trousses ! Et le plus bizarre, ajouta pensivement le Directeur-Adjoint du FBI comme si l'information le laissait véritablement perplexe, c'était qu'il avait peur.
Un autre que lui aurait dit ça pour se faire mousser. Mais certainement pas Walter Skinner. L'intégrité faite homme, la prudence et mère de toute sûreté, le respect incarné du protocole, des procédures et des ronds-de-jambes politiciens... Et le sens de l'humour toujours à marée basse… Ah comme il lui avait manqué !
Autour d'eux, les rares clients valides de la petite cafétéria de l'hôpital décorée de chauves-souris en crépon et de citrouilles en carton fluorescentes, leur jetaient des regards furtifs. En réalité, c'était les deux hommes en costume sombre que Skinner avait amenés avec lui qui suscitaient la curiosité, parce qu'on imaginait bien qu'ils étaient des gardes du corps et que ce n'était pas un déguisement, car porté avec trop de naturel. En tant que piquets raides comme la justice, ils se tenaient respectueusement à plusieurs pas de là, plantés sous les néons jaunes, et Mulder leur adressa un sourire débonnaire auquel ils ne répondirent pas.
— Et donc vous m'en parlez parce que… ? enchaîna-t-il après une autre gorgée de la boisson amère et brûlante.
Walter Skinner le considéra d'une prunelle sérieuse et froide, avant de laisser échapper un petit reniflement de dérision.
— Parce que j'ai pas l'habitude de flanquer la trouille à des tueurs multirécidivistes que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam !
Une main largement étalée sur la poitrine, Mulder arbora une impertinente moue effarée, un tantinet surjouée avant de s'esclaffer.
— Non mais... comment ?! Et moi qui croyais que c'était le but de votre vie !...
Un peu déçu, Skinner le toisa de biais en comprenant qu'il se fichait bien de ce qu'il pouvait lui raconter maintenant qu'il n'y était plus tenu par une quelconque obligation professionnelle, mais Fox le renard tenace réitéra néanmoins plus gentiment :
— Et donc vous m'en parliez parce que… ?
— Parce que je veux savoir ce qu'il y a derrière cette affaire ! Et puisque vous ne faites rien de bien concret en ce moment, je voudrais pouvoir vous convaincre d'enquêter pour moi sur le compte de ces deux-là. Et ça commencerait par fouiller leur passé en détail !
Mulder arbora un grand sourire tranquille face au coup bas et déclara tout à trac en vidant son café :
— Walter... en toute amitié et respect, ne le prenez ni mal, ni personnellement : allez-vous faire foutre ! rétorqua-t-il avec une expression satisfaite et malicieuse. Le FBI m'a flanqué dehors avec pertes et fracas. Je ne rempilerai jamais.
Le nez au-dessus de son gobelet, Skinner regardait intensément, comme s'il entendait hypnotiser le liquide brun, assortissant le tout d'un agaçant petit mouvement du poignet sensé décoller le sucre du fond. A chaque mouvement rotatoire, les boucles métalliques de son imper gris foncé cliquetaient doucement.
— Qui vous parle du FBI ? reprit-t-il d'un ton qu'il s'efforçait de garder amène. J'ai dit « enquêter pour moi »… À titre privé. J'ai toujours la plus grande confiance dans votre… hem... sagacité coutumière. Comprenez-moi bien. Vous les avez approchés de près et vous êtes encore en vie, figurez-vous que c'est loin d'être le cas de tout le monde au Bureau. Vous n'aimeriez pas voir ce qu'on a retrouvé d'Henriksen.
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Secrètement, Mulder se délectait de le voir chercher au fond de lui de quoi faire taire son orgueil et peut-être même son embarras. Même s'il n'était pas obtus au point de croire que le Directeur-Adjoint faisait réellement la pluie et le beau temps au FBI, il lui prêtait tout de même une certaine influence. Que son ex-patron ait dû devoir céder face à de plus hautes instances qui lui réclamaient sa tête sur un plateau : il n'en doutait pas. Mais à voir la façon dont il se permettait aujourd'hui de retenter ce genre d'ouverture, cela signifiait peut-être que quelque chose avait changé, ce qui le rendait curieux. Hélas, la curiosité était toujours son plus vilain défaut préféré.
— Mettons que ça m'intéresse de damer le pion aux meilleurs limiers du FBI… Vous êtes sûr de vouloir enquêter parallèlement aux autres services ?
Le grand chauve se leva, le visage redevenu maintenant parfaitement indéchiffrable. Il remit ses lunettes, comme impatient de partir sans attendre la fin de la conversation ou... comme s'il regrettait d'avoir demandé.
Alors comme ça, Walt n'aimait pas qu'on lui dise non ?...
— Il est peut-être temps de changer radicalement d'approche ? conclut-il. Quand vous sortirez de cet hôpital, j'aimerais que vous reveniez me voir à Washington avec des pistes pour répondre à cette question : pourquoi Winchester m'a-t-il rebaptisé "Azazel" ? Si c'est quelqu'un qui lui fait peur, il faudrait pouvoir l'interroger… C'est d'accord ?
Bon, Skinner n'aimait pas les refus mais il venait d'utiliser un conditionnel… "j'aimerais que"... C'était déjà un net progrès.
Fox Mulder acquiesça lentement pendant que son vis-à-vis affichait un air soulagé et contrarié à la fois, mais il fallait dire que dans ses souvenirs, son patron faisait toujours plus ou moins cette tête.
Le saluant brièvement, le Directeur-Adjoint du FBI quitta la pièce, ses deux mystérieux sbires empressés sur les talons.
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Mulder se mit à réfléchir. « Azazel » sonnait plutôt bien comme un nom de démon biblique… Pas de bol que Scully ait dû partir précipitamment, elle aurait certainement pu lui dire ça, car pour sa part, il voulait bien avouer que son catéchisme n'avait rien de très vivace.
Pourtant, à cause de l'agitation de ce week-end, il préférait la laisser un peu tranquille avec sa famille, sans la rappeler tout de suite si la santé de sa mère la préoccupait. Aussi terriblement séduisante que lui paraissait l'idée d'avoir une excuse valable pour lui parler encore, d'effacer sa frustration et de revoir son joli nez droit ainsi que le modelé délicat de sa bouche, il avait assez éprouvé qu'elle était lasse de son égoïsme.
Non, aujourd'hui, il allait plutôt recontacter d'autres vieux amis fouineurs.
Fouillant à tâtons, la poche de son peignoir, il largua un sourire flagorneur à une aide-soignante sourcilleuse, sans doute mécontente de le voir utiliser son téléphone hors des zones autorisées. Après avoir laissé quelques messages sur de mornes boîtes vocales paranoïaques, il finit par en trouver un qui décrocha immédiatement.
— Frohike ? C'est Fox. Tout va bien, j'espère ? J'arrive pas à joindre Langly, il est avec toi ?
— Oui pourquoi ?
— Super. J'avais besoin de ses lumières sur un truc de geek… Tu peux me le passer ?
— No problemo… ça faisait un bail qu'on t'avait pas eu au bout du fil, tout va comme tu veux ?
— Ça va super, je profite de ma retraite... merci de ton aide...
Fox imagina le téléphone lancé en arc lobé depuis de la grosse paluche poilue du conspirationniste vieillissant à celle de son coreligionnaire aux longs cheveux blonds, qui s'éclaircit timidement la voix en prenant l'appel.
— Salut Mulder, tu voulais un service ?
— Un renseignement plutôt car je suis loin de tout ordinateur en ce moment… Est-ce que le nom de « Ghostfacers » te dit quelque chose ? demanda-t-il en se souvenant de la réaction impatiente de l'un des frères pendant l'exposé du guide devant le manoir hanté.
— Ouais, c'est des gamins qui ont trop regardé Blair Witch, ils ont une petite chaîne Youtube qui a bien trop de succès pour le peu que ça vaut… pourquoi ?
Mulder sourit en réalisant qu'entre "Blairwitch" et la "chaîne you tube", il avait frappé à la bonne porte.
— Peut-être qu'ils pourraient m'aider sur un dossier. Tu peux me craquer leur adresse perso ?
Richard Langly resta un moment silencieux, sans doute à peser le pour et le contre, et Fox imagina encore qu'il venait de masquer de la paume le bas du combiné, afin de garder ce qu'il disait confidentiel, pendant qu'il parlait aux autres Lone Gunmen. Il compta dix secondes et l'autre reprit.
— Et nous, on ne peut pas t'aider ? On est quand même un peu plus pros que ces mioches déb… demeurés…
— Et bien, j'osais pas vous le demander… c'est peut-être un peu loin de votre créneau habituel…
— Vas-y, crache le morceau à la fin ! Est-ce qu'on a l'habitude de te laisser tomber ? cria la voix de Frohike dans le fond.
— Ok, j'ai besoin de retrouver deux types qui se disent, tenez-vous bien, "chasseurs de démons".
— Et c'est quoi leur nom ?
— Sam et Dean Winchester.
A l'autre bout du fil, Richard Langly observa d'abord un silence consterné avant de reprendre avec prudence :
— Je crois que tu t'es fait avoir, Mulder. C'est des noms bidon.
— Ah bon ? C'est-à-dire que quand je suis tombé dessus, ils ont dit qu'ils s'appelaient Abbott et Costello, déjà… Je me doutais bien que c'était des faux. Mais plus tard, Skinner a débarqué avec un dossier épais comme ça sur eux et ils y étaient identifiés comme ça…
— Skinner ? LE Skinner ? Je savais pas que tu rebossais pour le FBI !…
— Change pas de sujet, je rebosse pas vraiment pour eux. Dis-moi plutôt comment tu sais que c'est des faux noms ?
— C'est-à-dire que... je fréquente toujours les conventions de geeks, et à chaque fois, c'est difficile de pas tomber sur des fans hystériques de cette série littéraire de seconde zone… Il y a je ne sais plus combien de tomes dans ce truc… Je crois que ça s'appelle « L'évangile des Winchester » ou dans le genre.
— Ah, coup de chance alors que tu te rappelles le titre… souligna malicieusement Fox qui n'était pas dupe. Dans ce cas, ce qui serait encore mieux ce serait que tu me retrouves le nom de l'auteur et où il habite, pendant que je me procure un volume ou deux…
— Attends une seconde, je te dis ça tout de suite… Ouais, c'est ça… un certain Carver Edlund. On te rappelle pour le reste… Il y a d'autres choses que tu voudrais savoir ?
— Ouais. Si ce sont des noms de personnages de fiction, qui sont vraiment les gars qui les utilisent ? Je suppose que je n'ai pas besoin de vous motiver mais ils s'imposent dans le genre dangereux psychopathes... Ils ont réussi à m'envoyer à l'hosto et maintenant, ils connaissent le nom et le visage de Scully...
— Quoi ?! rugit Frohike la voix soudain plus tendue. T'inquiète pas, on va les choper, ces mecs ! File-nous juste une copie de leur dossier !
— Ah, merci les gars, c'est vraiment chic de votre part. Le temps de trouver un fax et je vous envoie ça… prévoyez une bonne ramette...
Fox sourit et coupa la communication d'un air satisfait et même pas honteux.
Il se leva dans l'intention de retourner jusqu'à sa chambre et en chemin, il arrêta une infirmière pour lui demander où était la plus proche bibliothèque de la ville. Il fallait qu'il se repose – ordre de son docteur préféré – et il avait parfaitement l'intention d'obéir en restant dans le fond de son lit, avec un bouquin…*
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— Tu sais que ce n'est pas possible, hein Dean ?
Dean conduisait encore à tombeau ouvert sur une départementale tranquille, le visage tendu depuis des kilomètres et son cadet avait bien du mal à le faire parler. Tout ce qu'il avait pu savoir, c'était qu'ils devaient absolument voir Bobby. En clair, ça signifiait qu'ils allaient devoir conduire encore à travers tout le pays en se relayant sans discontinuer – la Louisiane n'étant pas exactement tout près de Sioux Falls, Dakota du Sud. Le problème, c'était que c'était très exactement le trajet inverse de celui qu'ils avaient fait à l'aller…
— Il était devant moi, finit par marmonner l'aîné au bout d'un moment en coupant le son de la radio. Je l'ai vu comme je te vois. Si Azazel est revenu et qu'on le retrouve pile avec la tête qu'il avait quand il a obligé Maman à passer ce pacte, ça ne peut pas être une coïncidence. Il a dû trouver une parade. Alors, on va voir Bobby et on fouille dans ses bouquins pour trouver laquelle. Pis j'aimerais bien que Castiel ramène ses petites fesses emplumées, lui aussi. Ça fait des heures que je l'appelle.
Sam soupira. Ça allait être une très longue route si Dean restait d'une humeur aussi massacrante. Il préféra changer de sujet.
— Tu penses qu'il allait s'en prendre à Dana ? C'est pour ça que tu rumines ? Parce que tu as dû la laisser en arrière ?
— Mhh, toi aussi tu l'appelles « Dana » ? Elle t'a fait grosse impression, hein ?
— Réponds.
— Je reconnais que suis pas très fier de ça, en effet. Mais constater que l'eau bénite ne lui a rien fait du tout, ça m'a un peu contrarié.
— Comment ça "rien" ? Qu'est-ce que tu veux dire ? s'étonna le cadet.
— Rien, je te dis ! Pas de fumée, pas de brûlure. Même pas une petite grimace indiquant que ça piquait… Complètement immunisé. Et de mon point de vue, c'est pas une très bonne nouvelle !
Sam fronça les sourcils et se mit à fixer le profil buté de son frère. Quelque chose ne tournait pas rond. Dean n'était absolument pas du genre à détaler à la première occasion, même et surtout quand une mauvaise surprise se présentait...
— Attends, tu me fais peur là. Il y a une autre explication basique : si l'eau bénite ne le brûle pas… c'est que ce n'est pas un démon ! Tu y as pensé au moins ?
— Ah non Sammy, celle-là tu ne vas pas me la faire. Pas un démon ? Alors qu'il a exactement la tête de Samuel Campbell, possédé et puis tué par Azazel ? Excuse-moi, ça ne fait même pas deux semaines et je me rappelle encore assez bien à quoi ressemble notre grand-père ! Ce n'est ni normal ni naturel qu'une copie carbone, sans une ride de plus après plus de trente ans, se retrouve en travers de notre chemin… Quoi qu'il se passe, quelqu'un joue avec nous, et je n'ai pas l'intention de laisser faire...
Les interrompant dans ce qui menaçait de virer à une énième prise de bec stérile, le téléphone de Dean se mit à sonner en vrombissant sur le tableau de bord. Sam le rattrapa avant qu'il ne tombe entre ses pieds et l'ouvrit prestement, un léger sourire aux lèvres et pas fâché de cette diversion opportune.
— Ben tiens, justement c'est Bobby, dit-il en le mettant sur haut-parleur… Bobby ! C'est Sam, on était justement en route pour venir te voir…
— Dites-voir les garçons, on peut savoir ce que vous avez foutu ces jours-ci ? J'ai reçu pas moins de trois appels me demandant de confirmer vos identités d'agents du FBI. Non seulement, je pense que vous êtes grillés, mais je suis pas loin de penser que moi aussi…
— Ouais, je crois que tu ferais bien de faire couper toutes les lignes concernées, si tu ne l'as pas déjà fait. On était sur une petite affaire de fantômes à la Nouvelle Orléans, mais il y a eu des complications. Pour la faire courte, Dean pense qu'Azazel a réussi à ressortir de l'Enfer va savoir comment, qu'il est de nouveau après nous, et qu'il filerait un coup de main au FBI pour nous traquer…
— Quoi ? Je reconnais que ça expliquerait les coups de fils insistants mais ce n'est pas vraiment comme ça qu'il opère.
— Ouais et attend, les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là. Il a toujours la tête de notre grand-père, ce qui est déjà inconcevable puisque ça signifie qu'il aurait dû le ressusciter… Et pardon, mais… depuis quand c'est dans ses cordes ? Et en plus, Dean soutient qu'il n'est plus sensible à l'eau bénite, ce qui nous laisserait peu de marge en termes de détection.
— Ah non, pas moyen. Si c'est un démon, il doit y réagir ! Alors de deux choses l'une, ou l'eau n'a pas été bénie, ou c'était pas un démon. Y a pas à tortiller…
— Je te remercie de confirmer Bobby, mais l'un de nous n'écoute rien...
— C'est quoi le nom de ton gars ? Je peux essayer de me renseigner discrètement en attendant, proposa le vieux chasseur.
— Je crois que la blonde l'appelait… Spender, Spinner… un nom comme ça, intervint Dean. J'ai pas très bien entendu car j'espionnais derrière une porte fermée…
— Ok, je vais voir ce que je peux vous trouver et je vous rappelle.
Sam reposa le téléphone dans le vide-poches. A sa surprise, son frère décélérait graduellement pour prendre une bretelle, au bout de laquelle il alla ranger la voiture dans un parking attenant à un restauroute, alors qu'il était encore tôt.
— Tu veux que je te relève déjà ?
— Je vais nous chercher à manger, faut qu'on prenne des forces. Tu veux quoi ?
— Un truc qui n'encrasse pas mes artères… Avec des légumes et des fruits.
— Ha, je vois le genre, s'esclaffa l'aîné. Une salade de chochotte... Très peu pour moi !
— Dean, tu sais que le cholestérol réussira probablement là où tous les démons auront échoué ?…
— Parle pas trop vite, frérot. Si Azazel est de retour et qu'il file un coup de main au FBI en les rendant subitement plus efficaces, l'encrassement de mes artères deviendra très vite le cadet de mes soucis si je meurs et que je retourne en Enfer… Allez radine-toi. Tu vas la choisir toi-même ta salade de gonzesse. Si je me goure dans les ingrédients, je vais en entendre parler jusqu'à la Saint-Glinglin !
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Pendant qu'ils gagnaient à pied l'entrée d'un bâtiment tout en longueur écrasé par un large néon rouge criard, le froissement des ailes invisibles de Castiel les fit se retourner en sursautant, comme il se matérialisait à côté d'eux.
— Ce Saint n'existe pas… les avertit-il toujours imperméable aux expressions locales.
— Ah bon ? se moqua Dean qui aimait le charrier. P'têt que vous l'avez perdu, lui aussi ? C'est si mal rangé le Paradis. Vous avez revérifié ?
— Non. Il n'existe pas. Et ce n'est pas "mal rangé" !
— Oh, vraiment ? Donc vous avez plus perdu Dieu ? Excellente nouvelle… continua-t-il à persifler en s'avançant vers une table libre. Au fait, c'est gentil de passer venir nous voir, Cas… Qu'est-ce que tu as fait depuis quatre heures ?
Castiel regarda les frères avec une circonspection hésitante, passant vainement de l'un à l'autre dans l'espoir de déceler un indice pour comprendre ce qu'il avait encore fait de travers.
— J'ai... apporté un réconfort moral spirituel à Dana qui se posait beaucoup de questions.
— Oh, la pauvre, comme je la comprends… Te rencontrer a dû être une expérience bouleversante.
— Vous voulez dire que je n'aurais pas dû l'occuper pendant tout ce temps afin de vous laisser prendre de l'avance ?
— Holà, non, j'ai pas dit ça. Mais je parie que vous avez fait que prier, hein ?
— Dean, ça va bien maintenant… protesta Sam. Excuse-le Castiel, il était très inquiet de voir que tu ne répondais pas à ses appels.
— Je comprends, répondit l'Ange. Mais non, nous n'avons pas fait que prier. Dana a l'habitude d'échanger sur des questions théologiques avec le prêtre de sa paroisse. Nous avons parlé de la Foi et aussi de vous.
— De nous ? s'inquiéta Sam. A une femme du FBI ? Ça me semble, comment dire… extrêmement risqué…
— Comme je vous l'ai dit, elle s'interrogeait sur les charges que les autorités font peser sur vous. Je suis intervenu juste à temps. Je crois qu'elle s'apprêtait à contacter d'anciens collègues pour relancer des recherches sur vous deux. J'ai peur que ça ne soit que temporaire. C'est une femme intelligente et fine, j'ai fait de mon mieux pour lui dire du bien de vous, mais je ne sais pas si elle m'a cru.
— "C'est une femme intelligente et fine", cita Dean avec une grimace et un clin d'œil égrillard. Eh bah, ça y est finalement ! Notre Castiel est amoureux ! Oh j'ai cru que ça n'arriverait jamais ! Tu sais qu'on avait de sérieux doutes à ton sujet ?
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* Édit du 15 janvier 2018.
Hello à mes lecteurs ! Je suis en train de regarder la saison 11 d'X-Files et je réalise brusquement dès le 2e épisode, que les Lone Gunmen que j'ai réutilisés dans ce chapitre, sont mort depuis 6 ans à la date où se déroule cette fic !... Vilains canaillous, vous ne me l'aviez pas dit ! Mes souvenirs de leur mort héroïque ayant disparu totalement dans les limbes, nous allons donc convenir, vous et moi que cette histoire est donc, soit légèrement UA, soit qu'elle reprend la ligne narrative des comics où Byers, Frohike et Langly sont "officiellement morts" (mais ne le sont pas vraiment).
Par avance j'en demande bien pardon aux puristes.