Bleed it out
11.
Il regarde ce bébé qui dormait, lui disant que les anges veillaient sur lui comme sa mère avait pu le faire pour lui. Quand bien même il n’y croit pas. Il avait vu trop de monstres, trop de mal, pour que le bien existe et qu’il ne l’ait pas vu.
Il regarde ce gamin qui balbutie et gagatise devant ses jouets, avec une Claudia qui lui embrasse la joue en disant qu’ils ont fait quelque chose de génial en quelques nuits d’étés.
Il regarde ce petit garçon qui marche pour l’école avec son sac à dos trop grand pour lui sur le dos.
Il regarde ce pré-ado rire à une connerie de son meilleur ami avant de hurler et de courir vers lui en le voyant arriver dans la pièce.
Il regarde cet ado qui s’extasie sur le fait que ses deux pères sont des héros, l’un pour les monstres, l’autre pour les humains.
Il regarde ce jeune homme qui embrasse son petit ami sans avoir aucune honte, sans avoir peur que son paternel, n’importe lequel, se mette à l’insulter ou lui faire tuer quelque chose qui n’a pas besoin de l’être.
Il regarde ce bébé, ce bébé, qui n’en est plus un depuis longtemps, lui sourire avant de le prendre dans les bras, alors qu’il revient lui rendre visite.
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Dean se fout royalement que John soit retourné dans sa chambre de motel directement sans monter dans le loft pour faire le point de la situation. À vrai dire, il a presque envie d’apprendre que ce dernier s’est barré et ne reviendra plus avant de lancer un texto à la mer pour donner des coordonnés comme il a pu le faire des années avant.
Cela n’empêche pas Erica de faire ce que Derek lui dit et d’aller suivre ce père/20 pour vérifier qu’il ne se fasse pas attraper par le groupe de Vetala seul ou fuir la ville.
Il attrape une bière dans le frigo avant même que Castiel ne l’en empêche.
L’ange fronce les sourcils en le voyant boire une gorgée.
« Je devrais être heureux que ce ne soit pas du whisky, j'imagine. » marmonne-t-il avant de tout de même voler la bière des mains du chasseur.
« Hé ! »
Mais il suffit d’un regard bleu pour qu’il ne lève les yeux au ciel et s’assoit au comptoir de la cuisine ouverte.
Sam le rejoint rapidement, ainsi que Stiles qui laisse Derek raconter ce qu’il s’est passé.
« Papa dans toute sa splendeur. » soupire son frère, avant de porter ses mains à son visage.
Dean ricane, noir. « Il a voulu me donner un pain. »
Les yeux de son frère et de son… plus ou moins petit ami se tournent vers lui dans la seconde, ainsi que plusieurs paires d’yeux de loups-garous.
« Pardon ? »
La voix de Castiel est aussi froide que l’antarctique. Quoique, p’t’être plus proche de l’Enfer.
« Parce que je lui ai dit de faire ce que je lui dis. Alors qu’il venait de tirer avec Stiles à deux mètres de la cible. »
Lui et Sam attrapent de justesse les bras de l’ange mais cela n’empêche pas le trio de se téléporter dans la chambre de John.
Qui pointe son canon scié sur le brun à la seconde où il entend du bruit avant d’être sous le choc.
Mais, qu’importe que Sam et Dean essayent de retenir l’ange du jeudi, celui-ci attrape le père Winchester et le plaque au mur, se fichant de la balle tirée dans son corps encore affaibli.
« Qu’est-ce que tu es ? » demande John avec colère et peu d’air pour parler, alors que Castiel le tient par la gorge.
« Cas’. » essaye-t-il en se mettant plus ou moins près de son paternel, face à l’ange « Cas’ lâche-le. »
« Je n’ai pas l’intention de vous répondre. » Sam est de l’autre côté de l’ange dans la seconde et les deux frères se regardent une seconde avant d’essayer de déloger leur ami de leur père. « Vous, par contre, allez répondre de vos actes parce que j’en ai assez de vous voir faire souffrir vos enfants. »
« Comment oses- »
« Cas’, s’il te plaît, tu es en train de te vider de ton sang. Lâche-le. » continue Dean, probablement dans le vent.
Il avait déjà eu affaire à la fureur divine de Castiel. Une plaie ne va pas l’empêcher de faire ce qu’il a à faire.
« Je n’ose rien de plus que vous osez faire vous-même. Lever la main sur votre fils ? Alors qu’il vous loge, nourris, vous donne les informations nécessaires pour survivre dans un monde dans lequel vous avez été jeté à cause d’un caprice d’une divinité plus ancienne que la création du monde ? Vous êtes un être odieux, ingrat et un père qui n’en mérite pas le titre. »
John essaye de parler mais Castiel soulève le corps du chasseur avant de le pousser à nouveau contre le mur. Dean et son frère se regardent, les yeux grands ouverts, à cause du bruit de craquement.
« Bobby Singer en méritait bien plus le titre que vous. Et vous faites honte à tout ce qu’il a pu faire pour que vos fils puissent vivre une vie convenable et devenir des hommes bons. Il mériterait bien plus d’être à votre place aujourd’hui. De mon point de vue, vous auriez dû rester aux Enfers, là où vous étiez censé rester. »
« Cas’. » Dean a la main en sang à force d’essayer de pousser son ange et il est presque sûr que sa voix tient de la supplique.
« Vous êtes en vie seulement parce que Stiles et Derek savent à quel point vous comptez pour vos fils. Si cela en avait été autrement, Derek vous aurait tué à la seconde où il a entendu une balle être tirée en direction de son compagnon. Vous rendez-vous compte de votre chance ? Revenir d’entre les morts ? Retrouvez vos enfants ? Beaucoup rêvent d’une seule minute de plus, pour dire au revoir. Et vous, vous levez la main sur votre aîné. »
« Cas’, tu perds trop de sang, bordel, s’il te plaît, il faut qu’on te ramène à Stiles. »
Les yeux bleus se posent enfin sur lui et il sent son corps se détendre à cela.
Le corps immobile de l’ange se déverrouille assez pour que les deux frères poussent ce dernier loin de leur paternel, qui tombe sur le sol comme une poupée de chiffon qui essaye de retrouver son souffle.
« Vous êtes une honte, John Winchester. Pas étonnant que Mary ait eu besoin d’une flèche de Cupidon pour vous aimer. »
Dean regarde son père ouvrir ses yeux d’horreur autant à l’annonce, que du fait que Castiel se tienne toujours de toute sa grandeur et divinité devant lui alors que le sang continue de faire rougir sa chemise.
Dean regarde son père une seconde de plus avant que l’ange les fasse disparaître.
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« Stiles, je suis désolé pour ne pas avoir pu venir plus tôt. »
Il avait son fils dans les bras, après un énième cauchemar. Son gamin avait insisté pour venir avec lui sur quelques chasses, histoire de ne plus se faire avoir aussi facilement qu’avec le Nogistune. Non pas qu’il pouvait y faire quoique ce soit, un être millénaire était toujours plus fort qu’un simple humain.
Les étoiles qu’ils regardaient lui rappelait le ciel sans aucune du Purgatoire et du fait qu’il avait perdu Castiel si près du but.
Il aurait pu perdre son gamin, sans rien pouvoir faire. Juste revenir au monde et découvrir sa mort.
Bordel.
« Tu étais littéralement dans un autre plan d’existence. Plus excuse en béton, je suis pas sûr que tu puisses trouver. » marmonna son gamin dans son torse.
Peut-être c’était bizarre que son gamin soit si câlin avec lui alors qu’il allait sur sa majorité, mais qu’importe. Il profitait de chaque seconde.
« Stiles... »
« Papa. » les yeux bruns de Claudia le regardèrent et il eu l’impression de voir le même regard amusé et dédaigneux à la fois que la jeune femme. « Arrête. Promets juste de ne pas finir dans un autre plan d’existence à nouveau et de venir la prochaine fois. »
Il pouffa à cela. Avant de promettre.
Ses yeux retournant vers ce visage qui s’endort, de ce gamin, son gamin, qu’il n’a pas vu pendant un an.
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12.
Stiles est là à la seconde où ils apparaissent dans la pièce. Heureusement car l’ange ne tient sur ses jambes que parce que Dean le porte à moitié.
« Je vais bien. » dit le premier avec une voix neutre, qui ne rassure pas du tout le chasseur.
« Bien mon cul ! À quoi tu pensais !? Te laisser flinguer par mon père n’est pas quelque chose que j’avais dans mon bingo de l’année ! »
Isaac émet un ricanement et, un regard noir de Dean plus tard, il lève les mains en l’air pour signer ses excuses.
Son gamin a besoin d’un peu de concentration pour faire léviter les bouts de plombs du corps du brun avant de les envoyer par terre d’un coup rageur de main.
« Je pensais pas. J’étais en colère. »
« Colère ?! C’était pas une colère ça Cas’ ! »
« Plus une fureur. » souligne son frère, ce à quoi leur ami leur lance un regard blasé.
« Je ne comprends toujours pas pourquoi Amara a ramené cet être détestable plutôt que Bobby. Quitte à t’offrir quelque chose que tu désirais. »
Il roule des yeux et ne manque pas le léger pouffement de son fils. Il manque par contre le sourire amusé de son frère.
« Elle veut que Dean l’envoi se faire foutre pour se séparer enfin du poids de son existence. »
Cette fois, c’est le blond qui lance un regard blasé à son frère, qui fait comme Isaac en levant ses mains en l’air, une mine innocente au visage. Castiel, lui, hausse un sourcil quand il le regarde à nouveau.
« Je lui ai offert ce dont elle avait le plus besoin, son frère. Elle voulait m’offrir ce dont j’avais le plus besoin, a.k.a visiblement, confronter mon paternel sur ce qu’il n’a pas été. Tu sais, comme quand j’ai halluciné avec la racine de rêve avant de tomber en Enfer. »
Le brun fait un ‘’oh’’, signifiant qu’il sait de quoi il parle. Après tout, il avait vu toute la vie de Dean en le remodelant. Par contre, Sam pousse un son interrogatif à cela, parce qu’il en a encore un vague souvenir probablement.
Et Dean est sûr d’avoir raconté une connerie à propos de ce qu’il avait vu.
« C’est une excellente catharsis. » lance Stiles comme si de rien n’était. Ce qui lui vaut le regard blasé de la part du blond. « Quoi ? Je suis pour. Tu as déjà prouvé au monde qu’on pouvait chasser et être parent en m’ayant de toute manière. »
« J’avais ta mère et ton père pour m’aider dans cette entreprise. » argumente-t-il.
« Il avait Bobby, Père Jim, et je ne sais plus combien d’autres chasseurs chez lesquels il nous a lâché. » contre son frère, qui le coupe avant qu’il ne puisse répondre. « Cas’, ça va aller ? »
« Quelques heures de repos et je devrais être tranquille pour chasser, oui. »
« Parfait. »
Il regarde son frère faire marche vers la porte du loft et fronce les sourcils.
« Où tu vas ? »
« Castiel n’est pas le seul en colère contre notre père actuellement. Je vais lui donner un p’tit avant-goût de ma pensée. J’vous rejoins à la maison ! »
La porte du loft claque avant que Dean ne puisse bouger. Pas qu’il ne le puisse vu que la main de Castiel attrape la sienne et qu’il a encore le coup de feu résonnant dans son crâne.
Il aurait fallu que la balle ne soit pas de plomb mais de l’alliage des lames d’ange et cela aurait été fini avant même qu’ils ne puissent commencer.
Bordel.
« Je vais bien Dean. » le rassure Castiel.
« Mon cul. »
« Est très bien également. »
Stiles se met à mourir de rire, accompagné d’Isaac, Derek et Boyd qui sont toujours dans la salle. Lui reste là, bouche-bée, avant de se laisser tomber le visage dans le torse du brun.
« Je te hais. » marmonne-t-il dans la chemise ensanglantée, se foutant sûrement du sang sur le visage d’ailleurs.
« Faux. »
Il roule des yeux sans que personne le voie.
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Devenir un démon est fun. Parce que maintenant, il se fichait d'où il était sur terre, il n’avait qu’à penser à son gamin et pouf, il était à Beacon Hills. Si pratique franchement. Oui, certes, il préférait toujours conduire Baby mais il suffisait de la laisser dans un coin où personne ne la trouverait et boum, problème réglé.
Il sourit à son gamin quand ce dernier le voit enfin. Il le prend dans ses bras et serre, p’t’être un peu trop fort car Stiles lui tapote l’épaule.
Ouais, il doit être au courant. Sam ne fait plus la même erreur après le Nogistune. Il alerte son neveu dès que quelque chose tourne un peu au vinaigre, quitte à hurler au loup pour rien.
Plus tard, Stiles lui offre une bière et il ne pense à rien avant de la boire.
Il s’évanouit en entendant son gamin lui dire que c’est mieux qu’il redevienne humain plutôt qu’être un démon, quand bien même il est là plus souvent.
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Sam revint à la maison Stilinski au milieu de la nuit. Dean l’attend parce qu’il ne peut pas dormir sans savoir si son père a essayé la même chose sur son petit-frère que sur lui. Il pousse un soupir de soulagement en ne voyant aucune marque et son corps s’effondre dans le canapé.
Castiel, Derek, Noah et Stiles l’ont restreint plusieurs fois, tour à tour, afin qu’il ne sorte pas de la maison.
« Je t’aurai appelé si quelque chose s’était passé, tu sais. » s’amuse son frère de son attitude, posant les clés sur la table basse avant de s’asseoir face au blond.
« Mouais. » Son cadet penche la tête sur le côté, geste qu’il avait piqué de Castiel probablement après toutes ces années. « Je sais. Mais je m’inquiète quand même Sammy. »
Sam soupire, pas à cause du surnom mais pour toute la soirée qu’il a passée.
« Alors ? »
Le brun s’avachit un peu plus dans le fauteuil « Alors, j'ai dû lui dire que oui, le Paradis a programmé l’amour de maman pour lui. »
Quand ils l’avaient appris, cela leur avait causé un choc. Savoir que leurs parents ne s’aimaient que parce qu'une flèche les y forçait. Mais après une petite minute de discussion, Dean s’était vite remémoré que leur mariage ne tenait que d’un fil. Mary aurait probablement quitté John après quelques années de plus, qu’importe la flèche magique logée en elle.
« Il a décrété que c’était impossible, que les Cupidons n’existaient pas. Ce fût très long de lui faire comprendre que les anges existaient bien, même si tu lui as déjà dit toi-même la dernière fois et moi aussi. Il pense que tu lui as menti sur le fait que Dieu a une sœur et que celle-ci a voulu te faire une faveur. Ce qui m’a fait mourir de rire. Parce qu’il est incapable de voir que Stiles est ton gamin mais par contre, il pense que tu me caches le fait que tu as fait un deal pour le faire revenir. »
« Après dix ans ? »
WTF.
« Aucun sens, je sais. » finit Sam pour lui. « J’ai donc appelé Crowley. »
« Tu as quoi ? » le sourire de son frère se fait un peu plus grand au ton ahuri de Dean.
« J’ai appelé Crowley, qui est apparu avec son sourire amusé bien entendu, avant de demander mon autorisation pour jouer avec mon cerveau. »
« Quoi ?! »
« Rien de bien grave. Il a juste permis à certains de mes souvenirs d’être forcé dans le crâne de papa. J’ai donc pensé à Anna, Micheal, la Cage, Chuck. Ça a suffi pour qu’il se calme. »
W.T.F
Son frère est taré.
« Enfin se calme. Une fois que Crowley disparaisse et qu’il m’engueule pour avoir le numéro d’un démon dans mon portable. Je te dis pas sa tronche quand je lui ai dit que c’était le Roi de l’Enfer, pas juste un démon de pacotille. »
Oh, il peut l’imaginer.
« Pourquoi vous essayez tous de l’énerver ? » un regard de Sam suffit pour qu’il roule des yeux « Oui, ok, j’ai pas géré ma colère et l’ai énervé aussi, mais pas à ce point. »
« Je lui ai aussi dit que la prochaine fois qu’il essayait de lever la main sur toi, moi ou n’importe qui du groupe, il pouvait compter sur moi pour demander à Amara de défaire ce qu’elle avait fait. Ou de demander à Crowley, qui a bien sous-entendu en voyant papa que sa chambre de torture l’attendait, de venir le chercher gratuitement. »
« Sammy... »
Bordel…
« Écoute » commence Sam « Je sais que je t’ai souvent laissé tomber. On s’est souvent laissé tomber l’un l’autre et aucun de nous ne s’est vraiment excusé à l’autre. Mais cela n’a jamais compté parce que l’on savait que pour le nombre de fois où on avait raté, on se rattrapait deux fois plus. Papa n’a jamais essayé de se rattraper. Ni pour moi, ni pour toi. Son deal, c’était juste une façon de fuir ses responsabilités envers mon sang de démon. Vu ce qu’on sait aujourd’hui, tu aurais survécu à ce moment-là, qu’importe qu’il fasse un pacte ou non. Alors je m’en fous. Je m’en fous si je dois le renvoyer en Enfer, au Paradis, au Purgatoire ou au Néant. Je suis de ton côté, du côté de Cas’, du côté de Stiles. Toujours. »
Bordel.
Il ferme les yeux fortement, ses poings se frottant à ces derniers. Il entend son petit-frère se lever et s’asseoir à ses côtés, sa main se posant sur son épaule.
Il est l’aîné. Il est censé protéger son cadet, pas l’inverse.
Putain. Cette dernière dizaine d’années lui a pourtant appris que la protection va dans les deux sens. Qu’importe qu’il soit censé faire passer Sam en premier, avant lui-même. Sam ferait de même pour lui.
Il l’avait prouvé bien trop de fois.
« Bitch. » lance-t-il une fois qu’il sépare enfin ses mains de son visage.
« Jerk. » sourit son frère.
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Quand il reprend ses esprits, son gamin le regarde et sourit. Il est humain à nouveau. Il le sait, il le ressent. Il le sait, parce que ses pensées et ses angoisses reviennent full force dans son crâne et il doit fermer les yeux pour les absorber une à une.
Bordel. Il avait essayé de tuer son frère. Bordel, il avait enfermé, emmuré, son gamin dans une cave du Bunker. Bordel. Bordel.
Putain de merde.
« Putain de bordel de merde oh mon Dieu qu’est-ce que j’ai foutu ?! »
« Ah, ça, c'est mon père, yup. »
Il lance un regard noir à son gamin qui ne fait que rire alors que Sam ne commence à le libérer de ses liens.