Chante pour moi

Chapitre 20 : Menace

6636 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/05/2023 20:28

Je m’excuse d’avance pour sa taille. J’avais le choix entre le faire en deux chapitres ou le laisser entier, mais j’ai préféré opter pour la seconde option car je n’avais pas envie de couper dans l’action.

Installez-vous, ça va chauffer !

Chapitre 20 – Menace

«Vous savez, il y a encore tout un tas d’endroits qu’on ne vous a pas fait visiter. Il y a la cascade derrière le château, le grand port avec tous ces bateaux, le champ de betterave …» Luigi se perdit dans un long monologue sur tous les endroits que Solfège n’avait pas encore eu l’occasion de voir. Comptant chacun d’entre eux sur ses doigts gantés, il marchait tranquillement à côté d’elle pendant qu’ils se promenaient sur l’un des ponts dans la ville champignons.

«Le monde est si vaste !» Rit Solfège tout en levant les bras à toutes ces habitations très colorées. D’un large sourire, son cœur s’étreignit quand son regard se perdit sur les collines dans le lointain, se demandant à quoi ressemblait les autres régions.

«Il est très vaste, oui …» Gémit Luigi à côté d’elle après avoir redressé sa casquette verte sur sa tête. De nature très peureuse depuis petit, tout ce qui lui était inconnu lui fichait toujours une sacrée trouille.

Ce matin-là, la princesse avait proposé à Solfège de se promener un peu aux alentours pour se familiariser avec sa nouvelle maison. Afin qu’elle se sente à l’aise, d’après ses propres mots. Peach faisait vraiment tout en son pouvoir pour qu’elle se considère chez elle et Solfège devait reconnaître que toutes ces petites attentions lui faisaient très chaud au cœur. Elle aimait beaucoup la princesse, elle l’admirait pour sa force de caractère. Celle-ci était toujours d’une humeur joyeuse et ne se laissait jamais intimider par qui que ce soit, pas même par les plus grosses brutes. Après avoir mangé un petit déjeuner complet des plus divertissants avec elle et ses amis, elle était ensuite sortie pour se promener dans la ville remplie de ces petits bonhommes champignons toujours souriants. Ils étaient si adorables ! Mais à sa grande surprise, Luigi le frère de Mario lui avait proposé de l’accompagner après plusieurs longues hésitations.

Et maintenant ils discutaient comme de bons amis en se promenant dans cette merveilleuse ville animée à toute heure de la journée.

«Que faites-vous lorsque vous rejoignez le monde d’en haut ? Comment est-ce ?» S’interrogea soudainement Solfège alors qu’elle se penchait sur la rambarde du pont pour regarder ici-bas à la rue. Elle vit un Toad violet lui faire signe de la main, geste qu’elle s’empressa de rendre d’un sourire.

«Oh et bien, c’est un monde beaucoup plus ennuyeux que celui-ci. Il n’y a pas de route arc-en-ciel, pas de bonhomme champignon qui parle, pas de château rose et blanc non plus. Mon frère et moi, on s’occupe de réparer des trucs … Par exemple hier on a débouché des toilettes ! Les clients étaient très reconnaissants et on a même reçu un supplément.» Commença Luigi d’un sourire timide rapidement suivit par une grimace d’embarras quand il se rendit compte de ce qu’il venait de lui dire. Riant maladroitement, il se détourna pour murmurer tout bas.

«Mais qu’est-ce que tu racontes Luigi ! C’est n’importe quoi. Tu lui parles de toilettes bouchées !» Il frappa sa main à son front au ridicule de cette situation. Il fallait toujours qu’il perde ses moyens dans les pires moments ! Toutefois il revint à son interlocutrice d’un grand sourire à pleines dents.

«He he, je veux dire, on fait tout un tas de choses trop cool là-haut ! On est de vraies petites célébrités locales maintenant.» Se glorifia-t-il tout en bombant le torse avec les mains en poings à ses hanches.

«Je vois.» Solfège leva les sourcils, n’étant pas certaine de comprendre.

«Mario et moi, on forme une superbe équipe. Mais c’est mon frère le plus courageux de nous deux … Ça a toujours été comme ça. Moi je ne fais que de suivre.» Admit-il ensuite d’un petit haussement d’épaules après s’être lui-aussi rapproché de la rambarde. Il n’osait pas regarder en bas car il avait le vertige !

«Je suis sûre que tu es aussi brave que lui.» Répliqua Solfège qui cligna de l’œil à Luigi, ce qui déclencha un rougissement à ses joues.

«B-brave ?! Euh oui, bien sûr ! Je n’ai peur de rien, ou presque.» Bégaya-t-il. Gêné néanmoins gonflé dans l’orgueil, il attrapa le bout de sa moustache pour la lisser entre ses doigts. Ce qui fit rire Solfège aux éclats. Mais ce rire s’estompa vite tandis que le visage de la jeune femme s’attristait à nouveau, ses cheveux rougeoyants effleurant ses joues pâles. Perplexe par ce soudain changement, Luigi se pencha vers elle d’un regard soucieux.

«Puis-je vous poser une question ?» Demanda-t-il doucement, ses sourcils se fronçant lorsqu’elle tourna la tête vers lui pour établir un contact visuel. Il fût frappé par la tristesse contenue dans ses yeux verts. A son faible hochement de tête, il reprit prudemment ; «pourquoi avez-vous l’air aussi triste ?»

Puis elle se mit à réfléchir sur sa question. Pourquoi était-elle triste ? Elle avait bien sûr déjà la réponse ... Mais l’accepter n’était pas une mince affaire. Solfège détourna les yeux de Luigi pour sortir sa montre à gousset de sa poche afin de la tenir entre ses mains jointes au-dessus du vide. Le regard perdu sur les aiguilles qui tournaient, elle sentit son cœur se compresser alors qu’elle passait distraitement ses pouces sur le métal froid. Il y avait quelque chose qui la terrifiait … Quelque chose qui approchait. Et cette chose était sur le point de l’atteindre. Anxieusement, elle tournoya la montre à gousset dans ses mains pendant que son regard se perdait une fois de plus sur les maisons colorées, sa joie s’étant évaporée à cette question pourtant innocente. Elle était sur le point de lui dire la vérité mais ayant pris son silence pour un refus de répondre, Luigi finit par poser sa main sur son bras.

«Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire plus de peine. Mais vous êtes en sécurité avec nous, vous n’avez plus besoin d’avoir peur ! Mario vous protègera. Nous … Vous protégerons.» Se corrigea-t-il après une courte hésitation alors qu’il souriait gentiment à Solfège pour tenter de la rassurer. Cette dernière le lui rendit en retour cependant des cris dans le lointain les coupèrent dans leur discussion.

Il y avait un mouvement de panique. Perplexes, les deux se redressèrent pour voir que les Toads courraient dans tous les sens en hurlant qu’un intru était entré dans leur cité. De quoi parlaient-ils ? Jetant un regard horrifié à Luigi qui ne se priva pas de le lui rendre, ils se précipitèrent sur le pont pour rejoindre les élévateurs menant directement à la cour du château. Ils y croisèrent Peach et Mario suivis par le général Toad ainsi que des gardes armés prêts à en découdre avec celui ou celle qui avait pénétré sur leur territoire sans invitation. Tout comme eux, ils avaient l’air inquiets. Personne ne savait ce qui se passait tandis qu’ils descendirent tous dans la rue principale où couraient et hurlaient les habitants de Champiville. Mario essaya d’obtenir des informations en interpellant un Toad mais il était trop paniqué pour formuler une phrase complète donc il le laissa se réfugier dans sa maison qu’il ferma à double tour.

Solfège s’avança plus loin pour voir que quelque chose de familier courrait dans leur direction. Esquivant les nombreux Toads sur son chemin, la petite figure essayait tant bien que mal d’avancer parmi la foule de champignons courts sur pattes. Effrayé, il laissait sortir des petits cris qui étaient facilement reconnaissables, au point de la surprendre. Ses yeux s’élargirent subitement lorsqu’elle réalisa enfin qu’il s’agissait de son jeune ami Bowser Junior, son cœur se mettant à courir la chamade dans sa poitrine. Mais, que faisait-il ici ?! C’était dangereux ! Instinctivement, elle se mit à avancer dans sa direction tandis que la princesse réalisait à son tour de qui il s’agissait pour ordonner à ses gardes de l’appréhender.

«C’est un ennemi !» S’écria-t-elle après être sorti de sa stupeur.

«C’est un enfant !» Rectifia aussitôt Solfège qui courait vers Junior dans la peur qu’il se fasse blesser par les gardes. Les deux se rejoignirent au milieu de la rue désormais pratiquement vide. A genoux sur le sol, elle ouvrit grand ses bras pour accueillir la petite tortue quand il se jeta contre elle, posant sa joue contre la sienne d’un sourire émotif.

«Solfège !» Bowser Jr était si heureux de la revoir qu’il ne pouvait retenir sa queue de gigoter. C’était plus fort que lui ! Il s’enfonça plus loin dans les bras accueillants de l’humaine qui lui avait beaucoup manqué, incroyablement soulagé de l’avoir trouvée dans cet amas de Toads effrayants aux cris perçants. Il ne voulait plus la lâcher par peur qu’elle disparaisse maintenant qu’il l’avait enfin retrouvée ! Ayant combattu sa peur des Toads pour venir jusqu’à elle. Alors qu’il resserrait ses bras autour de Solfège d’un petit ronronnement, il leva les yeux pour rencontrer les siens lorsqu’elle se mit à parler.

«Junior, tu n’as rien ? Comment es-tu arrivé jusqu’ici ? C’est très dangereux !» S’inquiéta la jeune femme aux cheveux rouges avant de prendre le Koopa téméraire à bout de bras pour l’examiner, à la recherche de blessure. Mais par chance il n’avait rien.

«Je suis venu pour te ramener à la maison !» Junior hocha fermement la tête d’un froncement de sourcils déterminé. Assis sur les genoux de Solfège en tenant d’une poigne désespérée le tissu de sa robe blanche et rose, il se sentit tout à coup intimidé par la présence de la princesse et de ses amis.

«Qu’est-ce que cela signifie ! J’exige des explications !» Somma Peach une fois à côté de Solfège et du fils de Bowser qui représentait potentiellement un danger pour ses Toads. Levant le menton d’un regard sévère, la princesse posa les mains à ses hanches lorsque le petit Koopa s’éloigna nerveusement d’eux. Les mains nouées, Junior sursauta quand les hallebardes des gardes s’abaissèrent vers lui.

«Non, ne lui faites pas de mal. Il ne représente aucune menace.» Solfège tendit un bras vers eux pour calmer la tension. Finalement, la jeune tortue reprit son courage à deux mains pour faire part de ses intentions.

«Je suis là pour kidnapper Solfège ! Je veux qu’elle vienne avec moi !» Réclama-t-il après avoir croisé ses bras en esquissant un petit sourire prétentieux. Il n’avait pas peur d’eux !

«Et tu comptais faire ça comment, p’tit ?» Mario grimaça puis leva les mains à cette déclaration complètement absurde. Savait-il au moins où il se trouvait ? Voilà qui était totalement inattendu ! Néanmoins il devait admettre que ce petit avait du cran, un peu comme son borné de père.

«Toi je t’ai pas sonné !» Grogna Junior en lançant un regard noir en direction des deux moustachus. Ces deux-là, il ne pouvait pas les voir ! Même pas en photo d’ailleurs. Les ennemis de son papa étaient aussi ses ennemis à lui, il ne faisait aucune différence ! Montrant sa petite dent en guise de menace, le Koopa se retourna ensuite vers Solfège pour la regarder avec déception.

«Pourquoi tu es partie ? Tu avais pourtant promis que tu ne m’abandonnerais jamais … Que tu resterais toujours auprès de moi.» Bowser Jr fit une petite moue tout en jouant avec un gravillon sur le sol. Evidemment, il mentait car elle n’avait jamais promis quelque chose comme ça mais il voulait qu’elle comprenne à quel point son départ l’avait affecté. Face à lui, l’expression froide de Peach faiblit légèrement après cette déclaration qu’elle trouvait touchante. Il semblerait qu’ils aient beaucoup de complicité ces deux-là. Peinée de voir cette tristesse sur le visage de son jeune ami, Solfège cherchait ses mots mais elle ne savait pas quoi lui répondre alors ce fût Luigi qui prit la parole.

«Mario, pourquoi est-ce qu’il porte une bavette avec des dents ? Je trouve ça effrayant …» Chuchota-t-il à l’oreille de son frère qui restait impartial malgré tout.

«Poule mouillée.» Répondit Junior d’un petit sourire malicieux, ravi que son bandana fasse son effet. Les deux se fusillèrent du regard avant que Mario ne se tourne vers Peach pour lui demander quoi faire maintenant que le fils de Bowser était au royaume Champignon. Inquiet pour la sécurité de la princesse.

«Et maintenant, que faisons-nous ?» Il regarda désespérément entre le petit Koopa effronté et Peach qui avait croisé les bras pendant qu’elle réfléchissait. Elle n’était pas d’avis à le faire prisonnier car non seulement ça allait à l’encontre de ses principes mais en plus ce geste pourrait attiser la colère du Roi Koopa.

Et elle n’avait pas spécialement envie de mettre tout le monde en danger à cause d’une décision irrationnelle.

«Solfège, il faut vraiment que tu viennes avec moi ! Papa est vraiment très fâché depuis que tu es partie ... Il croit que c’est un complot. Il est déjà en chemin pour tout détruire et je ne veux pas qu’il te fasse du mal ! Vient avec moi, il le faut !» Plaida encore Bowser Jr d’une touche de désespoir tout en prenant la main de l’humaine à genoux dans les siennes.

«Bowser est en chemin ?!» S’exclama le Général Toad dans le dos de la princesse. Sa bouche s’ouvrant de stupéfaction, il redressa nerveusement ses lunettes sur un nez qui n’existait pas ; «c’est impossible ! Nos radars n’ont indiqué aucune menace imminente. Princesse, il essaye de nous déstabiliser ! C’est évident. Nous ne pouvons pas lui faire confiance.»

«C’est impossible.» Répéta Peach alors que ses yeux se rétrécissaient à l’enfant qui étreignait les mains de son amie. Toutefois sa réponse surpris tout le monde ici présent.

«Eh bien … C’est possible que j’ai mis au point un dispositif de camouflage et que vous ne pouvez plus détecter le château. C’était un secret.» Rajouta-t-il lorsque Solfège le regarda d’un air ahuri. Il lui avait caché ce prototype car il savait qu’elle ne serait jamais d’accord pour créer quelque chose comme ça.

«Qu’avez-vous fait … Qu’avez-vous fait !» Rempli d’effroi, le Général Toad posa ses mains sur son grand chapeau, réalisant à quel point la situation était dramatique.

«Tu plaisantes ?!» Mario écarquilla les yeux.

«Oh non …» Gémit Luigi en se cachant derrière son frère tout aussi choqué par la nouvelle.

«Maintenant ça explique pourquoi il a réussi à me capturer par surprise. Le château était indétectable ...» Parla Peach sans s’adresser à qui que ce soit en particulier. Ses yeux bleus confus se dirigeant un instant vers le sol, elle se tourna ensuite vers son général qui ne s’était toujours pas remis de cette annonce.

«Dans combien de temps l’armée Kong sera là ?» Demanda-t-elle dans la précipitation.

«Ils sont en chemin ! Ils devraient arriver d’une seconde à l’autre.» Répondit-il dans ce même ton affolé alors qu’il regardait frénétiquement sa montre bracelet pour être sûr de son information.

«Alors il n’y a pas une minute à perdre. Bowser sera bientôt à nos portes ! La menace est réelle. Ne traînons pas, il faut évacuer la cité et mettre tout le monde en sécurité le plus vite possible !» Ordonna Peach dans la panique après avoir fait signe à ses gardes de se mettre en action.

Tout le monde se mit instantanément au travail. Peach, Mario, Luigi et Solfège s’empressèrent de rassembler les Toads puis de vider toutes les maisons tandis que le Général Toad faisait la circulation pour éviter un mouvement de panique comme tout à l’heure. Des centaines de petits bonhommes champignons s’activèrent pour rejoindre le port et les bateaux, terrifiés à l’idée de recroiser la route du féroce Roi Koopa. Ils en gardaient un très mauvais souvenir de la dernière confrontation qui leur avait coûté la rénovation d’une partie du château de leur belle princesse ! Les pancartes se renversaient, les paniers de fruits et les maisons étaient toutes abandonnées dans la panique. Le temps pressait, mais il était déjà trop tard … Alors que tout le monde courrait et hurlait de peur, quelque chose de gigantesque occulta progressivement tous les rayons du soleil.

Le sol commença à trembler. Les fenêtres des maisons champignons se mirent à tinter aux grandes vibrations émises par le château volant au-dessus de la cité bientôt à l’abandon. Les nuages noirs qui enveloppaient le vaisseau grondaient et produisaient d’importants courants électriques qui se transformèrent en éclairs menaçants tandis qu’il s’approchait à grande vitesse. Tout comme la dernière fois, la grande tête effrayante du château de Bowser se dirigea vers le château dressé sur la plus haute colline. Sur le point de faire régner la terreur. La plateforme volante recouvrait bientôt la ville entière alors que les derniers Toads se ruaient vers le port où ils espéraient y trouver la sécurité le temps que leur princesse règle le compte à cet affreux monstre qui voulait s’emparer du pouvoir !

«Evacuez, allez ! Luigi, assure-toi qu’ils arrivent tous aux bateaux !» Peach guida ses Toads puis leva les yeux sur ce château maléfique qui ralentissait une fois au-dessus de Champiville. En dépit d’avoir peur, elle ressentit une intense haine la submerger quand les énormes boulets d’ancrage furent lâchés pour s’enfoncer dans le sol, écrasant des champignons sur leur trajectoire. Resserrant ses doigts autour de sa lance, la princesse lança un regard noir au vaisseau qui entamait enfin sa descente, suivant du regard la grosse tête en pierre de Bowser. Elle eut un frisson le long de la colonne vertébrale.

Solfège chercha partout Junior après l’avoir perdu de vue dans ce mouvement de foule incontrôlable. Elle l’appela plusieurs fois mais il ne lui répondit pas. Ils avaient à peine eu le temps d’évacuer la ville que le château avait déjà fait son apparition dans le ciel désormais menaçant avec tous ces nuages noirs et ces éclairs impressionnants. Elle n’avait encore jamais vu le château sous cet angle, et elle devait admettre que c’était particulièrement intimidant. Prenant quelques pas en arrière de peur, la jeune femme ne pouvait quitter du regard la plateforme qui descendait toujours plus bas vers le sol, écrasant absolument tout sur son passage sans le moindre scrupule. Horrifiée, sa bouche s’ouvrit béatement tandis qu’elle se réfugiait sous un porche pour voir que quelque chose venait de sauter dans le vide depuis la gueule ouverte du Bowser géant.

«Mario !» Gronda le grand Koopa à épines qui n’avait pas attendu l’amarrage de son château pour descendre. Sa voix était menaçante, beaucoup plus grave que la normale. Il atterrit lourdement sur le sol puis se redressa d’un regard massacreur qu’il n’utilisait qu’en cas d’extrême rage, les poings serrés. A son impact sur le sol, il souleva de la poussière. Sa respiration était lourde alors qu’il prenait quelques pas pour se percher sur un champignon renversé afin d’avoir un aperçu de la ville et plus particulièrement d’un personnage qu’il méprisait avec passion.

«Tu pensais que je n’allais rien faire ? Que j’allais sagement rester assis sur mon trône pendant que toi, tu ramasses les éloges ?» S’écria ce dernier tout en levant les bras. Ses yeux rougeoyants se plissaient au petit moustachu en salopette qui courait à la recherche d’un Power Up.

Heureusement, la princesse en avait éparpillé un peu partout dans la ville au cas où quelque chose comme ça se produirait. Et elle avait bien fait !

«Ravale ta peur et affronte-moi comme un homme !» Hurla Bowser hors de lui.

Mario se dépêcha d’atteindre la boîte jaune avec un point d’interrogation avant que le Koopa furieux ne lui saute dessus. Sans ces pouvoirs, il n’avait aucune chance de le battre ... Et il devait impérativement lui tenir tête le temps que l’armée Kong n’arrive, ou sinon ils couraient droit à la catastrophe. Ce scénario n’était même pas envisageable ! Sautant sur un petit champignon pour frapper son poing contre la boîte mystère, il attrapa rapidement l’item qui en sorti dans sa main droite, essoufflé d’avoir autant couru pour l’atteindre. Sans même regarder de quoi il s’agissait, il l’englouti tout rond d’une grimace répugnée. Il prit tout à coup une taille supplémentaire ce qui augmenta sa force de frappe et sa puissance de manière générale. Rien d’extraordinaire, mais au moins cela lui permettait d’encaisser des coups et d’en donner aussi. Sur son champignon rouge, Bowser se mit à rire vilement.

«Tu penses pouvoir m’arrêter avec ça ?» Ricana-t-il, ses sourcils épais se hissant sur son front. Il ne manquait pas de culot ! Serrant ses poings d’un grognement furax, il reprit plus bassement ; «cette fois-ci, il n’y aura pas d’étoile pour te sauver la peau !»

Et il allait le faire souffrir autant que lui souffrait. Libérant son célèbre rugissement, le Roi Koopa bondit sur Mario pour engager le combat avec lui. Cette rage était incontrôlable, inépuisable et elle l’alimentait de la tête aux pieds. Il n’avait jamais ressenti pareille colère, pas même quand son dernier mariage avait été gâché par sa faute ! Non, cette fois-ci c’était totalement différent. Il jeta ses poings en direction de Mario mais ce dernier l’esquiva de justesse pour lui mettre un coup de poing en pleine figure. Cette frappe réussit à le sonner un bref instant mais n’était pas suffisante pour le blesser. Bowser grogna furieusement puis attrapa un débris de pierre pour le jeter vers l’humain plus rapide que lui car il réussit à se cacher derrière une maison pour éviter l’impact brutal qui lui aurait retiré son pouvoir.

«D’abord Peach, maintenant Solfège ! Tu te mettras toujours en travers de mon bonheur ! Petite chose faible et insignifiante ! J’allais enfin le connaître ! J’allais enfin savoir ce que c’est que d’être aimé ! Et il a fallu que tu gâches tout, encore une fois !» Fulmina l’imposante tortue après avoir balancé des décombres sur Mario dans l’espoir de le toucher. Tremblant de rage, il poursuivit, son regard hystérique fixé sur son ennemi juré ; «c’est pourquoi ça doit se régler ici et maintenant ! C’est entre toi et moi !»

«Alors allons-y ! Que la fête commence.» Provoqua Mario désormais autant remonté que lui. Il voulait la bagarre ? Dans ce cas il allait se battre jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un !

Il s’essuya la moustache puis gémit quand il failli se faire écraser par un mur qui avait été violemment arraché par Bowser. Il devait se rendre à l’évidence qu’il ne fera jamais le poids seul … La tortue ne se fatiguait pas et ses menaces promettaient qu’il ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas obtenu justice. Contre un mur, il couvrit vite son visage lorsqu’un puissant jet de flammes frappa la maison contre laquelle il s’était temporairement abrité. La chaleur qu’elles dégageaient était étouffante mais soudainement ses yeux se posèrent sur un autre cube jaune à seulement quelques mètres de sa position. Attendant que Bowser ne reprenne son souffle, Mario se précipita à la boîte pour sortir un autre Power Up en espérant que cette fois-ci il recevait quelque chose d’un peu plus efficace. Il voulut le manger d’un seul coup sauf qu’il s’arrêta à mi-chemin à cause de son apparence qui rappelait celle d’une fleur …

Après l’avoir touché du bout des doigts, un boomerang blanc et bleu apparut dans sa main droite tandis que ses vêtements changèrent de couleur pour correspondre à son nouvel objet. Parfait ! L’attaque à distance était une meilleure option. S’écriant joyeusement, il jeta le boomerang sur le Roi pour le repousser pendant que Peach et Toad l’explorateur se dépêchèrent de rejoindre la place centrale pour donner un coup de main à leur ami en difficulté. La princesse ralentit quand elle vit l’apparence du Koopa, momentanément pétrifiée par cette colère dévastatrice. Il détruisait tout sur son passage … Brûlant les habitations, les bâtiments et les champignons d’une violence inouïe.

«Mario !» S’alarma-t-elle lorsqu’il se prit un terrible coup de queue qui le propulsa à travers une fenêtre.

«Je vais t’écrabouiller, te réduire en pièces ! Tu m’as tout pris, et tu vas le payer de ta vie ! Je vais détruire tout ce qui compte pour toi !» Rugit Bowser en recommençant à cracher des flammes sur tout ce qui se trouvait à proximité.

La princesse se couvrit le visage à ce vent incandescent qui souffla ses cheveux blonds en arrière, épouvantée de voir que son royaume tombait comme une pile de cartes juste devant ses yeux dévastés. Comment allait-il l’arrêter ? Elle se le demandait alors qu’elle courrait à la recherche d’une boite jaune pour filer un coup de main à Mario avant qu’il ne soit méchamment blessé. Les flammes ravageaient les champignons autour d’elle et engloutissaient les maisons de ses pauvres Toads dans de puissants tourbillons destructeurs. Les larmes lui piquaient les yeux mais ce n’était pas le moment de fondre en larmes ! Elle avait un royaume à défendre. Elle sauta pour récupérer un item dans la boîte lorsque tout à coup, le puissant jet de flammes s’arrêta. Perplexe et méfiante, Peach regarda ce qui avait miraculeusement réussi à arrêter la furie de Bowser.

La fumée se dissipait lentement pour dévoiler la silhouette de Solfège parmi les décombres fumants. Faisant courageusement face au Roi des Koopas, la jeune femme écartait les bras pour l’empêcher d’aller plus loin. A bout de souffle à cause de l’adrénaline. Elle l’affrontait droit dans les yeux, sans peur ni haine. Elle lui barrait la route au péril de sa vie pour sauver le reste du royaume et ses habitants innocents, voulant à tout prix arrêter ce massacre. Les poings de Bowser se décontractèrent, son regard enragé s’adoucit. Solfège resta immobile alors que ce dernier l’étudiait après avoir perdu toutes traces de rage dès l’instant où il posa les yeux sur elle. Cette scène étourdissante choqua Peach pendant qu’elle regardait l’échange silencieuse se déroulant à quelques mètres plus loin d’une touche d’appréhension, la peur au ventre de voir son amie être blessée.

«S’il vous plaît … Ne faites pas ça.» Chuchota Solfège d’une faible secousse de sa tête sans jamais rompre le contact visuel avec la tortue qui la surplombait. Ses tendres yeux verts plongeaient dans ceux abattus de Bowser qui avait abandonné sa colère pour quelque chose d’autre, un sentiment qui se manifestait à chaque fois qu’il la voyait. Une fois certaine qu’il était suffisamment calme, l’humaine se rapprocha de lui pour lui tendre la main d’un sourire affectueux. Il était sur le point de lui tendre la sienne …

Lorsque quelque chose entra brutalement en contact avec le Roi des Koopas.

«Non !» Cria Solfège au moment où le pied de Donkey Kong frappa le visage de Bowser pour l’éjecter loin d’elle. Le grand singe en profita pour lever les poings en l’air d’un large sourire.

«Hey, désolé pour le retard ! Il y avait un bouchon sur la route. Maintenant collons-lui une râclée qu’il n’est pas près d’oublier !» Plaisanta ce dernier tout en frappant dans ses mains pour se préparer à la bagarre, pas le moins du monde intimidé par la tortue cracheuse de feu. Il l’avait eu une fois, mais il n’y en aura pas une deuxième ! Levant le poing d’un cri de guerre, il fondit sur Bowser pour bondir sur lui et atteindre le cube point d’interrogation se trouvant juste au-dessus de sa carapace épineuse. Il reçut le pouvoir de la cerise, ce qui le dédoubla. Comme ça, quatre fois plus de coups !

«Let’s a go !» Mario rejoignit vite son ami au combat avec le boomerang qu’il jeta sur des Koopas ailés qui avaient finalement décidé de venir se battre quand ils virent leur monarque au sol. Toad prit cette occasion pour aller chercher Solfège et la conduire loin de la zone.

«Il faut y aller ! Je dois te mettre en sécurité. C’est trop dangereux de rester dans les parages !» S’empressa-t-il de dire tout en prenant la main de l’humaine dans la sienne pour l’emmener avec lui vers le port. Il tira désespérément sur sa main mais elle luttait.

«Non, lâche-moi !» Protesta-t-elle en essayant de ralentir le Toad se montrant particulièrement insistant alors qu’il voulait l’obliger à le suivre.

Etalé sur le sol après avoir reçu un violent coup dans les côtes, le Roi des Koopas leva les yeux lorsqu’il entendit la petite voix de Solfège au loin. Ses griffes s’enfoncèrent dans le sol de plusieurs grognements mécontents. Il vit la scène, ce qui fit grandir cette intense colère dans son ventre. Ses pupilles se rétrécissaient dangereusement pendant qu’il se hissait à ses pieds d’un rugissement effroyable pour la rejoindre mais Donkey Kong, son double et Mario le frappèrent pour qu’il s’effondre contre une maison champignon. Il fût enseveli cependant ce n’était pas suffisant pour le calmer, loin de là ! Jetant ses griffes acérées pour repousser les deux singes, il aboya à ses soldats restants de se débarrasser d’eux le temps qu’il s’occupe personnellement de Mario. Il réussit à lui administrer un violent revers qui le propulsa plusieurs dizaines de mètres plus loin, l’impact suffisamment fort pour lui faire perdre son Power Up.

«Tu ne peux rien contre moi !» Bowser se mit à rire machiavéliquement, son expression devenant effrayante au petit bonhomme qui se glissait sur le sol à la recherche d’une cachette.

«Je suis plus fort que toi, tu ne peux pas me battre ! Personne ne le peut.» Vociféra-t-il après avoir soulevé une grande pancarte dans l’intention de la lui balancer sauf que Donkey Kong intervint.

«Je ne parierai pas là-dessus mon gros !» Se moqua le grand singe après avoir utilisé ses pieds pour dévier la pancarte de sa trajectoire. Celle-ci s’enfonça dans le sol derrière lui.

Plus loin, Solfège se faisait entraîner de force par Toad qui voulait impérativement la mettre en sécurité, peu importe son avis.

«Laisse-moi y aller, je peux le convaincre de tout arrêter ! Je peux mettre un terme à tout ça !» Lui dit-elle dans la panique alors qu’elle tirait son bras pour sortir de l’emprise du petit champignon. Il avait beaucoup de force mine de rien.

«Hors de question, tu vas être blessée ! Il est devenu incontrôlable.» Toad secoua rudement la tête, refusant d’abandonner sa nouvelle amie à une mort certaine. Il tira sur sa main d’un gémissement pour l’empêcher de rejoindre le combat mais subitement ses doigts glissèrent puis la jeune femme se rua vers l’affrontement.

«Solfège, revient !» S’affola Toad après s’être écroulé au sol sur son sac.

Fou de rage, Bowser tenta de repousser toutes ces attaques coordonnées mais il se fatiguait tandis que Peach et Mario revinrent à la charge avec de nouveaux Power Up. La princesse avait pris une fleur de feu quant à Mario, il avait à nouveau reçu un super champignon. Le combat était acharné. Une partie de la cité avait été ravagée par la folie destructrice de Bowser mais il restait encore beaucoup de choses à sauver notamment les Toads qui étaient tous regroupés au port avec Luigi et Peach était déterminée à les protéger. Coûte que coûte. Leur vie en dépendait ! A trois, ou plutôt quatre grâce au pouvoir de la cerise, ils en arrivaient bientôt à bout du Roi Koopa. La tortue commençait sérieusement à fatiguer alors qu’il se prenait des rafales de tous les côtés, ne touchant plus aucune cible avec ses griffes qu’il balançait à l’aveuglette.

Donkey Kong utilisa la force de son double pour soulever un champignon bleu géant qu’ils abattirent sur Bowser au même moment où Peach jeta plusieurs boules de feu qui ne rata pas une seule fois sa cible. Harcelé par tous les côtés, il poussa un dernier hurlement redoutable avant de s’effondrer à plat ventre sur le sol dans un grand tremblement de terre. Il essaya de se relever mais la force de ses bras lui manquait, donc il retomba dans la poussière d’un petit gémissement exténué. Il avait perdu … Encore une fois. Abattu par cette défaite, le Koopa géant redressa la tête pour voir que Mario se dressait fièrement au-dessus de lui d’un froncement de sourcils, les poings serrés à ses côtés. Après quelques secondes dans le silence, il leva son poing en l’air pour lui administrer le coup de grâce.

Mais le coup ne vint jamais.

Bowser rouvrit les yeux pour voir que Solfège s’était interposée entre lui et Mario, sa petite main tendue vers son poing toujours maintenu au-dessus de lui. Penchée sur le Roi à terre, elle utilisait son corps comme d’un bouclier, la respiration erratique. Plaidant du regard pour que Mario ne finisse pas le travail. Cette scène figea tout le monde sur la place alors qu’ils se contentèrent de regarder avec surprise l’intervention de l’humaine aux cheveux de feu, ce geste désespéré les sidérants. Elle venait de prendre la défense de Bowser ! Ils peinaient à y croire. Solfège attendit quelques secondes dans cette même position avant de finalement rabaisser sa main quand elle était sûre que Mario n’allait rien faire de plus. Le remerciant d’un bref hochement de tête, elle se retourna vers le Koopa au sol.

Maintenant que le combat était terminé, Junior réapparut entre les décombres pour rejoindre son père, anxieux après avoir été témoin de sa rage. Car il avait été salement amoché par Mario et sa bande … Allait-il bien ? S’en remettra-t-il ? Il marcha prudemment dans leur direction.

Aidant Bowser à se redresser en lui prenant les mains, Solfège était sur le point de prendre la parole pour exprimer son soulagement mais les derniers rayons du soleil disparaissant entre les collines l’arrêtèrent. Son sourire disparut aussitôt de son visage. Ses yeux verts inquiets se tournèrent vers l’horizon pour regarder le magnifique coucher de soleil qui baignait le château rose et blanc d’une belle lueur dorée. Il était trop tard … Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine tandis qu’elle sortait rapidement sa montre à gousset pour la regarder d’un air effrayé. L’aiguille se rapprochait dangereusement du douze, elle n’avait plus le temps désormais.

Se retournant vers Bowser qui la regardait avec incrédulité à cause de son comportement étrange, elle se dépêcha de prendre sa main dans la sienne afin de lui glisser la précieuse montre au centre de sa paume. Sa peau était chaude au toucher, elle s’y attarda un moment comme pour s’en souvenir. Elle aurait voulu avoir le pouvoir d’arrêter le temps … Juste pour voler un instant. Emue, elle referma doucement ses doigts autour des siens puis resta un instant dans cette position avant de lever les yeux dans sa direction. Elle lui fit un sourire triste à cette confusion qui ne quittait plus son visage amoché par les nombreux coups. Elle pouvait sentir le regard des autres mais elle n’y prêta aucune attention alors que les derniers rayons du soleil l’atteignaient enfin pour faire ressortir la couleur rouge de ses cheveux. Ses doigts s’attardèrent sur ceux du Roi Koopa quand elle commença à voir flou à cause des larmes, la pression augmentant dans sa poitrine.

«Ne m’oubliez pas.» Réussit-elle à dire d’une voix affectée par les larmes, lui offrant un dernier sourire sincère.

Bowser tendit son autre main vers elle mais au tout dernier tic de la montre, Solfège s’évapora juste sous leurs yeux pour lentement disparaitre dans la brise.

A suivre …

J’espère que ça vous a plu.

A bientôt, VP

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