Huis-clos...trophobie
Epilogue
Consternation et découragement, voila les mots les plus adéquats pour décrire les sentiments qui se bousculent sur le Deadale et sur la cité Atlante.
Hermiod ne cache pas son mécontentement. Pour le Asgard, l’échec de cette mission est profondément troublant. Tous ses paramètres indiquaient la présence d’une structure de nature ancienne. De fait, la structure était bien là, mais il ne s’agissait pas d’un laboratoire secret ni d’un jumper d’Atlantis. Juste une porte, et encore, inutilisable. Au dire des militaires en contact avec Pégase, il s’agirait d’un processus d’autodestruction ayant également agit sur la porte aquatique de l’océan Lantien.
La question en suspens est maintenant de savoir si ces explosions ont précédé une éventuelle destruction du laboratoire ou si elles en sont la conséquence.
Sur les flots déchaînés de l’océan Atlantique, l’amiral Block a également du mal à garder son sang-froid. Il a la désagréable impression d’être le dindon de la farce. Le Pentagone lui a expressément donné l’ordre de venir sur cette zone et de suivre les instructions du colonel Caldwell. Cependant après plusieurs heures de pêche à la ferraille, il n’a vu ni colonel, ni rescapés, ni quoi que se soit qui mérite le déploiement d’un destroyer et d’un vaisseau furtif.
Lorsqu’un ordre de retraite lui parvient, il n’est que trop heureux de quitter cette farce ridicule qui fait perdre inutilement de l’argent à l’armée américaine et aux contribuables.
La page est tournée pour le destroyer.
Pour le Deadale en revanche, l’échec est cuisant et ce ne sont pas les maigres informations qu’ils tireront de la porte qui peut les consoler. La mort dans l’âme, le colonel Caldwell donne l’ordre de retourner en orbite terminer les derniers préparatifs pour le voyage vers Atlantis.
***
Le major Lorne et Ronon ont rejoint la cité des Anciens. Ils sont accueillis par le docteur Weir. Elisabeth les met au courant de l’existence du virus. La destruction des données, couplée à celle de la porte ne laisse guère d’espoir de retrouver le colonel Sheppard et le docteur McKay vivants. Dans un silence pesant les membres d’Atlantis se séparent, allant chacun vaquer à des occupations basiques.
Elisabeth s’isole dans son bureau, commençant à rédiger un rapport qu’elle sait douloureux. Ronon accepte l’invitation d’Evan pour une magistrale cuite. Le docteur Radek Zelenka poursuit inlassablement ses recherches informatiques. Il ne sait plus vraiment ce qu’il cherche mais se perdre dans les chiffres est bien agréable.
***
Sheppard et McKay sont abasourdit par leur découverte. Ils se croyaient dans l’océan Atlantique, montant vers le ciel bleu des Bermudes. Quelle erreur !
McKay est le premier à rompre le silence de la surprise.
-On aurait dû s’en douter.
-Comment ? Les Avengers, le Scorpion, tous ces vaisseaux avaient disparu dans le Triangle.
-Oui, mais pas le jumper, ni le dart, ni même le planeur de la mort que l’on voyait du bombardier. Le triangle des Bermudes n’est ni plus ni moins la zone de capture de la Terre, pas le laboratoire. C’était pourtant évident.
-Mouais, si vous le dites. Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
Au-dessus de leur tête, une épaisse couche de glace les empêche d’atteindre la surface. Sheppard fulmine en regardant la sortie si proche et si inaccessible.
-Bon et où sommes-nous ?
-En Antarctique, vraisemblablement. C’est si logique quand on y pense.
-Et maintenant ? Je suppose qu’un drone ne pourrait pas ouvrir une brèche de salut.
-Non effectivement.
McKay a le sourire canaille du gamin qui a fait une bonne blague. Sheppard ne se méprend pas sur la signification d’une telle grimace.
-Ne me dite pas que vous avez un autre générateur à Naquadah dans votre pochette Kinder ?
-Non, j’ai mieux !
McKay fouille dans ses poches et expose triomphant une charge nucléaire qu’il a extrait des torpilles du Scorpion. Le colonel Sheppard est ahuri.
-Ce n’est pas un bonbon Rodney ! En règle générale, les gens normaux ne se baladent pas avec une ogive nucléaire dans les poches.
-Non, mais les gens normaux ne doivent pas en permanence sauver le monde.
-Vous ne pensez pas que vous exagérez un peu ? Commencez par sauvez notre peau, ce sera déjà pas mal.
McKay s’active sur l’un des drones avant de donner au colonel son feu vert. Sheppard hésite avant de tirer.
-Est-ce que le drone ne risque pas de s’enfoncer bêtement dans la glace, la faisant s’effondrer sur nous ?
-Si, c’est exactement ce qui va se passer.
-McKay !!!
-La banquise va se fendre sur le trajet du drone et l’explosion nucléaire, bien que minime, va achever le travail et ouvrir une brèche. Maintenant si la question était : faut-il se planquer ? … alors la réponse est oui, mieux vaut retourner un peu dans les profondeurs.
Tout en grommelant une réponse incompréhensible mais sans aucun doute acide, le colonel Sheppard refait plonger le jumper. La pénombre pénètre de nouveau dans l’habitacle. La vitre avant ne permet plus que de voir l’épaisse couche de glace qui les enveloppe. Une sensation d’oppression saisit le colonel. Un rapide coup d’œil à McKay indique que le scientifique est également la proie d’une terrible angoisse. Cruelle situation qui les oblige à replonger alors que la sortie est si proche. Un regard lourd qui en dit long sur la fatigue psychique des deux terriens.
Sheppard se concentre et envoie le drone qui file dans l’océan, traçant un étrange sillon sinueux. L’impact est bizarrement silencieux. Seul l’orifice d’entrée du drone est visible. Si petit, si insignifiant.
Les secondes passent, stressantes, mortelles…
John et Rodney se regardent sans oser parler. Leur échange visuel parle de lui-même. En aucun cas ils n’avaient abordé la possibilité d’un échec. Et pour cause.
Autour d’eux tout n’est qu’un immense labyrinthe de glace. De droite comme de gauche des tunnels bleutés ouvrent de multiples chemins possibles, chacun aboutissant peut-être à la surface ou à la mort. Sous le jumper, les profondeurs semblent plus salutaires, mais le bouclier n’a plus l’énergie nécessaire.
Les secondes passent…
Sheppard se réinstalle aux commandes. Un regard suffit pour avoir l’acceptation de Rodney.
-Nous n’avons pas d’autres choix que de chercher une issue dans ce dédale de glace.
-Je sais colonel. Allons-y !
Le jumper emprunte le boyau le plus proche quand soudain l’habitacle se rempli d’une étrange luminosité bleutée. Sheppard et McKay découvrent stupéfait le ciel qui vient se poser doucement sur la surface de l’océan. La banquise s’est fendue en deux sur une bonne dizaine de mètres, laissant béante une porte de sortie.
Sheppard ne se fait pas prier et élance le jumper vers le ciel terrien.
***
-Vous en voulez encore un peu Rodney ?
-Non merci John, ça ira.
Le colonel Sheppard et le docteur McKay sont allongés sur une épaisse couche de petit gravier. La sensation de fermeté du sol et l’extrême sécheresse de l’air ambiant sont un plaisir pour leurs sens.
Une fois sortie de l’océan et de son mortel étau, le colonel Sheppard a pénétré davantage dans les terres et a gagné une zone sécurisée de l’Antarctique. Grâce à l’occulteur du jumper, ils ont pu aisément se poser dans la vallée sèche de McMurdo. Sheppard connaît bien cette région et c’est avec plaisir qu’il a fait découvrir à Rodney son coin secret, celui où s’entassent encore les restes de trois canettes de bière.
McKay regarde l’étiquette de sa Gauloise Brune et la laisse tomber au sol. La quatrième canette vient entrechoquer les autres cadavres.
-Et bien, ça fait vraiment du bien ! 8,1 degrés… elles sont sacrément fortes !
-Oui, ce sont les plus fortes que j’ai pu me procurer. Je les avais eues dans la zone française, à Urville.
McKay se laisse aller sur le dos et admire le magnifique ciel bleu.
-Et maintenant ?
-Vous vous souvenez de ma remarque, dans l’Avenger ?
Sheppard éclate de rire.
-Je pense qu’il est temps d’aller faire un petit coucou au SGC.
Rodney est tout aussi hilare que John.
L’ivresse n’est pas des profondeurs, et c’est bien cela qui les rend le plus joyeux.
-En occulteur Colonel ?
-En occulteur Docteur !
Leurs rires font encore écho lorsque le jumper s’envole puis disparaît dans le ciel.
FIN