Autres regards
Les personnages et tout l'univers de Stargate ne m'appartiennent évidement pas. En revanche la fanfiction qui suit sort tout droit de mon esprit torturé et ne peut être exploitée sans mon autorisation. Merci.
Autres regards
I
J’avance lentement. La végétation ne me gène pas.
Pour tout dire, il n’y a pas grand chose qui me gène. Je suis ainsi, en symbiose avec le monde qui m’entoure. Avec toutes les plantes et tous les animaux qui s’enfuient à mon approche.
Il y a pourtant bien des choses qui me rebutent et en premier lieu…moi-même.
Je ne devrais pas penser ainsi et il est de plus en plus difficile de cacher cet état de fait à mes collègues. Nous sommes une armée et en tant que telle nous ne devrions pas avoir d’état d’âme.
Puis-je réellement parler d’état d’âme ?
Franchement je l’ignore. Ce que je sais en revanche c’est que cette guerre ouverte me fatigue, m’épuise moralement. Mais ce qui me détruit à petit feu, c’est de devoir le cacher aux autres, aux miens. C’est si contraignant ! Cela nécessite tant d’énergie.
Mon prisonnier se traîne derrière moi. Il couine, il geint, il ne fait que se plaindre. Il est de chair et d’os, tout comme moi et pourtant il n’est rien pour moi. Une chose insignifiante que je pourrais écraser du pied. Mais voila, il détient des informations dont j’ai besoin. Je le garde donc en vie, encore un peu.
Son manque d’entrain pour avancer vers la mort est compréhensible, mais m’agace.
Qu’ils sont ennuyeux ces êtres à lutter pour vivre, à résister à une fin inéluctable.
Je m’arrête un instant pour le laisser récupérer. J’ai envie de le tracter, de le traîner dans la terre poussiéreuse de cette planète, mais je sens son souffle qui s’amenuise. Je le sens qui faibli et pourtant il continue de lutter. Quelle étonnante race quand on y pense.
Penser, voilà bien ce qu’il faut que j’évite de faire. Quand je pense, je me noie dans mes réflexions. Cet arrêt est salutaire pour mon prisonnier mais il donne du temps à mon esprit pour s’évader et là est mon danger, là est ma perte.
Il me regarde. Son regard est si vide par rapport à ceux de mes compagnons. Je n’arrive pas à y lire ses pensées et ses doutes. Pourtant son corps parle en ce sens. Il se tortille et se trémousse comme un poisson sorti de l’eau. Je devrais peut être desserrer un peu ses liens.
Oui, c’est ce que je vais faire.
Voilà qui est fait !
-Merci !
Je ne m’attendais pas à cela. Il me parle comme si nous étions égaux. Mais pour qui se prend-il ? Je suis choqué mais plus encore troublé. Mes sentiments les plus profonds cherchent à forcer ma nature militaire. C’est un être vivant et c’est la nature des choses qui fait de nous des ennemis, pas des ressentiments personnels.
Je le regarde fixement. Il en fait autant.
Je vois la sueur qui perle sur ses tempes. Que ces petits êtres sont fragiles tout de même. Une des questions qui me taraude tant est de comprendre pourquoi ils craignent tant pour leur vie alors que celle-ci est si courte et si souvent empreinte de douleur.
Nos regards ne se sont pas quitter. Sa peau est terne. Et quelle vilaine couleur !
Je le dévisage avec appétit. Je suis avide de connaissance de l’autre.
Il se méprend sur mon attitude.
Quoique !
Voila qu’il s’agite de nouveau.
Bon, il se fait tard et mon armée est loin. Suis-je donc si insouciant pour m’isoler ainsi de mes amis. Mon haut commandement m’en tiendra rigueur, c’est certain.
Bien, chaque chose en son temps.
D’abord laisser le prisonnier se reposer un peu puis lui extorquer les précieuses informations. Je suis doué pour cela. En fait j’ignore pourquoi je me traîne ce boulet. J’aurai aussi bien pu lui arracher les renseignements tant voulus puis le tuer.
Oui, mais je suis seul avec lui. Un tête-à-tête qui ne se représentera pas de si tôt. L’occasion unique d’étudier ce spécimen si spécial.
Il est vraiment très spécial celui-là. Très différent des autres.
Je le sens et…
Non, je ne préfère pas y penser !
Je sens qu’il me perçoit également comme différent.
***