Équilibre

Chapitre 12 : Réveil dans la brume

1402 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/06/2025 21:41

Le liquide tiède de la cuve à bacta baignait son corps meurtri depuis des semaines, peut-être des mois. Son esprit avait dérivé dans une brume dense où se mêlaient rêves brisés et éclats de douleur.



Puis, soudain, un frémissement.

Un spasme.



Ses doigts tremblèrent. Ses paupières papillonnèrent.



Des bulles s’échappèrent de son masque respiratoire tandis que Doremi ouvrait enfin les yeux.

Flou. Bleu. Flottement. Un goût métallique dans la gorge. Une panique sourde.



Mais elle vivait.




Un visage apparut au travers de la vitre de la cuve. Doremi reconnut les traits tirés d’un homme qu’elle connaissait bien :



Anakin Skywalker.




Elle fut hissée hors de la cuve avec précaution, ses membres engourdis tremblant de faiblesse. Drapée d’un tissu stérile, elle respirait difficilement, mais la Force l’enveloppait doucement, comme un cocon protecteur.




Anakin lui tendit une gourde.



— Doucement. Ne parle pas encore.


Elle but à petites gorgées. Sa voix, quand elle arriva, était rauque, presque étrangère.



— Combien… de temps ?



— Plusieurs mois, répondit Anakin, le regard sombre. Tu étais entre la vie et la mort. Mais tu t’en es sortie… comme toujours.




Elle le fixa, les yeux agrandis par l’effroi.



— Ahsoka… ? Où est-elle ?



Il détourna les yeux. Un silence tendu s’installa.



— Elle est partie. Du Temple. Elle a… refusé de revenir.



Doremi sentit son cœur se comprimer. Elle tenta de se redresser.



— Non… pourquoi ? Elle était innocente. Je l’ai dit, avant…


Anakin hocha la tête.



— Je le sais. Je l’ai prouvé. C’est Barriss Offee qui a tout orchestré. L’attentat, les preuves. Elle pensait que l’Ordre Jedi avait trahi ses idéaux. Et elle a voulu nous faire payer.




Un vertige l’envahit. Barriss… une Jedi, une amie… ?



— Et Ahsoka ? Elle sait que tu l’as innocentée ?



— Oui. Je l’ai rattrapée juste avant qu’elle ne quitte les bas-fonds. Je l’ai suppliée de revenir. Mace Windu lui a proposé de reprendre sa place dans l’Ordre. Mais elle a refusé.



— Refusé… ?



Anakin serra les poings.



— Elle ne nous fait plus confiance.


Elle t’a veillée, tu sais. Mais elle a compris que notre voie n’était plus la sienne. Elle est partie sans me dire où.




Doremi se recroquevilla légèrement, la douleur du corps moins vive que celle du cœur.



— Elle n’a même pas… attendu que je me réveille ?



— Elle ne voulait pas que tu portes le poids de son choix.




Un silence.



Puis la voix d’Anakin se fit plus grave, teintée de colère contenue.



— Et pendant ce temps, la galaxie bascule. Darth Maul a repris Mandalore. Il a tué la reine… Satine Kryze. Satine était… quelqu’un de très important pour Obi-Wan.



Doremi écarquilla les yeux.



— Il l’aimait ?



Anakin baissa légèrement la tête.



— Il ne l’a jamais dit à haute voix. Mais ça se voyait.




Doremi resta figée. Chaque mot semblait l’éloigner davantage du monde qu’elle connaissait. L’Ordre était fissuré. L’amour blessé. La guerre, partout.



Et Ahsoka… loin d’elle.



Elle ferma les yeux un instant.



— Il faut que je sorte d’ici. Que je m’entraîne. Que je la retrouve.


Anakin lui posa une main sur l’épaule.



— Pas encore. Tu dois guérir. Et puis… elle ne veut pas être retrouvée.




Quelques jours plus tard.


plusieurs jours plus tard.




Le vent soufflait doucement à travers les jardins suspendus du Temple Jedi. Des lanternes flottantes diffusaient une lumière chaude, tamisant l’atmosphère comme un souvenir apaisant. La guerre semblait loin. Pour quelques heures.




Doremi marchait lentement, encore fatiguée, mais chaque jour plus forte. Ses pas la menèrent jusqu’à une terrasse où l’attendait un homme en méditation.



Mace Windu.




Il se tourna à son approche, et un sourire rare – presque imperceptible – effleura ses lèvres.



— Tu te tiens droite, remarqua-t-il. Ta respiration est maîtrisée. Et ton regard… a changé.



Doremi inclina légèrement la tête.



— Je me sens différente, maître.


Comme si… quelque chose s’était brisé, et avait repoussé.



— C’est ainsi que le padawan devient Jedi.




Il l’invita à s’asseoir à ses côtés, face à la cité lointaine. Pendant un moment, seul le bruissement des feuilles les accompagna.



Puis il parla, doucement.



— Tu connais l’histoire des cristaux Kyber, n’est-ce pas ?



— Oui, maître. Ils résonnent avec la Force, et nous les choisissons pour former nos sabres.



Il hocha la tête.



— Ou plutôt, ce sont eux qui nous choisissent. Et chaque cristal, chaque couleur, révèle quelque chose de nous.




Il fit apparaître son propre sabre, au manche noir et argent.



— Le violet est rare. Il reflète l’équilibre entre lumière et ténèbres, entre discipline et passion. J’ai longtemps lutté pour le mériter.


Il se tourna vers elle.



— Le bleu, que portent les gardiens, est la couleur de ceux qui protègent. Tu l’as portée avec bravoure.

Le vert, celui des érudits et des diplomates. Ceux qui cherchent la vérité au-delà du combat.



— Et le jaune ? demanda Doremi, curieuse.



— Ceux qui veillent sur l’équilibre. Les Sentinelles. Parfois des espions, parfois des sages. Souvent oubliés… mais jamais inutiles.




Il marqua une pause, puis s’approcha d’elle.



— Tu as survécu à l’attentat. Tu as senti la trahison, l’injustice, et pourtant tu n’as pas sombré. Tu as vu les limites de notre Ordre… sans renier ses idéaux. Tu as grandi.

Doremi baissa les yeux, émue.



— J’aurais aimé pouvoir lui dire au revoir.



— Ahsoka a fait son choix. Le tien reste à venir.




Il se leva, droit comme une tour.



— C’est pour cela que le Conseil s’est réuni. Et j’ai plaidé ta cause. Tu es prête à passer les Épreuves, Doremi.

Elle resta figée.



— Les Épreuves… ?



— Le passage de l’Initiée à la Chevalerie. Tu les passeras sous peu. Et tu n’échoueras pas.

Il la fixa de ses yeux perçants.



— Parce que tu as déjà affronté la peur. La douleur. Le doute. Et tu t’es relevée. Ce que tu dois vaincre, maintenant… c’est toi-même.




Il tendit la main, paume ouverte.



— Demain, tu descendras dans la grotte des cristaux, sur Dagobah. Tu choisiras ton propre cristal. Et tu forgeras un nouveau sabre, non plus en tant que Padawan, mais comme Doremi, future Chevalier Jedi.




Elle glissa sa main dans la sienne. Son cœur battait fort. Mais elle ne tremblait pas.



— Je suis prête.



Mace Windu hocha la tête.



— Non, tu ne l’es pas. Va te reposer, mon apprentie. Car demain, tu feras face à la Force elle-même.






Le voyage avait été silencieux.


Doremi se tenait à l’intérieur de la navette Jedi, assise en posture de méditation. À ses côtés, Mace Windu restait immobile, comme sculpté dans le granit. Le vaisseau traversait les brumes épaisses d’un monde inconnu pour elle.




La navette se posa dans un marais poisseux, envahi par une végétation ancienne. Des créatures s’agitaient dans l’eau trouble. La brume était si dense qu’on ne distinguait pas l’horizon. Pourtant, Doremi sentait quelque chose. Quelque chose de puissant. D’instinctif. D’ancestral.


Elle descendit du vaisseau, en silence.




Windu s’arrêta devant elle.



— Ce lieu n’est pas cartographié. Aucun temple, aucun balisage. Seuls les Jedi prêts peuvent le ressentir. L’épreuve que tu t’apprêtes à vivre n’est pas celle du sabre. Ni même celle de la Force. C’est celle de l’esprit.




Il se pencha légèrement vers elle.



— Tu vas marcher seule, Doremi. Et tu verras ce que tu es prête à voir. Rien d’autre.



Doremi hocha la tête, le regard tendu.



— Dois-je emporter mon sabre ?



— Non. Tu n’en auras pas besoin.




Il désigna une direction. Doremi s’enfonça dans le marais, sans se retourner.




La grotte l’attendait.




Immense, torturée, aux racines ouvertes comme une gueule. L’air y était plus froid. Dense. La Force y résonnait comme un chuchotement ancien. Doremi s’en approcha, inspira profondément.



Et entra.



Laisser un commentaire ?