Star Wars - Prince Vengeur, Episode IV : Un Prince sous Couverture

Chapitre 3 : L'Enseignement des Sith

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Dernière mise à jour il y a 7 mois

La salle de cours théorique fait écho de la rude voix du surveillant Tremel, qui fait les cent pas devant un groupe d'aspirants. La mince fente donnant sur l'extérieur, trace un halo d'allure sinistre à travers les murs de pierre latéraux, et les mots gravés en Sith ancien qui les ornent.

- La puissance provient de la passion, comme l'atteste le code des Sith, décrit le surveillant. Vous connaissez le Code des Sith, je n'ai donc pas besoin de vous le répéter. Si par malheur vous ne le connaissez pas, ou si vous l'avez oublié, je vous suggère de rapidement vous trouver une place parmi les esclaves... ou dans la soute d'un cargo de fret de Dreshdæ.

Certains des aspirants font des moues d'accablement, mais le surveillant n'en a cure.

- Vous le savez de par le Code, reprit-il, mais c'est une vérité factuelle, et vous devez apprendre dès maintenant, à l'appliquer au quotidien. La passion est le carburant qui alimente notre pouvoir. Contrairement aux Jedi qui cherchent à supprimer leurs émotions, nous, nous les embrassons. La colère, la peur, la haine : Voilà les outils qui vous ouvriront au coté obscur de la Force.

Marcus et d'autres tracent des sourires en coin, d'autres enregistrent le cours sur des datapad. Charleena Rand ,quant à elle, médite le cours tout en faisant tourner son sabre-laser au-dessus de la paume de sa main.

- Un vrai Sith cherche toujours à dominer, à exercer son pouvoir et son autorité, affirma le surveillant. Ainsi, votre opinion doit être sans limites.

- Il nous est donc possible d'avoir l'ambition de vous remplacer ? demanda l'habituellement silencieux Ben Roeder, un humain de Corellia ayant travaillé comme col bleu aux Chantiers Navals. La classe fut parcourue d'un frisson, et l'on entendit les insectes du dehors depuis la salle. Ni Tremel ni Roeder ne quittèrent le regard l'un de l'autre.

- Bien sûr, reprit le surveillant, à la stupéfaction du groupe d'aspirants. Comme je l'ai dit moi-même à l'instant, votre ambition ne doit avoir aucune limite. Et certainement pas l'Académie de Korriban. Ne vous mettez aucune limite, sans quoi vous vous y conformerez tout seul, comme des grands, et ainsi gâcherez votre potentiel, votre vie, et les ressources de l'Empire. N'ayez pas peur de vous rêver Empereurs ou Impératrices, n'ayez pas peur de vous mesurer à vos supérieurs, mais ne vous ratez pas si vous tentez votre coup. Certains ici sont ici parce qu'ils ont tenté... et échoué.

Le visage du surveillant Harkun apparut dans les têtes de certains des élèves, qui étaient alors reconnaissables au sourire naissant dans leurs lèvres.

- Choisissez donc le bon moment, reprit Tremel, et couvrez-vous. La vraie maîtrise, ajouta-il d'un air pervers, vous viendra en équilibrant correctement la ruse, et le contrôle.

Aleema Belliane se penchait en avant, comme désireuse de ne pas rater le sens d'un mot. Son implant cybernétique gauche - un disque d'holoenregistrement - tournait à plein régime.

- Mais comment accomplit-on cet équilibre entre ruse et contrôle, surveillant ? demanda-t'elle d'une voix mielleuse.

Tremel la regarda droit dans les yeux, et lui dressa un sourire cruel. La cyborg en bavait.

- Très bonne question, Aleema, lui répondit-il. Puis il retourna sa tête - sourire inclus - vers le reste de la classe.

- Vous l'atteindrez à travers les trois épreuves qui vous attendent dans les tombeaux de la Vallée des Seigneurs Noirs, lui répondit le surveillant Sith. La trentaine de limaces K'lor dans la fosse à votre arrivée, ce n'était que de la fiente de tuk'ata en comparaison de ce qui vous attend. Les trois épreuves vous mèneront au bout de vos retranchements, tant physiques que mentaux... Elles tueront certains d'entre-vous, et feront la différence envers ceux qui gravissent les échelons... et ceux qui les composent...

Il esquissa un rire nasal, puis reprit :

- Sachez déjà que les enseignants et les surveillants font déjà leurs pronostics sur vous.

Les élèves étaient partagés entre l'outrance et la fierté. Carth Groundcrawler, de la bande à Dorvin, demanda au surveillant s'il était bien coté, ce à quoi le surveillant lui asséna un regard noir.

- Groundcrawler, c'est ça ? demanda Tremel en relisant la liste des élèves sur son bloc de données, avant de venir face à lui.

- C'est moi-même, lui répondit l'humain.

- Selon les pronostics en cours, tu vas bientôt prouver à toute la Galaxie pourquoi tu portes ce nom... sauf si tu te remues. Pour les autres, dit-il en se retournant vers le reste de la classe, sachez que le pronostic en cours donne seize survivants parmi vous à la fin de la troisième épreuve, tous déjà pré-assignés à des Seigneurs Sith précis selon leurs cursus et leurs capacités. Si vous sentez en vous-même que vous ne faîtes pas partie de ces seize, alors vous jugerez utile de savoir que la première épreuve est dans deux mois galactiques jour pour jour. Vous savez ce qu'il vous reste à faire d'ici-là...

Le groupe, estomaqué par une telle révélation, se trouva comme déconnecté. Il fallut à Tremel faire tonner la foudre pour sortir le groupe de son électrochoc.

- On se reprend, aspirants ! asséna le surveillant, avant de reprendre. Voici votre devoir pratique pour le prochain cours : apprenez à canaliser vos émotions en la Force. Canalisez votre haine, votre peur, votre colère intérieures. Laissez-vous envahir par la haine. Elle alimentera votre Force, vous permettant de recourir aux plus profonds pouvoirs des Sith. Alors, seulement alors, vous aurez une chance d'en émerger vivants. Des questions ?

- J'ai entendu dire, demanda le Sith Kruger, que les tombeaux des Seigneurs Noirs, dans la vallée, regorgent de pouvoir. Celui de Tulak Hord en particulier... Vous n'avez donc pas d'inconvénient à ce que l'on se serve, si je puis dire ?

Les aspirants se regardèrent nerveusement les uns les autres, mais aucun n'osa poser de question.

- Aucun, Kruger, répondit le surveillant. Il vous faut cependant une autorisation du bureau.

- Pourquoi ? se permit le Sith au sang pur.

- Parce que c'est comme ça, jeune homme, recadra alors le surveillant avant de reprendre ses cent pas. Parce qu'étant hors-cursus et très potentiellement létal, ce genre de sorties extra-scolaires ne relève pas de notre responsabilité. Voilà pourquoi.

Tremel regarda les élèves en plissant les yeux :

- Comprenez bien que les tombeaux représentent un danger létal, même pour vous. Certes, ils regorgent de pouvoir, et peuvent vous être alléchants en l'état. Mais vous ignorez tout de ces tombeaux, si ce n'est le nom du Seigneur Noir des Sith qui y est enterré. Et vous n'avez pas encore eu assez de cours d'Histoire des Sith pour les connaitre ou reconnaitre les artéfacts qu'ils renferment. Apprenez patiemment vos cours d'Histoire des Sith. Les plus intelligents d'entre-vous y découvriront ces artéfacts, et sauront utiliser leurs pouvoirs. Avant, vous pourriez y laisser votre peau juste pour avoir extrait un cristal de son socle de pierre alors qu'il ne fallait pas.

Le son de la fin des cours se mit alors à résonner.

- Maintenant, partez. Et prouvez-nous que vous méritez votre place parmi les Sith.

 

* * *

 

 

Dans les profondeurs de l'académie, une vaste salle circulaire servant de point de conseil en temps normal, fit office de salle de classe pour le prochain cours. Les trente aspirants se tenaient en rang, leurs yeux brillant d'anticipation pour certains, de crainte pour d'autres.

La professeure Haelliar entra dans la salle d'un pas assuré, sa cape noire flottant derrière elle. De hauteur respectable pour une humaine, sa tenue noire de jais lui ajoutait presque quelques centimètres. Seules ses mèches de cheveux courts colorées de bleu trahissent une certaine fantaisie. Du reste, elle ressemble davantage à un chien Kath ou à un tuk'ata, qu'à une humaine.

- Aujourd'hui, commença-t-elle d'une voix tranchante, nous allons apprendre à canaliser la Force à l'aide du plus puissant de nos sentiments, j'ai nommé la colère. Le Traité de Coruscant nous a peut-être imposé une paix temporaire, mais cela ne signifie pas que nous devons relâcher notre vigilance ou notre entraînement.

Elle s'arrêta devant un Pill Salybed tremblant.

- Toi, vermisseau, vociféra-t'elle. Qu'est-ce qui te met en colère à propos de ce traité ?

- Les... euh... le... je...

- PARLE ! hurla-t-elle entre ses dents acérées, les canines prononcées comme un tuk'ata.

- Les... Les concessions que nous avons dû faire à la République, Madame... répondit le jeune apprenti presque en balbutiant, incapable de regarder Hælliar dans les yeux. Ceci eût l'effet inverse de celui escompté, marquant d'une cible invisible le jeune homme timoré aux yeux de la vindicative enseignante. Elle était prête à lui cracher au visage, mais se retint en voyant le reste de la classe la regarder avec bien moins de peur que le peureux humain.

- Et toi, jeune demoiselle ? demanda-t-elle soudainement à Siala Helkosh avec un ton de voix bien plus posé, presque mielleux quoique sans obséquiosité. Qu'est-ce qui te met en colère au sujet de ce traité ?

- Les concessions que nous avons dû faire à la république, Madame, répéta Helkosh mot pour mot avec une assurance tranchant net la version du timoré Salybed.

- Biieeen, siffla Haelliar entre ses dents avec malhonnêteté. Utilise cette colère. Sens-la couler dans tes veines...

- Héé ! tenta Salybed avant de s'arrêter net : Hælliar s'était retournée vers lui, les yeux injectés de sang. Elle semblait prête à le tuer sur-le-champ.

- Ta présence ici, misérable vermisseau, relève du miracle, vomit Hælliar entre ses dents. Tu vaux moins que la fiente de tuk'ata sous mes bottes, sous-homme ! Alors ne me refais jamais ça, sans quoi je t'assure dès maintenant que je contrerai la couardise des équipes de surveillants et te tuerai de mes mains ! C'est clair ?!

Nez à nez avec un Salybed aussi blanc que la trame d'un sabre-laser, Hælliar pesait de tout son lourd sur le misérable aspirant timoré, qui ployait presque sous le coup de la terreur. Pourtant à portée de l'embrasser, la haineuse enseignante n'envisagea aucune autre option sur l'instant que de lui arracher la glotte avec les dents. D'un coup sec, elle se tourna vers le reste de la classe.


- La paix est un mensonge ! répéta-t'elle. N'oubliez jamais que ce traité n'est qu'une ruse, une pause dans notre conquête inévitable de la galaxie. Chaque jour qui passe nous rapproche de la reprise de la guerre !

Haelliar leva la main, faisant léviter plusieurs objets dans la pièce.

- Concentrez-vous sur votre haine envers la République. Laissez-la alimenter votre pouvoir. La Force coule à travers vos émotions les plus sombres : Peur, Colère, Haine, Souffrance, Frustration...

Les apprentis commencèrent à imiter la sombre professeure. Certains réussissaient à faire bouger de petits objets, d'autres échouant, probablement par manque d'initiative dans la Force.

- N'oubliez pas, conclut Haelliar, que pendant que nous nous entraînons ici, nos agents infiltrent déjà la République, préparant le terrain pour notre victoire finale. Un jour, vous serez ceux qui mèneront l'Empire Sith à la gloire !

 

* * *

 

 

Les élèves arrivent dans une salle circulaire ornée d'un dôme, équipés de leurs sabres d'entrainement. Les élèves déjà dotés d'un sabre-laser furent initialement conviés à le garder à la ceinture, prenant un sabre d'entrainement eux aussi afin de tester les niveaux de compétence; Mais au bout de quelques semaines, les niveaux étaient déjà tracés et les groupes définis : Fulgus, Rand et Terrek étaient à part, à s'entraîner avec des acolytes déjà reçus, tandis que trois groupes étaient tracés pour les autres. Trois autres acolytes étaient présents pour surveiller les différents groupes.

- Souvenez-vous bien des numéros, et des mouvements d'attaque et de défense auquel ils correspondent, rappela le Seigneur Cestus. Cela peut vous sembler contre-nature, mais le but de fond est de transformer les mouvements associés à ces numéros en réfexe. À partir de cela, et uniquement à partir de cela, vous pourrez découvrir les différentes formes de combat au sabre-laser et vous entraîner avec l'une de ces armes.

Ajoutés aux différents sabres-laser reposant sur les râteliers grillagés et verrouillés, les dires du Seigneur Cestus enjolivent les visages et galvanisent les élèves des plus rodés à en être encore dépourvus. Fulgus vit notamment sa consœur Natalya Plutan sourire profondément en regardant les sabres-laser sur les râteliers grillagés, puis celui à sa propre ceinture. Les deux fuirent initialement le regard de l'autre, puis y revinrent, et Fulgus eut le réflexe d'approuver d'un hochement de tête le désir de Natti de porter enfin l'arme des Jedi à son tour. Vors, quant à elle, observa le duo avec amertume et mépris.

- À l'audition d'un chiffre, instruisit le Seigneur Cestus, vous produirez le mouvement correspondant ; Les attaquants en attaque, les défenseurs en défense. Ne vous arrêtez pas si votre adversaire se trompe : Frappez pour tuer. Attention... Trois !

Les élèves appliquèrent la fente, mais certains se trompèrent et se heurtèrent, notamment Kayda Avarhoot qui manqua sa défense face à Casha Vors, Ava Varos qui exécuta la défense quatre au lieu de trois et prit dans les côtes droites la lame de Natti, mais aussi Pill Salybed qui, apeuré depuis le début du cours, leva par reflexe la lame pour défendre sa tête.

- Pas d'inquiétude, les aspirants, réassura Cestus tandis qu'il inspecta les blessés. C'est là le prix de vos erreurs de mémoire. Varos, Avarhoot et Salybed, placez-vous sur le coté.

Les élèves appelés se décalèrent et deux acolytes initiés les rejoignirent pour leur prodiguer des soins d'urgence. Plutan, Fulgus et Vors se trouvèrent sans partenaire, et Fulgus alla vers Natti sans même regarder Casha.

Viens avec moi, Casha, lui instruisit Cestus.

- J'ai déjà porté le sabre-laser, mon seigneur, se plaignit Vors.

- Je le sais très bien, Casha... Mon apprenti m'a parlé de tes exploits dans la fosse avant mon arrivée, lui répondit Cestus avant d'instruire l'une des apprenties, une demoiselle Sith à qui Kruger faisait de l'œil depuis le début du cours, de prendre un sabre d'entrainement et venir rejoindre la meneuse.

- Casha Vors, dit solennellement le Seigneur Cestus, je te présente Thraka Veiji, la jeune apprentie de Laird Thoggal, le fameux amiral du Sabre de Sadow. Elle connait les manœuvres par cœur et saura se défendre automatiquement, même si tu te trompes d'attaque. Je te suggère, par contre, de ne pas te tromper de défense, car comme je l'ai instruit aux autres élèves, elle frappera pour tuer.

- On ne peut pas y aller au sabre-laser, mon seigneur ? On l'a déjà porté toutes les deux, objecta Vors.

- Non, Casha, répondit fermement Cestus. Apprends cela, et ne t'inquiète pas : tu feras partie des premières à t'entrainer au sabre-laser lorsque le moment sera venu, lui rajouta-t'il discrètement avant de reprendre la direction du cours : Attention, tout le monde... Un !

La plupart des élèves se défendirent correctement. Certains élèves se trompèrent de jambe, mais tous mirent la lame en bas machinalement.

- Ne t'inquiète pas, Casha Vors, lui dit Thraka Veiji tandis qu'elle se défendit des attaques de la meneuse humaine. Tu n'es pas déclassée du fait d'être au sabre d'entrainement. Mon ami, l'apprenti Harverr, à qui tu as piqué son sabre, m'a raconté tes exploits dans la fosse.

- Quatre !

- Tu es douée au sabre-laser, Casha Vors, lui rassura la Sith au sang pur tout en défendant son épaule gauche. Aucun doute là-dessus. Mais comme le zabrak et l'humaine, c'est brouillon, c'est imprécis.

-... et le læri ?

- Cinq !

- Instinctif, intuitif, téméraire, mais pas méthodique. Vous vous êtes épuisés vous-mêmes dans cette fosse !

Vors était partagée entre la colère et l'écoute disciplinée : elle se souvient de son épuisement à la sortie de la fosse. Mais elle se risqua à un regard vers les læri, et la colère prit le dessus.

Après quelques autres passes, le Seigneur Cestus fit inverser les rôles : ceux qui attaquaient, devaient désormais se défendre des attaquants.

- Læ plaqu, si I dær hær ? demanda Natalya Plutan à son confrère de Léritor tout en se défendant en garde verticale.

- Særmen, Natalya, lui répondit le prince, se demandant si ses postiches fonctionnaient toujours d'aussi près.

- Særmen, Thyrdreus, lui répondit la læri, qui profita de l'état de choc de son partenaire pour tenter une attaque.

Sa consœur le reconnaissait à travers eux, mais paradoxalement, il ressentait aussi une sorte de tension, d'attirance entre eux. Que désire-t'elle, cette jeune Natalya Plutan que le Prince n'arrive pas à situer ? Et surtout, quel camp sert-elle ?

- Attention... Six !

Les attaquants chargèrent leurs attaques et mirent de l'impetus, projetant leurs lames au-dessus de la tête droit sur leurs adversaires. Fort heureusement, tous les défenseurs eurent la présence d'esprit de placer leurs lames à l'horizontale au-dessus de leur tête.

- Te sæ quæ tæ manyfica, Natalya ? osa Fulgus comme un seul homme tandis que leurs deux lames les couvraient des yeux extérieurs un instant.

- Nœæ I sæ, lui répondit Natalya, le cœur resplendissant.

 

* * *

 

 

- Regarde-les, les deux tourtereaux à poil blanc, là-bas... vociféra Vors intérieurement. Et Plutan qui boit ses paroles comme du nectar... Pathétique. Pourquoi est-ce que tout tourne autour de lui ? Même quand il-

- Trois !

Casha, emportée par une jalousie maladive de Jerc et Natalya, manque complètement sa défense et encaisse la lame de Thraka dans les côtes.

- Ah, ressaisis-toi, Casha ! interjeta la Sith au sang pur. Au sabre-laser, tu serais morte, là !

- Désolée...

- Il te regarde, susurre la Sith à sa comparse de duel afin de la prévenir, tandis qu'elle se recompose pour reprendre l'exercice.

- Ça va aller, Casha ? vient s'en rassurer le Seigneur Cestus.

- Oui, oui.. soupira l'humaine, agacée.

- C'est bon, Casha, lui informa la Sith. Allez, reprends-toi.

- Attention... Un !

Les défenseurs furent davantage surpris par le passage d'une défense centrale facile et évidente, à la défense diagonale contre-intuitive de la jambe droite. Sans surprise, Casha manqua sa défense, embarquée par ses émotions intérieures.

- Mais qu'est-ce que tu as, Casha, tout d'un coup ? lui demanda discrètement Thraka Veiji tout en risquant un regard vers Cestus, puis le couple de læri.

- Ça va aller, Casha ? lui demande le Seigneur Cestus en aparté.

- Oui, ouii... lui répond l'humaine sans la moindre conviction.

- Je m'en occupe, Monseigneur, lui répond Thraka Veiji avant de lui mimer quelque chose de sa main gauche. Cestus la regarde, et comprend immédiatement.

- Très bien, lui répond le Seigneur Cestus. Explique-lui.

- Oui, monseigneur, lui répond la Sith avec déférence.

- Je suis pleine d'émotions, là, Monseigneur, tente Casha auprès du Seigneur Cestus. N'est-ce pas une bonne chose, pour une Sith ?

- Tu dois contrôler tes émotions, Casha, lui assène l'enseignant. Pas être contrôlée par elles ! Là tu ne tiens pas trente secondes face à un Jedi ! Emmène-là, Thraka.

- Oui, monseigneur, lui répondit à nouveau la Sith avec obédience, avant de mener l'humaine en larmes hors de la salle.

- Bon, Casha, dis-moi tout, lui demande la Sith confirmée tandis qu'elle place l'humaine près d'un mur mitoyen. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, les deux crinière-blanche, là ?

- Il m'énerve ! cria l'humaine d'un souffle en prenant à peine soin de ne pas être entendue. Je ne sais plus ou aller, dans cette académie : il est partout ! Même quand il n'est pas là, les gens ne parlent que de Fulgus : "Oh, tu as vu comme Fulgus manie bien le sabre ?" ou bien "On découvre à peine un pouvoir de la Force, que Fulgus le maîtrise déjà en fin de leçon !"... et je te parle pas de sa pintade, là, qui se touche en pensant à lui dans ses draps le soir... Il est tout le temps au centre de l'attention ! Même ceux qui le haïssent et veulent sa mort, ne parlent que de lui à longueur de journée : J'en ai assez ! J'en ai assez, finit-elle en larmes.

Pour première réponse, la Sith prit sa comparse dans les bras un instant.

- Casha, lui rappelle alors la Sith au sang pur : la voie des Sith est faite de compétition. Ta jalousie n'est pas un crime ! Au contraire, elle peut devenir une arme puissante dans ton arsenal : Transforme-la en motivation pour devenir plus forte.

- Et comment je fais ça, Thraka ?

- Je comprends ta frustration, Casha, lui chuchote la Sith confirmée. J'ai connue ces sentiments à l'époque de ma formation : un humain d'ascendance mandalorienne appelé Torian Pareja, qui semblait tout comprendre, tout maîtriser. Il nous énervait tous profondément, tu pourras d'ailleurs demander à Yemien Baræv, si tu le croises... ou à Jars Hxœr, le surveillant Hxœr, si tu veux ! Qu'est-ce qu'il nous énervait, le Pareja... Eh ben ça ne l'a pas empêché de faire partie des premières victimes du tombeau de Jerc Kaar et Casha Imsek !

Casha sembla avoir une réalisation, un instant de clarté dans la tornade de ses émotions : Jerc Fulgus n'est pas du tout immunisé contre les périls des tombeaux, et peut parfaitement y mourir lors des épreuves. L'humaine semble avoir un second souffle, et retrouver le sourire.

- C'est vrai, ça ! s'exclama une Casha Vors revitalisée et remotivée. D'autant plus qu'ils ont prévus de le tuer lors de l'une des épreuves...

- Voilà ! s'exclame une Thraka Veiji rassurée elle-aussi. Tu vois, Casha ? Ton Fulgus, là, il ne quittera peut-être jamais la Vallée des Seigneurs Noirs ! Et sa demoiselle aussi ! Alors concentre-toi sur ta formation : Reste en vie ! Fonds-toi dans la masse s'il le faut, et ne t'inquiète pas trop pour les épreuves : Seule la troisième peut véritablement te tuer nonobstant ton niveau.

- Ah bon ?! note une Casha Vors aux yeux larmoyants mais tout de même écarquillés.

- Apprends juste à bien maitriser la lévitation, ou le saut de Force, et renseigne-toi sur les créatures de Korriban. Tu devrais à peut-près t'en sortir. Quant à tes deux tourtereaux læri, là : Permets-leur de vivre en attendant, et laisse-les être tant qu'ils le peuvent, tu veux ?

Pour toute réponse, Casha Vors hocha la tête.

- Allez Casha, sèche tes larmes, lui invita la disciple du Seigneur Thoggal tandis qu'elles reprirent le chemin de la salle d'entrainement.

Le reste du cours se passa sans encombres. 

* * *

 

 

Pendant que la plupart des élèves de l'Académie passent leur pause déjeuner dans le mess, comme à l'accoutumée, Casha Vors lutte contre sa frustration et sa colère face à une bouteille de jus de juma dans la cantina de Dreshdæ, la commune mitoyenne de l'académie. Outre le pôle logistique qui gère l'approvisionnement de l'académie, Dreshdæ contient un pôle résidentiel logeant les impériaux en fonction, un pôle touristique gérant des safaris de luxe pour bureaucrates Sith en manque de chasse, et un pôle divertissement incluant une cantina, une bibliothèque et un réseau d'esclaves...


Un groupe de cinq personnes arrive alors dans la seconde salle de la cantina : une jeune femme Sith aux cheveux noirs portant une robe d'inquisitrice, une seconde vêtue comme une mercenaire et trois hommes partageant un même costume de garde du corps. Tous capés de noir et encapuchonnés, ils se dirigèrent vers la banquette circulaire dans l'un des coins du fond de la pièce, et posèrent d'un coup leurs armes sur la table : quatre fusils blaster et un sabre-laser.

- Gardez les capuches et vos alias respectifs, instruit l'inquisitrice à ses quatre compères avant de commander une tournée d'alcools divers. Elle revient ensuite, plutôt penaudement de prime abord, et se ressaisit avant de s'asseoir à son tour.

- Vous allez bien, Sith ? lui demande le meneur des agents.

- Je n'ai pas besoin de vous rappeler votre mission, messieurs, lance l'inquisitrice. Et les murs ont des oreilles ici... Néanmoins, et je dois bien l'admettre : je ne sais pas comment vous installer sur place...

- Quoi ?! s'insurge discrètement le chef des agents. Les termes étaient clairs !

- Et je les respecterai, Parnod ! Je veux la cible morte autant que vous voulez la victoire de la république.

- Chut ! fait taire la seconde femme parmi les agents. Les murs ont des oreilles, vous le dites vous-même !

- Pas faux, confirma l'inquisitrice. Mais personne ici ne sait qui est notre cible... Et nous non plus, pour être honnêtes...

- Pas faux non plus... confirma Parnod tandis que les boissons commandées arrivent à leur table.

- Bon, reprit ce dernier tandis qu'il apprêta sa boisson : Quelle est votre meilleur plan pour nous insérer dans l'Académie, Inquisitrice ?

- Je pense, corrigea celle-ci, que vous insérer dans l'Académie-même serait du suicide... Hé oui : Les enseignants de l'Académie vous verront arriver à deux lieux à la ronde, surtout mes confrères Inquisiteurs, expliqua-t-elle face à l'étonnement de Parnod.

- Ne me dites pas, lui renvoie-t-il, qu'on va rester attendre ici à Dreshdæ à se gratter les pieds comme des courges ?!

- Pas plus de deux, trois jours, Parnod, lui expliqua Sarna tout en prenant la première gorgée de son alcool fin : La Vallée des Seigneurs Noirs, qui sert de terrain d'entrainement et de test aux élèves, regorge d'anciens aspirants ratés, certains dans leur soixantaine et coincés depuis quarante ans ! C'est pour moi votre meilleure chance de vous fondre dans le paysage sans vous faire repérer, ce qui je répète, signerait votre mort à tous les quatre...

- OK, donc nous avons un début de plan, ajouta Parnod.

- C'est mieux que rien, ajouta la seconde femme du lot.

- Maintenant, demande Parnod, comment faire pour entrer dans la Vallée sans passer par l'Académie ?

- J'ai une idée, annonça subitement l'un des agents infiltrés, silencieux depuis le début. Inquisitrice, demanda-t-il tandis que Sarna releva légèrement sa capuche vers lui : Est-il courant pour les... "gradés" comme vous d'avoir une escorte, lorsque vous venez à l'Académie ?

- Plutôt rare, répondit Sarna : En fait, les Seigneurs et Dames fraîchement adoubés viennent en général seuls afin de prouver qu'ils n'ont pas besoin d'une garde armée. Maintenant, ce n'est pas impossible, néanmoins il est hors de question pour vous d'entrer dans les murs de l'Académie : vous y seriez repérés en deux coups de dejarik ! Mais, agent... Quel est votre plan ?

- Nous arrivons avec vous dans la Vallée à bord d'une navette, et avant d'aller dans l'Académie elle-même, nous faisons un crochet par l'un des tombeaux. Vous en ressortez seule, et nous prenons place parmi les rejetés.

- Pas mal, répondent en chœur Parnod et sa seconde... Sarna, quant à elle, réfléchit en rebaissant sa capuche afin de ne pas être reconnue.

- Le problème, agents, lui répond alors l'Inquisitrice, c'est que je n'ai ni justification pour venir en navette, ni contacts sur le terrain pour vous installer...

- Saloperie de lærii !! hurla subitement Vors tout en balançant son verre à travers la salle. Le silence se fit dans la cantina.

- Héé ! lui hurla le barman en retour. Les verres sont pas gratuits !

Vors ne répondit pas. Venentina non plus, malgré un sourire s'étirant lentement jusqu'aux oreilles.

- Le Créateur soit loué, jura malicieusement Sarna tandis qu'elle se pencha pour étudier la providentielle aspirante, puis prit la résolution de se lever pour l'aborder, malgré la réticence de Parnod et de sa seconde.

- Hé ! lança l’Inquisitrice à l'aspirante pour lancer la conversation. Puis-je t'aider ?

- Qui êtes-vous ? demanda Vors à la Sith avec une soudaine détermination de contrebandier sobre.

La Sith se tourna vers son interlocutrice afin de faire dos au barman, et releva légèrement sa capuche, révélant son visage à Casha Vors : Une jeune femme d'à peu-près trente ans, dont la noirceur des cheveux et des sourcils n'atteint pas les racines ; la regarde en souriant.

- Je suis la Dame Sith Sarna Venentine, lui annonce l'Inquisitrice. Et j'ai cru comprendre que tu avais un problème de læri ?

- Ha ! Vous en êtes une vous-même... lâcha une Casha Vors dépitée d'attirer les natifs de Léritor telle un électro-aimant.

- Oui, bien sûr... mais je viens très probablement en tant que solution à ton problème, et non en tant qu'ennemie supplémentaire...

- Continuez, lui répond Vors après un instant d'incompréhension curieuse.

-

- Vois, Casha, lui décrit Venentine tandis que Parnod décale les deux verres, faisant ainsi une place à la native de l'espace Hutt : Je suis justement à la recherche d'un læri qui serait ici sur Korriban, et très probablement à l'Académie ?

- J'en connais qu'un, d'homme læri à l'Académie, grommelle Vors : Jerc Fulgus...

Elle lâcha le nom de Fulgus entre ses dents, comme si elle espérait le mordre au passage.

- As-tu une holocapture de ce... Jerc Fulgus ? sussura Venentine faussement.

- C'est bien le dernier homme que je désirerais avoir en mémoire sur mon holocom, Dame Venentine ! lui répondit Casha.

- Je peux comprendre, lui répondit l'Inquisitrice. Mais vois-tu...

- C'est lui, la "saloperie" de læri qui te met dans tous tes états ? demanda du tac au tac le mercenaire qui avait proposé le plan quelques instants plus tôt. Venentine lui faisait les yeux noirs.

- Lui et sa mijaurée de Natalya Plutan...

Venentine se tourna d'un seul coup vers Vors : le nom de Natalya lui a fait comme un coup de tonnerre.

- Natalya Plutan est ici ?!?

Casha se préparait à quitter la table quand Venentine se radoucit et lui tint noblement le bras.

- Je suis désolée, Casha, lui annonça Venentine d'un ton apaisant : Natalya Plutan est la fille d'un puissant baron sur notre monde. Et connaissant moi-même quelques nobles læri, le nom ne m'est pas inconnu. C'est tout.

- Écoutez, Venentine : Je sature des læri, comme vous pouvez le voir. Entre lui qui attire tous les regards, et elle qui se pame presque de lui, j'ai l'impression de ne plus exister, moi ! Comme s'il n'était déjà plus un seul maître pour moi !

- À genoux, Casha Vors, lui répondit la læri avec solennité.

Casha la regardait, incrédule.

- Je n'ai pas bégayée, Casha, lui confirma l'Inquisitrice tandis qu'elle se levait et mit la main à sa ceinture. À genoux.

Casha s'appliqua, regardant Venentine dans les yeux comme un enfant regarde ses parents.

- Casha Vors, annonça solenellement Venentine tout en irradiant la pièce du violet de son sabre-laser, Je te prends à ce jour et pour ceux qui suivront, pour mon apprentie au sein de l'Ordre des Sith. Tu deviendras mon bras armé sur Korriban, et m'aideras à accomplir ma mission. En retour, je te ferai survivre aux épreuves et ferai de toi une Sith à part entière, t'enseignant tout ce que je sais. D'ici la fin de ta formation première à l'Académie de Korriban, tu resteras sous les traits d'une quelconque apprentie. Mais tu répondras en privé au nom de Vipère.

- Merci... Maîtresse... prononça lentement Casha Vors tout en s'inclinant.

- Lève-toi... Vipère... ordonna Venentine à sa nouvelle apprentie avec une voix profonde et sombre, tout en éteignant son arme. Casha se releva dans la foulée. Il n'était plus un bruit dans la salle de la cantina.

- Retourne à l'Académie, et fournis-moi une holocapture de ce Jerc Fulgus. Avec Natalya Plutan si possible. Puis reviens me voir quand tu l'auras. Voilà ta première mission, Vipère...


****


De l'autre coté de la zone habitée de Korriban, dans le mess de l'Académie, la classe d'élèves répartie sur les longues tables profite d'un repas frugal. Le self impérial contraste fort avec les anciennes pierres sombres de l'académie, offrant un contraste saisissant jusqu'au plus profane des yeux.

Jerc, assis seul à une table, fut rejoint par Ganno Dorvin, le leader de son trio d'amis à l'air naïf mais déterminé.

- Salut, je peux m'asseoir ? demanda Ganno en désignant la place libre d'un coup de tête.

- Bien sûr, confirma le læri se présenta-t-il.

- Je ne sais pas si on s'est déjà présenté, mes potes et moi, lança le jeune humain tout juste assis. Ganno Dorvin, annonça t'il en plongeant sa main sur son plateau-repas. Mes potes sont Carth Groundcrawler, à gauche là-bas, et Brash Lupus, à sa droite. Tu sais que ça parle de toi un peu partout ici ? On dit que tu es plutôt doué avec un sabre laser...

- Je me débrouille, lui répondit simplement Jerc avec un sourire en coin. Et toi ?

- Je préfère la Force, mais je ne cracherais pas sur quelques conseils en duel ! admit Ganno, dont les yeux se posèrent sur le sabre laser

accroché à la ceinture de Jerc.

- Les sabres-laser sont bien moins lourdauds que les lames d'entraînement de série, lui confie le læri. Mais bien plus létales, et impardonnables ! Moi-même je suis étonné en voyant Marcus se ruer sur les limaces K'lor le sabre en main, tu sais ?

- Parlant de sabre-laser, coupa un Ganno visiblement intéressé : le tien a un design intéressant. Je n'ai jamais vu une poignée comme ça avant !

Un Jerc Fulgus content d'intéresser son entourage, détacha son arme et la posa sur la table.

- C'est une conception personnelle. La courbure aide à la précision et me permet des feintes. Quant aux garde-pouce et à l'anneau cranté autour de l'activateur, ils me permettent une meilleure prise en main.

Ganno examina l'arme avec intérêt, la prenant même en main.

- Impressionnant. Et le cristal ?

- Justement, dit Jerc en baissant la voix, j'en ai reçu un nouveau.

Il sortit de sa poche un cristal violet vif finement taillé, et le sortit de sa bourse en tissu de zeyd devant les yeux écarquillés de son interlocuteur.

- Pour remplacer l'ancien, ajouta le læri, qui vient de chez moi mais qui a fait son temps.

- Wow ! lâcha impulsivement un Ganno Dorvin incapable de refermer la bouche. Un Damind fraîchement extraît des carrières de Dromund Fels ! C'est pas donné, ça ! Comment l'as-tu eu ?

Jerc hésita un instant.

- Un... cadeau de famille, répondit-il évasivement.

Ganno fit signe à ses deux compères. "Hé, Lupus, Groundcrawler ! Venez voir ça !"

Les deux amis de Ganno s'approchèrent, feignant l'enthousiasme à la vue du cristal. Jerc, peu habitué aux interactions sociales saines, ne remarqua pas leur manque de sincérité et continua de manipuler le cristal avec fierté.

- Oh, c'est vraiment quelque chose, commenta Lupus d'un ton bien trop neutre.

- Ouais, pas mal du tout, rajouta Groundcrawler hocha la tête.

- Dis, Jerc, appâta alors Dorvin : Tu serais chaud pour nous accompagner lorsqu'on va explorer la Vallée et ses Tombeaux ? Un homme talentueux au sabre comme toi pourrait nous servir de couverture, surtout si on tombe sur des impériaux et des Sith reclus dans les tombes et les grottes... puis ça nous fait de l'entraînement et donc, plus de facilité pour la suite !

Surpris mais visiblement naïf, Jerc accepta par principe.

- Cool ! conclut Ganno brièvement avant d'échanger un regard avec ses deux comparses.

La conversation s'estompa aussi sec, mais Jerc, tout sourire, continua de tripoter son cristal, le faisant tourner entre ses doigts et en le caressant tout en reprenant son repas.

 

* * *

 

 

De l'autre coté de la salle, trois filles observent la scène, dissimulées dans un groupe de filles des trois voies attablées autour de leur casse-croûte.

- Hé, Natalya ! Woohoo ! T'es avec nous la ? lui demande la tholotienne Lor Gallia.

Pour seule réponse, Natalya pousse un profond soupir, incapable de ramener son regard vers son plateau. Tandis qu'Arquila Ardross, la nautolane, lui pique en toute discrétion un beignet de Kinrath frit et le porte à sa bouche, Charleena Rand se lève promptement, fait le tour de la table et se place juste à coté de la Laeri, visiblement dans l'espoir de caler son regard sur le sien. Elle finit par repérer le Prince dans le champ d'action de la Laeri, et revient à sa chaise :

- Comme quoi, les filles : Les Laeri ne cherchent jamais les choses bien loin...

- Alors, Charleena ? c'est qui l'heureux élu ? lui demande alors Venusia Sonter, la mirialane.

- À ton avis, ma chère ? Ha ! l'autre Læri, évidemment ! lui répond alors la descendante d'Atton Rand.

Comme foudroyée sur place, Aurora Ghent se lève d'un bond et regarde le Prince, l'observant manipuler un cristal pour sabre-laser tout en échangeant avec Dorvin.

- NAN ! sort alors Gallia tandis que Natalya pousse un profond soupir de désillusion et sort enfin de sa torpeur. Pas Jerc Fulgus !, reprend la mirialane les yeux presque exorbités.

Rand confirme de la tête, tandis que Gallia met sa main devant sa bouche.

- Ton sabre, Charleena, demande la læri sans même la regarder.

- Pardon ? Pourquoi tu veux mon sabre, Natti ? Tu veux tuer qui ?

- Baras, répondit la læri sans même détourner le regard du cristal, toujours entre les doigts de Fulgus.

- Mais T'as fumée ton repas de ce matin au lieu de le manger, Natalya, ou c'est comment ? s'offusque Vors. Et puis pourquoi Baras ?

- Parce que la, maintenant, tout de suite, je tuerais jusque Darth Baras pour être à la place de ce cristal, dit-elle tout en se retournant vers le reste du groupe. Elle a les larmes aux yeux. Les filles sursautent.

- Hé bien, ma belle ! reprend Charleena. On ne va pas te lapider, sois tranquille ! Pourquoi ces larmes ? demande-elle alors tandis que la laeri s'effondre dans ses bras. Y'a rien de mal à aimer, Natalya ! Et puis c'est un joli garçon, je comprends qu'il te plaise... On va t'aider à l'avoir, hein les filles ?

- Compte là-dessus, oui, tacla Risha Qualto. T'es une fille superbe, tu mérites un vrai mec, pas un gosse efféminé comme lui !

- Tu l'as pourtant vue comme nous toutes se battre dans la fosse, plaqua Natti. Avec un sabre-laser, une arme qu'il maniait déjà étant gamin ! C'est ça, ta définition d'un mec efféminé ?

- J'ai surtout vu Marcus Terrek, dans la fosse, Natalya, reprit Risha. Enfin, concernant les mecs avec un sabre-laser. Les mecs que j'ai vue, moi, c'est Ben Roeder, Bevel Kruger, Jars Ryscandor, Marcus Terrek et Tironos Stadd... Enfin des vrais mecs, quoi ! Pas des mecs encore plus maniérés que nous.

Plutan ne répondit même pas, et préféra se tourner vers Charleena et Aurora :

- Je le veux, Charleena... Je le veux depuis des années, ce mec, et il ne me voit même pas... Je le veux je le veux je le veux je le veux... Je le veux...

- Comment ça plusieurs années ? demanda l'Aldérane à la læri.

- Je crois l'avoir vu sur Léritor quand nous étions jeunes lui et moi. Mes yeux me trompent peut-être, mais pas mon coeur, je suis sûre que c'est lui. Et si c'est lui, alors Jerc Fulgus c'est un faux nom.

- S'il ne te voit pas depuis tout ce temps, lui répond la tholotienne, tu devrais peut-être lâcher l'affaire et chercher ailleurs !

- C'est ce que j'essaie de lui dire, Lor ! lui répondit Risha. La seule chose de vraie chez ce mec, c'est son prénom ! Tiens, ma Natti : Je te laisse Ryscandor et Stadd, rebondit la native de Nar Kreeta, avant de se reprendre : Enfin non, pas Stadd : il a le béguin pour Charleena, on va le lui laisser...

- Mais arrête, Risha...

- Toi, arrête, Charleena ! J'ai vu plus d'hommes dans ma vie que vous toutes réunies, je sais reconnaître un homme amoureux ! Tironos Stadd est amoureux de toi ! Mon futur sabre-laser sous la lame du tien si c'est faux !

- Garde-le, ton sabre, Risha, répondit net l'aldérane. Et garde ton Tironos Stadd avec, il ne m'intéresse pas ! On a un autre cas à régler, c'est d'arranger Jerc et Natalya.

- Tu fais une erreur, Charleena, lui répond alors Qualto tout en se tournant vers son dessert. Tironos est légitimement amoureux de toi, je suis sûre qu'il sera bon pour toi.

- Toi qui connais les hommes, reprit Natalya, comment me révéler à Jerc Fulgus ?

- Mais enfin, ma Natti : lâche ce minet ! Il est peut-être pédé, ton bellâtre, s'ose Qualto. Toutes tournèrent la tête vers la native de Nar Kreeta avec mépris, mais Plutan était prête à lui cracher au visage.

- Vas-tu te taire, Risha ? lui instruisit la descendante d'Atton Rand.

Pendant ce temps, Aurora Ghent finit son verre de jus de juma, et jette un rapide regard à son ami. Elle semble réaliser quelque chose, et pose sa serviette.

- Hé, Natti ! C'est de lui que tu rêves, la nuit, c'est ça ? lui demande-elle alors.

- Quoi !? reprend Risha Qualto d'un air de dégout profond. Tu rêves de ce machin là ? Oh, poodoo, les nuits à la noix... Rien d'étonnant à ce que tu pleures, ma chérie... Et puis regarde ta tête, tu es toute pâle...

Face à une Aurora Ghent et une Charleena Rand qui toutes deux la fusillent du regard, Qualto se ravise :

- Ooh, ça va, les filles... Je dis juste que tu mérites mieux que ce truc pseudo-noble mais surtout dégingandé, voilà ce que je dis.... On croirait voir un chanteur de cantina, là...

- Qu'est-ce que tu sais de la noblesse ? répondit une Natalya Plutan excédée. Qu'est-ce que tu sais de la noblesse, toi qui es née dans une décharge sur Nar Kreeta ?

Risha, piquée, se lève et embarque son plateau.

- Tu sais quoi, Natalya ? lança Qualto à voix haute : Rêve de ton Jerc Fulgus tant que tu veux, c'est pas mon problème... Y'a très clairement mieux ici, à l'académie...

- Oh non, s'exclama Charleena à destination des autres filles tout en enfouissant son visage dans ses mains, tandis que Risha Qualto posa son plateau et quitta dramatiquement la cantina, adressant alternativement un regard de mépris au læri et un clin d'œil révélateur à Ben Roeder sur le chemin de la sortie.

- Quoi ? demandèrent simultanément Lor et Aurora tandis que Natalya cherchait un souterrain sous la table.

- Qu'est-ce qu'elle a, la Risha Qualto ? demanda Fulgus à Charleena, en faisant sursauter les demoiselles autour. Elle a ses règles ou quoi ?

- Dirons-nous simplement, reprit Casha Vors, qu'elle te trouve plus dégingandé que noble...

- ... et Natalya t'a défendue, elle qui partage ta culture, lui annonça audacieusement l'aldérane.

- C'est bien elle qu'on a trouvée dans une décharge sur Nar Kreeta, c'est ça ? demanda le læri en forçant un peu le ton de voix dégingandé.

- Ouaip, répondit Casha tout en hochant la tête.

- Alors que vaut son avis sur la noblesse ? demanda le prince d'un ton de voix brusquement revenu à la normale.

Les filles, à l'exception de Casha, hochèrent la tête.

- Mais merci pour ton honnêteté, Casha, lança le læri à une Casha Vors déstabilisée tout en lui tapotant amicalement l'épaule. Et merci à toi aussi, Charleena, ajouta-t'il avant de repartir reprendre son plateau-repas et le poser en fin de service.

- Teless me tti, Natti, chuchota le læri à sa consœur tout en lui caressant le bras, sur le chemin de la sortie. Plutan ne bougeait plus d'un pouce, comme paralysée.

- Dites-moi qu'il est parti, dîtes-moi qu'il est partiii, supplia celle-ci à ses copines avant de se relever, pourpre comme les armes de son royaume. Il m'a touchée ! Il m'a touchée ! dit-elle avec une émotion fébrile.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? demanda Aurora avec curiosité.

- Je te remercie, Natti, traduisit la demoiselle aux cheveux blancs.

- Tu vois, Natti ? lui demanda Vors. On peut tout lui reprocher, à Risha, mais c'est grâce à elle que ton homme est au courant, maintenant...

- et que tu as eu ton vœu d'être touchée par lui, rajouta l'aldérane.


 

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