La Peur Ancestrale

Chapitre 1 : Partie 1

4806 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/12/2021 22:42

Cette fanfiction a été écrite dans le cadre du défi de novembre-décembre 2021 "Coupez ! On la refait !"

Était demandée pour le premier niveau une déviation d'au moins 1500 mots contenant la liste suivante : humidité, nuit, métamorphose, champignons, châtaignes (ou marrons), feuilles mortes, imperméable.

Pour remplir le second niveau, il fallait rendre sa fanfiction accessible à une personne sans aucune connaissance du fandom. Je m'y suis efforcé, mais je vous laisse juger du résultat.

Immenses remerciements à BakApple pour sa relecture, n'hésitez pas à jeter un œil à ce qu'elle commet (mais après avoir fini ceci, hein).




La République est tombée. L’Empereur Palpatine règne depuis trois mois, suprême et incontesté. Mais pour combien de temps ? Dark Vador, le monstre de métal et de haine qui le seconde, regarde déjà le trône avec avidité.

En tendant un piège à des contrebandiers, Vador a retrouvé le Coffre de Jebble. De nombreuses légendes courent sur le contenu de cet artéfact, qui offrirait une puissance incommensurable à qui saurait s’en rendre maître. Il s’apprête désormais à en libérer la puissance.

Le nom du Seigneur Noir des Sith ne fait pas encore trembler la galaxie. Mais grâce au pouvoir du Coffre, cela est sur le point de changer.


***


La Guerre Noire, ainsi qu’elle était souvent nommée, avait secoué la galaxie trois années durant. Elle avait opposé la plurimillénaire République Galactique, gangrenée par la corruption, à la Confédération des Systèmes Indépendants, qui rassemblait de nombreux gouvernements en quête de renouveau démocratique. Cependant, la Confédération avait dû, pour financer sa guerre, faire appel au soutien des plus grands conglomérats financiers de la galaxie en leur promettant d’immenses avantages, répétant ainsi sans même s’en apercevoir les erreurs de la République.

Toutefois, ce conflit dévastateur s’était finalement achevé, culminant en la défaite des deux camps. Le Seigneur Noir des Sith, Dark Sidious, avait provoqué la naissance de la Confédération et leur avait, ainsi qu’à la République, fourni une immense armée. Il s’était ainsi assuré de l’inéluctabilité d’une guerre à laquelle il avait mis fin une fois la galaxie exsangue. Il avait alors pu révéler son véritable visage et détruire les deux gouvernements stellaires en une seule journée pour fonder le premier Empire Galactique.

L’Ordre Jedi, une organisation de moines guerriers plus ancienne encore que la République et dévouée au Côté Lumineux de la Force, avait été détruit en ce jour fatidique par l’un des leurs. Anakin Skywalker était devenu le redoutable apprenti de Dark Sidious. Brisé par les manipulations et mensonges de son nouveau maître, il avait embrassé la cause des Sith, ennemis naturels des Jedi et serviteurs du Côté Obscur. Les valeurs de paix, de connaissance, de sérénité et d’harmonie de l’Ordre avaient alors disparu, telles des feuilles mortes emportées par le vent.

Trois mois avaient passé. Loin de ces troubles politiques, perdue au fond de l’espace, une petite lune désolée baignait dans l’ombre de sa planète. Ses seuls habitants étaient de minuscules rongeurs qui vivaient paisiblement dans la douce lueur bleutée produite par les mousses et les champignons qui couvraient le sol, inconscients de la terrible guerre galactique qui s’était achevée quelques mois plus tôt. Cependant, leur tranquillité, assurée depuis la disparition de la civilisation qui avait peuplé la lune, se voyait à présent troublée.

Dans l’une des ruines qui parsemaient la surface se tenaient une vingtaine de personnes. Six contrebandiers avaient amené le Coffre de Jebble ici. Un docteur en histoire, associé à l’Empire, les avait attirés dans ce piège. Une escouade de stormtroopers les avait maîtrisés et menottés. Enfin, Dark Vador, Seigneur Noir des Sith, numéro deux de l’Empire Galactique, apprenti du Seigneur Sidious, exterminateur des Jedi et vainqueur de la Guerre des Clones, se tenait devant l’objet qui les avaient tous réunis ici.

Le Coffre de Jebble reposait sur une estrade de pierre. Le docteur Peturri ne pouvait ressentir la Force, mais une étrange appréhension l’envahissait pourtant à la vue de l’objet. Comme si une présence s’y cachait, endormie depuis une éternité et sur le point de s’éveiller. Jetant un regard vers le Seigneur Vador, Peturri se demanda ce que celui-ci ressentait en présence du Coffre. La puissance du Sith, puisée dans la Force, était déjà redoutable. Ce champ d’énergie qui, d’après ce que l’historien en savait, se trouvait en chaque être vivant, était à la source des pouvoirs mystérieux des Jedi et des Sith.

Fait d’un étrange métal sombre, le Coffre était sans le moindre doute un sarcophage qui, d’après Peturri, renfermait un ancestral talisman Sith... ainsi qu’une Jedi âgée de quatre mille ans. Comment était-elle arrivée à l’intérieur ? Nul ne le savait exactement. Un enregistrement découvert par l’historien donnait quelques indices, mais qui intéressaient peu son maître.

Voyant celui-ci s’avancer vers le cercueil, le docteur, engoncé dans une encombrante combinaison, intervint craintivement :

— J’aurais juste quelques tests à faire... Des contrôles... Avant que...

Sans lui prêter la moindre attention, Dark Vador empoigna son sabre laser et l’alluma, nimbant la pièce d’un inquiétant halo rouge. Quelques mois plus tôt, il était encore un jeune Jedi prometteur, amoureux transi d’une sénatrice de la République et glorieux général de l’armée républicaine. Depuis, son monde s’était effondré, ses proches avaient péri de sa main et il ne lui restait plus que les ténèbres. Des ténèbres dans lesquelles il entraînerait la galaxie pour la noyer dans sa colère.

— Non ! voulut protester Peturri. N’ouvrez pas...

D’un unique coup, Vador abattit sa lame latéralement et, s’aidant également de la Force, fit sauter le couvercle du sarcophage. Un fracas monumental s’éleva lorsque le couvercle atterrit au sol, pulvérisant les antiques dalles de pierre.

Terrifié, le docteur Peturri bondit vers le casque de sa combinaison, qu’il avait posé non loin, tout en protestant contre l’imprudence de son seigneur.

— Vous avez entendu ce que disait le Snivvien dans l’enregistrement. L’exposition au talisman peut transformer certains êtres sensitifs en Rakgoules !

Il enfila précipitamment le casque, scellant ainsi son scaphandre, et retourna vers le Coffre ouvert que contemplait le Seigneur Sith.

— Votre propre lien avec la Force vous protégerait, mais... s’interrompit-il en découvrant ce que renfermait la caisse de métal.

À l’intérieur de celle-ci reposait une humaine. La peau aussi laiteuse que ses cheveux étaient sombres, elle n’avait pas encore trente ans. Elle était vêtue d’un bustier et d’un pantalon en mailles épaisses. De longues manchettes remontaient presque jusqu’à ses épaules, lesquelles étaient protégées par des pièces de métal. Un sabre laser reposait à sa ceinture. Mais l’élément le plus troublant de sa tenue était son étrange collier d’or en forme de scorpion, qui jurait furieusement avec le reste.

Le docteur contint à grand-peine son excitation. Toute la théorie qu’il avait construite à partir de l’enregistrement de ce Snivvien, Marn Hiérogryph, était confirmée. Le Coffre de Jebble était en réalité une Oubliette Sith, capable de préserver ceux qu’elle abritait grâce au Côté Obscur. La femme qui y reposait était Céleste Morne, Jedi ayant vécu lors des Guerres Mandaloriennes, quatre millénaires auparavant. Et le collier qu’elle portait au cou était le Talisman de Muur.

Karness Muur avait fait partie des Jen’ari, les premiers maîtres des Sith. Il avait massacré, conquis, régné, et était mort. Mais comme tous les Sith, la soif de l’immortalité n’avait cessé de l’habiter. Alors, il avait créé un Talisman pour accueillir son esprit lorsque son corps l’abandonnerait. Il l’avait empli de sa puissance, de sa rage et de son désir de conquête, et l’avait doté d’un grand pouvoir. Le Talisman était le réceptacle parfait.

Le docteur n’avait, à son grand dam, pas la moindre sensibilité à la Force. Mais cela ne l’empêchait pas de pouvoir sentir avec clarté la convoitise du Seigneur Vador. Celui-ci restait immobile, contemplant ce trésor venu du lointain passé.

— Rien de plus que ce que j’attendais, fit Peturri, rompant le silence. « Cercueil de stase » ou pas, personne ne peut survivre quatre mille ans...

Céleste Morne se redressa en hurlant.

— Zayne !


***


Quatre millénaires plus tôt

Céleste Morne reprit son souffle et s’élança dans le laboratoire, laissant derrière elle les trois Rakgoules qu’elle avait tués.

— Zayne ! C’est moi ! Où est le Talisman ? Tu l’as trouvé ?

— Je crois que c’est lui qui m’a trouvé, grogna Zayne Carrick en tentant de se dégager de l’emprise du bibelot doré.

Le jeune humain, immobilisé sur une table de torture par d’épais liens de métal, se débattait comme il pouvait pour échapper au Talisman. Celui-ci, animé par une volonté inconnue, tentait manifestement de se lover autour de son cou.

Céleste se précipita vers lui et empoigna le Talisman pour dégager son camarade.

— Il veut un Jedi ! s’exclama Zayne en se tortillant pour se libérer.

— Je vois ça ! fit Céleste, grimaçant sous l’effort.

— Mais il contrôle les Rakgoules. Je peux peut-être l’utiliser pour empêcher la peste de se répandre ! continua-t-il, inspiré par une idée subite.

— Tu n’es pas censé le prendre, Zayne ! rétorqua Céleste, impérative.

— Mais... Je peux sans doute aider !

— Crois-moi, il n’est pas pour toi ! cria-t-elle avec cette fois une étrange lueur dans le regard.

Sans prévenir, Marn Hiérogryph débaroula dans le laboratoire, leur hurlant de lâcher le Talisman. Céleste ignora le Snivvien et se décida :

— Talisman ! Je suis une Jedi ! Viens à moi !

À leur surprise à tous les trois, le Talisman lâcha aussitôt Zayne pour se précipiter sur Céleste, la faisant tomber en lui arrachant un cri de surprise. Elle saisit alors le Talisman et le posa d’un geste décidé autour de son cou. Une aura d’énergie faite de pures ténèbres l’enveloppa alors, lui arrachant un hurlement alors qu’elle aurait pu jurer qu’elle se faisait foudroyer.

— À... À l’aide, quelqu’un... Aidez-moi... gémit-elle alors que la gangue de Force Obscure se dissipait.

La forme d’un homme imposant et fier lui apparut alors, nimbé de rouge. Céleste se tourna vers lui, implorante.

— Qui êtes-vous ? murmura-t-elle, submergée par la souffrance.

— L’avenir, répondit le spectre d’une voix aussi brûlante que les flammes en tendant impérieusement une main vers elle.

Elle tendit la main en retour, haletant de douleur, et la posa dans le creux de celle de l’apparition.

— Et tu m’appartiens.


***


Et bien que l’ennemi ait occupé en nombre le champ de bataille, chacun porte sa propre négation. Leur force est devenue mienne. Leur esprit est devenu mien. Toute chair est ma chair. Nul ne bouge sans que je l’aie décidé.

C’est la loi qui a été promise aux Sith. Et j’en ai fait une réalité !

- Extrait du Codex de Karness Muur traduit par Naga Sadow

Date de naissance : inconnue

Date de mort : inconnue

Date de renaissance : aujourd’hui


***


Le présent

Elle ne se souvenait que de...

Des hordes de monstres sur la plaine de neige.

Horreur indicible devant ce spectacle.

Les ténèbres de l’Oubliette.

Le spectre et ses murmures insidieux.

Son esprit en feu, devenu brasier.

Désorientée par la lumière, Céleste Morne ferma les yeux et manqua de tomber. La silhouette noire qu’elle avait aperçue face à elle la rattrapa sans un mot, la tenant fermement.

— Les Jedi sont venus ? demanda-t-elle faiblement.

Elle tenta de s’éclaircir les idées, mais elle avait l’impression que son cerveau avait fondu dans un océan de flammes. Elle rouvrit les yeux et tenta de discerner la personne qui lui faisait face. Un colosse vêtu d’une armure noire, coiffé d’un casque intégral. Aussi proche de lui, elle entendait une respiration à la puissance étonnante, dont la régularité parfaite semblait artificielle, émaner de lui.

— Êtes-vous... M’avez-vous libérée ?

Elle baissa les yeux sur le Talisman, toujours accroché à son cou.

— Non, il est toujours là. Je le sens... Je le sens, lui.

Elle le percevait à l’intérieur du bijou. Le monde qui l’entourait devint soudain écarlate tandis que Karness Muur, rougeoyant de la même lueur que lorsqu’elle avait mis le Talisman, lui apparaissait derrière l’homme en noir, la regardant avec un mécontentement palpable.

— Tu es toujours avec moi... gémit-elle.

— Maudits soient cet idiot de Dreypa et sa satanée Oubliette ! s’exclama le spectre de Muur, laissant éclater son courroux. À quoi bon traverser les millénaires si c’est pour rester piégé dans une boîte ?

— Des millénaires ? répéta faiblement Céleste en se redressant, prenant appui sur l’homme en noir, qui la regardait fixement.

— Et se faire enfermer tout de suite après avoir trouvé l’hôte adéquat ! continua de vociférer Karness Muur, mais Céleste ne l’écoutait plus.

Elle regarda l’homme en noir. Il semblait impassible, mais Céleste n’en était pas sûre. Elle venait de sortir de l’Oubliette et n’avait pas encore totalement repris pied avec la réalité, elle ne pouvait pas encore le sonder avec la Force. Elle était toutefois certaine qu’il ne pouvait percevoir Karness Muur : seule la porteuse du Talisman pouvait le voir et l’entendre.

— Combien de temps ? lui demanda-t-elle. Combien de temps a-t-on... ai-je passé là-dedans ?

— C’est difficile à dire précisément, déclara un petit homme replet se situant un peu en retrait et qu’elle n’avait pas remarqué.

Il avait un certain âge et portait une épaisse combinaison.

— Je crois que vous y êtes entrée avant le bombardement de Jebble, poursuivit-il alors que Céleste était descendue dudit sarcophage pour se diriger vers lui d’un pas qui s’assurait peu à peu. C’est un vrai miracle que ce système vous ait maintenue en vie tout ce temps...

— Combien ?! l’interrompit brutalement Céleste en agrippant sa combinaison.

— Quatre mille ans, répondit-il dans un souffle.

Céleste se figea. Quatre mille... Elle savait qu’elle avait passé un long moment dans l’Oubliette. C’était un outil de torture, et elle pouvait dire qu’elle avait souffert longtemps. Mais pour elle, « longtemps » signifiait quelques semaines, peut-être quelques mois. Au maximum quelques années, le temps que Zayne règle les ennuis dans lesquels il menaçait de se noyer lorsqu’elle l’avait rencontré et que les Jedi trouvent un moyen de maîtriser le Talisman avant de la libérer.

— Tout ce temps perdu ! pesta Muur à son adresse.

— Alors, Zayne a échoué... murmura tristement Céleste.


***


Quatre millénaires plus tôt

Céleste Morne. Karness Muur. Où se trouvait la limite entre leurs esprits ? Lesquelles de ses pensées étaient les siennes, et lesquelles venaient du Seigneur Sith ? Elle l’ignorait.

Elle avait quitté le laboratoire et se trouvait désormais sur un promontoire. Quelques Rakgoules l’entouraient, mais elle savait qu’elle ne courait aucun risque. Ils avaient été créés pour lui obéir. L’hiver régnait sur cette planète, mais le froid et l’humidité ne l’atteignaient plus. À présent, un brasier se consumait en elle. Sous ses yeux, les plaines de Jebble s’étendaient, couvertes de Mandaloriens. Que faisaient-ils ici ? Le souvenir était là, si proche...

Une guerre. Il y a une guerre en cours.

Les Mandaloriens, peuple de guerriers nomades ne vivant que pour le combat, avaient envahi la République. Cassus Fett, maréchal de l’armée et second de Mand’alor l’Ultime, avait rassemblé ses troupes sur Jebble et préparait un assaut massif sur Aldéraan. Elle sourit. L’armée que Fett avait rassemblée s'apprêtait à changer de maître. La main tendue, dominant les milliers de Mandaloriens en contrebas, elle se plongea dans la Force et libéra le pouvoir du Talisman.

D’où elle était, elle aperçut certaines silhouettes convulser et s’effondrer, en proie à une immense souffrance alors que le Côté Obscur de la Force transformait leur essence même. En quelques minutes, quelques dizaines de secondes pour les moins résistants, ils deviendraient des Rakgoules et rejoindraient les rangs de son armée.

— Céleste !

La voix de Zayne l’arracha à ses pensées. Céleste Morne refit surface. Partiellement.

La veille encore, elle était sur Taris, l’œcuménopole de la Bordure Extérieure. Le Pacte Jedi l’y avait envoyée à la recherche du Talisman de Muur. C’est ainsi qu’elle avait rencontré Zayne Carrick, ex-padawan empêtré dans une affaire de meurtres. Mais malgré les soupçons qui pesaient sur lui et les instructions de l’ancien maître du garçon, la Force lui soufflait qu’il était innocent.

Alors ils avaient fait équipe. Ensemble, ils avaient découvert qu’un scientifique Mandalorien s’était emparé du Talisman et, échappant comme ils pouvaient aux Rakgoules de Taris, l’avaient suivi jusque sur Jebble.

Mais le scientifique s’était fait dominer par le Talisman et, sans même le vouloir, avait déclenché la peste des Rakgoules sur cette planète. La terrible maladie avait pour la première fois depuis des siècles quitté les bas-fonds de Taris. Le scientifique avait été dévoré par ses créatures lorsque le Talisman l’avait abandonné pour tenter de s’emparer de Zayne. C’était sur ces entrefaites que Céleste était arrivée dans le laboratoire, seulement quelques minutes auparavant.

— Reviens au labo ! s’exclama Zayne. Avec les Rakgoules et les Mandaloriens qui se battent, c’est dangereux !

— Ce n’est pas dangereux, répondit Céleste tandis que, d’une pensée, elle forçait les Rakgoules autour d’elle à se mettre au garde-à-vous.

Tranchante comme une lame, elle ajouta :

— Pas pour moi.


***


Le présent

Se forçant à se reprendre, elle secoua à nouveau le petit homme, le faisant reculer vers ses ordinateurs et outils d’analyses scientifiques :

— Et le Pacte ? A-t-il réussi ?

— Je ne sais rien au sujet d’un « Pacte », répondit le vieil homme.

— Mais que sont devenues les Rakgoules ? enchaîna Céleste, inquiète que la pandémie ait pu se répandre.

— Isolées sur Taris, puis éliminées, lui assura-t-il.

La Jedi se permit de respirer. La peste que Pulsipher, le scientifique Mandalorien, et elle avaient involontairement relâchée sur Jebble lorsqu’ils se trouvaient sous l’emprise du Talisman avait sans doute été éradiquée, puisque son interlocuteur n’en avait même pas parlé. Il avait mentionné des bombardements, peut-être les monstres qu’elle avait créés avaient-ils été détruits ainsi. Quant à ceux qui se trouvaient sur Taris avant la découverte du Talisman et sa rencontre avec Zayne, ils avaient disparu également. Tant mieux. Même les Mandaloriens ne méritaient pas d’être transformés... Son esprit trébucha sur le fil de ses pensées.

— Et les Mandaloriens ? demanda-t-elle avec appréhension. Ont-ils conquis la République ?

— Non, répliqua le vieil homme.

— Alors la République existe toujours ! lâcha Céleste avec soulagement.

— Non, répéta-t-il. Elle a été renversée par les Sith.

Il tendit la main, désignant l’homme en noir qui était resté immobile à côté du sarcophage.


***


Quatre millénaires plus tôt

— La ferme ! rugit Céleste en envoyant voler Zayne et Marn Hiérogryph au loin d’une vague de Force. Si le Pacte est corrompu, alors tout le monde l’est ! Et rien n’a d’importance, rien n’est pur... hormis le pouvoir !

Au cou de la chevaleresse, le Talisman luisait d’une inquiétante lueur dorée.

— Lucien a raison, fit-elle à l’adresse de Zayne, évoquant l’ancien maître du jeune homme qui l’accusait de meurtres, tandis que des Rakgoules saisissaient le jeune homme et son comparse rongeur. Tu n’es qu’un beau parleur et tu as provoqué des dégâts irréparables. J’irai au bout de ma mission, affirma-t-elle sombrement en plaçant sa lame jaune sous la gorge de l’ancien Padawan, fermement tenu par le col par l’une des créatures, en commençant par m’occuper de vous deux !

— Ta mission, Céleste ? répondit Zayne en la défiant du regard. Ta mission est de protéger la galaxie du pouvoir des Sith ! Regarde un peu derrière toi ! s’écria-t-il en désignant la plaine qui s’étendait sous le promontoire.

Avec un regard méfiant, Céleste fit signe au Rakgoule de continuer à bien tenir Zayne et s’approcha du bord de la falaise. Elle put alors constater que tous les Mandaloriens étaient devenus des Rakgoules. Les rares à qui ce n’était pas arrivé n’avaient échappé à ce sort qu’à travers la mort. Brandissant des drapeaux rouges taillés dans les capes déchirées des officiers, les Rakgoules erraient sur l’étendue enneigée en attendant que la maîtresse de leur Talisman ne les appelle.

J’ai fait ça.

Cette pensée ramena Céleste à la réalité aussi brutalement qu’un coup de poing en pleine face. Le Talisman avait brouillé son esprit et l’avait empêchée de comprendre l’ampleur de ce qu’elle faisait. Une armée entière composée des plus féroces soldats de la galaxie attendait désormais ses ordres. Impitoyable, la voix de Zayne s’éleva à nouveau dans son dos :

— La voilà, ta menace. Des millions de Mandaloriens, tous morts ! Une armée de Sith qui se démultiplie à l’infini, créée par toi ! Des dégâts irréparables, Céleste ? Ça ne fait que commencer !

C’en était trop. Elle s’effondra à quelques centimètres du bord de la paroi rocheuse.

— Non... gémit-elle.

— Céleste ! s’exclama encore Zayne en se libérant de la poigne du Rakgoule qui ne le retint pas, désorienté par le nouvel état d’esprit de sa maîtresse.

Cette fois elle sentit de l’inquiétude dans la voix de son ami.

— Ne... touche pas... le Talisman... lui souffla-t-elle en le sentant approcher.

— Je sais, répondit-il. J’ai vu ce qui est arrivé à Pulsipher. Mais il y a forcément un moyen de le retirer !

— J’ai besoin de ton aide, Zayne. Il veut quitter ce monde, tenta-t-elle d’expliquer. Karness. Il est dans le Talisman !

Elle reprit son souffle pour s’éclaircir les idées.

— Ces créatures... reprit-elle avec difficulté. Avec l’esprit d’un Jedi, elles peuvent faire n’importe quoi, aller n’importe où. Partout ! S’il te plaît, tant que je peux encore le contrôler, implora-t-elle en sentant des larmes lui monter aux yeux, tue-moi.

Elle se força à ignorer l’expression horrifiée du visage de Zayne. Elle avait encore quelque chose à lui dire, et pas assez de temps. Elle sentait le Talisman qui pesait sur les limites de sa conscience pour s’y infiltrer à nouveau.

— Ensuite, reprit-elle malgré l’eau qui couvrait maintenant ses joues, tu dois fuir. Il réclamera toujours un Jedi. Je sens le changement qui s’opère en moi. S’il te plaît, Zayne... Arrête tout ça.

Le jeune homme s’agenouilla à côté d’elle et prit ses mains dans les siennes. Il resta silencieux quelques secondes, puis parla doucement.

— Je t’aiderai, mais pas comme ça. J’ai une idée, fit-il d’un ton rassurant.

Entre l’état de détresse émotionnelle dans lequel se trouvait maintenant Céleste et l’énergie qu’elle mettait à garder Muur hors de sa conscience, elle ne fut pas bien difficile à convaincre. Ayant tout d’abord quelques difficultés à marcher, Hiérogryph la soutint jusqu’à ce qu’elle puisse avancer seule. Quelques minutes plus tard, ils étaient de retour au laboratoire de Pulsipher.

— J’ai envoyé les gardes Rakgoules en bas comme tu me l’as demandé, Zayne.

La voix de Céleste était désormais un peu plus affirmée. L’assurance dont son ami faisait preuve l’aidait à se calmer. Le Pacte, la confrérie secrète de Jedi dont elle faisait partie, traquait Zayne depuis des semaines. Lucien, l’ancien maître de l’adolescent, menait la chasse : il accusait son ancien Padawan d’avoir assassiné ses condisciples. Lorsque Céleste avait découvert que son nouveau camarade était le fugitif que sa cabale recherchait, elle avait failli le tuer. Quelque chose l’en avait empêchée. La bonté de Zayne, sa désinvolture, sa maladresse… tout en lui hurlait son innocence. Elle avait décidé de lui faire confiance.

— Bien, fit le jeune homme en s’approchant d’un sarcophage de métal, qu’il ouvrit. Si ça marche, ils ne sauront pas ouvrir les portes pour entrer ici... grâce à ça. Cette chambre d’isolation dont Pulsipher m’a parlé.

— L’Oubliette du Seigneur Dreypa, expliqua Céleste en faisant face au grand cercueil. Tu as raison. L’influence du Talisman ne pourra pas s’en échapper. Je le sais... parce qu’elle a été conçue pour moi, comprit-elle, réalisant d’où lui venaient les connaissances qu’elle venait de démontrer. Enfin, pour Karness. Dreypa voulait l’emprisonner. Ça ne va pas être agréable... C’est une chambre de torture. Mais c’est plus sûr que de me laisser dehors.

Soutenue par son ami, Céleste prit place dans l’Oubliette. Même alors que le coffre n’était pas scellé, elle sentait les ténèbres en émaner. Cet artéfact était maléfique, tout autant que le Talisman. Mais il s’agissait à l’heure actuelle de leur meilleure chance.

— Zayne... Quand ton vaisseau sera là, conduis-moi à Odryn, au Sanctuaire de l’Exalté. C’est là... C’est là que je devais porter le Talisman.

Elle attrapa un petit objet à sa ceinture et hésita un petit instant. Ce petit disque de métal était l’un des secrets les mieux gardés du Pacte et Zayne était un fugitif recherché. Elle lui faisait confiance, mais c’était plus fort qu’elle. Elle le lui tendit finalement.

— Cette clé te permettra d’entrer, Zayne. Il y a des chercheurs du Pacte, là-bas. Ils comprennent les objets Sith. Ils peuvent peut-être t’aider.

— S’ils ne nous tuent pas avant ! rétorqua Hiérogryph, qui s’était tenu en retrait jusque là. Ils sont à nos trousses, on ne peut pas...

— Ne t’inquiète pas, Céleste, fit Zayne en interrompant son camarade poilu. Nous allons y aller. Ne t’en fais pas pour nous.

Allongée dans l’Oubliette, Céleste regarda le jeune homme. Lorsqu’elle parla, sa voix n’était pas très assurée.

— Tu... Tu n’as pas tué les Padawans, hein ?

Avant que Zayne n’ait le temps de répondre, elle avait lu la vérité dans ses yeux. Rassérénée, elle se redressa et lui agrippa le bras.

— Alors, tu dois contacter Krynda. Si ce que tu dis est vrai, elle n’aurait jamais toléré cela. Ce n’est pas normal, et elle ne serait pas d’accord. Elle est loyale, Zayne. Elle veut faire le bien, comme...

— Comme toi.

— Merci.

Elle s’installa dans le sarcophage. Elle avait confiance. Le Pacte neutraliserait le Talisman. Maîtresse Krynda trouverait un moyen de la sauver. Céleste était certaine qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette obscurité poisseuse. Grâce à elle, la renaissance des Sith serait arrêtée.

Zayne scella le sarcophage, et les ténèbres régnèrent.

Et dans les ténèbres, les murmures brûlants de Karness Muur s’imposèrent à son esprit...

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